Plaidoyer pour un allongement des études de cardiologie

Dans une lettre aux ministres chargés de la réforme du 3e cycle des études médicales, des représentants de la spécialité demandent un allongement de la durée de formation des futurs cardiologues et s’alarment de la baisse prévue du nombre d’internes dans la discipline.

Une réforme du 3e cycle des études médicales est en préparation qui inquiète quelque peu les instances de la cardiologie.  Dans un courrier adressé aux ministres en charge de cette réforme, qu’ils ont rendu public, Jean-Yves Le Heuzey, président de la Société Française de Cardiologie (SFC) et président du Collège National Professionnel (CNP) de cardiologie, Gabriel Steg, président de la sous-section 51-02 du Conseil National des Universités (CNU), Jean-Pierre Binon, président du Syndicat National des Spécialistes des Maladies du Cœur et des Vaisseaux (SNSMCV) et vice-président du CNP, et Richard Isnard, président du Collège National des Enseignants de Cardiologie (CNEC), « s’associent pour exprimer leur grande préoccupation concernant la nouvelle maquette de la médecine cardiovasculaire et regrettent qu’aucune réponse claire à leurs interrogations ne leur ait été apportée ». Sur quoi porte cette « grande préoccupation » ? Sur la durée prévue pour la formation des cardiologues qu’ils jugent « largement insuffisante ». A commencer par le tronc commun de formation, d’une durée actuelle de quatre ans, qui « est trop court ». Arguant du fait que « la médecine cardiovasculaire est la spécialité médicale clinique la plus hautement technique », les coauteurs de la lettre expliquent que, si la durée de ce tronc commun n’est pas allongée, cela « ne permettra pas l’acquisition des compétences cliniques qui vont de la prévention à la gestion des urgences cardiovasculaires, en passant par la prise en charge de patients de plus en plus âgés et porteurs de comorbidités, et des compétences médico-techniques (échographie, échodoppler vasculaire, Holter, épreuves d’effort, etc.), qui sont aujourd’hui indissociables du métier de cardiologue ». C’est si vrai qu’actuellement « la quasi-totalité des internes fait un post-internat pour parfaire leur formation », soulignent les coauteurs qui rappellent que dans la majorité des pays européens, la formation des cardiologues se fait sur une durée de six ans.

Outre le problème du tronc commun, les signataires soulèvent également la question des formations aux surspécialités. La cardiologie interventionnelle, la rythmologie, la cardiologie congénitale et pédiatrique et l’imagerie cardiovasculaire d’expertise ont acquis une reconnaissance qu’ils saluent comme « un progrès ». Mais ils considèrent qu’une seule année de formation à ces surspécialités est insuffisante. « Nous demandons une durée homogène de formation de 5 ans pour tous les étudiants s’engageant dans le DES de médecine cardiovasculaire avec des parcours différenciés de 2 ans entre les différents métiers de la discipline dès la fin de la 3e année ».

Les quatre présidents expriment par ailleurs leur inquiétude concernant la diminution prévue du nombre d’internes dans leur discipline « qui sera loin de pouvoir compenser le départ prévisible des cardiologues proches de la retraite ». Affirmant que « ce point n’a fait l’objet d’aucune concertation », ils demandent le maintien du nombre d’internes dans leur discipline au niveau actuel. Une requête qui n’a manifestement pas été entendue, puisqu’un arrêté du 26 décembre dernier déterminant le nombre d’internes à former par spécialité pour la période 2016-2020 montre que le nombre d’internes en médecine cardiovasculaire passe de 208 pour la période 2016-2017 à 200 pour la période 2017-2018. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la cardiologie, d’autant que, au concours de l’ENC 2017, seront nommés 54 nouveaux internes en médecine vasculaire, discipline reconnue fin 2015 comme  spécialité médicale à part entière.

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