Prescription : la maîtrise médicalisée, ça marche !

338 – Alors que le début de la décennie voyait la croissance annuelle des dépenses de médicaments remboursés par l’Assurance Maladie osciller entre 6 et 8 %, la deuxième moitié de la décennie a enregistré une nette décélération avec un taux de croissance annuel moyen de 3,3 %. Mise à part l’année 2006, où ce taux de croissance est tombé à 0,9 % sous l’impact d’un vaste plan médicaments, c’est l’année 2009 qui enregistre le taux le plus bas (2,3 %), avant que ne soient confirmées les estimations faites pour 2010 selon lesquelles le taux des dépenses de médicaments remboursées par l’Assurance Maladie aurait crû de 1,4 % l’année dernière.

Baisses de prix, maîtrise médicalisée, génériques, grands conditionnements : en 2009, ces actions conjuguées ont permis à l’Assurance Maladie de réaliser une économie de 935 millions d’euros, dont les baisses de prix représentent une bonne moitié (470 millions d’euros). La maîtrise médicalisée a généré 280 millions d’euros. Le développement des génériques a entraîné une économie supplémentaire de 160 millions d’euros par rapport à 2008, et celui des grands conditionnements de 25 millions d’euros. Sans surprise, ce sont les maladies chroniques qui représentent le premier poste des dépenses médicamenteuses (8,6 milliards d’euros), loin devant les médicaments utilisés pour les pathologies aiguës (4,1 milliards d’euros) et les médicaments de spécialités prescrits pour des pathologies lourdes (cancers, SEP, sida…) et qui pèsent 4,9 milliards d’euros. Ce sont pourtant ces derniers qui sont le principal moteur de la croissance, représentant 56 % de la croissance totale enregistrée en 2007, 65 % en 2008 et 77 % en 2009. Ã l’inverse, les médicaments de pathologies chroniques connaissent une croissance ralentie due à la modération des volumes et au développement des génériques : leur montant remboursé en 2009 est en hausse de 1,2 % par rapport à 2008, alors qu’il était en hausse de 2,9 % en 2007 et de 3,9 % en 2008.

Enfin, les prescriptions hospitalières représentent à elles seules 22 % des dépenses de médicaments, soit 3,4 milliards d’euros. Avec une hausse de 371 millions d’euros en 2009, elles constituent les trois quarts (74 %) de la croissance des montants remboursés en ville, comme c’était déjà le cas en 2008. Alors que les prescriptions des médecins de ville n’ont augmenté que de 0,8 % en 2009 par rapport à 2008, celles des médecins hospitaliers ont augmenté de 7 %. Or, la croissance des prescriptions de ville s’explique en grande partie par le renouvellement des prescriptions initiées à l’hôpital : si l’on retire la part de ces renouvellements, les prescriptions de ville ont diminué de 70 millions d’euros. Les médecins libéraux ne manquent jamais de dénoncer cet état de fait, d’autant qu’ils ont la désagréable impression d’être les seuls destinataires des injonctions de maîtrise médicalisée lancées par l’Assurance Maladie. L’introduction des codes-barres dans les établissements hospitaliers publics permettant d’identifier les prescripteurs devrait permettre de rétablir un équilibre dans les efforts de maîtrise demandés… ■

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Les cardiologues bons élèves

Avec un montant de dépenses remboursées de 5 370 millions d’euros, les pathologies cardiaques, dont le taux de remboursement se situe entre 83,4 % et 88,3 %, représentent plus d’un quart des dépenses de prescriptions. Hors psychiatrie, neurologie et maladies infectieuses, la cardiologie représente 62 % des prescriptions pour les maladies chroniques, et 35,6 % de ces prescriptions, toutes pathologies confondues. En 2009, la croissance des remboursements des vasodilatateurs a diminué de 6,9 %. Une tendance qui pourrait notablement s’accroître en 2011 si l’évaluation en cours du buflomédil, commercialisé sous les noms de marque de Fonzylane et Buflomédil EG, débouche sur un retrait du marché de ces produits qui peuvent être toxiques en cas de mésusage. Le taux de croissance de – 0,5 % en 2009 des AAP s’explique essentiellement par la mise sur le marché du générique du Plavix. Une croissance de 3,4 % des prescriptions des statines témoigne d’une modération notable des prescriptions, qui se confirme en 2010, puisque, en septembre dernier, le taux de croissance était de 3,6 %, largement en deçà de l’objectif de 7 % fixé pour l’année dernière. De même, à cette même date, les prescriptions d’IEC/sartans enregistraient une baisse de 2,1 % explicable par la mise à disposition du premier générique de cette classe et par la campagne de bon usage menée par les délégués de l’Assurance Maladie auprès des médecins.(gallery)

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