Google et le monde réel

Google Street View le retour. 1,6 million de kilomètres parcourus et 80 milliards de photos collectées, c’est ce qu’il a fallu pour que nous puissions voir le monde de notre fauteuil. Les récents progrès en matière de capture et d’analyse d’images ont fait réagir Google qui vient de doter ses voitures de nouvelles caméras (7 contre 15 auparavant, mais infiniment plus précises). Le système est composé de deux Lidar (système de mesure à distance par laser) pour le positionnement dans l’espace et des caméras HD.

Une image plus nette et un contraste meilleur facilitera de facto le travail d’analyse des images par les logiciels. Ils pourront ainsi extraire les textes trouvés sur les panneaux et les analyser (y compris les horaires d’ouverture inscrits sur la porte des boutiques), identifier la forme et la couleur des bâtiments pour donner de meilleures indications aux utilisateurs de Google Maps et Google Assistant.

Ces nouvelles analyses, mis à part que vous serez sûrement content de mieux voir votre maison, seront indispensables pour les véhicules autonomes. Google s’arme pour la bataille à venir avec des technologies qui vont nécessiter des cartes bien plus précises qu’aujourd’hui. Un atout pour le projet de la firme (Waymo, la filiale d’Alphabet dédiée à la conduite autonome).
Pascal Wolff




Véhicules électriques ou l’épreuve de l’environnement

Les détracteurs des véhicules électriques sont formels, ce type de propulsion pollue bien plus qu’une voiture thermique. Vrai ou faux ? Voici des éléments de réponse, le tout étant bien plus complexe que cela. 

Tout d’abord, on ne peut pas considérer la voiture électrique comme « écologique » ni « propre », mais il y a des nuances auxquelles il faut s’adapter. Si l’on part d’un point de vue simple utilisateur, il y a effectivement « zéro émission », mais non « 0 pollution » qui, elle, est délocalisée en amont (fabrication) et en aval (sources et recyclage).

Voici les différents points de la vie d’une batterie :

1. sa source, le lithium ;

2. sa fabrication ;

3. ses sources d’énergie ;

4. son utilisation ;

5. son recyclage.

1. La source de la batterie et ses composants primaires

Même s’il y en a d’autres, le lithium est la matière première utilisée dans les véhicules électriques (mais également dans les batteries d’ordinateurs, de téléphones portables). 0,8 kilo de lithium est produit par seconde dans le monde entier, soit 25 000 tonnes extraites chaque année. (1)

La plus grande partie des réserves de lithium se trouve dans des lacs salés au Chili, en Bolivie et en Argentine, mais aussi au Tibet et en Afghanistan. On déplore ainsi dans ces pays des dégradations environnementales dans les conditions d’extraction, mais aussi dans le traitement (consommation d’eau), la chimie (pollution importante) et la consommation d’énergie (charbon). (2)

2. Fabrication des batteries

Les principaux fabricants de cellules (composants principaux des batteries) sont essentiellement situés en Asie (Corée du Sud, Chine). Ces cellules sont assemblées par tranche (plus il y a de tranches, plus la batterie est puissante) pour former les futures batteries.

3. Les sources d’énergie

Pour être cohérente avec un « zéro émission », l’énergie utilisée devrait provenir de sources renouvelables, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. En France, par exemple, la part principale vient du nucléaire  (voir production nette d’électricité). En comparaison, l’Allemagne utilise principalement du lignite et des énergies fossiles (59 %).

La diminution des gaz à effet de serre (GES) reste donc relative selon la source énergétique. Si la recharge utilise comme source des sources non renouvelables, les GES émis lors de sa recharge sont comptabilisés. A l’inverse, si la source  est renouvelable, par exemple l’éolien ou l’hydraulique, le bilan s’en retrouve bien évidemment allégé et l’on rentrerait dans la conversion écologique (baisse des GES de 10 à 24 % par rapport à un véhicule thermique).

4. Utilisation de la voiture électrique

L’impact écologique d’un véhicule électrique dépend principalement de son utilisation. Contrairement à un véhicule classique (thermique non hybride), un VE faisant plus de 200 000 km aura des conséquences moins néfastes sur le climat (diminution de 27 à 29 % par rapport à une voiture essence, et de 17 à 20 % par rapport à un diesel). Par contre, ne faire que 100 000 km réduira considérablement les avantages de l’électrique (entre 9 à 14 % d’impact en moins comparé au thermique).

5. Recyclage des batteries

Une batterie dure en moyenne entre 5 et 10 ans selon l’utilisation si elle n’a pas perdu plus 25 % de sa capacité qui est une exigence pour répondre à une utilisation automobile.

Le recyclage est en plein essor. Le consortium européen ELSA, par exemple, expérimente une solution de stockage d’énergie au sein d’un réseau qui aura pour vocation de produire une solution de stockage qui sera commercialisable à son échéance.

Renault n’est évidemment pas en reste en s’associant avec des sociétés de stockages d’énergie pour la maison comme Powervault, afin de proposer des batteries de véhicules électriques d’occasion qui trouveront une seconde vie (vie temporaire avec recyclage complet) dans l’habitat.  Les batteries des véhicules électriques Renault serviront ainsi au stockage de l’énergie chez les particuliers et dans certaines institutions. Sont tout particulièrement concernées les maisons à panneaux solaires.

Une autre solution est la constitution d’un système de stockage (système E-STOR) pouvant servir de borne de charge rapide, de manière à optimiser le cycle de vie des batteries de seconde vie, dans des zones pas forcément reliées au réseau électrique et qui pourront être alimentées par des énergies renouvelables.

L’utilisation des batteries électriques des véhicules sera ainsi prolongée en tant que système de stockage stationnaire, avant leur recyclage final (d’où l’intérêt ici du principe de location des batteries pour les véhicules électriques).

Une fois que les cellules ne peuvent plus récupérer suffisamment d’énergie, les batteries doivent être extraites par les centres agréés puis collectées et recyclées.

C’est ainsi que commence la récupération des métaux précieux qui permet (entre autres) de diminuer le coût de recyclage des batteries, car la valeur des métaux tels que les terres rares (La, Ce, Nd, Pr), le cobalt, le nickel, le cuivre, l’aluminium, le manganèse… compense une partie du coût de collecte et traitement des batteries et permet dans certaines filières l’autofinancement. La motivation écologique se double d’une motivation économique.

En conclusion

Il est bien sûr évident que les efforts doivent se concentrer sur l’évolution des matières premières, des énergies renouvelables et surtout la stabilisation des procédures d’extraction et de recyclage. Les matériaux de base  sont un point crucial pour l’avenir.

Chaque année, près de 1 300 tonnes de batteries sont jetées. En 2020, ce chiffre devrait passer à 14 000 tonnes, soit dix fois plus.

Le lithium-ion devrait rester prédominant une bonne quinzaine d’années avant un post-lithium vers 2030, mais la production ne satisfera pas, selon les spécialistes du secteur, la révolution électrique promise dans la prochaine décennie. (3)

D’autres solutions existent comme le sodium-ion, sur lequel travaille le réseau de chercheurs français RS2E (4). Ce procédé a l’immense avantage d’être très abondant et donc beaucoup moins coûteux que le lithium. Mais les densités énergétiques encore trop faibles pour des véhicules (uniquement) électriques peuvent suffire  aujourd’hui pour les véhicules hybrides, ou les batteries de démarrage.

La technique métal-air (aluminium/oxygène ou lithium/oxygène) propose une densité énergétique bien supérieure aux lithium-ion. Mais les métaux s’oxydent rapidement, ce qui a pour effet de décharger la batterie. Ils ont également une fâcheuse tendance à se désintégrer et il faut donc remplacer régulièrement les éléments métalliques.

Néanmoins, les véhicules électriques ont un rôle clé à jouer dans l’amélioration de la qualité de l’air, notamment au bénéfice de la santé de chacun en ville en attendant une réelle prise de conscience politique. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, sept millions de véhicules électriques en circulation dans le monde permettraient d’économiser 400 000 barils de pétrole… une paille sur les 95.620.000 de barils  sortis de terre tous les  jours ! La Chine vient d’ailleurs d’annoncer qu’elle interdira les voitures essence et diesel dans les villes dans vingt ans et EasyJet de montrer le développement d’un court-courrier pour des vols adaptés comme Paris-Nice ou Nice-Bordeaux.

La révolution électrique avance à grand pas sur tous les supports.

Pascal Wolff

(1) Il y aurait des réserves de 15 à 17 millions de tonnes de lithium dans le monde selon Renault et 25,5 millions de tonnes selon l’US Geological survey.
(2) http://future.arte.tv/fr/le-lithium-source-dinegalite-et-de-pollution?language=fr
(3) Planetoscope.
(4) Réseau sur le stockage électrochimique de l’énergie qui rassemble 17 unités de recherche dont le CNRS et le CEA, 15 partenaires industriels et 3 établissements publics.
(5) En 2015 – source Planetoscope.




L’homme peut-il accepter ses limites ?

Coordonnés par Gilles Bœuf, Jean-François Toussaint et notre ami et précieux collaborateur Bernard Swynghedauw, les différents thèmes abordés ici sont une nouvelle traduction écrite du colloque intitulé « L’homme peut-il s’adapter à lui-même », organisé à Paris à la fin 2010 puis au Collège de France en mai 2104.

Dix-neuf orateurs, dont Yves Coppens, Hubert Reeves, Boris Cyrulnik ne sont pas les moindres, ont accepté de donner un texte écrit, enrichi de données actuelles, tous regroupés dans cet ouvrage sous l’intitulé général « L’homme peut-il accepter ses limites ? »

C’est que pour les auteurs, malgré les alertes et quelques améliorations, le constat reste alarmant : partout, les dates de récolte avancent ; partout, les aires de répartition d’espèces marines et continentales sont spectaculairement modifiées ; les effets du changement climatique se superposent aux dégradations directes de l’environnement, et cela pour toutes les espèces vivantes y compris l’espèce humaine.

L’homme va-t-il être capable de réagir à temps ? Pour s’adapter, ne faut-il pas d’abord accepter de changer ?

« Il y a toujours de l’improbable dans l’histoire humaine, le futur n’est jamais joué… » ; Edgard Morin, cité dès l’introduction de l’ouvrage, donne ainsi le ton.

Chacun dans leur domaine, les scientifiques nous livrent ce que pourraient être les conditions d’une réelle métamorphose, celle qui nous permettrait d’accepter nos limites dans la diversité d’une planète dont nous ne sommes qu’un des éléments.

Naturellement, cette vision environnementaliste extrême de la planète et de ses occupants, avec un certain parti pris de culpabilisation de l’homme, aura ses détracteurs, y compris au sein de la communauté scientifique ; ce qui est certain, c’est que jamais ce plaidoyer ne donne dans l’incantation ; tous les constats et propositions reposent sur des arguments solides et clairement exposés.

Gilles Bœuf est professeur à l’université Pierre et Marie Curie et conseiller scientifique auprès du ministère de l’Environnement.

Jean-François Toussaint est président du groupe adaptation et Prospective du Haut Conseil de la Santé publique et professeur de physiologie à l’université Paris Descartes.

Bernard Swynghedauw est directeur de recherche émérite à l’Inserm, membre correspondant de l’académie de médecine et ancien président de la FEPS (Federation of the European Physiological Societies) ; c’est aussi, faut-il le rappeler, l’un des rédacteurs les plus prestigieux du Cardiologue.

Cet ouvrage s’adresse à un large public, médical ou non, familier des sciences et intéressé par les enjeux qu’il aborde ; il concerne en fait tout citoyen conscient des priorités à venir.

Auteurs :  J.-F. Toussaint, B. Swynghedauw, G. Boeuf
Editeur : Quae
Pagination : 198 pages
Prix public : Livre : 24,50 € – format Kindle : 16,99 €




iOS11. Le nouvel OS d’apple

L’édition 2017 de la conférence développeurs d’Apple (WWDC) a mis en avant le prochain système d’exploitation qui sera disponible cet automne. iOS 11, c’est son nom, donnera à l’iPad Pro une dimension inédite avec de nombreuses innovations, notamment un tout nouveau Dock, un mode multitâche repensé et une gestion simplifiée des fichiers.

Des classements de fichiers digne d’une machine de bureau

l’iPad pro offre un emplacement dédié pour vos fichiers récents. Pas uniquement ceux qui ont élu domicile sur votre iPad, mais aussi ceux qui se trouvent dans vos autres appareils iOS, sur iCloud Drive ou ceux qui sont hébergés par d’autres services.

Un iPad plus proche du Mac

La tablette d’Apple s’inspire du Mac avec un nouveau dock qui change de forme mais également de fond. Elle peut faire fonctionner deux applications simultanément, ce qui est appréciable pour les utilisateurs qui utilisent une tablette comme un ordinateur. La barre en bas de l’écran donne accès aux applications importantes offrant une meilleure ergonomie. L’iPad Pro dispose aussi d’une version simplifiée de Finder, pour faciliter la gestion des dossiers.

La réalité augmentée débarque sur iOS

Une des nouveautés majeures de l’iOS 11 est l’intégration de la réalité augmentée. Avec un mélange de capteurs de mouvements et d’images captées par la caméra, l’iPhone (ou l’iPad) superpose à l’écran des objets virtuels avec l’image réelle.

Siri

L’assistant vocale d’Apple s’offre un timbre de voix plus naturel. Plus important, il devient un interprète de poche puisqu’il peut traduire une conversation en anglais vers (ou depuis) le français, l’allemand, l’italien, l’espagnol ou le chinois.  Siri est également capable d’intégrer les habitudes de l’utilisateur en ajustant ses réponses.

La simplicité du glisser/déposer

On peu toucher ou déplacer à peu près tout et n’importe où sur l’écran :  texte, photos, fichiers d’une app vers l’autre. Comme le système a été conçu pour le grand écran Multi-Touch de l’iPad, l’effet est magique.

L’effet Pencil, les notes et les dessins

On peut annoter un pdf ou une capture d’écran avec un Pencil, mais également prendre des notes dans la foulée qui sont enregistrées directement dans Notes. Qui dit prendre des notes dit également pouvoir dessiner et les envoyer via mail si cela vous chante.

Numérisation

Qui n’a pas pris une photo avec son smartphone ou sa tablette pour mémoriser une facture ou un document quelconque ? Le nouveau scanner de documents anlayse le document, rogne les bords et élimine tout effet de paralaxe ou reflet. Si c’est un formulaire, vous pouvez remplir les champs, signer, partager…

Apple Maps

Apple Maps s’enrichi de nouvelles fonctionnalités. L’application de navigation fournit des informations sur les limites de vitesse. Intéressant pour les désorientés, Maps affiche l’intérieur des aéroports majeurs et des grands centres commerciaux.

Apple Pay pour les particuliers

Envoyer de l’argent à des amis via Apple Pay sera possible dès la mise à jour d’iOS 11. La sortie en France n’a pas encore été confirmée

Nouveau design pour l’App Store

L’App Store a été refondu et possède désormais un nouveau design. Il y propose un système de recommandation et des articles.

Un format photo plus compact

Les photographies diminuent en taille (50 % moins lourd) pour une qualité équivalente. Autre nouveauté, Loop et Bounce proposent de mettre une photo « live » en boucle. L’option « Long Exposure » permet de capturer des scènes en mouvements avec un bon rendu.

Plus de partage sur Apple Music

Apple Music intègre un système de profil. Les utilisateurs peuvent exposer leurs playlists ainsi que leurs goûts musicaux à leurs amis. La nouvelle version propose également d’aider à découvrir de nouvelles musiques et de nouveaux artistes.

De la musique d’une pièce à l’autre

AirPlay 2 propose de contrôler le son dans plusieurs pièces différentes. L’application permet de changer le volume de haut-parleurs connectés qu’ils soient dans la cuisine ou dans une chambre.

Refonte du centre de contrôle

Vous pouvez personnaliser le Centre de contrôle correspondant à vos activités de prédilection.
Pascal Wolff




La mort de la vierge – Caravage

Caravage naquit le 29 septembre 1571 en Lombardie à Milan. Il entra en apprentissage chez le peintre milanais Simone Peterzano (1540-1596) le 6 avril 1584. Il arriva à Rome fin 1592 début 1593, peut être seulement en 1596. Il se mit au service du seigneur Pandolfo Pucci di Recanatti bénéficiaire de Saint Pierre pour lequel il réalisa des œuvres de dévotion. Abusant de ses services il le quitta. Après un court séjour chez Giuseppe Cesari, le Cavalier d’Arpin, il fut atteint d’une grave maladie ou blessé par un coup de sabot de cheval. N’arrivant pas à vendre ses œuvres, sans ressource il dut aller à l’hôpital de la Consolation. Maître Valentin un vendeur de tableaux le recommandât au Cardinal Francesco Maria Bourbon del Monte, musicien, alchimiste et grand amateur de peinture. Il le recueillit vers 1595-1596.

Par son entremise il fut chargé de peindre les murs latéraux de la chapelle Contarelli et le retable de l’autel dans l’église de Saint-Louis-des-Français. La conversion de Saint Mathieu et le martyre de Saint Mathieu eurent un énorme succès, à l’origine de sa renommée. En 1601, Caravage, lors de la commande de Laerzo Cherubini, était devenu un peintre célèbre. Ses tableaux se vendaient à 150 voire 200 écus, rien de comparable avec la période de disette où il négociait pour 8 écus La diseuse de Bonne aventure. De 1600 jusqu’à sa fuite pour Naples en 1606, provocateur toujours prêt à se battre, il se trouva pratiquement tous les ans sous les feux de la justice : en 1603 Giovani Baglione porta plainte pour diffamation. Lors du procès il montra cependant une certaine retenue tout en méprisant sa peinture. En juillet 1605 le notaire Mariano Pasqualone accusa Caravage de l’avoir « assassiné […] frappé à la tête par derrière ». Poursuivi par la justice il se réfugia à Gênes.

Le 28 mai 1606 à la suite une querelle au jeu de paume au Campo Marzio près du palais Firenze (demeure du cardinal del Monte) avec un des joueurs, il tua Ranuccio Tomassoni et perdit l’un de ses amis le capitaine Antonio da Bologna. Blessé lui même à la tête il resta trois jours chez Costanza Sforza Colonna son protecteur depuis toujours au palais de Sant Apostoli, puis chez son fils Filipino à Paliano à la frontière des Etats pontificaux et de ceux du vice roi de Naples. Dans cette ville il sera accueilli par la famille Colonna. Marzio était conseiller du vice-roi et son frère le cardinal Ascanio assurait sa protection sur le royaume. Le 16 juillet 1606 la justice le condamna à mort par contumace sans possibilité d’appel. D’après des documents de 1605 Ranuccio Tomassoni considéré comme un « honnête homme », était en fait comme ses deux frères, un individu violent, bagarreur, souvent en conflit avec les gardes. Il serait à notre avis imprudent de lier cette représentation de la mort de la Vierge, avec les épisodes tumultueux de la vie de l’artiste. Mais, comment a-t-il pu composer une œuvre aussi sereine où dominent compassion et douleur silencieuse alors que son esprit était en permanence préoccupé par ses frasques ?

A la fin de 1609 à Naples il subit une agression attribuée au chevalier de Malte qu’il avait offensé. De retour vers Rome, arrêté par les gardes du pape, parvenu à Porte Ercole, il mourut le 18 juillet 1610 de malaria, plutôt d’une infection causée par ses blessures sans avoir connu la grâce que le pape venait de lui accorder.




Mondeuse d’Arbin La Brova 2007

C’est une erreur de limiter les vins de Savoie aux blancs acides et fluides d’hiver pour skieurs assoiffés dans les restaurants d’altitude. J’ai, au contraire, choisi l’arrivée de l’été, pour mettre en avant un cru rouge de Savoie : la mondeuse produite sur son terroir vedette d’Arbin par le domaine Louis Magnin, dont j’avais déjà vanté le Chignin Bergeron (Cardiologue n° 345). Ce cépage typiquement et uniquement savoyard descendrait de l’Allobrogica décrite dès l’antiquité par Pline l’Ancien dans le pays des Allobroges (Les Alpes). Et les études génétiques semblent démontrer que cette mondeuse serait une « grand-mère » de la syrah rhodanienne.

Le petit domaine familial Louis Magnin de 8 ha, dans la vallée de la Combe de Savoie, adossé au massif des Bauges qui le protège des vents glacés du climat alpin, est sis sur des coteaux au sol d’éboulis argilo-calcaires, aux terres caillouteuses d’argiles rouges (illites). Il bénéficie d’une exposition sud, sud-est, à une faible altitude de 250 m permettant un microclimat aux influences méditerranéennes qui contribue à la pleine maturité des raisins. Le lac du Bourget, proche, apporte l’humidité nécessaire. En 1978, Louis Magnin succède à son père qui vivait de la polyculture et décide de ne faire que du vin, et, pourquoi pas, de l’excellent. Il va se convertir progressivement à la culture bio, puis biodynamique après un essai concluant, pour dynamiser un sol, où les plantations de Bergeron peinaient à s’implanter. Les vignes plantées à 8 500 pieds/ha sont taillées en gobelet pour les plus vieilles et cordons de Royat palissées sur fil de fer. Tout engrais chimique et antipourriture est banni. Les traitements sont à base de tisanes de plantes, poudre d’argile, bouse de corne de vache, soufre et cuivre à doses infinitésimales.

La mondeuse La Brova est issue d’une sélection de parcelles cinquantenaires, récoltées du fait du caractère tardif du cépage, en fin de vendange en grande maturité. Les vendanges sont manuelles, totalement égrappées, la fermentation naturelle en cuve inox thermorégulée dure 30 jours, le vin bénéficie d’une extraction douce quotidienne par remontage. L’élevage en barriques de chêne s’étend sur 18 mois.

Cette mondeuse La Brova 2007, à la robe rubis pourpre sombre parée d’un violet intense, s’annonce par de séduisants arômes de fleur : violette, pivoine et surtout de fruits rouges et noirs : framboise, cassis, myrtille associés à de prégnantes senteurs épicées, puissantes de poivre noir, plus douces de coriandre et réglisse qui évoquent beaucoup la syrah. La bouche est riche, ample, complexe. Les tanins puissants à la trame encore un peu grenue ne demandent qu’à se fondre et s’intégrer lors de la dégustation des mets complices. La longue finale minérale très aromatique fait apparaître des touches fondues de vanille et de cuir témoignant de la garde de 10 ans.

Mariant la fleur et le feu, pivoine et poivre noir, ce vin démonstratif et exubérant se prête à de nombreux accords culinaires et doit stimuler l’imagination des cuisiniers. Trop jeune, sa rugosité tanique le limite à accompagner les belles charcuteries savoyardes : noix de jambon sec, saucisson au beaufort, au sanglier, saucisses de Diot, caillasse de Savoie, entrées à base de légumes relevés type achards. Mais après quelques années, cette mondeuse va s’épanouir avec les plats en cocotte qui, grâce à leur onctuosité, arrondissent ses tanins : coq au vin, veau Marengo, daube de joue de bœuf, civet de lapin à l’ancienne, tripoux aveyronnais, bien entendu, accompagnés de gratin dauphinois. Généreux avec les plats de ménage, ce vin épousera aussi ceux de la grande cuisine : filets de cannette aux cerises avec purée Robuchon, carré d’agneau de lait fumé au four et crémeux de pistache de Jean Sulpice, pigeonneau rôti, oignons roussis, chénopodes de Maxime Meilleur. Cette Brova, âgée de 10 ans, fera fête aux gibiers à poil : le chevreuil cuit saignant avec une sauce grand veneur bien poivrée, le civet de marcassin ou le rôti de biche. Ce vin est un athlète capable de couvrir l’ensemble du repas, après avoir accompagné certains fromages locaux : tomme de Savoie, Abondance, Tome des Bauges, il terminera la fête en compagnie de desserts chocolatés : cœur fondant, gâteau chocolat noir.

La Brova qui signifie la brave ou la fière, peut être confondue à l’aveugle avec certaines grandes syrahs de la vallée du Rhône, mais comme le déplore Louis Magnin : lorsque le consommateur découvre l’appellation Savoie, l’enthousiasme retombe ! Laissons le viticulteur conclure : « notre recherche constante de la qualité et notre philosophie a conduit à une culture biologique pour le plus grand respect du terroir ».

Mondeuse D’arbin La Brova 2007

Domaine Louis Magnin 73800 Arbin




Arythmies cardiaques illustrées et expliquées

Avec un tel monument, Robert Grolleau et Pierre Gallay frappent un grand coup dans la diffusion et l’enrichissement des connaissances en rythmologie.

Comme le précise Robert Grolleau dans son avant-propos, ce livre est à la fois l’histoire de cinquante ans de rythmologie française et celle du cours de perfectionnement en rythmologie de la Grande Motte auquel ont participé comme orateur ou auditeur tant de générations de rythmologues et cardiologues français (dont votre serviteur).

Robert Grolleau, qui, faut-il le rappeler, était avec le Professeur Paul Puech, auquel il rend hommage, le fer de lance de la rythmologie montpelliéraine, avait déjà beaucoup contribué par ses publications à l’essor de la discipline.

Comme il l’explique aussi, « ce livre a été écrit à deux doigts, puis revu, critiqué et finalement enrichi par Pierre Gallay – ancien PHU et rythmologiue à Montpellier –qui en est le coauteur ».

L’ouvrage part d’un a priori simple et rassurant en cette période où le tout technique est si répandu, à savoir que l’éléctrocardiogramme standard est la clé de la rythmologie !

Regroupés par type d’arythmie, les tracés sont très abondamment illustrés et commentés avec schémas et diagrammes, et bien évidemment la contribution de l’exploration électrophysiologique chaque fois qu’elle est nécessaire.

La qualité de l’iconographie, aussi omniprésente que parfaitement expliquée est tout à fait remarquable et la partie « traitement » dont on voit bien que ce n’est pas le but essentiel de l’ouvrage est abordée chaque fois que les auteurs l’estiment utile, de façon concise et pragmatique.

Au total, tous les types d’arythmies et troubles de la conduction sont décrits au long des quelque huit cents pages de ce superbe ouvrage qui devait devenir rapidement la bible des traités de rythmologie de langue française.

Un grand merci à Messieurs Grolleau et Gallay pour cette belle contribution.

 

Auteurs : Robert Grolleau et Pierre Gallay

Editeur : Sauramps Médical

Pagination : 782 pages

Prix public : Livre : 80,00 €




[2] Etude critique de la mort de la vierge (suite)

 

Suite du précédent numéro sur l’analyse de La Mort de la Vierge, un des tableaux majeurs de Caravage. Cette étude repose en grande partie sur le livre de Berne Joffroy paru en 1959 qui reprenait tous les écrits publiés sur l’artiste.

 

La Rome de Sixte Quint Peretti († en 1590) fut celle des grandes constructions architecturales, « il arriva en six ans à transformer complètement l’extérieur de la ville […] En peinture et en sculpture, il en résulta une manière qui ne prétendait satisfaire que le coup d’œil ». De nouveaux grands axes relièrent entre elles les basiliques. Le maniérisme vivait ses derniers moments. Clément VIII Aldobrandini (1592-1605) eut surtout un rôle politique en restaurant le prestige de la papauté. Au début du XVIIe siècle, les grands prélats et la haute aristocratie dominaient la commande artistique. Le Cardinal Farnèse dés 1595 avait fait venir de Bologne Annibal Carrache pour décorer son palais. Jusqu’en 1604 il peignit la galerie consacrée à l’amour des dieux et le Camerino, un retour à l’art de Raphaël, à une certaine idée du beau idéal, « une étude confiante et patiente de la nature par le dessin ». Caravage, à l’opposé, créa une nouvelle peinture moderne  « révolutionnaire ». La grande majorité des ses œuvres fut achetée par les cardinaux ou les grands aristocrates. La liste établie par Giovanni Pietro Bellori est édifiante : les cardinaux Antonio Braberini, del Monte, Pio, le marquis Giustiniani, Scipione Borghèse possédaient tous des tableaux du maître et souvent en plusieurs exemplaires. Ils décoraient également les chapelles des églises de la ville éternelle : Saint-Louis-des-Français, San-Agostino, Santa-Maria-in-Valicella, Madonna-del-Popolo […]

Le regard porté par les contemporains de Caravage sur La mort de la Vierge témoigne du scandale provoqué lors de son installation dans la chapelle de Laerzo Cherubini. Giulio Mancini dans son rapport artistique rédigé vers 1620 et repris dans le manuscrit de Venise rapporta que les prêtres retirèrent le tableau de l’église « parce que le peintre y avait pris pour modèle une courtisane aimée de lui, la fameuse Lena, ou “quelque autre fille du peuple” modèle aussi de la Madone de Lorette et de la Madone des Palefreniers ». Lena pouvait très bien tenir aussi un petit étal en plein air. Néanmoins il essaya de l’acquérir. Selon Calvesi, en 1988 et 1990, le modèle pourrait être « une religieuse siennoise Caterina Vannini, une prostituée convertie très chère à Frédéric Borromée, morte hydropique en 1606 ».

Le peintre Giovanni Baglione dans sa biographie de 1642, témoin médisant de sa gloire ne manqua pas de le discréditer : « il avait représenté une Vierge avec peu de dignité, enflée, et les jambes découvertes ». Giovanni Pietro Bellori bibliothécaire de Christine de Suède n’appréciait pas l’art de Caravage le considérant comme un peintre mineur, mais l’inclut « dans le nombre limité de Vies [1572] qu’il estime digne de figurer d’une histoire du bon goût » : «  alors commença l’imitation des choses viles, la recherche de la saleté et des difformités […] Cette manière de faire [lui] causa des ennuis. Ses tableaux étaient retirés des autels ». Même s’il ne les nommait pas, il pensait à  la mort de la Vierge et à la première représentation du Saint Mathieu avec l’ange. L’ambassadeur du duc de Mantoue Giovanni Magno avouait son ignorance et ne comprenait pas l’engouement suscité par la peinture. Félibien dans ses « Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellents peintres » paru en 1690 jugea sévèrement la toile, tout en reconnaissant un certain talent à l’artiste, « il a peint avec une entente de couleurs et de lumières aussi savante qu’aucun peintre ». Mais il le critiqua car « il s’est rendu esclave de cette nature, et non pas imitateur en belles choses […] Il a presque toujours représenté ce qui est le plus laid et de moins agréable […] ». Il prit pour exemple La mort de la Vierge : « Le corps de la Vierge disposé avec si peu de bienséance et qui paraît celui d’une femme noyée ne semble pas assez noble pour représenter celui de la mère de Dieu ». Il l’opposait à Poussin pour qui Caravage « était venu au monde pour détruire la peinture ». Florent Le Comte reconnaissait son talent : « l’on ne peut soutenir que sur ce Tableau [La mort de la Vierge] ne soit peint avec une admirable conduite d’ombres & de lumières, qu’il n’y ait une rondeur & une force merveilleuse dans toutes les parties qui le composent ». Roger de Piles en 1708 dans son « Cours de peinture par principes » évalua les qualités techniques de chaque peintre sur quatre critères : composition, dessin, coloris, expression. Les vainqueurs Raphaël (17, 18, 12, 18) et Rubens (18, 13, 17, 17), Caravage écopa d’un 0/20 en expression, 6/20 en composition et dessin et 16/250 en coloris.

Oublié, même banni, « la critique italienne consacrée à Caravage, s’enlise dans le marais de l’“Idée” de Bellori et y demeure, occupée à croasser contre l’artiste, jusqu’au temps du néo classicisme ». Il faut attendre la fin du XIXe siècle et le « naturalisme » de Courbet pour que les historiens le redécouvrent. Le livre de Bertolloti paru en 1881 à Milan insistait encore sur l’aspect querelleur de l’artiste citant les plaintes dont il fit l’objet à Rome, mais grâce à lui la figure de Caravage sortit de l’oubli. Dans le « Cicerone », en 1892 Burchkardt brocarde Caravage : « la joie de ce maître est de montrer que tous les événements sacrés du passé, ne différent en rien des scènes vulgaires dont chaque jour, vers la fin du XVe siècle, étaient témoins les rues des villes méridionales […] Le dessin et le modelé sont d’un degré singulièrement inférieur ». Si l’artiste « choisi un sujet élevé et idéal, sa tendance est de le rendre par l’exécution trivial et commun », épithètes habituels de La mort de la Vierge. Il reconnaît sa grande qualité technique dans l’art de traiter la lumière, le clair-obscur. Kalab, en 1906-1907, comprit l’importance de l’œuvre de Caravage et la nécessité de l’étudier, nuançant les propos de Bertolloti à propos de la violence de l’artiste. Etudiant La mort de la Vierge il souligna « le caractère impressionnant à l’action émouvante de la lumière » et la datait de 1604. Roberto Longhi en 1926 insistait sur « la clarté dévastatrice qui faisant irruption par la gauche […] s’arrête un instant sur le visage renversé de la Vierge morte, sur les calvities en forme de croissant, sur les cous frémissants, sur les mains défaites des apôtres et coupe en oblique le visage dolent de Jean, fait de la Madeleine, assise en larmes, un bloc lumineux unique ». Dans ce jeux d’ombre et de lumière « là réside le secret du “style” de Caravage parfois appelé “luminisme” » terme que Roberto Longhi rejette « inapte à exprimer des choses qui ne sont nées comme concepts : les œuvres d’art précisément ». Lionello Venturi dans un article publié dans « Arte » en 1910, précisa sur des documents retrouvés à Mantoue, les fameuses lettres de l’ambassadeur Giovanni Magno, que la toile avait été achetée par le duc de Mantoue grâce à l’intervention de Rubens. L’article de Nikolaus Pevsner paru en 1927-1928 posait le problème de la chronologie des œuvres qu’il divisait en trois périodes : juvénile, médiane et tardive ; La mort de la Vierge, La Mise au tombeau, appartenaient à la période médiane, « œuvres où ne se manifeste pas encore la dissolution par la lumière qui caractérisent les dernières compositions ». Il remit en cause la date de naissance et de décès de l’artiste contesté l’année suivante par Roberto Longhi à la suite d’une nouvelle découverte, puis de nouveau par Calvesi dans les années 1980.

Suite au prochain numéro




Traiter l’addiction au tabac avec les thérapies comportementales et cognitives

Comme le souligne dans sa préface le docteur Cungi, psychiatre, la vie du fumeur est devenue de nos jours une véritable galère…

Le fumeur doit prévoir les pauses indispensables, les sorties, supporter le manque quand on ne peut fumer, supporter les remarques désobligeantes et bien sûr les effets pénibles sur la santé que sont la dyspnée, l’altération de la voix, le vieillissement cutané, etc,

Pour autant, les fumeurs continuent à fumer, souvent avec l’envie d’arrêter, ce qui met bien en évidence la force de l’addiction qui devient parfois rapidement un esclavage.

C’est tout le mérite de cet ouvrage de s’atteler à ce problème et de proposer des stratégies de thérapies comportementales et cognitives (TCC) individualisées qui sont un plus incontestable dans la prévention des rechutes qui reste malheureusement la règle dans le tabagisme.

Ces TTC sont les seules approches non médicamenteuses dont l’efficacité est scientifiquement démontrée dans le sevrage tabagique.

Le lecteur pourra trouver dans ce livre les quatre étapes du protocole de TCC, les cinq méthodes utiles pour augmenter la motivation, ainsi que la place des autres méthodes de sevrage avec les substituts nicotiniques, le bupropion, la varénicline, et l’impact de la cigarette électronique.

Trois cas cliniques sont détaillés et de nombreux exemples d’entretiens sont décrits, avec notamment le déroulement d’une TCC dans ses différentes composantes.

L’auteur, Philippe Guichenez, est tabacologue au centre hospitalier de Béziers, spécialiste en TCC et enseignant dans plusieurs DU de tabacologie.

Cet ouvrage devrait intéresser tous les professionnels de santé, au premier rang desquels les cardiologues, dont les tentatives de sevrage tabagique chez leurs patients ne sont pas très souvent, il faut le reconnaître, couronnées de succès.




La quadrature du cercle de la médecine de demain

L’accélération numérique est sans pareil dans le monde médical où la technologie n’a pas d’équivalent dans l’interconnexion qui lie l’infiniment petit (N ou nanotechnologies), la fabrication du vivant (B ou biotechnologies), les machines pensantes (I ou informatique) et l’étude du cerveau humain (C ou sciences cognitives), appelée plus communément NBIC.

Intelligence artificielle, thérapie génique expérimentale, impression 3D d’organe, gestion algorithmique du big data en santé, tous ces mots nous tombent dessus comme un livre ouvert de science-fiction. Que vont devenir la science et la médecine à l’horizon 2020, c’est-à-dire demain ?

Des voix s’élèvent pour s’attacher à la relation sociale du médecin avec son patient, et d’autres déplorent déjà que la science n’aille pas assez vite. La route du progrès numérique est-elle inéluctable ? Oui, forcément, mais avec des nuances cependant sur notre capacité de discernement à faire le tri entre ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas. En d’autres termes, où et quand s’arrête l’ire contre notre proximité avec la « machine » et la robotisation de la pensée qui ne devra jamais remplacer la relation sociale qu’a le médecin avec son patient, l’émotion et la conscience étant typiquement et uniquement humaines grâce à nos corps et nos… pensées.

Peut-on juste contrer le progrès du numérique, non pas pour s’y absoudre, mais pour qu’il nous aide simplement à révéler des pathologies, à nous aider dans notre quête de soigner nos patients ? Bien sûr, mais est-ce également l’avis des chercheurs qui n’ont pas l’état d’esprit d’un médecin face à son patient ? Nous sommes aujourd’hui dans un porisme qui nous oblige à nous interroger sur notre futur, à nous demander si nous devons nous attacher à rester tel un lamaneur à nos convictions ou si nous devons lâcher du lest sur les algorithmes qui sillonnent notre vie.

Notre dernier numéro consacré à la réalité augmentée est l’une des conclusions à ce thème de savoir où commence la virtualité de notre démarche et où devons-nous l’arrêter. En prenant l’exemple du travail d’une équipe brésilienne sur la modélisation en 3D d’un fœtus et son intégration dans une application de réalité virtuelle a permis à certains de franchir un peu trop rapidement le pas (Revue The Telegraph) que « les parents pouvaient interagir avec leur bébé » (sic).

Attention donc à ce que le virtuel ne dépasse pas le réel. Le numérique a par contre beaucoup à nous apporter dans la formation, le diagnostic, la génomique, l’IoT (1)…

1. La médecine prédictive

Depuis plusieurs années, on parle de médecine prédictive, jusqu’à faire un sondage d’opinion sur cette technologie (79 % des Français favorables au recours de la médecine prédicitive) (2), intéressant de près les complémentaires santé. Selon l’adage « Mieux vaut prévenir que guérir », les progrès accélérés qu’ont connu la connaissance de la génomique et l’émergence du big data, la multiplication exponentielle d’informations génomiques, cliniques et issues de l’expérience en vie réelle ont permis d’analyser et de rassembler des informations de nature totalement différentes et de créer ainsi des modèles de prédiction beaucoup plus efficaces et pertinents.

Cette médecine prédictive permettra à termes de procéder à des soins préventifs ou des contre-indications…

2. La génomique

Depuis l’identification du premier ADN en 1869 et les progrès de la recherche en génétique aujourd’hui, le gouffre est abyssal, et nous sommes capables de décoder le génome humain de manière extrêmement rapide et efficace. Les techniques de séquençage à haut débit ont spectaculairement réduit le coût de l’analyse de l’ADN humain, au point que des entreprises proposent des dépistages pour des maladies ou conditions spécifiques aux particuliers ou des offres de séquençage « global » couvrant l’ADN entier (Google participe à cette technologie).

3. La télémédecine

Les déserts médicaux sont un sujet sensible, particulièrement en ces temps d’élection présidentielle. La télémédecine n’est pas récente et est définie par plusieurs types d’actes médicaux.

Cette dernière croit également au développement rapide de la téléconsultation pour pallier le problème des déserts médicaux.

Face aux déserts médicaux qui ne cessent de grandir, la télémédecine permet aux médecins de se connecter à leurs patients pour des consultations à distance (et inversement). Grâce à un système de visioconférence et à l’aide de ses données personnelles de santé, le praticien peut s’entretenir avec son patient d’où il veut et à n’importe quel moment. Les enjeux sont énormes : puisque les estimations indiquent plusieurs milliards d’euros d’économie de frais de santé et un nombre important de vies sauvées.

Cette opportunité semble une solution idéale, notamment lorsque l’on pense à l’isolement des personnes âgées, et en sachant que 63 % des Français se déclarent favorables aux échanges d’emails sécurisés avec les professionnels de santé. De plus, 32 % se montrent favorables à la téléconsultation.

4. L’IoT ou Internet des Objets

Nous sommes ici dans le domaine de la prévention et du suivi. Les IoT sont aujourd’hui une réalité, même si certains n’ont qu’un usage strictement personnel, d’autres sortent du bois et deviennent la liaison santé entre le patient et son médecin. L’Ufcv réalise une étude préliminaire sur des hypertendus chroniques avec comme objectif la faisabilité et l’acceptabilité des objets connectés.

Le suivi permettra aux patients connectés de gérer leur santé au quotidien. Donc une autonomie responsable et un moindre coût pour la société. La Mutuelle Générale y voit d’ailleurs une « révolution de notre quotidien qui permettra un diagnostic précoce des maladies et donc un meilleur traitement. » D’autres assureurs ont lancé un « Guide de santé connectée » (Harmonie Mutuelle) ou remboursent les objets connectés dans leurs forfaits de prise en charge.
Pascal Wolff

(1) serenite-belenos. 

(2) deloitte.com.




La ville des tempêtes

1595, Marseille s’embrase : comme naguère au moment du conflit entre César et Pompée ou, plus tard en s’opposant frontalement à Louis XIV, la ville choisit bien mal son camp. Là, avec à sa tête deux hommes dévorés d’ambition, elle se dresse contre Henri IV, ce roi hérétique, qu’elle refuse obstinément de reconnaître comme son souverain légitime.

L’Europe a les yeux fixés sur la cité rebelle ; à qui ces fous de Dieu livreront-ils le grand port convoité ? A Philippe II d’Espagne, qui aimerait prendre ainsi en tenailles le royaume de France ? Au duc de Savoie ? Au grand-duc de Toscane ? Marseille deviendra-t-elle une République, à l’égal de Gênes ou Venise ?

C’est dans ce contexte explosif que le chevalier Thibault de Cervières, après des années de captivité chez les pirates barbaresques, regagne sa ville natale qu’il ne reconnaît plus.

De même,  personne ne reconnaît ce revenant qui avait disparu depuis si longtemps et que l’on avait déclaré mort. Va-t-il réussir à retrouver sa famille, son rang et la place qu’il estime être la sienne dans la cité phocéenne ?

Cet ouvrage, qui mêle habilement l’aventure romanesque d’un héros en quête d’identité à un épisode inattendu de l’histoire de Marseille, se laisse lire d’une seule traite, tant il est enlevé et même palpitant.

Son auteur, Jean Contrucci, longtemps journaliste pour les quotidiens de la ville, a écrit par la suite de nombreux romans historiques à succès dont la série « Les nouveaux mystères de Marseille ».

Hautement recommandé à tous ceux qui ont besoin d’un peu de détente après la consultation prolongée (et indispensable) du livre ci-dessus.

Auteur : Jean Contrucci

Editeur : HC éditions

Pagination : 410 pages

Prix public : 19,00 € (format Kindle : 12,90 €)




Livre : L’essentiel en cardiologie

Comme le précise l’auteur, cette deuxième édition de L’essentiel en cardiologie n’est pas une simple mise à jour mais une révision complète de la première édition, enrichie de nouveaux chapitres et de multiples références aux nouvelles visioconférences qui se trouvent sur le site de la cardiologie francophone (www.cardiologie-francophone.com).

Dans sa préface, le professeur Jean Acar insiste d’ailleurs sur l’originalité de l’ouvrage qui expose, à chaque chapitre, les points litigieux et les recommandations récentes des sociétés savantes sur les conduites à tenir et qui utilise, en même temps, les nouvelles potentialités offertes par les techniques multimédia : dans cet esprit, des films témoignant des avancées techniques en cardiologie sont visibles sur le site dédié qui présente également des conférences d’experts et s’est doté de liens avec des sites de formation ou d’utilité pratique.

Le principal intérêt de ce livre, monumental par son volume et par la quasi-exhaustivité des sujets traités, est de pouvoir consulter en peu de temps le support théorique qui sous-tend la pratique : les conduites à tenir, les mesures à effectuer, les valeurs-seuils recommandées par les sociétés savantes, les arbres décisionnels à suivre, les examens complémentaires à demander, les facteurs de gravité à rechercher …Tout ce qui permet d’optimiser et sécuriser l’exercice en cabinet en se conformant aux recommandations des sociétés savantes, afin de combler le fossé entre pratique idéale et pratique réelle.

L’architecture de l’ouvrage a été conçue pour permettre de trouver rapidement les sujets recherchés.

L’auteur, François Boustani, est cardiologue en région parisienne ; ancien attaché en cardiologie à l’hôpital Tenon et à l’hôpital Bichat, il a créé en 1999 le site de la cardiologie francophone indiqué plus haut, qu’il anime encore aujourd’hui. Il a publié un livre « La circulation du sang/entre Orient et Occident, histoire d’une découverte » qui a reçu trois prix littéraires prestigieux dont le prix Charles Sournia de l’Académie nationale de médecine.

Auteur : François Boustani

Editeur : Sauramps Médical

Pagination : 750 pages

Prix public : 98,00 €




Etude critique de la mort de la Vierge

Je vous propose de faire l’analyse d’une œuvre, La Mort de la Vierge, un des tableaux majeurs de Caravage, conservé au Louvre, en vous citant les commentaires depuis ses contemporains, peintres ou amateurs, jusqu’à nos jours. Cette étude repose en grande partie sur le livre de Berne Joffroy paru en 1959 qui reprenait tous les écrits publiés sur l’artiste.

La mort de La Vierge de Michelangelo Caravaggio (1573-1610), sa dernière œuvre romaine avant sa fuite pour Naples, fit l’objet depuis sa création entre 1605 et 1606 de nombreux écrits jusqu’à son départ pour l’Angleterre. Le commanditaire Laerzio Cherubini (1550-1626) originaire de Norcia « conservateur » de Rome, éminente figure juridique du Vatican, occupait des charges multiples dans l’administration du pape. Il publia un recueil de bulles pontificales « Bollarium Roamnum ».

Cette immense toile, la plus grande peinte par l’artiste à l’époque, devait surmonter l’autel de la chapelle dont il assurait le patronage dans l’église nouvelle de Santa Maria della Scala construite à Rome dans le quartier pauvre du Trastevere. Le contrat du 14 juin 1601 entre « Marissi de Caravaggio pictor in Urbe [… et] illustri et admodum excellenti domino Laretio Cherubino de Nursia » précisait qu’il devait réaliser une composition « in quo quidem quadro dipingere similiter promisit mortem sive transitum Beatae Mariae Virginis ».

Il reçut à la signature la somme de 50 écus. Le délai imparti était d’un an. Laerzio Cherubini avait défini le sujet, la grandeur du retable et avait imposé l’acceptabilité d’une esquisse. Caravage logeait selon l’acte chez le cardinal Mattei (aujourd’hui palais Caettani), après avoir été recueilli pendant plusieurs années par le Cardinal del Ponte.

La célébrité récente de l’artiste, l’habitation romaine du donateur proche de l’église Saint-Louis-des-Français où il avait probablement vu dans la chapelle Contarelli les deux grandes peintures sur la Vocation de Saint Mathieu et le Martyre de Saint Mathieu, peuvent expliquer cette commande au peintre. Le Marquis Vincenzo Giustianiani « banquier à l’occasion » de Laerzio Cherubini et de l’église put aussi intervenir. Appelé comme expert il fixa le prix définitif. L’église Santa Maria della Scala « édifiée à partir de 1592 par Tolomeo Gallio cardinal de Côme avait été affectée à l’ordre des Carmes déchaussés en 1597 ».

La date de réalisation de l’œuvre reste mal définie, entre 1605 et 1606, la dernière avant sa fuite vers Naples. Il n’y a aucun document qui permette de l’affirmer, notamment de trace de paiement plus tardif. Ce délai de 4 ans entre la commande et sa finition serait lié à l’absence de l’achèvement de la chapelle. Le Pape Paul V leur accorda le privilège de célébrer la messe des morts le 22 mais 1606. Il sera rendu effectif le 24 juillet suivant. Caravage n’aurait commencé à peindre qu’a partir du moment où il était certain de la fin des travaux. Stéphane Loire émettait aussi comme autres raisons, l’activité importante de l’artiste à Santa Maria del Populo, Santa Maria in Vallicella. Il devait aussi répondre de ses actes à la justice.

Exposée La mort de la Vierge provoqua un scandale, refusée par les Carmes ou par Laerzio Cherubini. Giulio Mancini le médecin du pape Urbain VIII rapporta ce rejet pour la première fois dans une lettre adressée à son frère Deifebo le 14 octobre 1606. Mise en vente, il tenta de l’acquérir pour l’installer dans sa chapelle familiale à Sienne. Le cardinal Tolomeo Gallio a pu aussi intervenir dans ce refus.

Sur les conseils de Pierre-Paul Rubens, le duc de Mantoue Vincenzo Gonzague l’acheta pour enrichir sa galerie. Les lettres du 17 et 24 février de l’ambassadeur ducal à Rome Giovanni Magno au chancelier des Gonzague, Annibale Chieppo, retraçaient le rôle du jeune peintre flamand présent alors à Rome et notamment pour l’évaluation du prix.

Giovanni Magno soulignait dans la première lettre son incompétence à juger la composition qu’il ne semblait guère apprécier. Dans la deuxième, l’ambassadeur restait toujours dubitatif « le tableau proposé par M. Pierre-Paul a été accordé à deux cent quatre vingt écus d’argent […] C’est là, peut-être une preuve de la qualité du tableau, puisqu’il n’a pas été discrédité pour être hors des mains du peintre et pour avoir été refusé par l’église à laquelle il avait été donné ». Le 31 mars, l’achat conclu, le tableau remis était prêt à l’envoi. Il quitta Rome le 28 avril 1607 pour Milan après l’intervention de Rubens, commissionné de 20 écus. Il l’avait emballé dans une caisse adaptée « pour l’assurer contre tout dommage ». Il passa ensuite au fils du duc, Ferdinando jusqu’à sa mort en 1727, puis à Jacques 1er d’Angleterre qui acquit l’ensemble de la collection « sans doute le plus prestigieux rassemblement de peintures “modernes” qui se trouvait alors en Europe ». Après le jugement du roi pour haute trahison et son exécution le 30 janvier 1649, Everhard III Jabach, le plus célèbre collectionneur de dessins du XVIIe siècle, « à la personnalité ambiguë de marchand et de curieux », acheta La mort de la Vierge pour la vendre à Louis XIV en 1671, sans doute dans le second lot. Exposée dans le Cabinet du roi aux Tuileries au XVIIIe siècle elle fut envoyée à Versailles où elle resta jusqu’en 1793, date de la création du Museum central des Arts du Louvre où elle retourna pour ne plus le quitter.

Cette œuvre majeure dans l’art de Caravage à la composition originale et novatrice, voire révolutionnaire, pose plusieurs questions auxquelles nous tenterons de répondre : les raisons expliquant le choix du sujet par les Carmes déchaussés, son rapport avec la vie de l’artiste et le contexte artistique de l’époque. Nous étudierons le regard porté par les contemporains, puis celui des historiens d’art lors de la redécouverte de Caravage à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, en nous attachant particulièrement au regard des peintres. Enfin, après une approche iconographique nous essaierons d’expliquer pourquoi La mort de la Vierge fut rejetée, en nous demandant si au-delà du naturalisme il ne s’agit pas d’une composition profondément religieuse en accord avec la Contre-Réforme.

Dans une pièce dénuée de mobilier couverte par un plafond charpenté, la Vierge étendue obliquement repose sur une simple planche de bois faisant office de lit. La tête tournée vers la gauche est appuyée sur un coussin où s’étend son bras gauche qui fait un angle droit avec son corps, sa main tombant au delà du bord. Les yeux sont fermés, le ventre gonflé et le visage bouffi, la couleur cadavérique de la peau signent la mort. Sa main droite s’appuie sur sa poitrine. Elle porte une robe rouge qui rappelle le grand rideau rouge dans le tiers supérieur du tableau dont un pan tombe à angle droit au dessus de la tête des personnages disposés à droite de Marie.

Dans l’angle formé par son bras gauche une femme en grande affliction, Marie Madeleine, est assise sur une chaise devant un simple bassin en cuivre. Repliée sur elle-même elle essuie ses larmes avec un torchon qui lui masque le visage. « Le peintre grec Timanthe qui se sentait incapable de trouver une expression adéquate à la douleur d’Agamemnon, avait caché son visage dans sa représentation du sacrifice d’Iphigénie ».

A proximité les apôtres, certains dans l’obscurité à peine visibles, expriment par leur gestuelle une grande tristesse silencieuse. Difficilement identifiables, leur douleur se manifeste par des expressions variées. L’un d’entre eux penché sur le corps de la Vierge pleure les deux poings serrés sur les yeux, sans doute Pierre. Un autre accroupi aux pieds de la Vierge se cache les yeux. Debout derrière la tête de la Vierge Jean se tient le visage avec la main gauche dans le geste de la mélancolie. Ceux à l’arrière montrent des gestes moins marquants de tristesse. Ils ne regardent pas Marie, trois d’entre eux discutent. Un dernier dans la pénombre lève la tête les yeux fermés. Les couleurs sombres, l’ocre de leur manteau accentuent l’impression d’immense désolation qui envahit la pièce.

Venant de la gauche et tombant d’une fenêtre haute un faisceau lumineux se reflète sur les crânes chauves des apôtres, le cou de Jean et de Marie Madeleine, pour illuminer la Vierge. Elle est la plus franchement éclairée, son cou, sa joue droite, ses narines et ses paupières closes sont en pleine lumière tandis que le reste de son visage et ses cheveux ébouriffés restent dans l’ombre. « Le peintre a mêlé les vêtements contemporains des personnages féminins aux tuniques antiquisantes des apôtres ». Une composition marquée par l’absence de surnaturel où rien ne laisse supposer l’Assomption, une représentation du quotidien sans artifice d’une femme du peuple morte entourée de sa famille et de ses amis.

La présence énigmatique de ce grand rideau rouge accroit le caractère tragique de la scène. Elle évoque le théâtre, ces représentations des Mystères qui réunissaient tous les habitants d’un village à l’occasion d’une fête paroissiale. Caravage dans sa Lombardie natale assista certainement à ce type de festivité.

L’Ordre des Carmes déchaussés ou Ordre des Frères déchaux né de l’Ordre du Carmel à la fin du XVIe siècle, réformé par Saint Jean de la Croix, appartient à l’Ordre des Frères Mendiants. Ils consacraient leur vie à la prière silencieuse et allaient pieds nus dans des sandales d’où leur nom. La théologie du Carmel est centrée « sur la mort, la résurrection et l’implication de la Vierge dans ces deux issues ». L’ordre du Carmel, appelé aussi  « ordre de la Vierge », est placé, depuis toujours, sous la protection de la Mère de Dieu, et consacré à son service. En 1597, le pape met l’église Santa Maria della Scala à leur disposition pour fonder le couvent della Scala. Elle ne possédait avant l’agrandissement de 1667-1670 que de trois chapelles de chaque côté : la première chapelle à gauche était vouée au don du scapulaire  par la Vierge à Saint Simon Stock, la deuxième à la mort de la Vierge et la troisième à une crucifixion. Simon Stock, prélat de l’ordre du Carmel inquiet sur l’avenir de son ordre invoqua la Vierge. Elle lui apparut le 16 juillet 1251, tenant dans sa main un scapulaire, qu’elle lui tendit en disant « Mon Fils, reçois ce vêtement de ton Ordre, comme signe spécial de Ma Confraternité. C’est le signe du privilège que j’ai obtenu pour toi et pour tous les enfants du Carmel. Celui qui meurt, revêtu de cet habit, demeurera préserver du feu éternel. C’est un signe de salut, de protection contre le danger, une garantie de paix et d’alliance éternelle ». Que la chapelle, dédiée à la messe des morts représentait une « transitum Beatae Mariae Virginis », s’explique par cette dévotion à Marie et le lien entre sa mort et celle des Carmes.




Echocardiographie en pratique

Cet ouvrage répond à une ambition : rendre accessible et intelligible la démarche diagnostique fondée sur la réalisation raisonnée et systématique d’un examen échodoppler chez un patient à risque cardiovasculaire.

L’échographie 3D temps réel, l’imagerie de déformation (strain), la stimulation dynamique pharmacologique ou à l’effort, la diversité des techniques d’imagerie ultrasonore (fenêtres transthoracique et transoesophagienne, échographie intracardiaque, ultraportable) sont désormais intégrées au vaste domaine de l’imagerie cardiovasculaire.

L’ouvrage a pour objectif d’intégrer les données de la littérature et les recommandations des sociétés savantes dans la réalisation de l’examen, l’acquisition des images de qualité optimale, le choix des modalités et l’optimisation des outils disponibles anatomiques, quantitatifs et fonctionnels, afin d’aboutir à la rédaction d’un compte rendu détaillé, argumenté et adapté.

Les auteurs se sont appuyés sur différents outils pédagogiques : description précise de la modalité d’acquisition du paramètre, illustrations, algorithmes diagnostiques, confrontation aux recommandations.

Un diaporama reprenant l’ensemble des informations exposées dans le livre et des boucles vidéos accompagnent l’ouvrage sur un site dédié, permettant de disposer d’un outil complet adapté à la démarche d’acquisition des connaissances, qu’il s’agisse d’une initiation ou d’un perfectionnement.

Ce livre a été coordonné par Ariel Cohen, professeur de cardiologie et chef de service aux hôpitaux Saint Antoine et Tenon, et Laurie Soulat-Dufour, cardiologue, praticien hospitalier dans les mêmes établissements.

Les rédacteurs sont des praticiens cardiologues ou réanimateurs exerçant à Paris ou région parisienne.

Comme le soulignent les auteurs, ce livre n’est pas un résumé du Manuel d’échocardiographie clinique de l’adulte, paru en 2013, qui traitait de façon exhaustive les différentes pathologies cardiaques ; il a plutôt pour ambition d’accompagner au quotidien l’étudiant, le cardiologue en formation ou en perfectionnement, l’anesthésiste, le réanimateur, l’urgentiste, chacun pouvant trouver des réponses simples aux questions posées devant une situation clinique parfois complexe.

L’engagement des auteurs est de mettre à jour régulièrement et en ligne ce support pédagogique pour que cet outil didactique reste actualisé et homogène.

Auteur : Ariel Cohen, Laurie Soulat-Dufour

Editeur : Lavoisier

Pagination : 600 pages

Prix public : 75,00 €




Les Orientales 2014 – Côtes du Roussillon Villages Lesquerde

Comme le rock qui inspire leur friande et juteuse cuvée roc’n Rousselin, l’aventure de Pascal et Laurence Rousselin a débuté dans un garage, où ils ont commencé à vinifier, en très petite quantité, leur production.

Ce petit domaine qui atteint actuellement 8 ha, a été créé en 1995 sur le plateau de Lesquerde, minuscule appellation des Côtes du Roussillon Villages, perché à 350 m d’altitude sur les rives de l’Agly, au terroir granitique venté et ensoleillé. Sis sur la route des châteaux cathares entre Maury et St-Paul de Fenouillet, proche de la Méditerranée lui procurant ces arômes sudistes caractéristiques, la propriété bénéficie d’une vue magnifique sur le mont Canigou. C’est en 2005 que Pascal, venu à la vigne par passion et Laurence, professionnelle de la communication convertie à l’aventure vinicole, se détachent de la coopérative, pour commencer à produire leurs propres vins optant d’emblée pour des microcuvées typées. La volonté de travailler en agriculture biologique s’impose à la suite d’une intoxication aux désherbants de Pascal, où ils prirent conscience de la dangerosité de ces produits, dont la vigne n’a pas besoin.

Ils se lancent alors dans un parcours initiatique, pour travailler leur terre, sans aucun intrant chimique, la traitant uniquement par des doses très faibles de soufre et bouillie bordelaise, des piégeages d’insectes, des labours, des engrais naturels, pour obtenir de beaux et sains raisins.

Les vins sont élaborés par microcuvées entièrement à la main : cueillette des raisins en cagettes de 10 kg, égrappage, remplissage des cuves au seau, pressurage par pressoir vertical à cage bois. Le garage a fait place à un chai neuf climatisé. Les vinifications sont les plus traditionnelles possibles, sans aucun intrant autre que des doses de soufre très inférieures au cahier des charges bio, pour être au plus près d’un vin naturel : macérations raccourcies à 2 semaines, levurage endogène, pigeage, décuvage sans pompage, élevage en cuves béton sur 15 mois, sans aucune utilisation de bois pour les Orientales, 2 ou 3 soutirages avant la mise en bouteille sans collage ni filtration.

Parées d’une robe rouge sombre, aux reflets prune, limpide et brillante, ces Orientales 2014, assemblant 60 % de syrah, 30 % de grenache et 10 % de très vieux carignan, font exploser en nez des arômes de fruits noirs compotés : cassis, mûre, myrtille, des senteurs de fleur blanche, iris, jasmin. Rapidement des parfums de garrigue : thym, ciste, laurier, romarin, olive noire viennent caractériser l’ancrage méditerranéen. En bouche, les tanins fins caressent le palais par des notes épicées, où les poivres noirs, roses, les baies de genièvre se dévoilent en extrême délicatesse. Ce vin complexe, alliant le soyeux des tanins et la richesse des fruits et des épices, est doué d’une longue finale sensuelle. Cette cuvée d’une rare justesse, d’un équilibre raffiné, forte de ses senteurs méditerranéennes de garrigue et de ses arômes épicés illustre parfaitement son nom : « les Orientales ». Ce vin qui n’a pas encore été « repéré » par les grands guides commerciaux, peut ainsi bénéficier d’un prix inférieur à 18 euros, très raisonnable pour cette qualité.

A signaler que Pascal Rousselin propose, entre autres, un très intéressant muscat sec d’Alexandrie, Rendez-Vous, idéal pour l’apéritif.

Ces Orientales aux arômes sudistes épouseront avec plaisir toutes les recettes traditionnelles du midi : lapin au thym, porc à la sauge, agneau au romarin, daube provençale. Un bel accord simple et rustique s’obtiendra avec un jambon de montagne à la couenne épaisse et grasse accompagné d’une salade de tomates à l’huile d’olive. Mais, comme l’indique leur nom, elles s’épanouiront plus encore avec les plats exotiques épicés : évidemment un couscous royal, un tajine d’agneau aux pruneaux, mais aussi un colombo de porc au curry, un poulet tandoori. La proximité du vignoble avec l’Espagne leur permet d’être un interlocuteur privilégié pour la paëlla, surtout si elle est riche en viande : chorizo, lapin ou poulet. Après quelques années de vieillissement, ce vin participera avec brio à des préparations hivernales à base de gibier, tel un sanglier nappé de miel de bruyère ou un civet de lièvre au thym et épices douces. En fin de repas, on peut le servir avec certains fromages : tommette de brebis, cantal ou salers en évitant ceux à pâte lavée.

Quelle belle réussite pour ces jeunes et dynamiques viticulteurs ! Quel plaisir de déguster un vin du Roussillon qui, grâce à sa fraîcheur, sa finesse, vous réconcilie avec les vins rouges de cette région qui souffrent souvent d’un excès de puissance, d’alcool donc de lourdeur.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération

Les Orientales 2014 – Côtes du Roussillon Villages Lesquerde

Domaine Rousselin 66220 Lesquerde




La Tombe du Plongeur de Paestum ou l’immersion dans la Magna Grecia

En 1959, Charles Martin Robertson (1911-2004) historien de l’art et archéologue britannique déplorait qu’il faille se contenter des vases grecs et des tombes étrusques pour imaginer les fresques disparues de l’ancienne Grèce, au risque d’une vision quelque peu erronée. C’est dire l’importance de la découverte archéologique faite 9 ans plus tard, en juin 1968, dans une petite nécropole proche de Paestum en Campanie, car il s’agissait d’une tombe « à caisson » (215 x 100 x 80 cm), de la période grecque archaïque (470 av. J-C) ; les parois latérales montraient des scènes de banquet et la dalle de couverture un jeune homme nu en train de plonger, d’où la dénomination de Tombe du Plongeur. 

La Magna Grecia

Au VIIIe et VIIe siècles av. J-C, des colons grecs, après que leur chef (oikistes) ait consulté la pythie du temple d’Apollon de Delphes, fondèrent de nouvelles cités sur les côtes de l’Italie méridionale, la Magna Grecia avec des cités-mères dont la prospérité deviendra proverbiale, qu’il s’agisse des « ors de Tarente » en référence au talent de ses orfèvres ou de la volupté de la « vie de Sybarite ». Le géographe Strabon (v. 64 av. J-C – 21 ap. J-C), d’origine grecque, mais rattaché à la période romaine, relate que des Grecs de Sybaris fondèrent secondairement, vers 675 av. J-C, Poseidonia dénommée plus tard Paestum situé au sud du fleuve Sele, au centre du golfe actuel de Salerne bordant cette partie de la mer Méditerranée, la mer Tyrrhénienne du grec turrênós signifiant «étrusque».

La Tombe du Plongeur

La nécropole se situait à l’écart de la cité comme ceci est la règle dans la culture indo-européenne. Les peintures sont réalisées selon une technique semblable à la fresque qui semble avoir été introduite dans l’art crétois lors des premiers siècles du second millénaire av. J-C, probablement empruntée à l’Egypte. Conformément aux canons égyptiens, la chair des hommes est représentée en brun ou rouge alors que celle des femmes est en blanc. La fresque est peinte sur une mince couche de chaux étendue sur la plaque de roche calcaire (travertin) polie d’origine locale. Un travail préparatoire a consisté à faire des traits (ductus) à la pointe fine pour définir des zones avant de peindre à main levée avec une rapidité d’exécution justifiée par le principe même de la peinture a fresco.

Deux artisans sont intervenus comme en témoignent les différences de mains, qu’ils aient effectué le travail avant ou après l’insertion dans la fosse. Son exiguïté expliquerait les traces de doigts et de coude. Le laps de temps entre les peintures et le positionnement de la tombe fut très bref, évoquant un travail de commande ; on a retrouvé des traces de cordage et de feuillage témoignant du fait que l’enduit était encore frais quant eu lieu l’inhumation.

Le corps (découvert à l’état pulvérulent) était entouré de deux vases piriformes (aryballes) utilisés pour stocker de l’huile en tant que solvant des parfums, l’alcool étant inconnu, et un vase de forme allongé (lécythe) destiné aussi à contenir de l’huile d’olive parfumée ; l’étroitesse de son col et de l’embouchure permet de limiter l’écoulement de l’huile et d’en faciliter l’application.

Ces vases, surtout les lécythes, étaient utilisés comme offrandes funéraires et déposés dans des tombes. On les retrouve, dans le cas présent, à côté de fragments métalliques et de carapaces de tortue. Il faut imaginer le défunt allongé sur le dos sur un petit lit funéraire, le corps recouvert d’un suaire blanc et parfumé, couvert d’amulettes avec une obole dans la bouche pour payer Charon, le nocher des Enfers, afin qu’il lui fasse traverser le Styx, fleuve séparant le monde terrestre des Enfers.

La fresque montre un banquet ou plus précisément la fin du repas ou symposion signifiant littéralement « boire ensemble », qui joue alors un rôle social important, comme plus tard chez les Romains où le banquet est une « cérémonie de civilité » permettant de cultiver l’art de la conversation. On se réunit alors le plus souvent dans une salle (andron) réservée aux hommes, au sein d’une demeure privée, et dotée de lits (klinai) situés le long des murs et dédiés aux banquets car on ne mange assis que lors des repas ordinaires. Les convives, représentés de profil et coiffés de « couronnes » de rameaux d’olivier, boivent et discourent sur un sujet par analogie avec le Banquet de Platon (v. 428/427-v.347/346 av. J-C) qui relate que « les convives étaient étendus sur des lits (…), lorsqu’ils eurent fini de souper, on fit des libations, on chanta en l’honneur du dieu et après avoir fait ce qu’on a coutume de faire (1), on se préoccupa de boire ».

Il s’agit d’un moment propice aux plaisirs du vin, de la musique et du chant mais aussi aux épanchements amoureux entre hommes où l’on distingue l’être aimé (éromène) et l’amant plus âgé (éraste) reconnaissable à une pilosité faciale plus avancée. Il s’agit « d’une sorte de fête à la fois intellectuelle, alcoolique et érotique » qui correspond plus à l’initiation sexuelle ritualisée et codifiée de la société grecque archaïque qu’au sens contemporain de l’homosexualité.

Les parois latérales montrent un éphèbe échanson qui décide des quantités de vin qui seront versées aux convives vers lesquels il se dirige en portant un pichet à vin (oenochoé) qu’il vient de remplir à partir d’un grand vase à deux anses (cratère), situé sur un guéridon, et dans lequel il a mélangé le vin à de l’eau puisqu’on buvait alors, comme plus tard chez les Romains, le vin coupé d’eau.

Il s’agissait en effet de vins rouges capiteux ou blanc liquoreux ayant un haut degré d’alcool et aromatisés par des épices, du thym ou du miel et souvent « résinés » dès lors que le vin était conservé dans des jarres enduite de résine, le tonneau étant une invention gauloise du IIe siècle de notre ère.

Sur la paroi opposée s’avance un homme barbu couvert d’un manteau et s’appuyant sur un bâton noueux ; il est précédé d’un éphèbe nu portant négligemment une chlamyde bleue réservée aux hommes et qui salue de la main gauche le convive le plus proche de lui ; ce dernier lui tend une coupe à boire évasée et peu profonde ou kylix dont on peignait l’intérieur.

Devant l’éphèbe s’avance une jeune femme pâle (seul personnage féminin) de petite taille, habillée d’une tunique blanche (chiton) et qualifiée d’aulète c’est-à-dire jouant d’une double flûte ou aulos également très prisée des Etrusques. La paroi latérale située au nord montre cinq convives couchés sur des lits devant des guéridons où poser les coupes.

On distingue, outre l’éraste situé à gauche et vers lequel s’avancent les trois personnages précédemment décrits, deux couples d’hommes : à droite le couple se livre à des cajoleries, le plus jeune fardé comme une femme et tenant un instrument apparenté à la lyre (barbitos), tout en étant observés avec concupiscence et ironie par l’homme situé au centre et qui se désintéresse, au moins momentanément, de son compagnon qui joue au kottabos (2).

La paroi latérale située au sud montre également cinq convives allongés sur des klinai ; un homme seul à gauche tenant une lyre de la main droite et un œuf (offrande funéraire fréquente symbolisant la vie après la mort) dans la main gauche pendant que le couple de droite joue de la flûte et de la lyre et que les deux convives du centre semblent jouer au kottabos.

La dalle de couverture montre, dans un espace délimité par une ligne dotée de fleurs stylisées dans les angles et, entre deux oliviers ou tamaris, un jeune homme nu plongeant vers une masse d’eau ondulée et convexe symbolisant l’Océan (Okéanos), le Titan, fils du ciel (Ouranos) et de la terre (Gaïa). Pour les anciens Grecs, Océan était un fleuve immense qui entourait la Terre en donnant la vie à la mer, aux sources et aux rivières. L’homme a plongé d’un ensemble de trois colonnes à rapprocher des Colonnes d’Hercule (détroit de Gibraltar) symbolisant à la fois la limite du monde connu des Grecs et celle entre la vie et la mort. n

(1) Libations en chantant à plusieurs voix des chants religieux rythmés et solennels (péan) ou sous forme d’hymnes (humnos) en s’accompagnant d’une lyre, en couvrant la tête des convives d’une couronne de rubans et en versant du vin sur le sol en offrande aux dieux

(2) Jeu originaire de Sicile et consistant à atteindre un but déterminé avec un jet de vin projeté par la main ou la bouche ; dans la variante la plus simple, il s’agissait de faire couler de petites coupes métalliques flottant à la surface d’un vase rempli d’eau ; on cherchait à atteindre le but mais aussi à la faire avec élégance en sachant que le son que rendait la coupe percutée était supposée refléter le niveau de passion de l’être aimé réalisant ainsi une sorte d’ « oracle d’amour »…

Bibliographie

1/ Amouretti M-C, Ruze F. Le monde grec antique. Hachette Supérieur 1995

2/ Braudel F. La Méditerranée. L’espace et l’histoire. Flammarion 1996

3/ Del Verme L. Paestum. Le parc archéologique, le musée/le sanctuaire d’Héra argiva. Arte’m 2013

4/
Dusouchet G. Des héros très portés sur la boisson in La Méditerranée d’Ulysse. Géo Hors-série 2004 p38-40

5/ Guzzo P-G. Magna Grecia. Les colonies grecques dans l’Italie antique. Découverte Gallimard 1996

6/ Mohen J-P. L’Art et la Science. L’esprit des chefs-d’œuvre. Découvertes Gallimard 1996

7/ Mossé C. La Grèce ancienne. Points Histoire. Le Seuil 2008

8/
Platon. Le Banquet. in Le Monde de la Philosophie, traduction, notes et bibliographies par Luc Brisson ; préface par Roger-Pol Droit. Flammarion 2008

9/ Pontrandolfo A, Rouveret A, Cipriani M. Les tombes peintes de Paestum. Pandemos 2008

10/ Richter W. Les jeux des Grecs et des Romains. Le Promeneur 2000

11/ Robertson M. La peinture grecque. Skira 1959

12/ Sartre M. L’homosexualité dans la Grèce ancienne in La Grèce ancienne Ed. du Seuil Histoire 2008

13/ Veyne P. La vie privée dans l’Empire romain. Points Seuil 2015

14/ Veyne P. Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes. Le seuil 1983




Soyez réalistes

La réalité virtuelle, dont en parle beaucoup dans le secteur des jeux vidéo, va largement se développer dans les dix prochaines années tous secteurs confondus : technologique, économique, social et santé.

Les grands groupes industriels, (notamment secteurs automobile ou aérien) utilisent la réalité virtuelle (VR) depuis vingt ans pour la conception de leurs produits, mais c’est l’industrie du jeu vidéo, devenu le véritable moteur de cette technologie, qui l’a démocratisée pour le grand public. Le monde de la santé a commencé son virage et nous n’en sommes qu’au (tout) début. GE Healthcare a présenté en ce sens en janvier dernier aux Journées de l’innovation en santé un prototype de dispositif de réalité virtuelle qui devrait permettre à terme aux médecins d’explorer l’intérieur du corps humain en immersion totale.

La Formation

La formation tout d’abord où la technologie devient un outil pédagogique particulièrement puissant : suivi des opérations par des pairs, répétition des gestes à effectuer lors d’opérations futures…ou suivi à travers les yeux du chirurgien d’une opération.

Travailler avec l’aide du cerveau

En 2016, le Pr Philippe Menei et l’équipe du service de neurochirurgie d’Angers et de l’école d’ingénieurs ESIEA, a procédé à une chirurgie du cerveau. Le patient éveillé tout au long de l’opération (comme vous le savez, le cerveau est le seul organe qui n’est pas sensible à la douleur), était muni d’un casque. Il voyait ainsi défiler un programme de test du champ visuel. Objectif : pousser le plus loin possible la précision de l’acte. Grâce à la diffusion de points lumineux, le patient détaillait ce qu’il voyait, permettant au neurochirurgien d’être certain de ne pas porter atteinte à la fonction visuelle lors de l’ablation de la tumeur.

Cette technique d’images projetées et d’un système de détection de mouvement de la pupille a permis au chirurgien d’obtenir des informations très précises en activant plusieurs zones du cerveau et travailler bien plus efficacement.

Les phobies du cerveau

De nombreux hôpitaux et services liés aux traitements des phobies se sont munis de matériel d’immersion. Le patient se confronte ainsi directement à sa phobie dans un environnement complètement sé- curisé. On peut ainsi s’habituer progressivement à la foule, aux animaux qui nous effraient ou pouvoir, comme cette femme qui ne pouvait plus prendre son volant, tout simplement conduire sur une autoroute.

Ces méthodes, de plus en plus courantes, portent leurs fruits et les résultats sont très probants, les phobiques apprenant à (re)vivre au bout de quelques séances.

Biaiser le cerveau

La réalité virtuelle a permis de soulager la souffrance de grands brûlés (sans aucun usage de morphine) durant leurs séances de nettoyage en les projetant dans un environnement de froid polaire. Ils ont donc pu oublier la douleur pendant quelques instants. Ce genre de prouesse est possible simplement parce que la réalité virtuelle modifierait la chimie du cerveau des patients. Il a fait passer des IRM à certains volontaires afin d’étudier les activités de la partie du cerveau relative à la douleur et, à l’issue de l’expérience, la conclusion suivante a été apportée : la réalité virtuelle ralentissait ces mêmes activités.

Evader son cerveau

On pense également aux patients alités pour de longues durées. La dimension psychologique est évidente pour traiter une maladie. Des patients restant alités pendant de très longues semaines s’évadent du monde réel de la chambre dans un monde virtuel en donnant la possibilité de  s’« éloigner » de leur lit. C’est une véritable façon sortir d’une routine et de voir autre chose que sa chambre d’hôpital. Des applications permettent aussi aux patients d’en apprendre plus sur leur maladie et sur leur corps. Généralement les proches ont aussi le droit de participer, ce qui permet aussi de dédramatiser la maladie et l’hospitalisation.
Pascal Wolff

La VR, source de préoccupations

Si les champs d’action de la réalité virtuelle sont gigantesques pour les professionnels de la santé, les premiers dangers apparaissent dans le grand public (dépendance, situations perturbantes, dangers psychologiques, nausées, fatigues anormales, troubles auriculaires)…

 

Les réalités virtuelle et augmentée sont toutes deux des réalités altérées et artificielles

Avec la réalité virtuelle, vous êtes coupé du monde par le port d’un casque qui trompe son cerveau pour le transporter dans un autre lieu (ou une autre époque). 

On dit que la VR est immersive et qu’elle vous fait rentrer dans une histoire

Avec la réalité augmentée, le dispositif utilise des lunettes ou un casque semi-transparent. Vous voyez le monde réel autour de vous auquel viennent s’ajouter des informations numériques : des pages, mais aussi des objets virtuels qui apparaissent dans le monde physique. Celui-ci est donc « augmenté » de ces informations.

Sources

realite-virtuelle.com ; Goldman Sachs ; Cervo (Chirurgie éveillée sous réalité virtuelle dans le bloc opératoire) ; Hunter Hoffman, Directeur du centre de réalité virtuelle de l’Université de l’état de Washington à Seattle (États-Unis).




Champagne Extra-Brut « Mémoire »

Que nous réserve l’année 2017 ? Sans gros risques d’erreurs, nettement mieux que 2016, marquée par les attentats, la régression économique, les mensonges politiques, les attaques sans précédent contre la médecine libérale !! Aussi, pour fêter la fin de cet « annus horribilis » et l’espoir d’un avenir plus souriant, je vous invite à partager un remarquable champagne.

Le champagne Huré est une affaire de famille depuis plus de 50 ans ; actuellement, François et Pierre travaillent avec Raoul, leur père retraité qui, lui-même, produisait avec ses frères. « Aujourd’hui, notre approche est de fabriquer des vins identitaires, explique François, en tout cas essayer d’exprimer au mieux notre terroir, nous voulons des vins représentatifs de leur origine ». Le domaine exploite une superficie d’environ 10 ha, complantée des 3 cépages classiques : chardonnay, pinots noir et meunier, sur la commune de Ludes dans la Montagne de Reims, où s’épanouit le pinot noir. Les vignes bénéficient d’un climat océanique modéré et continental dégradé. Le terroir est composé de 1ers crus sur les sols argilo-calcaires de Ludes, sur les graveluches (mélange de calcaires et d’argiles) et les sables de Villedommange. La craie, quoiqu’assez profonde, est bien présente. D’autres vignes sont morcelées sur la vallée de l’Ardre et dans le Vitryat. Cette mosaïque de terroirs offre des profils aromatiques variés que le viticulteur veut respecter et exhausser : finesse et élégance sur Ludes, rondeur et fruité sur Villedommange, minéralité et tension sur le Vitryat.

Les pratiques culturales, respectueuses de la plante et de la terre, sont raisonnées et évoluent vers le bio, pour conserver des sols vivants : suppression des herbicides, utilisation de composts organiques pour amendements, maintien d’un enherbement naturel, taille soignée et adaptée à chaque cep, travaux en vert tels qu’ébourgeonnage et palissage.

Les raisins, récoltés à bonne maturité, sont immédiatement pressés et fermentent en cuves inox thermorégulées. La fermentation malo-lactique est évitée pour le chardonnay. Quoique le domaine ait une petite activité de négoce, il travaille sur ses cuvées de prestige en récoltant – manipulant, ne vinifiant que ses propres raisins, chaque parcelle et chaque cépage séparément, ce qui garantit la régularité et la précision des assemblages. La méthode champenoise traditionnelle est bien entendu utilisée. Après prise de mousse (ajout de levures et de sucres), le remuage des bouteilles est effectué de façon manuelle sur pupitre. Le vieillissement sur lattes dure 3 ans pour la cuvée « Mémoire ». Le dépôt, accumulé dans le goulot, est dégorgé à la volée. La liqueur de dosage ne comporte que 3 g/l de sucre, ce qui classe ce champagne en extra-brut. La cuvée assemble 10 % de chardonnay, 45 % de pinot noir et 45 % de meunier provenant essentiellement des 1ers crus de la Montagne de Reims complétés par certaines parcelles de la vallée de l’Ardre et du Vitryat. L’élevage repose sur le principe de la soléra, bien connue à Jerez en Espagne. Il s’agit d’une réserve perpétuelle, où, chaque année, les vins de la vendange compensent le vin soutiré. La soléra des Huré date de 1982, soit un assemblage de 30 millésimes jusqu’à 2012 réalisant une véritable « carte postale » du domaine. Cet élevage, particulièrement long, comporte une année en foudre de chênes avant la mise en bouteille.

Dans le verre, ce champagne « Mémoire » des frères Huré offre le spectacle d’un pétillement or pâle, brillant et scintillant de fines bulles se dégageant, sans discontinuité en fines chaminées, pour rejoindre une mousse crémeuse. Le nez capte d’agréables parfums de fleur d’acacia, de pralin, de pain de mie avec des notes de noisette fraîche et de mirabelle. En bouche, la minéralité saline monte en puissance, la sensation haptique, due au choc du gaz carbonique contre la langue et le palais, est vive, tendue, fraîche. L’élevage en foudre apporte une texture, une richesse et une complexité en parfait équilibre. Je laisse une journaliste œnologue qui m’est très proche, analyser : « cette cuvée, Mémoire, est tout simplement sidérante, c’est une bourrasque d’une énergie redoutable, presque sauvage. Les notes citronnées s’effacent derrière une puissance en bouche tranchante avec beaucoup de longueur. On en sort décoiffé, on regarde son verre avec respect ».

Ce champagne Huré « Mémoire » est un vin de gastronomie. Certes, il reste très plaisant en apéritif, car son pétillement met en valeur des petits feuilletés au fromage, des rillettes de saumon ou de colin, des gougères, et, plus surprenant, est-ce un clin d’œil à son élevage en soléra : les salaisons ibériques, les fameux jambons serrano, bellota, le lomo (filet séché de pata negra).

Mais ce vin est un merveilleux compagnon de table pour une terrine de foie gras, un turbot sauce champagne, une sole à la crème, un croustillant de bar au foie gras, des saint-jacques à la crème de cèpes. C’est peut-être avec une belle viande blanche qu’il s’épanouira le mieux : médaillon de veau en grenadin sauce foie gras, selle de veau prince orloff, croustillant de ris au curry. Cet extra-brut n’apprécie guère les desserts sucrés, offrez-lui simplement en fin de repas… un bon camembert !

Pourquoi choisit-on le champagne ? Parce que c’est le remède à la morosité, et nous avons bien besoin d’un flacon de cette qualité par les temps actuels.

Champagne Extra-Brut « Mémoire »

Huré Frères 51500 Ludes




Ils croient que la nature est bonne

« Il n’y a pas d’autre domaine que l’écologie où les préoccupations les plus justifiées voisinent avec les plus évidentes bêtises…Cette bouillie de faux concepts, de grands sentiments et d’intérêts camouflés conduit les hommes les plus respectables à proférer doctement les plus évidentes contrevérités, à prendre la plaine de la Beauce pour le Sahel, à considérer que le débit du Rhône est celui du Jourdain, que la dégustation d’un steak est aussi dangereuse que la traversée à la nage du détroit de Magellan… »  

C’est avec ces phrases incisives que débute ce nouvel opus de Jean de Kervasdoué dirigé, une fois de plus, contre les contempteurs de la pensée unique et du politiquement correct en matière de la soi-disant protection de l’environnement ; reprenant sa croisade, initiée voici une dizaine d’années avec « Les prêcheurs de l’apocalypse », poursuivie avec « La peur est au-dessus de nos moyens », « Pour en finir avec les histoires d’eau », ou encore, plus récemment « Ils ont perdu la raison » (dont Le Cardiologue s’était fait l’écho), sa condamnation de la pseudo-écologie est ici sans appel.

Il devait en avoir gros sur le cœur, en tout cas il annonce la couleur dès le sous-titre de l’ouvrage ; en effet, avec : Ecologie, agriculture, alimentation : pour arrêter de dire n’importe quoi et de croire n’importe qui, le ton est donné !

En préambule, Jean de Kervasdoué nous rappelle la distinction qu’il fait entre écologues et écologistes : les premiers étant des « scientifiques de l’écologie qui publient généralement en anglais des articles austères, ayant en horreur la généralisation hâtive et les vérités approximatives » alors que les écologistes sont le plus souvent des « politiques aux nombreux relais médiatiques (qui) font flèche de tout bois pour couvrir l’espace public où ils déversent leurs interprétations des choses de la nature comme de la nature des choses » !

En fait, le vrai combat qu’il mène est avant tout dirigé contre les faux prophètes (au premier rang desquels le très médiatique Nicolas Hulot), les pseudo-scientifiques qui cherchent à culpabiliser les consommateurs que nous sommes en nous faisant presque regretter toute notion de progrès ; il rêve également d’abattre le sacro saint principe de précaution !

Pour Jean de Kervasdoué, ce ne sont pas les disciplines environnementales qu’il faut supprimer, c’est simplement la généralisation et l’exagération qu’elles suscitent de la part de certains qui s’en servent pour compliquer atrocement notre vie quotidienne.

Non, assène-t-il, l’apocalypse planétaire n’est pas pour demain : la famine recule, de même que la grande pauvreté, l’espérance de vie continue à croître, le réchauffement climatique n’aura sans doute pas les conséquences si théâtralement annoncées et notre alimentation ne nous amène pas tout droit vers la mort !

Cet ouvrage, on s’en doute va susciter des polémiques, mais l’auteur ne s’en laisse pas conter : ingénieur agronome, ingénieur en chef des Eaux et Forêts, membre de l’académie des technologies, premier conseiller agricole de Pierre Mauroy, Jean de Kervasdoué sait de quoi il parle ; les médecins, qui le connaissent surtout comme économiste de la santé et ancien directeur des hôpitaux, ont pu apprécier ses nombreux ouvrages en la matière dont par exemple la qualité des soins en France, la santé mentale des Français ou l’hôpital vu du lit.

Quoiqu’il en soit, cet ouvrage n’a rien d’un pamphlet ; l’auteur qui cite systématiquement ses sources prend le soin de démontrer tout ce qu’il avance et oppose toujours à ses adversaires les données actuelles de la science.

Ce faisant, il démystifie enfin cet écologisme donneur de leçons, il est fort probable que la grande majorité de ses lecteurs, dont nous faisons partie, lui en saura gré.

Auteur : Jean de Kervasdoué

Editeur : Robert Laffont

Pagination : 180 pages

Prix public : 17,00 €




Les danseurs au luth, Jacques Callot – 2e partie

Le caprice envahit tous les arts

Sans insister sur la controverse qui concerne l’étymologie du terme « Caprice », Philausome et Celtophile, les deux locuteurs d’Henry Estienne dans les Deux dialogues du nouveau langage françois italianisé, exprimèrent, dès la Renaissance, les difficultés sur l’origine du nom et sa signification. Dans le grand dictionnaire universel du XIXe siècle, « Caprice, Capricieux, euse » exprime le changement fréquent et bizarre, l’irrationnel, l’inattendu, avec des connotations négatives et positives ; dans les Beaux-Arts, un morceau de fantaisie, un dessin bizarre, original qui s’écarte des règles et des conventions ordinaires. « Fantaisie » est une idée, une pensée, une imagination qui a quelque chose de capricieux, de bizarre ou de libre.

Valérie Auclair fait, aussi, de « Fantaisie » un synonyme de « Caprice », une « impulsion soudaine qui monte à la tête ». Maxime Préaud souhaite réserver le mot caprice « aux images choquantes, hors normes, celles qui hantent les esprits des artistes […] et [celui] de fantaisie à l’observation amusée ou non du monde réel ». Pour Scudery, « les Capricci di varie Figure sont des estampes dans lesquelles Callot exprime en dehors de la contrainte d’une intervention extérieure, des images de son esprit, réminiscences de ses propres modèles ».

Si, avant Callot, aucune œuvre gravée n’avait porté le titre de « Caprice », les poètes Francesco Berni, Giambatista Marino au XVIe siècle furent les premiers représentants de ce qu’ont pu être les caprices littéraires.

Dans la seconde moitié du XVIe, le capriccio devient un titre de compositions musicales vocales ou instrumentales. Jacquet Berchem en 1561, Vicenzo Ruffo 1564, puis en 1603 Giovanni Maria Trabaci conçoivent des pièces fantaisistes et ouvrent la voie de l’improvisation au compositeur allemand Michael Schultze (Praetorius) en 1608.

Vasari dans « Le Vite de piu eccelenti pittori scultori e architettori » emploie régulièrement les termes de « caprice », de « capricieux » pour désigner, soit le comportement étrange, presque dément d’un artiste, soit d’une œuvre qui surprend par sa conception ou d’une iconologie aux significations incertaines. « Un art coupé de l’imitation servile de la nature, [hors des normes] et dont le beau n’est infusé que par Dieu dans l’esprit de l’artiste » ; sous le pouvoir de son imagination créatrice, libre de toute contrainte, l’esprit du maître guide sa main, inventant une œuvre « fantastique composée de toutes les bizarreries, caprices, fantaisies », « le Disegno pur artificiale ».

Jacques Callot, dans sa dédicace à Laurent de Médicis, annonça que les Capricci di Varie Figure était le fruit de son « esprit stérile » ; il précisa qu’il ne s’agit pas d’une reproduction ;

« Les gravures très excellent seigneur, que je présente humblement à son excellence, sont pour ainsi dire, les premières fleurs que j’ai cueillies dans le champ de mon esprit stérile […] »

Le maître n’a utilisé le terme Capricii qu’une seule fois, alors que certaines de ses œuvres ultérieures, par leur aspect surprenant ou extravagant, peuvent être considérées comme des fantaisies capricieuses – Les Gobbi, Les Gueux –. Egalement proche, les fantaisies de Noble J. Callot, cette suite de quatorze estampes, compositions à trois personnages dans des positions diverses, correspond, cependant, plus à un répertoire de modèles. Il a réutilisé celui de Varie Figure pour une suite de seize eaux-fortes.

Un grand novateur

La première planche des Caprices, pour Edouard Meaume, fut gravée avec un vernis mol traditionnel , expliquant le peu de « bonnes épreuves conservées qui contiennent des fonds ». Pour la seconde, il eut l’idée de recouvrir sa plaque de cuivre d’un vernis dur (du mastic en larmes associé à de l’huile de lin dans les mêmes proportions), un emprunt aux luthiers de Florence. Résistant à la pointe, il sèche vite et permet des reprises. Par appositions successives, les parties, protégées des morsures de l’eau forte, créaient des plans successifs à l’origine d’une perspective atmosphérique et d’un premier plan aux noirs profonds. Pour Eugène Rouir, Jacques Callot l’aurait déjà utilisé pour la première série des Caprices. Il apporta deux autres innovations : l’utilisation de l’échoppe couchée, l’outil des orfèvres, au profil triangulaire, accentuait plus ou moins la profondeur de la taille ; « unique, simple et non croisée, elle modèle les formes ».

Pour la conception d’une planche, l’artiste procédait par étapes successives ; les musées conservent des dessins à la plume à l’encre brune, ou à la sanguine, des croquis à la pierre noire, de simples esquisses, des compositions très élaborées, avec parfois des répliques, enfin des dessins d’exécution qui pouvaient être mis-au-carreau ; il les repassait à l’aiguille pour le transfert sur le cuivre ; Il se servit aussi du lavée de brun. Il étudiait les figures séparément ou en groupe, peut-être d’après nature. La foire d’Impruneta publiée en 1620, avec tous les dessins préparatoires, est sans doute l’un des meilleurs exemples pour comprendre son travail.

Il n’y a, a priori, aucun dessin préparatoire des danseurs au luth. Cette composition est pratiquement unique dans l’œuvre de l’artiste. Elle s’avère n’avoir aucune raison de figurer dans la suite des Caprices. Le fait qu’elle y soit est la liberté de l’artiste, de son « caprice ». Dans la dédicace, il ne manqua pas d’affirmer que ces figures étaient nées de son imagination, elles lui viennent de son esprit.

Un caprice, une fantaisie, une fantaisie capricieuse ?

L’extravagance de ce divertissement convient à la définition du « caprice » des théoriciens de l’époque. L’artiste digresse les normes contemporaines, même si le naturalisme, depuis Caravage, avait révolutionné les perceptions. Le caractère grotesque de cette scène de genre trouble le spectateur ; il aimerait savoir qui se cache derrière ces visages masqués ; l’homme en haillons porte une épée, c’est, à n’en point douter, un homme de guerre sans emploi, un marginal, un être immoral, inconstant ; la femme, une lourdaude, sautille avec frénésie et effectue une danse improvisée ; est-elle une simple d’esprit, voir une démente ? La perle suspendue devant son visage pourrait corroborer cette hypothèse. Le paysage très stylisé, presque inexistant, ne permet pas de situer l’événement ; il peut s’agir d’acteurs d’un théâtre de rue, ou d’individus durant le carnaval, « un temps consacré à des divertissements extravagants ». C’est l’occasion de déguisements, de réjouissances où tout est permis, de folies issues du paganisme, une émanation des bacchanales, des saturnales… Tout s’inverse, le mal devient le bien ; il est le lieu de toutes les déviances, « la débauche cherchant à s’abriter sous le masque ». Face à l’image de l’hérésie divulguée par le vagabond, la perle symbolise, le drame spirituel de la chute de l’homme et de son salut, rappelant la femme « à l’ordre ». On peut douter qu’elle comprenne le message !

La monumentalité des figures, la robustesse du personnage féminin, sur un si petit format, frappent l’observateur. Il semble difficile de suivre Valérie Auclair pour qui, « la seule bizarrerie de ces gravures réside dans leur taille réduite, alors que certaines d’entre elles représentent de vastes panoramas ».

Autres paradoxes, alors que l’« on s’attendrait à ce que le caprice fût accidentel, épisodique, sans lendemain et se situât au hasard dans l’œuvre de l’artiste, l’image fait partie d’une suite » ; la composition ne suit pas les règles habituelles, l’angle de vue est double, en contre-plongée pour la femme et frontal pour l’homme ; une certaine incohérence trouble la compréhension, notamment un luth, l’instrument des fêtes aristocratiques, se trouve dans les mains d’un mendiant, qui, de plus, accompagne une danseuse grivoise ; le port de masques à besicles interroge : sont-ils en lien avec le temps du carnaval, ou parodient-ils les acteurs de la Commedia dell’arte ?

Callot voulait-il montrer la déviance des deux personnages qui malgré leurs lunettes sont incapables de regarder dans la bonne direction, celle des bonnes mœurs ? Toutes ces interrogations demeurent sans réponse ou avec des réponses multiples, l’équivoque règne.

La technique de l’eau-forte en taille douce relève d’une « pratique capricieuse » ; l’aquafortiste « dessine », sur la plaque de cuivre, le fruit de son imagination. Il existe une part du hasard dans le résultat final ; en fonction du temps d’immersion dans l’acide, la morsure sera ou plus moins profonde ; l’encrage et le tirage des planches ne sont pas obligatoirement uniformes.

Toutefois, sur quelques dessins d’exécution à la plume de Jacques Callot, est visible le repassage à l’aiguille qui facilitait la reproduction sur la plaque, laissant moins de place à la spontanéité du trait.

L’impact des Capricci di varie Figure, sur les artistes contemporains fut immense ; dès 1624 le florentin Battista Bracelli publie une suite de petites eaux-fortes portant le titre de Bizarrerie. En 1629, Jean 1er le Blond d’après Daniel Revel publie Caprices de différentes figures, d’un format plus grand mais avec des « personnages caricaturaux à la manière italienne », en 1635, Johann Wilhem Baur une suite de quatorze estampes plus un titre, Capricci di varie battaglie.

Au XVIIIe siècle, Claude Gillot, familier du marchand d’estampes Pierre Mariette, a gravé à l’eau forte des sujets singuliers dans la tradition de Jacques Callot.

Les danseurs au luth est une image bizarre, d’une « inquiétante étrangeté », avec cette touche de naturalisme inscrite sur les gravures du Nord de l’Europe et que Callot ne manqua pas de voir dans les échoppes romaines et florentines ; une invention de l’artiste, un disegno naturale, mais pas seulement, son esprit fertile créa une fantaisie ; la composition en dehors des règles de l’art de l’époque, l’esprit déréglé de la femme, l’iconologie cachée et incertaine en feraient un caprice. Mais il manque ce qui fait « un vrai caprice », les exceptions, les anomalies de la nature, souvent objets de collection des riches cabinets de curiosité, l’inconvenant. Le terme le plus adapté serait sans doute celui de « fantaisie capricieuse », termes associés dans le Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle.

Callot n’a pas seulement marqué son époque, « s’il n’a pas eu d’élèves, nombreux sont ceux qui profitèrent de sa leçon », il a eu une influence considérable au XVIIIe siècle ; les grands collectionneurs se disputaient ses planches ; souvent copiées pour des fins commerciales, elles servirent, aussi, de « terrain d’entraînement » pour les débutants. Goya entre 1797 et 1799 exécuta les Caprices, un recueil relié de quatre-vingt planches à l’eau forte et à l’aquatinte. L’Espagne vit l’une de ses périodes les plus sombres ; l’inflation, la corruption de l’administration, le fanatisme de la toute puissante inquisition, dénoncée par le poète Melendez Valdès, dominent un pays ravagé par les épidémies. Sous une apparente extravagance, Goya dénonçait les tares humaines, la superstition, la bêtise, la prostitution, les mensonges des hommes. Théophile Gautier les rapprocha des Caprices de Jacques Callot « moitié Espagnol, moitié Bohémien » dans un article paru dans la Presse du 5 juillet 1838. Sur l’une des estampes de cette série El sueno de la razon produce monstruos – le sommeil de la raison produit des montres – « le peintre est endormi, des créatures nocturnes apparaissent dans son sommeil : des hiboux, des chauves-souris, symbolisant à la fois la folie et l’ignorance, reflètent la vision que l’artiste se fait de la société espagnole ». Au XIXe siècle, le poète allemand, Ernst Theodor Amadaeus Hoffmann introduisit chaque chapitre de son roman, la Princesse Brambilla, par une reproduction des gravures des Caprices de Jacques Callot.

A toutes les époques et dans tous les domaines de l’art, le titre « caprice » fut donné à des œuvres gravées, peintes, poétiques, musicales ou à des architectures, mais, pas toujours en accord avec son sens premier. Les eaux-fortes, technique pratiquement quasi-exclusive de Jacques Callot, ne cessèrent de fasciner le connaisseur jusqu’à nos jours ; quand la galerie Friedland à Paris en 1942 demande à une trentaine d’artistes de rendre hommage aux Anciens, à leur maître de prédilection, Jacques Gruber peint cet hommage à Callot, tout à fait dans la veine du maître.

Bibliographie (suite)

1/ GAUTIER, Théophile « Les caprices de Goya », Paris et départements, La Presse, Feuilleton de la presse, 5 juillet 1838, p. 1-2.

2/ Jacques Callot 1592-1635, catalogue exposition, Paulette Choné et alii, dir. Nancy, Musée historique Lorrain, 13 juin-14 septembre 1992, Réunion des Musées Nationaux, 1992, 560 p.

3/ LAROUSSE, Pierre, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, français, historique, géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique etc.., etc.., Paris, Larousse, 1867-1890, 17 vol.

4/ MEAUNE, Edouard, Recherches sur la vie et les ouvrages de Jacques Callot suite au Peintre-graveur français de M. Robert-Dumesnil, Paris, Vve J. Renouard, Vol. 2, 1860, nos 768-867, p. 364-387.

5/ LIEURE, Jules, Jacques Callot. Catalogue de l’œuvre gravée, Paris, Gazette des Beaux Arts, 1924. 3 vol.

6/ Recherches des jeunes dix-septièmistes, Charles Mazouer, dir., actes du Ve colloque du Centre International de Rencontres sur le XVIIe siècle, Bordeaux, 28-30 janvier 1999, Tübingen, Charles Mazouer, 2000, 346 p.

7/ ROUIR, Eugène, La Gravure originale au XVIIe siècle, Paris, Smogy, 1974, 251 p.

8/ TERNOIS Daniel, Jacques Callot. Catalogue complet de son œuvre dessinée, Paris, F. de Noble, 1962, 614 p.




Connexion (auto)mobile

Entre la voiture électrique et le véhicule connecté, les constructeurs automobiles déploient toute leur énergie dans la bataille de ce qui va être la révolution de ces prochaines années. 

L’année 2017 sera sans doute l’année de toutes les offensives dans le secteur de l’automobile. L’évolution des réseaux électriques, des changements sociaux et technologiques vont favoriser la voiture connectée et autonome et l’autopartage.

Les perspectives sont énergivores dans le développement des données et logiciels, beaucoup plus que dans les véhicules eux-mêmes qui deviennent, du coup, presque secondaires.

Le logiciel deviendra le critère principal du choix d’une voiture. Il y a quelques années, l’acheteur pensait surtout moteur, sécurité, performance… aujourd’hui, il se pose la question de savoir comment son smartphone va s’intégrer, comment il va pouvoir communiquer, et également se poser la question des mises à jour et la protection des… virus et autre vol dit « à la souris ».

Les perspectives de développement dans les prochaines années sont particulièrement nombreuses :

  • amélioration de l’autonomie des voitures électriques ;
  • facilité de la conduite grâce à de nouveaux algorithmes ;
  • ergonomie de la conduite en parallèle avec la connexion et design de l’ensemble ;
  • logiciels embarqués avec interface multiusage (connections extérieure et intérieure, communication… ;
  • radars et détecteurs de présence sur la voiture autonome ;
  • services clients avec une connexion directe ;
  • économies de matières premières et de recyclage ;
  • durabilité des véhicules malgré leur complexité ;
  • réalisation en impression 3D (vous souvenez-vous des prototypes en bois ?) pour une innovation réduite et moins chère ;
  • amélioration des techniques hybrides.

Cela fait plusieurs années que les géants de la Tech (Apple, Google, Microsoft, Samsung, pour les plus connus) et les constructeurs automobiles travaillent soit par des partenariats divers, soit en autonomie avec plus ou moins de succès. L’offensive de Google avec son « Android Auto » ou celle d’Apple avec sa technologie « CarPlay » en sont les principaux reflets de cette course à la technologie.

Microsoft, quant à elle, s’associe avec  Nissan, BMW dans le cadre d’un programme dénommé Connected Vehicles.

Concrètement, Connected Vehicles est plus une  plate-forme basée sur le cloud. Ce système dédié uniquement à la voiture utilise une solution qui amènera des applications comme Cortana, Skype ou Office 365 dans le tableau de bord. Connected Vehicles ciblera en priorité la maintenance prédictive, la productivité au sein du véhicule, la navigation avancée, les commentaires des clients et le développement de capacité de conduite autonome… car c’est de cela dont il s’agit dans le futur : le véhicule autonome. L’Etat français vient de donner son accord pour des essais sur route ouverte…
Pascal Wolff

Les partenariats HIGHTech
BMW, Nissan et Microsoft
Fiat-Chrysler et Google
Tesla et nVidia
Ford et Blackberry
General Motors et IBM
Renault et Waze
Peugeot, Ericsson et Orange
Toyota et Microsoft




Le burn out

Burn out : le mot est à la mode ! A la une des journaux, magazines, émissions de télévision… Les syndicats et les politiques se saisissent du sujet.

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Les danseurs au luth, Jacques Callot – 1ère partie

Les danseurs au luth est une eau forte du graveur lorrain Jacques Callot né à Nancy entre le 25 mars et le 21 août 1592, et mort dans cette même ville en 1635. Elle fait partie de la deuxième planche de la série des Caprices, réalisée par l’artiste, entre 1621 et 1622, après son retour, probablement au printemps 1621, d’Italie à Nancy.

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Libero Volpaiole 2013 Fuori Mondo

Malgré son physique de play-boy, Olivier Paul-Morandini a réalisé, à 46 ans, ce que certains mettraient 3 vies à accomplir. Né en Belgique, petit-fils d’immigré transalpin, il est, dès son enfance, irrésistiblement tourné vers l’Italie, où il retourne très souvent avec ses parents.

Malgré des études tumultueuses, il est diplômé d’un grand institut de communications à Bruxelles et, dès lors, se consacre à de nombreuses activités humanitaires, dont une au Tibet, où, tel Tintin, il frôle la mort, en accompagnant l’exil d’enfants tentant de traverser l’Himalaya. Puis déploie un intense lobbying auprès de la Commission Européenne pour l’instauration d’un numéro d’appel de secours européen : le 112, et plus récemment pour la transparence des vins dans le marché commun.

En 2003, lors d’un séjour en Italie, il est subjugué par un vin intitulé Volpaiole (la tanière du renard, dont la tête stylisée figure maintenant sur ses étiquettes) et, immédiatement, rend visite aux propriétaires du domaine, au pied du plateau de Maremme, un couple de retraités zurichois. Une amitié naît et, après de nombreux contacts, le retraité Armin lui propose de racheter le domaine en 2008, ce qu’il accepte immédiatement, sans aucune assise financière, ni connaissance de la viticulture.

Heureusement, Armin le formera jusqu’en 2012 et Vasile, le très compétent maître de chai, continuera à le guider et l’épauler. Avec « l’avantage de l’ignorance », l’instinct, l’empirisme, cet autodidacte va vaincre tous les obstacles (« sa nouvelle traversée de l’Himalaya ! » et s’en donnera tous les moyens : montages financiers, assistance de professionnels réputés pour la pédologie, les plantations, la vinification.

Le domaine, couvrant actuellement 5 ha de vignes réparties en une douzaine de parcelles en culture bio et conversion biodynamique, est sis à 8 km de la mer tyrrhénienne sur les hauteurs de Campiglia Maritima, à 15 km au sud de Bolgheri, tiens donc le fief des supertoscans tel Sassicaïa ! Le climat, atténué par les brises marines, est méditerranéen et montagneux, sans excès de chaleur l’été, ni de froideur l’hiver, la pluviosité est habituellement suffisante. Les sols sont très variés : schistes (pour le cillegiolo), argilo-calcaires, couches sablonneuses.

Une faune et une flore abondantes, préservées dans cet isolat, ont inspiré le nom qu’a choisi Olivier : fuori mondo (le bout du monde).

Contrairement à la tradition toscane des assemblages, il vinifie séparément chaque cépage en cuvée spécifique : alicante (D’Acco), merlot (Pemà du nom d’une petite tibétaine), cabernet sauvignon (Amaë), sangiovese (Lino) et l’ancestral cillegiolo cousin du sangiovese (Libero). Les vignes, taillées en Guyot-Poussard ne sont pas irriguées, mais labourées manuellement, pour éviter le stress hydrique. Certains rangs restent enherbés. La biodynamie régit les traitements, sans aucun produit chimique, d’autant que le mildiou est quasi absent.

Les rendements sont limités à 20 à 26 hl/ha. Les vendanges manuelles nécessitent plusieurs passages sélectionnant méticuleusement sur pied les grappes qui, après passage sur table de tri, sont versées par gravité dans des cuves en acier, où les macérations sont poursuivies 4 à 10 jours avec remontage quotidien pendant le temps de la fermentation alcoolique par levurage indigène. Le moût est ensuite pressé et mis en élevage en barriques de 500 l de chêne français neuf, pendant 6 mois pour le cillegiolo, puis affiné en bouteilles pendant 3 mois. Le sulfitage est minimal.

Le Libero 2013, pur cillegiolo, paré d’une robe éclatante rouge grenat foncée, exhale des arômes de fruits rouges mûrs : cerise burlat, fraise, de confiture de prune, et de fortes flaveurs épicées : poivre noir, cardamone. Le boisé, marqué par des notes torréfiées et vanillées, n’est pas encore totalement intégré. La bouche est souple, fraîche, sensuelle sur un fruit juteux, une acidité vibrante, des tanins policés et structurants. La finale élégante, savoureuse sur les fruits rouges et la réglisse confirme, à l’instar de son créateur, la forte personnalité de ce vin.

Ce cépage italien ancestral appelle les mets traditionnels transalpins et il serait dommage de se limiter à la classique pizza. Fort de sa structure et ses arômes, ce Libero 2013 accompagnera parfaitement les viandes rouges, dont le fameux bistecca alla fiorentina, mais mieux encore les viandes en sauce : braciola (basses côtes farcies) à la sauce bolognaise, spezzatino de bœuf, côtelettes de veau ou osso bucco à la milanaise, saltimbocca à la romaine. Une porchetta, des brochettes de brebis (arrosticini), de la mortadelle grillée lui feront également fête. Si nous voulons rester dans l’Hexagone, nous lui proposerons un poulet chasseur, des rognons de veau à la moutarde, un lapin aux olives. Avec quelques années de vieillissement, ce vin fera merveille avec des gibiers à plume : faisan, perdrix ou à poil : civet de chevreuil, pappardelle au sanglier.

Olivier Paul-Morandini avoue : « J’ai changé ma vie pour un vin ! Pour me sauver et pour donner un sens à ma vie, car le vigneron possède tous les atouts pour cette quête de sens ». Mais gageons que cet hyperactif pourrait nous réserver d’autres surprises en dehors du vin…




Cybathlon

Ça y est, les cyborgs ont leurs jeux bioniques ! Après les Jeux paralympiques qui viennent de s’achever, ce sont les sportifs « augmentés » qui se sont affrontés en octobre dernier en Suisse lors de la toute première compétition de Jeux bioniques.

Cybathlon, c’est son nom, est un événement soutenu par six organisations spécialisées dont le NCCR Robotics (National Centre of Competence in Research Robotics). En plus de permettre à ces « cyborgs » de concourir lors d’épreuves sportives, la compétition a également pour objectif de sensibiliser le public sur l’évolution des travaux en matière de prothèses artificielles et de renforcer les échanges des équipes de recherche.

Contrairement aux « vrais jeux », il s’agissait ici de réaliser des gestes du quotidien et de réussir sa performance grâce à la prothèse. En revanche, deux médailles ont été distribuées pour chaque épreuve : l’une à l’athlète, l’autre aux scientifiques qui ont réalisés la meilleure technologie

Six épreuves ont été organisées, chacune liées à handicap :

Avant-bras bioniques : les athlètes amputés d’avant-bras, grâce à leur membre bionique, ont dû déplacer le plus rapidement possible un anneau le long d’un câble suivant un parcours sans jamais toucher ce câble. Une seconde épreuve a consisté à manipuler des objets et accessoires de différentes formes de façon précise.

Tétraplégiques : la compétition nommée brain computer interface (BCI) ont permis à des athlètes tétraplégiques de piloter par la pensée leur avatar lors de courses virtuelles sous la forme de jeux vidéo.

Cyclisme : course cycliste sur piste dont le tour mesure 200 m. L’athlète est à bord d’un vélo couché doté d’une assistance à stimulation électrique. Destinée aux participants souffrant de lésions de la moelle épinière (paraplégiques),

Athlétisme : course à pied sur un parcours semé d’obstacles. Destinée aux amputés des jambes appareillés avec des prothèses robotisées.

Course d’exosquelettes : course de vitesse parsemée d’obstacles, destinée aux athlètes paralysés des membres inférieurs équipés d’un exosquelette.

Fauteuils roulants motorisés : parcours doté d’obstacles et de dénivelés pour les amputés des deux jambes, les tétraplégiques ou paraplégiques. Les machines sont des fauteuils roulants animés par des moteurs électriques.




Les actus du mois

Un ECG sur l’Apple watch

Malgré les mauvais ventes des montres connectées (voir article ci-dessous), AliveCor vient de présenter un prototype d’électrocardiogramme pour AppleWatch. Les électrodes seraient placés sur le bracelet. L’utilisateur peut enregistrer sa voix une fois l’ECG lancé afin de faire ses propres commentaires : symptômes, traitements… et adresser l’ensemble du tracé à son cardiologue avec en prime une sauvegarde sur le cloud d’AliveCor.

On peut penser qu’à terme elle pourra détecter une Arythmie Cardiaque par Fibrillation Auriculaire (ACFA) ou intégrer une aide au diagnostic comme cela existe sur les moniteurs multiparamétriques.

Les ventes de smartwatches ont reculé, entraînées par la chute de l’AppleWatch

Selon les dernières estimations du cabinet d’études IDC, les ventes mondiales de smartwatches auraient recul avec une chute de 32 % sur un an avec « seulement » 3,5 millions de montres connectées au cours du deuxième trimestre, toutes marques confondues.

La raison principale serait la chute des ventes de l’AppleWatch. La marque à la pomme étant muette sur le sujet, IDC estime un effondrement de 55 % sur un an, à 1,6 million d’unités.

Le tout connecté aurait-il une tendance à la déprime des consommateurs ?

Le monitorage multivictimes

Le First Response Monitor est un dispositif se fixant à l’aide d’une pince sur le nez. Il permet de monitorer le pouls et la fréquence respiratoire. Les principaux avantages de ce dispositif, outre le faible coût de fabrication et la taille compacte, la connection à un smartphone ou une tablette est faite via bluetooth pour une analyse des données comme le monitorage en temps réel du pouls et de la fréquence respiratoire

Si l’on se réfère aux différents attentats et le nombre important de victimes, ce petit appareil est peut-être la solution au monitorage de masse.




Le monitorage multivictimes

Le First Response Monitor est un dispositif se fixant à l’aide d’une pince sur le nez. Il permet de monitorer le pouls et la fréquence respiratoire. Les principaux avantages de ce dispositif, outre le faible coût de fabrication et la taille compacte, la connection à un smartphone ou une tablette est faite via bluetooth pour une analyse des données comme le monitorage en temps réel du pouls et de la fréquence respiratoire

Si l’on se réfère aux différents attentats et le nombre important de victimes, ce petit appareil est peut-être la solution au monitorage de masse.




Un ECG sur l’Apple watch

Malgré les mauvais ventes des montres connectées, AliveCor vient de présenter un prototype d’électrocardiogramme pour AppleWatch. Les électrodes seraient placés sur le bracelet. L’utilisateur peut enregistrer sa voix une fois l’ECG lancé afin de faire ses propres commentaires : symptômes, traitements… et adresser l’ensemble du tracé à son cardiologue avec en prime une sauvegarde sur le cloud d’AliveCor.

On peut penser qu’à terme elle pourra détecter une Arythmie Cardiaque par Fibrillation Auriculaire (ACFA) ou intégrer une aide au diagnostic comme cela existe sur les moniteurs multiparamétriques.




Cybathlon

Ça y est, les cyborgs ont leurs jeux bioniques ! Après les Jeux paralympiques qui viennent de s’achever, ce sont les sportifs « augmentés » qui se sont affrontés en octobre dernier en Suisse lors de la toute première compétition de Jeux bioniques.

Cybathlon, c’est son nom, est un événement soutenu par six organisations spécialisées dont le NCCR Robotics (National Centre of Competence in Research Robotics). En plus de permettre à ces « cyborgs » de concourir lors d’épreuves sportives, la compétition a également pour objectif de sensibiliser le public sur l’évolution des travaux en matière de prothèses artificielles et de renforcer les échanges des équipes de recherche.

Contrairement aux « vrais jeux », il s’agissait ici de réaliser des gestes du quotidien et de réussir sa performance grâce à la prothèse. En revanche, deux médailles ont été distribuées pour chaque épreuve : l’une à l’athlète, l’autre aux scientifiques qui ont réalisés la meilleure technologie

Six épreuves ont été organisées, chacune liées à handicap :

Avant-bras bioniques : les athlètes amputés d’avant-bras, grâce à leur membre bionique, ont dû déplacer le plus rapidement possible un anneau le long d’un câble suivant un parcours sans jamais toucher ce câble. Une seconde épreuve a consisté à manipuler des objets et accessoires de différentes formes de façon précise.

Tétraplégiques : la compétition nommée brain computer interface (BCI) ont permis à des athlètes tétraplégiques de piloter par la pensée leur avatar lors de courses virtuelles sous la forme de jeux vidéo.

Cyclisme : course cycliste sur piste dont le tour mesure 200 m. L’athlète est à bord d’un vélo couché doté d’une assistance à stimulation électrique. Destinée aux participants souffrant de lésions de la moelle épinière (paraplégiques),

Athlétisme : course à pied sur un parcours semé d’obstacles. Destinée aux amputés des jambes appareillés avec des prothèses robotisées.

Course d’exosquelettes : course de vitesse parsemée d’obstacles, destinée aux athlètes paralysés des membres inférieurs équipés d’un exosquelette.

Fauteuils roulants motorisés : parcours doté d’obstacles et de dénivelés pour les amputés des deux jambes, les tétraplégiques ou paraplégiques. Les machines sont des fauteuils roulants animés par des moteurs électriques.




le – petit – ménage santé

Apple vient de publier (enfin) ses directives sur les acceptations dans l’Apple Store des apps santé.

C’est peu dire si les ténors de l’informatique, à savoir Google et Apple, étaient laxistes sur la qualité des apps Santé déposées sur leur store respectif. Etant les plus téléchargées, on comprend pourquoi les yeux doux étaient faits aux éditeurs en question. De récentes études, qui ont montré à quel point ces apps pouvaient être néfastes pour les utilisateurs, ont poussé ces géants à être – un peu – plus regardants quant à la qualité, ou tout au moins, de prévenir les usagers.

Par le passé, Apple a laissé des applications dites « médicales », non vérifiées, comme « Instant Blood Pressure », une des applications les plus téléchargées, censée mesurer la PA en moins d’une minute en utilisant simplement la caméra et le microphone de l’iPhone, sans brassard. Le NEJM avait déjà alerté en 2014 sur ces pratiques franchement douteuses et trompeuses pour le consommateur courant.

Depuis, des conditions d’utilisation et d’information ont été inscrites sur les stores, tels que « cette application n’est pas un outil médical » et qu’il ne doit être utilisé qu’en usage « récréatif ».

Mais il reste encore des applications comme « Tehsin Kahn » où la traduction sur le site Apple est tout simplement stupéfiante : « La pression artérielle mesurée par cette candidature est pas réel et fait pour le plaisir et polisson, pour impressionner les autrs que le dispositif ont la fonctionnalité pour calculer la pression sanguine du corps tout en plaçant le doigt sur l’écran de l’appareil » (sic)

Ou cette application – Smart BP – qui « est le meilleur moyen de surveiller la tension artérielle », mais dans les lignes du bas, « l’application ne permet pas de mesurer la tension artérielle […] les informations sont fournies à titre informatif […] »

Les éditeurs ont encore de beaux jours devant eux.

Sources : wired.com – imedicalapps.com




Virus, es-tu là ?

Même si les virus informatiques sur les appareils mobiles se font plutôt discrets, les professionnels du secteur craignent une montée en puissance des menaces sur les smartphones et PDA.

En effet, les génies de la programmation et autres hackers vont profiter des nouvelles technologies, et notamment l’introduction des moyens de paiement et autres données sensibles, que l’on a de plus en plus tendance à mettre sur nos petits appareils.

Lire et gérer votre courrier électronique, naviguer, télécharger sont les manipulations les plus risquées. La contamination peut se faire de différentes manières, et notamment par un fichier infecté et il n’est pas vraiment possible de vous dire exactement à quoi vous pouvez vous attendre, car les dysfonctionnements varient en fonction de l’origine, des capacités, de la puissance et des caractéristiques du programme. En revanche, et dans le pire des cas, vous risquez des pertes de données, retrouver des fichiers corrompus, transmettre des informations privées sans que vous le sachiez, que votre batterie se vide en un clin d’œil.

 

Quelques solutions antivirales

Les gratuites

Sophos mobile security (Android)

AVG Mobilisation (Android)

Avira Free Android security (Android)

Lookout Mobile (Protection gratuite oupayante plus complète pour les téléphone Blackberry, Android, Windows Mobile)

CM Security (Android)

Zoner (Android)

Spybot – Search & Destroy (Android, versions gratuite et payante)

 

Les payantes

F-Secure

Bitdefender (Windows Mobile, MacOs, Android)

Kaspersky (Android)

Eset (android)

Trend Micro (Android, iPhone, Windows Mobile)

AntiVir (Android)

G Data (Android)

mcafee VirusScan Mobile

Avast PDA Edition (iPhone)

Dr Web (Android/Blackberry)

 

 




Paysage de la tempête avec Pyrame et Thisbé (1651-Nicolas Poussin)

la-tempete-avec-pyrame-et-hisbe_900pxCette œuvre de Nicolas Poussin pour son ami Cassiano dal Pozzo (1588-1657), grand amateur d’art, secrétaire du cardinal Barberini (1597-1679), neveu du pape Urbain VIII, est une toile singulière qui évoque un thème rare. 

Pyrame et Thisbé

Il faut relire les Métamorphoses d’Ovide  (Iv, 46-71) pour comprendre le sujet. « Pyrame et Thisbé, l’un le plus beau des jeunes gens, l’autre la plus admirable entre les filles d’Orient » habitaient deux maisons proches l’une de l’autre séparées par un haut mur. Malgré leur amour grandissant de jour en jour, leurs pères respectifs refusaient leur union.  Grâce à une « légère fente qui s’était produite autrefois, dès le jour de la construction dans la muraille commune à leurs maisons », ils communiquaient chaque jour donnant « chacun de son côté à la muraille des baisers qui ne parvenaient point à l’opposé ». Un soir, ils décidèrent de quitter le domicile paternel et de se retrouver la nuit auprès du tombeau de Ninus pour se cacher sous l’arbre qui l’ombrage, pour ensuite quitter la ville. Trompant la surveillance de sa famille, Thisbé gagne le lieu de rencontre convenu, couvrant son visage d’un voile.  Elle s’assied sous l’arbre désigné, près d’une fontaine. Mais , une lionne la gueule ensanglantée des « bœufs qu’elle a récemment égorgés » s’approche de la fontaine pour boire. Thisbé prend peur, et fuit pour se réfugier dans « un antre obscur ». Dans sa fuite elle laisse tomber son voile. La lionne, en retournant dans la forêt, le trouve, le déchire, le couvrant de sang. Pyrame arrive sur les lieux et découvre le voile de sa bien-aimée. Croyant à sa mort inéluctable en voyant les traces certaines de la bête, « il prend le voile de Thisbé, le couvre de larmes ». S’estimant responsable de sa mort, «  il tire le fer qu’il portait à la ceinture, il le plonge dans son sein (…) Les fruits de l’arbre sous cette rosée de mort prennent un sombre aspect, sa racine baignée de sang, donne la couleur de la pourpre aux mûres qui pendent de ses rameaux »..

Thisbé revient sur ses pas pour attendre son amant qu’elle découvre gisant mort sur la terre ensanglantée. « Elle reconnaît le voile et le fourreau d’ivoire vide de son épée (…) Ayant fixé l’épée au-dessous de sa poitrine, elle se laisse tomber sur le fer encore tiède du sang de Pyrame ».

Le texte de Félibien

Nous avons la chance de garder un texte de Félibien dans ses « Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes » où il rapporte une lettre de Poussin à Stella en 1651 dans laquelle le peintre décrit son œuvre : « il avait fait pour le cavalier dal Pozzo un grand tableau, dans lequel, lui dit-il, j’ai essayé de représenter une tempête sur terre, imitant le mieux que j’ai pu, l’effet d’un vent impétueux, d’un air rempli d’obscurité, de pluie, d’éclairs et de foudres, qui tombent en plusieurs endroits, non sans y faire du désordre. Toutes les figures qu’on y voit jouent leur personnage selon le temps qu’il fait ; les unes fuient au travers de la poussière et fuient le vent qui les emporte ; d’autres au contraire vont contre le vent et marchent avec peine, mettant leurs mains devant leurs yeux. D’un côté un berger court et abandonne son troupeau, voyant un lion, qui, après avoir mis par terre certains bouviers, en attaque d’autres, certains  se défendent et d’autres piquent leurs bœufs et tachent de les sauver. Dans ce désordre, la poussière s’élève par gros tourbillons. Un chien assez éloigné aboie et hérisse le poil, sans oser approcher. Sur le devant du tableau, l’on peut voir Pyrame mort et étendu par terre et auprès de lui Thisbé qui s’abandonne à la douleur ».  Poussin dans ce texte cite une tempête sur terre alors que l’on représentait habituellement  au XVIIe siècle une tempête sur mer, métaphore de la fortune, du destin des hommes.

Une peinture d’histoire 

La peinture d’histoire, genre le plus prestigieux au XVIIe siècle, n’est pas nécessairement un sujet tiré de l’histoire ancienne, et encore moins de l’histoire contemporaine, mais le terme doit être interprété au sens plus large de « raconter une histoire ». Les récits sont le plus souvent inspirés de l’Ancien ou du Nouveau Testament, de la mythologie ; les Métamorphoses d’Ovide sont la plus commune des sources d’inspiration des peintres.  Il s’agit de rendre vivant un récit ou un mythe connu du spectateur. Les figures représentées ne sont pas la copie d’un modèle, mais des corps fictifs, artificiels, conçus pour jouer un rôle dans un drame peint où les attitudes et les expressions du visage facilitent la lecture. Le but est de suggérer le sens profond du sujet, l’artiste réalise une invention. Ce terme emprunté à la rhétorique explicite non seulement les rapports entre les personnages dans l’histoire, mais aussi tout ce qui a trait à la composition.

Une iconologie complexe sur la divine Providence 

Au centre de la composition, un lac reliant ciel et terre est parfaitement calme, alors que l’orage se déchaine, reflet de l’orage des passions humaines au premier plan. Thisbé dans un geste très expressif, théâtral, s’arrête médusée en découvrant le corps de Pyrame. Pour Jacques Thuillier, « la dernière grande œuvre peinte pour Cassiano dal Pozzo, réduit le drame humain à une simple péripétie à l’intérieur des drames mystérieux de la nature ». Dans les années 1650, Nicolas Poussin est hanté par la question de la Providence, il s’interroge sur l’ordre du monde. Il a probablement lu la réflexion de Saint Augustin dans le « De Ordine » ; une discussion philosophique sur le mal et la Providence où l’Ordre de la divine Providence embrasse tout, les biens et les maux.

Dans ce texte, le thème de Pyrame et Thisbé est l’objet d’une discussion ; un groupe d’amis s’interroge devant un lac sur l’ordre du monde, sur le rythme de la nature, sur sa beauté accessible aux seules âmes supérieures, aux sages. Son ami Licencius, poète, avait décidé de mettre en poésie le mythe de Pyrame et Thisbé. Saint Augustin lui parle d’un ton sévère et lui reproche de s’éloigner de la sagesse. S’il souhaite chanter la mort de Pyrame et de Thisbé, il doit le faire en poète philosophe ; le point ultime ne doit pas être un amour charnel, mais spirituel, afin de rejoindre l’éternité. Saint Augustin rappelle que les événements d’ici bas, dans le monde ne sont pas un hasard, mais l’expression de la divine providence. Il invite aussi à la prudence, à rester impassible, le sage doit dépasser ses propres passions. Un homme qui tend à la sagesse doit savoir contempler la nature pour accéder à sa beauté, donc à la beauté divine. Ce sage saura faire face aux écueils et aux orages. Saint Augustin finit sur une citation de l’Enéide, « s’unir à Dieu c’est être un homme sage, comme un roc immobile il résiste au flot de la mer ».  Le lac, une grande nappe d’eau immobile, comme souvent chez Poussin, est comme une métaphore de l’esprit serein du sage stoïcien, référence à sa philosophie (*). Ce lac est œil de l’artiste, le miroir de l’âme de l’artiste (Daniel Arras).

Le sujet est une réflexion sur les passions amoureuses, sur le déchaînement de la nature, sur la nécessité de l’ordre du monde. Cet orage est-il simplement le signe du hasard, du destin ou bien un signe de la Providence ? La réponse paraît limpide, tout est décidé par la Providence divine. Le peintre invite le spectateur à dominer ses passions, la sagesse doit le conduire vers Dieu.

(*) « Le stoïcisme enseigne que la vertu est le seul bien, et la seule chose sur laquelle nous ayons quelque pouvoir. Le monde et tout ce qui concerne nos vies extérieures sont l’objet d’un déterminisme inéluctable. Le sage est celui qui prend pleinement conscience de ce fait et qui cherche à se détacher des plaisirs comme des souffrances dans le but d’atteindre un équilibre intérieur » (1. p. 70). 

 

 Bibliographie

1/ Allen Christopher. Le grand siècle de la peinture française. L’univers de l’art. Ed Thames & Hudson. Londres 2004.

2/ Mickaël Szanto, cocommissaire avec Nicolas Milovanovic (Musée du Louvre) de l’exposition « Poussin et Dieu » en 2015 au Louvre ancien pensionnaire à la Villa Médicis, est maître de conférences en histoire de l’art à l’université Paris Sorbonne. Spécialiste de la peinture française du XVIIe siècle, d’après son cours de licence 2 en 2015 sur l’Art Moderne à la Sorbonne, Paris IV.

Vidéo explicative : www.franceculture.fr/emissions/les-regardeurs/paysage-de-tempete-avec-pyrame-et-thisbe-1651-de-nicolas-poussin-1594-1665#.

3/ André Félibien. Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes ; augmentée des Conférences de l’Académie royale de peinture & de sculpture, avec La vie des architectes. Éditeur S.A.S.A, Trévoux, 1725, t 4.




Clos Saint-Vincent Blanc 2013 Vin De Bellet

Des vignes dans la ville, en l’occurrence le quartier nord-ouest de Nice, ne sont pas la seule originalité de l’appellation Bellet A.O.C. depuis 1941. Petite par sa taille, Bellet est grande par sa renommée et son histoire remontant à la fondation phocéenne de Marseille. 

L’appellation Bellet réunit, actuellement, 10 vignerons produisant du vin, au milieu des villas, tous en culture bio ou biodynamique, sur des terrasses (restanques) où les machines ne passent pas, ce qui nécessite un gros travail manuel, y compris pour les vendanges. Mais la difficulté principale tient à la frénésie immobilière de l’agglomération niçoise dopant le prix du foncier sur ces zones constructibles et aux conflits de voisinage, les traitements, pourtant bio, inquiètent les parents d’élèves de l’école toute proche voyant déambuler des viticulteurs protégés de masques à la « Dark Vador » !…

Mais les vignerons de Bellet restent optimistes : l’appellation couvre 600 ha, dont seulement 60 sont cultivés et Nice est la deuxième ville la plus touristique de France (malgré les événements tragiques du 14 juillet), c’est ainsi profiter d’une belle clientèle, des restaurants gastronomiques, des vacanciers qui s’offrent une petite escapade dans les vignes à quelques kilomètres de la plage.

La chance des vins de Bellet tient à la conjonction de nombreux facteurs : l’ensoleillement méditerranéen, le temps doux toute l’année, les pluies suffisantes, la double influence de la brise marine et des vents des Préalpes du sud, des vignes enracinées sur des restanques silicocalcaires à une altitude de 250 à 300 m, le sol composé de galets maritimes roulés à fort pouvoir filtrant, mélangé à un sable clair appelé « poudingue », mais aussi le choix de cépages originaux : rolle, équivalent du vermentino corse, pour le blanc, folle noire pour le rouge, braquet pour le rosé qui, exception louable en Provence, ne représente que
17 % de la production. Ces conditions favorisent la maturité du raisin, l’expressivité des arômes tout en préservant une fraîcheur caractéristique. Il ne faut pas s’étonner que le prix de ces vins dépasse facilement 20 euros.

En 1993, les familles Siccardi et Sergi acquièrent la propriété du Clos Saint-Vincent, relancent le domaine, achètent de nouvelles vignes, pour atteindre actuellement 6 modestes ha. Gio Sergi privilégie la production de raisins de qualité sur des vignes plantées en restanques sur la colline de Saquier, un respect rigoureux de l’environnement par culture biodynamique, selon le calendrier lunaire, à base de préparations comme les tisanes d’orties, le compost de fumier, la silice pilée, sans aucun produit chimique. Les raisins sont ramassés manuellement en cagettes à l’optimum de leur maturité et soigneusement triés sur table. La vinification du blanc suit les étapes suivantes : macération pelliculaire, pressurage, débourbage à froid, fermentation en fûts ou demi-muids, batonnage 5 à 6 mois sur lies fines, élevage sous bois pendant 1 an, mise en bouteille sans filtration.

Un vin magnifique qui respire les vacances

Le Clos Saint-Vincent blanc, servi au banquet de mariage du Prince Albert de Monaco, s’habille, dans son cru 2013, d’une robe claire jaune citron aux nuances émeraude. Le nez puissant est marqué par les fruits : agrumes tels le citron confit et le pamplemousse, la pêche, le melon, et par des arômes floraux de menthe et d’acacia. Un peu de réduction noble disparaît après aération. La bouche se révèle fine, enrobée avec une belle minéralité, une touche crémeuse, des notes d’amande grillée. L’élevage de qualité s’affirme par un moelleux épicé, incisif et une finale précise tout en fraîcheur, l’ensemble est franc, charmeur, éblouissant comme un rayon de soleil.

Ce magnifique vin aux arômes frais et minéraux respire les vacances, et tout naturellement les accords les plus aboutis sont réalisés avec la cuisine ensoleillée du Midi : beignets de courgettes, tians de légumes, petits farcis, langoustines rôties à l’orange amère. Il épousera délicieusement les beaux poissons de la Méditerranée marinés ou grillés comme le pajot, le loup, la dorade et bien sûr les plats traditionnels aux goûts relevés : bouillabaisse, bourride. Mais il accompagnera aussi avec bonheur certains plats terriens : volaille accompagnée de ratatouille, ris de veau meunière.

Sa fraîcheur et sa rondeur enroberont des fromages de chèvre, frais tel le local banon, secs ou un comté.

Ce Clos Saint-Vincent doit être apprécié sur place, mais aussi rapporté de vos vacances, pour affronter les frimas de l’hiver et, telle une belle carte postale de la Côte d’Azur, rappeler de savoureux souvenirs…

Gio Sergi – Saint-Roman de Bellet 06200 Nice




Insuffisance cardiaque chronique. Cardiomyopathies

Préfacé par le Professeur J.-P. Bounhoure, membre de l’Académie de Médecine, président honoraire de la Société Française de Cardiologie et éminent collaborateur du Cardiologue, cet ouvrage monumental pourrait bien devenir le tube de l’été, au moins pour tous ceux qu’intéressent ces pathologies majeures, cardiologues bien sûr, mais aussi médecins internistes, chirurgiens cardiovasculaires, ou paramédicaux des centres de réadaptation.

generisches buch 1Coordonné par Pierre Gibelin, professeur et chef de service de cardiologie au CHU de Nice où il dirige le département d’insuffisance cardiaque et de réadaptation cardiovasculaire, le livre aborde tous les aspects de la discipline : effectivement, il ne se borne pas seulement à aller « du diagnostic à la prise en charge » pour reprendre le sous-titre de l’ouvrage, mais développe également les données moins souvent traitées, mais tout aussi essentielles que sont par exemple l’épidémiologie, les conséquences socio-économiques ou l’impact de l’insuffisance cardiaque sur les politiques de santé.

Pierre Gibelin, qui a lui-même rédigé plusieurs chapitres, aussi éclectiques que primordiaux, comme l’approche économique, la clinique ou l’éducation thérapeutique, a su s’entourer des meilleurs experts de la discipline, tels entre autres Pierre Ambrosi, Michel Galinier ou Bernard Swynghedauw, (lui aussi fidèle collaborateur de notre journal) .

L’ouvrage expose bien sûr les avancées récentes de la science en la matière, échographie et épreuve d’effort cardio-respiratoire notamment.

Son originalité tient aussi à la description détaillée des différents types de cardiomyopathies, généralement en cause dans la défaillance cardiaque, et à l’étude de contextes cliniques particuliers, avec un focus sur la personne âgée, et l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée.

La prise en charge du patient insuffisant cardiaque est développée de façon multidisciplinaire, associant les différents aspects du traitement, nutritionnels, médicamenteux, chirurgicaux, jusqu’à la transplantation et l’assistance circulatoire et, naturellement, l’éducation thérapeutique.

S’appuyant sur les recommandations les plus récentes des sociétés savantes, ce précis permet d’appréhender de manière exhaustive les différentes facettes de ce problème majeur de santé publique et constitue d’ores et déjà une référence indispensable pour la pratique cardiovasculaire de tous les jours.

Aussi passionnant qu’efficace.

A lire sans tarder.




Ces curiosités qui font le buz

Un petit tour d’horizon des compteurs vivants qui font des estimations en temps réel des données les plus récentes et projections fournies par des bureaux de statistiques indépendants. On finit par se prendre au jeu et de voir à quel point le monde est… si petit, si grand.

Le monde en temps réel

Worldometers

Vous vous sentez seul sur terre, dans votre petit monde, dans votre village ? Prenez le temps d’aller voir ce site qui en impose sur une si petite page en vous proposant de nombreuses données mondiales. Cela peut-être un jeu si vous faite une capture d’écran à un instant T, ce qui vous donnera un top départ pour apprécier l’évolution du monde dans des activités aussi variées que la santé, l’économie, l’environnement ou l’énergie. Vous pourrez également apprécier la valeur de l’eau potable dans notre monde et les 650 millions de personnes qui n’y ont pas accès.

Vous pourrez également voir que – fort heureusement – le nombre de naissances progresse plus rapidement que celui des décès et qu’il reste beaucoup à faire, mais cela, je ne vous l’apprends pas, pour que la mortalité du tabac disparaisse.

Bien entendu, tout cela est empirique. Il est impossible de savoir à l’unité près et à la seconde près le nombre de décès par VIH. C’est déjà compliqué d’avoir des chiffres fiables, alors imaginez dans certains pays en voie de développement ou en état de guerre !

www.worldometers.info/fr

 

Internet en temps réel

Internetlivestats

Internet faisant partie intégrante du XXIe siècle, il est intéressant de saisir la grandeur de la toile. A l’aune de la création du www, personne n’aurait imaginé que, en 2016, près de 170 milliards de mails étaient envoyés chaque jour pour 3,4 milliards d’utilisateurs.

Il est également intéressant de noter que les ordinateurs de bureau ont réellement passé le pouvoir aux tablettes, moins coûteuses plus facile d’emploi.

Enfin, les sites hackés font leur petit bonhomme de chemin avec 42 000 visites par jour. Les hackers ne font pas que voler des données, comme l’a montré « Wauchula Ghost », membre des Anonymous, qui a transformé le compte Twitter de l’Etat Islamique (EI) en un drapeau arc-en-ciel suite à la tuerie d’Orlando avec ce message : « Aux familles et aux victimes d’Orlando, nous n’oublierons pas. »

www.internetlivestats.com

 

L’économie en temps réel

moneymeters

Vous ne seriez pas étonnés que le premier vecteur d’argent dans le monde est la publicité avec plus d’un milliard de dollars dépensé chaque jour.

Tiens ! intéressant, l’argent dépensé par les entreprises pharmaceutiques afin de promouvoir les médicaments auprès des médecins pour plus de 15 millions de dollars par jour.

www.moneymeters.org




Cotes du Rhône – Château de Fonsalette Syrah 2003

Il est une tradition familiale, lors de l’anniversaire de ma fille, de déguster un menu immuable, concocté par mon excellente cuisinière d’épouse : chaussons de truffe et canard à l’orange que j’accompagne toujours d’un Vouvray moelleux pour le second et d’un Fonsalette Syrah pour le premier. Diable ! Un simple Côtes du Rhône pour ce grand classique de la gastronomie ? Oui, mais pas n’importe lequel. Elaboré par Emmanuel Reynaud (voir Le Cardiologue n°308), également propriétaire du mythique Châteauneuf-du-Pape Rayas, le château de Fonsalette, dont il est considéré comme son petit frère, est un vin « monumental » !

Albert Reynaud, l’arrière-grand-père d’Emmanuel, alors notaire en Avignon, devint sourd et dut se reconvertir. Il acheta le château de Rayas en 1880, fut l’un des premiers dans la région à embouteiller son vin. Son fils Louis acheta, en 1935, le domaine des Tours à Sarrians, puis, en 1945, le château de Fonsalette. En 1978, Jacques, le fils cadet, succède à son père et s’attire par la qualité de ses vins un respect et une admiration sans bornes. En 1997, Jacques Reynaud, célibataire endurci, décède subitement, alors qu’il s’adonnait à une de ses rares distractions matérialistes en s’achetant des chaussures. La direction et l’exploitation des domaines sont confiées à Emmanuel Reynaud, son neveu, qui vinifiait déjà le château des Tours.

Ma première rencontre avec Rayas et Fonsalette date des années 90, où, sous le faux prétexte d’être ancien client, j’eus le privilège d’être reçu par Jacques Reynaud. En voyant les bâtiments délabrés aux volets fermés de la propriété (un château ?!) qui se trouvait au bout d’un chemin de terre chaotique, sans aucune signalisation, en constatant un amoncellement de foudres, fûts, demi-muids si vieux qu’ils en apparaissent minéralisés, sans aucune trace de contrôle de température, de chêne neuf, d’œnologue, je crus m’être trompé d’endroit, Jacques Reynaud que j’ai toujours connu bougon et renfrogné, m’accueillit par ces mots « C’est toi qui vient de Lorraine ? » et me tendant un verre « Tiens ». Je fus tout de suite déçu et ne pus qu’émettre quelques borborygmes « Oui… heu… peut-être trop jeune ou un défaut, je ne retrouve pas vraiment les arômes de Rayas (que je n’avais encore jamais bu de ma vie) ». « T’es con », me répondit-il, « çà c’est le vin pour la coopérative, maintenant on va boire mon vin ». C’est ainsi que je fus intronisé et pus bénéficier d’une petite allocation annuelle de Rayas et Fonsalette que son neveu Emmanuel eut, par la suite, la gentillesse de poursuivre.

Château Fonsalette est un vignoble situé au nord d’Orange sur la commune de Lagarde-Paréol, en bonne part sur l’appellation massif d’Uchaux sur des terroirs de calcaires quartzeux et dans la partie est d’alluvions avec sables et grès jaunes… Le climat est méditerranéen avec pluies abondantes, températures très chaudes l’été. Le mistral assainit le vignoble qui est cultivé par Emmanuel Reynaud sur le mode bio : travail du sol méticuleux, pas de traitements phytosanitaires, pas d’engrais azotés, respect des cycles lunaires. Les rendements de la cuvée syrah qui vient de sélections massales à partir des vignes de Chave en Hermitage, sont minuscules : 10 hl/ha !

Quoique plus souriant et avenant que son oncle, Emmanuel reste très réservé et secret, et il m’a été impossible d’avoir le moindre renseignement sur ses méthodes de vinification. Tout ce que j’ai pu savoir : récolte à pleine maturité, vinification simple et naturelle en grappes entières, sans recherche d’extraction maximale, élevage long, 5 à 6 ans certaines années, en vieux foudres.

Ce Fonsalette syrah, dans le difficile millésime de la canicule 2003, s’annonce par une robe rubis sombre intense et profonde. Du verre, aux larmes abondantes, jaillissent des arômes de mûre, de framboise confiturées, d’encens, des senteurs méditerranéennes d’olive noire, de réglisse fondu, auxquels se mêlent les notes typiques de syrah : violette, cannelle, poivre blanc, fumée. L’âge respectable se marque par des fragrances de viande rôtie, de venaison, de musc largement dominées par la truffe, ce qui constitue une complexité incroyable.

En bouche, alors qu’on s’attend à un vin tanique, solide, c’est tout l’inverse : les tanins sont très soyeux, racés, avec une sensation graphite de minéralité, de fraîcheur, une matière ultra-riche, dense, épaisse, juteuse et toujours truffée, d’une longueur superlative !

Ce grand vin rouge, à l’aune des meilleurs châteauneufs, est magnifié par les riches plats sauciers comme la queue de bœuf sauce marchand de vin, le veau marengo, le bœuf bourguignon et encore mieux par les gibiers à poil : gigue de chevreuil sauce poivrade, pavé de biche grand veneur, lièvre à la royale. Des pieds paquets, un canard aux olives font ressortir ses notes méditerranéennes.

Le Fonsalette a besoin de vieillir, pour exprimer ses arômes épicés, son bouquet prégnant de truffes, alors toute la race de cette syrah se marie merveilleusement avec l’expression aromatique du tuber melanosporum surtout tiède : notre chausson au truffe et foie gras familial, une truffe sous la cendre, un filet en croûte sauce Périgueux, un tournedos Rossini, une volaille de Bresse sauce Albufera. Ce vin est assez aromatique, pour enrober les fromages bourguignons affinés : époisses, citeaux, charolais.

Ce château de Fonsalette syrah que l’on ne peut dénicher, dans des millésimes récents, que chez certains cavistes renommés à des prix évidemment nettement supérieurs aux Côtes du Rhône des supermarchés, émerveillera tout amateur qui aura la chance de se le procurer et le courage d’attendre son apogée. Avec les Reynaud, mauvais caractère ou non, la patience est souvent exigée, mais toujours récompensée : du bonheur en bouteille ! n

Emmanuel Reynaud 84230 Chateauneuf Du Pape  




La Villa Barbaro ou l’esthétique de l’utile

A partir de la fin du XVe siècle, la découverte de la route des Indes (1498) ayant porté un coup sensible à leur monopole du commerce du poivre et des épices, les Vénitiens investissent dans des propriétés foncières moins hasardeuses que les expéditions maritimes. Ils mettent ainsi en valeur des territoires en friches dans l’arrière pays, la terraferma, tout en s’efforçant de joindre l’utile, la vita activa, à l’agréable, la vita contemplativa. Venise est alors la première ville marchande du monde et la plus riche. 

Villa_Barbaro_panoramica_fronte_MarcokEn Vénétie, l’architecte Andrea di Pietro dit Palladio (1508-1580) nous a laissé plus d’une vingtaine de villas « palladiennes » où s’exprime le modèle de la beauté antique. Il construisit, vers 1557-1558, à Maser dans la région de Trévise, la Villa Barbaro au pied des collines d’Asolo, devant un bosquet de conifères. Près d’une source, le commanditaire fit construire un nymphée semi-circulaire en souvenir d’un probable sanctuaire antique dédié aux nymphes. La villa est de type rustica. Elle associe maison seigneuriale et exploitation agricole s’opposant au type suburbana plus proche des villes. La décoration intérieure est confiée à Paolo Véronèse (1528-1588). Il réalise des peintures murales qui associent éléments allégoriques, des scènes religieuses et de la vie quotidienne, sous forme de remarquables trompe-l’œil, un véritable chef d’œuvre.

Andrea Palladio (1508-1580) naît à Padoue d’un père meunier, mais tailleur de pierre de profession. Apprenti dès l’âge de 13 ans dans un atelier d’architecte et de tailleur de pierre, il rencontre le comte et humaniste Gian Giorgio Trissino (1478-1550) qui le met en contact avec des commanditaires vicentins. Il séjourne, avec lui, plusieurs fois à Rome, entre 1541 et 1551, et le surnomme Palladio en référence à Pallas Athénée, déesse des arts, vers 1540 lorsqu’il se voit attribuer le titre d’architecte. Palladio n’a reçu aucune formation spécifique. Il s’est inspiré des monuments antiques, des descriptions de  Pline l’Ancien (23-79) et surtout du traité De architectura de l’architecte romain Vitruve (v.90–v.20 av. J.-C.) Palladio se lie d’amitié avec un haut dignitaire de l’Eglise, le patricien vénitien Daniele Barbaro (1514-1570), auteur d’une traduction de Vitruve. A Venise, il conçoit le monastère de San Giorgio Maggiore et l’église du Redentore. Il associe plusieurs concepts architectoniques tels que la Rotonda inspirée des temples circulaires païens et la représentation cruciforme latine, dont la forte valeur symbolique fut rappelée par le Concile de Trente (1545-1563). Parallèlement, Palladio réalise  des villas, à partir de 1540, pour l’aristocratie vénitienne et les citoyens de Vicence. C’est d’ailleurs à Vicence que l’architecture d’Andrea Palladio est prédominante. Sur l’édifice gothique préexistant du Palais de la Raison dite Basilique palladienne, il ajouta des loggias serliennes, du nom de l’architecte Sebastiano Serlio (1475-1554). Le Palais Thiene, la Villa Rotonda et, sa dernière œuvre (1580), le Théâtre olympique sont  des monuments caractéristiques de sa conception architecturale. Palladio publie, en 1570, Les Quatre Livres d’Architecture d’inspiration vitruvienne mais présentant ses propres réalisations. Le peintre et historien d’art, Giorgio Vasari (1511-1574), son contemporain, le décrit de tempérament aimable : « c’est un homme extraordinaire par son talent et son jugement ». Il meurt le 19 août 1580 alors qu’il supervisait le chantier du Tempietto, chapelle familiale commandée par Marcantonio Barbaro (1518-1595) et  inspiré du Panthéon de Rome.

Paolo Caliari dit Véronèse (1528-1588), d’un père architecte et tailleur de pierre, à Vérone (d’où son surnom de Véronèse) où il fait son apprentissage dans l’atelier d’Antonio Badile (v.1518-1560). Après une courte période à Mantoue, il s’installe à Venise en 1553 où il y travaille à la décoration de plafonds à l’église San Sebastiano, à la Bibliothèque Marciana puis au palais des Doges (à trois reprises entre 1553 et 1582) ; il réalise également des « banquets » pour les grands réfectoires vénitiens, notamment en 1562, pour le réfectoire du monastère bénédictin de San Giorgio Maggiore , les Noces de Cana aujourd’hui au musée du Louvre. Au début des années 1560, il commence la décoration de la Villa Barbaro de fresques de style maniériste en réaction au classicisme de la Renaissance. En 1573 Véronèse se heurte à l’Inquisition qui lui reproche d’avoir ajouté des personnages anecdotiques au dernier repas du Christ, la Cène qu’il rebaptisera Le repas chez Lévi (Venise Académie) en disant : « Nous les peintres, prenons des libertés tout comme les poètes et les fous ». A la différence du Titien (1485-1576), Tintoret (1518-1594) et Véronèse apparaissent plus « vénitiens » dès lors qu’ils ont créé plus d’œuvres pour les palais et monuments religieux de la ville « en rendant leurs murs aussi précieux que plusieurs royaumes »  (Ruskin) mais aussi pour les villas patriciennes de l’arrière-pays. Véronèse meurt dans sa demeure vénitienne d’une pneumonie à l’âge de 60 ans et est enterré dans l’église de San Sebastiano dont il avait peint de nombreuses fresques. Après son décès, son frère et ses deux fils achèveront certaines peintures sous le nom de « Haeredes Pauli (les héritiers de Paul) veronensis ».

La villa Barbaro se détache de l’arrière plan campagnard sous forme d’une tache jaune sur un écran de verdure selon un « déploiement horizontal » de façon aussi utile que décorative par la combinaison de la maison seigneuriale centrale qui avance (avant-corps) vers la plaine, et des communs sous forme d’une galerie couverte à colonnes, Barchesse, typique de la villa veneta, et destinée à abriter le matériel agricole, les animaux et les récoltes avec une succession d’arcades en plein cintre disposées en ailes par rapport au corps de logis central. Aux extrémités s’ouvrent des colombiers surmontés de larges cadrans solaires contribuant à « l’harmonie du tout ». La façade épurée des ailes latérales contraste avec la maison du maître dotée de quatre demi-colonnes ioniques allant du rez-de-chaussée au piano nobile surmonté d’un fronton entourant le blason sculpté en relief de la famille Barbaro. Palladio développe ainsi  la subordination des bâtiments utilitaires au bâtiment principal doté d’une façade à portique imitant les temples antiques et permettant d’accéder à des pièces distribuées autour d’un vestibule cruciforme (Crociera) qui ne comporte que trois ouvertures sur l’extérieur mais Véronèse va en suggérer bien d’autres en peignant de fausses portes montrant les occupants des lieux. La décoration intérieure est presque entièrement due à la main de Véronèse avec une succession de paysages bucoliques, de figures allégoriques et surtout de trompe-l’œil avec des éléments du sacré mais aussi des scènes donnant l’illusion de la vie quotidienne : un chasseur (autoportrait ?) revient de la chasse, un chien est assis ou une petite fille curieuse ouvre une fausse porte. Par une alternance de fausses et vraies fenêtres, on peut apercevoir la vraie nature ou des paysages fictifs de telle sorte que l’illusion et la réalité s’interpénètrent. En mêlant ainsi le monde réel au virtuel, Véronèse démontre avec maîtrise qu’il est à son apogée de la peinture du trompe-l’œil avec une représentation des Dieux de l’Olympe entourant une allégorie énigmatique de la Sagesse (?) surmontant divers personnages grandeur nature qui semblent observer les activités de la villa. On accède ensuite au nymphée décoré des statues du sculpteur maniériste de l’école vénitienne Alessandro Vittoria (1525-1608) qui exécuta aussi la décoration plastique de la villa qui semble faire partie intégrante de la Nature qui l’entoure. Dans sa conception la Villa Barbaro, entourée de vignobles, est l’un des exemples les plus réussis de villa-fattoria (villa-ferme) dont l’esthétique associée à la fonctionnalité est très différente des « caprices » tels que la Villa Rotonda que Palladio conçue près de Vicence avec ses quatre façades identiques sur le modèle du Panthéon entourant une salle circulaire « habitable mais pas agréable » (Goethe en 1786) ; le désir d’originalité a dans ce cas détourné l’architecte de la notion d’utilité  si présente dans le Villa Barbaro.

Remerciements au Dr Philippe Rouesnel pour sa visite guidée de la Vénétie.

 

En Vénétie, au milieu du XVIe siècle, de riches commanditaires vénitiens, inspirés par les descriptions de Pline et de Vitruve et souhaitant combiner l’idéal de beauté à celui d’utilité, font construire un domaine à vocation agricole, sur une colline près d’une source mythique ; ils en ont confié la conception et la décoration à deux des plus grandes artistes de leur temps et dont le génie s’est exprimé dans leur domaine respectif en créant l’une des plus exceptionnelles villas de l’histoire de l’architecture sous forme de l’utilitaire élevé au rang du sacré. Les siècles ultérieurs verront nombre d’architectes, en Europe et jusqu’en Amérique, s’inspirer de Palladio pour élaborer des constructions néoclassiques.




Vin de Pays de Méditerranée Saint-Césaire 2011 – Abbaye de Lerins – Ile Saint-Honorat

A quelques encablures de Cannes, du luxe de sa Croisette, des fastes et agitations frénétiques de son Festival, les moines cisterciens de l’abbaye de Lérins sise sur l’île Saint Honorat, suivant la règle de Saint Benoît : « ora et labora », prient au rythme des offices journaliers aux chants byzantins et vivent modestement grâce au fruit de leur travail : la production ancestrale de vins et de liqueurs.

Saint Honorat est un lieu historique, où l’abbaye, fondée au début du Ve siècle, abrite actuellement une communauté d’une vingtaine de moines, tous unis dans l’élaboration de vins exceptionnels. L’ancien monastère fortifié, éperon fendant l’écume des vagues, donjon hérissé de créneaux et de mâchicoulis fût bâti, pour résister aux assauts des Sarrasins et des pirates génois. En haut, le chemin de ronde offre une vue magnifique sur la côte méditerranéenne jusqu’aux cimes blanches des Alpes.

L’origine du vignoble remonte au Moyen-Age, mais ce n’est qu’à partir des années 1990 que la viticulture se professionnalisa : identification des parcelles les plus adaptées à tel type de vin, remplacement des vieux cépages par des plants plus qualitatifs en introduisant de façon surprenante, en pleine Méditerranée, des variétés septentrionales : pinot noir, chardonnay, culture raisonnée (pas d’herbicides, ni d’insecticides), hygiène draconienne dans le chai.

Saint Honorat est constitué de roches sédimentaires calcaires et dolomitiques, recouvertes d’un limon argileux rouge riche en matière végétale. Une source naturelle d’eau douce protège les vignes du stress hydrique. Le vignoble, situé dans la partie centrale de l’île, comprend un peu plus de 8 ha, 5 dédiés au vin rouge, 3 au blanc, dont 2 pour le chardonnay qui trouve un sol propice argilo-calcaire similaire à celui de la Bourgogne. Les rendements sont limités en moyenne à 35 hl/ha grâce aux vendanges vertes. Le climat méditerranéen offre des conditions très favorables pour le développement de la vigne : ensoleillement remarquable, air nocturne chargé d’humidité, embruns marins conférant au vin fraîcheur et salinité. La biodiversité étonnante de l’île, où les vignes sont entourées de forêts de pins d’Alep, de chênes verts de micocouliers, d’oliviers, de champs, où croissent bruyère blanche, myrte, ciste, explique certainement les parfums profonds et singuliers de certaines cuvées.

La culture est raisonnée avec très peu de chimie, les sols sont enherbés. Tous les travaux : taille, ébourgeonnage, effeuillage, pour aérer les grappes, vendanges sont effectués manuellement, mobilisant l’ensemble de la communauté autour d’un seul but : produire les meilleurs raisins et les meilleurs vins possibles. Tout le travail de vinification nécessite, par-contre, sur l’île, un équipement important et performant. Les dates des vendanges sont déterminées scientifiquement, afin d’obtenir des raisins bien mûrs à bonne maturité phénolique. La récolte manuelle, soigneusement triée, est transportée en petites caissettes. Les raisins blancs sont pressés pneumatiquement, le jus frais est envoyé dans des cuves inox thermo-régulées, puis levurées, pour débuter la fermentation. La vinification est contrôlée par un œnologue suisse, Jean-Pierre Novelle. L’élevage se poursuit pendant 8 à 11 mois dans de barriques de chêne neuf préparées selon un protocole très précis, afin d’éviter le goût souvent trop boisé du chardonnay. La maturation se poursuit au minimum pendant
1 an en bouteilles dans une cuverie à température constante, climatisée et humidifiée.

La cuvée 100 % chardonnay Saint Césaire, servie à la table des Chefs d’Etats du G20, classée 4e parmi les 100 meilleurs blancs de Bourgogne lors d’un concours à l’aveugle, dévoile, dans son millésime 2011, une lumineuse robe jaune or pâle brillante et limpide. Pourvu d’un nez intense, ce vin fait jaillir du verre des senteurs impétueuses et opulentes, fruitées de confiture de poire, d’agrumes confits, florales d’iris et de pivoine avec une petite note citrique, une vaste palette aromatique typique chardonnay avec des touches successives de vanille, de beurre frais, de brioche et de miel signant un élevage de grand luxe. Sa bouche dense, d’une fraîcheur incroyable, liée à une belle acidité, fait ressortir une riche texture grasse, lactée, où les notes fruitées deviennent méditerranéennes, voire exotiques : anis, ananas, noix de coco. La finale longue finement toastée laisse apparaître une pointe réglissée.

Ce vin (divin ?) gras, généreux, très aromatique épouse délicieusement les produits nobles de la mer : loup sauce vierge de tomates fraîches et confites, turbot, saint-pierre en sauce crémeuse, daurade au jus de légumes confits, émulsionnée à l’huile d’olive selon Passédat, noix de saint-jacques aux truffes. La persistance en bouche des crustacés s’harmonise parfaitement avec la complexité de ce chardonnay : homard rôti aux morilles, langouste à l’armoricaine ou à l’émulsion crémée aux poivrons selon Robuchon, mieux encore avec une sauce à l’oignon, telle que proposée dans le restaurant de l’île tenu par les moines.

Mais ce vin sublimera aussi des mets terriens : foie gras en terrine, vol-au-vent, quenelles, poularde à la crème, risotto aux pleurotes et citron confit. Après le plat principal, ce vin fait aussi merveille avec des fromages d’alpage, tels comté, gruyère, appenzeller, vieux fribourg.

Quel pourrait-être plus bel hommage que cette déclaration de frère Marie – Pâques : ce vin trouve son sens dans sa devise, « une île, des frères, un grand vin », qui veut avant tout mettre en avant des valeurs : l’amour du travail bien fait, la fraternité des frères qui vivent dans le respect des différences, la solidarité, le partage, le respect, la tolérance, le service mutuel, la justice, la paix, des valeurs qui nous mènent à l’excellence, l’excellence des produits bien-sûr, mais aussi l’excellence en toute chose, dans les relations, dans les rapports avec la nature, dans la vie… Quelle actualité !




Les nouveautés qui vont vous faire craquer

La Grand-messe WWDC d’Apple en juin prochain risque d’agiter les rumeurs. Hormis la sortie récente de l’iPad pro, nous voici entrant dans l’ère du tout-écran, sous-entendu sans clavier, et d’un Siri adapté au bureau.

Apple préparerait un MacBook sans clavier

Les portables MacBook d’Apple rejoignent d’une certaine manière les iPads – ou vice-versa, c’est selon –, les uns empruntant des processeurs véloces, les autres supprimant les claviers. En effet, Apple a déposé en septembre dernier un brevet permettant de se passer de clavier physique par un clavier tactile, sans touche.

Le dispositif est similaire aux pavés tactiles de certains ordinateurs de la marque, mais cette fois-ci, Apple pousse le concept encore plus loin. En supprimant les touches physiques des claviers, le géant californien a voulu – selon les rumeurs – mettre fin aux problèmes de blocage ou de casse… on pencherait de notre côté, hormis le coût de fabrication d’un clavier, aux nombreux avantages de la configuration du logiciel pilote : taille des touches, caractères spéciaux, langues des utilisateurs…

Et pour autant, le MacBook Retina pourrait également gagner en finesse, l’un des objectifs majeurs pour les équipes de R&D.

iPad 9,7 et iPad Pro 12,9 pouces

Après iPad Pro 12,9, c’est au tour d’une version mini avec un écran de 9,7 pouces qui a été récemment présentée.

Se positionnant comme le haut de gamme, cette nouvelle tablette embarque un processeur A9X et, tout comme son grand frère Pro, elle peut être utilisée avec un stylet et un clavier en offrant une puissance sonore confortable grâce à la présence de quatre haut-parleurs.

Du côté de l’écran, l’iPad Pro 9,7 est annoncé avec une réflexion inférieure de 40 % pour une luminosité supérieure de 25 % (par rapport à un iPad Air 2). La fonction True Tone Display permet un ajustement automatique de la balance des blancs en fonction de la température de couleur de l’éclairage ambiant.

Doté d’un capteur arrière iSight de 12 mégapixels, les capacités photo sont grandement améliorées. La vidéo n’est pas en reste avec un enregistrement en 4K. Si vous avez goûté aux écrans 4 ou 5K, vous ne pourrez plus vous passer de la finesse de ces définitions.

Disponible à la commande depuis fin mars, l’iPad Pro 9,7 sera décliné en quatre couleurs et six configurations, allant d’un modèle 32 Go au tarif de 695,00 euros à un modèle 256 Go – 4G vendu à 1 205,00 euros.

intégration prochaine de Siri, l’assistant virtuel, dans OS X 

C’est en octobre 2011 que nous avons entendu la voix de Siri, l’assistant virtuel des utilisateurs de terminaux mobiles iOS. Il a depuis évolué, mais est resté sur les plates-formes mobiles. L’intégration du logiciel sur les ordinateurs Mac n’a toujours été que rumeurs, mais cette fois-ci, il se pourrait que Siri puisse faire entendre sa voix sur votre bureau, si l’on en croit le site américain 9to5mac qui tiendrait l’information de sources internes à Cupertino.

Cette annonce d’une arrivée de Siri sur Mac pourrait être faite en juin prochain lors de la grand-messe WWDC d’Apple avec une intégration à l’automne. Toujours selon cette rumeur, la prochaine version d’OS X permettrait aux possesseurs d’un Mac d’utiliser Siri directement depuis la barre de Menu, ce qui permettra de piloter l’ordinateur par commande vocale, de lancer des applications et d’effectuer nombre de tâches.

Une sonde d’échographie sans fil pour SmartPhone

On n’arrête plus la miniaturisation et encore moins de se servir de son smarphone pour tout ce qui nous entoure. Clarius, une société canadienne, est sur le point de mettre sur le marché un matériel sans fil relié à votre… smartphone ou tablette.

Composé d’un (petit) transducteur et d’une application iOs ou Android, le système n’est évidemment pas destiné à remplacer un appareil échographique classique, mais pourrait se révéler intéressant pour la réalisation de blocs nerveux ou la mise en place de voies veineuses.

Les certificats de la FDA et des autorités canadiennes n’ont pas encore donné leur accord, mais cela ne saurait tarder. On en saura donc plus à ce moment-là !

Plus d’information sur clarius.me




Le Château de Bourbon l’Archambault

Bourbon l’Archambault est environ à 25 kilomètres de Moulins. Le nom de Bourbon semble être rattaché à la divinité gauloise Borvo liée aux sources thermales. Cité balnéaire importante à l’époque gallo-romaine, Bourbon l’Archambault est le lieu de passage de voies romaines conduisant à Bourges, Autun, Lyon et Clermont-Ferrand. Capitale de l’ancienne seigneurie des seigneurs de Bourbon avant Moulins et elle fut au Moyen Age, selon le roman de Flamenca (*) écrit en 1234, une ville florissante. Situées sur une colline escarpée, les ruines imposantes du château dominent une bourgade, aujourd’hui, endormie sur son passé, un exemple remarquable d’architecture datant de Philippe le Bel.

Les ruines du château en 1834. Lithographie de Tudot d'après Dufour, publiée par Desrosiers (Archive du Patrimoine).
Les ruines du château en 1834.
Lithographie de Tudot d’après Dufour, publiée par Desrosiers (Archive du Patrimoine).

La seigneurie des ducs de Bourbon

Le château actuel date du Moyen Age (entre XIIIe et XVe s.), hormis la tour de l’Admiral (XIe et XIIe s). On connaît l’existence d’un premier château qui aurait été détruit par Pépin le Bref en 771 et reconstruit par Guy de Bourbon au IXe siècle.

Cette puissante forteresse est l’œuvre de Robert (1256-1317), comte de Clermont, fils de Saint Louis. Il devient seigneur de Bourbon par son mariage avec Béatrice de Bourgogne en 1272, baronne de la terre de Bourbon. Le château fut reconstruit de 1277 à 1287, avec attenant au logis, une chapelle romane où il déposera les reliques de la vraie croix donnée par Saint Louis. Leur fils, Louis 1er duc de Bourbon (1281-1341) fit construire une Sainte Chapelle en 1315 destinée à remplacer « la première chapelle du château jugée indigne de conserver les reliques rapportées de Terre Sainte par Saint Louis ». A la fin du XVe siècle, Jean II duc de Bourbon (1426-1488) fait bâtir une seconde Sainte Chapelle (1485) achevée par Pierre II. Le château fut vidé de son mobilier après la trahison du Connétable de Bourbon en 1523, avant d’être en partie détruit au XVIe siècle (servant de carrière aux gens du village). A la révolution le château acheté par un maçon qui l’exploita comme carrière de pierre. A la restauration il revint au prince de Condé, puis au duc d’Aumale en 1832. Le château fut mis en vente. Les ruines actuelles ont été retirées de la vente grâce à l’intervention d’Achille Allier (1807-1836), historien, conteur, poète et imagier du Bourbonnais.

Une forteresse imposante

Construit sur une colline escarpée, le château était bordé à l’Est par un ravin, au Nord par un fossé profond, à l’Ouest par un étang et au Sud par la vallée de la Burge.

Le plan est rectangulaire (150 mètres de long sur 50 à 55 mètres de large). La forteresse était entourée d’une enceinte de murs en pierre, flanquée de quinze tours avec un accès au Nord par un pont-levis entre deux tours en avancée, couronnées de mâchicoulis, et au Sud, à la basse cour par une poterne du côté de la ville. Proche du mur sud, à l’Est il y avait un moulin fortifié.

A l’intérieur de cette enceinte « le logis seigneurial » de Louis II, avec une petite aile en retour au Nord Ouest, est sur deux niveaux. Des chapelles sont attenantes à l’escalier de la grande salle du premier niveau (salle où logeait la garnison – les gens d’armes) et situées au Sud-Ouest en prolongement de la petite aile en retour. Le mur de la grande salle au Nord est bordé par les trois tours du Nord. La salle d’apparat, en toute vraisemblance, était la salle du deuxième niveau, haute et élancée. Aujourd’hui seules subsistent les trois tours du Nord avec des ébauches de structures attenantes permettant au XIXe siècle la reconstitution du plan et la tour de « Qui qu’en grogne » (*). Elle est appelée ainsi car sa construction serait à l’origine de réclamations de la part des bourgeois de la ville qui la croyaient tournée contre eux.

Chateau Coupe des 3 tours

 

Les trois tours nord de même hauteur, du XIIIe et XIVe siècle, sont de plan circulaire, sur trois niveaux desservis par un escalier à vis aménagé à l’intérieur des murs. Elles sont agrémentées d’un parement en moyen appareil de pierres taillées en bossage, très régulier. Elles sont percées d’archères en étrier à ouverture rectangulaire. De grandes salles sont étagées sur trois niveaux. Celles du rez-de-chaussée sont voutées d’ogives à six branches reposant contre les murs, sur des culots ornés de crochets avec ou non des têtes humaines ou d’animaux domestiques. La sculpture de la tête d’un moine à l’expression narquoise et pleine de vie, tranche sur le caractère beaucoup plus stéréotypé des autres figurations. Louis II de Bourbon, à la fin du XIVe siècle, fera surélever la courtine et les tours. Cette reprise est parfaitement visible sur le bâti.

Un modèle architectural du passé…

Les châteaux au Moyen Age, expression du pouvoir, sont conçus comme un lieu ostentatoire assurant la protection du seigneur et de son entourage. Sous le règne de Philippe Auguste l’architecture militaire est standardisée : une tour maîtresse, le donjon, dernier lieu de refuge en cas de guerre, dominait une enceinte flanquée à intervalles plus moins égaux de tours circulaires ou semi-circulaires. Une porte fortifiée bordée de tours semi-circulaires en permettait l’accès par un pont-levis. Le plan circonscrit par l’enceinte répond à un tracé géométrique, en règle un rectangle plus ou moins régulier. Bourbon l’Archambault se rattache au XIIIe siècle, par son plan rectangulaire, la disposition des tours de l’enceinte.

Mais aussi empreint de nouveauté

Sous le règne de Philippe le Hardi et de Philippe IV le Bel, l’architecture militaire pour assurer la protection du royaume se modifie. Les plans sont différents, la conception des bâtiments est plus technique : construction d’archères pourvues d’étriers à la base avec des coussièges, de couloirs très allongés pour les portes d’entrée avec plusieurs herses et surtout l’utilisation nouvelle, pratiquement systématique, du parement à bossage rustique, favorisant le jeu d’ombre et de lumière donnant une impression de puissance et de solidité. Il n’est pas improbable « que Robert, personnage important du royaume, ait mis à disposition de sa femme  des ingénieurs royaux pour reconstruire le château de Boubon l’Archambault ». Ce qui pourrait expliquer la présence du bossage sur les tours nord, jusqu’à alors inconnu en Bourbonnais. Le bossage est rustique à larges ciselures et similaire à celui des fortifications royales en Languedoc (Aigues Mortes, Carcassonne). Deux autres châteaux des comtes de Bourbon, celui d’Hérisson (1284) et de Charolles (après 1277) ont le même parement rustique. La construction d’archères pourvues d’étriers avec des coussièges, la présence d’un  couloir très allongé pour le châtelet d’entrée avec deux herses successives, sont également des nouveautés que l’on retrouve au château de Bourbon l’Archambault.

Le Château de Bourbon l’Archambault est un exemple remarquable de l’architecture méconnue du temps de Philippe le Bel. Les grandes salles du logis sont à rapprocher de celles du Palais de la Cité à Paris (salle des Gens d’Armes – La salle des Pas Perdus – et de Grande Salle, détruite, aux effigies des rois de France, datant de Philippe le Bel) comme la Sainte Chapelle de Louis 1er, de la Sainte Chapelle de Saint Louis. Proche, l’église romane de Saint Menou réserve une surprise : un « débeurdinoir ».

(*) Flamenca, chef d’œuvre de la poésie narrative méridionale met en scène trois personnages fictifs, Archambault de Bourbon, sa femme Flamenca et Guillaume de Nevers, les principaux seigneurs qui, au XIIe siècle, étaient proches de Philippe Auguste.




Deux Messieurs sur la plage

Je suppose que beaucoup d’entre nous n’ont jamais entendu parler du « chien noir » ! De même, ils ignorent sans doute pratiquement tout des rencontres réitérées entre ces deux monstres sacrés du XXe siècle qu’étaient Winston Churchill et Charlie Chaplin.

Ce « chien noir », ainsi que l’appelait Churchill, est cette sorte de mélancolie sévère, de dépression, qui frappait épisodiquement les deux hommes et leur faisait envisager à chaque fois le suicide ! C’est pour éviter ce moyen de consolation radical qu’ils décidèrent de s’appeler réciproquement à l’aide, chaque fois que l’un d’eux en serait atteint.

Leur première rencontre eut lieu un soir de 1927 en Californie, sur la plage de Santa Monica : c’était une période très pénible pour l’acteur qui devait faire face à de terribles accusations de sa deuxième épouse dont il venait de divorcer, qui essayait de le ruiner et, avec l’aide de la presse, de le faire passer pour un pervers pédophile. Chaplin, alors en pleine dépression, garda de cet entretien nocturne et inopiné un sentiment de gratitude durable tant son interlocuteur qui ne l’avait pas reconnu et ne s’était pas présenté non plus lui avait témoigné de la sollicitude avant de lui révéler qu’il était atteint du même mal.

Et c’est le lendemain soir que Churchill proposa à Chaplin ce pacte d’assistance anti chien noir ! « Nous promettons que chaque fois que l’un de nous aura besoin d’aide, l’autre viendra à son secours toutes affaires cessantes, peu importe en quel endroit du monde il se trouve. »

Et c’est leur lutte contre cet ennemi commun que va raconter l’auteur, au style alerte et concis, dans ce livre palpitant qui se lit volontiers d’une traite en dépit des quelque 250 pages qu’il contient.

L’auteur Michael Köhlmeier est Allemand, il est né en 1949 au bord du lac de Constance et partage aujourd’hui sa vie entre l’Allemagne et l’Autriche. Son père qui avait rencontré les deux protagonistes et avait bien connu William Knott, le secrétaire particulier de Churchill, avait entrepris d’écrire la biographie de l’homme politique.

Michael Köhlmeier a publié plusieurs romans dont certains, comme celui-ci, ont été traduits de l’Allemand et édités en France.

Il faut absolument lire « deux messieurs sur la plage » !

 

Auteur : Michael Köhlmeier

Editeur : Jacqueline Chambon

Pagination : 250 pages

Prix public : Livre : 22,00 € – ePub : 16,99 €




technique de vol 2.0 : la mode jacking

L’informatique embarquée, c’est bien plus simple que de « cracker » un site ou un ordinateur et les hackers l’ont bien compris, vous qui pensiez que votre véhicule était inviolable. Que nenni. Un tour sur le net, même pas sur le darknet, et vous trouverez tous les outils indispensables du parfait gentleman cambrioleur. Focus sur cette technique de vol 2.0.

Suite au vol d’un véhicule plutôt haut de gamme d’un de mes amis, je me suis interrogé de la façon dont les voleurs ont pu procéder, car ils n’avaient qu’une trentaine de minutes, le temps pour nous de faire quelques courses…

Je me suis donc simplement mis à la place du parfait petit voleur numérique pour voiture. Tout novice que je suis en matière de vol automobile, je me renseigne tout d’abord de la façon dont il faut s’y prendre.

Après quelques minutes de lecture sur les forums, et pas la peine de passer par le deep web ou darknet (dont nous reparlerons prochainement), je me dois de posséder deux accessoires essentiels : une clé universelle mécanique pour ouvrir les automobiles sans les forcer, ni les abîmer, et un boîtier pour mettre le contact et ainsi démarrer.

Je recherche donc « clé universelle pour auto » et, surprise, je tombe sur le bazar du parfait « Lupin ». Entre le set de déverouillage universel pour la plupart des modèles de voiture et d’autoradio et la clé passe-partout, je n’ai que l’embarras du choix. Cette clé universelle, appelée HU66 pour les intimes, est aussi facile à trouver qu’un litre de lait au supermarché, ce produit « réservé aux professionels et aux forces de l’ordre » (sic) est très facile à utiliser et réutilisable à l’infini (autant faire des économies aux voleurs) [75,00 euros HT]. Elle permet de tailler la clé à partir du code sans machine électronique et est valable pour des marques aussi prestigieuses que Porsche ou Audi…

Ensuite, le démarrage…

Une fois quelques tests effectués pour me faire la main, il me faudra pouvoir démarrer la voiture avec un logiciel de programmation. Ces logiciels de programmation et diagnostic permettent de pirater le système de protection. Coût : 300,00 euros pour un vol sans effraction.

Pour se servir ensuite de la voiture et éventuellement de la vendre (à l’étranger), il faut dupliquer les clés électroniques. En connectant un boîtier électronique, on peut reprogrammer totalement une clé d’ouverture et de démarrage et ce sans code pin. Parfait pour un vol sans effraction.

On peut également brancher le boitier électronique sur la prise diagnostic. Trois minutes suffiront pour reprogrammer le démarreur et faire sauter toutes les protections électroniques.

Et l’assurance dans tout ça ?

Tous les véhicules sont sujets à cette nouvelle technique qui représentent 50 % des vols. Un Range Rover Sport s’ouvre en quelques minutes (celui de mon ami), sans bruit et surtout sans attirer l’attention. Il ne reste qu’à voir votre assurance et là, c’est le grand désert… car pas d’effraction, pas d’indemnisation, chacun devant démontrer que son véhicule a été volé en mouse jacking. Ne laissez donc ni  doubles de clés, ni carte grise dans la boîte à gants. C’est ce que votre assurance vous demandera en premier pour constater le vol par mouse jacking. Et pour éviter ces désagréments, retrouvez la bonne vieille canne qui bloque le volant.

Tracker la voiture

Vous avez bien la solution du traceur qui communique la positon de votre véhicule en temps réel grâce à sa carte SIM. Placé dans un endroit discret, il détecte position et mouvements que vous pouvez voir sur votre smartphone.

Pour notre Range Rover, qui en était équipé, il paraît qu’il est parti vers des lieux plus tranquilles, là où les puces ne serviront plus à grand chose, à moins que vous ayez envie d’aller la chercher avec une clé HU66 et un logiciel. Vous verrez, c’est si facile, sauf de se mettre dans la peau d’un vrai voleur !

 

Le choix des truands

Car-jacking. 

Méthode qui consiste à dérober le véhicule
dans la rue en éjectant le conducteur 8 à 10 %

Home-jacking. 

Méthode qui consiste à voler le véhicule
chez son propriétaire 21 %

Mouse-jacking. 

Méthode qui consiste à pirater les systèmes de sécurité
d’une voiture pour la voler. Une technologie qui permet
aux voleurs d’opérer rapidement et à distance 50 %




Grand vin de Reignac 2009

Après les Japonais (Cardiologue n ° 383), les Européens, nouveau cataclysme, fin 2009, sur la hiérarchie des seigneurs bordelais lorsque, lors d’une dégustation à l’aveugle, le grand jury européen, composé de spécialistes de réputation mondiale, classe le Grand Vin de Reignac en deuxième place devant les « 4 fantastiques » : Lafitte, Latour, Pétrus, Cheval Blanc 10 à 100 fois plus onéreux !… Un simple Bordeaux Supérieur vendu en promotion par les hypermarchés Leclerc !

Qui est Reignac ? Un château construit au XVIe siècle par le seigneur Baude de Peyron, plus connu par ses magnifiques serres grillées par Gustave Eiffel, que par la qualité de ses vins jusqu’à son rachat par Yves Vatelot grâce à la revente de son épilateur électrique « Silk Epil » à Gillette. D’emblée, le nouveau propriétaire rénove le château et ses chais et, surtout, s’assure des conseils du célèbre œnologue Michel Rolland qui suit toujours les vinifications. Dès 1996, la grande cuvée Reignac est remarquée par Parker avec l’excellente note de 90/100. Parallèlement, en fin connaisseur du marketing, Yves Vatelot fait commercialiser sa production par E. Leclerc dans ses hypermarchés et, malgré le succès, fidèle au soutien initial, continue à en écouler une partie dans les foires aux vins Leclerc à moins de 20 euros !

Le domaine, situé à Saint-Loubes sur une croupe au confluent de l’Entre-deux-Mers, bénéficie d’une particularité rare sur une même propriété : les meilleurs terroirs argilo-calcaires de la rive droite et argilo-graveleux de la gauche, graves profondes permettant des vendanges de qualité, argiles gonflantes, calcaires durs offrant un équilibre nutritionnel et hydrique idéal pour la vigne. Ainsi sont réunies les conditions d’un terrain exceptionnel digne d’un grand cru. Les vignes couvrent 70 ha au sein d’un vaste écosystème composé de bois, de prairies, et même d’un étang.

Une culture raisonnée

Un travail obsessionnel régit la viticulture : gérer l’impact environnemental par retraitement des différents déchets, dont les effluents vinicoles par remédiation au bambou, aller toujours plus loin vers une culture raisonnée.

Le désherbage est remplacé par un labour sous les rangs de vigne, des semis d’engrais verts diminuent les produits chimiques, les traitements phytosanitaires sont réduits au minimum grâce à l’utilisation d’oligo-éléments, pour aider la vigne à se défendre par elle-même. La densité des ceps est volontairement élevée à 6 000 pieds/ha. Les rendements sont limités à 36 hl/ha par ébourgeonnages, épamprages, effeuillages au soleil levant, 2 ou 3 vendanges au vert.

Les vendanges manuelles de raisins sains à parfaite maturité les acheminent dans des clayettes directement sur table pour un double tri avant et après égrappage. Les grains sont foulés au-dessus de petites cuves inox lot par lot. Après macération préfermentaire à froid durant une semaine, la température des cuves est remontée progressivement pour la fermentation alcoolique et une macération postfermentaire, afin d’arrondir les tanins avec remontages et pigeages manuels. L’élevage sur lies fines se fait en barriques neuves qui sont posées sur un tin, permettant par un système rotatif, un batonnage des lies et une extraction douce des tanins. L’élevage s’étend sur 16 à 20 mois selon les millésimes. Mise en bouteille sans collage ni filtration.

Paré d’une robe rubis violacée intense et profonde, ce Grand Vin de Reignac 2009, assemblant 75 % de merlot et 25 % de cabernet-sauvignon, déploie, dès l’ouverture, d’intenses arômes de fruits : douce crème de cassis, noyau de cerise griotte, confiture de mûre, rapidement suivis par de belles senteurs d’épices : poivre blanc, cannelle, muscade, réglisse. Le boisé élégant de chêne grillé, de santal, de café torréfié n’apporte aucune dissonance. En bouche, la matière est juteuse, soyeuse, veloutée, une possible petite astringence initiale disparaît après carafage. Les tanins charnus, l’acidité rafraîchissante confirment sa maturité et sa vigueur. La longue et surprenante finale sur des fruits noirs épicés fait rêver à un défilé de mannequins en pleine campagne : élégance, délicatesse, voluptuosité, mais aussi expression du terroir.

Extraverti et charnel

Ce Grand du Bordelais s’épanouira, comme ses homologues, sur une selle d’agneau rosé, à condition d’éviter les légumes verts qui durcissent le vin et leur préférer les traditionnels flageolets, un gigot de 7 heures aux fèves, un simple navarin. Personnellement, je lui ai fait escorter, avec bonheur, une épaule d’agneau confite à la Choisy selon Yannick Alléno. Grâce à ses arômes boisés, ses notes de cassis, mûre, réglisse, il épousera plaisamment des viandes robustes, grillées ou rôties : bavette de bœuf à la Bordelaise, contrefilet saignant, belle côte de veau bien épaisse avec gratin de macaroni, magret de canard. Il accompagnera, de la même façon, certaines viandes en sauce : bœuf bourguignon, alouettes sans tête, civet de biche. Reignac apprécie les vieux hollandes (les fromages !) : gouda, édam, ainsi que le Saint-Nectaire.

Si vous aimez sincèrement les Bordeaux, surtout s’ils sont grands et à prix raisonnable, la recherche d’une bouteille de ce vin extraverti et charnel est une faveur que vous vous devez à vous-même.




Stèle du roi-Serpent vers 3 000 avant J.-C. (1ère dynastie)

La stèle au roi serpent que vous pouvez voir dans le département de l’Egypte au Louvre, date de 3 000 ans avant notre être, de la 1ère dynastie de l’empire Egyptien. Elle a été découverte, en 1896, à Abydos, par Emile Amélineau. En calcaire, elle mesure 1,43 m de haut, 0,65 m de large et 0,25 m de profondeur. Remarquable par son exécution et ses dimensions, elle est un document historique majeur pour l’histoire de l’Egypte prédynastique et pour l’étude des premiers hiéroglyphes.

Circonstance de découverte 

« Accompagné de plusieurs centaines d’ouvriers, Emile Amélineau s’attaque au secteur de Umm el-Ga’ab (“la mère des pots”), jonché de tessons de poterie couvrant les buttes et leur environnement. Dès la première campagne, en 1895-1896, il met au jour les sépultures de rois de la 1ère dynastie, Den, Semerkhet, Qa, le “Roi Serpent”, puis, en 1896-1897, le “tombeau d’Osiris” qui est en fait celui du roi Djer, ainsi que celles de deux rois de la IIe dynastie, Peribsen, Khasekhemouy » [3]. Il vient de découvrir la nécropole des premières dynasties, aujourd’hui appelée le « cimetière B », proche du cimetière U, prédynastique où ont été mises à jour 190 étiquettes en os et ivoires, dans la fameuse tombe royale U-j (3 200 ans av. J.-C.), faisant remonter l’écriture égyptienne de deux siècles.

On a reproché à E. Amélineau son manque de rigueur, la pauvreté de ses publications, mais à son époque, le but était de découvrir « le bel objet ».

Tombe royale U-j, 3 200 ans av. J.-C.

La stèle du roi serpent 

Les « Stèles » sont des monuments, comme des dalles de pierre fichées en terre, porteuses d’inscriptions avec souvent des figures. Elles apparaissent dès l’époque prédynastique à proximité des monuments funéraires.

Selon son découvreur, elle était enfouie dans le sol, en trois morceaux parmi les décombres de l’une des tombes royales et mesurait avec le troisième bloc non rapporté 2,5 à 2,6 mètres de haut. La stèle du roi serpent, exposée au Louvre, est constituée de deux blocs pratiquement intacts. L’irrégularité de la ligne de jointement montre qu’elle résulte d’une cassure et que la dalle de pierre était monolithe. Le couronnement est légèrement cintré confirmant son statut de stèle royale. Elle est rectangulaire sur les côtés, un peu rhomboédrique dans ses faces antérieure et postérieure à l’origine d’un profil fusiforme.

Le décor dans un cadre parfaitement délimité, est un bas relief, de conception complexe. Sur la partie supérieure, un faucon est tourné vers la gauche. Le centre, circonscrit par un rectangle, contient un serpent évocateur d’un cobra regardant dans la même direction que le faucon. Enfin sur la partie inférieure, une façade avec des tours de défense, des avancées, des retraits, et de hautes portes, représente un bâtiment.

Stèle au roi serpent

Une vision « aspective »

Selon l’égyptologue Emma Brunner-Traut, une vision « aspective » est un système de représentation qui correspond à l’écriture hiéroglyphique, l’image va définir le sujet représenté. Pour comprendre le message, toutes les images doivent être juxtaposées et être vues au même moment depuis le même endroit.

Dès Nagada IIIb, vers 3300 av. notre ère, apparaissent des symboles royaux. Horus, le dieu faucon, protecteur de la royauté dont le roi est la manifestation terrestre, est associé à un ensemble d’autres signes. Les premiers sérekh*, apparaissent incisés ou peints sur certaines types spécifiques de poteries, parfois vides, parfois chargés d’un mot illisible, indication possible du propriétaire du pot et de sa provenance.

Sur la stèle, le faucon et le cobra regardent dans la même direction vers la gauche, ce sont des idéogrammes indiquant le sens de lecture. En vis-à-vis, il y avait une autre stèle non retrouvée, enfouie également dans le stable. Elles étaient disposées devant la tombe et servaient à l’indiquer le nom du défunt et le lieu où disposer les offrandes.

Le rectangle est considéré comme un mur d’enceinte vu en plan et qui montre un décor interprété comme les ornements de parois des salles d’un palais. Il faut donc lire cette partie « façade » du « mur d’enceinte » comme celle du « palais » : le palais est la propriété du dieu Horus, le cobra désigne le roi régnant, qui y réside. C’est le Sérekh de l’Horus Cobra lu de droite à gauche.

Le cobra, ainsi figuré, correspond dans la langue égyptienne à l’équivalent de nos consonnes et au son « dje ». Si, la plupart du temps, seul le hiéroglyphe du serpent est présent dans le sérekh du roi, il est parfois accompagné d’un second signe qui permet la lecture « Ouadj » ou « Dje(t) » selon le sens de lecture habituel. Il s’agit donc du roi Djet, le quatrième roi de la 1ère dynastie.

La composition est légèrement décalée vers la droite. « Le volume simple du faucon représenté par ses éléments constitutifs essentiels contraste avec la précision avec laquelle sont représentées les écailles du serpent et la façade du palais ». La qualité de l’exécution, et la maîtrise du ciseau du sculpteur font que certains auteurs ont douté de son ancienneté. Certaines caractéristiques archaïques contredisent ce point de vue : la proéminence et la chute du bec, le développement anormal de l’œil et exagéré des serres, le mode d’imbrication de la queue…

 Abydos reconstitution de la tombe de la reine Merneith avec deux stèles Mer.
 Abydos reconstitution de la tombe de la reine Merneith avec deux stèles Mer.

Le roi Djet, un roi mal connu 

Les documents le concernant sont rares. La durée de son règne est variable selon les auteurs (23 ans selon Julius Africanus, 42 ans selon Eusèbe de Césarée…) qui ont retranscrit les « Aegyptiaca », datant du IIIe siècle av. J.-C, une sorte d’histoire de l’Egypte depuis ses origines, du grand prêtre d’Héliopolis, Manéthon. Il aurait régné entre 10 et 15 ans. Il est le fils de l’Horus Djer et de la reine Nakhtneith. Il épouse sa demi-sœur Mertneith dont il a un fils Den, qui lui succède.

Sa tombe, une fosse creusée dans le sol de 11,95 m sur 9,30 m, est entourée des 204 sépultures subsidiaires des grands personnages de la cour et de magasins où étaient entreposés tous les éléments nécessaires à la vie de l’au delà. Elle possède une superstructure, deux mastabas** emboîtés au-dessus de la fosse, l’un au niveau du sol, le deuxième au-dessus du premier (voisin d’un mètre de hauteur) permettant de la voir et de l’identifier. Petrie découvrit de la céramique d’origine palestinienne, des sceaux, une plaquette en ivoire et un peigne en os. n

*Le sérekh (« qui fait connaître ») se présente comme un rectangle entourant le nom hiéroglyphique du roi, surmonté d’un faucon (symbole du dieu Horus) et placé au-dessus de la façade du palais royal. Le rectangle pourrait figurer un plan de ce même palais. Ce qui accréditerait la thèse qui voit dans le sérekh, à l’instar du cartouche, une protection du nom du roi, contre les forces négatives.

** Mastaba. Mot arabe signifiant « banquette ». Appellation donnée à la tombe civile composée d’une superstructure maçonnée, avec face inclinées qui abrite la chapelle funéraire et un caveau aménagé au fond d’un puits.

 

Bibliographie

[1] Amelineau E. Les nouvelles fouilles d’Abydos (1896-1897). Compte rendu des fouilles d’Abydos, lu devant l’Académie des inscriptions et belles-lettres, dans sa séance du 29 mai 1896. É. Leroux, 1896-1897, 2 vol.

[2] Amelineau E. Le Tombeau d’Osiris : monographie de la découverte faite en 1897-1898. Paris : É. Leroux, 1899.

[3] Amelineau E. Les Nouvelles Fouilles d’Abydos, 1897-1898, compte rendu in extenso des fouilles, description des monuments et objets découverts. Paris : É. Leroux, 1904-1905.

[4] Petrie William. The royal tombs of the first dynasty (Part I et II): 1900 – London, 1900 digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/petrie.

[5] Farout D. Sens dessus dessous ou comment montrer ce qui est caché. Revue Pallas. https://pallas.revues.org/111.




Du bonheur à la santé

« J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour ma santé » ; cette formule de Voltaire, si souvent reprise (et modifiée) au fil des siècles, trône en couverture de l’ouvrage du docteur Emilio La Rosa, comme pour annoncer dès le début la couleur : « le bonheur se nourrit de la santé et la santé du bonheur » ainsi que l’affirme l’auteur dans son introduction.

Et, c’est vrai, toute sa vie, l’être humain aspire à la bonne santé et recherche le bonheur. Mais en fait, comme personne à l’école ou plus tard ne nous apprend les chemins qui y conduisent, l’objectif principal de ce livre est de chercher à nous montrer comment être heureux. Vaste programme…

Le livre analyse la relation étroite entre bonheur et santé et propose une sorte de gymnastique du bonheur basée sur la « neuroplasticité » (capacité du cerveau à continuer à créer de nouvelles connexions, en fait à continuer à apprendre tout au long de sa vie) et la psychologie positive.

La santé est un sujet de plus en plus actuel et, dans ce monde en crise économique morale et politique, la recherche du bonheur a de plus en plus d’adeptes ; la croyance selon laquelle le bonheur s’obtient dans l’au-delà ayant perdu du crédit, les personnes recherchent le bien–être matériel et spirituel « ici et maintenant ».

C’est toute l’ambition de l’ouvrage de nous aider à y parvenir : après avoir établi la réalité des relations positives entre bonheur et santé, entre bonheur et longévité, l’auteur analyse ce qu’il appelle la culture du bonheur et insiste sur les méthodes d’apprentissage à la félicité, en luttant contre les principaux obstacles pour l’atteindre et en se focalisant sur les attitudes bénéfiques, au premier rang desquelles il place la méditation.

Alors, convaincant ?

Ce qui est indiscutable, c’est le sérieux avec lequel l’auteur explore de manière scientifique les mécanismes de la conscience du bonheur et les processus liés à la souffrance, en montrant au fil des pages combien son analyse est documentée.

Pour autant, sera-t-il plus facile au lecteur d’être heureux à la fin de l’ouvrage ? On ne peut l’affirmer, mais il aura au moins acquis un bon nombre de pistes pour y parvenir.

Emilio La Rosa, médecin, diplômé en santé publique et gestion des services de santé, docteur en anthropologie et écologie, directeur du CRESS (centre de recherche et d’étude santé et société) vient de publier ce livre aux éditions L’Harmattan.

 

Auteur : Emilio La Rosa

Editeur : L’harmattan

Pagination : 188 pages

Prix public : Livre : 18,05 €

pdf : 13,99 €

ePub : 13,99 €




Télémédecine : enjeux pratiques

Plus que jamais d’actualité avec la polémique lancée autour du site « deuxièmeavis.fr » qui propose aux patients de recevoir à distance un « autre avis d’expert » lourdement facturé, la télémédecine vient de s’enrichir d’un nouvel ouvrage intitulé « Télémédecine, enjeux pratiques », publié aux éditions Le  Coudrier.

En médecine comme ailleurs, les techniques modernes de communication ouvrent de nouvelles perspectives. Grâce à elles, de nombreuses pratiques à distance ont vu le jour depuis quelques années, sans que l’on sache toujours si elles ont fait leurs preuves et si elles apportent un plus aux patients et aux thérapeutes.

C’est précisément l’objet de ce livre : après avoir défini le champ et précisé les enjeux de la télémédecine, l’auteur retrace l’histoire des pays pionniers en ce domaine, y compris la France.

Il présente ensuite ce qu’il faut connaître des pratiques de la télémédecine : la stratégie nationale de développement de la discipline, les cinq actes reconnus depuis 2010, les responsabilités engagées et la façon de mettre en œuvre un projet.

Il termine en détaillant les applications développées dans les diverses spécialités et présente une sélection de publications scientifiques pour chacune d’entre elles.

En cardiologie notamment, figurent plus de trente articles français et internationaux essentiellement consacrés à l’insuffisance cardiaque et aux troubles du rythme graves justifiant l’implantation de dispositifs médicaux.

L’auteur, Pierre Simon, est néphrologue et juriste de la santé.

Pionnier de la télédialyse en France, il a participé à la réflexion nationale sur la place de la télémédecine dans l’organisation des soins ; il fut président de la Société Française de télémédecine de 2010 à 2015 et s’implique à présent dans ses relations internationales et ses formations.

Il s’agit à coup sûr d’un ouvrage de référence pour tous ceux qui s’interrogent sur les enjeux et les pratiques de cette discipline en plein essor.

 

Auteur : Pierre Simon

Editeur : Le Coudrier

Format : 150 x 210 mm

Pagination : 190 pages

Prix public : 29,50 €




Geek médical : les objets connectés

Les offres d’objets connectés ont explosé cette année. Le CES (Consumer Electronic Show) à Las Vegas début janvier a confirmé cette formidable poussée. Mais il faut faire attention entre le connecté de santé et celui de plaisir. Ce n’est pas tout à fait la même chose, tant par la qualité de ses composants que par ses applications.

Fotolia_37597331_Subscription_V Malade [Converti]Des utilisateurs avides

Les objets connectés liés au « quantified self » sont maintenant légion, un art de vivre du bien-être pourrait-on dire. Activité physique, fréquence cardiaque ou qualité du sommeil sont les produits phares de cette technologie. L’évolution rapide de ces appareils connectés n’a pas été suivi de beaucoup d’effets par le législateur, tant sur la protection de l’utilisateur que du diagnostic des applications et des objets connectés.

La prOtection des données médicales

La protection des données, première et véritable source d’inquiétude des utilisateurs, n’est  couverte par aucune une loi et n’impose donc pas aux entreprises, qui fournissent des services de bien-être et de santé, une interdiction ou tout au moins une limitation dans une éventuelle utilisation commerciale (ou autre).

Imaginez simplement qu’en tant que médecin, connecté à vos patients via une application, vous avez confié l’hébergement de toutes les données médicales et personnelles chez un prestataire extérieur. Celui-ci vous rend des services (payants), certes, mais quid des renseignements confiés ?

A l’heure actuelle, ce type de données est protégé uniquement par les règles générales sur les données personnelles prévues par la France et l’Union Européenne (1).

 

La fiabilité du diagnostic ?

Il serait également utile de s’interroger sur la confiance à accorder aux applications publiées sur les stores en matière de conseil ou de diagnostic. Comment garantir les données les plus basiques, telle la fréquence cardiaque, réalisée par une application ? Sont-elles par exemple adaptées à l’état de santé réel d’une personne ?

Il y aurait plus de 100 000 applications de « santé » ou de « sport » dans les stores. Le problème est que ces applications de « santé » ne sont rien d’autre que des « applications de loisirs ». L’essentiel n’est homologué par personne. C’est une jungle commerciale !

Un service d’évaluation des applications publiées par les stores a été lancé par un médecin, Guillaume Marchand, président de DMD Santé. (2) Avec un constat sans appel sur les 8 000 applications étudiées : à peine 500 ont été jugées utiles pour la santé, soit moins de 7 %. Une autre question que le législateur devra très vite se poser : qui sera responsable en cas d’aggravation de l’état de santé de la personne après avoir suivi les conseils d’une application ?

Enfin, l’usage par un assureur des données d’un podomètre ou d’un bracelet d’activité pour donner une indication du niveau d’activité d’un assuré n’est pas de même nature que l’usage d’un capteur ou d’une application pour des questions médicales, dans le cadre d’un diagnostic ou du traitement d’une pathologie.

 

Guider le patient

Les objets connectés sont sans aucun doute un formidable avenir pour la médecine : partage des données entre médecins et patients beaucoup plus fréquentes sur certaines pathologies chroniques, comme le diabète ou l’hypertension, faciliter le dialogue entre médecins, guider le patient… les applications sont infinies.

 

En conclusion

L’utilisation de ces objets doit être rapidement encadrée et se faire dans le contexte d’un suivi médical si les applications sortent du cadre « loisirs ». Il sera dès lors possible de tirer pleinement profit des possibilités offertes. Il faudra également réfléchir à la façon d’aborder ces systèmes aux personnes âgées, car si ces objets facilitent la vie de certains, ils peuvent devenir un enfer pour d’autres.

La médecine est devant un important challenge du XXIe siècle, poussée par les utilisateurs : convaincre les médecins eux-mêmes de l’utilité de ces objets et de la capacité de leurs patients avec eux. Et pas sans eux.

(1) Une législation européenne vise à s’assurer de la fiabilité des capteurs et applications pour certifier leur intérêt. La balance Withings par exemple dispose d’un marquage CE médical, alors que l’application, elle, n’en dispose pas.

(2) DMD Santé, évalue des applications mobiles et objets connectés liés à la santé. Il proposera prochainement un programme d’analyse et de mise en évidence de la qualité des outils en santé mobile.




Crémant du Jura

J’espère que vous avez, malgré les menaces présentes et les incertitudes futures, passé de bonnes fêtes de fin d’année, pour lesquelles le champagne, boisson de la joie, de l’amitié et de la gaité, a pris toute sa place. Pour ma part, crise et retraite obligent, j’ai dégusté (outre, tout de même, quelques verres de champagne) plusieurs vins effervescents qui m’ont confirmé la qualité et les progrès constants de cette production. Parmi ceux-ci, le Crémant du Jura, élaboré par le domaine Labet, m’a, tout particulièrement, séduit.

J’avais déjà vanté sur notre revue en ligne la qualité du chardonnay ouillé La Bardette du même producteur, et force est de reconnaître qu’il excelle également avec ce crémant.

Le domaine Labet est situé à Rotalier dans le Révermont, à la pointe sud du vignoble jurassien réputée pour ses chardonnays. Depuis 2013, les Labet parents et enfants, après une courte dissidence du fils Julien, ne forment plus qu’un seul domaine conduit par la fratrie formée de Julien, Romain, Charline, mais le crémant reste vinifié par le père Alain.

Parti de 9 ha en 1974, le vignoble ne s’est que modestement étendu à 13,5 ha, mais s’est tourné, sous l’impulsion de Julien, farouche militant, vers une culture bio, puis biodynamique. Actuellement, 3 ha de vignes sont certifiées Ecocert depuis 2013, les autres sont en cours.

Les sols sont bêchés au printemps, les ceps butés de janvier à avril, des griffages de mai à juillet maîtrisent l’herbe. Les traitements excluent tout produit chimique et engrais, utilisent le soufre, et le cuivre à faibles doses, le petit lait, les tisanes d’orties, de prêles, d’osiers.

La spécificité du domaine est l’approche parcellaire : une cuvée, issue d’une seule vigne, laisse ainsi s’exprimer la personnalité d’un cépage, d’un lieu, d’un sol, d’un terroir. Tous les vins sont produits par une fermentation spontanée grâce aux levures indigènes présentes naturellement, mais différentes d’une parcelle ou d’un millésime à l’autre influençant donc la personnalité et l’expression de chaque cuvée.

 

Un vin non millésimé

L’AOC Crémant du Jura, obtenue en 1995, impose des vendanges manuelles, un transport en caisses percées, un pressurage par grappe entière. Ce vin effervescent est obtenu, comme le champagne, par une double fermentation, dénommée « méthode traditionnelle ». La première fermentation, essentiellement en cuve inox, suivie d’un élevage, sur lie, en foudre pour 79 % et fûts anciens pour 21 % pendant 8 à 10 mois, permet d’obtenir un vin sec et tranquille très peu brassé, non soutiré. Les raisins proviennent de vignes de 28 à 50 ans, de 6 parcelles assemblées sur des terroirs argileux du Lias et calcaires Bajocien. L’assemblage final comporte 95 % de chardonnay et 5 % de pinot noir.

Après l’élevage, est opérée la « prise de mousse ». Le vin de base est mis en bouteille hermétiquement close après ajout de levures et sucre. Le gaz carbonique ne peut s’échapper pendant cette deuxième fermentation et forme des bulles. Les bouteilles sont stockées sur lattes pendant 12 mois, puis dégorgées en remplaçant le dépôt de levures constitué dans le goulot par une liqueur d’expédition composée de vin, sans rajout de sucre donnant, pour ce crémant, la qualification d’un brut nature non dosé. Même si les bouteilles ne sont pas millésimées, le vin de base est issu d’une seule année.

Ce crémant du Jura de Labet comble, à l’instar du champagne, toutes les sensorialités !

Plaisir de l’ouïe : le murmure des bulles harmonise une musique apaisante.

Plaisir de l’œil : la belle robe jaune d’or pâle fait miroiter les fines colonnes de bulles pétillantes, légères, et intenses.

Plaisir du nez : les arômes très riches de raisin muscaté, de fleurs blanches aubépine, chèvrefeuille, de fruits exotiques, ananas, mangue sont magnifiés par de légères notes oxydatives de fruits secs : noix de cajou, noisettes, de champignons, de curry typiques des vins du Jura.

Plaisir de la bouche : l’arrivée des bulles contre la langue est vive, fraîche, désaltérante.

Ce vin effervescent, expressif, puissant et très sec ne copie pas un champagne, mais exprime parfaitement ses origines terriennes jurassiennes.

 

Une merveille pour les poissons fumés

Ce crémant est un merveilleux vin d’apéritif, vin de soif ouvrant les papilles gustatives, sans les charger en sucre avec juste sa petite pointe d’acidité. Ses bulles, sa discrète oxydation accompagnent à merveille poissons fumés, en particulier le saumon, surtout s’il est tranché dans le gras du dos. Il est recommandé par le chef local Marc Tupin pour sa préparation de tartare de truite rose du Jura sur caviar d’aubergines et perles du Japon. Il séduira en compagnie de grosses langoustines croustillantes au pistou. En raison de son acidité, ce vin s’avère difficile sur un dessert en dehors de ceux peu sucrés à base de fruits : granité de cerises au sabayon de macvin, soupe de fraise à la crème fouettée.

Cet élégant effervescent, servi frappé autour de 8°, fait pétiller tous les instants de convivialité. Laissez-vous entraîner par la danse délicate de ses bulles chatoyantes qui caressent le palais, d’autant que son prix, inférieur à 9,00 euros, est tout aussi doux.

Crémant du Jura – Domaine Labet 39190 Rotalier




La bataille de lépante en stuc par giacomo serpotta (1656-1732) ou la mansuétude du baroque

La bataille de Lépante du 7 octobre 1571 est l’une des plus grandes batailles navales de tous les temps et « le plus retentissant des événements militaires du XVIe siècle, en Méditerranée. C’est une énorme flamme et nous la voyons encore brillante malgré quatre siècles de recul » (Braudel). 

salle_600L’endroit, situé dans le golfe de Patras, sur la côte nord-ouest du Péloponnèse, fait référence à l’ancienne base navale athénienne (Ve siècle av. J-C) de Naupacte, devenue Lépante depuis le Moyen-âge, et située en regard du détroit occidental de l’isthme de Corinthe. Un événement aussi considérable ne pouvait pas échapper à de nombreuses représentations picturales dont celle de Véronèse (1528-1588) à Venise et de Vasari (1411-1574) au Vatican, représentant les galères rangées comme à la parade avant l’engagement ou au contraire dans un chaos infernal et meurtrier.

L’une des figurations les plus originales est celle faite en stuc, à Palerme, par le sculpteur sicilien Giacomo Serpotta (1656-1732) dans la décoration de style baroque de l’Oratoire du Rosaire (*) de Santa Zita (ou Cita) construit en action de grâce pour la protection accordée par la Vierge.

 

La bataille de Lépante : de la réalité au stuc

bateau_600La bataille de Lépante s’inscrit dans un conflit entre les Ottomans et les Chrétiens et plus particulièrement la République de Venise, avec comme enjeu le contrôle de la méditerranée, lieu de razzias et de piraterie incessantes ; le facteur déclenchant est la prise de Chypre (1570) par les Ottomans avec le massacre de la population de Nicosie et le martyre de son gouverneur Marco Antonio Bragadin (1523-1571) dont la résistance héroïque donnera le temps à la Sainte Ligue, imposée par le pape Pie V, d’organiser la flotte chrétienne mais sans la France qui était alors l’alliée de la Sublime Porte. C’est le 7 octobre 1571 que vont s’affronter 100 000 hommes, l’équivalent d’une énorme ville de l’époque.

D’un côté l’armada turque, venant de Lépante, avec des galères, des fustes à voiles et à rames et des galiotes rapides mais faibles en artillerie, sous le commandement relatif d’Ali Pacha, gendre du sultan Selim de Constantinople et, de l’autre, la flotte chrétienne venant de Messine puis de Corfou, sous le commandement plus homogène de Don Juan d’Autriche (1545 ou 1547 -1578), fils naturel de Charles Quint et demi-frère du roi d’Espagne Philippe II qui l’a désigné comme chef de la Sainte Ligue comportant plus de 200 galères espagnoles, génoises, pontificales mais aussi maltaises, savoyardes et de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, avec des navires de soutien et, surtout, six galéasses vénitiennes, Galeazza Grossa, grosses galères munies de canons fixés aux navires, qui foudroyèrent les galères turques pourtant plus nombreuses et plus maniables.

Avant la fin de cette journée fatidique, la victoire revint aux Chrétiens avec la libération de 15 000 galériens chrétiens mais fit de l’ordre de 60 000 morts et blessés de telle sorte que « la mer paraissait rouge aux yeux des combattants » parmi lesquels un simple arquebusier dénommé Miguel de Cervantes (1547-1616) qui y laissera la fonction de sa main gauche et y gagna le surnom de « manchot de Lépante ».

 

L’oratoire du Rosaire de Santa Zita

fenetre_900L’oratoire du Rosaire est un petit édifice accolée à l’église éponyme dans le quartier de la Loggia de Palerme ; il s’agit d’une salle rectangulaire aux parois entièrement recouvertes de stuc avec des encadrements entourés d’angelots et de figures allégoriques représentant les mystères du Rosaire dont la Résurrection, l’Ascension et le Couronnement de la Vierge entourant la représentation de la bataille de Lépante.

Le stuc utilisé par Serpotta, dont la technique remonte à l’antiquité, est un mélange de chaux éteinte obtenue par action de l’eau sur la chaux vive issue de la cuisson de pierres calcaires, de sable fin en y incorporant des liants d’origine animale ou végétale sur un treillis de fils de métal et de bois. Il s’associe une innovation fondamentale, dénommée « allustratura » sous forme d’une dernière couche à base de chaux et de poudre de marbre, conçue pour donner plus d’éclat et de blancheur aux sculptures dont le réalisme laisse le spectateur littéralement pétrifié selon l’expression italienne particulièrement adaptée en l’occurrence « restare di stucco ».

Serpotta a représenté une version simplifiée de la bataille navale sous des nuées orageuses où siège une Vierge entourée d’anges, avec un Enfant Jésus turbulent, et dont l’intercession est implorée par un moine ; des fortins dorés sur des promontoires rocheux suggèrent la proximité de la côte incluant l’île d’Oxia qu’avait longée la flotte chrétienne avant de se dévoiler progressivement à la flotte turque. Sur une mer formée, s’affrontent des galères dont « les longues rames pendent, parallèles et inertes, dans la mer », avec du côté droit trois galères ottomanes et une galiote ; du côté gauche trois galères chrétiennes avec un navire de soutien et, entre les deux, se situent deux galéasses vénitiennes reconnaissables à leurs trois mâts et à leur puissant gaillard d’arrière doré.

Des oriflammes flottent aux sommets des fortins et des mâts des navires avec une orientation vers la droite suggérant que la flotte chrétienne évolue vent arrière avec quelques petits personnages à la manœuvre dans les gréements, soulignant la minutie de la composition qui apparaît conforme au fait que les Chrétiens étaient à l’ouest alors que les Ottomans étaient rangés à l’est.

En-dessous de la scène, sont assis deux jeunes garçons habillés en paysans, de part et d’autres de trois arquebuses à mèche ; à droite un jeune Turc blessé et affligé s’appuyant sur un turban, « la Défaite musulmane » et à gauche un jeune chrétien s’appuyant sur un heaume, « la Victoire chrétienne », fier et songeur mais qui ne se réjouit pas : la Chrétienté a vaincu mais l’humanité est en deuil et cette bataille navale effrayante par son ampleur n’empêchera pas la perte de Chypre, pourtant casus belli, par les Vénitiens.

Même si les conséquences historiques de cette bataille navale hors normes ont fait l’objet de controverses, il n’en reste pas moins qu’elle a porté un coup d’arrêt indéniable à l’expansionnisme ottoman et qu’elle préfigure la fin des flottes de galères au profit des vaisseaux de ligne et des galions armés de canons. La représentation de la bataille de Lépante est un détail émouvant parmi les intérieurs stuqués des oratoires palermitains par Giacomo Serpotta que l’historien d’art Rudolf Wittkower (1901-1971) a comparé à « un météore dans le ciel sicilien » ayant contribué au fait que « le sentiment du merveilleux est rarement absent du Baroque ».

(*) Rosaire, de rosarium : guirlande de fleurs, en référence au grand chapelet de prières.

 

Bibliographie

  • Arrabal F. Un esclave nommé Cervantès. Plon 1996
  • Boucher B. La Sculpture baroque italienne. Thames & Hudson 1999
  • Braudel F. Autour de la Méditerranée. Ed. de Fallois 1996
  • Bucaro G. Palazzoto P. Il Serpotta di scena. Regione Siciliana 2013
  • Fernandez D. Le Radeau de la Gorgone. Promenades en Sicile. Photos de Ferrante Ferranti. Le Livre de Poche 1989
  • Heers J. Les Barbaresques. Tempus 2008
  • Lebédel C. Histoire et splendeurs du Baroque en France. Histoire Ouest-France 2003
  • Morel Ph et al. L’Art italien de la Renaissance à 1905. Citadelles & Mazenod 1998
  • Remerciements au Dr Philippe Rouesnel pour sa visite guidée de Palerme

 

Giacomo Serpotta (1656-1732) est considéré, bien qu’il soit injustement méconnu, comme l’un des plus grands sculpteurs européens du XVIIIe siècle ; il fait partie d’une famille de sculpteurs et de stucateurs puisqu’il naît à Palerme d’un père ouvrier en marbre qui, condamné pour rixe, mourra aux galères en 1670 ; Giacomo n’a alors que 14 ans et ce traumatisme a pu avoir une influence sur son œuvre ultérieure ; son frère et son fils unique, Procopio (1679-1755), seront aussi sculpteurs mais de moindre importance. Une grande incertitude persiste quant à sa formation artistique ; peut-être a-t’il rencontré Le Bernin âgé (1598-1680) à Rome lors d’un voyage d’étude ? encore qu’il est plus probable qu’il ne connaissait le Baroque que par l’intermédiaire de gravures ou d’artistes formés sur le continent et il semble même qu’il n’ait jamais quitté la Sicile où il a travaillé toute sa vie à la tête d’un atelier familial prospère, d’où la « réputation d’un artisan local plutôt que d’un artiste européen » peu propice à la postérité. Contrairement à ses prédécesseurs locaux dont la facture apparaît assez médiocre, Giacomo Serpotta a donné ses lettres de noblesse au relief en stuc avec une délicatesse et une qualité du niveau de la grande sculpture monumentale.

 

Les sculptures de Giacomo Serpotta. Ce n’est pas dans les musées qu’on peut admirer les sculptures de Giacomo Serpotta mais dans les plus importantes églises et oratoires de Palerme où il travaille à partir de 1686 jusqu’aux années 1710 avec plusieurs interruptions. On y voit une  profusion de personnages incluant des putti espiègles qui sont véritablement les acteurs de la représentation sacrée et qui « jouent même à dormir et à mourir » avec des guirlandes, des mouvements tumultueux et des drapés si caractéristiques du Baroque, de telle sorte que les parois semblent animées d’un véritable « bouillonnement de formes blanches » au sein duquel peut se glisser un petit reptile en guise de signature symbolique.




Comment formater et/Ou restaurer son ordinateur

Reformater ou restaurer un ordinateur peut vite devenir fastidieux si vous ne vous y êtes pas préparé, tant dans votre système de sauvegarde que dans les procédures à suivre.

Côté Pomme

Performance, mise à jour, nouveautés,… Apple, comme tous les autres constructeurs, sort chaque année de nouveaux modèles. Le vôtre sera un jour obsolète et il faudra bien vous résoudre à vous en séparer pour un tiers.  Il faut donc la vider de ses données et la préparer avec une installation propre. Depuis la disparition du CD, il est possible de tout faire depuis son clavier. Il faut bien sûr être connecté sur le net pour réinstaller Mac OS X.

Une sauvegarde tout d’abord

Dans un premier temps, il faut sauvegarder vos données importantes sur un disque externe (Ndlr : un système de sauvegarde devrait déjà être en service sur votre machine). Une fois votre sauvegarde effectuée, redémarrer en maintenant appuyée la touche « ALT ». Sélectionnez le disque recovery et attendre le démarrage dans le menu déroulant, choisissez « Utilitaire de disque », puis repérez votre disque dur (si vous avez plusieurs disques ou partitions). Allez sur l’onglet « Effacer » et sélectionnez « Mac OS étendu (journalisé ». Cliquez sur « Effacer ».

Une réinstallation ensuite

Une fois le disque dur formaté, redémarrez à partir du système de restauration en  maintenant les touches Commande + R enfoncées au démarrage jusqu’à l’affichage du logo Apple. Lancez ensuite la restauration en sélectionnant : « Réinstaller OS X ». Vous n’avez pas d’autres choix que d’accepter les conditions d’utilisation, puis sélectionnez le disque destiné à installer le système OS X. Choisissez un réseau Wifi. Apple vérifie l’admissibilité auprès des serveurs. Vous n’avez que… quelques heures à attendre et vous aurez un Mac tout neuf ! Ce tutoriel marche pour tous les appareils Apple.

Côté fenêtre

Dans le même ordre d’idée, vous pouvez restaurer votre OS sur une machine PC. Vous avez la possibilité de vous faire expédier le CDrom d’applications (en payant) ou en trouvant sur le disque dur une partition (la plupart du temps cachée) qui vous permettra une restauration complète (en général, elle se nomme PQ SERVICE).

Elle contient votre version de Windows, les pilotes des périphériques et une multitude de logiciels.

Suivant les marques de votre PC, il existe des raccourcis pour y accéder. Mémorisez-les dès l’achat de votre machine afin de ne pas être pris au dépourvu.

Enfin, que vous ayez un Mac ou un PC, vous avez tout intérêt à faire des sauvegardes régulières, la plupart des fabricants ont prévu un outil spécifique pour cela et vous éviteront de criser au premier arrêt intempestif de votre disque dur.