Unis pour une réforme structurelle

Par Marc Villacèque.
Président du Syndicat national des cardiologues. 

Avec 600 000 patients en ALD et 7 millions de patients sans médecin traitant (chiffres CNAM 2022), peut-on dire que notre système de santé fonctionne ?

Les médias évoquent de plus en plus les difficultés de notre système de santé : il y a encore un an, Le Monde parlait peu de ce sujet et aucun médecin syndicaliste libéral n’était cité. Aujourd’hui leurs noms apparaissent au moins deux fois par semaine. 

Des collectifs d’usagers demandent des réformes. France asso Santé exige le conventionnement sélectif alors que l’UFC-Que Choisir lance des campagnes publicitaires pour la fin de la liberté d’installation. Nos parlementaires votent des lois parfois contradictoires sur la santé et sans réelle vision d’avenir.

Pourtant, de nombreux livres détaillent comment réformer un système, comme « La planification de la santé » de Raynald Pinault  : définir des objectifs clairs et des priorités puis décider des trajectoires communes pour l’ensemble des acteurs du système. Pourtant les décideurs s’entêtent dans une approche purement comptable et à court-terme.

Le système n’a plus les moyens de prendre en charge la santé de l’ensemble de la population. Est-il pertinent et équitable de demander de l’argent aux laboratoires de biologie pour les quatre prochaines années parce qu’ils ont fait des bénéfices importants durant la pandémie alors qu’ils se sont réorganisés pour affronter cette épidémie et qu’ils ont réussi à maintenir un service efficace de proximité et de permanence de soins ?

Pour restructurer le système, il faudrait d’abord écouter la base et réfléchir aux problématiques des acteurs de terrains. Président du Syndicat national, j’ai participé à plusieurs réunions dans toute la France pour vous écouter. J’ai entendu vos difficultés croissantes face à des patients insatisfaits quant aux délais de rendez-vous et n’hésitant plus à manifester des comportements excessifs.

Des cardiologues saturés doivent refuser des premiers rendez-vous et accepter de nombreux « lapins ». Ils constatent, atterrés, la diminution du nombre de cardiologues et de généralistes, avec un adressage de moins bonne qualité, des contraintes administratives croissantes et des salariés sous tension.

Face à ces difficultés, la colère monte chez les jeunes, les hospitaliers et les libéraux.  Des appels à la grève et aux manifestations surgissent, à l’image des 1er et 2 décembre derniers.

On retrouve cet esprit de rébellion dans l’approche de la nouvelle convention : les syndicats libéraux se sont unis contre le calendrier de la CNAM et exigent trois préalables avant tout nouveau rendez-vous : la négociation sur la revalorisation des actes au début du processus, la revalorisation immédiate des retraites par l’augmentation de l’ASV (allocations supplémentaires de vieillesse), et garantir l’accès des jeunes au secteur 2 suite à la réforme de l’internat.

Cette activité syndicale intense nécessite l’engagement de tous, chacun à notre niveau.

Pensez-y et adhérez au syndicat en 2022, pour les retardataires il n’est pas trop tard. C’est seulement ensemble que nous serons forts et que nous pourrons porter notre vision de la cardiologie libérale dans un système de santé restructuré.

© belchonock-depositphotos

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