Asclépios, au secours, ils sont devenus fous !

362-363 – Catherine Sansfourche – En Grèce et en Espagne, pays les plus touchés par la crise économique, la santé est en péril.

 La crise économique qui sévit n’épargne pas la santé. Une étude de l’OCDE montre que, pour la première fois depuis 1975, les dépenses de santé ont reculé en Europe. Si les sondages révèlent qu’en France, un pourcentage croissant de la population dit avoir reporté ou renoncé à des soins pour des motifs économiques, dans les pays les plus touchés par la crise, l’impact sanitaire est alarmant. Ainsi, en Grèce, dans la patrie d’Asclépios, le Dieu de la médecine, l’état de santé est en train de se détériorer dans des proportions inquiétantes, puisque 40 % de la population n’a plus de couverture maladie faute de pouvoir payer les cotisations de Sécurité Sociale et qu’un droit d’entrée de 5 euros a été instauré à l’hôpital. Les centres médicaux de Médecins Du Monde (MDM), qui étaient initialement destinés aux immigrants et aux réfugiés, voient affluer toujours plus de patients grecs et a dû doubler ses programmes en Grèce. « Aujourd’hui, près d’un patient sur deux est grec, et jusqu’à 88 % selon le quartier. Et là où on ne voyait qu’une dizaine de personnes par demi-journée, on en voit maintenant 90 ! » explique Nathalie Simonnot, responsable du réseau international de MDM. Nombre de pathologies ont augmenté entre 2009 et 2011, particulièrement le VIH, dans des proportions inquiétantes : entre 2010 et 2011, le nombre de nouvelles contaminations a crû de 57 %.

L’Espagne, qui ne peut plus assumer le coût de son système étatisé de santé, compte 4  717 médecins généralistes au chômage, un chiffre en hausse de 42 % sur un an. Nombreux sont donc les praticiens qui quittent le pays. Selon l’Organisation Médicale Collégiale (OMC), qui attribue les certificats de conformité obligatoires pour travailler à l’étranger, depuis cinq ans, c’est-à-dire depuis le début de la crise, 6 215 médecins espagnols ont choisi l’exil. La situation devrait encore s’aggraver puisque les coupes budgétaires vont se poursuivre. Certes, ces coupes dans le secteur de la santé ont permis d’économiser 7 milliards d’euros depuis 2010, mais la population trinque. Depuis juillet dernier, les Espagnols payent leurs médicaments à proportion de ce qu’ils gagnent, les retraités les payent à hauteur de 10 %, presque 500 produits ont été déremboursés et les listes d’attente dans les hôpitaux pour les patients devant subir une intervention chirurgicale s’allongent…