Passion hypertension – épisode III : « Docteur, pourquoi ai-je de l’HTA ? »

La mini-série du Pr Xavier Girerd pour le SNC

 – Tout le monde soigne des hypertendus mais cette maladie nous intéresse-t-elle encore et surtout, comment en améliorer la prise en charge ? Président de la fondation de recherche sur l’hypertension artérielle, le Pr Xavier Girerd, cardiologue à l’APHP partage avec nous son enthousiasme pour l’hypertension artérielle et des leçons tirées de ses 40 années de pratique.

Episode III : « Docteur, pourquoi ai-je de l’HTA ? »

C’est la question préférée des patients, avec : « Est-ce que c’est un traitement à vie ? ». Les causes de l’HTA sont nombreuses et l’on ne devrait plus dire au patient « votre hypertension est essentielle » car il est reconnu quatre grandes raisons pour devenir hypertendu.

1) Le vieillissement des artères est la cause principale de l’HTA en France. 80 % des patients avec une HTA traitée ont plus de 55 ans et c’est l’artériosclérose (épaississement globale de la media) qui se combine souvent à l’athérosclérose (épaississement localisé de l’intima) qui en sont la cause.

2) 50 % des hypertendus ont une maladie métabolique associée (diabète type 2 et/ou dyslipidémie et/ou obésité abdominale). Chez ces sujets la prise de poids, de 4 à 5 kg, suffit à provoquer une HTA. Ces troubles sont fréquemment associés chez les femmes à la ménopause et surviennent donc vers 50 ans.

3) En France, 15 % des HTA ont une origine familiale. Ces HTA se déclarent avant 50 ans et l’on retrouve la notion d’une HTA avant 50 ans chez le père, la mère, un frère ou une sœur. Ces sujets sont rarement en surpoids et ont une bonne hygiène de vie. L’activité physique et sportive est souvent inefficace pour faire baisser le niveau de la tension et les médicaments antihypertenseurs sont le seul moyen efficace pour faire baisser la tension. L’observance au traitement est mauvaise en particulier chez les hommes jeunes.

4) Enfin, 10 % à 15 % des HTA sont liés à des causes endocriniennes, notamment des causes surrénaliennes pour les patients de moins de 60 ans. Leur diagnostic est difficile orienté par un potassium abaissé modérément et une inefficacité des IEC ou des sartans.

Le TDM des surrénales est l’examen qui permet d’évaluer la morphologie des surrénales et de proposer le traitement adapté (antialdostérone, diurétiques thiazidiques, antagonistes calciques, ou chirurgie).

En revanche, la recherche d’une sténose d’une artère rénale, si elle était toujours proposée dans le bilan d’une HTA secondaire, n’a plus la cote depuis la publication il y a 10 ans d’essais randomisés montrant l’absence de bénéfice sur le contrôle de la tension de la dilatation des sténoses des artères rénales unilatérales.

Une fois que le patient est informé de sa condition et des causes de son HTA, il s’inquiète en général de ce que ça va changer pour lui, en particulier du traitement et de savoir si une bonne alimentation et une reprise de l’activité physique peut lui « éviter » les « médicaments à vie ».
image_pdfimage_print