Retraite des médecins : les syndicats sonnent l’alerte

Faute de réponses claires à leurs interrogations sur le devenir de la retraite des médecins libéraux dans le futur régime universel, les syndicats nourrissent les plus vives inquiétudes et demandent les éclaircissements nécessaires dans les plus brefs délais.

Si les Français en général voient venir avec inquiétude la réforme des retraite concoctée par le gouvernement, les médecins libéraux en particulier le sont d’autant plus qu’après un an de concertation avec le haut-commissaire à la dire réforme, Jean-Paul Delevoye, ils n’ont toujours pas de réponses claires à leurs interrogations un rien angoissées. Comme le dit le SML, « le haut-commissaire fait tout ce qu’il peut pour tenter de rassurer à travers des propos confiants concernant l’avenir de la retraite des médecins libéraux dans la nouvelle architecture du futur système de retraite universelle, mais il ne dit pas comment il va s’y prendre » ! 

Une chose est sûre : les taux de cotisations du régime universel étant inférieurs à la somme des taux actuels de cotisations dont s’acquittent les médecins et qui incluent les différents régimes (régime de base, complémentaire, CARMF, ASV en totalité), cela entraînera mécaniquement une baisse importante des futures pensions. « Quel mécanisme collectif pour pallier cette situation ? » s’interroge la CSMF. Le Syndicat National des Médecins Concernés par la Retraite (SN-MCR) a fait ses calculs et son estimation « montre une baisse importante des futures pensions », alors que la pension moyenne du médecin (2 645 euros par mois en 2018) n’est déjà pas en adéquation avec son revenu d’activité. Pour l’heure, « aucune garantie n’est apportée sur les modalités de maintien du niveau actuel de cotisation et du niveau actuel des prestations de retraite servies aux médecins retraités » renchérit le SML. 

Par ailleurs, le plus grand flou entoure la question des réserves de la CARMF, constituées par plusieurs générations de praticiens et évaluées à 9 ans de prestations. « Que vont-elles devenir ? » interroge la CSMF. Pour la confédération, « elles ne doivent pas servir à combler les déficits d’autres régimes actuels de retraite, en particulier les régimes spéciaux » et « il est indispensable qu’elles reviennent aux médecins ».  

Autre sujet d’inquiétude pour les libéraux, l’ASV, qui constitue en moyenne 35 % de la pension du médecin, avec une participation de l’Assurance-maladie à hauteur de deux-tiers pour les praticiens de secteur 1 et pour ceux du secteur 2 qui ont opté pour le dispositif de régulation des dépassements d’honoraires (OPTAM). Comment l’intégrer dans le futur régime universel et comment pérenniser l’ASV et son mode de financement, questionnent les syndicats, qui n’ont reçu aucune réponse précise du Haut-Commissariat à la Réforme des Retraites (HCRR). Ils ne savent pas plus quelle sera la place des médecins libéraux dans la gouvernance du régime universel, système majoritairement constitué de salariés. 

« Lorsque c’est flou, c’est qu’il y a un loup ». Reprenant à son compte le commentaire de Martine Aubry à l’encontre du candidat François Hollande, le SML entend ainsi « exprimer les doutes et les inquiétudes multiples des médecins libéraux » sur ce dossier crucial. De son côté, la CSMF se dit « très inquiète ». Elle appelle le HCRR à donner des réponses précises sur ces points au plus vite et « refuse que les médecins libéraux soient sacrifiés sur l’autel de cette réforme ».