Cardiologie libérale en danger : comprendre l’appel à l’action du SNC


Nathalie Zenou

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Le Syndicat national des cardiologues lance un appel à la mobilisation face au Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2026 qui menace la survie de la cardiologie libérale en France.ra à notre place. Le SNC est sur le terrain, en première ligne, et chaque jour compte.

Un contexte alarmant pour notre spécialité

Les maladies cardiovasculaires demeurent la deuxième cause de mortalité en France, avec une progression de 2,5 % par an. Dans ce contexte épidémiologique préoccupant, les cardiologues libéraux assurent quotidiennement un rôle essentiel : consultations programmées, prises en charge urgentes, suivi de patients à haut risque d’infarctus ou de mort subite. Pourtant, le PLFSS 2026 impose de nouvelles baisses et contraintes à notre exercice, menaçant directement l’accès aux soins spécialisés, allongeant les délais de prise en charge et désorganisant les filières d’urgence cardiologique.

Les mesures inacceptables du PLFSS 2026

Le projet de loi contient cinq mesures particulièrement préoccupantes pour notre profession :

  1. Autorisation donnée à la CNAM de baisser unilatéralement les tarifs médicaux. Cette disposition supprime tout dialogue et toute construction collective future. Elle marque la fin du partenariat conventionnel équilibré qui devrait prévaloir entre les professionnels de santé et l’Assurance maladie.
  2. Augmentation des cotisations des médecins retraités actifs. Cette mesure découragera le maintien en activité de praticiens expérimentés, aggravant mécaniquement les déserts médicaux dans un contexte de pénurie déjà critique.
  3. Surtaxation du secteur 2Alors que certains actes n’ont pas été revalorisés depuis plus de 20 ans et que toutes les charges ont explosé avec l’inflation, cette mesure est profondément injuste et déconnectée de la réalité économique de nos cabinets.
  4. Collecte de la franchise médicale par les médecins. Cette charge administrative supplémentaire s’ajoute à notre quotidien déjà saturé, alors que nous manquons cruellement de temps pour nous occuper des patients.
  5. Ciblage systématique des libéraux. Le déficit de la branche maladie provient également de l’hôpital. Pourquoi cibler toujours les libéraux qui réalisent pourtant l’essentiel des consultations ?

Une rupture de confiance manifeste

Au-delà de ces mesures budgétaires, c’est la méthode qui est inacceptable. Alors même que le directeur de l’Assurance maladie avait négocié une revalorisation en 2024, signée par les syndicats, les tarifs des actes d’échographies et de coronarographies ont été diminués le 5 novembre 2025 pour revenir aux valeurs d’il y a dix ans, voire inférieures, malgré l’inflation galopante.

Parallèlement, le ministère a décidé unilatéralement, via la DGOS, l’intégration des stents dans le forfait hospitalier du GHS, fragilisant la cardiologie interventionnelle et la filière de prise en charge des urgences cardiologiques, dont l’infarctus, tout en augmentant paradoxalement les coûts hospitaliers.

Les vraies solutions existent

Les causes de l’augmentation des dépenses de santé sont parfaitement identifiées : vieillissement de la population, augmentation des maladies chroniques, obésité, sédentarité, environnement défavorable. Les solutions le sont tout autant :

  • Pertinence des actes (le CNP de cardiologie vient de produire un texte officiel sur l’épreuve d’effort permettant une économie d’au moins 50 millions d’euros par an)
  • Passage à une vraie prévention ambitieuse
  • Réforme coordonnée de l’hôpital et de la ville dans une grande loi santé
  • Modernisation de la formation médicale
  • Stabilité de la gouvernance
Le PLFSS 2026 ne répond à aucune de ces causes. Il ne soigne rien. Il aggrave tout.

Un choix de société

Nous ne sommes pas seuls concernés : radiologues, médecins vasculaires, radiothérapeutes, néphrologues… De nombreuses spécialités subissent les mêmes attaques. Il s’agit d’un choix politique qui dépasse la logique comptable : voulons-nous préserver un système de soins humain, accessible et vivant, ou accepter l’érosion progressive d’un service médical de proximité, remplacé par un désert sanitaire administré depuis des tableurs ?

L’action syndicale est essentielle

Face à cette situation critique, le SNC, sous la présidence de Vincent Pradeau, travaille activement au sein d’Avenir Spé, devenu le premier syndicat des spécialistes aux dernières élections URPS. Notre représentation forte nous permet de porter haut la parole de la cardiologie dans les négociations nationales.

Mais l’unité et la mobilisation de tous les cardiologues libéraux sont indispensables. Les députés doivent comprendre que ces mesures fragilisent directement la prise en charge des maladies cardiovasculaires, deuxième cause d’hospitalisation en France.

Notre demande est claire : le retrait de ces mesures du PLFSS 2026. Nous serons très attentifs au vote de nos élus, lequel dira de quel côté ils se tiennent : aux côtés des soignants et des patients, ou aux côtés d’une logique comptable à courte vue qui met en danger l’accès aux soins cardiologiques dans notre pays.


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