Côtes de Provence Domaine des Nibas « Ingénue » 2004 – Nicolas Hentz, 83550 Vidauban

La tradition vinicole provençale remonterait à plus de 2 600 ans, mais, bien que la région continue à bénéficier de conditions climatiques idéales pour la vinification, la qualité est rarement au rendez-vous, nombre de viticulteurs misent sur la quantité privilégiant les rosés, afin d’approvisionner la multitude de restaurants azuréens, se perdant dans des assemblages complexes et parfois folkloriques, maîtrisant mal les années difficiles.

Passons rapidement sur les rosés, dont le fleuve (145 millions de bouteilles annuelles) déferle sur les touristes assoiffés, mais peu exigeants. Ã mon humble avis, la majorité des rosés provençaux est médiocre et leurs accords gastronomiques se limitent à l’accompagnement d’un barbecue sous un soleil torride ou à la dégustation d’un poisson grillé sur la plage…

La Provence produit d’excellents vins blancs musclés et charnus dans des appellations très limitées : Bellet, Palette, quelques viticulteurs de Cassis et Côtes-de-provence.

En fait, la bonne surprise vient des rouges qui ne cessent de croître en qualité : vins typiquement méditerranéens, dont les Bandol sont la figure emblématique. Mais certains viticulteurs de l’appellation Côtes-de-provence produisent aussi de remarquables vins rouges. Nicolas Hentz, d’origine alsacienne, dont il tire probablement le sérieux et la rigueur dans son travail de vinificateur, parfaitement amariné sur les côtes méditerranéennes, exerce sur un petit Domaine de 5 hectares au coeur de la plaine des Maures. Il s’assure des conseils d’un oenologue à chaque étape de la vinification de ses différentes cuvées et s’est mis à la conversion Bio depuis 2006.

Les vendanges sont manuelles en caissettes permettant d’emblée les assemblages.

Sa cuvée spéciale « Ingénue » 2004 est un assemblage complexe : syrah 25 %, grenache 25 % (avec des rendements de 35 hl/hectare faibles pour la région), cinsaut, carignon et un peu de cabernet-sauvignon qui assure l’excellente qualité des tanins.

La vinification est très artisanale, mais particulièrement soignée, les marcs ne sont pas pressurés, l’élevage est réalisé en petites barriques de bois qui sont tournées manuellement, pour permettre la gravitation et l’homogénéisation, et dure 9 mois. Cette cuvée est peu filtrée et non collée.

Le vin à la robe pourpre cardinalice dégage au nez des arômes de fruits noirs : cassis, mûre, et de poivre assez caractéristique de la syrah, mais aussi des arômes méditerranéens grâce aux cépages grenache et cinsaut : épices, garrigue : thym, romarin. En bouche, on apprécie une matière dense et des tanins déjà bien fondus, souples et soyeux.

Ce Côtes-de-provence accueillera volontiers une viande rouge, un cabri ou un chevreau tout juste rôtis, mais il peut solliciter des mariages plus subtils avec un osso bucco, un lapin aux pruneaux et, pour les amateurs d’accords : poissons – vins rouges : un beau rouget ou une fricassée de supions à l’encre.

Nicolas Hentz ne produit cette cuvée spéciale que dans les années réunissant les conditions optimales, mais sa vinification très artisanale peut entraîner d’assez importantes différences qualitatives. Ainsi, son « Ingénue » 2004 m’est apparue un peu « coriace » avec des tanins âpres et rudes, mais il est très probable que cette cuvée se « civilise » avec le vieillissement.

En revanche, vous pouvez, sans aucune hésitation, acquérir ses blancs et ses rosés proposés à des prix très doux._

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Ã consommer avec modération.(gallery)

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