Biostatistiques pour le clinicien

generisches buch 1368-369 – Yves Carat – L’innovation est la base des progrès de la Médecine. Pour autant, l’évaluation de ces innovations est capitale pour éviter de s’engager sur de fausses pistes, c’est-à-dire de réduire le temps où l’on croit faire bénéficier les patients d’un progrès médical alors qu’il n’en est rien. 

 Or, c’est l’analyse statistique qui conduit ces méthodes d’évaluation, indispensable pour les auteurs d’un travail afin de le réaliser avec toute la rigueur nécessaire, indispensable aussi aux lecteurs pour se faire une opinion critique vis-à-vis des publications toujours plus nombreuses qui les entourent et finissent par les submerger.
L’apprentissage de la lecture critique d’articles scientifiques est également l’un des objectifs de l’examen classant national en fin de deuxième cycle des études médicales.
Malheureusement, l’abord des statistiques n’est pas aisé pour un public de non-spécialistes, même pour la plupart des étudiants en médecine issus pourtant dans leur quasi-totalité d’un baccalauréat scientifique.
C’est l’ambition de cet ouvrage d’être accessible à toutes les catégories de lecteurs, en privilégiant la compréhension et l’intérêt des concepts plutôt que leur démonstration mathématique. Il a d’ailleurs l’originalité d’avoir été rédigé par un clinicien, le professeur Michel Huguier, chirurgien digestif, sous le « contrôle » d’un spécialiste, Pierre-Yves Boëlle,  professeur de biostatistiques et ingénieur civil des mines.

Le livre débute par une série de définitions et données fondamentales ; le lecteur qui, assez souvent, n’avait jusque-là en tête que la signification du « petit p » et son niveau pour juger de la significativité d’un essai clinique ou thérapeutique, va recevoir  une avalanche d’informations précises et bien exposées dont la compréhension lui paraîtra désormais indispensable à la bonne évaluation d’un essai : qu’est-ce au juste qu’une variable qualitative ou une variable quantitative ? Quelle est la différence entre « moyenne » et « médiane » et pourquoi privilégie-t-on  souvent la mesure de la seconde ? Quelle est la signification exacte de l’écart type, des variables censurées ? Comment mesure-t-on l’intervalle de confiance ? A quoi sert la loi de Poisson ? Etc., etc. Autant de précisions nécessaires pour qui veut pouvoir désormais disposer de ses propres critères de jugement.

L’ouvrage ensuite, et ce n’est pas la partie la moins intéressante, aborde les conditions de réalisation des essais randomisés, sans faire l’économie d’un chapitre sur les aspects éthiques, réglementaires ou le financement des grandes études, avec le problème, en fait récurrent, de l’indépendance des investigateurs et de l’objectivité scientifique.
Puis sont abordées, avec force détails, les études uni et multifactorielles, et l’intérêt de ces dernières pour répondre à des questions que ne peut, dans certains cas, pas résoudre un essai randomisé.
Les dernières parties sont consacrées aux outils diagnostiques et thérapeutiques, à l’estimation d’un pronostic, et à l’épidémiologie.

Par son accessibilité, sa clarté et – sans doute – son exhaustivité, ces « biostatistiques pour le clinicien » vont réconcilier les praticiens que nous sommes avec les mathématiques et sont à garder en permanence à portée de mains.

Auteurs : Michel Huguier, Pierre-Yves Boëlle
Editeur : Springer Verlag France
Prix public : 55,00 €
Pagination : 300 pages