Télécardiologie : plus sûre, plus efficace et… pas plus chère

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L’étude ECOST montre clairement qu’une prise en charge par l’Assurance Maladie n’engendrerait pas de coût supplémentaire. © Everythingpossible

368-369 – Après avoir démontré la sécurité et l’efficacité de la télésurveillance pour les porteurs de stimulateurs et de défibrillateurs cardiaques, l’étude ECOST montre les économies qu’elle génère.

Lors d’une conférence de presse organisée par la société Biotronik, le deuxième volet de l’étude ECOST, dont l’objectif est d’examiner a sécurité à long terme du suivi à distance des défibrillateurs, ainsi que l’impact économique du système detélécardiologie (Biotronik Home Monitoring). L’étude multicentrique (43 centres en France), randomisée de non-infériorité, incluait 433 patients, dont un groupe de 221 patients télé-suivis (avec une seule consultation ambulatoire obligatoire à un an) et 212 patients suivis classiquement en ambulatoire (une consultation tous les six mois). Le suivi moyen était de 27 mois. Le premier volet de l’étude a porté sur la sécurité et l’efficacité a montré que le suivi à distance des Défibrillateurs Automatiques Implantables (DAI) était sûr et non inférieur en termes de sécurité, comparé au suivi conventionnel ambulatoire.

Une réduction significative des coûts

Le second volet, qui a fait l’objet de la récente présentation, portait sur le modèle médico-économique. L’analyse des coûts a inclus : les coûts directs liés aux hospitalisations cardiovasculaires ; les coûts ambulatoires associés au suivi technique des DAI (consultations DAI et transports associés) et les autres coûts ambulatoires (consultation toute cause, médicaments cardiovasculaires, procédures cardiovasculaires) ; les coûts liés aux DAI et au système de télétransmission, évalués au prorata de la longévité résiduelle du DAI à la fin de l’étude. L’étude, menée sur 310 patients répartis dans les 42 centres, a montré qu’il n’y avait pas de différences significatives entres les groupes concernant les hospitalisations cardiovasculaires. En revanche, on observe une réduction significative de 13 % des coûts ambulatoires engagés et de 16 % des coûts remboursés par l’Assurance Maladie, soit une économie de 257 euros par an et par patient. La réduction des coûts ambulatoires est essentiellement due à la baisse des coûts liés aux consultations et aux transports. Pour les patients télésuivis, la baisse des consultations présentielles pour le suivi du DAI est de 26 %. Au total, la télésurveillance entraîne une économie de 494 euros par patient et par an. Comme l’a souligné le Dr Laurence Guédon-Moreau, cardiologue rythmologue au CHRU de Lille et investigatrice de l’étude : « Il est rare d’avoir une technique aussi sûre, plus efficace et qui ne coûte pas plus cher à l’Assurance Maladie et aux patients ».

Télésurveillance non payée

C’est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui, les professionnels de santé qui assument la télésurveillance en cardiologie ne sont pas rémunérés… Les discussions pour cette rémunération sont en cours depuis plusieurs années. Mais depuis le décret télémédecine d’octobre 2010 qui la prévoit, rien ne s’est encore concrétisé et seuls les industriels bénéficient d’un financement spécifique pour les systèmes de télésurveillance. Pourtant, en 2011, deux demandes de création d’actes (« télésurveillance d’un stimulateur cardiaque » et « télésurveillance d’un défibrillateur cardiaque ») ont été déposées à la HAS en vue d’une prise en charge. Et fin 2012, le Conseil National Professionnel de Cardiologie (CNPC) et le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) ont émis une réflexion économique destinée à nourrir la discussion sur le mode et le montant de financement de cette activité médicale. Les deux instances ont proposé un forfait global annuel (puisque la télésurveillance est une activité continue).

Un coût annuel sur les bases de l’Assurance Maladie

Ce forfait serait à deux niveaux : plus élevé la première année pour tenir compte des charges liées à la mise en place de la télésurveillance, soit 360 euros la première année puis 230 euros les années suivantes pour les stimulateurs, et 380 euros, puis 250 euros les années suivantes pour les défibrillateurs. Pour établir ces forfaits, le CNPC et le CNOM se sont basés sur le coût annuel du traitement conventionnel pour l’Assurance Maladie : entre 200 et 400 euros par patient pour les porteurs de stimulateurs et entre 212 et 424 euros pour les porteurs de défibrillateurs. Compte tenu des économies réalisées grâce au télésuivi, l’étude ECOST « indique clairement qu’une prise en charge par l’Assurance Maladie sur la base des propositions du CNPC et du CNOM est tout à fait rationnelle et n’engendre pas de coût supplémentaire ». 2014, l’année où doit se concrétiser dans la loi la Stratégie Nationale de Santé, verra-t-elle l’avènement de ces forfaits ? Ce serait bien.

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