Vaccination : perte de terrain des médecins… ou opportunité et gain de temps ?

La politique de transfert de tâches se déploie progressivement avec l’élargissement des compétences des infirmiers en matière de vaccination.

Depuis le 24 avril 2022, les infirmiers sont habilités à administrer des vaccins « non vivants » chez les personnes majeures et mineures âgées d’au moins 16 ans, sans prescription médicale préalable.

Cela concerne la protection contre 15 pathologies : la grippe saisonnière, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, les papillomavirus humains, les infections invasives à pneumocoque, les virus de l’hépatite A et l’hépatite B, les méningocoques de sérogroupes A, B, C, Y et W et contre la rage.

A charge pour eux de renseigner le carnet de santé ou le carnet de vaccination et le dossier médical partagé (DMP) de la personne vaccinée ou le dossier de soins infirmiers et de délivrer une attestation de vaccination. Le médecin traitant ne sera informé que si l’infirmier recueille le consentement de la personne !

Corporatisme ou défense de la profession ?

Les syndicats de médecins qui dénonceront ces mesures au titre des dangers qu’elles font courir à la population seront immédiatement soumis à l’infamante accusation de corporatisme. Dédaignons-la volontiers car c’est bien la fonction première d’un syndicat que de défendre les intérêts de sa profession. Cependant, ne nous trompons pas de combat.

Le médecin est un chef d’orchestre

L’irruption de l’intelligence artificielle et les progrès considérables des technologies et des traitements sont des réalités. Les évolutions vers un plus haut niveau de qualité des métiers de pharmaciens, de sage-femmes et d’infirmiers en sont d’autres, sans oublier le patient qui devient de plus en plus expert.

Dans ce big bang, le médecin du XXIe siècle sera un médecin augmenté par son environnement technologique et organisationnel, concentré sur les compétences que lui seul a pu acquérir par sa formation et son exercice, un chef d’équipe et non plus un médecin isolé.

Une nécessaire approche globale

Tout cela se réfléchit, se discute, se négocie dans une approche globale du système de soins et non comme aujourd’hui par des mesures ponctuelles, désordonnées voire délétères, sans aucune vision d’ensemble. Mais pour cela, il faut accepter de changer de paradigme. La période qui s’ouvre avec un nouvel élan politique et l’ouverture d’une phase de négociations conventionnelles doit avoir cette ambition car se contenter d’un simple rafistolage du système actuel est voué à un échec que l’on ne peut se permettre.

C’est dans ce travail passionnant que le SNC s’est engagé tant auprès des cardiologues que des tutelles, soutenons-le !