Les bêtabloquants exposeraient les femmes souffrant d’un SCA de novo à un sur-risque d’insuffisance cardiaque

Le traitement de l’hypertension artérielle par bêtabloquants doit-il être remis en question chez les femmes ? C’est ce que pensent le Dr Rafaele Bugiardini (Université de Bologne Italie) et coll. Les bêtabloquants exposeraient les femmes à des complications plus sévères quand survient un syndrome coronarien aigu (SCA), suggère leur analyse de registres.

Plus précisément, dans cette analyse portant sur 13 000 patients atteints d’un SCA, sans antécédent vasculaire, les femmes qui prenaient des bêtabloquants, avaient un risque de survenue d’insuffisance cardiaque (IC) au cours d’un SCA de novo majoré de 33%, selon un article paru le 13 juillet dans Hypertension[1].

Cette différence femmes/hommes était plus patente chez les patients ayant un SCA avec sus-décalage de ST (STEMI) comparé aux patient(e)s ayant un SCA avec sous décalage de ST (NSTEMI).

Cette association sexe féminin, risque de survenue d’IC au cours d’un SCA, n’a pas été observée dans la cohorte majoritaire [81%] des patients qui n’étaient pas traités par bêtabloquant avant le SCA.

Par ailleurs, la mortalité à 30 jours était beaucoup plus importante chez les patients souffrant d’un SCA compliqué d’IC, comparés à ceux sans défaillance cardiaque à l’arrivé : 7 fois plus de décès chez les femmes et 9 fois plus de décès chez les hommes.

Sexe féminin et traitement bêtabloquant : une association à risque

« Notre étude met en évidence une forte interaction entre le sexe et le traitement bêtabloquant et suggère un risque plus important d’IC chez les femmes qui souffriraient d’un infarctus du myocarde ultérieurement », précise le Dr Bugiardini pour theheart.org/Medscape Cardiology.

« Nos résultats posent la question du rôle et de l’intérêt des bêtabloquants au cours du traitement de l’HTA chez les femmes n’ayant pas d’antécédent vasculaire. Les bêtabloquants pourraient être responsables de l’IC chez les femmes ayant un SCA, comme première manifestation de leur affection coronaire », suggèrent Bugiardini et coll.

« En pratique clinique, c’est une importante donnée: cesser les bêtabloquants chez une patiente hypertendue, par ailleurs en bonne santé et n’ayant pas d’antécédent vasculaire. Cette décision n’est pas risquée et peut même s’avérer être prudente » répète le chercheur lors d’une interview « Le maintien de la pression artérielle chez la femme peut être obtenu d’une façon plus sûre, en utilisant d’autres médicaments et bien évidemment par le régime et l’activité physique ».

« Le risque, les causes et le pronostic de l’IC ne sont pas les mêmes chez les femmes et les hommes », constatent les auteurs. Or les recommandations actuelles « ne différencient pas la prescription des bêtabloquants chez la femme et chez l’homme »

 Aussi, ils remarquent « parce que les précédentes études et méta analyses incluaient environ 5 hommes pour 1 femme, cette disparité des effets des bêtabloquants chez la femme a été masquée par les résultats observés chez l’homme ».

Données recueillies au sein de 3 registres tenus dans 12 pays européens

Cette étude a colligé les données, entre octobre 2010 et juillet 2018, des registres de 12 nations européennes, ISACS ARCHIVES, ISACS-TC et EMMACE-X3, incluant 13 764 hypertendus qui ont souffert d’un SCA confirmé.

En combinant les données de ces registres les auteurs ont répertorié 2 590 patients (19%) qui recevaient un traitement bêtabloquant avant la survenue du SCA. Ces patients n’étaient pas significativement différents de ceux qui n’avaient pas de traitement bêtabloquant selon une analyse ajustée pour les données initiales et les autres médications.

Risque majoré d’un tiers 

Dans le groupe « bêtabloquants », 21,3% des femmes et 16,7% des hommes avaient une IC avec un stade Killip >=2, soit une différence absolue de 4,6% témoignant d’un rapport de Risque Relatif (RR) de 1,35 (Intervalle de confiance de 95% [IC 95%] : 1,10-1,65).

Parmi les patients qui ne prenait pas de bêtabloquant les pourcentages femmes et hommes souffrant d’une IC étaient respectivement de 17,2% et 16,1% soit une différence absolue de seulement 1,1% et un rapport de RR de 1,09% (IC 95% : 0,97-1,21).

L’interaction sexe/bêtabloquant est significative dans la survenue d’une IC ((P<0,034). L’analyse excluant les patients ayant un choc cardiogénique aboutit aux mêmes conclusions.

S’intéressant spécifiquement au STEMI [60% des SCA], le rapport RR pour la survenue d’une IC chez les femmes vs les hommes est de 1,44 (IC 95% ; 1,12-1,84) avec un traitement bêtabloquant antérieur. En revanche, chez les femmes n’ayant pas le traitement, le rapport RR (vs hommes) est de 1,11 (IC 95% 0,98-1,26) L’interaction sexe/traitement bêtabloquant est significative en cas de STEMI (P=0,033)

Cette interaction n’a pas été notée dans le sous-groupe NSTEMI (P=0,14).

Risque majoré de mortalité en cas d’IC

L’insuffisance cardiaque au cours de ces SCA s’est avérée être le marqueur principal du risque de mortalité à 30 jours dans les deux sexes dans l’analyse multivariée : les risques relatifs étaient de 7,54 (IC 95%, 5,78-9,83) chez les femmes et 9,62 (IC 95%, 7,67-12,07) chez les hommes.

« Notre étude souligne l’importance qu’il faut accorder au sexe au cours d’une recherche clinique, si l’on veut des actions concrètes », insiste le Dr Bugiardini. « Si l’on n’inclut pas les deux sexes dans les essais thérapeutiques, on manque l’opportunité de découvrir des caractéristiques liées à celui-ci. Les effets néfastes des bêtabloquants dans le traitement de l’hypertension artérielle chez les femmes est une spécificité liée au sexe », dit-il.

Les femmes aussi !

Une partie des conclusions de l’ étude « n’est pas réellement surprenante, nous savons de longue date que les femmes qui souffrent d’un infarctus du myocarde sont plus à même que les hommes de développer une IC et nous savons aussi que l’insuffisance cardiaque au décours d’un infarctus augmente la mortalité » commente pour theheart.org/Medscape Cardiology la Dr Ileana L. Pina (Wayne State University Detroit. USA ).

Mais ce qui m’a surprise, ajoute-t-elle, c’est le fait que les femmes qui prenaient des bêtabloquants ont un risque plus élevé de survenue d’IC. « Cette association mérite d’être prouvée par des études prospectives et confirmée par d’autres recueils de données » précise la Dr Pina, qui n’est pas impliquée dans cette étude.

« Il faut se rappeler que l’IC n’est pas exclusivement une affection masculine, il faut accorder une importance aux symptômes des femmes, sans les reléguer vers une forme d’anxiété ou d’ennuis gastriques : c’est bien là le message le plus important ! » Ajoute-t-elle.

Une étude randomisée spécifiquement féminine sur l’effet des bêtabloquants n’est pas éthique

Autre limite, le Dr Bugiardini note qu’il s’agit d’une étude observationnelle. «Ces résultats peuvent être biaisés et nécessitent une confirmation. Cependant, une étude randomisée contrôlée stratifiée avec le sexe comme prérequis, évaluant les bêtabloquants dans le traitement de l’hypertension artérielle chez les patients sans antécédent coronaire ni IC ne peut pas être entreprise au plan éthique, elle serait conçue pour confirmer un risque… et non pas un bénéfice ».

«  D’autres études observationnelles pourraient apporter une confirmation » ajoute-il « …mais en même temps la Food and Drug Administration se doit d’alerter les professionnels de santé sur les effets délétères des bêtabloquants utilisés dans le traitement de l’hypertension artérielle chez les femmes sans antécédent coronaire ou d’insuffisance cardiaque [car] prescrire un bêtabloquant pour le traitement de l’hypertension peut l’exposer à un risque inutile.»

Traduit de l’américain par le Dr Jean-Pierre Usdin. Prior Beta Blockers Predict Extra Burden of Heart Failure in Women With ACS – Medscape.com – Jul 15, 2020.

[1] Raffaele Bugiardini , Jinsung Yoon , Sasko Kedev et coll.Prior Beta-Blocker Therapy for Hypertension and Sex-Based Differences in Heart Failure Among Patients With Incident Coronary Heart Disease. Hypertension. Published online June 13, 2020. Abstracthttps://doi.org/10.1161/HYPERTENSIONAHA.120.15323

Bugiardini et coll n’ont pas de liens d’intérêt en rapport avec le sujet.

Les bêtabloquants exposeraient les femmes souffrant d’un SCA de novo à un sur-risque d’insuffisance cardiaque – Medscape – 27 juil 2020.




Confinement : jeunes installés et remplaçants ont été durement touchés financièrement

 On sait que l’activité de la médecine de ville s’est effondrée aux mois de mars/avril, au pic de l’épidémie de SARS-CoV-2, en France.

Lors d’une session virtuelle organisée au Congrès Médecine Générale France (CMGF) début juillet, une enquête portant plus spécifiquement sur les remplaçants et les jeunes installés en médecine générale a montré que la situation était particulièrement préoccupante dans ces populations.

« Cette étude met en exergue le fort impact économique de cette pandémie, surtout sur les remplaçants et les jeunes installés », a expliqué Caroline Monteragioni (Nancy), membre du bureau de l’intersyndical ReAGJIR (Regroupement Autonome des Jeunes généralistes Installés et Remplaçants).

En pratique, un questionnaire diffusé entre le 24 avril et le 9 mai sur les réseaux sociaux et par mailing a permis de recueillir 1364 réponses exploitables (985 remplaçants et 382 jeunes installés). Les résultats ont été analysés par 4 membres du bureau de l’intersyndical ReAGJIR.

Contrats annulés chez 68 % des remplaçants

Chez les remplaçants qui ont répondu à l’enquête, dont 88 % exerçaient en libéral, une baisse de plus de 50 % de leur chiffre d’affaires a été rapportée par 43% d’entre eux en mars et 64 % en avril. Sur les 948 médecins remplaçants concernés, 68 % ont vu au moins un de leurs contrats de remplacement annulé, alors que pour plus de la moitié les contrats étaient déjà signés.

« Dans les verbatims recueillis en fin de questionnaire, les remplaçants ont souligné qu’ils pouvaient comprendre certaines annulations de contrats tout en soulignant qu’elles étaient parfois abusives, sans réelles conséquences ou recours possible contre les médecins installés », a rapporté Caroline Monteragioni.

Concernant les aides disponibles, 15,3 % ont fait appel au Fonds de Solidarité (FDS) mis en place par le gouvernement en mars et 10,5 % en avril. Entre 40 et 50 % ne pensaient pas y avoir droit et 15 % n’en connaissaient pas l’existence. Moins de 4 % des remplaçants thésés (522) ont demandé une aide à la CARMF, près de 70 % ignoraient cette possibilité. Moins de 5 % ont demandé de l’aide auprès de leur banque soit par ignorance, soit parce qu’ils avaient reçu d’autres aides ou parce qu’ils ne souhaitaient pas s’endetter. Moins de 5 % ont sollicité leur Prévoyance, sachant que 15 % (137) n’en avaient pas.

« Les remplaçants se sont plaints de la difficulté d’accès à certaines aides du fait d’un mode de calcul inadapté pour eux », a expliqué l’intervenante qui a souligné que d’autres ont fait part de leur culpabilité de demander une aide par rapport à d’autres professions plus précaires.

Baisse de CA de plus de 50 % en avril pour la moitié des jeunes installés

Parmi les 382 jeunes médecins généralistes qui ont répondu au questionnaire, 158 étaient installés depuis moins d’un an, 92 étaient dans leur deuxième année d’installation et 132 étaient installés depuis 2 à 5 ans. Ils exerçaient majoritairement en libéral et avaient 44 % de charges.

Chez eux aussi, une baisse du chiffre d’affaires de plus de 50 % a été retrouvée: chez 26 % d’entre eux en mars et 50 % en avril. Cette baisse était d’autant plus marquée chez les installés depuis moins d’un an.

Comme pour les médecins remplaçants, peu nombreux sont ceux qui ont demandé des aides. Le Fonds de solidarité de l’Etat a été demandé par 19 % d’entre eux en mars et 9,7 % en avril. Parmi ceux qui n’avaient pas sollicité cette aide, 30 % en mars et 50 % en avril ne pensaient pas y avoir droit, environ 10 % ne connaissaient pas cette aide et 10 % ont déclaré ne pas en avoir besoin. À noter qu’initialement les critères d’obtention du FDS ne permettait pas aux jeunes installés d’y prétendre.

Aussi, les installés ont peu sollicité la CARMF (<4 %) avec encore une fois 60 % qui ignoraient qu’ils pouvaient le faire. Près de 10 % ont sollicité leur banque majoritairement pour des reports d’échéances de prêts professionnels. Peu ont contracté un BPI, prêt garanti par l’Etat. Concernant leur Prévoyance, 5 % l’ont sollicité et certains ont essuyé un refus (3 % n’en avaient pas).

L’analyse des verbatims recueillis a mis en évidence l’apport bienvenu de la ROSP et du forfait médecin traitant pendant cette période. Les jeunes installés ont aussi fait savoir qu’ils auraient préféré une annulation de leurs cotisations plutôt qu’un report, mais au moment du questionnaire, l’aide de la CARMF et l’aide compensatoire de la CNAM n’avaient pas encore été évoquées. Enfin, ils ont souligné l’intérêt de la téléconsultation et de la prise en charge à 100 % par l’Assurance Maladie, ce qui a été plus complexe pour les remplaçants qui devaient avoir un contrat pour pratiquer la téléconsultation.

Les activités associées n’ont pas permis de compenser les pertes de CA

En tout, 52,4 % des répondants ont participé à des activités annexes de renfort pendant cette période de mars-avril. Majoritairement, il s’agissait de gardes de permanence de soins ambulatoires (29,6 %), mais aussi de participations à un centre COVID ambulatoire (24,5 %). Onze pour cent des répondants ont cumulé au moins deux activités. Malgré ces activités annexes, 64 % n’ont pas compensé leur perte de CA.

Arrêts de travail 

Concernant les arrêts de travail, 117 répondants (8 %) ont indiqué avoir été en arrêt maladie au mois de mars et 58 en avril, dont 68 pour cas suspect ou avéré de Covid. Six répondants n’ont pas déclaré leur arrêt de travail. Un tiers ignorait que la CARMF pouvait les indemniser.

Quel futur ?

En termes de trésorerie, en moyenne, les participants à l’étude ont indiqué avoir un à deux mois de chiffre d’affaires de trésorerie. Mais, 37,7 % des remplaçants avaient moins d’un mois de CA de trésorerie. 

Concernant leur perception de l’avenir, « 67 % pensaient s’en sortir durant l’année, mais cela signifiait que près d’un tiers des répondants abordait l’avenir à court et moyen termes avec inquiétude », a souligné Caroline Monteragioni qui a indiqué que les plus inquiets étaient les femmes enceintes au premier et deuxième trimestres, les remplaçants qui craignaient que les médecins installés annulent leurs vacances d’été et les plus jeunes installés.

[1] Congrès CMGF 2020 virtuel. Caroline Monteragioni.COVID-19 : Quel impact financier pour les remplaçants et jeunes installés. 2-3 juillet 2020

Actualités Medscape © 2020 – 28 juil 2020.

 




Rejet croissant du concept de vaccination contre le SARS-Cov-2

Medscape – Des laboratoires de nombreux pays tentent de développer un vaccin contre le Covid-19. En témoignent, les résultats préliminaires de plusieurs études de phase I/II. L’un à base d’ARNm serait sûr et a induit une production d’anticorps chez les 45 participants, d’après un article publié par le New England Journal of Medicine . Un autre, le ChAdOx1 nCoV-19 (« vaccin d’Oxford »), composé d’adénovirus de chimpanzé modifié, donne aussi des résultats encourageants. En pratique, on est cependant encore loin de pouvoir disposer d’un vaccin efficace, alors qu’un autre problème s’est fait jour : l’acceptation d’une vaccination contre le Covid-19 a diminué au cours des derniers mois dans la population européenne. Elle est ainsi passée de 70 à 61% en Allemagne, d’après le HCHE (Hamburg Center for Health Economics) rattaché à l’Université de Hambourg [] 1 ].

En avril et en juin dernier, des auteurs ont interrogé en ligne plus de 7.000 personnes résidant en Allemagne, au Danemark, en France, en Italie, aux Pays-Bas, au Portugal et au Royaume-Uni. Résultat : dans l’ensemble de ces pays, l’acceptation d’une éventuelle vaccination contre le SARS-Cov-2 est passée de 74% en avril à 68% deux mois plus tard, tandis que la proportion de personnes la refusant clairement a grimpé de 7 à 13%. L’acceptation ne s’est (légèrement) renforcée qu’au Portugal, avec un taux passant de 75 à 76%.

Les groupes à risque sont plus confiants

C’est en Italie et en Allemagne que la méfiance était la plus forte : le pays dirigé par Giuseppe Conte a vu le taux d’acceptation dégringoler de 12%, passant de 76 à 64%, tandis que la République fédérale menée par Angela Merkel a vu ce chiffre chuter de 9% (70% en avril et 61% en juin). Comparativement au nord et à l’est de l’Allemagne (respectivement 16 et 14%), c’est dans le sud et l’ouest que le taux de rejet est le plus élevé (22 et 20%).

En juin, c’est la France qui affiche le rejet le plus marqué, avec un taux s’établissant à 20%. Celui des personnes indécises y était également le plus élevé : 24%, à comparer avec le chiffre – stable – de 19% pour l’ensemble de l’Europe.

Un taux supérieur d’acceptation a été observé chez les personnes à risque et leurs cohabitants. Il est le plus élevé chez les hommes à partir de 55 ans et chez les personnes qui vivent avec des malades chroniques, quel que soit le pays étudié. A l’inverse (et c’est particulièrement vrai en Allemagne), les familles comprenant un handicapé mental ou physique sont les moins enclines à accepter la vaccination, d’après le Pr Jonas Schreyögg, le directeur scientifique du HCHE. « Il est par ailleurs à noter que non seulement les opposants à ce vaccin sont de plus en plus nombreux, mais aussi que leur proportion est nettement plus importante que celle des vaccinosceptiques en général. » Les chiffres européens montrent en effet que 83,6% des Européens estiment que les vaccins sont sûrs dans l’ensemble, d’après le Vaccine Confidence Project.

Les personnes qui expriment un rejet de la vaccination contre le Covid-19 l’expliquent avant tout par la crainte d’effets indésirables et d’une perte relativement rapide de son efficacité. Il s’agit là de la principale inquiétude évoquée par 45% des personnes qui refusent d’emblée le vaccin et par 61% de celles qui hésitent. Par ailleurs, un opposant sur sept pense que le virus n’est pas réellement dangereux pour sa propre santé.

Le taux d’acceptation n’est pas le seul déterminant du taux de vaccination

A la question de savoir si les doses du (futur et espéré) vaccin devraient être avant tout réparties par les hôpitaux et les médecins, les répondants sont 61% en Europe et 54% en Allemagne à s’y déclarer favorables.  Les chiffres s’établissent respectivement à 55 et 47% dans l’hypothèse où cette tâche reviendrait aux ministères nationaux de la santé, et celle attribuant la répartition à un panel national d’experts recueille 54 et 46% des suffrages.

Dans chaque pays inclus dans l’enquête, les citoyens interrogés rejettent l’idée de voir cette répartition opérée par les sociétés pharmaceutiques (55% dans l’ensemble de l’Europe, 61% en Allemagne), au travers d’un référendum (56 et 54%), ou encore par l’une ou l’autre forme de loterie (67 et 71%).

Il est clair que l’acceptation n’est pas le seul critère pouvant déterminer le taux de vaccination. Ce dernier « doit atteindre au moins 71 à 74% pour obtenir une immunité collective en Europe », affirme Sebastian Neumann-Böhme, du HCHE. D’autres éléments sont en jeu, comme « par exemple la question de savoir dans quelle mesure la vaccination sera facilement accessible. Et l’acceptation pourrait également baisser dans l’hypothèse où deux doses seraient nécessaires. »

Enfin, l’étude montre que les personnes qui font confiance aux informations délivrées par les gouvernants, l’Union Européenne ou l’OMS sont plus ouvertes à la vaccination contre le Covid-19. Pour Jonas Schreyögg, « les politiciens et les scientifiques doivent communiquer avec une transparence maximale sur l’efficacité et les éventuels effets indésirables des vaccins, et ils doivent viser à gagner la confiance des citoyens. »

[1] Hamburg Center for Health Economics : Corona-Forschung am HCHE

Rejet croissant du concept de vaccination contre le SARS-Cov-2 – Medscape – 28 juil 2020.




Lénograstim : le risque d’accident thromboembolique artériel et veineux ajouté aux RCP

Saint Denis, France — Des mises en garde sur le risque d’accident thromboembolique artériel et veineux associé à l’administration de Lénograstim (Granocyte) seront ajoutées aux RCP et à la notice du produit. Une surveillance étroite est donc recommandée chez les patients et les donneurs ayant des facteurs de risque connus de thrombose.

Pour rappel, ce facteur de croissance hématopoïétique qui stimule les progéniteurs des polynucléaires neutrophiles est indiqué dans la réduction de la durée des neutropénies chez certains patients (thérapie myélosuppressive, chimiothérapies) ainsi que chez les patients et les donneurs sains pour la mobilisation des cellules souches hématopoïétiques dans le sang périphérique.

La décision d’ajouter les mentions de risque d’accident thromboembolique artériel et veineux a été prise au niveau européen lors de la réunion mensuelle du Comité pour l’Evaluation des Risques en matière de Pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) de juin dernier, indique l’ANSM[1].

Elle fait suite au signalement de cas de thromboembolie veineuse (notamment thrombose veineuse profond et embolisme pulmonaire) et de thromboembolie artérielle (notamment infarctus du myocarde et accident cérébrovasculaire).

[1] ANSM. Lénograstim (GRANOCYTE) – ajout de mises en garde sur le risque d’accident thromboembolique artériel et veineux : retour d’information sur le PRAC de juin 2020 – Point d’information. 21/07/2020

Medscape – 27 juil 2020.




Coronavirus : « nette augmentation » de la circulation du virus en France, le contrôle aux frontières renforcé

Dans son point quotidien de la situation sanitaire, diffusé vendredi soir, le ministère de la santé estime que « nous sommes revenus à des niveaux comparables à ceux de la fin de la période du confinement ».

e ministère de la santé rappelle les Français à l’ordre. Dans son point quotidien du vendredi 24 juillet, il écrit que la circulation du coronavirus est « en nette augmentation » dans le pays. « Avec un nombre de cas journaliers supérieur à 1 000, nous sommes revenus à des niveaux comparables à ceux de la fin de la période du confinement. Nous avons ainsi effacé une bonne partie des progrès que nous avions accomplis dans les premières semaines du déconfinement », déplore le ministère, qui appelle à plus de « discipline collective ».

La Direction générale de la santé insiste notamment sur l’importance de l’isolement des personnes qui ont été testées positives, pour « protéger les plus âgés et les plus vulnérables d’entre nous ». [En savoir plus]




Air conditionné et Covid : attention aux risques de transmission aérienne

En été, le recours à l’air conditionné est habituel aux Etats-Unis, de plus en plus dans les usages en France. Mais l’air conditionné peut-il jouer un rôle dans la dissémination du virus SARS-CoV-2 dans les lieux clos ? Une question qui se pose au moment où l’OMS vient de reconnaître que de nouvelles preuves confirment le potentiel de transmission aérienne du nouveau coronavirus.

Des preuves émergentes de la transmission aérienne

Dans une lettre ouverte publiée le 6 juillet dans le journal Clinical Infectious Diseases[1], plus de 230 scientifiques du monde entier demandent instamment aux autorités nationales et internationales, et notamment à l’OMS, de reconnaître cette transmission aérienne.

« Nous bousculons [les autorités] car nous avons besoins de donner un message très clair et cohérent au monde », explique la Pr Shelly Miller (University of Colorado, Boulder, Etats-Unis), une des initiatrices de cette publication. « Ce virus est présent dans l’atmosphère, vous pouvez l’attraper en l’inhalant », dit-elle.

La chercheuse, qui travaille sur la qualité de l’air intérieur, et d’autres aérobiologistes spécialisés dans la dissémination des maladies par l’air, considèrent que l’OMS et les autres agences de santé publique n’ont pas réalisé l’étendue du problème de la transmission aérienne. [En savoir plus]




Robots, drones et applications de surveillance : l’avenir inattendu de la médecine

e secteur de la santé a souvent été laissé de côté lorsqu’il s’agit d’innovations numériques. Cela s’explique en partie par le fait que ces services sont souvent sous-financés et que les ressources dont ils disposent sont affectées autant que possible aux soins de première ligne. Mais il est de plus en plus évident que la technologie peut aider les médecins à faire face à la pression croissante qui s’exerce sur eux pour qu’ils fournissent davantage de services. Pendant la pandémie mondiale, l’adoption à grande échelle de toutes les techniques, de la vidéoconférence à l’IA, n’est pas prête de s’arrêter.

Les robots pourraient offrir un moyen de fournir des soins hospitaliers tout en réduisant les risques de transmission. Avant la crise sanitaire, les robots étaient principalement utilisés dans les salles d’opération, sous le contrôle des chirurgiens. Aujourd’hui, les robots assument de nouveaux rôles dans les hôpitaux, remplaçant les travailleurs cliniques et autres travailleurs hospitaliers pour aider aux soins médicaux et à la logistique de la gestion des hôpitaux.

L’entreprise danoise UVD Robots a déployé ses robots automoteurs dans plusieurs hôpitaux cette année ; les machines peuvent désinfecter les salles de bactéries et de virus en utilisant la lumière UV. A Wuhan, l’épicentre de l’épidémie, des robots ont également été utilisés pour livrer de la nourriture et des médicaments aux patients dans les services de traitement des coronavirus. D’autres robots ont été mis en service pour surveiller les symptômes du coronavirus chez les patients, notamment en vérifiant leurs signes vitaux, tandis que des robots de téléprésence ont permis aux médecins et aux patients de parler sans avoir à être physiquement ensemble. [En savoir plus]




Covid-19 : contre le coronavirus, quelles thérapies sont encore dans la course ?

Dominique Costagliola est directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Sorbonne Université, Inserm). Membre de l’Académie des sciences, elle participe au conseil scientifique du consortium REACTing.


The Conversation : En matière de médicaments, quelles sont les pistes les plus prometteuses ?

Dominique Costagliola : Les résultats des études qui ont été conduites en Europe et dans le monde commencent à être publiés.

Au Royaume-Uni, l’essai Recovery a mis en évidence un effet positif de la corticothérapie faible dose par dexaméthasone, en particulier chez les gens qui étaient en réanimation. Ce type de traitement est connu pour être efficace : on l’administrait déjà aux patients qui développaient un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SRDA) dans d’autres contextes, avant l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2.

Il ne s’agit pas d’en donner à tous les patients, mais à ceux qui sont déjà dans un stade avancé : cela a un effet important, puisque la mortalité est réduite après administration. [En savoir plus]




Le prasugrel est à oublier dans l’ICP primaire

Le tirofiban est de loin supérieur au cangrélor pour inhiber rapidement et efficacement l’agrégation plaquettaire, mesurée par ADP in vitro, chez les patients subissant une intervention coronarienne percutanée primaire dans le cadre d’un STEMI (infarctus du myocarde avec élévation du segment ST), selon l’étude randomisée FABOLUS FASTER.

En revanche, l’étude a montré que le cangrélor est supérieur au prasugrel per os, explique Marco Valgimigli, qui s’exprimait ce 27 juin lors d’un PCR e-course organisé par EuroPCR (Association Européenne des Interventions Cardiovasculaires Percutanées). « Et contrairement à ce qu’on imaginerait a priori, le prasugrel à mâcher ne s’est pas montré plus efficace que le comprimé pelliculé pour inhiber les plaquettes », ajoute le cardiologue interventionnel de l’Université de Berne.

Selon l’essai, l’administration standard des nouveaux inhibiteurs oraux du P2Y12, que sont le prasugrel et le ticagrélor, chez les patients subissant une ICP pour cause de STEMI, ne permet pas d’obtenir une inhibition précoce optimale de l’agrégation plaquettaire. [En savoir plus]




Maladie cardiovasculaire et cancer du sein

Des données du CH de Saint Etienne montrent qu’entre 2010 et 2011 l’incidence des événements cardiovasculaires était de 5,8% chez leurs patient(e)s atteint(e)s de cancer du sein.

À retenir

L’étude publiée dans BMC Cancer montre que :

  • La moitié des individus diagnostiqués pour cancer du sein au stade III (UICC) présentaient un risque cardiovasculaire au moment du diagnostic du cancer.
  • Le risque d’évènement cardiovasculaire serait complexe car multi-factoriel, impliquant à la fois les antécédents cardiovasculaires du sujet, son profil (âge, IMC, tabagisme…), et les traitements du cancer du sein eux-mêmes.

Ces données mettent en évidence l’importance de stratifier le risque cardiovasculaire au moment du diagnostic de cancer du sein, afin de mettre en place des stratégies prophylactiques chez les sujets les plus à risque. Elles mettent également en lumière la nécessité de mener de plus amples études afin de pouvoir établir des recommandations pratiques qui à ce jour manquent aux cliniciens. [En savoir plus]




Une histoire de chiffre à plusieurs milliards…

En 2018, le budget de la Sécurité sociale était de 470 milliards d’euros (soit 25 % du PIB français), bien supérieur aux 329 milliards d’euros du budget de l’état français réparti entre ses différents ministères. 

A l’intérieur de la Sécurité sociale, le budget de l’Assurance-maladie était de 198 milliards donc bien supérieur au budget de 99,3 milliards du ministère de l’Éducation et de la Recherche ou des 8,7 milliards du ministère de la Justice. 

Bien que la Santé soit le premier poste de dépenses en France et l’un des plus importants au monde, notre système de Santé est à bout de souffle : personnel en souffrance, non reconnu ni valorisé, patients avec un accès difficile aux soins et des délais d’attente de plus en plus incompatibles avec une bonne prise en charge. 

Comment faire mieux, sachant que le budget Santé ne peut être extensible à l’infini ?

Selon l’OCDE, en France : 33,7 % des emplois hospitaliers ne sont ni médicaux, ni paramédicaux contre 25 % en Allemagne, 24 % en Espagne ou 20 % au Danemark. De plus, il existe un mille-feuille de structures de santé sans soins, par exemple la seule ARS Occitanie est composée de 800 personnes. Alors que l’on exige de la pertinence du médecin, existe-t’il des indicateurs d’efficience de nos administrations ? Un numerus clausus a été imposé aux médecins, à quand un numerus clausus pour le personnel administratif ? 

Les dépenses de l’Assurance-maladie augmentent chaque année de 2 points, mais jamais au bénéfice des soignants ! Est-ce qu’octroyer 6 milliards (soit 3 % du budget de l’Assurance-maladie) aux soignants des établissements de soins (hors médecins) sauvera notre système ? La prise en charge des patients sera-t-elle meilleure ? La qualité de travail des soignants sera-t-elle améliorée ? Ne faudrait-il pas au contraire réformer en profondeur l’institution, mieux répartir les ressources humaines et financières vers les soignants ?

Le Ségur de la santé aidera l’hôpital public qui en a bien besoin, mais est-ce suffisant ? Durant le confinement, la baisse de l’activité des soins de ville a engendré une économie de 4 milliards à l’Assurance-maladie, ce ne serait  pas une erreur, mais une faute de nos politiques que de ne pas aider, soutenir et valoriser la médecine de ville. 

La mission des médecins et des soignants est de soigner et accompagner, non de remplir des papiers !

Les épidémies sont source de surmortalité, mais l’endémie bureaucratique et administrative nous étouffe et nous tue à petit feu…

Nous ne réclamons pas des milliards, nous voulons être écoutés et entendus afin d’obtenir une amélioration de notre qualité d’exercice au service des patients.

Marc Villacèque. Président du Syndicat des Cardiologues (SNC)




Ce que la crise sanitaire dit de nos organisations…

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Entretien Jean de Kervasdoué : « La crise a souligné une centralisation regrettable »

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Vers un déficit historique de la Sécurité Sociale en 2020

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Nouvelles dispositions « anti-cadeaux »

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Covid-19 : la radiographie des victimes

« Entre 25.000 et 30.000 ». C’est, entre le 2 mars et le 31 mai, le nombre de décès liés au Covid-19 d’après la dernière étude de Santé Publique France , publiée ce mercredi. L’Agence nationale de santé publique précise qu’au pic de l’épidémie, le taux de mortalité caracolait à 60 % au-dessus du chiffre habituel.

Près de 29.200 décès directement associés au coronavirus ont été enregistrés à travers les données d’hospitalisations et les Ehpad, soit 16.6 % de la mortalité toutes causes confondues. Cependant, Santé Publique France rappelle que le chiffre est susceptible de bouger à la baisse, mentionnant une possible « surestimation » du nombre de victimes en Ehpad. Selon l’état civil, il n’y aurait eu sur cette période que 25.030 décès excédentaires par rapport à la normale, toutes causes confondues. Un nombre qui traduit « une surmortalité qui a dépassé celle atteinte lors des cinq hivers précédents. »

Une inégale répartition

La répartition des décès sur le territoire, « reflet de la dynamique de l’épidémie » a été très disparate ; tous les départements franciliens, la Moselle, le Bas et le Haut-Rhin, et le Rhône ont fait face à « un excès exceptionnel de mortalité tous âges confondus et chez les personnes de plus de 65 ans ». En Ile-de-France, région la plus touchée, un excès de 12.050 décès (+63,7 %) tous âges confondus a été enregistré, avec une plus forte proportion de 15-64 ans touchés que dans le reste du pays. [En savoir plus]




Industries de santé : le plan gouvernemental de relocalisation

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Covid Tracker, l’application irlandaise séduit bien plus que StopCovid

À l’heure actuelle, un irlandais sur cinq a téléchargé l’application Covid Tracker. Cela représente 20 % de la population, contre 3 % en France en comparaison. Cette popularité semble s’expliquer grâce à plusieurs facteurs. D’une part, Covid Tracker est simple à utiliser. La personne installe l’application et a ensuite le choix entre communiquer son numéro de téléphone ou le comté où elle réside et le tour est joué. Ensuite, tout repose sur le Bluetooth. Chaque personne peut indiquer si elle présente des symptômes du coronavirus, si elle est malade et comme en France, au moindre contact d’au moins 15 minutes d’autres personnes, celles-ci sont alors informées qu’elles ont été en contact avec une personne testée positive au coronavirus.

La popularité de Covid Tracker semble par ailleurs reposer sur la communication faite par le gouvernement irlandais et la confiance gagnée par ce dernier. En effet, pour Sean L’Estange, chercheur en sciences sociales à l’University College de Dublin, le taux de téléchargements montre « la crédibilité de l’application, la confiance dans l’initiative et l’enthousiasme pour participer au projet collectif de lutte contre le virus ». [En savoir plus]




Les formes sévères de COVID-19 caractérisées par une faible production d’INF-1

Quel patient va développer une forme grave de Covid-19 ? Une équipe française a mis en évidence une mauvaise réponse du système immunitaire « inné », avec une faible production des interférons de type I chez les patients les plus sévères. Cette piste qui permettrait d’améliorer la prise en charge individuelle et le pronostic de ces patients est publiée dans Science

En prévention d’une forme sévère 

Environ 5 % des personnes atteintes de Covid-19 évoluent vers une forme grave ou critique et développent notamment une pneumonie sévère se transformant en syndrome de détresse respiratoire aiguë. Cette évolution soudaine suggère une dérégulation de la réponse inflammatoire de l’hôte qui, dans de nombreuses situations, s’accompagne d’un « orage cytokinique ». Cet emballement de la réponse inflammatoire est corrélé à une infiltration massive dans les poumons de cellules immunitaires innées, à savoir des neutrophiles et des monocytes, créant des lésions pulmonaires et un syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA).

Par analogie avec une maladie génétique conduisant à une pathologie pulmonaire semblable, l’équipe de Frédéric Rieux-Laucat (INSERM) a fait l’hypothèse d’une surproduction d’interféron de type 1, un marqueur de la réponse aux infections. Or chez les patients gravement malades, des chercheurs issus de différents instituts (Inserm, Université de Paris, Institut Imagine , APHP et Institut Pasteur) montrent, à l’inverse, que la production et l’activité des IFN de type I sont fortement diminuées dans les formes les plus sévères du Covid-19. [En savoir plus]




Covid-19 : deux projets de vaccin produisent une « réponse immunitaire »

La course au vaccin contre le Covid-19 avance, avec les résultats d’essais cliniques encore préliminaires mais encourageants sur deux projets – l’un britannique, l’autre chinois. Publiés lundi 20 juillet dans la revue médicale britannique The Lancet, ces projets de vaccin génèrent « une forte réponse immunitaire » et sont bien tolérés par les patients.

  • Le premier, développé par l’université d’Oxford en partenariat avec le groupe pharmaceutique AstraZeneca, a généré la production d’anticorps et de lymphocytes T, deux types de réponses immunitaires, dans un essai clinique sur plus de 1 000 patients.
  • Le second projet, mené à Wuhan (Chine) par des chercheurs de plusieurs organismes, dont l’Ecole militaire des sciences médicales, et financé par le groupe de biotechnologie coté à Hongkong CanSino Biologics, a également entraîné cette double réponse immunitaire contre le coronavirus chez la plupart des participants, selon un essai distinct portant sur environ 500 personnes.

Ces essais cliniques sont encore dans une phase préliminaire (phase 1/2 et phase 2), qui teste la tolérance et l’apparition d’une réponse immunitaire après l’injection du vaccin, comparé à un placebo. Leur efficacité devra encore être établie dans un essai de phase 3, sur un nombre de participants plus important, avant d’envisager leur commercialisation à grande échelle. [En savoir plus]




Covid-19 : un été placé sous le signe de la vigilance et de la responsabilité

Chère consœur, Cher confrère,

La date du 10 juillet dernier signait la fin de l’état d’urgence sanitaire. Celle d’aujourd’hui rend obligatoire le port du masque « grand public » dans tous les lieux clos (décret). Cette décision du président de la République révèle l’évidence : le virus circule toujours et le nombre de clusters augmente en France et dans le monde, impliquant le retour du confinement dans certains endroits (Catalogne).

Dans le même temps, et de façon incompréhensible, la téléconsultation par téléphone n’est plus rémunérée. A l’image de la téléconsultation vidéo, cet outil a visiblement permis : au patient suspect d’être consulté à distance depuis son domicile, au médecin d’établir un premier diagnostic pour analyser la nécessité d’un déplacement du patient vers le cabinet : la fracture numérique n’est pas prête de disparaitre !

La France n’est donc plus à un paradoxe près : il n’y a jamais eu autant de masques et aussi peu de personnes qui le portent.

En tant que médecin, plus que jamais continuons d’être responsables. Nous devons probablement montrer l’exemple, rester vigilants et ne pas baisser la garde même si le virus ne circule que modérément dans certains territoires. Cet été, même si c’est difficile, continuez d’adopter les bons réflexes au cabinet : maintenez les gestes barrières, la distanciation sociale et le port du masque.

Voici un exemple de document unique (obligatoire dans les cabinets médicaux) à adapter en fonction de la circulation du virus dans votre région :

Continuez de nous soutenir, suivez-nous et adhérez ICI !

Je vous souhaite un bel été.

Docteur Marc Villacèque. Président du Syndicat National des Cardiologues




Ségur de la santé : les médecins libéraux dans l’attente

« Finalement, c’était un Ségur de l’hôpital », a indiqué le président du Syndicat des Médecins Libéraux (SML), le DrPhilippe Vermesch, dans un communiqué. Il attend maintenant des mesures pour la médecine de ville. 

« Aucune proposition n’a ainsi été faite à destination des syndicats des médecins libéraux, qu’il s’agisse de revalorisations ou d’organisation des soins. On a parlé que de l’hôpital pendant ce Ségur », souligne-t-il sur twitter.

Il y a clairement deux poids, deux mesures : « À force de dire qu’à l’hôpital, les médecins seront mieux payés, il va y avoir des appels d’air et les jeunes ne s’installeront plus en ville », s’inquiète-t-il. [En savoir plus]




Covid-19 : la course au vaccin

La fabrication d’un nouveau vaccin est un processus long et complexe qui nécessite plusieurs phases de recherche et de tests afin de garantir son efficacité et son innocuité. En temps normal, il faut compter de nombreuses années, de 10 à 15 ans, entre le début des études et la commercialisation d’un vaccin. Mais face à une situation d’urgence, telle que le contexte actuel de pandémie, les différentes phases de développement sont menées en parallèle afin d’accélérer au maximum la mise à disposition du vaccin.

La première phase de développement correspond aux essais précliniques, étape à laquelle le vaccin est d’abord étudié en laboratoire puis généralement testé chez l’animal. Cette étape permet d’évaluer la capacité de l’antigène à produire des anticorps dans un organisme vivant, mais ne préjuge pas des résultats chez l’homme. Viennent ensuite les essais cliniques, c’est à dire les tests sur l’homme, organisés en trois phases successives. La phase I a principalement pour objectif de déterminer l’innocuité du vaccin et d’observer la réponse immunitaire induite, tandis que la phase II cherche à établir le dosage optimal et à prouver la durabilité de la protection. Lors de la phase III, les essais portent sur des groupes de centaines voire milliers de personnes et ont pour but de définir le rapport bénéfices/risques du vaccin afin d’obtenir son autorisation de mise sur le marché.

Comme le montre notre infographie basée sur le recensement de Covidvax.news, une soixantaine de vaccins contre le SARS-CoV-2 sont actuellement en cours de développement. Mi-juillet, dix laboratoires menaient la deuxième phase de tests des essais cliniques et deux projets avaient même démarré avec la troisième phase, c’est à dire les essais à grande échelle. Il s’agit de la société américaine Novavax et du groupe britannico-suédois AstraZeneca en coopération avec l’université d’Oxford.

Infographie: COVID-19 : la course au vaccin | Statista 




Comment le CHU de Bordeaux utilise son entrepôt de données de santé pour surveiller l’épidémie de Covid-19

Le CHU de Bordeaux utilise son entrepôt de données de santé (EDS) pour construire des indicateurs de suivi de l’épidémie de Covid-19, a expliqué son chef du service d’information médicale, le Pr Rodolphe Thiébaut, à TICsanté début juillet.

« L’objectif est de repérer une deuxième vague ou une reprise de l’épidémie à partir des données du CHU, mais aussi de surveiller la charge hospitalière voire de l’anticiper. L’intérêt de l’EDS est de regrouper des données qui ne sont pas toujours concordantes » et de les analyser, a-t-il ajouté.

Sont surveillés le nombre de patients suspectés ou diagnostiqués Covid+, les résultats de tests PCR, mais aussi les syndromes grippaux ou encore les appels pour dyspnée, a-t-il détaillé.

Une équipe de chercheurs de l’université de Bordeaux, l’Inserm et l’Inria apporte son concours pour la construction de modélisations et d’indicateurs complexes, comme le taux de reproduction R0 du coronavirus. [En savoir plus]




L’intelligence artificielle

L’Intelligence Artificielle (IA) fait aujourd’hui l’objet de bien des fantasmes, futur inquiétant pour certains, fascinant pour d’autres, cette discipline encore jeune est loin d’égaler l’intelligence humaine et sa complexité dans son ensemble, mais se montre particulièrement efficace pour des réalisations spécifiques. Son impact sur le monde de demain sera considérable et indispensable dans quasiment tous les domaines.

La Santé est l’un des secteurs où les investissements sont les plus conséquents, à voir avec l’intérêt porté par les Gafam et Batx. (1)

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 433 – Juin 2020

La naissance de l’intelligence artificielle

C’est à partir des années 1940 et 1950 qu’une poignée de scientifiques d’une large gamme de domaines (mathématiques, psychologie, ingénierie, économie et sciences politiques) ont commencé à discuter de la possibilité de créer un cerveau artificiel. 

Et c’est durant l’été 1956 que l’intelligence artificielle « moderne » a réellement pris son envol suite à une conférence qui s’était tenue sur le campus de Dartmouth College (Hanover – New Hampshire – Etats-Unis). Ce congrès – auquel six chercheurs se sont succédés devant un auditoire de… vingt personnes qui assistèrent à l’intégralité des débats – a marqué la naissance de cette « science nouvelle », fondée en tant que discipline académique.

Ces vingt participants représentaient des domaines en pleine ébullition qui n’avaient aucune structure ni lien : la cybernétique (2), le traitement complexe de l’information, les réseaux neuronaux formels (3), la théorie des automates, les modèles de prise de décision…

Le moment fondateur de l’IA

À la suite de cette réunion, certains participants ont pronostiqué qu’une machine aussi intelligente qu’un être humain existerait en moins d’une génération, donnant des ailes aux investisseurs. Des millions de dollars ont ainsi été investis pour réifier cette prédiction.

Cette conférence est largement considérée, dans le monde occidental, comme le moment fondateur de l’intelligence artificielle en tant que discipline théorique indépendante (de l’informatique).

Suite à cet engouement et dans les années qui ont suivi, l’optimisme et les prévisions allèrent bon train : « d’ici dix ans un ordinateur sera le champion du monde des échecs [1958] » ; «  des machines seront capables, d’ici vingt ans, de faire tout le travail que l’homme peut faire [1965] » ; « Dans trois à huit ans, nous aurons une machine avec l’intelligence générale d’un être humain ordinaire [1970] »…

Mais cet engouement a été, durant ces années, confronté à des problèmes majeurs tels les puissances de calcul mathématique, les capacités des programmes et mémorielles des machines plutôt limités dans ces années post-2000.

Deep Blue

Mais ces piètres performances des années 1970 n’ont malgré tout pas altéré les efforts et l’engouement des chercheurs. On se souvient de Deep Blue, le « superordinateur » de 1,4 tonne développé par IBM au début des années 1990. Spécialisé dans le jeu d’échecs, ce calculateur a réussi par battre le champion du monde en titre, Garry Kasparov en 1997.

Cette approche de l’intelligence artificielle est intéressante car elle commence à comparer l’homme et la machine. Deep Blue énumère et analyse systématiquement des millions de coups possibles en passant en revue les positions qu’on lui a mises en mémoire et en éliminant celles jugées mauvaises.

A l’opposé, l’homme sait d’abord « sentir », « voir » les coups, avant de les calculer et c’est justement ici que la différence est profonde entre le jeu de l’homme et celui de la machine.

Les concepteurs de Deep Blue ont dopé la machine d’un logiciel d’ajustement qui lui aurait permis par la suite de corriger ses erreurs.

Cette évolution, « minime » soit-elle avant l’an 2000, est en quelque sorte le symbole de la porte d’entrée de l’intelligence artifcielle du XXIe siècle.

Si dans les années 1950, l’IA avait pour objectif  de reproduire les tâches primaires de l’homme, elle a réussi par la suite à se structurer avec une technologie logicielle qui peut aujourd’hui prendre des décisions grâce aux algorithmes, aux méthodes d’apprentissage et aux méthodes scientifiques que sont le machine learning, le deep learning et le data science (voir encadré ci-contre). Ainsi a pu se développer l’IA telle qu’on la connaît aujourd’hui de par l’adaptation de son mécanisme de diagnostic et de pronostic.

C’est grâce à l’apprentissage machine et, plus particulièrement, l’apprentissage profond que l’intelligence artificielle connaît depuis 2010 un intérêt sans précédent.

Les préoccupations liées à l’Intelligence artificielle

Mais cet intérêt exponentiel a également ses contradicteurs, ses détracteurs et ses lanceurs d’alerte. Si personne ne réfute les progrès apportés par l’intelligence artificielle, les risques que pourraient encourir les humains sont bien réels, et particulièrement dans les trois domaines cibles que sont :

le monde du numérique où les chercheurs évoquent des phishings très élaborés et parfaitement ciblés ;

le monde physique, l’étude met en avant le cas d’un robot ménager détourné de ses fonctions ;

Le monde politique où les « fakes news » et autres bots sur les réseaux sociaux pourraient prendre une tout autre ampleur avec l’intelligence artificielle.

Les interventions de personnalités publiques

Plusieurs personnalités, parmi lesquelles Bill Gates (fondateur de Microsoft), Stephen Hawking (astrophysicien théoricien et cosmologiste britannique décédé en 2018), Elon Musk (Pdg de Tesla), avaient exprimé leurs préoccupations par rapport aux progrès de l’intelligence artificielle, qu’ils jugent potentiellement dangereuse. (2015)

« Il ne faut pas être naïf face aux risques qu’encourent les humains face à la puissance de l’intelligence artificielle. Les machines vont finir par considérer les humains comme des êtres “lents et stupides” », avait avancé Elon Musk.

Avec son célèbre « On a eu les armes atomiques et l’énergie nucléaire, et jusqu’ici tout va bien », Bill Gates accentue le risque que « l’intelligence artificielle nous échappe des mains en nous menant tout simplement à l’extinction de l’espèce humaine, si l’on ne la manipule pas avec extrême précaution. »

« Les formes primitives d’intelligence artificielle que nous avons déjà se sont montrées très utiles. Mais je pense que le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à l’humanité », avait affirmé Stephen Hawking lors d’un entretien à la BBC en 2014. 

(1) A l’opposé américain des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) se situe le chinois BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).

(2) Cybernétique : étude des « communications et de leurs régulations dans les systèmes naturels et artificiels ».

(3) Réseaux neuronaux formels : machines cherchant à imiter le fonctionnement du cerveau.

L’IA et ses technologies

L’Intelligence Artificielle, technologie principalement logicielle,  peut prendre des jugements et des décisions – dans une certaine mesure – similaires aux  humains grâce à ses différentes composantes.

Le machine learning (apprentissage automatique) est un sous-domaine de l’IA. Le principe est un système capable d’apprendre, à partir d’exemples, à résoudre un problème (contrairement à la programmation qui ne fait qu’exécuter). En d’autres termes, il est auto-apprenant en créant des algorithmes à partir de ses données et porter ainsi des jugements et prendre ses propres décisions. C’est grâce à cette technologie que l’IA étend ses capacités et accroit ses performances.

Le deep learning (apprentissage en profondeur) est un sous-domaine du machine learning. Il s’appuie sur un réseau de dizaines voire de centaines de « couches » de neurones artificiels s’inspirant du cerveau humain. 

Chaque couche reçoit et interprète les informations de la couche précédente. Plus on augmente le nombre de couches, plus les réseaux de neurones apprennent des choses compliquées, abstraites. Mais à l’heure actuelle, la mise au point de ces mécanismes d’apprentissage pour être efficace pour chacune des couches intermédiaires est extrêmement complexe. Selon certains  scientifiques, le deep learning va se généraliser dans la prochaine décennie dans toute l’électronique de décision, comme les voitures (autonomes) ou les avions.

La data science (science des données) est une méthode de tri et d’analyse de données de masse et de sources plus ou moins complexes ou disjointes de données, afin d’en extraire des informations utiles ou potentiellement utiles.

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La Peste : de l’ire divine au céleste courroux ou la colère de Dieu (1ère partie)

Octobre 1347 : des navires génois en provenance de la mer noire mouillent à Messine ; à leur bord les marins sont morts ou agonisent. A l’instar du film Nosferatu, le fantôme de la nuit (1979) de Werner Herzog où Dracula se rend en bateau dans la ville hanséatique de Wismar avec des rats cachés dans des cercueils pour y transmettre la peste, les soutes des navires génois sont infestées de rats noirs (rattus) couverts de puces dont on sait maintenant qu’elles fourmillaient de bactéries dénommées Yersinia pestis identifiées en 1894 par Alexandre Yersin (1863-1943) suivie de la mise en évidence en 1898, non sans risques, du rôle des rats vecteurs de puces dans la propagation de la maladie par Paul-Louis Simond (1858-1947).[1]

Mais, au Moyen-âge nous n’en sommes pas là et loin s’en faut puisque la peste est alors considérée comme une punition divine pour punir les péchés des hommes. [2-4] La cause première est bel et bien la colère de Dieu avec des flèches empoisonnées tombant sur les fautifs au sein d’une atmosphère imprégnée de miasmes délétères. Il faut en effet craindre « le fouet divin » (Luther) par lequel Dieu appelle à la repentance, et la colère de Dieu comme au Jour (Dies irae) du Jugement dernier : « Jour de colère, que ce jour-là /Où le monde sera réduit en cendres ». La peste noire de 1347 fut le paroxysme de ces épidémies qui, avec la guerre, constitueront les plus grands fléaux du monde médiéval. [3] 

Cette épidémie va tuer en cinq ans (1347-1352) le tiers de la population européenne fragilisée par la famine et les guerres, puis va revenir de façon plus ou moins localisée et virulente. [4] Nul ne pouvait alors douter du châtiment divin qui impose à l’humanité « Un mal qui répand la terreur/Mal que le ciel en sa fureur/Inventa pour punir les crimes de la terre » et ce mal est « La peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)/capable d’enrichir en un jour l’Achéron » (a) comme le dit si bien La Fontaine (1624-1695) dans Les Animaux malades de la peste. 

Des signes annonciateurs de la colère de Dieu peuvent exister comme avant la peste de Londres de 1665 [5] où apparut une comète « d’une couleur pâle, languissante prédictive d’un lourd châtiment, lent et sévère, terrible et effrayant », la « mort noire » (black death) n’épargnant personne sans distinction de sexe ou d’âge. Une autre comète brillante annonça « un coup soudain, rapide et impétueux » comme le fut le grand incendie qui ravagea cette même ville de Londres en septembre 1666 car « Dieu n’avait pas encore suffisamment châtié la cité ». [5] En outre, la peste favorise l’émergence d’ « une race perverse de prétendus magiciens » [5] charlatans et autres astrologues ou prédicateurs de mauvais augure à l’image de Philippulus le prophète de L’Étoile Mystérieuse (Hergé) qui proclame en incitant à faire pénitence « Je vous annonce que des jours de terreur vont venir ! La fin du monde est proche, tout le monde va périr et les survivants mourront de faim et de froid et ils auront la peste, la rougeole et le choléra ! »

C’est dans une chapelle au toit de lauzes, dédiée à Saint-Sébastien à Lanslevillard, l’une des dernières communes de la vallée de la Maurienne, et construite de 1446 à 1518, qu’on peut admirer de remarquables peintures murales commandées par un donateur rescapé de la peste. [6] Un ange impassible aux ailes couleur de sang ordonne à un diable hideux et noir aux ailes de chauve-souris de cribler l’humanité de ses flèches mortifères qui n’épargnent personne comme en témoigne la représentation d’un nourrisson au visage cadavérique. 

Cette vision emblématique de la colère divine fait partie d’une remarquable série de peintures murales, à fresque, datant des années 1490-1500, dans le cadre d’une nef unique recouverte d’un plafond à caissons rouges, bleu et or. On y voit la vie et la passion du Christ et Saint-Sébastien martyrisé au IIIème siècle et dont le corps criblé de flèches par les archers de Dioclétien en fait l’un des deux saints protecteurs de la peste, d’autant qu’il a survécu aux dites flèches plus tard emblématiques de la peste (il est mort lapidé). 

L’autre protecteur éminent est Saint-Roch (1295-1327) qui, en tant que pèlerin, consacra sa vie aux malades et contracta, sans en mourir, la peste bubonique puisque « Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés » (La Fontaine) contrairement à la peste pulmonaire constamment mortelle. Pour échapper à la peste, on peut se réfugier sous le manteau de la Vierge de Miséricorde [7] sur lequel pleuvent des flèches et qui protège aussi les âmes comme le veut une croyance qui se développe au XVe siècle. Considérer que Saint-Sébastien protège de la peste est à rapprocher d’une ancienne métaphore biblique où Dieu punit de ses flèches le peuple juif qui a fauté au même titre que dans l’Iliade, Apollon crible les Achéens de ses flèches. 

La fresque dédiée à la peste s’inspire de la Légende dorée de Jacques de Voragine. (b) On y voit un médecin grisonnant déterminé à inciser un bubon, avec une lancette, comme devait le faire Saint-Roch présumé avoir fait des études à l’école de médecine (1220) de Montpellier dont il était originaire. 

 Fresque (fin du XVe siècle) de la chapelle Saint-Sébastien de Lanslevillard-Val Cenis Lanslebourg (Haute-Maurienne)

Le médecin applique les principes thérapeutiques préconisés dans un important traité d’hygiène antipestilentielle rédigé par le médecin italien Gentile da Foligno (v.1280–1348), mort lui-même de la peste, et qui recommandait de « scarifier ou inciser profondément puis d’appliquer des substances purifiantes » sur les apostèmes définis comme étant des « enflures extérieures avec putréfaction » (Nouveau vocabulaire de la langue française. Martial Ardant frères éditeurs 1847). 

Dans le cas présent, le bubon est situé sur la face latérale du cou d’une jeune femme amorçant un mouvement de recul et grimaçant sous les effets conjugués de la douleur et de l’effroi. Ce bubon cervical est une forme clinique moins fréquente que le bubon axillaire [8] que nous montre un jeune homme en arrière-plan ou que la localisation inguinale de Saint-Roch qui survécut, comme ce fut le cas en d’autres temps, du médecin militaire Desgenettes qui s’inocula la peste afin de soutenir le moral des troupes (c)

Dans la fresque du XVe siècle, le praticien exerce à visage découvert et à mains nues contrairement aux docteurs de la peste dont on peut voir un exemple dans une chapelle voisine dédiée à Saint-Roch ; le médecin est alors vêtu d’une tunique en lin ciré recouvrant tout le corps, portant des bésicles empêchant la contamination par le regard…, [4] des gants, des bottines en maroquin attachées à des culottes de peau, un chapeau en cuir et un masque en forme de bec de corbin (d) rempli de plantes aromatiques pour se protéger des miasmes qu’on écarte avec une baguette enduite d’encens, le courrier étant saisi avec une pince à perforer et fumé pour le désinfecter et les pestiférés sont examinés à distance, sans les toucher, avec des baguettes en bois. Compte tenu de ce que nous savons maintenant sur le mode de transmission de la maladie, on peut comprendre que ce genre de protection se soit finalement avéré relativement efficace, ce costume étant celui du medico della peste dans la Commedia dell’arte.

Lanslevillard : fresque (détail)


Dans La Peste (1947) [13] Albert Camus fait allusion aux « cent millions de cadavres semés à travers l’histoire » :  de « la peste de Constantinople qui avait fait dix mille victimes en un jour » en 541 avec les « bagnards de Marseille empilant dans des trous les corps dégoulinants » en 1720, en passant par « Jaffa et ses hideux mendiants » en 1798, « le carnaval des médecins masqués pendant la peste noire » de 1348 et « les charrettes de morts dans Londres épouvanté » en 1665, mais, pour le médecin au cœur du roman, le docteur Rieux, « l’essentiel était de bien faire son métier ».
C’est ce qu’a fait un médecin de la fin du Moyen-âge comme le montre une fresque dans une chapelle de la vallée de la Maurienne qui ne fut pas épargnée par cette effroyable calamité longtemps considérée comme une punition divine. Cette fresque nous rappelle que, même si tous « ces cadavres semés à travers l’histoire ne sont qu’une fumée dans l’imagination », ils n’en étaient pas moins une infinie multitude de souffrances individuelles qui imprègne notre mémoire collective.
Ceci doit nous faire considérer que notre planète connectée, interdépendante et fortement urbanisée s’expose à des pandémies qui pourraient être catastrophiques, à l’instar de la grippe « espagnole » de 1918 due à un virus de type H1N1 probablement d’origine aviaire avec des dizaines de millions de morts. [14]
Plus récemment les grippes aviaires de type H5N1 (2006) ou H1N1 (2009) et le Covid-19 (2020) doivent nous préparer au pire, c’est-à-dire à une situation où virulence et contagiosité (e) élevées aboutiraient à une importante mortalité pouvant laisser présager l’arrivée du quatrième cavalier de l’Apocalypse au cheval blafard, mais le questionnement vis-à-vis de l’opinion publique reste pertinent : « faut-il agiter le spectre d’une hécatombe mondiale ou tempérer les peurs » ? [15]

a) Achéron = séjour des morts.

b) La Légende dorée est un ouvrage rédigé en latin entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes, qui raconte la vie d’environ 150 saints et explicite le sens des grandes fêtes chrétiennes. La Légende dorée fut l’ouvrage le plus lu et le plus diffusé au Moyen Âge, juste après la Bible. L’ouvrage doit son titre au fait que les tranches dorées était réservées aux livres les plus importants de l’époque.

c) En tant que médecin-chef de l’armée d’Orient, René-Nicolas Dufriche, baron Desgenettes (1762-1837) dut faire face à une épidémie de peste. Il s’opposa à Napoléon lorsque ce dernier, avant de lever le siège de Saint-Jean-D’acre le 28 avril 1798, demanda au Service de Santé d’abréger la vie des pestiférés par de fortes doses d’opium.

d) C’est Charles Delorme (1584-1678) qui fut médecin de trois rois de France et qui, lors de la peste à Paris en 1619, imagina ce dispositif qui se généralisera dans toute l’Europe.

e) R0 (zéro) = indice de contagiosité correspondant au nombre moyen de personnes infectées par un individu contagieux, symptomatique ou non, selon la formule : Transmissibilité (lavage des mains, masques) X Contacts sociaux (distanciation, fermeture des lieux publics, quarantaine) X Durée de la période contagieuse (propre à l’agent pathogène et au patient). Exemples en termes de mortalité/R0 : peste bubonique non traitée : 60 %/3,5 peste pulmonaire non traitée : 100 %/3,5 tuberculose non traitée : 60%/2,3 grippe espagnole 1918 : 2,5 %/2,2 grippe aviaire H5N1 : 60 %/1 SRAS : 9,6 %/2,8 grippe H1N1 : 0,2 %/1,5 COVID19 : 3 %/2 et gastroentérite à rotavirus : 0 %/17,6 – source Institut Pasteur.




Prenez rendez-vous… Avec vous !

Une fois n’est pas coutume, commençons par  parler de l’auteur, certes bien connu de la plupart d’entre nous, mais pas forcément sous toutes ses facettes.

Alain Ducardonnet est médecin ! C’est primordial, à n’en pas douter, car « seul un vrai médecin pouvait écrire ces pages » ; c’est en tout cas ce qu’affirme Jean-Christophe Rufin, de l’Académie française et médecin lui aussi, qui a joliment préfacé ce livre. Mais Alain Ducardonnet, c’est bien d’autres choses : d’abord il ressemble à Harrison Ford et ce doit être important, car le même Dr Rufin s’empresse de le souligner au début de sa préface, tout comme l’auteur, qui l’évoque dès son premier chapitre !

Plus sérieusement, Alain Ducardonnet a beaucoup de cordes à son arc : cardiologue, il s’est spécialisé dans la cardiologie du sport, il a d’ailleurs, avec d’autres, fondé le Club des cardiologues du sport, dont il fut le premier président et a été médecin du tour de France pendant onze années ; il fut également Président du Collège National des Cardiologues Français dont il reste administrateur. 

Mais c’est pour d’autres raisons qu’il est connu du grand public : Alain Ducardonnet s’est assez vite orienté vers le journalisme médical, à la radio d’abord, à Europe 1, puis à la télévision, LCI, TF1 et maintenant BFM-TV dont il est le consultant-santé. Joli palmarès à n’en pas douter, complété par la page santé du Parisien Week-end qu’il tient depuis cinq ans, et par le prix Escoffier-Lambiotte, reçu en 2019.

Après un riche préambule qui nous éclaire de façon sympathique sur son propre parcours, l’auteur nous entraine vers dix rendez-vous qui proposent au lecteur de faire le point sur lui-même et l’incite à « repenser son mode de vie pour devenir l’acteur principal de sa santé ».

Notons au passage qu’il n’aime pas le terme de « médecines alternatives », ambigu et contre-productif selon lui, car semblant s’opposer à la médecine conventionnelle, lui préférant de beaucoup la notion de médecine intégrative…

Celle-ci, apparue dans les années 1990 aux Etats-Unis, peut également s’appeler « médecine de santé », qui cherche, en gros, à rassembler médecine conventionnelle, médecine des modes de vie et médecines complémentaires validées.

Prendre rendez-vous avec soi, c’est se garder du temps dans son agenda ; pour en faire quoi ? C’est ce qu’Alain Ducardonnet nous propose de découvrir avec ces dix rendez-vous qu’il veut incontournables, qui nous invitent à faire le point sur nous-mêmes en repensant notre mode de vie.

De tous ces rendez-vous, le stress, le sommeil, le tabac, j’en passe évidemment, j’en retiens plus particulièrement deux, sans doute un peu plus « ludiques » que les autres tout aussi primordiaux : la nutrition et l’activité physique.

La nutrition est probablement « la » préoccupation principale de tout individu qui s’intéresse à sa santé ; l’auteur s’attache à développer ce thème avec beaucoup de précision et de sérieux, colligeant toutes les données validées, les types de comportements, démontant au passage ces régimes amaigrissants qui…font grossir, pour préciser les sept points de repère à garder en tête pour équilibrer son alimentation sans se prendre la tête ni perdre sa joie de vivre. 

L’activité physique et sportive est, on le sait, le domaine de prédilection de l’auteur, particulièrement enthousiaste sur ces pratiques dont les bienfaits n’en finissent pas d’être démontrés par d’innombrables études. Au passage, il prend le soin de bien expliquer la différence entre sport et activité physique, cette dernière ayant largement prouvé son bénéfice, alors que le sport est salutaire… si sa pratique est adaptée.

Tout au long de l’ouvrage, à l’aide de quiz-santé, de conseils et de pratiques simples, Alain Ducardonnet invite le lecteur à gommer ses mauvaises habitudes pour en adopter d’autres, bénéfiques pour sa santé.

Ce livre, clair, didactique et très complet, est à recommander largement à tous les sujets  qui s’intéressent à leur santé, patients ou (j’allais dire surtout) bien portants, comme aux professionnels de santé désireux d’apporter à leur patientèle des préceptes qui vont au-delà de la médecine dite conventionnelle.




Sangue d’Oro 2008 – Passito Pantelleria

Un des rares avantages du confinement fut qu’il a (re)donné aux français le temps et le goût de cuisiner, incités, il faut le dire, par les multiples émissions de télévision et articles de journaux consacrés à la gastronomie. C’était également un excellent prétexte, pour chercher le vin idéal à marier avec les plats réalisés.

C’est ainsi que mon épouse m’a régalé avec un délicieux tiramisu selon une recette du chef Massimo Mori (Mori Venice Bar) parue dans le Figaro. Mais pour accompagner ce dessert composé d’œuf, sucre, mascarpone, liqueur, génoise, biscuit, café froid, crème, cacao riche en matières grasses, opulent à force de sucre et de saveurs, le choix d’un vin, à l’évidence moelleux, à la fois sucré et un peu acide, s’avérait ardu. Heureusement, le chef indiquait 2 pistes, soit un marsala, vin sicilien doux, soit un passito de Pantelleria. J’ai déniché, au fond de ma cave, une petite merveille qui allait permettre un accord somptueux : ma dernière bouteille de vin de Pantelleria de Carole Bouquet.

Produire un grand vin

Et oui ! La vedette de cinéma, ex James Bond girl, héroïne de Bunuel, est devenue une vigneronne presque à temps complet après être tombée amoureuse de la petite île  italienne de Pantelleria, au large de la Sicile, à 70 km des côtes tunisiennes, aux sombres pentes escarpées, fouettées par les vents, sous un soleil de plomb qui semble immuable. Venue en villégiature, elle décide de s’y installer en 2002 dans un mas délabré, sans eau, ni électricité, et de ressusciter ses terres laissées à l’abandon : oliviers, câpriers, et surtout vignoble pour produire un nectar liquoreux appelé là-bas passito. D’un ha, elle passera à 10 en rachetant progressivement les parcelles de 70 paysans. Après avoir vinifié chez un voisin, elle fera construire un chai doté de toute la technologie moderne. Il lui en faudra de l’opiniâtreté et des efforts physiques, pour arriver à son but : produire un grand vin.

Le sol du vignoble à 500 m d’altitude est composé de 70 % de terres volcaniques pierreuses avec d’énormes rochers parmi les ceps, et de 30 % d’argiles et de limons. Les vignes, plantées du seul cépage de l’île le Zibibbo (en fait, du muscat d’Alexandrie), sont entourées de murets en pierres sèches disposées en terrasses, pour les protéger des vents tempétueux. Il est impossible d’y faire passer un animal de trait, et encore moins un engin mécanique, si bien que tout le travail doit être manuel. 

Les raisins, récoltés à maturité optimale, soigneusement triés, sont ensuite posés sur des claies à même le sol, pour être séchés naturellement par le soleil pendant 3 semaines selon la technique du passerillage et s’imprégner de tous les parfums environnants : figues, fenouil, câpres… 

Le but est de faire perdre au raisin son volume en eau, pour le concentrer en sucre, ce qui nécessite 3 fois plus de raisin pour produire un passito qu’un vin classique. Après fermentation alcoolique, le vin est élevé en fût pendant 24 mois, puis 1 an supplémentaire en bouteille. 

A l’évidence, ce vignoble n’est pas un caprice de star, et Carole Bouquet, bien aidée par le vigneron Nunzio et l’oenologue Lanati, s’investit pleinement veillant à y séjourner le plus souvent possible et assurant la commercialisation de son vin (12 à 15 000 bouteilles seulement) aux 4 coins du monde.

Une formidable complexité aromatique

Habillé d’une robe orangée foncée tirant sur le cognac et l’acajou, ce passito de Pantelleria 2008 déploie une formidable complexité aromatique : bergamote, cédrat confit, abricot sec, miel de fleur d’oranger, cire d’abeille, fruits secs : datte, figue, amande, safran ! Le palais est littéralement nappé par la douceur et la suavité de ce vin. Un savoureux équilibre entre sucre, acidité et alcool, si important dans l’harmonie des vins liquoreux, préserve beaucoup de fraîcheur et une bonne digestibilité, sans tomber dans la lourdeur. La parfaite gestion de la matière et de l’onctuosité, l’ampleur en bouche lui procurent une persistance incroyable. Le sangue d’oro de Carole Bouquet, comme son nom l’indique, est sanguinaire, puissant, voluptueux, il représente le fruit, le sang de la terre, sa lumière dorée, les couleurs rouge et jaune de la Sicile.

Ce passito 2008 est un dessert à lui tout seul et, en fait, un vin de méditation que l’on peut déguster, grâce à la concordance des arômes, avec quelques fruits : dattes, figues.

Outre le mariage magnifique réalisé avec le tiramisu, les accords avec de nombreux desserts s’avèrent onctueux, sensuels : logiquement, les savoureuses pâtisseries siciliennes : gâteau à la pâte d’amande, cannoli, cassata siciliana, pignolata au miel, frutta martorana, ou des préparations plus élaborées : financier aux amandes, panacotta au safran et biscuits à la cannelle. 

Si on veut terminer le repas sur une note plus légère, la fraîcheur du vin accompagnera une soupe de pêches au moscato d’Asti ou une tarte aux fraises. La rencontre d’un millésime plus jeune que le 2008 avec un pigeon ou un canard aux épices et foie gras pourrait s’avérer surprenante, voire sublime.

Carole Bouquet aime boire son vin avec des fromages à pâte persillée : roquefort, bleu de termignon, stilton, gorgonzola,voire un simple morceau de parmesan.

Laissons conclure l’actrice devenue vigneronne : « ce vin, c’est ma manière d’être italienne. A travers ce terroir, j’ai l’impression de transmettre la luxuriance et la beauté du sud, cette lumière retrouvée dans la robe ensoleillée du vin, l’expression liquide d’une culture, d’un pays, d’une terre ».

Carole Bouquet. Ile de Pantelleria – Italie




Les 20 propositions phares de la mission Claris

Missionné fin 2019 par l’ex-ministre de la Santé, Agnès Buzyn, Olivier Claris, président de la CME des Hospices Civils de Lyon (HCL), a piloté une mission sur la gouvernance et la simplification hospitalière. Sur les 56 recommandations de son rapport, 20 « principales peuvent être extraites ». 

Le service, qui apparaît comme le niveau de référence, « a vu sa place progressivement dévalorisée et s’est trouvé écarté de la gouvernance ». Aussi « la reconnaissance réglementaire de la fonction de chef de service et de ses responsabilités en matière de qualité et de sécurité des soins, la qualité de vie au travail des équipes, et d’encadrement des internes et des étudiants en santé (reco 14), ainsi que la valorisation de sa responsabilité par une rémunération spécifique (reco 18) concrétiseraient l’importance du service dans la gouvernance ». 

De même, « le développement de l’intéressement collectif des équipes (reco 20) et le renforcement du binôme chef de service-cadre de santé (reco 17) seraient des leviers forts pour réinvestir et revaloriser cet échelon capital ». En conséquence, via les pôles, « les chefs de service s’impliqueraient réellement dans la définition de la stratégie médicale et seraient force de propositions auprès des instances de gouvernance ». 

Si « le maillon capital de la gouvernance » est le binôme directeur/Président de CME (PCME), la consultation a cependant fait apparaître des difficultés. La mission recommande de « conforter le rôle des PCME en généralisant les bonnes pratiques qui leur permettraient de disposer des compétences et des moyens nécessaires pour assumer leurs responsabilités » (reco 31), sans compter qu’une « rémunération spécifique valoriserait la responsabilité capitale des PCME » (reco 11). Pour « renforcer la lisibilité du co-pilotage médical et administratif auprès de la communauté hospitalière », il est proposé de « consolider la pratique des co-signatures par le directeur et le PCME sur les décisions conjointes » (reco 3).

Une nette coupure entre le management et le terrain

La mission a également constaté le sentiment d’une « nette coupure entre le “top-management” médico-administratif de l’établissement et les acteurs de terrain », les soignants s’estimant peu associés aux décisions prises jugées par ailleurs « souvent peu en phase avec la réalité de leur quotidien ». Pour la mission Claris, « une clarification de la procédure de sélection des responsables médicaux » (reco 21) améliorerait les choses. « Un projet de management et de gouvernance obligatoirement intégré au projet d’établissement » (reco 1) rendrait plus clairs les circuits de décision et d’information jugés par trop opaques. Enfin, « la mise en place d’une cellule de gestion du projet » associant les services porteurs « permettrait de remobiliser les professionnels porteurs d’initiatives et de réduire les délais d’instruction et de décision » (reco 13)

Les instances gouvernantes, en particulier la CME, attirent peu les professionnels de terrain. Il est suggéré de « renforcer son rôle dans l’élaboration du projet médical » (reco 7), d’étendre les sujets relevant d’un simple avis de la CME, notamment aux nominations de praticiens et aux désignations des chefs de service et de pôle et de leurs adjoints (reco 10). Quant au directoire, méconnu des professionnels de terrain, il conviendrait de « conforter son rôle de concertation médico-administrative » ainsi que son ancrage avec le terrain « en favorisant la possibilité pour les pôles et les services de proposer des sujets, et en leur communiquant systématiquement un relevé de décisions » (reco 6). Quand ils ont des responsabilités managériales, les praticiens s’estiment insuffisamment formés pour leurs missions. Le rapport Claris propose d’établir « un parcours managérial assurant leur formation, leur valorisation, leur suivi et leur montée en compétences » (reco 33). De même « un engagement fort dans la démarche de délégation aux pôles et aux services » (reco 19) est nécessaire, puisqu’elle est jugée insuffisante, notamment concernant les ressources humaines et les dépenses courantes. 

Sans surprise, la mission a enregistré le retentissement des dysfonctionnements hospitaliers, du poids des procédures et de l’absentéisme, de la recherche de lits et de structures d’aval sur le quotidien des soignants, qui serait facilité par « la simplification des règles de la commande publique » (reco 54) et le « recentrage du temps médical sur le cœur de métier clinique via l’allègement des tâches administratives ». 

La mission Claris juge indispensable « de redonner un pouvoir d’initiative aux territoires » qui doit se traduire par « une autonomie accrue des ARS pour la déclinaison régionale des orientations nationales » et par « la simplification des autorisations de soins » (reco 47). La mission recommande également de « recentrer les GHT sur leurs missions d’organisation territoriale de soins en simplifiant leur mode de gouvernance » (reco 37). Enfin, elle propose de « simplifier et d’harmoniser les procédures de certification », notamment en laissant le choix de l’organisme certificateur et des thèmes évalués à chaque établissement (reco 50), et de « décentraliser les autorisations de protocoles de coopération au niveau régional » (reco 51).

Le compte n’y est pas 

Pour la conférence des présidents de CME de CHU, malgré « l’avancée des propositions », « le compte n’y est pas » au sujet des codécisions dans la priorisation des choix d’investissement. De son côté, la Collectif Inter Hôpitaux (CIH) estime que « malgré le constat d’une coupure entre la gouvernance et les soignants du terrain » et les « constats faits pendant la crise du Covid » sur l’efficacité « des circuits courts et médicalisés », le rapport Claris « ne propose aucune solution concrète satisfaisante ». Quant à France Assos santé, elle juge que « confier à des cabinets externes et privés la certification des établissements de santé, qui plus est sur une base volontaire, est une régression ».




Le Covid suscite plaintes, signalements et saisines

Entre le 24 mars et le 9 juin, le parquet de Paris avait été destinataire de 62 plaintes ou signalements liés à l’épidémie de coronavirus et « établis le plus souvent contre des personnes non dénommées (plaintes contre X), émanant de particuliers ou de collectifs professionnels (syndicats ou associations) », selon le procureur de la République, Rémy Heitz. « Elles mettent en cause, pour la plupart, différentes instances, structures ou départements ministériels ainsi que des responsables administratifs, décideurs publics ». Ces plaintes concernent la « mise en danger de la vie d’autrui », la « non-assistance à personne en péril », l’ « abstention volontaire de combattre un sinistre dangereux » et des « homicides et blessures involontaires ». Pour sa part, entre le 16 mars et le 1er juin, le Défenseur des droits avait reçu au total 1 424 saisines en lien avec la crise sanitaire qui, avec l’état d’urgence qui en découle « ont révélé des inégalités, encore plus criant concernant des personnes déjà vulnérables », selon l’autorité indépendante.




Les hackers profitent de l’épidémie

L’Association Pour la Sécurité des Systèmes d’Information de Santé (APSSIS) a publié un « panorama des arnaques et attaques » informatiques utilisant le Covid-19 « pour tenter de soutirer de l’argent ou des données aux victimes potentielles ». Parmi les techniques recensées, celle du phishing aurait augmenté de 600 % ! Et « plusieurs arnaques aux Fovi (faux ordres de virements bancaires internationaux) ont été observées dans les établissements de santé français », souligne l’APSSIS, qui met en garde, notamment, contre « les e-boutiques de vente de masques et gel hydro-alcoolique, plus ou moins légitimes » qui « fleurissent, avec souvent des tarifs exorbitants ».




StopCovid coûte cher et… rapporte peu !

Selon le secrétaire d’Etat chargé du Numérique, Cédric O, l’application de traçage des cas contacts StopCovid coûte au minimum 100 000 euros hors taxes par mois. Un coût qui « pourrait augmenter en cas de deuxième vague », a-t-il précisé. Mais pour l’instant, les Français ne se sont pas rués sur ce dispositif qui, au 23 juin, n’avait identifié que 14 cas contacts Covid + en 21 jours. Un piètre résultat que Cédric O explique par « la baisse rapide de la prévalence de l’épidémie dans la population », d’une part, et par « la faible diffusion de StopCovid », d’autre part. A cette même date, l’application avait été téléchargée 1,9 million de fois et activée 1,816 million de fois. A l’inverse, 460 000 désinstallations étaient à dénombrer.




Brèves d’été 2020


CIRCULAIRE SYNDICALE. Jeudi 16 juillet 2020

Chère consœur, Cher confrère,

L’été est là et c’est le moment pour nous de vous rappeler l’essentiel de l’actualité qui vous concerne.

Télédéclarez ! Indemnité CNAM (période du 1er au 30 juin 2020)

Jusqu’au 31 juillet 2020, vous avez la possibilité de faire une demande d’indemnisation de perte d’activité pour la période du 1er au 30 juin 2020 sur Ameli pro selon les mêmes modalités que pour la période précédente.

Attention, pour pouvoir bénéficier de l’indemnisation, il est nécessaire de faire une déclaration via ce téléservice.

Pour en savoir plus… téléservice Ameli pro

Indemnité CARMF

Nous allons enfin voir cette aide.

Effectivement, le conseil d’administration de la CARMF avait décidé d’octroyer une aide aux cotisants, nette d’impôt et de charges, dont le montant peut atteindre plus de 2 000 euros.

Cette mesure viendra en diminution des sommes restant dues au titre des cotisations 2020, sans réduction des droits à retraite pour les cotisants actifs non retraités. Il n’y a aucune démarche à réaliser pour en bénéficier. Elle figurera sur l’appel du solde des cotisations 2020 qui sera adressé fin août à l’ensemble des cotisants.

Télésurveillez !

Nos efforts ont porté leurs fruits ; suite au travail du Syndicat National des Cardiologues, vous pouvez continuer d’inclure vos patients insuffisants cardiaques (en ALD pour ce motif) et ce jusqu’au 30 octobre 2020 grâce à la prolongation des critères d’éligibilité (supprimant la nécessité d’une hospitalisation pour poussée d’insuffisance cardiaque, soit au cours des 30 derniers jours, soit au moins une fois au cours des 12 derniers mois).

Nous vous invitons donc à poursuivre les inclusions de vos patients en télésurveillance (NewcardSatelia) ; votre rémunération s’élève à 220 euros par an et par patient télésuivi.

Pour en savoir plus… la télésurveillance, comment ça marche ? (dr Marc Villacèque)

Ségur de la Santé

Dans le cadre du Ségur de la santé, un accord historique de plus de 8 milliards d’euros a été signé, portant sur la revalorisation des salaires dans les hôpitaux. Cette somme correspond à environ 4% du budget total de la Sécurité Sociale.

Le Syndicat National des Cardiologues salue cet accord salarial, qui était nécessaire pour l’hôpital. Il lui est cependant difficile de comprendre et d’accepter qu’il existe d’un côté une hausse salariale sans contrepartie pour le secteur public et de l’autre, pour le secteur privé, des économies à faire avec, entre autres, des demandes de pertinence sous peine de décote.

Un nouvel avenant à la convention médicale de 2016 est en cours de préparation et verra probablement le jour dès septembre, pour assurer une contrepartie aux médecins libéraux. Nous y défendrons sans relâche la cardiologie.

Continuez de nous soutenir, suivez-nous et adhérez ICI !

A année exceptionnelle, été exceptionnel durant lequel nous assurerons une veille sur l’actualité pour vous tenir informés sur les mesures à prendre en cas d’évolution de la pandémie. 

Continuons à nous protéger.

Chaleureusement.

Docteur Marc Villacèque. Président du Syndicat National des Cardiologues




Généralisez le 116-117 !

Dans un communiqué commun, la CSMF, la FMF, le SML, MG France et la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France (FNSPF), réitèrent leur demande de généralisation du numéro d’appel 116-117 pour les soins non programmés relevant de la médecine de ville, à côté d’un numéro réservé à la prise en charge des secours urgents, contrairement à la préconisation d’un numéro unique faite dans le cadre de l’élaboration du futur Service d’Accès aux Soins (SAS), qui devait initialement être mis en place avant l’été.

Pour argumenter, ces organisations s’appuient sur l’expérience récente de la crise sanitaire qui a vu augmenter la sollicitation des Samu-Centres 15 et leurs délais d’accessibilité.

« Cette crise a démontré par les faits l’engorgement auquel  conduirait la mise en place du 113 comme numéro unique de santé préconisé » et « la nécessité d’un dispositif spécifique pour la régulation libérale et des demandes de soins confiés aux médecins de ville ». 




Conserver les données de traçage du Covid est « essentiel »

Le Conseil scientifique qui conseille l’exécutif sur l’épidémie de Covid-19 estime « essentiel » de conserver les données de traçage issues des dispositifs Sidep et Contact Covid, car elles « constituent une source d’information unique pour les modélisateurs afin de comprendre la dynamique du virus, et d’apprécier l’impact des différentes mesures de contrôle de la circulation du virus ». Et ce d’autant plus que les données actuelles « suggèrent qu’une intensification de la circulation du Sars-CoV-2 dans l’hémisphère Nord à une échéance plus ou moins lointaine (quelques mois, et notamment à l’approche de l’hiver) est extrêmement probable ». 




La prime Covid versée aux soignants du privé en juillet

Conformément aux engagements du ministre de la Santé, Olivier Véran, fin mai, les personnels des établissements privés toucheront une prime exceptionnelle de 500 ou 1 500 euros. Selon la FHP, pour financer cette prime, « les établissements  bénéficieront d’une première dotation de 70 % en juillet, puis de 30 % à la rentrée ». Mais la totalité de cette prime pourra être versée en juillet dans les établissements ayant décidé d’anticiper son versement ».




Le grand boum de la téléconsultation

Pour le seul mois d’avril, la CNAM a enregistré 4,4 millions de téléconsultations, contre environ 25 000 en décembre dernier. Entre février et mars, le nombre des téléconsultations a été multiplié par 30, constate la CNAM qui a comptabilisé près de 5,8 millions de téléconsultations cumulées depuis septembre 2018, dont 5,5 millions effectuées entre les seuls mois de mars et avril 2020. Le nombre de médecins téléconsultants a atteint 36 000 en mars dernier, avant de passer à 56 000 en avril. 

C’est la région Ile-de-France qui concentre le plus grand nombre de téléconsultations (1,09 million dont 300 000 à Paris). Selon l’URPS d’Ile-de-France, la téléconsultation a concerné 80 % des médecins libéraux pendant le confinement, dont 86 % des généralistes et 71 % de spécialistes.




Utilisation du site ameli.fr en nomenclature

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Un grand pas vers la 5e branche

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Ségur de la santé : des propositions mutualistes qui fâchent

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L’ire des libéraux contre la Mutualité

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Frédéric Collet reconduit à la présidence du Leem, Philippe Bouyoux nommé président du CEPS

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Les recommandations sanitaires pour les voyageurs 2020

La mise à jour 2020 des recommandations sanitaires pour les voyageurs a été publiée par Santé Publique France.

Plusieurs nouveautés par rapport aux recommandations aux voyageurs de 2019 sont à signaler, notamment la prise en compte des recommandations de la HAS sur les vaccinations, le rappel sur les conditions d’utilisation de la chloroquine, les dangers liés aux préparations à base d’Artemisia, les risques liés aux tiques et animaux autres que les arthropodes…).

Trois points sont mis en exergue :

  • conformément aux recommandations de l’OMS, pour certains pays où Plasmodium vivax est très présent, il peut être justifié dans des conditions de forte exposition, en dehors de l’utilisation de la chloroquine, de prescrire d’autres antipaludiques ;
  • une carte épidémiologique de la rage a été ajoutée afin d’éclairer la recommandation de vaccination préventive pour les pays à  » haut risque  » ;
  • un encadré regroupant les recommandations pour les femmes enceintes ou qui allaitent (et qui voyagent) a été ajouté (p70). Il contient des informations sur les précautions à prendre avant le voyage, les risques liés au transport et les recommandations vaccinales spécifiques à cette population. [En savoir plus]



Covid-19 : la combinaison de lopinavir et de ritonavir associée à de la bradycardie

Alors que les deux bras testant la combinaison d’antiviraux lopinavir/ritonavir avec ou sans interféron bêta ont été arrêtés dans les essais cliniques Solidarity et Discovery en raison de l’absence d’efficacité de cette stratégie chez les patients Covid+ hospitalisés, une petite étude française publiée dans Circulation: Arrythmia and Electrophysiology (AHA) indique que l’association, précédemment utilisée pour traiter les patients atteints du SRAS-CoV-1, du MERS-CoV, et du VIH-1 provoquerait une bradycardie chez près d’un quart des patients Covid-19 âgés et gravement malades. Parmi les patients VIH-1, un risque de bradycardie avait également été rapporté auparavant.

L’étude menée par le Dr Christophe Beyls (Anesthésiste-Réanimateur, CHU Amiens) et coll. a inclus 41 patients atteints de Covid-19 admis à l’unité de soins intensifs du CHU d’Amiens qui ont été traités avec 200 mg de LPV et 50 mg de RTV deux fois par jour pendant 10 jours. Tous les patients ont bénéficié d’une surveillance continue par électrocardiogramme (ECG). [En savoir plus]




SAVE –ICD : le Sacubitril/Valsartan pourrait-il éviter l’implantation d’un défibrillateur chez certains patients ?

Selon les résultats de l’étude observationnelle SAVE-ICD après 6 mois de traitement par l’association Sacubitril/Valsartan (S/V Entresto, Novartis) un quart des patients souffrant d’une insuffisance cardiaque ayant en prévention primaire un défibrillateur automatique implantable (DAI) récupèrent une fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) > 35 %, et n’ont pas eu d’accident rythmique.

On savait déjà que le traitement par la combinaison S/V améliorait la FEVG, rappelle pour theheart.org/Medscape Cardiology, l’auteur principal le Dr Federico Guerra (Marche Polytechnic University, University Ancône Italie).

« Le nouveau message clé » tient au fait que 6 mois après le début du traitement, pratiquement un patient sur quatre n’a plus d’indication à la mise en place d’un DAI, précise-t-il. Cependant si le traitement diminue la survenue d’arythmies au cours de ces 6 mois, il ne les élimine pas totalement : 5,3% des patients ont souffert d’arythmies sévères.

Les résultats ont été présentés au congrès virtuel de l’ European Heart Rhythm Association le 29 mars-31 mars 2020, initialement prévu à Vienne, Autriche. [En savoir plus]




Télésuivi de l’insuffisance cardiaque : une réduction des hospitalisations, mais pas de la mortalité

Le télésuivi de l’insuffisance cardiaque à l’aide du programme non médical Chronic Care Connect Cardiologie (Air Liquide) n’a pas permis une réduction de la mortalité ni des hospitalisations non prévues, malgré une réduction du risque de première hospitalisation pour insuffisance cardiaque, selon les résultats de l’étude OSICAT, présentés mi-juin au congrès virtuel HFA Discoveries de l’European Society of Cardiology (ESC).

Ce dispositif de télésuivi des patients insuffisants cardiaques, auparavant baptisé Cordiva (Alere), avait montré dans une étude allemande une baisse de la mortalité et une diminution du coût global de prise en charge des insuffisants cardiaques. Il a commencé à être déployé en France en 2017, dans le cadre des expérimentations en télémédecine lancées par les pouvoirs publics.

Il repose sur l’utilisation à domicile d’une balance connectée reliée à une tablette numérique permettant une surveillance continue du poids et d’autres paramètres cliniques. Tous les jours, le patient se pèse et remplit un questionnaire sur les symptômes associés à son insuffisance cardiaque.

Des alertes générées par un algorithme automatique permettent la détection précoce des décompensations cardiaques. Un programme d’accompagnement thérapeutique personnalisé par téléphone, par des infirmières formées, y est associé. [En savoir plus]




Signature du Ségur de la santé, « un effort historique » en faveur de l’hôpital, selon le Premier ministre

Après plus de six semaines de négociation entre les syndicats et le gouvernement dans le cadre du Ségur de la santé, ce plan « massif »en faveur de l’hôpital promis par Emmanuel Macron au plus fort de la crise du Covid-19, vient d’être signé, lundi 13 juillet, à Matignon.

Le Premier ministre Jean Castex a salué ces accords salariaux, qui octroient 8,1 milliards d’euros aux personnels hospitaliers, évoquant un « moment historique » pour le « système de santé »« Cet effort historique se veut d’abord une reconnaissance considérable à l’égard de celles et ceux qui ont été en première ligne dans la lutte contre cette épidémie », a déclaré le chef du gouvernement à l’issue de la cérémonie de signature. [En savoir plus]




Immunité contre le Covid-19 : que sait-on à ce stade ?

Coup sur coup deux petites études ont présenté des résultats en apparence contradictoires sur l’immunité qui pourrait être conférée par le développement d’anticorps contre le SARS-CoV-2.

L’une, chinoise, publiée dans Nature Medicine indique que les personnes qui développent des anticorps après avoir été infectées par le coronavirus peuvent ne pas les conserver plus de quelques mois, surtout si elles ne présentent aucun symptôme au départ.

Dans ce travail, les scientifiques du district de Wanzhou en Chine ont étudié 37 personnes infectées par le coronavirus et présentant des symptômes et 37 personnes infectées et ne présentant aucun symptôme. Et, il en ressort que, huit semaines après la récupération, les niveaux d’anticorps IgG (immunité à plus long terme) sont tombés à des niveaux indétectables chez 40% des personnes asymptomatiques et 13 % des personnes symptomatiques. 

 « Ces données pourraient souligner les risques liés à l’utilisation des passeports d’immunité COVID-19 et aller dans le sens de la prolongation des interventions de santé publique, notamment la distanciation sociale, l’hygiène, l’isolement des groupes à haut risque et les tests à grande échelle », concluent les auteurs.

L’autre étude, publiée en preprint par l’Institut Pasteur semble plus encourageante sur la présence d’anticorps post-Covid chez des personnes peu symptomatiques. A partir d’une enquête réalisée auprès du personnel hospitalier des deux sites des Hôpitaux Universitaires Strasbourg, elle montre que chez 160 personnes, atteintes de formes mineures de la maladie Covid-19, près de la totalité des malades ont développé des anticorps dans les 15 jours suivant le début de l’infection. Par ailleurs, chez 98% d’entre eux, des anticorps neutralisants ont été détectés après 28 jours. « Ce qui tend à prouver que, même pour les formes mineures de la maladie, les personnes atteintes développent des anticorps qui pourraient leur conférer une immunité pendant plusieurs semaines suite à l’infection », indique le communiqué de l’Institut Pasteur. [En savoir plus]




Enfants : que cache le mystérieux syndrome inflammatoire multisystémique ?

De nouvelles données apportent un éclairage attendu par les pédiatres et les infectiologues sur le syndrome inflammatoire sévère associé au Covid-19 chez les enfants. Dans deux publications distinctes publiées dans le New England Journal of Medicine, des chercheurs du Département de la santé de l’Etat de New York et des Centers of Disease Control and Prevention (CDC) ont fait un état des lieux de l’épidémiologie et des caractéristiques cliniques de ce syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants (MIS-C) à partir d’informations issues des programmes de surveillance de l’Etat de New York et de l’ensemble du pays. Mais les experts considèrent que les critères diagnostiques actuels cachent la véritable ampleur du problème.

Incidence : 2 cas pour 100 000 jeunes de moins de 21 ans

Dans l’étude new-yorkaise, le Dr Elizabeth Dufort (Département de la Santé, Albany) et ses collègues ont analysé les données de surveillance du MIS-C de 106 hôpitaux de l’Etat entre le 1er mars et le 10 mai 2020. En tout, 99 enfants ont été inclus pour cette analyse [1].

L’incidence du MIS-C était de 2 cas pour 100 000 jeunes de moins de 21 ans alors que l’incidence des cas confirmés de Covid était de 322 pour 100 000 dans ce même groupe d’âge. La plupart des cas de MIS-C est survenue environ un mois après le pic de la pandémie dans l’Etat de New-York. [En savoir plus]




Stress et maladies cardiovasculaires : comment les nuisances sonores touchent la santé

Le bruit environnemental cause au moins 12 000 morts prématurées par an en Europe. Une forte exposition peut favoriser l’apparition de pathologies.

En Ile-de-France, les habitants des zones densément peuplées perdent en moyenne dix mois de vie en bonne santé en raison du bruit. Ces données sont connues depuis longtemps, mais le confinement, marqué par une baisse du volume sonore inédite pour beaucoup de Français, a fait prendre conscience de l’impact de ce type de nuisances sur la qualité de vie.

L’Organisation mondiale de la santé identifie ces nuisances sonores comme la deuxième cause de morbidité parmi les facteurs de risque environnemental, derrière la pollution de l’air. Il ne s’agit pas là d’effets directs sur l’audition, comme pourraient le subir un ouvrier travaillant dans le bâtiment ou une personne qui écoute de la musique trop fort. « Ce qui menace la santé dans les bruits qui nous préoccupent, c’est la gêne occasionnée, qui entraîne des difficultés à de nombreux niveaux », note le médecin spécialiste Paul Avan, enseignant-chercheur à l’université Clermont-Auvergne. [En savoir plus]