Réactifs des tests RT-PCR Covid : plutôt des tensions locales qu’un réel risque de pénurie ?

Medscape – Après les masques en mars, les gants en septembre, les réactifs, utilisés dans les tests RT-PCR seront-ils les prochains produits à connaitre une pénurie ? Mercredi dernier sur RMC, le Dr Lionel Barrand , président du syndicat des jeunes biologistes a affirmé que « plus de la moitié des laboratoires de France n’ont plus que quelques jours de réserves de réactifs ». Et d’ajouter : « Pour l’instant, on arrive à tenir mais certains laboratoires en rupture n’arrivent pas à rendre de résultats rapidement en l’absence de réactifs. Les autres laboratoires autour, à qui ils auraient pu envoyer les examens, ne le font pas parce qu’ils sont eux-mêmes en pénurie et sont débordés. »

Le Dr François Blanchecotte, président du syndicat des biologistes, donne le même son de cloche sur les ondes d’Europe 1. « A un moment donné, c’est vrai que ça coince ! Une entreprise industrielle, elle ne s’adapte pas avec trois fois plus de commandes. On l’a bien vu avec la production de masques en France, le temps que ça a demandé. »

Les témoignages individuels de biologistes confrontés à un surcharge de travail massive et à une pénurie de réactifs sont nombreux sur les réseaux sociaux.

Tensions dans le nord, l’Aquitaine, Marseille, la Haute-Saône…

Un laboratoire du département de l’Aisne postait ce message le 12 septembre : « l’approvisionnement en réactif est très difficile actuellement sur tout le territoire. Des laboratoires locaux sont en panne sèche et donnent des délais de rendu de résultat de 15 jours. » Selon un autre post, d’un soignant basé dans la région lilloise, les tests Covid étaient impossible les samedi 12 et dimanche 13 septembre. Le même jour une technicienne de laboratoire d’un centre hospitalier en Aquitaine témoigne : « Cas concret de cette semaine. Nous n’avions plus de réactifs classiques (retard de livraison), plus de réactifs de méthode dégradée chronophage mais plusieurs foyers de cas contacts à tester…. Nos biologistes ont passé plusieurs heures pour trouver vers quels CHU envoyer les prélèvements afin qu’ils soient réalisés dans les plus brefs délais…. Les urgences ++++ ont été réalisées en tests rapides puisque nous n’avions plus que ça et que parfois on ne peut vraiment pas attendre. »

À Marseille, une infirmière libérale, qui a tenté de faire tester son mari fiévreux, a dû faire le tour des hôpitaux de la région pour trouver une solution : «  L’IDE qui nous a reçu nous a expliqué qu’il y avait une pénurie de réactif et que les tests partaient le samedi matin à l’IHU à Marseille… donc voilà même en expliquant que mon mari était symptômatique, contact avec personnes positives et moi IDE aucune possibilité de faire mieux… »

Rien à craindre pour le ministère de la santé

Face à l’inquiétude montante des professionnels de santé, le ministère de la Santé a assuré sur BFM TV qu’il n’y avait rien à craindre : « Les fabricants de réactifs sont en capacité de fournir nationalement le double de tests par rapport à la demande actuelle » et précise que « les laboratoires d’analyse et de biologie médicale (LABM) privés et publics sont en capacité de réaliser plus de 1,6 million de tests par semaine ».

« Cette capacité est en constante augmentation grâce aux investissements réalisés et à venir ». Toutefois le ministère reconnait des tensions locales sur un « faible nombre de fabricants ». Et ajoute que les ARS « établissent des liens avec les fournisseurs et (le ministère) pour prioriser et trouver des solutions…

«  Lorsque des tensions existent, elles sont dues à une forte dépendance à un fabricant en forte tension alors que la majorité des laboratoires ont diversifié leurs fournisseurs. Elles sont très souvent temporaires et s’expliquent soit par un manque d’anticipation dans les commandes passées par les laboratoires soit par des retards de livraisons ».

Quoi qu’il en soit, à l’issue du dernier conseil de défense, le Premier ministre Jean Castex a annoncé une priorisation des tests, afin d’éviter des temps d’attente trop importants pour les résultats de ces tests. Les personnes présentant des symptômes, les cas contact et les personnels soignants seront dorénavant priorisés. « Pour ces personnes prioritaires, nous allons renforcer les circuits dédiés de dépistage, a-t-il annoncé. Des créneaux horaires leurs seront réservés. Des tentes de dépistage seront installées dans les grandes villes. » Pas d’annonce en revanche concernant les tensions en réactifs RT-PCR.

En Ile-de-France, où la situation est particulièrement tendue dans certains laboratoires en raison de la demande croissante de tests, une vingtaine de centres de dépistage et de diagnostic Covid-19 (CDDC) permanents sont déployés depuis lundi.

Actualités Medscape © 2020 WebMD, LLC – 22 sept 2020

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