Cardiologie libérale en danger : comprendre l’appel à l’action du SNC


Nathalie Zenou

Retour à la newsletter

Le Syndicat national des cardiologues lance un appel à la mobilisation face au Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2026 qui menace la survie de la cardiologie libérale en France.ra à notre place. Le SNC est sur le terrain, en première ligne, et chaque jour compte.

Un contexte alarmant pour notre spécialité

Les maladies cardiovasculaires demeurent la deuxième cause de mortalité en France, avec une progression de 2,5 % par an. Dans ce contexte épidémiologique préoccupant, les cardiologues libéraux assurent quotidiennement un rôle essentiel : consultations programmées, prises en charge urgentes, suivi de patients à haut risque d’infarctus ou de mort subite. Pourtant, le PLFSS 2026 impose de nouvelles baisses et contraintes à notre exercice, menaçant directement l’accès aux soins spécialisés, allongeant les délais de prise en charge et désorganisant les filières d’urgence cardiologique.

Les mesures inacceptables du PLFSS 2026

Le projet de loi contient cinq mesures particulièrement préoccupantes pour notre profession :

  1. Autorisation donnée à la CNAM de baisser unilatéralement les tarifs médicaux. Cette disposition supprime tout dialogue et toute construction collective future. Elle marque la fin du partenariat conventionnel équilibré qui devrait prévaloir entre les professionnels de santé et l’Assurance maladie.
  2. Augmentation des cotisations des médecins retraités actifs. Cette mesure découragera le maintien en activité de praticiens expérimentés, aggravant mécaniquement les déserts médicaux dans un contexte de pénurie déjà critique.
  3. Surtaxation du secteur 2Alors que certains actes n’ont pas été revalorisés depuis plus de 20 ans et que toutes les charges ont explosé avec l’inflation, cette mesure est profondément injuste et déconnectée de la réalité économique de nos cabinets.
  4. Collecte de la franchise médicale par les médecins. Cette charge administrative supplémentaire s’ajoute à notre quotidien déjà saturé, alors que nous manquons cruellement de temps pour nous occuper des patients.
  5. Ciblage systématique des libéraux. Le déficit de la branche maladie provient également de l’hôpital. Pourquoi cibler toujours les libéraux qui réalisent pourtant l’essentiel des consultations ?

Une rupture de confiance manifeste

Au-delà de ces mesures budgétaires, c’est la méthode qui est inacceptable. Alors même que le directeur de l’Assurance maladie avait négocié une revalorisation en 2024, signée par les syndicats, les tarifs des actes d’échographies et de coronarographies ont été diminués le 5 novembre 2025 pour revenir aux valeurs d’il y a dix ans, voire inférieures, malgré l’inflation galopante.

Parallèlement, le ministère a décidé unilatéralement, via la DGOS, l’intégration des stents dans le forfait hospitalier du GHS, fragilisant la cardiologie interventionnelle et la filière de prise en charge des urgences cardiologiques, dont l’infarctus, tout en augmentant paradoxalement les coûts hospitaliers.

Les vraies solutions existent

Les causes de l’augmentation des dépenses de santé sont parfaitement identifiées : vieillissement de la population, augmentation des maladies chroniques, obésité, sédentarité, environnement défavorable. Les solutions le sont tout autant :

  • Pertinence des actes (le CNP de cardiologie vient de produire un texte officiel sur l’épreuve d’effort permettant une économie d’au moins 50 millions d’euros par an)
  • Passage à une vraie prévention ambitieuse
  • Réforme coordonnée de l’hôpital et de la ville dans une grande loi santé
  • Modernisation de la formation médicale
  • Stabilité de la gouvernance
Le PLFSS 2026 ne répond à aucune de ces causes. Il ne soigne rien. Il aggrave tout.

Un choix de société

Nous ne sommes pas seuls concernés : radiologues, médecins vasculaires, radiothérapeutes, néphrologues… De nombreuses spécialités subissent les mêmes attaques. Il s’agit d’un choix politique qui dépasse la logique comptable : voulons-nous préserver un système de soins humain, accessible et vivant, ou accepter l’érosion progressive d’un service médical de proximité, remplacé par un désert sanitaire administré depuis des tableurs ?

L’action syndicale est essentielle

Face à cette situation critique, le SNC, sous la présidence de Vincent Pradeau, travaille activement au sein d’Avenir Spé, devenu le premier syndicat des spécialistes aux dernières élections URPS. Notre représentation forte nous permet de porter haut la parole de la cardiologie dans les négociations nationales.

Mais l’unité et la mobilisation de tous les cardiologues libéraux sont indispensables. Les députés doivent comprendre que ces mesures fragilisent directement la prise en charge des maladies cardiovasculaires, deuxième cause d’hospitalisation en France.

Notre demande est claire : le retrait de ces mesures du PLFSS 2026. Nous serons très attentifs au vote de nos élus, lequel dira de quel côté ils se tiennent : aux côtés des soignants et des patients, ou aux côtés d’une logique comptable à courte vue qui met en danger l’accès aux soins cardiologiques dans notre pays.


Adhérez au SNC

© Stock Adobe – Razihusin




Cardiologues, on nous attaque. Le SNC répond. Et ne lâchera rien


Marc Villacèque

Retour à la newsletter

Depuis des mois, la cardiologie libérale est sous pression : dévalorisations, charges, menaces réglementaires… Face à cela, une certitude : personne ne nous défendra à notre place. Le SNC est sur le terrain, en première ligne, et chaque jour compte.

PLFSS 2026 : sans mobilisation, le pire était devant nous

Le gouvernement avait proposé un texte explosif. Grâce à l’action du SNC – rencontres avec députés et sénateurs, mobilisation des cabinets, lettres prêtes à l’emploi pour les confrères – plusieurs bombes ont pu être désamorcées.

Ce que nous avons réussi à faire retirer à l’Assemblée nationale et au Sénat :

  • Les médecins collectant eux-mêmes les franchises pour l’Assurance-maladie
  • L’obligation de consulter le DMP avant tout acte onéreux
  • La surtaxation du secteur 2
  • Et surtout : l’article 24, qui aurait donné au directeur de la CNAM le pouvoir de fixer seul nos tarifs, éliminé au Sénat ce lundi 24 novembre. Sans ce retrait, c’était la fin du dialogue conventionnel.

Le combat n’est pas terminé : le texte revient à l’Assemblée. Nous restons en alerte maximale.

Échographie, coronarographie : stop aux dévalorisations automatiques

Là encore, le SNC est allé au contact. Une rencontre directe a eu lieu avec Thomas Fatôme, directeur général de la CNAM. Message clair : assez des baisses tarifaires aveugles.

Résultat concret :

L’échographie devait perdre 8 % et grâce au SNC : 4 % seulement, étalés dans le temps (2 % + 2 %), avec possibilité de seulement 2% si un travail sur la pertinence est engagé.

Sur la coronarographie : possibilité de dévalorisation moins importante en cas également de travail sur la pertinence.

C’est loin d’être parfait, mais sans intervention, la chute aurait été beaucoup plus dure.

Stents : la DGOS a fait la sourde oreille. La bataille continue.

Sur le retrait des stents de la liste en sus, la DGOS a campé sur sa position. Le CNP sera de nouveau reçu pour exiger un GHS réaliste, compatible avec la survie des plateaux techniques. Nous n’accepterons pas que la cardiologie interventionnelle devienne économiquement intenable.

Quand la ministre découvre les coupes frappant les médecins de secteur 1…

Lors de notre rencontre avec la nouvelle ministre de la Santé, Madame Rist, nous lui avons signalé un amendement de la loi des finances (différente du PLFSS) et dont elle n’avait pas connaissance et qui supprimait les aides du secteur 1, soit une perte d’environ 10 000 € par cardiologue et par an, alors même que cette aide existe depuis des années.

Les syndicats l’ont immédiatement alertée et ont exigé que cette disposition soit corrigée dans le texte.

L’unité syndicale ? Nous la cherchons. Mais nous avançons

Depuis plus d’un mois, nous tentons de construire un front commun avec les autres syndicats. Soyons lucides : les positions divergent encore trop entre spécialistes et généralistes. Mais nous continuons de pousser pour une défense collective de la médecine libérale.

Chaque année, nous évitons le pire. L’an prochain aussi, il faudra tenir. PLFSS après PLFSS, la profession subit. Et PLFSS après PLFSS, le SNC se bat, décortique les textes, alerte les parlementaires, propose, négocie, obtient des retraits décisifs.

Soutenez la défense de votre profession. Soutenez votre syndicat. Cotisez au SNC dès aujourd’hui.


Adhérez au SNC

© Depositphotos – lenecnikol




Dépassements d’honoraires : l’alerte du HCAAM


Nathalie Zenou


Retour à la newsletter

Le HCAAM constate la progression du secteur 2. Pour la cardiologie, il représente 28 % des praticiens, dont deux tiers adhèrent à l’OPTAM.

Dépassements d’honoraires et effets économiques

Les dépassements d’honoraires des médecins spécialistes libéraux atteignent 4,3 milliards d’euros en 2024. L’OPTAM (Option de pratique tarifaire maîtrisée) vise à ralentir ces dépassements mais nombre d’adhérents ne respectent pas pleinement leurs engagements ce qui limite l’efficacité du dispositif.

Impact sur les patients et les inégalités d’accès

L’accès à la médecine spécialisée de ville est très inégal selon les territoires et les spécialités. En cardiologie, où la présence du secteur 1 reste significative, l’accessibilité financière demeure meilleure que dans d’autres disciplines mais elle tend à se dégrader avec l’expansion du secteur 2.

Les simulations du rapport illustrent les conséquences directes pour les patients : une consultation à 63 € en secteur 2 OPTAM entraîne un reste à charge de 17,75 €, contre 35,10 € en secteur 2 non OPTAM, et 2 € seulement en secteur 1. Cette différence double presque la dépense pour le patient selon l’adhésion du praticien au dispositif.

Tendances et enjeux pour la cardiologie

La cardiologie libérale se distingue par une modération relative des dépassements (environ 20 %) et une forte adhésion à l’OPTAM. Néanmoins, l’augmentation progressive du nombre de cardiologues en secteur 2 et la pression économique sur l’offre à tarif opposable font craindre une érosion de l’accessibilité pour les patients à revenu moyen.

Conclusion

Le rapport conclut sur le risque d’un déséquilibre systémique : le développement du secteur 2, malgré l’OPTAM, tend à banaliser les dépassements et à remettre en question les principes d’accessibilité et d’équité du système de santé. Sans réformes structurelles (révision des incitations, encadrement plus strict, revalorisation du secteur 1), la médecine spécialisée libérale, y compris la cardiologie, pourrait voir se creuser la fracture entre patients solvables et reste de la population.


Lire le rapport

© Depositphotos – Pressmaster




Dépassements d’honoraires : La recette des députés pour les contrer


Nathalie Zenou


Retour à la newsletter

Dans un contexte d’accroissement des dépassements d’honoraires, deux députés publient dix propositions pour restructurer la médecine libérale.

Le rapport de Yannick Monnet (PCF – 1ère circonscription de l’Allier) et Jean-François Rousset (Renaissance – 3e circonscription de l’Aveyron) rejoint le diagnostic dressé par celui de l’HCAAM : les dépassements d’honoraires en France atteignent 4,5 milliards d’euros en 2024, avec une augmentation structurelle (+7%/an depuis 2021).

Cette hausse résulte principalement de l’accroissement des installations en secteur 2 : 75% des primo-installations se font désormais en secteur 2, contre 64% en 2000. Pour les spécialistes, la part du secteur 2 est passée de 37% en 2000 à 56% en 2024.

Quatre spécialités concentrent 2/3 des dépassements : chirurgie (1 Md€), ophtalmologie (749 M€), anesthésie (546 M€) et radiologie (497 M€). Les dépassements représentent en moyenne 21% des honoraires totaux des médecins de secteur 2, mais avec de fortes disparités selon les spécialités.

S’agissant de la cardiologie, 71% des cardiologues sont conventionnés en secteur 1, 16% en secteur 2 avec OPTAM et 10% en secteur 2 sans OPTAM. Cette spécialité reste donc majoritairement en secteur 1, contrairement à d’autres spécialités comme la chirurgie ou l’ophtalmologie.

L’OPTAM : un dispositif utile mais à l’efficacité limitée

L’OPTAM (Option Pratique Tarifaire Maîtrisée) impose un taux de dépassement maximal de 100% et exige le respect d’un taux d’activité à tarif opposable personnalisé. En contrepartie, les médecins bénéficient d’une prime, d’une meilleure base de remboursement pour les patients et d’un dispositif de partage des gains lors des revalorisations tarifaires.

Près d’un médecin en secteur 2 sur deux a adhéré à l’OPTAM, ce qui a permis dans un premier temps de faire baisser les taux de dépassement et d’augmenter l’activité à tarif opposable (passée de 37,5% en 2016 à 43,4% en 2020). Cependant, le dispositif perd en efficacité depuis 2020, avec une ré-augmentation des taux de dépassement et une baisse de l’activité opposable.

Le dispositif présente plusieurs limites : il est coûteux (335 M€ en 2019 pour éviter seulement 288 M€ de dépassements), complexe dans son calcul, et peut paradoxalement favoriser le passage du secteur 1 au secteur 2 dans certaines spécialités.

Propositions principales

Le rapport propose dix recommandations dont un socle de mesures structurantes pour la médecine libérale :

  1. Rendre l’OPTAM obligatoire pour toute nouvelle inscription en secteur 2 et le réformer : instaurer un parcours progressif sur 10 ans avec 50% d’activité opposable minimum les 5 premières années ; transformer l’OPTAM en contrat de 5 ans renouvelable par l’ARS ; intégrer le taux de dépassement dans le calcul de la prime ; supprimer le partage de gains.
  2. Finaliser la révision de la CCAM (Classification Commune des Actes Médicaux) qui n’a pas été actualisée depuis 2005, puis traduire rapidement les nouveaux tarifs dans la convention, si nécessaire par voie réglementaire en cas d’échec de la négociation.
  3. Appliquer effectivement les sanctions en cas de dépassement excessif via une campagne annuelle de contrôle.
  4. Mesures ciblées : forfaitiser ou interdire les dépassements pour les actes répétés dans le cadre de pathologies chroniques et pour les actes de prévention ; conclure des accords avec les 4 spécialités principales pour supprimer les dépassements sur les actes les plus importants (notamment cancers).

Une autre mesure préconisée : ne plus rembourser les prescriptions faites en secteur 3. Ainsi, le libre choix du médecin s’accompagnerait potentiellement pour le patient d’une disparition du principe d’égalité entre les citoyens …

L’objectif global est de plafonner les dépassements tout en maintenant une forme de liberté tarifaire, dans une logique pragmatique mobilisant tous les acteurs du système de santé.

 


Lire le rapport

© Fotolia




Améliorer la recherche en cardiologie libérale : le pari entrepreneur


Nathalie Zenou


Retour à la newsletter

Mieux représenter les parcours de soins en ville et rapprocher la recherche clinique du quotidien des patients, c’est l’objectif du partenariat conclu entre Stane et l’UFCV/FormatCœur avec le soutien du Syndicat National des Cardiologues (SNC). Mehdi Djelamani, président de Stane, vous en dit plus sur ce partenariat innovant
  • Vous venez d’annoncer un partenariat grâce auquel est lancée la première cohorte de recherche en cardiologie libérale. Pourquoi cette démarche ?

Parce que la recherche clinique ne doit pas être réservée à l’hôpital. La majorité des patients en cardiologie sont suivis en ville, et il était essentiel de créer un cadre qui leur permette de participer à des projets de recherche. C’est aussi une façon de valoriser l’expertise des cardiologues libéraux et de leur donner les moyens d’avoir un impact direct sur la médecine de demain.

  • Combien de patients sont potentiellement concernés par cette étude ?

Nous visons plusieurs milliers de patients. L’ambition est de constituer une cohorte suffisamment large et représentative pour que les résultats soient robustes et utiles à l’ensemble de la communauté médicale, aux institutions de recherche publique et à l’écosystème industriel.

  • Combien de cardiologues libéraux pourraient participer ? Quelles sont vos attentes / estimations ?

En pratique, plusieurs centaines dès la première année. Mais le potentiel est bien plus important : la France compte près de 4 000 cardiologues libéraux et mixtes (chiffres CNOM 2023). L’idée est de construire progressivement, aux côtés du syndicat, un réseau solide et actif.

  • Quels seront les sujets des études menées grâce à cette cohorte ?

Les thèmes prioritaires concernent l’insuffisance cardiaque, l’hypertension artérielle et les parcours de prévention cardiovasculaire. Mais la force de cette cohorte, c’est aussi de pouvoir répondre rapidement à de nouvelles questions de recherche, en lien avec les besoins du terrain, et ce dans des délais extrêmement courts.

  • Quand disposerez-vous des résultats ?

Les premières analyses seront disponibles dès 2026. Mais l’intérêt d’une cohorte, c’est de générer de la donnée en continu, avec des résultats exploitables à court, moyen et long terme. Autrement dit : en permanence.

  • Avez-vous reçu un soutien des pouvoirs publics pour ce partenariat innovant ?

Nous avons des échanges constructifs avec les institutions, mais cette initiative est d’abord née de la volonté des praticiens libéraux, portée par leur syndicat. Cela montre que l’innovation peut aussi venir du terrain, et pas uniquement d’un cadre institutionnel.

  • Pourrez-vous faire des études incluant un suivi ville-hôpital lorsque les patients sont suivis à la fois à l’hôpital et en ville ?

Oui, c’est même une de nos priorités. Beaucoup de patients naviguent entre l’hôpital et le cabinet libéral : il est donc essentiel d’avoir une vision globale et continue de leur parcours.

  • Quelles sont les réactions des associations de patients à ce stade ?

Très positives. Elles voient dans cette démarche une opportunité de rendre la recherche plus accessible, plus proche de leur quotidien. Pour elles, c’est aussi une reconnaissance : leur suivi en ville est aussi précieux que celui réalisé à l’hôpital.

  • Associerez-vous les données issues du suivi par d’autres professionnels de santé libéraux, par exemple les IPA ?

Absolument. Le suivi des patients est pluridisciplinaire, et l’apport des IPA, des infirmiers, mais aussi des généralistes, d’autres spécialistes ou encore des pharmaciens est précieux. L’objectif est d’intégrer ces données dans un cadre rigoureux, afin de refléter la réalité de la prise en charge.

  • Quelles sont les prochaines étapes ?

D’abord consolider la première vague, puis élargir rapidement le nombre de praticiens impliqués. Nous travaillons aussi en continu à l’amélioration de nos outils numériques (staneResearch & staneEDS) pour faciliter la participation des cardiologues et la remontée de données. Enfin, nous souhaitons étendre progressivement le modèle à d’autres spécialités.

© Depositphotos – SergeyNivens




Cap sur Bordeaux pour le Congrès national du CNCF 2025


Nathalie Zenou


Retour à la newsletter

Le Congrès national du Collège National des Cardiologues Français (CNCF) se tient cette année à Bordeaux du 23 au 25 octobre 2025. Un rendez-vous attendu, placé sous le signe de la formation, de la convivialité et de la complémentarité entre les deux grandes institutions de la cardiologie libérale française : le CNCF et le SNC.

1) Le congrès annuel du CNCF se tiendra cette année à Bordeaux. Pouvez-vous nous en dire plus ?

François Diévart (Président du CNCF) : Le congrès annuel du CNCF est la grande manifestation de la pratique cardiologique. Nous serons accueillis par l’Amicale des cardiologues de Bordeaux-Aquitaine (ACBA), présidée par Éric Parrens, également membre des conseils d’administration du SNC et du CNCF. Cette édition illustre la synergie entre nos structures nationales et régionales, unies au service des cardiologues et de leurs patients.

2) Quels seront les temps forts du programme cette année ?

F. D. : Pendant deux jours et demi, les participants pourront actualiser leurs connaissances à travers un programme pratique et accessible, fidèle à l’esprit du CNCF depuis sa création en 1988. Grâce à Dominique Guedj et Serge Assouline, nous proposons cinq sessions DPC* et deux FAF**, ces dernières dédiées à l’intelligence artificielle. De nombreux experts nationaux viendront partager les dernières avancées scientifiques et pratiques de la cardiologie.

3) Une session commune CNCF-SNC est prévue. Quelle en sera la thématique ?

Vincent Pradeau (Président du SNC) Comme chaque année, une session commune CNCF–SNC est organisée. Elle aura lieu le vendredi 24 octobre, de 14h15 à 15h15, sur le thème « Les défis socio-professionnels du cardiologue en 2025 ». Un sujet pleinement d’actualité, que le SNC s’attache à analyser et anticiper. Cette session, modérée par Marc Villacèque et moi-même, comprendra trois interventions :
• Le cardiologue et la coordination des soins, par Karine Mear (Lorient)
• Le cardiologue et son entreprise, par Jérémy Descoux (Perpignan)
• Le cardiologue et la formation, par Clément Bècle (Lyon)
Nous aborderons les nouveaux équilibres entre exercice libéral, organisation des soins, et formation continue, trois piliers essentiels de notre avenir professionnel.

4) En quoi ce congrès est-il une étape importante pour la communauté cardiologique ?

F. D. : Au-delà de la formation, ce congrès est un moment fort de convivialité et d’unité. J’invite tous les cardiologues à nous rejoindre à Bordeaux pour partager ces instants d’échanges et d’amitié professionnelle.
V. P. : C’est aussi le reflet d’une profession solidaire, consciente des défis à venir et résolument tournée vers l’excellence et l’innovation.

Congrès national du CNCF – Bordeaux, du 23 au 25 octobre 2025

Consultez le programme

Organisé à l’invitation de l’Amicale des Cardiologues de Bordeaux-Aquitaine (ACBA)

(1) DPC : Développement Professionnel Continu

(2) FAF : Fonds d’Assurance Formation




Améliorer la recherche en cardiologie libérale : un partenariat innovant


Nathalie Zenou


Retour à la newsletter

Mieux représenter les parcours de soins en ville et rapprocher la recherche clinique du quotidien des patients, c’est l’objectif du partenariat conclu entre l’UFCV/FormatCoeur et la société à mission Stane avec le soutien du Syndicat National des Cardiologues (SNC). Pour en savoir plus, CardioHebdo a interrogé Thierry Garban, secrétaire général du SNC, et Benoît Lequeux, président de la Commission numérique du SNC.

CardioHebdo : Vous venez d’annoncer un partenariat grâce auquel est lancée la première cohorte de recherche en cardiologie libérale. Pourquoi cette démarche ?

Thierry Garban : Nous voulons rapprocher la recherche de la « vraie vie ». Intégrer les données de ville, c’est obtenir une vision longitudinale du parcours patient et positionner la France à l’avant-garde de la recherche clinique en ville. C’est aussi offrir aux cardiologues libéraux un dispositif simple, sécurisé, avec accès à des études indemnisées et un accompagnement dédié.

Benoît Lequeux : Cette démarche vise à combler un vide majeur dans la recherche clinique française : l’absence de données représentatives issues des soins de ville. Alors que 80 % du parcours de soins se déroule en ville, la recherche clinique s’appuie encore principalement sur les données hospitalières.
L’objectif est donc d’intégrer les données des cabinets libéraux dans les études cliniques afin de représenter plus fidèlement la réalité des parcours de soins, de renforcer l’innovation thérapeutique et de positionner la France en leader de la recherche clinique « du quotidien » par l’apport de la cardiologie libérale.

Combien de patients sont potentiellement concernés par cette étude ?

B. L. : Le nombre de patients concernés sera très important. Étant donné qu’il s’agit d’une cohorte nationale portée par de nombreux cardiologues, chacun suivant un volume significatif de patients chaque année, cela représentera à terme plusieurs dizaines voire centaines de milliers de patients.

T. G. : Il est trop tôt pour donner une estimation précise. Mais la logique est bien celle d’un projet national, qui doit à terme toucher un très large échantillon représentatif de patients suivis en ville.

Combien de cardiologues libéraux pourraient participer ? Quelles sont vos attentes ?

B. L. : Nous espérons rassembler la majorité des cardiologues libéraux, en lien avec les sociétés savantes. L’objectif est de permettre une adhésion facile et progressive grâce à un dispositif transparent, sécurisé, et intégré dans la pratique quotidienne. C’est une belle opportunité pour chacun d’entre nous.

Quels seront les sujets des études menées grâce à cette cohorte ?

TG : Toutes les thématiques de la cardiologie sont concernées. Le registre a vocation à devenir une ressource collective de référence pour la recherche clinique.

B. L. : BL : Plus précisément, deux types d’études sont prévues : observationnelles, à partir de données secondaires issues du soin courant, et interventionnelles, permettant d’accéder à de nouvelles thérapeutiques. Les thématiques iront de l’épidémiologie des maladies cardiovasculaires en soins de ville, à l’évaluation des innovations thérapeutiques en pratique réelle, jusqu’au suivi longitudinal des patients atteints d’HTA, d’insuffisance cardiaque, de coronaropathies, de valvulopathies ou d’arythmies.

Quand disposerez-vous des premiers résultats ?

TG : Les résultats seront communiqués progressivement aux cardiologues participants, selon la durée des protocoles. Certains pourront donner lieu à des publications scientifiques.

B. L. : La nature longitudinale de la cohorte implique une collecte continue, avec des résultats diffusés au fur et à mesure. Les études observationnelles, sur données déjà existantes, pourraient fournir des résultats assez rapidement.

Avez-vous reçu un soutien des pouvoirs publics pour ce partenariat innovant ?

B. L. : Il n’y a pas de soutien financier direct. Toutefois, le projet s’inscrit pleinement dans une logique de santé publique et d’innovation souveraine. Il pourrait donc ouvrir la voie à des partenariats futurs avec les agences de santé (DGOS, HAS, ANSM) ou les collectivités.

Pourrez-vous mener des études incluant un suivi ville-hôpital ?

B. L. : Oui, c’est l’une des ambitions. Grâce à l’entrepôt de données certifié staneEDS, conçu pour l’interopérabilité, nous pourrons croiser les données hospitalières et ambulatoires libérales, et ainsi obtenir une vision intégrée du parcours patient.

Quelles sont les réactions des associations de patients à ce stade ?

T. G. : Elles n’ont pas encore été consultées, mais cela viendra dans les prochaines étapes.

B. L. : Et dans tous les cas, les études se feront dans le strict respect de la réglementation, avec accord éclairé des patients et confidentialité totale. Les associations seront naturellement impliquées car elles jouent un rôle clé dans le système de soins.

Comment garantissez-vous la sécurité et la confidentialité des données ?

T. G. : Le SNC a exigé que les données soient protégées par un cadre réglementaire clair et éthique, garantissant la confidentialité des patients comme des praticiens.

B. L. : Toutes les données seront hébergées dans l’entrepôt certifié staneEDS, conforme aux standards CNIL et HDS. La sécurité et la transparence sont des piliers du projet.

Qu’apporte ce projet spécifiquement aux cardiologues libéraux ?

T. G. : C’est une manière de donner aux cardiologues le « déclic de la recherche » : simple, utile et bénéfique pour leurs patients.

B. L. : Oui, ils pourront contribuer à la recherche à partir de leur pratique quotidienne, accéder à des études indemnisées et pertinentes, et proposer à leurs patients un accès direct aux innovations thérapeutiques.

Quels bénéfices concrets pour les patients ?

B. L. : Ils pourront bénéficier d’un suivi plus proche de la réalité de leurs parcours, et d’un accès anticipé aux innovations thérapeutiques.

T. G. : Le projet leur garantit une prise en charge plus représentative et personnalisée, et ouvre la voie à une meilleure qualité des soins sur tout le territoire.

Quelle ambition à long terme portez-vous avec ce registre ?

B. L. : Positionner la France comme leader de la recherche clinique « de ville », avec un outil souverain, sécurisé et collaboratif.

T. G. : Faire en sorte que la recherche clinique française ne se limite plus aux hôpitaux, mais s’appuie aussi sur la richesse des données de ville, au service de l’innovation et de l’attractivité médicale de notre pays.

Cette cohorte nationale marque une étape décisive pour la recherche en cardiologie libérale : intégrer les données issues des cabinets de ville, renforcer le rôle des cardiologues libéraux dans l’innovation et garantir aux patients un accès plus rapide aux dernières avancées. Un projet pensé pour être simple, sécurisé et bénéfique à tous les acteurs du soin.

Vous êtes intéressés pour améliorer la recherche médicale avec le soutien du Syndicat national des cardiologues, envoyez-nous vos coordonnées à l’email de contact ci-dessous et nous vous contacterons dans les plus brefs délais.

Recherche clinique :
un nouveau souffle pour la cardiologie de ville

Mercredi 15 octobre 2025. 20h00-21h00 – 1h00

Experts : Vincent Pradeau, Yves-Michel Flores et Mehdi Djelamani

La recherche clinique arrive dans vos cabinets

L’UFCV/FormatCœur, le Syndicat National des Cardiologues et Stane lancent la première cohorte nationale de recherche en cardiologie libérale.

Au programme

  • Comprenez les enjeux et bénéfices du partenariat,
  • Prenez le contrôle sur les données,
  • Valorisez votre expertise de cardiologue,
  • Offrez à vos patients l’accès aux dernières innovations.

Ne manquez pas ce rendez-vous pour découvrir comment participer à ce projet inédit et façonner l’avenir de la recherche cardiologique en France.


Inscrivez-vous au webinaire

© Depositphotos©motortion




La Cour des comptes se penche sur le bon usage des produits de santé


Nathalie Zenou


Retour à la newsletter

Le rapport de la Cour sur le « bon usage des produits de santé » analyse la conformité des pratiques aux recommandations sanitaires et leur efficience afin de s’assurer du bon usage des fonds publics.

Les produits de santé englobent les médicaments et les dispositifs médicaux à usage individuel. Au-delà du gaspillage, le rapport de la Cour des comptes (Cc) souligne que leur bon usage représente un enjeu majeur qui n’est pas uniquement sanitaire et financier.

  • Enjeux sanitaires : un mauvais usage des médicaments et dispositifs médicaux peut entraîner des effets indésirables, parfois graves, voire mortels.
  • Enjeux financiers : les dépenses de l’assurance maladie pour les produits de santé ont atteint 36,05 milliards d’euros en 2023 (+ 12 % par rapport à 2019). La valeur financière des médicaments non utilisés et jetés en ville est évaluée entre 561 millions et 1,735 milliard d’euros par an.
  • Enjeux environnementaux : le secteur de la santé représente 8 à 10 % des émissions totales de gaz à effet de serre en France. La présence de résidus médicamenteux dans les eaux est généralisée et pourrait entraîner une augmentation des coûts de traitement des eaux usées à l’avenir.
  • Enjeux logistiques : les chaînes d’approvisionnement connaissent des tensions, voire des pénuries, depuis avant même la crise de la COVID-19. En 2023, l’ANSM a recensé près de 5 000 ruptures de stock ou de tensions.

Des recommandations pour agir à plusieurs niveaux

Les modalités de prescription et de dispensation

Le rapport insiste sur la nécessité de mieux connaître et maîtriser les modalités de prescription et de dispensation. La Cc recommande de communiquer régulièrement aux établissements de santé des informations sur les pratiques de leurs professionnels et d’intégrer les données de médicaments délivrés dans le dossier médical partagé des patients. De plus, elle propose d’améliorer la connaissance des produits jetés en réalisant des études sur les déchets en ville et en centralisant les informations dans les établissements de santé.

Agir auprès des différents acteurs

  • Pour les prescripteurs et les pharmaciens : La Cc recommande à la Cnam d’élargir ses dispositifs d’accompagnement de la prescription à d’autres médicaments présentant un risque de mésusage. Le rôle des pharmaciens d’officine doit également être renforcé, notamment via la substitution des médicaments génériques et la réalisation de tests (comme ceux pour l’angine) afin d’éviter les prescriptions inutiles.
  • Pour les industriels : Des actions doivent les inciter à adapter les conditionnements et à optimiser les dates de péremption des produits de santé. La Cc suggère d’inclure ces questions dans les négociations sur la tarification des médicaments.

Travailler sur le long-terme

Enfin, le rapport explore des pistes plus durables, notamment la re-dispensation des médicaments non utilisés, en particulier les plus coûteux. Il recommande également d’élargir les possibilités de réutilisation des dispositifs médicaux après leur remise en état ou leur retraitement.

 

© DR




Prévenir l’hypertension artérielle : un enjeu majeur de santé publique


Nathalie Zenou


Retour à la newsletter

Le rapport 2025 de l’Assurance-maladie, orienté vers la soutenabilité du système, fait de la prévention de l’HTA une priorité nationale.

L’HTA représente un coût direct et indirect important pour le système de santé. Fréquemment asymptomatique, elle est un facteur de risque majeur pour les maladies cardiovasculaires et est responsable d’une large part des infarctus, AVC et atteintes rénales. Or les pathologies chroniques représentent aujourd’hui plus de 70 % de la progression des dépenses de santé, en grande partie du fait du vieillissement de la population, mais aussi d’une prévention encore trop insuffisante.

Faire de la prévention une priorité décennale

L’Assurance-maladie propose de faire de la prévention une grande cause nationale. Cela implique une mobilisation large pour promouvoir une culture du dépistage et de la gestion proactive des facteurs de risque, dont l’HTA.

Plusieurs axes sont mis en avant : un dépistage renforcé, une approche personnalisée, une politique nutritionnelle ambitieuse et la lutte contre les produits nocifs via une fiscalité incitative (nouvelle taxation des produits nocifs).

L’accompagnement des personnes à risque

L’Assurance-maladie recommande également de sécuriser le parcours de prévention des personnes atteintes d’HTA ou à haut risque cardiovasculaire. Cela passe par l’éducation thérapeutique du patient, le recours à la télésurveillance pour les patients non stabilisés et la promotion de l’activité physique adaptée (APA), notamment pour les personnes âgées ou en situation de précarité.

Enfin, le rapport suggère de rémunérer les établissements de santé selon leur implication dans le suivi et la stabilisation des patients chroniques, incluant ceux souffrant d’hypertension.

Vers une santé publique préventive et équitable
La lutte contre l’HTA illustre la transition en cours vers une médecine plus préventive, plus personnalisée et plus soutenable économiquement. En agissant en amont, en réduisant les inégalités d’accès à la prévention et en responsabilisant les différents acteurs, l’Assurance Maladie espère réduire les complications liées à l’HTA, améliorer la qualité de vie des patients et limiter les dépenses évitables à long terme.
Le cardiologue de ville joue évidemment un rôle central dans ce dispositif, tant sur le plan du dépistage que de la prévention secondaire et du suivi au long cours.

© Dmyrto_Z – Depositphotos




Cnam 2026 : prévention et qualité des parcours plutôt que tout curatif


Nathalie Zenou


Retour à la newsletter

L’Assurance-maladie alerte sur un déficit structurel croissant, estimé à 16 milliards d’euros en 2025 et potentiellement 41 milliards en 2030. Pour y faire face, elle présente 60 propositions organisées autour de trois axes : renforcer la prévention, améliorer la coordination des soins et promouvoir le « juste soin au juste coût ».

Le vieillissement de la population et la progression des maladies chroniques augmentent fortement les dépenses, en particulier celles liées aux affections de longue durée (ALD). L’Assurance-maladie propose de généraliser des actions de prévention (dépistages, vaccination, nutrition), de mieux structurer les parcours de soins avec davantage de coordination et d’optimiser les prises en charge financières.
Elle insiste également sur la nécessité de mieux réguler les prix des médicaments, développer les génériques, contenir les indemnités journalières et lutter contre la fraude. Des économies de 3,9 milliards d’euros sont visées dès 2026, avec un objectif cumulé de 22,5 milliards d’ici 2030.

Les maladies cardiovasculaires dans le rapport charges et produits

La progression des maladies chroniques est identifiée comme le moteur principal de l’augmentation des dépenses. En 2035, 43 % de la population pourrait être atteinte d’une pathologie chronique. Les patients en Affections de Longue Durée (ALD) – incluant les maladies cardiovasculaires (MCV), l’hypertension artérielle (HTA), le diabète ou l’insuffisance rénale – représenteront 18 millions de personnes, contre 14,1 millions en 2023. Ces patients coûtent en moyenne 9 560 € par an, soit huit fois plus qu’un patient hors ALD. Les MCV sont dont particulièrement visées par le rapport.

Axe 1 – Prévention : endiguer les maladies cardiovasculaires

L’Assurance-maladie fait de la prévention cardiovasculaire une priorité nationale. Parmi les mesures phares :

  • Généralisation du dépistage de l’hypertension artérielle, notamment en pharmacie, avec une campagne inspirée du programme britannique Know Your Numbers. L’HTA est une pathologie silencieuse et un facteur de risque central pour les MCV, le diabète, la BPCO et la maladie rénale chronique.
  • Création d’un tableau de bord personnalisé dans Mon espace santé : il intégrera le suivi des facteurs de risque cardiovasculaire (dépistage HTA, cholestérol, suivi du diabète, MRC).
  • Promotion du Nutri-Score et révision de la fiscalité sur les produits nocifs pour la santé.

Axe 2 – Repenser les parcours de soins et la prise en charge des maladies chroniques

L’Assurance-maladie entend restructurer les parcours de soins pour les patients à risque ou atteints de maladies cardiovasculaires :

  • Coordination renforcée entre ville, hôpital et médico-social, avec l’appui de nouvelles infirmières de coordination, chargées du suivi des patients chroniques (dont MCVA), de leur télésurveillance, et de l’éducation thérapeutique.
  • Création d’un nouveau statut pour les patients à « risque chronique », ciblant notamment les cas d’HTA, d’obésité, de risque cardiovasculaire ou de diabète non compliqué. Il permettra un parcours de prévention renforcé avant l’entrée dans le régime ALD.
  • Révision de la prise en charge ALD : sortie possible du dispositif en cas de rémission (HTA bien contrôlée, par exemple), avec possibilité de réintégration en cas de rechute.

Cette gestion différenciée vise à réserver la prise en charge à 100 % aux cas les plus graves ou complexes, tout en proposant une prévention adaptée aux situations à risque.

Axe 3 – Juste soin au juste coût

Révision du remboursement des soins ou médicaments à faible efficacité prouvée, développement des génériques et biosimilaires pour les traitements des pathologies chroniques cardiovasculaires et lutte contre les pratiques médicales non pertinentes concerneraient toutes les pathologies.

Objectif global : prévenir l’aggravation du risque cardiovasculaire

La dynamique actuelle des pathologies cardiovasculaires appelle une mobilisation nationale.

Les mesures proposées visent à :

  • Freiner la progression de l’HTA, du diabète et de l’obésité, en agissant tôt et de manière coordonnée.
  • Alléger le poids économique des MCV sur l’Assurance-maladie, en améliorant la pertinence, la prévention et la coordination.
  • Mieux répartir les ressources pour garantir un système équitable, durable et accessible.

Ce rapport engage un changement de paradigme, où la prévention et la qualité des parcours remplacent la logique du tout curatif, particulièrement dans le champ cardiovasculaire, aujourd’hui au centre des enjeux de santé publique et de soutenabilité financière.

 

Consultez le dossier

Les 60 propositions de l’Assurance-maladie

© JPC-PROD-Fotolia




La loi Dubré-Chirat, acte de naissance de l’infirmier du XIXe siècle


Nathalie Zenou


Retour à la newsletter

Adoptée par l’Assemblée nationale et par le Sénat, la proposition de loi redéfinissant le métier d’infirmier bénéficie d’une procédure accélérée. Le texte redéfinit les rôles, élargit les compétences et place les infirmiers au cœur d’un système de santé en mutation.

Il est loin le temps où l’on pouvait encore associer infirmières et cornettes. Depuis la création du diplôme d’Infirmières de l’Etat français en 1920, le métier n’a cessé d’évoluer.

Il fait aujourd’hui l’objet d’une réforme en profondeur par le législateur pour faire face aux besoins croissants du système de santé français, à la montée des maladies chroniques, au vieillissement de la population et à la pression hospitalière.

L’objectif de la proposition de loi adoptée par l’Assemblée nationale et le Sénat est d’adapter les missions des infirmiers aux réalités actuelles, de valoriser leurs compétences et de renforcer leur autonomie dans le parcours de soins.

Une reconnaissance des compétences élargie

Au cœur de la réforme, la reconnaissance des compétences infirmières marque un tournant. Les infirmiers voient leur rôle s’élargir bien au-delà de l’exécution des prescriptions médicales. Le nouveau texte consacre leur place dans la prévention, le suivi des pathologies chroniques, l’éducation thérapeutique et la coordination des soins.

Ils sont désormais appelés à jouer un rôle central dans l’accompagnement des patients sur le long terme, notamment en ville. Une avancée qui répond aux aspirations de nombreux professionnels souhaitant voir leur expertise mieux prise en compte.

Une nouvelle organisation des actes
L’un des changements majeurs réside dans la restructuration des actes infirmiers, désormais classés selon trois niveaux : actes réalisés de manière autonome, actes en coopération avec d’autres professionnels et actes sur prescription médicale.

Cette classification vise à clarifier les responsabilités de chacun et à fluidifier les relations interprofessionnelles. Elle offre également un cadre plus lisible, tant pour les soignants que pour les patients.

De nouveaux champs d’expertise intégrés

La réforme officialise des domaines jusqu’ici peu reconnus juridiquement, mais déjà largement investis par les infirmiers. C’est notamment le cas de la télésanté, du rôle en santé mentale et des missions de coordination en structures médico-sociales ou à domicile.

Ces évolutions traduisent une volonté claire : adapter la profession aux nouveaux outils et aux nouvelles attentes du système de santé.

Une formation repensée

Pour accompagner ces changements, le contenu de la formation initiale et de la formation continue a été revu. L’accent est mis sur les compétences cliniques avancées, la prise de décision autonome et le travail en équipe pluridisciplinaire.

L’objectif est de mieux préparer les futurs infirmiers aux responsabilités élargies qu’ils auront à assumer sur le terrain.

Une revalorisation du métier

Avec cette réforme, le gouvernement entend revaloriser le métier infirmier, tant sur le plan symbolique que fonctionnel. Ce nouveau cadre juridique témoigne d’un changement de regard sur une profession longtemps perçue comme secondaire dans l’architecture des soins.

Il s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation du système de santé, misant sur la proximité, la prévention et la coopération interprofessionnelle.

Consultez le dossier législatif :

Assemblée nationale – profession infirmier(e)

© Andrew Gentry – Fotolia




Sécurité sociale : la fin du système ?


Nathalie Zenou


Retour à la newsletter

Le dernier rapport de la Cour des comptes dresse un constat alarmant sur les finances sociales : sans réformes vigoureuses et rapides, la sécurité sociale française s’expose à une spirale déficitaire mettant en péril le financement de ses missions fondamentales.

La sécurité sociale comprend 6 branches :  maladie (maladie, maternité, invalidité, décès) ; famille (dont handicap et logement…) ; accidents du travail et maladies professionnelles ; retraite (vieillesse et veuvage) ; autonomie ; cotisations et recouvrement.

En 2024, le déficit des régimes obligatoires de base et du fonds de solidarité vieillesse a atteint 15,3 milliards d’euros, bien au-delà des prévisions. En cause : une surestimation des recettes, notamment de TVA et de cotisations, couplée à une croissance des dépenses d’assurance maladie non maîtrisée. À l’horizon 2028, le déficit pourrait grimper à 24 milliards, tandis que la dette sociale, désormais non prise en charge par la caisse d’amortissement, exploserait à 113 milliards d’euros.

Le régime vieillesse face au papyboom

Dans un précédent rapport publié en février 2025, la cour des comptes constatait déjà que sans modifications, le déficit du système de retraite atteindra près de 15 milliards d’euros en 2035, puis autour de 30 milliards d’euros en 2045.

Un Ondam dérapant et mal piloté

L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) avait également fait l’objet d’un rapport publié en avril. Son déficit, fixé à 256 milliards d’euros pour 2024, a été dépassé de 1,3 milliard. Contrairement aux années précédentes, ce dépassement n’est pas attribuable à des crises exceptionnelles. Il résulte de faibles remises sur les médicaments et d’une progression continue des dépenses de soins de ville. La Cour alerte sur un manque de régulation efficace et appelle à un effort inédit d’économies (5,2 Md€ dès 2025) pour enrayer cette dérive.

Des allègements de charges mal maîtrisés

Les exonérations de cotisations sociales, destinées à réduire le coût du travail, représentent un poids croissant. Leur pilotage reste insuffisant, et leur compensation par l’État est jugée défavorable pour la sécurité sociale. La Cour recommande une réforme en profondeur du dispositif, incluant un ajustement des plafonds d’éligibilité et une meilleure régulation.

Des réformes urgentes dans plusieurs secteurs

Le rapport cible également plusieurs postes de dépenses problématiques. L’intérim paramédical, en plein essor dans les hôpitaux, coûte cher et désorganise les équipes. Des mesures de plafonnement des rémunérations sont proposées, ainsi que la suppression du statut d’auto-entrepreneur dans les établissements de santé.
De même, le personnel non soignant, indispensable mais difficilement quantifiable en termes d’efficience, appelle à un meilleur pilotage et à une modernisation des fonctions support. La gestion du stock stratégique de masques, amorcée depuis la crise sanitaire, reste incomplète et nécessite une doctrine claire et des outils de rotation adaptés.

Cumul emploi-retraite, fraude à l’étranger et pensions d’invalidité : des dispositifs à recadrer

Le cumul emploi-retraite, en forte progression, est jugé coûteux et incohérent. La Cour préconise un encadrement plus strict et une simplification des règles. La fraude aux retraites versées à l’étranger, concentrée sur quelques pays, demeure mal évaluée. Une meilleure coopération internationale et des contrôles renforcés sont nécessaires.
La gestion des indus (sommes versées à tort) est encore trop lacunaire, tant dans leur détection que dans leur recouvrement. Un effort de modernisation des outils de suivi et d’harmonisation des pratiques est indispensable.

Des services publics financés à améliorer

La dernière partie du rapport aborde la qualité de services comme la branche autonomie, les pharmacies d’officine ou encore le service public des pensions alimentaires. Face au vieillissement de la population, la CNSA doit mieux planifier ses actions. Le modèle économique des pharmacies doit être ajusté pour préserver leur indépendance et renforcer leur rôle en matière de santé publique.
Quant au service public des pensions alimentaires, généralisé depuis 2017, il souffre d’un pilotage insuffisant et d’une qualité de service encore perfectible.

Un appel à la réforme structurelle

Le rapport invite le gouvernement et le Parlement à reprendre la main sur les grands équilibres et à adopter des mesures structurelles pour garantir la soutenabilité du système. Nul doute que les Français devront participer à cet effort, à titre personnel et professionnel.

Lire les rapports de la cour des comptes (au format pdf) :


sur le Sécurité sociale


sur l’Ondam


sur le régime des retraites

© Peshkova – DepositPhotos




Des compétences élargies pour les infirmier-es en pratique avancée



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou

Un arrêté ministériel renforce l’autonomie des IPA en matière de prescriptions médicales.

Publié au Journal officiel du 30 avril, l’arrêté du 25 avril modifie profondément l’arrêté du 18 juillet 2018 encadrant l’exercice infirmier en pratique avancée (IPA). Il élargit en effet les listes de produits de santé et de prestations que les IPA sont autorisés à prescrire.

Nouvelles annexes et clarification des compétences

Une nouvelle annexe fixe ainsi une liste commune de prescriptions accessibles à tous les IPA, incluant antalgiques, antibiotiques ciblés, dispositifs médicaux et examens de dépistage. Une seconde définit des prescriptions spécifiques à chaque domaine d’intervention : pathologies chroniques, oncologie, néphrologie, psychiatrie, santé mentale et urgences.

Simplifications rédactionnelles et évolutions techniques

Le texte apporte également des ajustements rédactionnels dans les annexes déjà existantes pour clarifier les actes autorisés. Par exemple, la mention « pour les pathologies dont il assure le suivi » est supprimée pour éviter toute ambiguïté sur le périmètre d’action. Des précisions sont aussi apportées sur certains prélèvements sanguins ou actes techniques.

Des prescriptions conditionnées à une concertation médicale

Malgré cet élargissement, la possibilité de renouveler certaines prescriptions reste conditionnée à une concertation médicale. Ainsi les traitements de première intention, les dispositifs d’autosurveillance et les soins spécialisés (Parkinson, diabète, insuffisance cardiaque, etc.) ne peuvent être renouvelés sans l’avis d’un médecin.

Un pas de plus vers l’autonomisation des IPA

Ce nouvel arrêté s’inscrit dans la volonté de renforcer le rôle des IPA dans le système de santé, en leur conférant davantage de responsabilités dans le parcours de soins, tout en maintenant une collaboration étroite avec les médecins.

Accédez ci-dessous à l’arrêté de modification fixant les listes permettant l’exercice IPA.


Prestations des IPA

© Photodjo – DepositPhotos




Améliorer l’accès aux soins dans les territoires : la recette du Sénat



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou
Après l’Assemblée nationale et le gouvernement, c’est au tour des sénateurs de proposer leur recette pour améliorer l’accès aux soins. Ils ont voté à une large majorité un texte porté par la droite. Au menu : encadrement de la liberté d’installation des médecins dans les zones déjà bien dotées et principe obligatoire de solidarité territoriale, également défendu par le gouvernement.

Adoptée avec 190 voix pour et 29 contre, le texte porté par le sénateur Philippe Mouiller (LR) intervient dans un contexte d’inflation législative autour des déserts médicaux. Le 7 mai, l’Assemblée nationale avait déjà adopté une proposition de loi du député socialiste Guillaume Garot, jugée coercitive par certains professionnels de santé car elle limite la liberté d’installation des médecins dans certains territoires.

La législation proposée par le Sénat est plus souple et propose deux dispositifs principaux :

  • Encadrement de l’installation des médecins : Les nouveaux médecins souhaitant s’installer dans les zones sur-denses devront s’engager à réaliser un certain nombre d’actes dans les territoires moins bien dotés.
  • Solidarité territoriale obligatoire : Introduit par un amendement du gouvernement basé sur le « pacte de lutte contre les déserts médicaux » présenté par le Premier ministre fin avril, ce dispositif impose aux médecins déjà installés de réaliser jusqu’à deux jours de consultations par mois dans les zones prioritaires, avec une indemnisation supplémentaire pour leurs missions et une pénalité financière en cas de refus.

Les élus ont également adopté le principe d’une rémunération forfaitaire calculée selon la part de patientèle traitée en zone sous-dense, afin de relancer l’attractivité des consultations dans ces territoires pour les jeunes médecins.

L’article 9 simplifie le dispositif d’autorisation d’exercice pour les praticiens à diplôme hors Union européenne, et l’article 12 élargit les compétences des pharmaciens.

La proposition de loi comporte également plusieurs dispositifs techniques visant à renforcer le rôle des départements et des élus locaux dans l’offre de soins.

Une initiative bienvenue pour le gouvernement

L’initiative sénatoriale est bienvenue pour l’exécutif qui n’a pas pu empêcher l’adoption de la proposition de loi Garot à l’Assemblée nationale : en s’appuyant sur le Sénat, le gouvernement espère imposer une législation moins restrictive.

Quant aux oppositions de gauche, elles ont tenté d’amender le texte pour le rapprocher du dispositif voté par les députés et ont estimé que les réponses proposées étaient trop timides. Une partie des élus centristes s’est désolidarisée de la proposition de loi qui ne s’attaque pas à la pénurie de médecins.

Ce texte doit maintenant être transmis à l’Assemblée nationale.

© MonkeyBusiness – DespositPhotos




Liberté d’installation : vos avis sont partagés, mais vous souhaitez agir



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou
Le sondage réalisé la semaine dernière montre que si les cardiologues sont divisés sur la régulation de l’installation, ils sont majoritairement prêts à s’investir concrètement dans les zones sous-dotées.

Une profession divisée sur la régulation

À la question de savoir si les cardiologues sont favorables à une régularisation de l’installation des médecins dans les zones sur-dotées et sous-dotées, les avis sont presque également répartis : 47 % des répondants y sont favorables, contre 44 % défavorables, avec 9 % de sans avis.

Cette répartition illustre la réflexion en cours chez les cardiologues libéraux, sans crispation sur une position arrêtée, ni fermeture au débat.

Le fait que près de la moitié des cardiologues ayant répondu se montre ouverte à une forme de régulation, dans un contexte souvent tendu autour de cette question, mérite d’être souligné.

Il témoigne d’une conscience collective des déséquilibres territoriaux et d’une volonté, au moins pour une partie significative de la profession, d’envisager des solutions.

Une majorité prête à s’engager concrètement

C’est sur le troisième item du sondage que l’on observe le signal le plus fort. Interrogés sur la disponibilité pour se rendre deux jours par mois dans une zone sous-dotée, 53 % répondent favorablement : 27 % sans condition et 26 % sous certaines conditions.

Seuls 34 % se disent opposés, et 13 % sans avis. Cette majorité relative, mais nette, envoie un message clair : les cardiologues libéraux sont prêts à participer activement à l’effort de solidarité territoriale.

Ce chiffre traduit un état d’esprit constructif. Loin d’un repli corporatiste, la profession manifeste une volonté de contribuer, de proposer, de faire sa part. Si des conditions sont posées par certains – sur l’organisation, les conditions d’exercice ou la reconnaissance de cet engagement – elles ne constituent pas un refus, mais un appel au dialogue.

Un signal positif pour l’avenir

Même si le nombre de répondants au sondage est faible (83), dans un climat souvent tendu entre soignants et décideurs publics, ces résultats apportent une note d’optimisme.

Les cardiologues libéraux n’éludent pas la question de l’inégalité d’accès aux soins.

Mieux : ils se projettent dans des solutions concrètes. Reste désormais à traduire cette volonté en dispositifs souples, efficaces et respectueux de la liberté d’exercice, pour transformer cette disponibilité en actions durables et adaptées aux besoins des patients.

© Laurent Audinet – Dalaprod – Fotolia




Sondage – Liberté et régulation de l’installation



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou

Le printemps est la saison du renouveau

© Uolir – Fotolia




Régulation de l’installation : la confusion des genres



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou
Le gouvernement dévoile son « Pacte de lutte contre les déserts médicaux » comme un plan d’urgence : former plus de médecins hors des grands centres, imposer une solidarité territoriale et simplifier l’exercice pour regagner du temps médical.

Présenté le 25 avril 2025 par le Premier ministre, ce plan prévoit plusieurs mesures autour de quatre axes opérationnels :

  • Diversifier et territorialiser la formation ;
  • instaurer une solidarité territoriale obligatoire ;
  • moderniser et simplifier l’exercice ;
  • créer un environnement d’accueil attractif.

La PPL Garot comme source d’inspiration

Sur le fond, cette feuille de route s’appuie largement sur la proposition de loi du député Guillaume Garot déposée en 2023 :

  • Autorisation préalable d’installation : tout médecin souhaitant s’installer dans une « zone sous-dotée » doit obtenir l’aval de l’ARS, comme le prévoyait l’article 1er du texte de Garot.
  • Renforcement de la permanence des soins : le rétablissement d’une obligation de garde pour tous les médecins, au-delà du volontariat, figure dans l’article 4 de la proposition Garot et trouve un écho direct dans le Pacte.

Entre encadrement et contournement

En l’état, le gouvernement assume des mesures qui relèvent encore du législatif : autorisations d’installation, redéfinition des compétences, revalorisation tarifaire. Ces points sont présentés comme déjà « programmés » ou « applicables par décrets », avant même le vote parlementaire, ce qui brouille la frontière entre pouvoir exécutif et législatif et affaiblit le rôle du Parlement.

Un « passage en force » de la négociation conventionnelle

Certaines revalorisations (consultations en zone sous-dense, télémédecine pour les médecins retraités) sont annoncées sans consultation préalable des syndicats médicaux et de l’Assurance-maladie. Or, ces sujets doivent normalement faire l’objet d’accords conventionnels, négociés et ratifiés, pour engager durablement les moyens financiers du système de santé.

En outre, la suspension unilatérale des plafonds de téléconsultation et l’extension massive des assistants médicaux paraissent avancer « par décret », éclipsant les échanges habituellement conduits dans le cadre de la convention médicale.

Le « droit mou » à l’œuvre ?

En accouchant d’un plan dense, doté d’indicateurs trimestriels, sans attendre l’adoption formelle des lois, l’exécutif favorise un « droit mou », où les réformes structurelles sont appliquées de facto, avant même leur validation législative.

Pour les acteurs de terrain, ce calendrier accéléré atteste d’une volonté politique incontestable, mais suscite aussi la crainte d’un pilotage technocratique aux dépens d’un débat démocratique approfondi.

D’autres pistes sont possibles

Loin des mesures contraignantes proposées par les pouvoirs publics, les syndicats proposent de bâtir la lutte contre les déserts médicaux sur la confiance, la coopération pluriprofessionnelle et l’attractivité, plutôt que sur des quotas contraignants.

Ainsi pour Avenir Spé, une « médecine plus libre, mieux préparée et plus solidaire » serait la clé pour restaurer un maillage équilibré des soins sur tout le territoire. Le syndicat rappelle également que le pic des départs en retraite est derrière nous et qu’il convient d’orienter les jeunes générations à s’installer dans les zones en besoin plutôt que de les y contraindre.

Il s’agit donc de renforcer l’attractivité des territoires et la qualité de vie des praticiens mais aussi de mieux connaître les besoins réels grâce à des indicateurs améliorés.

 


Consultez le détail du pacte

© Depositphotos – Pressmaster




Les soins libéraux de liaison : un modèle qui redessine les parcours de santé



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou
Face aux défis croissants des maladies chroniques et à la nécessaire réorganisation des soins de proximité, les soins libéraux de liaison structurent les parcours de santé autour de la coordination, de la prévention et de l’interprofessionnalité.

Le 22 mars, l’association APPSLL a réuni professionnels de santé, institutionnels et experts pour mettre en lumière les soins libéraux de liaison (SLL), une nouvelle forme d’exercice libéral centrée sur la coordination des parcours de soins. Ce modèle vise à améliorer la qualité, la prévention et l’efficience des prises en charge, en particulier dans les pathologies chroniques.

Un retour d’expérience concret sur l’expérimentation article 51

Dany Marcadet a présenté les résultats encourageants de l’expérimentation article 51, qui montre une augmentation significative des admissions de patients insuffisants cardiaques, notamment orientés par l’hôpital public. Ce succès témoigne de la capacité des structures SLL à répondre à des besoins sanitaires croissants, en créant une interface fluide entre ville et hôpital.

Construire des structures libérales efficaces

Les drs Maupain et Ingremeau ont partagé leur expérience de création de centres SLL, détaillant les choix juridiques possibles (SCI, SELARL, SAS), les obligations réglementaires (ERP, licences, télésecrétariat) et les acteurs clés à mobiliser. Ces témoignages constituent une ressource précieuse pour les porteurs de projets souhaitant se lancer dans cette dynamique.

Vers un parcours coordonné renforcé (PCR)

Mme Lambert, rapporteur général de l’article 51, a présenté l’évolution prochaine vers un modèle élargi : le parcours coordonné renforcé (PCR). Celui-ci prévoit une organisation encore plus structurée autour de cahiers des charges spécifiques, et pourrait s’appuyer sur des SISA pour intégrer pleinement les professionnels médicaux et paramédicaux.

Le rôle clé des infirmières en pratique avancée

Solène Mudet, infirmière en pratique avancée (IPA), a souligné l’importance de cette fonction dans le suivi des maladies chroniques et la coordination des soins. L’IPA, maillon fort des équipes SLL, contribue à sécuriser et personnaliser les parcours, tout en allégeant la charge médicale.

Ancrer la prévention dans les territoires

Les CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé) ont également été mises à l’honneur. Mathilde Moysan et Éric Myon ont rappelé l’intérêt des maisons de prévention et des protocoles de coopération pour un dépistage précoce, adapté aux besoins des populations locales.

Une approche humaine, collective et durable

Le Dr Inès Cazaubiel a partagé une vision incarnée des SLL, soulignant la force de l’intelligence collective, de la résilience et de l’ancrage territorial. À taille humaine, le modèle favorise un cadre de travail stimulant et une meilleure reconnaissance de chaque soignant.

Des bénéfices économiques et organisationnels

Enfin, l’économiste de la santé, la Dr Marie Blanquet, a mis en lumière les retombées positives d’une prévention intégrée à mi-vie, notamment sur l’autonomie fonctionnelle et la maîtrise des dépenses. L’outil numérique STANE, présenté par le Dr Thomas Cantaloup, et les apports juridiques de Maître Prezioso, ouvrent de nouvelles perspectives pour les porteurs de projet.

Un modèle d’avenir pour les soins libéraux

Les soins libéraux de liaison représentent aujourd’hui une opportunité concrète pour structurer les soins de ville autour d’un projet de santé partagé, coordonné et innovant. En croisant expertise médicale, organisation territoriale et outils numériques, ce modèle s’inscrit pleinement dans les évolutions attendues du système de santé.


Consultez l’atlas

© Depositphotos – Lenec Nikolai




Atlas 2025 de la démographie médicale : une légère croissance et des questions pour l’avenir



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou
L’atlas 2025 de la démographie médicale du CNOM offre une analyse approfondie de l’évolution des effectifs médicaux en France. Il met en évidence les tendances générales, les dynamiques territoriales et les spécificités des différentes disciplines.

Un effectif médical en légère progression

Selon l’Atlas 2025, le nombre total de médecins en exercice en France au 1er janvier 2025 est de 241 255, soit une augmentation de 1,7 % par rapport à l’année précédente.

Cette légère progression est due à la réforme du numerus clausus et à une augmentation du nombre de médecins en cumul emploi-retraite et de remplaçants.

Toutefois, la croissance des effectifs ne résout pas les inégalités de répartition territoriale, en particulier pour certaines spécialités.

Focus sur la cardiologie et les maladies vasculaires

Le tome 2 de l’Atlas propose une analyse territoriale des spécialités médicales et chirurgicales, permettant d’observer les disparités géographiques en matière d’accès aux soins spécialisés.

Les données détaillées montrent que la densité de cardiologues varie fortement selon les régions :

  • Gers : 1,6 cardiologue pour 100 000 habitants ;
  • Gironde : 14,1 cardiologues pour 100 000 habitants ;
  • Paris : 23 cardiologues pour 100 000 habitants.

Ces chiffres illustrent un phénomène de concentration des spécialistes dans les grandes métropoles, laissant les territoires ruraux en sous-effectif, avec des difficultés accrues pour les patients souhaitant consulter un cardiologue.

Recul de l’exercice libéral

L’Atlas montre également une évolution des modes d’exercice des cardiologues :

  • 45 % exercent en libéral exclusif ;
  • 24,5 % en exercice mixte ;
  • 30,5 % en salariat exclusif.

Cette tendance traduit une baisse de l’exercice libéral exclusif, notamment en raison de la complexité administrative et de la volonté de nombreux jeunes praticiens de bénéficier d’un cadre plus stable et moins contraignant en termes de gestion.

Des enjeux majeurs pour l’avenir

La tendance à l’augmentation globale du nombre de médecins devrait se poursuivre dans les années à venir. Toutefois les inégalité territoriales restent un défi majeur, notamment en ce qui concerne l’accès aux soins cardiovasculaires. Il est plus que jamais nécessaire de mettre en place des solutions innovantes pour répondre aux besoins des patients. Par ailleurs, une récente étude de l’INED confirme que si la population vieillit, elle n’augmente pas. L’enjeu est donc de former suffisamment de médecins … mais pas au-delà des besoins.


Consultez l’atlas

© Depositphotos – Bianco Blue




L’IA dans le cabinet du futur : retour sur deux interventions



Retour à la newsletter

Propos recueillis par Nathalie Zenou

Parmi toutes les interventions faites à Aix, nous vous proposons de revenir plus particulièrement sur celles du Dr François Diévart, président du CNCF, et du Dr Thierry Garban, Secrétaire général du SNC

François Diévart : « Que pourra être l’apport de l’IA à la pratique dans le cabinet du futur ? »

Conjuguée à la commande vocale, à l’interopérabilité des données provenant de logiciel, l’IA va contribuer à modifier la pratique médicale et l’organisation du cabinet cardiologique à court terme.

En fonction de ses symptômes, le rendez-vous du patient sera inséré dans l’agenda du cardiologue et du biologiste, dans des délais déterminés par l’analyse des agendas connectés en réseau numérique avec les médecins généralistes.

Le patient entrant dans le cabinet de cardiologie sera pris en charge par un assistant faisant en quelques minutes la mesure de plusieurs constantes vitales (PA notamment), l’ECG et l’échocardiographie, le tout interprété par IA.

Lorsque le patient pénétrera dans le bureau du médecin, ce dernier aura déjà tous les résultats et les probabilités de divers diagnostics sur son écran. Il pourra dialoguer avec le patient, lui exposer ces probabilités et la conduite à tenir. Au terme de ce dialogue, sans que le médecin ait saisi aucune note, un compte-rendu sera généré automatiquement et les RV du patient pour d’éventuels examens complémentaires arriveront directement dans l’agenda de son smartphone…

Thierry Garban : « Atouts et limites de l’intelligence artificielle »

Comme toute technologie, l’IA offre des applications et pose de nombreux défis dans le domaine médical, particulièrement en cardiologie.

L’IA, définie par l’OMS comme « une branche de l’informatique utilisant des algorithmes pour accomplir des tâches et présenter des comportements comme l’apprentissage et la prise de décision », offre des avantages significatifs en diagnostic assisté pour diverses modalités d’imagerie cardiovasculaire.

Parmi les atouts

L’approche RAG (Retrieval-Augmented Generation) se distingue par sa capacité à maintenir l’actualité des informations, réduire les hallucinations, fournir une expertise spécialisée et améliorer la traçabilité des informations. Elle permet également une adaptation rapide aux nouvelles connaissances sans réentraînement et une meilleure conformité réglementaire.

Cependant, l’IA présente des limites importantes

  • Qualité et représentativité des données d’entraînement.
  • Risques de biais algorithmiques.
  • Manque de transparence des algorithmes complexes et validation clinique insuffisante.

Les défis pratiques incluent l’intégration aux systèmes existants, la formation des professionnels, les coûts d’infrastructure et l’impact écologique. S’ajoutent à cela des questions éthiques et réglementaires concernant l’équité, la responsabilité médicale et l’adaptation aux directives en constante évolution (RGPD, HDS, CNIL, IA Act).

© Depositphotos – Agsandrew




A Aix, la cardiologie fait sa révolution numérique avec le CNCF



Retour à la newsletter

Propos recueillis par Nathalie Zenou
Face aux bouleversements liés à l’apparition de l’intelligence artificielle, le CNCF a fait évoluer son congrès de printemps en « Ateliers de la pratique et du numérique », en partenariat avec le Syndicat national des cardiologues, afin d’accompagner les professionnels de santé dans cette transition. Retour sur les 14 et 15 mars.

L’intelligence artificielle (IA) s’impose progressivement dans le paysage médical, redéfinissant les pratiques et les parcours de soins. La mise à disposition de ChatGPT en novembre 2022 a marqué une prise de conscience de la puissance et des implications de l’IA dans le domaine de la santé. Le congrès des 14-15 mars derniers a permis de revenir sur ces enjeux et de proposer aux cardiologues de nombreux ateliers pratiques.

Une révolution pour la pratique médicale

De multiples enjeux accompagnent l’intégration de l’IA au sein de la pratique en cardiologie, à commencer par la compréhension et la maîtrise de l’outil. Elle induit également la réorganisation des cabinets et des parcours de soins, l’IA permettant d’optimiser les diagnostics, le suivi des patients et la gestion administrative.

Enfin, l’IA nécessite également de s’emparer des questions liées à la sécurité et à la réglementation, avec la nécessaire adaptation des cadres législatifs et éthiques pour garantir un usage sécurisé et efficace.

Un programme enrichi et innovant

Parmi les temps forts du congrès, les cardiologues ont pu assister à des conférences plénières évoquant les enjeux présents et futurs de la cardiologie libérale, y compris en matière d’e-réputation et de gestion des cyberattaques, une lecture sur l’IA au cours de laquelle Marc Cavazza a analysé les avantages et les limites de l’intelligence artificielle appliquée à la médecine et même un speed data numérique, c’est-à-dire une présentation rapide de solutions innovantes.
Des ateliers pratiques ont permis aux participants de se frotter concrètement à l’IA dans l’imagerie médicale, de tester l’usage de l’IA conversationnelle (ChatGPT) dans la pratique quotidienne et de découvrir comment optimiser la télésurveillance et la téléexpertise grâce à l’IA.

Une acculturation nécessaire à la transformation numérique

Ce congrès a permis à tous d’échanger et de se former pour aider les cardiologues à intégrer l’IA dans leur pratique quotidienne afin de favoriser une médecine plus efficace et personnalisée tout en préservant la qualité du lien médecin-patient. L’IA, loin de remplacer les praticiens, devient un outil complémentaire pour améliorer le diagnostic, la prise en charge et le suivi des patients.

© Depositphotos – Agsandrew




DPC : l’IGAS recommande la suppression du dispositif



Retour à la newsletter

Propos recueillis par Nathalie Zenou

L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a examiné plusieurs scénarios pour réformer l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC), chargée du maintien et de l’amélioration des compétences des professionnels de santé.

Depuis 2009, 1,9 million de professionnels de santé doivent suivre une formation continue (DPC), mais cette obligation – sans sanction – n’a été respectée que par 5 % d’entre eux entre 2020 et 2022. L’ANDPC finance principalement les libéraux et les salariés des centres de santé (453 800 personnes) mais peine à généraliser le dispositif : seuls 22 % des 453 800 professionnels financés par l’ANDPC ont validé leur DPC entre 2020 et 2022.

En parallèle, une nouvelle obligation, la certification périodique (CP), a été instaurée en 2021 pour les professions à ordre (1,125 million de professionnels). Plus stricte que le DPC, elle inclut aussi des exigences sur la relation avec les patients et la santé des praticiens, avec des sanctions possibles en cas de manquement. Toutefois, sa mise en œuvre à partir de janvier 2023 reste incomplète (référentiels non harmonisés, absence de contrôle et de financement clair).

Les recommandations de l’IGAS pour améliorer l’efficacité du dispositif et simplifier son organisation.

  • Supprimer l’obligation de DPC pour les professions à ordre et la maintenir pour celles sans ordre.
  • Créer un droit de tirage financier individuel pour assurer le financement des actions obligatoires de la CP.
  • Revoir le circuit de financement, en le confiant directement aux financeurs sans passer par l’ANDPC.
  • Harmoniser les dispositifs DPC et CP, en uniformisant les critères d’éligibilité des actions et en créant un label commun d’agrément des organismes de formation.
  • Dissoudre l’ANDPC et transférer ses missions à la Haute autorité de santé (HAS) pour plus de cohérence et de rationalisation avec ses autres missions (certification des établissements et accréditation des professions à risque).
  • Reporter l’application de la certification périodique pour ajuster les mesures législatives nécessaires.


Consultez le rapport

© Depositphotos – Svershinsky




2024 : une année contrastée pour le syndicat



Retour à la newsletter

Propos recueillis par Nathalie Zenou
Lors de l’Assemblée générale du 15 mars, le Dr Vincent Pradeau, président du SNC, est revenu sur les défis et les avancées de 2024 et les perspectives pour 2025.

Un nouveau départ

Parmi les changements notables, le déménagement du siège vers un espace de coworking (Wojo) a permis de réaliser des économies tout en offrant un cadre de travail plus moderne et adapté aux nouvelles pratiques de travail. Cette transition, menée avec efficacité, symbolise une nouvelle dynamique pour le syndicat.

Une visibilité renforcée

Le syndicat a multiplié les interventions sur la scène professionnelle. Sa présence s’est affirmée lors des grands rendez-vous médicaux comme les JESFC, les JFIC, les JSFHTA, les journées Echographie de Bordeaux, ou encore les journées Innov’Cardio. Son influence institutionnelle s’est également renforcée, avec des représentants occupant des postes clés au CNPCV, au Haut-comité à la nomenclature et à la FSM. Autre avancée majeure : la création d’une commission exercice libéral au sein de la filiale insuffisance cardiaque, témoignant d’un engagement fort pour la profession. Enfin, il faut saluer le renforcement des liens avec le CNCF.

Des avancées sur la formation

Malgré un contexte réglementaire complexe, notamment lié aux décisions de l’ANDPC et du FAF, le syndicat a su maintenir une dynamique de formation. La dynamique des GAP se poursuit et la mise en place du programme MSU est une réussite qui ouvre de nouvelles perspectives pour l’avenir.

Des négociations conventionnelles en demi-teinte

Sur le front des négociations, le bilan est plus contrasté. Certaines revendications ont été entendues, aboutissant à des augmentations tarifaires pour certains actes techniques. En revanche, des demandes cruciales, comme la possibilité d’associer une consultation à un acte technique, n’ont pas été obtenues, tout comme la levée de certaines contraintes liées au parcours de soins.

Des défis financiers et structurels

Le syndicat doit aussi faire face à des difficultés. La baisse du nombre de cotisants pèse sur les finances et impose une réflexion sur les orientations stratégiques à venir. Par ailleurs, la fermeture de l’ESS Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l’expérimentation Cardio+ met en lumière les défis du déploiement de ces structures, notamment dans certaines régions.

Si 2024 fut une année mouvementée, elle a aussi renforcé les fondations du syndicat. L’objectif pour 2025 sera de pérenniser ces avancées tout en trouvant des solutions aux défis en cours.

Pour cela, le SNC sait pouvoir compter sur l’engagement de nombreuses personnes, notamment ses salariées Jessie, Dominique, Kassia et Anissa, son secrétaire général Thierry Garban (Cercle sommeil de la SFC, numérique, IA), Benoît Lequeux (Commission numérique du syndicat, GIC, SFHTA, Cercle de l’IA), Marc Villacèque (CNPCV), Frédéric Fossatti (HCAN, FSM, UNPS), Jean-Baptiste Caillard et Patrick Assyag (CSMF), Arnaud Lazarus (Comité de refonte de la CCAM en cardiologie), Yves-Michel Florès et Pierre Marette (FormatCœur), François Diévart (CNCF) et Éric Parrens (ESS Nouvelle-Aquitaine), et sans oublier son président, Vincent Pradeau (GIE-SesamVitale, Comité exécutif du conseil numérique en santé, Collège du conseil de la certification périodique).

© Depositphotos – Dmitry Poch




L’infirmier nouveau est arrivé



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou
Déposé à l’Assemblée nationale le 3 décembre par 138 députés représentant 8 groupes parlementaires, le projet de loi a été discuté en séance publique le 10 mars, et adopté le 11.

Un périmètre qui ne répond plus aux besoins des patients

L’exposé des motifs insiste sur le champ de prescription des infirmier(e)s, limité à certains produits de santé et au renouvellement d’ordonnances, sous conditions précises. Leur exercice est encadré par un décret d’actes jugé trop rigide, ce qui restreint leur autonomie et leur capacité à répondre aux besoins des patients de manière plus flexible.

De nouvelles missions pour les IDE

Le texte redéfinit la profession d’infirmier(e) en précisant ses missions et en élargissant son champ d’action. L’article 1 introduit quatre missions socles :

  • La réalisation et l’évaluation des soins infirmiers (préventifs, curatifs, palliatifs et relationnels).
  • La contribution à la prévention, la promotion de la santé et l’éducation thérapeutique.
  • L’organisation des parcours de soins et l’orientation des patients vers d’autres professionnels de santé si nécessaire.
  • La formation des étudiants en soins infirmiers et la recherche.

L’article 1 précise également que l’infirmier pourra poser un diagnostic infirmier et prescrire des produits de santé et des examens complémentaires, selon une liste définie par arrêté ministériel.

Un nouveau cadre pour les IPA

L’article 2 modifie le cadre de la pratique avancée, notamment en ajoutant de nouveaux lieux d’exercice pour les infirmier(e)s en pratique avancée (IPA) : les services de protection maternelle et infantile (PMI), la santé scolaire et l’aide sociale à l’enfance. Un cadre juridique plus précis est également prévu pour ces évolutions.

Une polémique : l’Académie nationale de médecine comme décideur

Le texte voté par l’Assemblée nationale accorde un rôle central à l’Académie de médecine dans la validation de la liste des prescriptions autorisées pour les infirmiers. Ce choix est contesté par plusieurs acteurs du secteur, qui estiment que d’autres instances, comme la Haute Autorité de Santé (HAS) ou la Fédération des spécialités médicales (FSM) regroupant tous les Conseils nationaux professionnels (CNP), auraient pu être impliquées.

Cette décision, qui peut sembler paradoxale, pourrait s’expliquer par des raisons pratiques ou budgétaires.

Le texte doit maintenant être examiné par les Sénateurs.


Consultez le dossier législatif

© Depositphotos – Dmitry Poch




Le coût différentiel de la pratique libérale en Europe



Retour à la newsletter

Propos recueillis par Nathalie Zenou

Dans son panorama portant sur Les dépenses de santé en 2023 la DREES rend compte de la comparaison internationale des dépenses de santé et du reste à charge des ménages.

Un cadre harmonisé permet les comparaisons

Piloté par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Eurostat et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le System of Health Accounts (SHA) prévoit un cadre harmonisé de présentation des statistiques sur les dépenses de santé. Son agrégat central est la dépense courante de santé au sens international (DCSi), déclinée par fonctions de dépense, prestataires et financeurs.

La DCSi regroupe la consommation de soins et de biens médicaux (dépenses relatives aux traitements directs d’une perturbation de l’état de santé), les dépenses de prévention, les soins de longue durée et les dépenses de gouvernance.

Des dépenses de santé concentrées dans les soins hospitaliers et de ville

En 2022, la progression de la DCSi reflète le reflux de l’épidémie de Covid-19 mais continue de croître en valeur. Sa structure varie d’un pays à l’autre. En 2022, les soins courants constituent le principal poste de dépense dans la totalité des pays étudiés :

– États-Unis : les soins courants représentent 66 % de la DCSi, dont 37 % pour les soins hospitaliers et 28 % pour les soins en cabinet de ville.

– UE-27 : les soins courants représentent en moyenne 51 % de la DCSi dont 37% pour les soins de ville au Portugal, 36% au Danemark et en Finlande.

– En France : la DCSi se décompose de la manière suivante :

  • 28 % pour les soins courants à l’hôpital,
  • 20 % pour les soins en cabinet de ville (plus faible que dans les autres pays d’Europe sauf l’Allemagne, la Belgique, la Grèce, la Bulgarie, la Roumanie),
  • 19 % pour les biens médicaux,
  • 9 % pour les autres dépenses de la CSBM (soins auxiliaires et soins courants à domicile),
  • 16% pour les soins de longue durée,
  • 4% pour les soins préventifs,
  • 5 % pour la gouvernance du système de santé.

Chaque habitant consomme 923 euros PPA santé de soins ambulatoires dont 623 euros PPA santé en cabinets de ville et 300 euros PPA santé à l’hôpital.

La France reste compétitive en matière de santé

En utilisant la France comme pays de référence (base 1), on constate que :

  • les prix pratiqués en Suisse sont 70 % plus élevés pour l’ensemble des biens et services achetés par les ménages, 130 % plus importants pour les biens et services de santé et 160 % plus élevés pour les services hospitaliers ;
  • pour un panier de biens et services de santé similaire, les prix pratiqués aux États-Unis sont supérieurs de 140 % à ceux pratiqués en France.


Consultez le rapport

© Depositphotos – Svershinsky




Centres de santé pluriprofessionnels : l’évaluation de l’IGAS



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou
Publié le 11 février, le rapport évalue la situation économique, financière et organisationnelle des centres de santé pluriprofessionnels en France, soulignant leur développement et leurs défis.

Nombre de centres de santé pluriprofessionnels

En 2022, la France comptait 586 centres de santé pluriprofessionnels, employant au moins un médecin généraliste et un auxiliaire médical, avec une augmentation de 65 % depuis 2016.

Une situation économique préoccupante

L’augmentation des charges d’exploitation et de la masse salariale a entraîné des déficits pour de nombreux centres, non compensées par une hausse de productivité des médecins. Pourtant, certains centres sont essentiels pour lutter contre la désertification médicale et réduire les inégalités d’accès aux soins, notamment dans les quartiers prioritaires et auprès des populations défavorisées. Leur capacité à offrir des soins coordonnés et pluriprofessionnels est un atout majeur pour améliorer la qualité des soins et répondre aux besoins des patients.

L’IGAS identifie 20 pistes pour améliorer le modèle :

Le rapport propose une série de réformes structurées autour de l’amélioration des pratiques internes, du soutien aux gestionnaires et de l’évolution des modèles de financement. L’objectif est de garantir un accès équitable et de qualité aux soins primaires.
Ces pistes sont destinées à consolider le modèle de rémunération, améliorer les téléservices et prévenir la désertification médicale, incluant l’expérimentation de nouveaux modèles de tarification basés sur la capitation pour les centres engagés de manière effective dans des pratiques de coordination intégrées entre médecins et infirmières.


Consultez le rapport


Annexes du rapport

© Depositphotos – Wavebreakmedia




Prise en charge de l’HTA par l’IPA


Retour à la newsletter


Il existe en France 17 millions d’hypertendus, dont la moitié échappent aux traitements, et un quart seulement répondent aux données des objectifs cibles !

Le Conseil national professionnel cardiovasculaire (CNPCV) estime que la prise en charge de l’hypertension artérielle (HTA) représente une priorité de santé publique, et que la place des infirmières de pratique avancée (IPA) est primordiale, au même titre que celle des cardiologues et médecins généralistes. 

C’est pour cette raison, qu’avec la Société française d’hypertension artérielle (SFHTA), le CNP a construit un guide de prise en charge pratique de l’HTA par l’IPA.

Le but pour les cardiologues ou les médecins généralistes qui travaillent déjà ou qui souhaitent travailler avec un infirmier en pratique avancée est d’avoir un premier document de travail pour définir précisément les rôles de chacun, et mieux travailler ensemble pour la prise en charge des patients hypertendus. 

Ce document permet également aux médecins qui le souhaitent de découvrir quel est le rôle de l’infirmier en pratique avancée. 

Marc Villacèque

Vous trouverez dans le lien ci-dessous le guide de prise en charge de l’HTA par l’IPA ainsi qu’une synthèse.


Pour en savoir plus

© Wavebreakmedia – Depositphotos




Cliniques privées : un rapport de la CFDT souligne la financiarisation du secteur



Retour à la newsletter

Propos recueillis par Nathalie Zenou

Dans un rapport réalisé avec le CICTAR, la CFDT étudie le comportement financier et fiscal de Ramsay Santé et formule plusieurs propositions pour lutter contre la financiarisation du secteur de l’hospitalisation privée.

« La spéculation immobilière au cœur du système de santé français : le cas de Ramsay santé ». C’est le titre du rapport publié le 15 janvier par la CFDT et réalisé en partenariat avec le CICTAR, un centre de recherches crée par un groupe de syndicats et d’organisations de la société civile pour enquêter « sur le comportement fiscal des plus grandes entreprises du monde et aider les syndicats à utiliser les données pour gagner des campagnes en faveur des travailleurs. » (cictar.org)

Si le rapport ne démontre aucune irrégularité, il interroge cependant le modèle économique des cliniques privées en pointant du doigt la spéculation immobilière effectuée par Ramsay Santé, alors même que le financement des établissements privés fait l’objet de discussion dans le cadre de la préparation du budget de la sécurité sociale.

Des fonds publics utilisés pour alimenter la spéculation immobilière

Le rapport déplore ainsi que les fonds publics soient utilisés non pas pour mieux prendre en charge les patients, mais pour alimenter la spéculation immobilière. En effet, les grands groupes de santé privés ont fait le choix, comme dans de nombreux autres secteurs, de céder les murs des établissements pour en devenir locataires et financer ainsi leur expansion. Les acheteurs sont souvent des fonds d’investissement.

Ainsi, Ramsay Santé verse aujourd’hui 200 millions d’euros de loyers chaque année, les bailleurs enregistrant des taux de marge opérationnelle supérieurs à 100%. Les auteurs du rapport s’interrogent sur la pertinence de ce modèle qui détourne selon eux de l’argent qui devrait servir à augmenter les salaires et réaliser des investissements au bénéfice des patients.

La CFDT demande la « publication des comptes de toutes les structures financées par les cotisations sociales », le fléchage des financements publics « uniquement » sur les ressources humaines et le renforcement « du rôle des syndicats » comme « régulateur et lanceur d’alerte ». Elle souhaite que les profits générés soient réinvestis et dirigés « vers des améliorations concrètes des services de santé ».


Lire le rapport

© depositphotos – Depositedhar




JESFC : l’intelligence artificielle au service de la cardiologie



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou
Lors des JESFC, une session commune de la SFC et du SNC a permis de dresser un premier bilan de l’utilisation de l’intelligence artificielle en cardiologie, et d’esquisser des perspectives.

François Diévart, Thierry Garban et Marc Villacèque ont ainsi mis ainsi mis en lumière le potentiel de l’IA pour améliorer l’efficacité, la qualité des soins et l’expérience tant pour les patients que pour les cardiologues, tout en soulignant les limites actuelles des outils et en rappelant que les défis restent nombreux.

Entre technophobie et technophilie

Comme toute innovation technologique, l’intelligence artificielle suscite différentes réactions, du rejet total à l’enthousiasme démesuré. Or il s’agit d’un outil certes puissant, mais comme tous les outils, il faut savoir comment l’utiliser et avec quel objectif : y recourir permet de soutenir et d’améliorer la pratique mais en aucun cas elle ne doit entraîner une dépendance ou une perte d’autonomie du cardiologue.

Des innovations déjà utilisées en cardiologie

Plusieurs innovations liées à l’IA peuvent déjà être utilisées en cardiologie :

  • Compréhension Instantanée du Langage Oral (l’IA permettrait d’interagir vocalement avec les systèmes informatiques médicaux, via des dispositifs comme des smartphones ou des lunettes connectées) ;
  • IA Générative (l’IA est capable de synthétiser les données des consultations pour créer des rapports structurés) ;
  • Analyse de Données (l’IA peut analyser les ECG et l’imagerie médicale) ;
  • Ecosystème IA (il est possible de synchroniser plusieurs sources de données et de mieux les gérer).

Que ce soit avant, pendant ou après la consultation, l’IA peut faciliter le travail du cardiologue et ainsi contribuer à améliorer son efficacité et réduire sa fatigue, comme le montre déjà un essai clinique randomisé.

Limites et défis de l’IA

Plusieurs obstacles doivent être surmontés : risque de déshumanisation, questions éthiques (données patients, respect de la vie privée), biais potentiels de sélection, consommation énergétique, coût des investissements nécessaires.
L’IA pour répondre aux défis démographiques et organisationnels
La cardiologie est confrontée à des défis démographiques et organisationnels : augmentation des maladies cardiovasculaires, vieillissement de la population et pénurie de cardiologues. Il n’est jamais facile de renoncer à ses habitudes mais c’est indispensable pour surmonter ces difficultés : des changements organisationnels doivent permettre de libérer du temps médical, d’améliorer les conditions de travail et de sécuriser les réponses médicales.

L’IA : un levier d’organisation

Les Equipes de Soins Spécialisés constituent un exemple de nouvelle organisation. Elles permettent de structurer et coordonner les parcours de soins pour les pathologies cardiovasculaires avec les différents niveaux de soins (1er, 2e et 3e niveaux).
Dans ce cadre, l’IA peut contribuer coordonner, déléguer et digitaliser le parcours de soin et permettre d’intégrer de nouveaux métiers (assistants médicaux, IDE formés en acquisition de données cardiologiques, infirmiers de pratique avancée, coordinateurs de parcours) en profitant de l’émergence de la santé digitale (télémédecine, objets connectés, outils de parcours, systèmes d’aide à la décision médicale).

L’IA dans la pratique quotidienne

L’IA peut déjà être utilisée au cabinet du cardiologue :

  • prise de rendez-vous par secrétaire virtuel,
  • assistant de consultation permettant un gain de temps,
  • aide à la prescription,
  • aide à l’analyse des examens,
  • télésurveillance.

La formation continue pour mieux comprendre l’IA

La formation continue permet de découvrir l’IA et de se familiariser avec cette technologie pour identifier les « best practices » et faciliter cette transition en adoptant une démarche proactive.

Note : Le résumé des interventions a été en partie fait par une intelligence artificielle.

© Depositphotos – Peshkov




Le métier d’infirmier(e) doit changer. Que proposent les députés ?



Retour à la newsletter

Nathalie Zenou
Renvoyée à la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, la proposition de loi portée par Nicole Dubré-Chirat est soutenue par 80 députés représentant 7 groupes et 4 « non-inscrits ». Que dit-elle ?

L’exposé des motifs rappelle qu’on compte environ 600 000 infirmier(e)s dont 135 000 infirmier(e)s libéraux ou en exercice mixte et qu’ils « constituent depuis toujours des figures incontournables en matière de dispensation de soins et d’accompagnement lors d’une prise en charge médicale. »

Reconnaître les missions des IDE et l’évolution de leurs compétences est indispensable, notamment dans un contexte marqué par les difficultés d’accès aux soins et le manque de personnel soignant.

La création de la fonction d’infirmier(e) en pratique avancée est à cet égard « une réponse de choix en matière d’amélioration de la prise en charge qu’il convient de développer. »

Une redéfinition de la profession d’IDE

L’article 1er redéfinit la profession d’infirmier(e) diplômé d’Etat, en précisant dans le code de la santé publique quatre missions socles : la réalisation de soins et leur évaluation, le suivi du parcours de santé, la prévention et la participation à la formation.

Il fait apparaître deux notions centrales : celle de la consultation infirmière, en lien direct avec le diagnostic posé par l’infirmier, et celle de la prescription réalisée par l’infirmier, en reconnaissant à ce dernier la possibilité de prescrire des produits de santé et des examens médicaux dont la liste précise sera déterminée par arrêté ministériel.

Un décret et un arrêté devraient préciser les domaines d’activités et de compétences des IDE et fixer la liste des actes et des soins réalisables par eux.

Une évolution de la pratique avancée

L’article 2 propose trois lieux d’exercice supplémentaires pour la pratique avancée : au sein des services de protection maternelle et infantile (PMI), de santé scolaire et d’aide sociale à l’enfance.

Par ailleurs, les infirmier(e)s anesthésistes, de bloc opératoire et puériculteurs pourraient exercer en pratique avancée sans avoir à obtenir de nouveau diplôme. Toutefois un décret déterminera la durée minimale d’exercice requise pour chaque spécialité ainsi que les modalités d’accès à la formation.

Un financement assuré

La proposition de loi propose de financer ces mesures par la majoration de la TVA sur les tabacs.


Voir le dossier législatif

© Depositphotos – PantherMediaSeller




Réforme du métier d’infirmier(e) : qu’en pense la profession ?



Retour à la newsletter

Propos recueillis par Nathalie Zenou

Le 3 décembre dernier, une proposition de loi sur la profession a été déposée à l’Assemblée nationale et renvoyée à la commission des Affaires sociales. Qu’en pense la profession ? Rencontre avec John Pinte, président du syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux.

1) Dans quel contexte cette proposition s’inscrit-elle ?

Attendue depuis plusieurs années, cette réforme est devenue essentielle pour redonner du sens au métier d’infirmier. Les évolutions technologiques et les transformations du système de santé appellent à revoir les périmètres d’actions des infirmier(e)s. L’après crise sanitaire a également plongé la profession et plus particulièrement les libéraux dans une certaine incompréhension face au manque de considération de la part des pouvoirs publics : à la confiance et au développement d’une certaine autonomie a succédé un retour au droit commun très violent.

L’inadaptation du système de santé aux besoins de santé de la population et l’absence de recours à des compétences existantes rendent nécessaire de repenser le métier. Les infirmier(e)s ne sont pas là pour compenser les défaillances du système.

2) Que peut-on dire aujourd’hui de la profession d’IDE ? Qu’attendent-ils et que souhaitent-ils ?

La profession est dans une certaine incompréhension. Les besoins dans les années à venir sont importants (vieillissement de la population, développement des pathologies chroniques, maintien à domicile) et sont autant de facteurs qui imposent de revoir les contours du métier.

Depuis des années notre profession est régie par un décret d’actes qui nous contraint à n’effectuer que des actes, sans reconnaître notre compétence à évaluer, suivre, mettre en œuvre des actions auprès des patients. Notre profession n’est envisagée que dans une approche patients (dons la pathologie) et non populationnelle (en mettant en avant la prévention, l’éducation à la santé).

Il faut revoir les modalités de prises en charge afin d’amener plus de coopération entre les professionnels de santé, faciliter l’exercice quotidien pour redonner du sens au métier, maintenir les professionnels en exercice et repenser la formation des futurs professionnels. On observe trop de départs anticipés aussi bien en exercice que lors de la formation. Le nombre d’infirmier(e)s libéraux sur le territoire a par exemple pour la 1ère fois en 2023 baissé après 20 années de croissance d’environ 3,5% par an.

3) Quelles sont les principales mesures proposées par le projet de loi concernant les infirmier(e)s ?

La principale mesure est l’abandon de l’approche par actes pour nous amener à des missions. Les IDE auront ainsi 4 missions socles : la réalisation de soins et leur évaluation, le suivi du parcours de santé, la prévention et la participation à la formation.

En outre cette réforme du métier introduit la consultation infirmière (qui ne vise pas à se substituer à la consultation médicale mais vient la compléter avec une approche infirmière et ses diagnostics infirmier(e)s. Ceux-ci ne visent pas la recherche de la pathologie (qui est de l’ordre médical) mais les conséquences de la pathologie sur la vie quotidienne du patient.

Enfin, il est prévu d’amener la profession vers l’accompagnement des nouveaux professionnels et l’encadrement des étudiants afin de favoriser un cadre propice à la formation et conserver les professionnels nécessaires pour relever les défis de demain.

Cette loi sera complétée par un décret qui décrira les compétences infirmières dans chacune de ses missions, mais aussi d’un arrêté avec des actes que l’infirmier(e) peut réaliser. Cet arrêté est essentiel notamment pour l’exercice libéral qui permet le paiement à l’acte.

4) Comment jugez-vous ces propositions ?

Ces mesures sont essentielles et relèvent du bon sens. Nous y voyons plusieurs points positifs :

  • Reconnaître et valoriser les compétences de la profession ;
  • L’amener vers plus d’autonomie en favorisant la collaboration avec les autres professionnels de santé et notamment les médecins ;
  • Amener la profession vers plus d’expertise (suivi des pathologies chroniques en lien avec les médecins, expertise dans le suivi des plaies…).

5) Que peuvent-elles apporter pour les patients et pour les IDE ?

Pour les patients :

  • Une réponse aux besoins de santé ;
  • Une meilleure coordination des parcours de santé entre les professionnels de santé et surtout entre la ville et le domicile ;
  • Une réponse plus rapide dans certaines prises en charge comme la dépendance ou la prise en charge des plaies.

Pour la profession :

  • Reconnaissance des compétences ;
  • Simplification de l’exercice ;
  • Possibilité pour les libéraux d’ouvrir des négociations dans un contexte économique difficile (les ministres se succèdent et conditionnent l’ouverture de négociations conventionnelles à la mise en place de la réforme du métier).

6) Quel message souhaitez-vous faire passer aux médecins et notamment aux cardiologues libéraux ?

Cette réforme est nécessaire pour la profession. Elle doit permettre de développer la coopération avec les médecins et plus encore avec les spécialistes comme les cardiologues. Les pathologies explosent avec le vieillissement de la population, il est essentiel de développer cette coopération entre les infirmier(e)s libéraux qui voient les patients à domicile et les cardiologues qui ont besoin des informations nécessaires à la prise en charge optimale de leurs patients. La complémentarité doit se développer dans les années à venir, avec chacun son domaine de compétences mais une complémentarité qui ne pourra qu’apporter une meilleure qualité de prise en charge et de bien être auprès de la population.

Il sera également essentiel de revoir les modalités de coopération entre cardiologues et infirmier(e)s libéraux. Le suivi de l’insuffisance cardiaque est actuellement possible par l’infirmier uniquement après une décompensation et une hospitalisation.

A l’heure actuelle pouvons-nous encore accepté ce principe ? Le cardiologue devrait pouvoir prescrire un suivi infirmier pour les patients qu’il juge vulnérables sans attendre l’aggravation de la pathologie. Un cadre est nécessaire mais c’est cette intelligence collective et de terrain qui permettra de répondre aux besoins de santé de demain, au mieux vieillir et sûrement à une efficience des prises en charge permettant de réduire les coûts de la santé.


© John Pinte – Sniil




Le SNC présent aux JESFC 2025

Le SNC est présent aux JESFC qui se déroulent dès aujourd’hui porte Maillot à Paris. Plusieurs de ses membres interviennent dans des cadres variés : sessions de DPC, séminaires, présentation flash, symposiums, sessions communes, sessions, ateliers IA… Vous retrouverez ces interventions ci-après, classées par type. Nous vous accueillerons également sur le stand du SNC !

Nathalie Zenou

SESSIONS DE PDC

Santé digitale
Applications de l’intelligence artificielle en cardiologie

Session animée par Thierry Garban et Benoît Lequeux
15.01- 9h00-13h00 – Salle 362/363

Santé digitale
Pratique du numérique en cardiologie

Session animée par Olivier Piot et E. Berthelot
15.01- 14h00 – 17h00 – Salle 362/363

Insuffisance cardiaque et cardiomyopathies
Prise en charge de l’insuffisance cardiaque en pratique quotidienne

Session animée par Florian Zorès et B. Gellen
16.01 – 14h00-17h00 – Salle 362/363

Rythmologie et stimulation cardiaque
Patient porteur d’un stimulateur cardiaque ou d’un défibrillateur : quels réflexes dans le suivi ?

Session animée par Olier Piot et J. Taïeb
16.01 – 17h00-20h00 – Salle 362/363

Rythmologie et stimulation cardiaque Fibrillation auriculaire
Prise en charge optimisée selon les dernières recommandations

Session animée par Walid Amara et Olivier Piot
17.01 – 14h00-17h00 -Salle 364

INTERVENTION SÉMINAIRE

L’installation et l’exercice en cabinet libéral
Session à destination des internes : accessible sur inscription uniquement
Séminaire national de cardiologie et maladies vasculaires

Intervention de Vincent Pradeau (Cenon)
15.01 – 10h30-11h00 – Salle 241

PRÉSENTATION FLASH

Insuffisance cardiaque : du diagnostic au suivi, les avancées
Management of heart failure in private practice: current situation

Intervention de Marc Villacèque (Nîmes)
15.01 – 16h20-16h25 – Hub 1

SESSIONS COMMUNES DE LA SFC

Avec le CNCF
Apport de l’imagerie à la détection d’une coronaropathie

Session modérée par François Diévart
15.01 – 15h30-16h30 – Amphithéâtre Bordeaux

Avec le Collège de médecine générale
Soins primaires en cardiologie – Comment améliorer l’observance

Intervention de Maxime Guenoun
16.01 – 16h00-17h00 – Salle 341

Avec le Syndicat national des cardiologues
Intelligence artificielle au cabinet du cardiologue : organisation du cabinet, aide à la décision médicale, coordination des acteurs : exemple Cardio+, discussion

Session modérée par Stéphane Lafitte et Vincent Pradeau, avec Marc Villacèque, François Diévart et Thierry Garban
16.01 – 16h00-17h00 – Salle 351

Avec le Conseil National Professionnel Cardiovasculaire
La prévention cardiovasculaire au féminin : guide de bonne pratique – Les risques cardiovasculaire des trois moments clés (contraception, grossesse, ménopause) ; Une meilleure prise en charge de l’HTA : rôle des IPA ; Particularité de la symptomatologie chez la femme ; discussion

Session comodérée par Marc Villacèque
17.01 – 10h00-11h00 – Salle 252B

Avec l’ESC Council of Cardiology Practice
Intelligence artificielle et cardiologie – Intelligence Artificielle : le bouleversement est en route ; Apport de l’IA à l’imagerie cardiaque ; « Machine learning »: le futur de la cardiologie… et du cardiologue ? discussion

Session coanimée par Thierry Garban
17.01 – 11h30-12h30 – Salle 252A

SESSIONS

Tout savoir sur la Lp(a) : Hypolipémiant et Lp(a)

Intervention de François Diévart
16.01 – 9h00-9h15 – Salle Maillot

Gestion proactive du parcours de soin dans l’insuffisance cardiaque
Du dépistage au diagnostic en soins primaires, Préparer la sortie d’hospitalisation, Télésurveillance dans le suivi de l’insuffisant cardiaque, discussion

Session modérée par Frédéric Mouquet
16.01 – 8h30-9h30 – Salle 251

Ablation de fibrillation atrial
Consensus international : Prise en charge des facteurs favorisant la fibrillation atriale avant l’ablation, Vers de meilleurs résultats ? Suivi et gestion des traitements post-ablation, Discussion

Session modérée par Olivier Piot
16.01 – 8h30-9h30 – Amphithéâtre Havane

Questions autour de la fermeture d’auricule gauche
Fermeture d’auricule gauche : en pratique ? Associée aux anticoagulants ? Associée à une procédure d’ablation ou structurelle ? discussion

Session co-animée par Olivier Piot
16.01 – 10h00-11h00 – Salle 351

Innovation en insuffisance cardiaque
Gestion de la télésurveillance : place de l’intelligence artificielle ?

Intervention de Benoît Lequeux
17.01 – 8h30-9h30 – Salle Maillot

Pratique sportive dans les cardiomyopathies
dans l’insuffisance cardiaque ; dans la cardiomyopathie hypertrophique ; dans les cardiopathies congénitales de l’adulte

Session comodérée par Florian Zorès
17.01 – 8h30-9h30 – Salle 242 B

L’essentiel de 2024 (partie 3)
Cœur, vaisseaux et métabolisme

Interventions de Franck Boccara et François Diévart
17.01 – 8h30 – 9h30 – Amphithéâtre Bordeaux

Troubles du sommeil
apport de l’intelligence artificielle – Dans le dépistage du SAS ; dans le diagnostic du SAS ; dans le suivi du patient apnéique ; discussion

Session comodérée par Thierry Garban
17.01 – 8h30-9h30 – Salle 343

Fibrillation atriale et cancer
qui est le coupable ? quelle stratégie antithrombotique ? quelle stratégie de contrôle de la FA ? discussion

Session comodérée par Olivier Piot
17.01 – 10h00-11h 00 – Amphithéâtre Bleu

SYMPOSIUMS

La télésurveillance dans l’IA
Contexte et bénéfices de la télésurveillance dans l’insuffisance cardiaque

Intervention de Benoît Lequeux
16.01 – 10h00-10h15 – Salle 252A

Dépister précocement la fibrillation atriale pour prévenir les AVC
Avantages potentiels d’une détection précoce de la fibrillation atriale

Intervention de Thierry Garban
16.01 – 10h20-10h40 – Salle 343

L’insuffisance cardiaque
Une maladie, plusieurs visages : Le patient insuffisant cardiaque chronique « stable » : existe-t-il ?

Intervention de Benoît Lequeux
16.01 – 14h30-14h50 – Salle Maillot

Prise en charge par TAVI de la sténose aortique chez la femme
Comment optimiser le dépistage du rétrécissement aortique chez la femme ? Quelles sont les spécificités du TAVI chez la femme ? Durabilité : un enjeu majeur !

Symposium comodéré par Marc Villacèque
16.01 – 14h30-15h30 – Salle 252A

Rythmologie 2.0 : la révolution des pratiques
Le patient connecté

Intervention d’Olivier Piot
16.01 – 14h50-15h10 – Salle 341

Insuffisance cardiaque
Toujours améliorer sa prise en charge – Patient stable : jusqu’ici tout va bien

Intervention de Benoît Lequeux
17.01 – 11h50-12h10 – Amphithéâtre Bordeaux

ATELIERS SUR L’IA

Utilisation de l’IA en activité libérale

Atelier animé par François Diévart
16.01 – 10h00-11h00 – Village numérique

Comment utiliser ChatGpt dans l’enseignement

Atelier coanimé par Thierry Garban
16.01 – 14h30-15h30 – Village numérique

Codage prompt pour les nuls

Atelier animé par Thierry Garban et Benoît Lequeux
17.01 – 10h00-11h00 – Village numérique

Je ne connais rien à l’IA et j’ai besoin d’aide pour me lancer

Atelier coanimé par Olivier Piot
17.01 – 11h30-12h30 – Village numérique

CONFÉRENCES

Médecine digitale et HTA

Intervention de Benoît Lequeux
16.01 – 11h30-12h00 – Salle Maillot

Comprendre la maladie obésité en 2025

Conférence modérée par François Diévart
16.01 – 15h00-15h30 – Salle 251

SESSION PARAMÉDICALE

Les paramédicaux face à…
l’amylose cardiaque, la fibrillation atriale, l’insuffisance cardiaque

Session comodérée par Florian Zorès
17.01 – 14h30-15h30 – Salle 342 B

SIMULATION

Gérer la télésurveillance dans l’insuffisance cardiaque

Simulation animée par Nawel Aouni, Frédéric Mouquet et Florian Zorès
17.01 – 13h00-14h00 – Atelier insuffisance cardiaque

TRAINING CENTER

Pratiques vaccinales en cardiologie
le patient acteur de sa prévention

Coanimé par Florian Zorès
17.01 – 11h30-12h30 – Salle 351




En route pour les JESFC



Retour à la newsletter

Le palais des congrès de Paris se prépare à accueillir les 35è Journées Européennes de la SFC. La cardiologie libérale y aura toute sa place, avec notamment des présentations sur l’intelligence artificielle.

Depuis plusieurs années, le Syndicat National des Cardiologues s’engage pour accompagner les cardiologues dans toutes les formes d’innovations dont l’intelligence artificielle. En effet, celle-ci révolutionne la cardiologie et promet de modifier en profondeur la pratique quotidienne des médecins.

Ainsi en 2024, le SNC a réalisé une mini-série de 3 épisodes courts, didactiques et pragmatiques sur l’IA pour mieux comprendre les évolutions attendues pour la cardiologie. Une session commune SNC – CNCF a également été organisée sur ce sujet lors du congrès d’Antibes en octobre dernier.

L’IA en bonne place

En 2025, l’IA sera de nouveau l’un des thèmes de travail du SNC, dès les JESFC du 15-17 janvier avec des sessions sur les applications de l’IA en cardiologie, l’IA au cabinet, IA et troubles du sommeil, place de l’IA dans la télésurveillance de l’IC, …

Au-delà de ces sessions, le travail du SNC sur l’IA devrait également permettre aux cardiologues de mieux comprendre les apports de cette révolution technologique mais aussi les défis qui y sont liés sur les plans éthique et organisationnel mais aussi en ce qui concerne l’environnement et l’éducation.

Outre les sessions sur l’IA, l’équipe du SNC sera présente aux JESFC pour aborder de nombreux sujets : gestion de la défaillance cardiaque au cabinet, prise en charge par TAVI de la sténose aortique chez la femme, organisation du cabinet, prévention CV au féminin, installation et exercice en cabinet libéral, amélioration de l’observance, imagerie dans la détection d’une coronaropathie, … rendez-vous mercredi 15 pour organiser votre visite !

Nathalie Zenou

© JESFC




Yannick Neuder : un cardiologue ministre de la Santé !



Retour à la newsletter

Depuis le 23 décembre 2024, Yannick Neuder est officiellement chargé de la Santé et de l’Accès aux soins au sein du gouvernement de François Bayrou.

Cardiologue de formation, Yannick Neuder est directeur du pôle Thorax et Vaisseaux du CHU de Grenoble.

En parallèle de son activité professionnelle, il est engagé en politique depuis 1995 et a exercé plusieurs mandats électifs (conseiller municipal, adjoint au maire, maire, conseiller régional) jusqu’à son élection comme député en 2022 et de nouveau en 2024 (groupe LR). Lors de la dernière mandature (20 juillet – 23 décembre 2024), il était rapporteur général du budget de la sécurité sociale à l’Assemblée nationale mais aussi membres de plusieurs groupes d’études, notamment Air et santé, déserts médicaux et accès aux soins, maladies rares, santé environnementale et numérique, cancer, fin de vie et longévité.

Dans le cadre de la préparation du PLFSS 2025, le Dr Neuder avait indiqué souhaiter une nouvelle loi santé et sociale pluriannuelle qui puisse faire face aux défis des années à venir en matière de prise en charge médicosociale, de handicap, d’accès aux soins…

Il avait également présenté un amendement (adopté) pour l’accès des médecins en cumul emploi retraite au régime simplifié des professions médicales. La censure du gouvernement Barnier courant décembre n’a pas permis de voter le texte.

En tant que ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder est désormais chargé de préparer et mettre en œuvre la politique du gouvernement dans les domaines de la santé publique et de l’organisation du système de santé. Sous réserve des compétences du ministre de l’action et des comptes publics, il doit également préparer et mettre en œuvre la politique du gouvernement dans le domaine de la protection sociale.

Ses missions sont larges et incluent l’organisation de la prévention et des soins, l’élaboration et la mise en œuvre, en liaison avec les autres ministres compétents, des règles relatives à la politique de protection de la santé contre les divers risques susceptibles de l’affecter, les professions médicales et paramédicales et la fonction publique hospitalière.

Il est par ailleurs compétent en matière de lutte contre la toxicomanie et participe, avec les autres ministres compétents, à l’action du gouvernement en matière de recherche et de promotion de l’innovation dans le domaine de la santé. Enfin, il prépare et suit les travaux du comité interministériel pour la santé.

Nathalie Zenou

© yannickneuder.fr




Majoration tarifaire, aurait-on pu faire mieux ?



Retour à la newsletter

Alors que nous allons tous bénéficier de majoration tarifaire, certains d’entre nous diront, à juste titre, que les majorations sont insuffisantes compte tenu notamment de l’inflation. Si les revenus des cardiologues sont parmi les revenus les plus élevés de tous les médecins d’après la CARMF, c’est grâce à la présence et à l’action du Syndicat National des Cardiologues au sein des centrales syndicales (Avenir spé, CSMF), habilité à participer aux discussions conventionnelles et par là même fixer les tarifs de la nomenclature (NGAP) et les actes (CCAM).

Depuis la première convention en 1971, la convention médicale est renégociée chaque cinq ans. C’est ainsi qu’en 2022, nous avons commencé à négocier, mais suite à l’absence d’avancée tant sur le plan tarifaire qu’organisationnel, tous les syndicats ont décidé de façon historique de ne pas signer. L’absence de convention a donc impliqué un règlement arbitral, à l’issue duquel des majorations mineures ont été faites, à savoir 1,50 € sur l’APC, la CSC (consultation spécifique des cardiologues), et sur la consultation du généraliste.

Unir les forces

Ce règlement arbitral aurait pu durer plusieurs années, les syndicats ont donc décidé d’unir leurs forces pour réclamer l’ouverture d’une nouvelle négociation conventionnelle devant le ministre Aurélien Rousseau. Une des bases de cette nouvelle convention était d’avoir une consultation du généraliste à 30 € et l’APC à 60 €.

De plus, en tant que spécialiste, il était important pour nous d’augmenter les actes techniques, qui n’ont pas été majorés depuis 2004, voire plus pour certains. La négociation a duré plus de six mois avec des dizaines de réunions, dans un contexte de fort déficit financier de l’Assurance-maladie.

Néanmoins, les élections européennes arrivant, et devant la possible déroute du gouvernement ne souhaitant pas se mettre à dos les médecins libéraux, nous avons réussi à avoir une enveloppe plus importante à force de bras de fer, de claquements de portes et refus de réunion, ce qui nous a permis de doubler l’enveloppe annuelle des actes techniques, la faisant passer de 150 millions d’euros à 400 millions d’euros.

Dans ces conditions, même si ces revalorisations tarifaires n’étaient pas suffisantes, mais historiquement élevées, il paraissait difficile aux syndicats de faire durer les négociations, sachant la précarité du gouvernement de l’époque et la possible précarité des futurs gouvernements qui aurait empêché toute majoration de l’enveloppe conventionnelle. De plus, il existait de véritables avancées pour les médecins généralistes, et les spécialités cliniques comme la pédiatrie et la psychiatrie.

La convention se négocie à l’échelle de la profession toute entière et pas spécialité par spécialité, ce qui fait que nous avons à la table à la fois des généralistes et des chirurgiens digestifs dont l’acte d’appendicectomie est le même depuis des années à 180 €, alors qu’une échocardiographie d’effort est payée 170,66 €. Ne pas signer aurait entraîné l’absence de revalorisation pour les cardiologues pendant 5 ans, mais surtout aucune revalorisation pour les spécialités à exercice clinique prédominant aux revenus les plus faibles, souvent inférieurs à ceux des médecins généralistes. La nouvelle convention a donc été signée le 22 juin avec application, comme à chaque convention, 6 mois après la signature.

Un syndicat qui se bat pour vous

Une fois de plus, les avancées peuvent paraître faibles, mais l’Assurance-maladie est en déficit ; d’ailleurs, rien que pour la cardiologie, trois médicaments ne seront pas commercialisés en France (malgré leurs bénéfices cliniques), contrairement à presque toute l’Europe : la finérénone, la vericiguat, l’inclisiran. Les seules solutions pour nous rémunérer plus : mettre tout le monde en secteur 2 (alors que les députés veulent le détruire), augmenter nos impôts, augmenter les salaires des salariés sur la partie sociale ou encore augmenter le « reste à charge » des patients, ce qui était prévu dans la loi (PLFSS) censurée dernièrement. Celle-ci voulait diminuer la prise en charge de la sécurité sociale pour nos consultations, de 20 % puis de 10 %.

L’Assurance-maladie étant très largement en déséquilibre, les tarifs des radiothérapeutes devront diminuer de 5 %, une économie de 300 millions d’€ va être imposée aux radiologues, et une baisse tarifaire des biologistes est actée. Si une politique de revenus continue à être appliquée par la CNAM, nul doute que les cardiologues et les ophtalmologues risquent d’être les prochains dans l’œil du cyclone. Le syndicat national des cardiologues travaille durement pour que ceci ne se passe pas.

La situation est très difficile, l’accès aux soins est de pire en pire pour les patients, les médecins sont en souffrance, ces hausses tarifaires semble insuffisantes, mais elles auraient pu ne jamais arriver.

Enfin, devant le manque de pertinence de la ROSP, critiquée par de nombreux cardiologues, et par d’autres médecins, celle-ci a été abandonnée pour tous les médecins. Seuls les généralistes et les cardiologues auront un nouveau mode de rémunération équivalent, grâce au travail de notre syndicat.

Vous l’aurez compris, le syndicat se bat pour vous, dans un contexte difficile. C’est grâce à l’ensemble de vos cotisations que nous sommes une force écoutée et respectée.

Pour finir, je voulais remercier tous les membres actifs du syndicat qui ne compte pas leurs heures pour s’investir à vos côtés, pour vous informer et pour avoir effectué des allers retours sur Paris pour négocier cette convention, et tout ceci bénévolement.

Cardiologiquement

Marc Villacèque

© drizzd – depositphotos




Cotations 2024/2025 : calendrier de l’avant… et de l’après



Retour à la newsletter

Les négociations conventionnelles conclues début juin dernier et publiées au Journal Officiel quelques semaines plus tard ont abouti à la création d’un calendrier subtil où se mêlent une revalorisation à la fois des actes cliniques (dont l’APC), la disparition programmée de la MPC dès le 22 décembre mais également des actes techniques en deux temps (au 1er janvier puis au 1er juillet 2025).

L’exercice en coopération avec une IPA libérale sera également valorisé avec le versement d’un forfait annuel dont le montant sera fonction du nombre de patients de votre file active orientés vers une infirmière de pratique avancée libérale ; ce dispositif entrera en vigueur au 1er janvier 2025.

D’autres changements sont prévus à partir du 1er janvier 2026 avec la fin de la célèbre « ROSP » au profit de la « DONUM » et la revalorisation de la téléexpertise. Les départements et régions d’Outre-Mer n’ont pas été oubliés puisque la revalorisation des actes sera portée à 4 % à partir du 1er janvier 2026.

Cette même date est également retenue pour le démarrage d’une valorisation de l’accompagnement des patients souffrant d’insuffisance cardiaque (réservée aux cardiologues en secteur 1 ou secteur 2 avec OPTAM) avec versement d’une prime de 250 € par indicateur indépendant (ils sont au nombre de 4) en année N+1.

Enfin, un code remplacera la cotation du patient hospitalisé en secteur de soins conventionnel (hors USIC, USC ou USIM) : HS 1 du 1er au 20e jour d’hospitalisation, HS 0,5 du 21e au 60e et HS 0,25 au-delà du 60e jour d’hospitalisation, toujours dans la limite d’une cotation de 30 patients/jour/médecin.

Frédéric Fossati


Pour plus de précisions, adhérez au SNC

© Depositphotos – Wavebreakmedia




Sessions et formations à ne pas louper aux congrès des JESFC



Retour à la newsletter

Le congrès des JESFC sera tourné cette année vers le numérique et l’intelligence artificielle. Deux sessions communes (SFC-SNC et SFC-CNCF) représentant la cardiologie de ville seront organisées durant ce congrès qui se déroulera à Paris du 15 au 17 janvier 2025.

Pour ceux qui ne sont pas encore inscrits, il existe une multitude de formation validant le développement professionnel continue, une excellente façon de se former et d’assister à un congrès en bénéficiant d’un dédommagement financier.

Les formations sont riches et variées

  • le bon usage de l’échographie et de l’imagerie dans l’insuffisance cardiaque,
  • la prise en charge de l’hypertension sévère,
  • cœur et sport,
  • l’IRM cardiaque,
  • cœur et psychologie,
  • prise en charge des cardiomyopathies,
  • prise en charge des valvulopathies,
  • l’utilisation de l’intelligence artificielle en cardiologie,
  • la pratique du numérique en cardiologie…

Il y aura également des ateliers de simulation ouvert à tous comme

  • la prise en charge des urgences cardiaques en simulation Immersive.
  • le perfectionnement en ETO sur mannequin,
  • des ateliers pour mieux utiliser l’intelligence artificielle.

Plusieurs thèmes seront abordés à travers des sessions riches

  • les soins primaires en cardiologie, qui abordera la collaboration entre les médecins généralistes et les Cardiologues,
  • un thème sur comment se prémunir du risque médico-légal,
  • un thème sur l’utilisation de l’imagerie pour la détection d’une coronaropathie avec le CNCF.
  • un thème sur comment utiliser l’IA dans les cabinets libéraux, fait par le SNC (Syndicat national cardiologues).

Et surtout n’hésitez pas à venir nous voir sur le stand du syndicat pour échanger sur notre métier

Marc Villacèque

Pour s’inscrire aux formations


Programme DPC et inscription

© JESFC




Des dépenses de santé en augmentation



Retour à la newsletter

La dépense courante de santé augmente de 3,5 % en France en 2023, à 325 milliards d’euros. Elle est portée par la forte hausse de la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) et des dépenses de soins de longue durée qui contrebalancent la chute des dépenses de prévention.

L’année 2023 marque un retour à la normale après la crise sanitaire (arrêt de la plupart des dépenses exceptionnelles liées au Covid-19, notamment dépistage et vaccination). La consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) est plus dynamique en 2023 qu’avant la crise, portée par la consommation de soins hospitaliers (+5,7 %), de soins ambulatoires (+5,7I%) et de médicaments (+3,1I%).

Hausse des coûts à l’hôpital public… et des volumes dans le privé

Les dépenses de soins hospitaliers atteignent 122 milliards d’euros (Mds €), soit 49 % de la CSBM (+2 % par rapport à 2019). À l’hôpital public, les prix des soins augmentent de 3,6 % contre 0,4 % en cliniques privées (forte hausse des rémunérations à l’hôpital public en 2023 et répercussion des hausses de prix de l’énergie de 2022).

Dans le secteur privé, la hausse des prix de l’énergie ne s’est pas traduite par une hausse des prix des soins.

Toutefois, en volume, les soins augmentent fortement dans le secteur privé (+6,3 %) et beaucoup moins dans le secteur public (+1,8 %). Le dynamisme des soins hospitaliers en cliniques privées se confirme en 2023 : le volume d’activité est supérieur de 16 % à celui de 2019. À l’hôpital public, le volume d’activité demeure inférieur de 5 % à son niveau de 2019.

Hausse des soins chez les spécialistes

La consommation de soins ambulatoires s’établit à 72 Mds € (+ 5,7 % par rapport à 2022), portée notamment par les soins de médecins spécialistes (+6,6 % à 14,9 Mds € en 2023) qui ont progressé de 18,5 % entre 2019 et 2023 (+3,4% chez les médecins généralistes sur la même période). L’augmentation des soins courants s’explique aux trois quarts par un effet volume et pour un quart par un effet prix : le prix des soins courants n’a augmenté que de 1,6 % (contre +1,8% en 2022).

Les actes techniques représentent le premier poste des dépenses des médecins spécialistes (hors MG), atteignant 45 % du total en 2023, contre 33 % pour les consultations, visites et téléconsultations.

L’imagerie médicale, l’ophtalmologie, la cardiologie et la médecine vasculaire, la neuropsychiatrie et la psychiatrie représentent près de la moitié des dépenses de soins de médecins spécialistes.

La part des dépassements dans les honoraires des médecins spécialistes augmente depuis 2020.

En 2023, les dépassements d’honoraires représentent 17,1 % des honoraires des médecins spécialistes (hors MG), après avoir été quasiment stables entre 2011 et 2020. Les dépassements augmentent plus fortement que le reste des honoraires : +13,7 % en 2023, après +5,8 % en 2022 et +16,4 % en 2021.

La France toujours bien classée

La France est le deuxième pays européen pour les dépenses de santé, derrière l’Allemagne (11,8 % du PIB contre 12,6). Le reste à charge pour les ménages est l’un des plus faibles au sein de l’OCDE (274€/an/habitant soit 9,2 % de leurs dépenses de soins pour les Français contre 9,1I% pour les Croates et 8,7I% pour les Luxembourgeois).

En 2023, la consommation de soins de médecins spécialistes en ville (hors MG) est couverte à hauteur de 69,3 % par la Sécurité sociale, 0,2 % par l’État, et 19,3 % par les organismes complémentaires.

Les ménages financent 11,1I% de ces soins. Au cours des dix dernières années, la part qu’ils financent a progressé en moyenne de 2,2 % par an, contre 3,8 % pour la Sécurité sociale et 2,5 % pour les organismes complémentaires.

Zoom sur la cardiologie

En 2023, les soins de cardiologie et de médecine vasculaire en ville se montent à environ 1,5 Md € (+ 9,7 %), soit presque 10% des dépenses en médecine spécialiste de ville.

Les dépassements d’honoraires des cardiologues et des médecins vasculaires ont augmenté d’environ 23 %, mais leur part dans les honoraires n’est que de 7 %, parmi les plus basses constatées.

 

Nathalie Zenou


Consultez le rapport de la DREES

© Depositphotos – Everything Possible




Comment récupérer trois ans d’imposition ?

La lecture est réservée à nos abonnés.

Pour lire cet article, vous devez vous connecter




Parcours coordonnés renforcés : c’est (presque) parti !



Retour à la newsletter

Un décret en conseil d’Etat publié dimanche au Journal officiel encadre la mise en œuvre des « parcours coordonnés renforcés » issus de l’entrée dans le droit commun d’expérimentations « article 51 ».

Les expérimentations « article 51 » permettent de déroger aux règles habituelles de financement afin de favoriser les coopérations et le travail d’équipe.  Ainsi la prise en charge pluriprofessionnelle d’une personne peut être organisée sous la forme d’un parcours coordonné renforcé donnant lieu à une prise en charge forfaitaire. Après évaluation, les expérimentations ayant fait leurs preuves pourront être inscrites dans le droit commun, ouvrant droit à une prise en charge pérenne par l’Assurance-maladie.

Les ministres chargés de la santé et de la Sécurité sociale fixeront par arrêté une liste de ces parcours en tenant compte de l’avis rendu par le Conseil stratégique de l’innovation en santé (Csis). Cela conditionne le remboursement par l’Assurance-maladie.

L’arrêté ministériel devra également détailler les caractéristiques des parcours : conditions d’identification des intervenants, modalités du recueil du consentement et d’information du patient sur le partage de données de santé le concernant, modèle de projet de parcours, modalités de facturation, modalités d’organisation du parcours, prestations couvertes par le forfait, montant du forfait, objectifs du parcours et sa place dans la stratégie préventive, thérapeutique ou d’accompagnement…

Une prise en charge à 100% pour les assurés répondant aux critères de droit commun

Il reviendra aux ARS de contrôler la validité de chaque projet de parcours. Seuls les parcours conformes aux exigences de l’arrêté ministériel et autorisés par l’ARS pourront faire l’objet d’une prise en charge. L’assuré ne sera alors redevable d’aucun autre montant que celui du forfait, aucun dépassement d’honoraires ne pouvant être facturé. Le ticket modérateur sera fixé par arrêté au plus tard le 1er septembre 2025. La prise en charge à 100% s’appliquera pour les assurés répondant aux critères de droit commun (ALD, femmes enceintes, soins aux mineurs victimes de sévices sexuels, victimes d’actes de terrorisme, etc.).

Après l’entrée en vigueur du décret le 25 novembre, d’autres décrets doivent encore établir la liste des structures autorisées à coordonner des parcours coordonnés renforcés et fixer le montant du forfait et du ticket modérateur pour les différents parcours.

Dans le cadre de la préparation du PLFSS 2024, il était indiqué que les premiers parcours pourraient concerner la rééducation cardiaque en centre de ville en alternative à une hospitalisation en SMR, la réhabilitation respiratoire à domicile, la prise en charge de l’obésité en appui à la médecine de ville pour les patients en échec thérapeutique en premier recours, et celle des troubles du langage et de l’apprentissage chez les enfants.

L’insuffisance cardiaque pourrait être concernée par ces parcours coordonnés renforcés.

Nathalie Zenou

© Depositphotos – IJeab




Prévenir l’insuffisance cardiaque dès l’adolescence, le pari du Dr Barnabas Gellen



Retour à la newsletter

Ayant travaillé sur les formes les plus graves de l’insuffisance cardiaque, le Dr Gellen organise des opérations de prévention auprès des jeunes pour les sensibiliser aux bienfaits d’une bonne hygiène de vie.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Barnabas Gellen, âgé de 51 ans, père de 3 enfants, ce qui a contribué à éveiller mon intérêt pour la prévention chez les jeunes. 

Né et grandi à Budapest, j’ai fait mes études de médecine en Allemagne, et j’ai ensuite été formé en cardiologie au sein de l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris). En parallèle, j’ai réalisé une thèse de science à l’Inserm et au Collège de France.

Où exercez-vous et quel type de pratique avez-vous ?

Je suis cardiologue au sein du groupe Elsan, à la polyclinique de Poitiers. J’ai une activité mixte salariée et libérale, avec trois axes majeurs : la prévention / dépistage des maladies et des facteurs de risque cardiovasculaires (hypertension, diabète, cholestérol, tabagisme, sédentarité, obésité, apnée du sommeil) ; l’insuffisance cardiaque ; bilan de l’intolérance / essoufflement anormal à l’effort par un test d’effort avec mesure des échanges gazeux (VO2) et/ou par échocardiographie d’effort.

Pourquoi travailler plus particulièrement sur l’insuffisance cardiaque ?

J’ai été formé au CHU Henri-Mondor et à la Pitié-Salpêtrière à l’insuffisance cardiaque, y compris les formes les plus graves nécessitant une transplantation cardiaque. J’ai été le responsable du plus grand service de réadaptation cardiaque de l’AP-HP situé à l’hôpital Albert Chenevier pendant cinq ans, ce qui m’a permis d’approfondir davantage mes connaissances dans ce domaine, notamment en ce qui concerne les explorations détaillées de l’intolérance à l’effort et les bénéfices majeurs du réentraînement à l’effort.

Comment est née votre initiative vis-à-vis des collégiens ?

C’est pendant cette période que j’ai réalisé à quel point l’adoption des bonnes habitudes (alimentation équilibrée, activité physique, absence de tabagisme) est importante, et à quel point il est difficile de les modifier à l’âge plus avancé. J’ai pris conscience que l’adoption d’une bonne hygiène de vie doit se faire dans l’idéal au plus jeune âge.

Pouvez-vous présenter votre démarche et comment vous avez pu la mettre en place ?

J’ai motivé la direction de notre établissement à créer une cellule dédiée aux actions de dépistage et de prévention à destination du grand public. Portée par deux animateurs de santé publique, cette cellule nous a permis de monter des actions d’envergure en dehors des murs de l’établissement.

Depuis quatre ans, nous avons établi une collaboration avec le Creps de Poitiers (Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive), qui dispose d’un magnifique site vaste en pleine nature, tout près de Poitiers. Dans le cadre de cette collaboration, nous organisons chaque fin d’année scolaire une journée entière au Creps sous forme de course d’orientation, ce qui motive énormément les jeunes à participer. La Société française de cardiologie, dont je suis un membre très actif, nous soutient financièrement pour porter les frais de transport des élèves en car, et pour pouvoir proposer des prix significatifs de plusieurs centaines d’euros aux classes gagnantes. Le beau cadre, l’action ludique, et les prix créent un environnement très motivant non seulement pour les élèves, mais aussi pour leurs enseignants qui les accompagnent et pour notre équipe. Notre action sur place est encadrée par des stagiaires du Creps qui sont formés à l’organisation des courses d’orientation et à assurer la sécurité des jeunes.

Notre équipe se déplace en amont de chaque action au Creps pour former les stagiaires à la thématique de l’insuffisance cardiaque, et également dans chaque collège participant pour former et sensibiliser les élèves et leurs enseignants pendant 90 minutes à cette maladie.

Comment réagissent les collégiens ?

Les collégiens sont enthousiastes. Ils participent avec plaisir, se laissent porter par l’enjeu de la course et les prix à gagner. A cet âge de début d’adolescence, ils sont encore très accessibles aux messages de prévention, d’hygiène de vie. Les mauvaises habitudes (abandon d’activité sportive, addiction aux écrans, cigarettes) peuvent s’installer notamment à cet âge, d’où notre choix de s’adresser aux élèves de 13-14 ans.

Quels conseils donneriez-vous à vos confrères qui voudraient suivre votre exemple ?

Etant donné que la prévention de l’insuffisance cardiaque et des maladies cardiovasculaires en général, est étroitement conditionnée par la bonne hygiène de vie (activité sportive régulière, alimentation équilibrée, limitation des écrans, absence de tabagisme), et qu’il est beaucoup plus facile d’adopter les bons réflexes en début d’adolescence que de modifier les mauvaises habitudes bien ancrées à l’âge adulte, il paraît pertinent de cibler les jeunes si on souhaite réduire de façon efficace l’incidence de ces maladies.

Les actions à l’intérieur des hôpitaux (par exemple des stands d’information dans les halls d’accueil) resteront toujours d’envergure limitée, avec un public aléatoire et souvent pas ou peu accessible aux messages qu’on souhaite délivrer. Le véritable enjeu d’un travail de prévention efficace à mon sens est de porter les actions à l’extérieur, en s’adressant à un public ciblé et préparé, dans un cadre qui incite à la participation active.

Ces actions complexes ne peuvent pas être préparées et menées seul par le personnel médical/paramédical des établissements. Elles nécessitent une équipe dédiée, formée à la mise en place des actions de prévention. Mon conseil est donc de promouvoir autant que possible la création de cellules dédiées au sein de nos établissements. Ces cellules pourront se charger de toutes les actions tout au long de l’année : octobre rose, mois sans tabac, novembre (cancer de la prostate), dépistage de l’apnée du sommeil, etc.

Propos recueillis par Nathalie Zenou

© ESC




Hommage au Dr Philippe Guyon : Un homme de cœur et de rigueur



Retour à la newsletter

C’est avec une profonde tristesse que nous saluons la mémoire de Philippe, notre collègue et ami, parti bien trop tôt. À travers ces mots, nous espérons honorer l’homme et le professionnel exceptionnel qu’il était.

Philippe, figure incontournable du Centre Cardiologique du Nord depuis 1996, était une référence en cardiologie interventionnelle, ayant contribué au développement d’innovations majeures et marqué notre institution de son empreinte. Son esprit critique, son regard affûté et son intelligence lumineuse ont souvent éclairé les chemins de ceux qui travaillaient à ses côtés. Ses collègues, infirmières et l’équipe du cath-lab, se souviennent de sa bienveillance exigeante, de ses colères éphémères qui masquaient un perfectionnisme inflexible, mais aussi de sa générosité qui faisait de lui un mentor et un ami précieux.

Philippe avait des passions qui allaient bien au-delà de son métier. Marin solitaire, cuisinier rassembleur pour ses collègues, mélomane passionné, il savait savourer la vie. Dans les moments partagés, son rire complice et sa discrétion illustraient un homme pudique, laissant transparaître son amour pour son épouse Sylvaine et ses enfants, Baptiste et Maxime, qui étaient sa plus grande fierté.

Son engagement envers ses patients et son dévouement envers ceux qui l’entouraient étaient sans limite. Dans les moments de défi, Philippe n’a jamais reculé, assurant chaque geste avec un sang-froid et une expertise admirables. Comme il aimait le dire, « aucun bastion n’est imprenable », une phrase qui reflétait à la fois son esprit combatif et son indéfectible détermination.

Les leçons qu’il nous laisse, ses éclats de rire et ses mots de sagesse, résonnent encore parmi nous. Ceux qui l’ont côtoyé, de près ou de loin, portent un fragment de son héritage en eux. Que ses proches trouvent dans cet hommage la marque de l’impact inoubliable de Philippe sur nos vies.

À jamais dans nos cœurs, repose en paix, Philippe.

Dr Franck Digne. Centre Cardiologique du Nord

© DR




Accès aux soins : la liberté d’installation de nouveau sur la table



Retour à la newsletter

Emanant pour l’une de députés et pour l’autre de sénateurs, deux initiatives proposent des mesures pour améliorer l’accès aux soins, parmi lesquelles la régulation de l’installation des médecins libéraux.

Le député socialiste Guillaume Garot (Mayenne) a déposé une proposition de loi transpartisane sur les déserts médicaux. Le texte a été élaboré par un groupe de travail rassemblant 95 membres issus de tous les partis à l’exception du Rassemblement national et du groupe UDR.

Cosigné par 237 députés, le texte comprend plusieurs mesures déjà présentes dans un texte proposé en 2022 et traite des mesures d’urgence, de la réforme de la formation en santé et de l’amélioration de l’exercice des soins sur le terrain.

L’article premier décrit sa mesure phare : la soumission à autorisation de l’installation des médecins libéraux. Celle-ci serait délivrée par l’ARS et accordée d’office dans les zones sous-dotées, sous condition de départ d’un praticien dans les zones surdotées.

D’autres mesures visent à limiter à 4 ans la durée cumulée d’exercice en tant que remplaçant, à rétablir l’obligation de PDSA pour l’ensemble des médecins, à supprimer progressivement le secteur 2 et à intégrer plus rapidement des médecins à diplôme hors UE dans le système de santé.

Actualisation des constats et propositions

Au Sénat, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable a actualisé les constats et propositions d’un rapport de mars 2022. Jean-François Longeot (Union centriste, Doubs), président de la commission, et Bruno Rojouan (rattaché LR, Allier) ont ainsi présenté une quarantaine de propositions dont certaines rejoignent celles des députés.

Il s’agit notamment de cibler des solutions adaptées aux zones les moins bien dotées, d’accentuer les transferts de compétences des médecins vers les autres professions de santé et de renforcer les efforts d’augmentation et de territorialisation des capacités de formation en santé.

Obligation d’un exercice avancé à temps partiel

Concernant l’installation, les sénateurs souhaitent la subordonner, dans les zones les mieux dotées, à l’obligation d’un exercice avancé à temps partiel dans les zones les moins bien dotées, sous l’égide de la profession.

Le rapport préconise également à terme un conventionnement sélectif.

La proposition de loi devrait être inscrite à l’ordre du jour de la semaine d’initiative parlementaire de l’Assemblée nationale, courant février. Quant au rapport, il est destiné à enrichir la réflexion des sénateurs sur le sujet de l’accès aux soins.

 Nathalie Zenou

Consulter le texte de la proposition de loi 


Proposition de loi

Consulter le rapport de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat 


Rapport du Sénat

© fr.depositphotos – Lucidwaters




Hausse du ticket modérateur : le PLFSS 2025 en cours de discussion au Sénat



Retour à la newsletter

Des augmentations de 5 % du ticket modérateur sur les consultations médicales et les médicaments permettraient à l’Assurance-maladie de réaliser 900 millions d’euros d’économies.

Au Sénat, la ministre de la santé Geneviève Darrieussecq a souligné que le PLFSS 2025 devrait tenir compte du déficit de la Sécurité sociale prévu pour 2024. Celui-ci devrait excéder de près de 8 milliards d’euros (Md€) le déficit prévu dans la LFSS de décembre 2023.

La hausse de 5 % du ticket modérateur de la consultation médicale s’inscrit dans ce contexte. Malgré cette hausse, la consultation médicale resterait l’acte de soins de ville le mieux remboursé par la solidarité nationale, à 65 %.

En parallèle, le ticket modérateur sur les médicaments augmentera également de 5 %.

A l’heure actuelle, il existe trois seuils de remboursement des médicaments selon leur niveau de service médical rendu : 65 % pour un SMR majeur ou important, 30 % pour un SMR modéré et 15 % pour un SMR faible.

Les nouveaux seuils seraient donc de 60 %, 25 % et 10 %. Les médicaments prescrits aux patients reconnus en affection de longue durée (ALD) sont remboursés à 100% quel que soit leur niveau de SMR (excepté SMR insuffisant).

Ces deux hausses permettraient de générer 900 M€ d’économies et transfèreraient la charge de la différence sur les organismes complémentaires.

L’examen du PLFSS en première lecture en séance publique au Sénat se poursuivra jusqu’à samedi, avant un vote solennel le mardi 26 novembre. Le texte retournera ensuite à l’Assemblée nationale.

 

Nathalie Zenou

© Jean-Bernard Nadeau – Phovoir




IPA : le conseil d’Etat saisi sur l’accès direct et la primo-prescription



Retour à la newsletter

La DGOS a confirmé le 8 novembre que le conseil d’Etat avait été saisi sur le projet de décret relatif à l’accès direct et la primo-prescription des infirmiers en pratique avancée (IPA). Ce décret doit préciser les modalités d’application de la loi « Rist 2 » du 19 mai 2023.

Le projet de décret a fait l’objet de 29 saisines pour avis. L’Académie de médecine, des représentants des professionnels de santé concernés, la Haute autorité de santé (HAS) et des ordres figurent parmi les auteurs des saisines qui peuvent engendrer un délai supplémentaire dans la publication du texte. Celle-ci a également été retardée par les changements de ministre de la santé au cours des derniers mois. Par ailleurs le texte du décret et le projet d’arrêté fixant la liste de prescription initiale ont évolué en fonction des demandes émises par différentes associations, ordres et syndicats.

Le conseil d’Etat doit maintenant communiquer la date à laquelle sa section sociale procédera à l’examen du projet de décret. En parallèle la ministre de la santé et de l’accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, a indiqué qu’elle souhaitait que le décret soit publié avant la fin de l’année.

A noter que le projet d’arrêté relatif à la primo-prescription a déjà été enrichie de deux annexes, selon que le patient consulte l’IPA avec ou sans diagnostic médical préalable.

Par ailleurs d’autres chantiers sont en cours, comme l’expérimentation de l’accès direct aux IPA en exercice au sein d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS).

La DGOS rappelle qu’aujourd’hui, 277 IPA exercent en libéral et 25 en pratique exclusive.

Nathalie Zenou

© Wavebreakmedia – Depositphotos




L’essentiel sur la démocratie américaine



Retour à la newsletter

Alors que les résultats maintenant connus de l’élection présidentielle devraient avoir une influence majeure sur l’évolution du monde et de la démocratie américaine, les éditions Les Arènes ont fait paraître un guide pratique faisant la synthèse de l’histoire de la démocratie américaine, depuis les principes mis en avant par les pères fondateurs jusqu’aux menaces sur son avenir, dans les suites de l’attaque du Capitole du 06 janvier 2021.

C’est un guide pratique, comportant de nombreux encadrés, des extraits des textes et discours importants et une iconographie adaptée à la compréhension des rouages de la démocratie qui fait une parfaite synthèse de ce que tout citoyen devrait savoir sur le fonctionnement institutionnel des Etats-Unis.

Il est riche de multiples questions et réponses et de faits méconnus ou oubliés. On comprend comment après l’abolition de l’esclavage s’est installée une ségrégation légale avec le principe « égaux mais séparés » : noirs et blancs égaux pour ne pas contrevenir à la loi, mais séparés, au nom d’un racisme persistant. Et c’est un jugement de la Cour Suprême, en 1954, qui va être à l’origine d’un long combat pour les droits civiques, faisant que la ségrégation fut elle-aussi abolie : « Nous arrivons ainsi à la question posée : la ségrégation des enfants dans les écoles publiques sur la seule base de leur race, même si les installations matérielles et d’autres facteurs tangibles peuvent être égaux, prive-t-elle les enfants du groupe minoritaire de possibilités tangibles en matière d’éducation ? Nous pensons que oui. La ségrégation des enfants blancs et de couleur dans les écoles publiques a un effet négatif sur les enfants de couleur. Les conséquences sont encore plus grandes quand elles sont sanctionnées par la loi. Car la politique de séparation des races est généralement interprétée comme dénotant l’infériorité des noirs. Ce sentiment d’infériorité affecte la motivation des enfants à étudier. La ségrégation a par conséquent tendance à ralentir le développement éducatif et mental des enfants noirs et à les priver de certains bénéfices qu’ils tireraient d’un système scolaire intégré… Nous concluons que dans le domaine de l’éducation publique, la doctrine « séparés mais égaux » n’a pas de place. Des institutions scolaires séparées sont intrinsèquement inégalitaires. Par conséquent, nous affirmons que les plaignants, et toute autre personne dans une situation similaire, pour lesquels ces actions ont été intentées, sont en raison de la ségrégation contestée ici, privées de l’égale protection de la loi garantie par le XIVème amendement ». L’histoire qui suit est connue et a été maintes fois racontée, y compris dans des films : faire reconnaître la loi jusqu’à la proclamation des droits civiques dix ans plus tard, le 2 juillet 1964.

Ce guide raconte ainsi l’évolution des Etats-Unis et comment plusieurs événements (le 11 septembre, l’invasion de l’Irak, l’assaut du Capitole, l’élection contestée de George W. Bush…) ont mis à mal ou confirmé les principes d’une démocratie reposant sur une constitution d’un pays qui n’était plus une monarchie après s’être émancipé de la tutelle anglaise.

A lire absolument.

François Diévart

EN SAVOIR PLUS…

 

Auteurs : Thomas Snégaroff, Romain Huret
Editeur : Les Arènes
Parution : 3 octobre 2024
Pagination : 138
Prix broché : 17,00 euros

 

© Sergey Nivens – Depositphotos




L’essentiel sur Kamala Harris



Retour à la newsletter

Encore méconnue, alors qu’elle aurait pu devenir la première femme présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, a fait l’objet d’une biographie en français, de lecture très facile. Elle permet de connaitre plusieurs aspects de sa vie et sa personnalité. A titre indicatif, une des meilleures biographies de Donald Trump a été publiée en 2020 en France et est « Un parrain à la Maison Blanche » de Fabrizio Calvi chez Albin Michel (lecture recommandée).

A n’en point douter, Kamala Harris est une progressiste déterminée. Elle sait ce qu’elle veut, notamment en matière de justice sociale, de droits des femmes et des minorités et sait se donner les moyens de ses ambitions. Si elle écoute, elle est patiente et reste fidèle aux principes qu’elle défend. Ce qui lui a valu des ennemis, notamment lorsqu’elle a refusé de faire condamner à mort l’assassin d’un policier.

Kamala Harris est la fille de deux universitaires ayant émigré aux Etats-Unis, une mère indienne et un père jamaïcain. Elle a, avec sa sœur Maya, été élevée par sa mère, qui elle aussi faisait preuve d’une grande détermination et a grandi dans le milieu de la contre-culture de la Californie des années 1970.

Kamala a progressivement franchi les échelons l’amenant à être procureure générale de Californie, puis sénatrice de Californie. Elle a été nommée à ce poste concomitamment à l’élection de Donald Trump à la présidence et est alors entré en résistance face à Trump. C’est à ce poste qu’elle acquiert progressivement une visibilité publique. Après un échec aux primaires démocrates où elle ne pourra se présenter, elle est finalement choisie comme vice-présidente des Etats-Unis par Joe Biden.

Dans son ascension elle a été aidée par sa volonté et de nombreux concours de circonstances lorsque ses adversaires potentiels ont dû renoncer à se présenter ou n’ont pu se présenter face à elle. Exactement comme ce qui fait qu’elle a été candidate aux élections présidentielles de 2024, alors même qu’elle n’a jamais été désignée par une primaire de son parti. C’est parce que Joe Biden a dû renoncer à se présenter et qu’il n’y avait pas de candidat démocrate en position éligible que Kamala s’est retrouvée en première ligne.

Si cette biographie retrace son parcours en Californie et au Sénat, elle s’étend peu sur son action de vice-présidente et laisse entendre qu’elle a quelques lacunes en politique étrangère, mais potentiellement moins que son adversaire à la présidentielle. Elle rend compte du parcours d’une femme attachante autant que déterminée, ayant une haute idée de la justice.

 

François Diévart

EN SAVOIR PLUS…

 

Auteur : Olivier Piton
Editeur : Plon
Parution : 26 septembre 2024
Pagination : 384
Prix broché : 21,00 euros

 

© ScottMorris – Depositphotos




L’intelligence artificielle : un symposium commun CNCF et SNC



Retour à la newsletter

Lors du congrès annuel du CNCF qui s’est tenu à Antibes du 17 au 19 octobre 2024, la session commune avec le SNC a eu pour objet l’intelligence artificielle (IA). Grâce aux présentations de Thierry Garban, Benoit Lequeux et Vincent Pradeau, elle a permis de faire le point sur les apports et enjeux de l’arrivée de l’IA dans la pratique cardiologique. Nous avons retenu trois éléments majeurs parmi l’ensemble des données présentées.

Données médicales = données sensibles

Les trois orateurs ont été d’accord et ont insisté sur un défi majeur de l’utilisation des outils numériques dans le domaine de la santé : il ne faut pas partager des données sensibles – c’est-à-dire des données médicales personnelles –, que ce soit pour alimenter une IA ou pour utiliser une IA dès lors que l’on ne connait pas la politique de gestion des données des acteurs de la chaine (opérateur, Cloud, développeur du système, plateformes…). 

Ainsi, il ne faut pas partager des informations confidentielles (comme des numéros de Sécurité sociale, des adresses, ou des informations financières) dans les interactions avec l’IA et il faut utiliser des plateformes conformes aux réglementations comme le RGPD par exemple. Pour mémoire, actuellement, ChatGPT n’est pas certifié pour un usage conforme aux normes de protection des données dans le cadre de la santé.

L’IA : un outil aux applications protéiformes appelé à grandir

Il est certain que l’IA aide et va aider de plus en plus le médecin aux différentes étapes de parcours de soins du patient : prévention, orientation, diagnostic, pronostic, traitement et suivi.

A ce sujet, la présentation de Benoit Lequeux a fait le point sur les avancées majeures déjà permises par l’IA dans plusieurs de ces domaines notamment en matière de prédiction et d’aide à l’imagerie : époustouflant…

Saisir cette chance, en connaître les défis

L’émergence de l’IA est une chance dont les cardiologues doivent se saisir s’ils veulent préserver la qualité de leur exercice et répondre à la demande de soins croissante.

Elle pose néanmoins d’importants défis : savoir suivre les évolutions technologiques exponentielles, se former, comprendre et adapter le modèle économique de la pratique médicale, assurer la sécurité des données, garantir une utilisation éthique et définir les responsabilités des acteurs dans la chaine.

Le CNCF et le SNC, conscient de ces enjeux développent dorénavant communément des outils de formation pour s’adapter à ces défis.

François Diévart

© Sergey Nivens – Depositphotos




Les cardiologues en 2024

Deux courbes de Gauss et une pratique qui reste principalement libérale : tel est l’état de la démographie des cardiologues en 2024. Illustrations en un graphique et deux tableaux.


Retour à la newsletter

Selon l’Atlas de la démographie médicale publié le 02 octobre 2024 par le Conseil national de l’Ordre des médecins, il y aurait actuellement 6 278 cardiologues.

L’analyse de la pyramide des âges permet de constater qu’il y a une répartition des âges en deux courbes de Gauss, l’une étant centrée sur la génération des 60-70 ans et l’autre sur celle de 30-40 ans : une relève qui arrive donc (graphique ci-dessous).

La pratique libérale exclusive reste le mode principal d’exercice des cardiologues qui concerne donc 45 % d’entre eux.

Attention cependant à un effet en trompe l’œil, si le tableau du mode d’exercice selon le sexe laisse à penser que les femmes vont majoritairement vers un mode d’exercice salarié, de fait, entre 2020 et 2024, il y a eu 12,4 % de femmes en plus ayant opté pour un mode d’exercice libéral (705 en 2020 versus 887 en 2024) et 8,6 % de moins ayant opté pour un mode d’exercice salarié exclusif (876 en 2020 versus 805 en 2024).

François Diévart

Pyramide des âges – cardiologie et maladies vasculaires

Effectifs par sexe et mode d’exercice – cardiologie et maladies vasculaires

Hommes Femmes
Libéraux Mixtes Salariés Libéraux Mixtes Salariés
1933 1159 1114 887 380 805
Total Libéraux Mixtes Salariés
6278 45 % 24,5 % 30,5 %

© Monkey Business – Fotolia




L’intelligence artificielle : une révolution annoncée en cardiologie



Retour à la newsletter

L’intelligence artificielle sera-t-elle une aide majeure pour la pratique cardiologique ou posera-t-elle des défis difficiles ? Réponse lors de la session commune CNCF-SFC : Influence présente et à venir de l’intelligence artificielle sur la pratique cardiologique libérale.

Une session commune CNCF-SFC lors du congrès national du CNCF

Vendredi 18 octobre 2024 à 14h15

La hausse de 3,5 % des maladies cardiovasculaires et la diminution du temps par patient sont des réalités pressantes que tout cardiologue constate quotidiennement. Face à cette situation, l’innovation technologique, en particulier l’intelligence artificielle (IA), se présente comme une solution prometteuse.

L’IA, avec ses multiples applications, offre des perspectives nouvelles pour améliorer nos pratiques. Qu’il s’agisse de la préparation des consultations, de la captation et structuration des données en temps réel, ou encore de la transcription des comptes rendus, ces outils se révèlent d’une efficacité redoutable.

Des diagnostics plus précis

En cardiologie, l’IA a déjà démontré depuis longtemps son potentiel dans l’analyse des électrocardiogrammes, permettant des diagnostics plus précis et plus rapides, améliorant ainsi la qualité des soins prodigués.

L’intégration de l’IA dans les smartphones est une autre avancée majeure. En 2024, 300 millions d’utilisateurs avaient recours à des IA génératives, et ce nombre pourrait atteindre 700 millions d’ici 2030. Cette évolution est de nature à transformer profondément notre pratique, rendant ces technologies accessibles au plus grand nombre.

Une opportunité à saisir

Il est crucial que nous, cardiologues, saisissions cette opportunité. L’IA ne doit pas être perçue comme un gadget, mais comme un atout pour améliorer notre pratique face à une demande croissante. Adopter ces technologies nous permettra de libérer du temps médical, de diminuer notre charge mentale et de sécuriser les réponses médicales.

Le futur de la cardiologie se dessine à l’intersection de notre expertise et de l’intelligence artificielle. Ensemble, engageons-nous dans cette révolution pour le bien de nos patients et de notre profession.

Thierry Garban, François Diévart

Influence présente et à venir de l’intelligence artificielle sur la pratique cardiologique libérale

14h15 – 15h15 – Salle amphithéâtre

Modérateurs : François Diévart (Dunkerque), Marc Villacèque (Nîmes)

  • Dans la pratique clinique et l’aide au diagnostic – Thierry Garban (Nantes)
  • Dans la prédiction des événements cardiovasculaires – Benoît Lequeux (Poitiers)
  • Les défis à relever – Vincent Pradeau (Bordeaux)

Consultez le programme du congrès


Programme (format pdf)

© Sergey Nivens – Depositphotos