Public-privé : halte au détournement des urgences cardiaques

346 – Le SNSMCV a dénoncé par voie de communiqué « le détournement systématique des urgences cardiologiques par le SAMU vers les établissements publics ». Observe-t-on ce détournement dans toutes les régions ?

Christian Ziccarelli Non, l’enquête que nous avons menée sur la période 2008-2010 montre que ce n’est pas le cas dans toutes les régions. Ainsi, les Pays-de-la-Loire, la Champagne-Ardenne et le Centre ne connaissent pas de discrimination. Mais dans d’autres régions, cette discrimination a abouti à une diminution des hospitalisations dans le privé des malades atteints de SCA chiffrable et chiffrée. A titre indicatif, entre 2008 et 2010, l’hôpital privé Claude Gallien de Quincy-sous-Sénart (Essonne) a enregistré une baisse d’activité de 46 %, la clinique Saint-François de Montluçon (Allier) une baisse de 21 % et la clinique Fontaine à Fontaine-lès-Dijon, une baisse de 45 % (voir encadré ci-contre). A Claude Gallien, le nombre d’angiocoronarographies effectuées en urgence a diminué de 36 %, et à l’hôpital privé Jacques Cartier de Massy (Essonne), ce nombre a baissé de 27 %. Et dans certaines régions, le détournement au profit du public est quasiment total ! En Meurthe-et-Moselle, le SAMU adresse 90 % des patients au CHU de Nancy, orientant les 10 % restants aux deux cliniques à même de prendre en charge ces urgences. Et à Metz, c’est 97 % des patients en infarctus que le SAMU conduit au CHR, et 3 % à la clinique Claude Bernard.

Selon vous, qu’est-ce qui motive les SAMU à agir de la sorte.

C.Z. Je crains que les hôpitaux publics ne voient dans cette pratique une façon de faire rentrer de l’argent pour combler leurs déficits. Mais il est tout a fait inadmissible que les établissements privés fassent les frais des problèmes budgétaires de l’hôpital public.

Quelle action envisagez-vous en réplique ?

C.Z. Nous avons alerté le ministère de la Santé sur cette situation en avril et mai derniers. Sans résultat, pour l’instant. Les cardiologues interventionnels libéraux assurent quotidiennement gardes et astreintes pour faire face aux urgences cardiologiques. Mais il est compréhensible qu’ils n’accepteront plus à assurer ce service de santé publique si la situation actuelle perdure. Et le SNSMCV prendra les dispositions nécessaires si nous n’observons pas rapidement le retour à l’équité. ■