Plan Macron : libéralisme ou étatisation ?

En annonçant lui-même depuis l’Elysée son plan santé 2022, le Président de la République a clairement voulu souligner l’importance qu’il entend donner à une réforme dont l’ambition est de refondre sur le long terme le système de santé.

Les syndicats de médecins libéraux ont dans un premier temps et dans une belle unanimité, salué différentes mesures interprétées comme une reconnaissance et un espace de liberté redonnés à la médecine libérale. Décloisonnement du système de santé en supprimant les barrières public/privé  ; initiative redonnée à la médecine libérale d’organiser les soins dans chaque territoire au sein des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé où les médecins spécialistes doivent prendre toute leur place ; graduation de l’offre hospitalière, des hôpitaux de proximité aux établissements à haut plateau technique où sont associés les établissements privés ; volonté de redonner du temps médical au médecin par la création d’assistants médicaux ; réforme des études médicales avec la fin d’un mode de sélection injuste et contournable ; absence de mesures coercitives à l’installation (pour combien de temps ?), et reconnaissance enfin des médecins spécialistes trop longtemps et scandaleusement oubliés dans les discours politiques.

Mais à y regarder de plus près, l’interprétation du plan n’est manifestement pas aussi claire. Le SNSMCV maintenant rejoint par d’autres syndicats avait d’ailleurs, dès l’annonce du plan, émis quelques craintes et réserves. Craintes pour surmonter en région le poids des habitudes, les positions dogmatiques, la lourdeur voire les freins des ARS souvent bien peu ouvertes sur le monde libéral. Réserves sur les CPTS, issues de la loi Touraine, de devenir un modèle unique et obligatoire d’exercice, aux mains des GHT et des ARS où les médecins perdront leur indépendance. Réserves aussi de voir le paiement au forfait prendre le pas sur le paiement à l’acte, dont la gestion serait confiée à l’hôpital. Réserves enfin, sur un décloisonnement allant plus dans le sens public privé que l’inverse.

Le manque de moyens pour conduire une réforme d’une telle ampleur pose question. Un investissement de 3,2 milliards d’euros sur quatre ans, c’est bien, mais peu sur un budget annuel de 200 milliards d’euros, qui n’évitera pas, chaque année, un plan d’économies d’un montant proche !

Libéralisme ou étatisation, n’est-ce pas, là même, la marque de fabrique de la politique macronienne du « en même temps » ?