Revenir aux fondamentaux : d’abord la qualité !

322 – Le débat sur cette fameuse loi HPST bat son plein, dans une cacophonie inaudible.

Les alliances les plus improbables voient le jour sur des intérêts souvent totalement contradictoires. Les corporatismes les plus criants s’allient aux revendications les plus justifiées : un dernier exemple, les directeurs d’hôpitaux rejoignent le mouvement de protestation des syndicats de médecins, notamment hospitaliers, pour réclamer moins de subordinations aux directeurs des Agences Régionales de Santé, c’est-à-dire plus de pouvoir pour eux-mêmes ce que dénoncent justement les médecins hospitaliers, y compris dans la rue.

Prions pour que nos plus hautes autorités retournent sur terre.

Quelle est la problématique initiale de cette loi : assurer une meilleure coordination entre la ville et l’hôpital pour le plus grand profit des patients.

En médecine, depuis plus de vingt ans, nous avons tous pris l’habitude de soigner selon les données fondées sur la science au regard des grandes études.

Toutes les études démontrent que c’est la porte d’entrée de la prise en charge dans la maladie et la qualité du suivi qui engagent prioritairement le pronostic.

Toutes les études sérieuses montrent que la prise en charge pluridisciplinaire est plus efficiente et efficace que le suivi unique.

Pour exemple : citons la dernière étude de l’Assurance Maladie, décrite dans les pages 7 et 8, qui est en outre à l’origine du communiqué du SNSMCV et, excusez du peu, publiée dans les Archives of Cardiovascular Diseases : la prise en charge du post-infarctus est bonne en France, mais elle est encore meilleure lorsque le patient est suivi ensuite par un cardiologue (p > 0,0001), conjointement avec son médecin traitant.

Malheureusement seulement 46,3 % des patients étaient suivis en post-infarctus par un cardiologue.

Ne voyez-vous pas là, Madame la Ministre, un exemple des solutions efficaces : favoriser la coordination et les pratiques coopératives au lieu d’opposer résolument premier et second recours sans autre justification profonde que de satisfaire l’ego de certains syndicats sectaires ? ■

Docteur Jean-François Thébaut, le 19 mai 2009

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