Pr Albert Hagège : « La cardiologie française doit garder la place importante qu’elle occupe »

350 – Quelles vont être vos priorités en tant que nouveau Président de la Société française de cardiologie ? _ Albert Hagège : D’abord poursuivre le travail de ceux qui m’ont précédé à la tête de la principale société savante nationale, dont les rôles sont de rassembler, optimiser les pratiques en élaborant des recommandations de prises en charge, contribuer au rayonnement de la recherche nationale et, enfi n, permettre aux décideurs de mieux décider grâce à la contribution majeure de la SFC aux registres nationaux. Mais nous vivons actuellement une période diffi cile, d’abord préélectorale, et d’autre part à la suite des affaires récentes concernant médicaments et prothèses, et de la loi qui a suivi. Des décisions vont être prises concernant le financement des organismes de formation médicale et de la FMC en général. L’idée du législateur n’est pas à l’origine de détruire ce qui fonctionne, mais il faut bien dire qu’un fl ou certain demeure après la lecture des projets de loi, et nous attendons avec intérêt les circulaires d’application à venir qui devraient éclaircir rôles et obligations de chacun. La SFC maintiendra bien sûr ses activités de formation, le financement de la recherche, en particulier à travers les bourses qu’elle attribue chaque année aux jeunes cardiologues, et la tenue des registres qui regroupent actuellement plus d’un million de patients. L’industrie nous aide pour se faire depuis des années. Elle doit être considérée comme un partenaire, avec au centre de notre intérêt commun le patient. Les Journées européennes de la SFC, congrès organisé tous les ans depuis plus de vingt ans, restent un congrès national phare dans la spécialité, qui, en trois journées, permet aux cardiologues de tirer l’essentiel nécessaire à la mise à jour de leurs connaissances. C’est un congrès qui a une visibilité européenne majeure, et qui donne à la cardiologie française une place importante qu’elle ne doit pas perdre. Les autorités sont conscientes qu’il faut préserver ces activités. Nous devons intégrer les nouvelles réformes à venir, et l’ensemble de la profession, dans toutes ses composantes, doit se rassembler pour faire aboutir ce qui est le mieux pour la cardiologie française. Je suis raisonnablement optimiste.

L’êtes-vous de même quant à la création d’un Plan coeur ? _ A. H. : C’est une initiative commune de la Fédération Française de Cardiologie, de l’association de patients L’Alliance du Coeur, et de la SFC. La création d’un Plan Coeur dépendra cependant des fi nances de l’Etat… Mais là encore, il est important que toute la profession regroupée montre où il faut aller pour la cardiologie. Car paradoxalement, la cardiologie s’est un peu fait oublier en raison de ses succès dans le domaine de la prévention et de la prise en charge de l’infarctus. Mais malgré ces succès, l’insuffi sance cardiaque reste le premier motif d’hospitalisation après 65 ans et les maladies cardiovasculaires restent la deuxième cause de mortalité en France. Les autorités doivent être conscientes que, au-delà de ces succès, dus à chacun des cardiologues, il faut aller plus loin et ne pas relâcher l’effort. ■

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