Faugères : Domaine Saint-Antonin Magnoux 2010

Magnoux370 – Gros rouleurs de mécanique, potions « high-tech » généreuses à haut indice d’éthanol, tels étaient les reproches habituellement adressés aux vins rouges du Languedoc… Mais de jeunes viticulteurs talentueux, ainsi que nous l’avons déjà signalé (Le Cardiologue 312 et 334), ont totalement modifié ces jugements, en confectionnant des vins modernes privilégiant la finesse, l’élégance et la fraîcheur au détriment de la puissance brute, du punch et du degré alcoolique grâce à la prédominance des cépages rhodaniens, syrah, grenache sur les méditerranéens, carignan, cinsault.

Le domaine Saint-Antonin illustre parfaitement cette évolution signant, pour Parker, l’un des meilleurs vins du Sud de la France. Frédéric Albaret, après plusieurs années d’expériences viticoles à Châteauneuf et en Languedoc, prend la décision de créer « ex nihilo » son domaine en 1994 d’une superficie initiale de 14 ha, montée actuellement à 26 ha, dans l’aire d’appellation Faugères sur le terroir schisteux typique de la région qui apporte gourmandise et suavité aux vins. Après avoir, des années durant, cassé le schiste de ses propres mains, ce vigneron passionné voit sortir de terre, en 2000, un tout nouveau chai et une cave de stockage incrustés dans la colline. Les vignes, plantées en plateau, sont bien exposées, mais cependant relativement protégées de l’ensoleillement intense.

Frédéric Albaret procède à une viticulture entièrement naturelle certifiée bio depuis 2012, éliminant tout intrant chimique, gardant son sol bien vivant. La taille est en gobelet, sauf pour les syrahs en cordon de Royat. Les terres non désherbées sont labourées, un ébourgeonnage strict limite les rendements à 25 hl/ha, évite les vendanges au vert et aère les souches. Un léger effeuillage pendant l’été peut s’y associer.

Les vendanges manuelles en cagettes font l’objet d’un double tri sur table. Les raisins, sauf les mourvèdres, s’ils ont souffert de la chaleur, sont totalement éraflés, pressurés pneumatiquement et macèrent dans des cuves de 80 hl. La fermentation par levurage naturel s’étend sur 1 mois avec une extraction douce, sans sulfitage, grâce à un léger remontage journalier, pour humidifier le chapeau, sans pigeage, ni bâtonnage. L’élevage dure un an en foudres et demi-muids, puis une année supplémentaire en cuve avec un sulfitage minimal : légère filtration avant la mise en bouteilles, sans collage. L’assemblage varie selon les millésimes, pour le Magnoux 2010 : 70 % de syrah, 20 % de mourvèdre, 10 % de grenache.

Une invitation pour flâner au milieu de la garrigue

Parée d’une robe sombre rubis profond, aux reflets et disques pourpres limpides, aux larmes abondantes, cette cuvée Magnoux 2010 donne d’emblée l’impression de flâner dans la garrigue, puis de pénétrer doucement dans un jardin d’épices. Une profusion de fruits noirs, cassis, confiture de mûre, d’herbes de Provence, thym, origan, d’épices, cannelle, poivre noir, réglisse envahissent le nez. En bouche, ressortent, dans une richesse profonde et moëlleuse, des saveurs de viande rôtie, de noyaux de fruits, d’iode, de poussière minérale procurant une sensation douce-amère intense, mais avec beaucoup de fraîcheur qui masque parfaitement le 14,5 degré d’alcool. Les tanins, malgré la forte charpente, sont d’une grande finesse et le boisé fondu presqu’imperceptible. Sa longue finale tapisse le palais avec raffinement.

Ce vin, par ses arômes de garrigue et de fruits noirs, convient parfaitement à un jambon de montagne ou un ballota espagnol accompagné d’une salade de tomates à l’huile d’olive. Grâce à ses notes sudistes, il épousera avec délice toutes les recettes traditionnelles du midi : lapin au thym, carré d’agneau au romarin et artichauts, caille à la tapenade, daube provençale. Servi frais, il accompagnera grillades, pièce de bœuf, poulet rôti, viandes blanches. Doté d’un très bon potentiel de garde, il pourra attendre 5 ou 6 ans, pour fêter un gibier à poil ou un faisan au raisin. Gardez un fond de verre pour un dessert au chocolat.

Il faut impérativement carafer ce vin, dont le moindre attrait n’est pas le remarquable rapport qualité/prix.

Laissons conclure Frédéric Albaret : « le premier talent du vigneron est de produire du vin qui se boit. Le plus important, en définitive, ce n’est pas l’appellation, mais la personnalité du vin et du vigneron qui est derrière ».

J. Helen

Faugères : Domaine  Saint-Antonin Magnoux 2010

Frédéric Albaret – 34480 Cabrerolles




Ils ont perdu la raison

370 – Il y a longtemps qu’on ne présente plus Jean de Kervasdoué : cet ingénieur agronome, économiste de la santé, ingénieur des ponts et des forêts, avait été nommé directeur des hôpitaux sous François Mitterrand et introduit à l’hôpital le PMSI, lui-même à l’origine de la tarification à l’activité.

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Auteur de nombreux ouvrages sur l’écologie politique et la santé, il exprime une vision volontiers critique de notre système de santé auquel il reproche, entre autres, son excès de centralisation et le manque d’autonomie de ses hôpitaux. Dans les prêcheurs de l’apocalypse, il dénonçait déjà les manipulations dont certains acteurs de l’écologie faisaient leur fonds de commerce et jouaient sur la peur du public pour bloquer certaines innovations.

L’erreur du principe de précaution

Avec ce livre « Ils ont perdu la raison », l’auteur va plus loin : homme de gauche, comme il se plait à le répéter, il reproche à sa famille politique (ce sont eux les « ils » du titre) d’avoir cessé de croire au progrès ; et s’il se laisse parfois emporter par la force de sa conviction, il faut reconnaître que sa lutte contre la pensée unique est solidement argumentée.

Très critique vis-à-vis du principe de précaution dont l’inscription dans la constitution lui paraît une grave erreur, il passe en revue, pour les combattre, les faux dangers qui servent à affoler les populations et surtout à refuser le progrès.

Citant des ONG, « aussi non gouvernementales que non scientifiques qui manipulent l’opinion avec l’appui de la presse » et des politiques qui légifèrent en se substituant aux experts, tels Mme Duflot qui affirme sans rire que les moteurs Diésel sont responsables de plus de 40 000 morts par an, soit plus que le tabac, l’auteur montre bien qu’il est au bord de l’exaspération.

Oui, affirme-t-il, les risques de la pollution atmosphérique ou de la pollution de l’eau sont nettement surestimés dans notre pays.

Non, à ses yeux, les OGM ne sont pas des poisons, ne serait-ce que parce qu’il en existe autant de variétés que de plantes sauvages qui ne sont pas toutes vénéneuses, et surtout parce que près d’un milliard d’êtres humains en consomme sans nuisance patente.

Oui, les pesticides peuvent être dangereux mais, conçus pour tuer des « pestes » qui ravagent les cultures et produisent des toxines autrement plus maléfiques, leur bilan, s’ils sont utilisés prudemment, est globalement positif.

Jean de Kervasdoué condamne également les idées reçues sur l’énergie nucléaire, non polluante et bénéfique, avant de terminer sur la santé, son domaine de prédilection. Rappelant que les connaissances doublent tous les trois ans et que plus de 700 000 articles sont publiés chaque année dans des revues à comité de lecture, il n’hésite pas à accuser les lenteurs de l’accès aux innovations aussi bien que la liberté de prescription, qu’il estime obsolète et dangereuse.

Bref, conclut-il, les politiques ont perdu la raison car ils ne croient plus à la force du raisonnement scientifique et de l’expérience, mais cherchent à plaire à l’opinion publique au lieu de rechercher l’intérêt général.

Un livre décapant, qui se lit volontiers d’une seule traite.

Yves Carat




Sacré monde « géoconnecté »

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© Google

368-369 – Pascal Wolff – Depuis un an, 10  000 GoogleGlass, les lunettes de Google, circulent aux Etats-Unis aux yeux d’américains férus de nouvelles technologies. Malgré de nombreux problèmes de développement qui en auraient retardé sa sortie, la commercialisation devrait avoir lieu outre-Atlantique au premier semestre 2014 et en 2015 en Europe, si toutes les barrières techniques et juridiques sont levées.

La GoogleGlass au look pas franchement classique pour des lunettes, intègre un objectif, un haut-parleur, deux microphones, un accéléromètre, un gyroscope, un compas et des connexions bluetooth et wifi.

Le smartphone devenu obsolète

Avec GoogleGlass, votre smartphone restera dans votre poche. Au mieux, il pourra vous servir de relais si le wifi n’est pas présent là où vous êtes (d’où la connexion bluetooth), au pire, il vous servira de téléphone, comme au bon vieux temps.
Concrètement, l’utilisation de ces lunettes est simplissime, car elles vous obéissent à la parole :

– Dites « prendre une photo » et l’appareil obéi. Dites « prendre un film » et l’appareil filme. Et tout cela peut être directement partagé avec vos amis.

– Le guidage GPS est obtenu en surimpression sur votre lunette (ce que l’on appelle la réalité augmentée [1])

– Toutes les fonctions audio sont présentes avec enregistrement d’un message et l’envoi à un correspondant,

– S’informer sur un lieu, un objet, une personne (comme vous le feriez chez vous) ;

– Obtenir des informations ou une traduction instantanément…

Avec ses données GPS, GoogleGlass, en vous localisant constamment, n’a pas besoin de vous pour vérifier si le vol que vous allez prendre est à l’heure lorsque vous arrivez à l’aéroport, car il anticipe vos faits et gestes.

Bienvenue dans l’univers de Google

Les possibilités sont sans limites dans le monde semi-virtuel de Google, et c’est là où le bât blesse.

Tout d’abord parce que ces lunettes font une intrusion permanente dans des lieux publics en toute discrétion, et il y a de bonnes chances qu’un certain nombre de personnes vont se retrouver sur la toile à leur insu.

Ensuite parce que l’utilisateur ne va plus forcément faire la différence entre vie privée et vie réelle tellement la connexion entre les deux mondes va être très mince.

L’ombre de la NSA

Sans être paranoïaque, on peut aisément penser – vu l’approche des Américains et des cyber-connexions (l’ouverture entre la NSA et les grands groupes informatiques et du net) sur notre vie privée – qu’une utilisation quotidienne donnera à Google la possibilité de tout savoir de votre vie, de ce que vous faites, où vous allez, qui vous rencontrez, ce que vous dites, vos marques et produits préférés, celles et ceux que vous détestez, bref vos habitudes… Comment savoir, si vous avez vos lunettes en permanence sur vous (Google Glass pourra être équipée de monture pour vue ou de soleil) qu’un intru s’est glissé à votre insu et visualise tout ce que vous faites ?

La maîtrise de Picasa

Une fois sur le cloud, votre image « volée » sera digérée et intégrée par Google et ses immenses possibilités d’analyse. La reconnaissance faciale, par exemple, fait partie intégrante du monde virtuelle de Google+ qui ressemble plus à un système d’identification qu’à un réseau. De quoi faire frémir les moins sceptiques d’entre nous. Souvenez-vous de la sortie de Google Street View et des protestations qu’elle a engendrée et imaginez chaque personne portant des GoogleGlass engendrant une telle masse d’informations ? N’est-ce pas là une version de Big Brother plus belle (effrayante) que ce qu’on a pu imaginer jusque-là ? Ce n’est plus un gouvernement qui nous épie, c’est chacun de nous qui devient Big Brother.
Alors vous me direz, dès que je vois quelqu’un avec des lunettes, je tournerai la tête. Soit, mais Google prépare déjà le terrain des verres de contact avec puce intégrée. Dans un premier temps, ces lentilles ont été créées pour les diabétiques avec capteur, mais après, une fois que la miniaturisation sera maîtrisée…
Il faudra beaucoup de courage à nos politiciens pour faire de la transprence dans cette nouvelle technologie. Mais va-t’on réellement pouvoir définir un cadre législatif applicable ? Rien n’est moins sûr tant les enjeux et les intérêts sont importants.

L’impact sur la santé

Il y a un certain nombre de questions déjà présentes sur les smartphones qui concernent également l’impact des capteurs et autres antennes WiFi, GPS et Bluetooth. Egalement, quel impact sur la vue et les changements incessants d’accommodation de l’œil droit ? quel impact d’un effort asymétrique des yeux (et du cerveau) ? Des questions pour l’instant sans étude, sans recherche… et sans réponse.

(1) Google a racheté les brevets pour la réalité augmentée à la société taïwanaise Foxconn.

 




Prix Jean Di Matteo

Seance solennelle
Michel Corcilius, en présence du Pr Raymond Ardaillou, Secrétaire perpétuel de l’Académie nationale de médecine.

Notre confrère et ami, le Dr Michel Corcilius, a reçu le 17 décembre dernier le prix Jean Di Matteo traditionnellement décerné à un cardiologue par l’Académie Nationale de Médecine. Ce prix récompense l’ouvrage « Je vous parle du cœur » publié par Michel Corcilius aux éditions Quintessence-Ressources et santé, dont Le Cardiologue avait en son temps chaudement recommandé la lecture.

Toutes nos félicitations à l’heureux lauréat.

La rédaction.




Biostatistiques pour le clinicien

generisches buch 1368-369 – Yves Carat – L’innovation est la base des progrès de la Médecine. Pour autant, l’évaluation de ces innovations est capitale pour éviter de s’engager sur de fausses pistes, c’est-à-dire de réduire le temps où l’on croit faire bénéficier les patients d’un progrès médical alors qu’il n’en est rien. 

 Or, c’est l’analyse statistique qui conduit ces méthodes d’évaluation, indispensable pour les auteurs d’un travail afin de le réaliser avec toute la rigueur nécessaire, indispensable aussi aux lecteurs pour se faire une opinion critique vis-à-vis des publications toujours plus nombreuses qui les entourent et finissent par les submerger.
L’apprentissage de la lecture critique d’articles scientifiques est également l’un des objectifs de l’examen classant national en fin de deuxième cycle des études médicales.
Malheureusement, l’abord des statistiques n’est pas aisé pour un public de non-spécialistes, même pour la plupart des étudiants en médecine issus pourtant dans leur quasi-totalité d’un baccalauréat scientifique.
C’est l’ambition de cet ouvrage d’être accessible à toutes les catégories de lecteurs, en privilégiant la compréhension et l’intérêt des concepts plutôt que leur démonstration mathématique. Il a d’ailleurs l’originalité d’avoir été rédigé par un clinicien, le professeur Michel Huguier, chirurgien digestif, sous le « contrôle » d’un spécialiste, Pierre-Yves Boëlle,  professeur de biostatistiques et ingénieur civil des mines.

Le livre débute par une série de définitions et données fondamentales ; le lecteur qui, assez souvent, n’avait jusque-là en tête que la signification du « petit p » et son niveau pour juger de la significativité d’un essai clinique ou thérapeutique, va recevoir  une avalanche d’informations précises et bien exposées dont la compréhension lui paraîtra désormais indispensable à la bonne évaluation d’un essai : qu’est-ce au juste qu’une variable qualitative ou une variable quantitative ? Quelle est la différence entre « moyenne » et « médiane » et pourquoi privilégie-t-on  souvent la mesure de la seconde ? Quelle est la signification exacte de l’écart type, des variables censurées ? Comment mesure-t-on l’intervalle de confiance ? A quoi sert la loi de Poisson ? Etc., etc. Autant de précisions nécessaires pour qui veut pouvoir désormais disposer de ses propres critères de jugement.

L’ouvrage ensuite, et ce n’est pas la partie la moins intéressante, aborde les conditions de réalisation des essais randomisés, sans faire l’économie d’un chapitre sur les aspects éthiques, réglementaires ou le financement des grandes études, avec le problème, en fait récurrent, de l’indépendance des investigateurs et de l’objectivité scientifique.
Puis sont abordées, avec force détails, les études uni et multifactorielles, et l’intérêt de ces dernières pour répondre à des questions que ne peut, dans certains cas, pas résoudre un essai randomisé.
Les dernières parties sont consacrées aux outils diagnostiques et thérapeutiques, à l’estimation d’un pronostic, et à l’épidémiologie.

Par son accessibilité, sa clarté et – sans doute – son exhaustivité, ces « biostatistiques pour le clinicien » vont réconcilier les praticiens que nous sommes avec les mathématiques et sont à garder en permanence à portée de mains.

Auteurs : Michel Huguier, Pierre-Yves Boëlle
Editeur : Springer Verlag France
Prix public : 55,00 €
Pagination : 300 pages




La palette dite du Tribut Libyen

368-369 – Christian Ziccarelli – La palette à fard dite du Tribut Libyen ou palette des Villes date de la période de Nagada III A-B soit entre 3200 et 3100/3000 avant notre ère. Elle fait partie d’un de ces trésors méconnus par le grand public que recèle le musée du Caire. 

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Les premiers noms royaux. On voit apparaître la multiplication de symboles royaux, associant un ou deux faucons à un ensemble d’autres signes : rectangles décorés dans la partie basse de stries avec un pictogramme, le nom du roi, représentant du dieu faucon – Horus – sur terre.

La civilisation dite de Nagada, du nom d’un site de la Haute Egypte apparaît vers 3800 ans avant J.-C.. Elle est connue grâce au contenu luxueux des tombes témoin déjà d’une croyance dans l’au-delà et du haut degré atteint par l’artisanat.
On distingue trois époques en fonction du type de poterie. Nagada I (3800-3500 av. J.-C.), Nagada II (3500-3200 av. J.-C.) et la période de notre palette, Nagada III (3300-2700 av. J.-C.). Nagada III se divise en Nagada III A-B ou dynastie O (3200-3100/3000 av. J.-C.) et Nagada III C ou première dynastie (3100/3000-2700 av. J.-C.). Nagada III A-B voit l’apparition des premiers « Horus » et la question de l’unification des deux terres de la Haute (le Sud) et de la Basse Egypte (le Nord, le Delta du Nil), l’un des premiers grands états qu’ait connu l’humanité. La palette du Tribut Libyen en serait l’une des illustrations, elle atteste aussi de la naissance de l’écriture et est une évocation du serekh « standard » (voir encadré en fin de page).

 

 

 

 

 

 

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Tombe 100 à Hierakonpolis

De profonds bouleversements sociaux ont eu lieu entre Nagada II et la première dynastie, décrits pour la première fois en 1939 par Petrie, un archéologue britannique. Il avait constaté une véritable rupture marquée par une invasion en Haute Egypte de populations orientales. Les gravures rupestres retrouvées sur la tombe 100 à Hierakonpolis les montrent, sans soucis de réalisme, sur des bateaux à fond plat, chassant ou domptant les animaux sauvages. On découvre une des premières figurations d’un personnage dit le « maître des animaux sauvages » bien connu en Mésopotamie.

 

Vers 3100 avant notre ère, naissent de véritables centres politiques (Abydos, Hierakonpolis) avec l’assimilation progressive du Nord par le Sud dont le point d’aboutissement sera l’unification par le roi Narmer de la Haute et de la Basse Egypte. Pour découvrir la qualité et le luxe de leurs artisanats, il faut se rendre au Louvre pour admirer notamment le couteau de Gebel el-Arak et la palette historiée du roi Narmer.

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Palette du Tribut Libyen

Cette palette réalisée en grauwacke, une pierre noire extrêmement résistante, provient des mines du ouadi Hammamat situées dans le désert arabique entre le Nil et la mer Rouge. Une cuvette centrale servait à broyer les produits cosmétiques. Au cours du temps, elles ont perdu leur fonction utilitaire pour devenir des objets de commémoration ou de culte.
Sur l’une de ses faces au premier registre sont sculptés en bas reliefs des végétaux, puis dans les registres supérieurs une suite de chèvres, d’ânes, de béliers, de bœufs. Est-ce une liste de produits apportés par les vaincus ou une domination de l’homme sur la nature ?
La réponse n’est pas univoque. Les différentes palettes de la même époque sont la démonstration du roi victorieux de ses ennemis, mais aussi du roi dominant le chaos, la nature.
La face principale a été surtout étudiée, très riche sur le plan de l’iconographie. Témoin de la naissance de l’écriture, des premiers hiéroglyphes, elle évoque soit la domination des cités soit leur fondation et le futur serekh par la présence du faucon symbole du roi. Sept bas-reliefs montrent des enceintes crènelées qui enserrent une série de petits carrés et un ou plusieurs signes hiéroglyphiques, probablement des noms de villes (?). Au-dessus de ces enceintes figurent des animaux et des enseignes, pourvus à chaque fois d’une houe, le symbole par excellence en Egypte de la fondation d’une ville (creusement du sillon délimitant la cité). Sur le premier registre on peut observer la figuration d’un faucon « Horus », d’un scorpion et d’un lion, qui sont l’image du ou des rois vainqueurs.
Cette palette est bien l’émergence d’un fort pouvoir royal n’hésitant pas à recourir à la violence pour soumettre les cités. La forme particulière des enceintes rectangulaires aux angles arrondis est à rapprocher des découvertes archéologiques à Abydos et Hierakonpolis.

 

Les premiers hiéroglyphes (une représentation de l’objet via des pictogrammes), listes de comptes ou étiquettes de produits, inscrits sur des plaquettes d’ivoire, de bois ou de papyrus, sont apparus en même temps que la constitution du royaume unifiant Haute et Basse Egypte vers 3000 ans av. J.-C. Au cours du temps les hiéroglyphes vont devenir une écriture de plus en plus cursive, pour finalement avoir un pouvoir magique. Le hiératique apparaît vers 2500 av. J.-C., le démotique vers 700, 650 av. J.-C. En août 1799, lors de l’expédition de Napoléon en Egypte, en creusant des tranchées au fort Julien à Rosette, non loin de la bouche occidentale du Nil, on découvrit un bloc de basalte, dont la face antérieure était gravée de trois sortes d’écritures et de langues, la partie supérieure était écrite en hiéroglyphes, celle du milieu en démotique, celle en dessous en grec. La pierre de Rosette fut traduite par François Champollion en 1822 alors que depuis 300 ou 400 ap. J.-C. on ne savait plus lire les hiéroglyphes…

 

FauconLe serekh

Le serekh se présente comme un rectangle entourant le nom hiéroglyphique du roi, surmonté d’un faucon (symbole du Dieu Horus) et placé au-dessus de la façade du palais royal. Le rectangle pourrait figurer un plan de ce même palais. Ce qui accréditerait la thèse qui voit dans le serekh, à l’instar du cartouche, une protection du nom du roi, contre les forces négatives. Ils apparaissent incisés ou peints dès le début de Nagada III A-B parfois vides, parfois chargés d’un mot illisible.

 

 




Champagne Bonnaire Brut Tradition

368-369 – Jean Helen – S’il y a une activité qui ne connaît pas la crise, c’est celle des producteurs de champagne : leurs prix ont progressé entre 2005 et 2013 entre 27 et 108 % et leur nombre de cols de 100 à 380 millions entre 2001 et 2013. C’est pourquoi, afin d’agrémenter vos fêtes de fin d’année, je vous avais suggéré, les précédentes années, de remplacer les bulles de champagne par d’excellents effervescents : le Vouvray de Breton et le Limoux de Cavaillès.

champagneMais, sous la pression de certains de mes lecteurs, je vous propose de revenir cette année à des champagnes de récoltants manipulants (RM). Lors des différentes crises économiques, de nombreux négociants cessèrent d’acheter des raisins, si bien que les récoltants, devenant RM, apprirent un nouveau métier, celui de vinificateur, se démarquant de la production industrielle des maisons de négoce, pour renouer avec la recherche d’une expression vinicole artisanale plus typée. Effectivement, on découvre, parmi les plus 4500 RM, d’excellents champagnes à des tarifs très intéressants. Ainsi, outre Margaine (Le Cardiologue n° 327), un des meilleurs rapports qualité/prix, je peux vous conseiller, aux alentours de 15 euros départ cave, les flacons de J. Lallement à Verzenay, Lilbert-Fils grand cru blanc de blanc de Cramant, J.-L. Vergnon grand cru Conversation à Mesnil-sur-Oger,

P. Bertrand brut 1er cru à Cumières, Marin-Lasnier sur la Côte des Bar, etc.

Le blanc de blanc, le thème de prédilection de Jean-Louis Bonnaire

J’ai choisi de vous proposer un champagne, dans le même ordre de prix doux, illustrant parfaitement les qualités gustatives des bons RM : le brut tradition non millésimé de Bonnaire. Il s’agit de l’entrée de gamme de ce domaine créé en 1932. Contrairement à nombre de maisons de champagne, celle-ci ne pratique pas le négoce de raisin. Jean-Louis Bonnaire qui a récemment cédé les commandes à ses deux fils, Jean-Etienne et Jean-Emmanuel, possède 22 hectares de vignes, dont la plupart, du cépage chardonnay, s’épanouissent dans la terre sensuelle de Cramant au cœur de la Côte des Blancs. Il est ainsi le plus important propriétaire indépendant de cette appellation grand cru. Par la force des choses, le blanc de blancs, uniquement constitué de chardonnay, est son thème de prédilection, salué par l’un des plus grands experts mondiaux, Richard Juhlin.
La cuvée Brut Tradition est l’une des seules à ne pas être produite en blanc de blancs grand cru, mais assemblée avec les 2 autres cépages champenois : le pinot noir vient de Bouzy et le pinot meunier de l’Aisne, répartis à 30 % pour chacun avec tout de même 40 % de chardonnay grand cru.

Une culture raisonnée

La culture raisonnée du vignoble respecte la nature, le sol et les cépages. Le style Bonnaire, impulsé par Jean-Louis, repose sur un niveau de maturité optimale des raisins et de l’acidité qui garantit le bel équilibre des vins. L’intégrité des raisins est préservée par un pressurage doux et fractionné. La vinification à température basse dans des cuves en inox thermo-régulées du dernier cri comprend une fermentation malo-lactique complète. L’évolution des vins en cuve inox, puis sur lattes, s’étend sur 24 mois (la durée légale est de 12 mois).
Le dosage assez généreux en sucre à 9 g/l est à peine perceptible, ce qui devrait ravir les amateurs lassés des extrabruts trop raides, sans tomber dans la lourdeur d’un champagne trop dosé.
Le verre fait mirer une robe jaune pâle intense, d’une belle brillance, d’où les bulles se dégagent en fines cheminées, sans discontinuité et la mousse trace une écume hyperlégère.

Un Brut d’un équilibre remarquable

Ce Brut Tradition offre un fruité juvénile parfaitement joyeux, d’un équilibre remarquable. C’est l’harmonie qui prime en bouche doublée d’une élégance, d’une finesse et d’une légèreté au palais très appréciables. Aux arômes de fraise, de jasmin, de pamplemousse et de zeste de citron se mêle une note épicée, issue des 15 % de vins de réserve ajoutés à la production de l’année.
Ce travail tout en équilibre confère à ce champagne, une grande polyvalence : idéal pour un apéritif, il épousera une entrée, type gougères, rillettes de colin, saumon fumé avec crème fraîche ou à l’aneth, carpaccio de langoustines, mais sera aussi dégusté avec plaisir, en fin de soirée.
En somme, un champagne accessible à tous les niveaux, mesuré et harmonieux, oserais-je ajouter : sobre, procurant un plaisir simple et immédiat.
Le champagne est la culture de la distinction, aurait dit le PDG de la maison Ruinart. Voilà pourquoi le champagne reste probablement le compagnon indispensable de nos jours !

Champagne Bonnaire Brut Tradition – 51530 Cramant

 




Cœur et travail ou comment concilier maladie cardiaque et activité professionnelle. 2e édition

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367 – Salué comme il se doit par Le Cardiologue à sa sortie en 2012, l’ouvrage « cœur et travail » fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle édition.

Rédigé comme le précédent sous la direction du Dr Bernard Pierre, l’ouvrage mérite à nouveau qu’on parle de lui car il fourmille d’informations inédites et précieuses pour tous les lecteurs désireux d’approfondir leurs connaissances en matière de droit du travail au service des patients.
Les relations entre praticien soignant et médecin du travail sont impératives, peut-être plus encore en pathologie cardiovasculaire, et c’est toute l’originalité de cet ouvrage de mettre en lumière et en situation le rôle de chacun.
Ce livre réunit en effet médecins du travail et cardiologues autour des grandes pathologies cardiaques et vasculaires, abordées de façon claire et didactique tout au long des chapitres successifs.

Des nouvelles rubriques très intéressantes

Le plan de l’ouvrage n’est pas modifié : les auteurs décrivent les différentes situations pathologiques, le moyen de (parfois) les prévenir – c’est toute la place de la consultation dite préventive –, la gestion de la reprise du travail, de la question souvent épineuse du maintien à l’emploi, et le suivi des patients dans leur phase « chronique ». Les différentes pathologies sont illustrées de plusieurs cas cliniques qui soulignent bien la difficulté de la lutte contre la désinsertion professionnelle, et la nécessaire coopération multidisciplinaire, encore plus justifiée chez ce type de patients.
Mais l’intérêt, pour ceux qui ont déjà lu le livre initial, réside dans ses nouvelles rubriques. Parmi les nouveautés présentes dans cette deuxième édition, citons la très intéressante partie qui traite de l’imputabilité des accidents cardiovasculaires au travail, rédigée par un juriste spécialisé en droit du travail ; citons aussi le chapitre « drogues sociales et activité professionnelle » dans lequel Jean Gauthier, cardiologue et expert auprès de l’agence française de lutte contre le dopage, nous dresse un panorama exhaustif de la consommation des substances toxiques, de leur retentissement sur l’activité professionnelle mais aussi sur le rôle – encore plus difficile, on s’en doute, dans ces cas précis – du médecin du travail ; citons également la thématique autour de la place de l’équipe paramédicale en réadaptation dans la reprise du travail après un événement cardiovasculaire.
Cette nouvelle édition mise à jour et considérablement enrichie (près de cent pages supplémentaires) bénéficie, comme la première, de l’expérience et de la compétence des nombreux experts dont Bernard Pierre a su encore une fois s’entourer. Sans nul doute, le succès éditorial sera – à nouveau – au rendez-vous.

Auteurs : Sous la direction du Pr Bernard Pierre – collectif
Editeur : Frison-Roche
Prix public : 49,00 €
Pagination : 387 pages

Sommaire

I – Prendre en charge les urgences cardiovasculaires

II – Prévenir et dépister les maladies cardiovasculaires

III – Mettre en place une prise en charge psychosociale

IV – Reprendre une activité professionnelle

V – Suivre un patient stabilisé

VI – Situations particulières et leur prise en charge




La Dame d’Auxerre

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Statuette féminine dite «Dame d’Auxerre ». © Musée du Louvre

367 – La Dame d’Auxerre est un des chefs d’œuvre de l’art grec archaïque conservé au Musée du Louvre. Une sculpture de petite dimension (75 cm) remontant entre 640 et 620 avant notre ère, donc à l’époque dite archaïque.

Une découverte rocambolesque

Cette statue était utilisée comme décor d’opérette, le concierge du théâtre d’Auxerre l’ayant acquise en 1895. Disposée dans les réserves du musée local, elle est finalement repérée par Maxime Collignon, archéologue, un grand spécialiste l’art grec. En 1897, elle intègre le musée du Louvre en échange d’un tableau d’Henri Harpignies (1819-1916), peintre de l’Ecole de Barbizon. Par contre, nous n’avons aucun document sur son origine et sa présence à Auxerre.

Le contexte historique

Il est de nouveau favorable à l’apparition d’une sculpture monumentale. Les cités états (la ville et son territoire adjacent) sont une réalité, le pouvoir politique est aux mains de l’aristocratie. Athènes, Sparte, Corinthe sont de grandes métropoles. L’iliade et l’Odyssé sont les livres « de chevet » de l’élite. Apprise par cœur, l’œuvre d’Homère était la base de l’éducation des Grecs. La Théogonie d’Hésiode, poète de Béotie vers le VIIe siècle avant notre ère, raconte dans un long poème, les origines du monde et des dieux. La religion, la mythologie impactent chaque acte de la vie quotidienne de la cité et des individus.

Une stricte frontalité, une représentation hiératique

La Dame d’Auxerre, œuvre majeure de l’art dédalique archaïque, est une des rares sculptures de cette époque reculée où la Grèce venait d’émerger d’une période qualifiée par les historiens de « Dark Age ». C’est une sculpture en calcaire gris jaunâtre, de petite taille, en parfait état, seuls manquent le nez et le côté gauche du visage.
Debout sur un socle quadrangulaire, le bras gauche tombe verticalement le long du corps, le bras droit est replié sur la poitrine. Couverte par une sorte de pèlerine retombant sur les épaules, elle est vêtue d’une longue robe étroite, une ceinture à large boucle enserrant la taille. Le haut de la poitrine laisse apparaître son anatomie. Les pieds nus et joints, dépassent du bas de la robe. Le dos de la statue a fait l’objet d’une grande attention de la part de l’artiste, une ronde-bosse pouvant être vue de tout côté.
Caractéristique de l’art dédalique, le visage en U est souligné par un léger sourire, le nez est épais, la bouche charnue, au-dessus d’un menton saillant. La chevelure parfaitement symétrique tombe de chaque côté du visage sur les épaules, en boucles striées horizontalement, évocatrice des perruques de l’Egypte. Le front est bas, les deux paupières ourlées contiennent un globe oculaire assez aplati. Les mains, avec de longs doigts, sont disproportionnées, sans doute de façon conventionnelle.
La robe est incisée par une large bande médiane avec des carrés inscrits. Des traces de couleur rouge sur le buste sont le témoin qu’elle était peinte de couleurs vives. 

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Statue en marbre avec dédidace de Nicandre de Naxos 640 av J.-C. © Musée Archéologique national d’Athènes

« C’est probablement en Grèce que le style dédalique naît et connaît un développement rapide avant de se répandre dans le Péloponnèse, où Corinthe, Argos et Sparte constituent les principaux centres de production jusqu’à la fin du VIIe siècle ». Une origine qui a la faveur actuelle des historiens d’art, du fait de la matière (calcaire crétois) et des œuvres très proches artistiquement retrouvées à Dedros, à Gortyne, Printas en Crète. Une ressemblance encore plus frappante avec la statue en marbre dédiée à Artémis par Nicandré retrouvée à Naxos et aujourd’hui au musée archéologique d’Athènes.
Quant à l’image représentée, elle reste hypothétique. Le geste rituel du bras droit replié sur le sein droit, évoque le geste d’adoration des déesses de la fécondité en particulier de l’Astarté syrienne. Ce serait un ex-voto offert à cette déesse.

Bibliographie

[1] L’art grec, Roland Martin. Encyclopédies d’aujourd’hui, La Photothèque. 1994
Histoire de l’art antique : l’art grec, Be [2] rnard Holtzmann, Alain Pasquier. Petits manuels de l’école du Louvre. 2011. Réimpression de l’édition de 1998.
[3] Mer Egée Grèce des Iles. Catalogue exposition 1979. Editions de la Réunion des Musées Nationaux. 
[4] Naissance de l’Art Grec, Pierre Demargne. L’univers des Formes. 1985.
 

L’art dédalique du nom de Dédale, artiste mythique, marque le passage de la petite statuaire géométrique aux premières manifestations de la grande sculpture. Diodore de Sicile nous apprend que cet artiste de grande renommée vivait à Athènes. « Il excellait dans la fabrication de statue, un inventeur de bien des techniques qui firent progresser son art ; la légende rapporte que toutes les statues faites de sa main étaient tout à fait semblables à des êtres vivants ; elles conservaient si bien toutes les dispositions du corps naturel que l’image faite par lui pouvait recevoir un souffle de vie ». Selon André Chastel « belle définition des progrès réalisés dans la période suivante, qui a crée la grande statuaire avec les types célèbres du couros et de la coré ». En fait une notion, inventée au début du XXe siècle pour qualifier les créations plastiques du VIIe siècle av. J.-C.

 

 

Chronologie

– Age du bronze (ca 3250-1100) Disparition du système palatial mycénien (1200). Abandon de l’usage de l’écriture. Très peu de nécropoles.

– Age du fer : Proto-géométrique : 1050-900, Géométrique : 900-720/700.
Période sans documentation « The Dark Ages ».

– Époque archaïque :

700/720 – 490 (fin de la 1ère guerre médique), 480 (fin de la seconde guerre médique – ou 479 – l’année véritable de la fin des guerres médiques)
720-600 : période orientalisante.
Réorganisation de la Grèce avec l’apparition des cités qui marque l’éclosion de la période archaïque. Renouveau artistique.

– Époque classique (479-338 ou 323) : âge d’or de l’art grec.
Apogée de la cité d’Athènes autour du stratège Périclès. La période classique s’achève à la mort d’Alexandre, en 323.

– Époque hellénistique (323-146 ou 31).




Après l’œnologie, la biérologie

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© Fotolia

367 – Vincent Blanchard – A l’instar des concours d’œnologie, la dégustation à l’aveugle fait bien évidemment partie des épreuves. Mais pas seulement. Pour décrocher le titre tant convoité, tous les jeunes biérologues doivent réaliser des tests d’association mets-bières mais aussi proposer une recette de cocktail de bières. A l’issue d’une journée complète passée à déguster blondes, brunes et autres blanches – toutes artisanales –, c’est un jeune homme de 23 ans qui décroche la palme. Antoine Vidal est le nouveau meilleur biérologue de l’année 2013, un titre décerné tous les ans depuis 2005.

L’intérêt des bières artisanales

Car la biérologie est un phénomène récent qui va de pair avec l’intérêt croissant de la population pour les bières artisanales. « Les mentalités sont en train d’évoluer et les gens apprécient désormais déguster une bonne bière, pas une bière industrielle sans saveur », note Antoine Vidal. Lui aussi participe de ce mouvement. Comme un œnologue, il maîtrise les étapes de fabrication de la bière. Et comme un sommelier, il est capable d’accorder un plat avec une bière particulière. Et ainsi d’orienter les amateurs pour leur faire découvrir autre chose. Dans un pays tourné davantage vers la culture vinicole que brassicole, le chemin est encore long. « Mais il y a un vrai intérêt pour la bière artisanale depuis quelques années », poursuit-il.

Pour preuve, le nombre de brasseries artisanales explose. De 293 en 2008, il en existe désormais près de 500, dont 84 nouvelles en une année, selon le très sérieux Annuaire des brasseries françaises publié chaque année. La France possède désormais une solide base autour du houblon. Les brasseurs artisanaux prennent de plus en plus de poids par rapport aux géants industriels qui ont longtemps dominé voire écrasé le marché. « Nous nous sommes regroupés avec trois autres brasseurs pour mettre nos moyens en commun, améliorer la qualité de nos produits et faciliter les livraisons en France », explique Vivien Remond, un jeune brasseur de 23 ans, qui produit la Sainte Cru en Alsace. En dix-huit mois, il est passé d’un brassin tous les dix jours à deux brassins par semaine. Il entend bien poursuivre sa croissance en multipliant par deux sa production dès l’année prochaine.

L’éducation de l’amateur

Mais son développement et celui des 500 brasseurs artisanaux français passent aussi par l’éducation de la population, trop habituée à associer un vin rouge avec une viande ou un vin liquoreux avec du fois gras. « Le travail des biérologues est important dans ce sens car nous sommes là pour expliquer comment se déguste une bière avec quel plat on peut l’associer suivant la typicité de ses saveurs », poursuit Antoine Vidal. L’univers de la bière s’apprend aussi depuis peu à l’université où les formations se multiplient comme à Nancy ou à La Rochelle. « Toutes ces avancées vont dans le bon sens », note-t-il.

Tout juste diplômé en restauration, lui a décidé de promouvoir les bières françaises autrement. Il vient de participer au lancement de MaBièreBox avec deux jeunes entrepreneurs. Tous les mois, il propose à ses abonnés de les former en leur envoyant un coffret de bières artisanales qu’il a lui-même sélectionnées. Une idée simple et originale pour combiner plaisir de la bière et éducation du plus grand nombre. Un pas de plus pour faire reconnaître son breuvage de prédilection et redonner ses lettres de noblesse à un produit trop longtemps sous-estimé.




Sacré monde dématérialisé

367 – Après les tumultueuses révélations de Snowden sur les pratiques de la NSA, la liste s’allonge sur les pratiques des entreprises de blogs, réseaux sociaux et en règle générale, tout ce qui touche de près ou de loin, à vos données personnelles dans vos ordinateurs et autres tablettes. Mais les plus touchés ne sont pas forcément ce à qui l’on pensent…

Twitter a récemment acquis MoPub (1), une startup spécialisée dans la publicité sur les supports mobiles. Avec cette acquisition, Twitter voudrait utiliser les données de sa plate-forme de messagerie pour augmenter ses revenus. La manière est somme toute très simple et devient un peu habituelle aujourd’hui : utiliser les données des tweets et les personnes que les utilisateurs suivent en ciblant les annonces publicitaires. Point noir : l’utilisation des données liées à l’identité des abonnés et contacts pourraient poser problème, mais à en croire l’investissement de 305 millions de dollars pour l’achat de MoPub, certaines solutions devraient déjà circuler…

Apple ne fait pas non plus dans la dentelle. Critiquée pour ses portes ouvertes à la NSA, elle a tenté de rassurer ses clients à propos des données liées à Map, Siri, Facetime et iMessage qui bénéficiaient d’un encryptage digne de ce nom et ne pouvaient être interceptées. Et bien tout cela est tombé en lambeaux à la dernière conférence des hackers à Kuala Lumpur (2) ou un rapport de sécurité a révélé qu’Apple est capable de contourner le chiffrement des messages échangés. Ce qui est particulièrement préoccupant également sont les données utilisateurs iCloud qui peuvent être téléchargés à distance avec de simples requêtes, sans que l’utilisateur n’en soit averti. Des essais ont été réalisés en ce sens par des hackers et révélés au grand jour. La démarche n’a pas été transmise à Apple qui ne considère pas cela comme un bug… à bon entendeur.

LG est également au cœur d’un vrai scandale. Depuis quelques années, la firme coréenne propose des téléviseurs connectés, les Smart TV. A partir des boîtiers de connection de ces téléviseurs, le fabricant récupère les informations privées des utilisateurs et, ce qui est vraiment choquant, même si vous désactivez cette option, les données sont quand même transmises. LG a reconnu les faits et annonce travailler sur une mise à jour du firmware.

Le Gouvernement français n’est pas en reste avec l’adoption le 10 décembre de la loi sur la programmation militaire et de son controversé article 13 qui permettra à l’Etat d’accéder aux données informatiques des citoyens sans demander l’avis d’un juge. L’exécutif va remplacer le judiciaire et la boîte de Pandore qui va avec.

Adobe, le créateur du pdf, a reconnu avoir été victime d’un piratage avec près de 3 millions de données bancaires de ses utilisateurs début octobre. Mais le mieux est à venir fin octobre avec l’interception de 38 millions de comptes actifs. Pas sûr qu’un simple changement de mot de passe rassure l’internaute (3).

Google, par la voix de son futurologue (et l’un des pères fondateurs d’internet), Vinton Cerf, a récemment déclaré que sur le web « la vie privée sera anormale » et qu’il y aura « une difficulté croissante pour y parvenir ». L’imbrication de plus en plus importante d’internet dans notre existence va-t-elle détruire notre vie privée ? On peut le penser quand on sait que Google a déposé un brevet en ce sens (4) avec un logiciel censé réagir à votre place sur les réseaux sociaux. Simple, il vous propose des suggestions d’actions et de réponses qui devront être validées par l’auteur… Ouf ! On a encore le droit d’appuyer sur la souris.

G20. Version sécurité, le G20 est un véritable gruyère. Retour en 2011 où les pirates n’ont eu aucun mal à rentrer dans un grand nombre d’ordinateurs des hauts fonctionnaires présents sur place. Les machines des représentants du Portugal, de la République tchèque, de la Bulgarie, de la Hongrie et de la Lettonie ont été infectées. Il suffisait de promettre une photo de Carla Bruni nue et c’est un cheval de Troie qui semblerait venu de Chine qu’ils ont reçu à la place… C’est rassurant de voir que l’homme n’est pas une machine. (5)

Paypal est en phase de test avec une technologie (Beacon) qui vous fait payer n’importe où n’importe quoi sans sortir quoi que ce soit. « Les gens adorent faire du shopping mais personne n’aime payer », dixit David Marfcu, le président de Paypal. Il suffit de vous approcher de la caisse et la machine vous reconnaît et votre photo apparaît (sic). Vous pouvez ainsi quitter la boutique en toute tranquillité. En somme, des achats en toute transparence qui susciteront à n’en pas douter des achats compulsifs.

Alors, toujours envie de donner votre vie à votre smartphone ?

Sources :
(1) Financial Times
(2) Conférences Hack in the Box
(3) Adobe
(4) Atelier.net
(5) Comment ça marche.net

 




Riesling Sommerberg « E » 2009 – Domaine Albert Boxler

72photo366 – Jean Helen – « Austérité vibratoire verticale », « plénitude sphérique », « puissance tellurique », tels sont quelques qualificatifs choisis par d’éminents œnologues (Le Rouge et le Blanc), pour décrire la minéralité des vins ! On est dans la pensée, l’imaginaire, car le langage trop formaté ou la métaphore décrivent difficilement et incomplètement ces sensations tactiles et leurs représentations minérales, à tel point que, si la minéralité est intégrée par les vignerons : « la minéralité n’a pas d’odeur, elle se goûte », elle est déniée par certains spécialistes qui préfèrent les termes de salinité, sapidité, verticalité, pierrosité.

A mon humble avis, la minéralité d’un vin ne se décrit pas, elle se ressent et, à l’évidence, vous éprouverez cette sensation en dégustant les magnifiques Rieslings de Jean Boxler, tout particulièrement dans son grand cru Sommerberg. Jean Boxler, à la tête, depuis 1996, d’un domaine vieux de 4 siècles, a succédé à son grand-père Albert, puis à son père Jean-Marc, producteurs très scrupuleux et grandement exigeants. Quoique réservé, c’est un vrai passionné qui devient intarissable, lorsqu’il parle de ses chers terroirs et de son obsession à garder leur spécificité, possédant 13,5 hectares avec 2 grands crus, Brand et Sommerberg, c’est sur cette 2e parcelle que le Riesling trouve terroir d’exception, pour exprimer toute sa noblesse minérale.

Le Sommerberg (colline de l’été) est un coteau aux pentes abruptes au pied des Trois Epis à une altitude de 270 à 400 m. Le sol homogène, composé de granit et micas érodés, riche en éléments minéraux, bénéficie d’une exposition superbe, sud, sud-est. Les pieds de vigne, pour la plupart anciens (moyenne de 60 ans pour le domaine Boxler), puisent en profondeur l’humidité salvatrice lors des années de forte chaleur, car la pluviométrie est limitée. Jean Boxler exerce sur 4 hectares, dont certaines parcelles (E et D) sont parmi les plus hautes et où le travail est, dit-il, « héroïque ». Le fort dénivelé, jusqu’à 45 °, quasi sans terrasses, exige un labourage et un désherbage au treuil ou chenillard, lorsque c’est possible, mais le plus souvent manuel. Les sols, travaillés depuis longtemps sur le mode bio, sont très peu traités : en situation de coteaux, peu de risque de mauvaise pourriture, donc pas d’insecticides, pas de cuivre, car peu de mildiou, un peu de soufre pour l’oïdium. Les vignes, plantées entre 6 et 8 000 pieds/ha en taille Guyot simple, ne sont pas enherbées, pour ne pas concurrencer la vigne sur ces sols pauvres. Les rendements moyens : 30 hl/ha sont très faibles, en sachant que l’AOC autorise 50 à 60, malgré l’absence d’écimage, de rognage, de vendange au vert ; « on n’impose rien au pied de vigne, s’il y a trop de raisin dans une parcelle, on déclassera cette récolte ».

Les vendanges, déterminées sur la maturité de chaque parcelle, sont manuelles en seaux avec un tri sévère à la vigne et au chai. Le raisin entier, mis immédiatement en cuve, est pressé pneumatiquement lentement, pour extraire les moûts tout en finesse. Après un débourbage statique, la fermentation lente sur leurs levures indigènes en foudres s’étend sur 2 à 5 mois, sans recherche de la malo-lactique à température de la cave. L’élevage sur lie en foudre, sans bâtonnage, sans soufrage, dure 11 mois. La mise en bouteille ne comporte ni collage, ni filtration.

Mais la grande philosophie de Jean Boxler est la vinification parcelle par parcelle (et même micro-parcelles), sans nécessairement les assembler, de façon à préserver les spécificités et typicités de chaque terroir.

Un vin fascinant d’une grande précision

Le Riesling grand cru Sommerberg « E » (pour la parcelle Eckberg) est un vin fascinant, d’une couleur intense jaune or pale aux reflets verts, brillante et profonde. Les notes de citron vert, de pamplemousse et de poussières minérales de son nez introduisent une bouche d’une richesse et d’une matière dense saline superlatives, aux profondes saveurs d’amande fraîche, de pêche et d’agrumes onctueux. Le miel citronné et la noix de muscade soulignent la finale persistante somptueuse, mais rafraîchissante sur de beaux amers.

Ce Sommerberg, taillé au laser (ou tendu comme un string pour les jeunes…), d’une précision pure, longiligne, cristalline, laisse une persistance de saveurs qui amènent à comprendre le concept de minéralité.

Evitons de lui proposer les mets traditionnels de l’Alsace gourmande, même s’il les escorterait vaillamment, choucroute, baeckeofe, schiffele et autres wädele, car il s’agit d’un grand vin méritant des plats de haute gastronomie. En premier lieu, les poissons et crustacés, tels que proposés sur les cartes des (nombreux) étoilés alsaciens : terrine de sandre aux coquilles St-Jacques et mousseline de homard, tronçon de turbot rôti à l’os crémeuse au cep et poêlée d’asperges vertes, filets de sole à la crème ou à la nage d’écrevisses, fricassée de homard et pâtes larges au basilic, fleurette de queue de langoustine au safran et coriandre fraîche. Il câlinera la fameuse mousseline de grenouille de Paul Haeberlin. Dans un registre plus simple, il fera merveille avec des poissons de rivière : truite au bleu, brochet beurre blanc ou une volaille crémée.

Attention, les tarifs de ces magnifiques vins sont élevés, de plus, le Sommerberg « E », ci-décrit, est quasi introuvable du fait de sa rareté, car réservé à une clientèle fidèle, mais le Sommerberg classique, presqu’aussi délectable, est disponible, si on anticipe la réservation.

Pour conclure sur cette minéralité, il n’est pas étonnant que Jean Boxler, quand il nous déclare : « la minéralité, je la ressens rien qu’en regardant certaines parcelles de mes vignes », rejoigne Paul Claudel : « qui a mordu la terre, en conserve le goût entre les dents ».

• Riesling Sommerberg « E » 2009 – Domaine Albert Boxler – 68230 Niedermorschwihr




Zoé, la branchée et connectée

365 – Une fois n’est pas coutume, laissons de côté nos tablettes pour découvrir la révolution française qui aurait pu être une voiture revisitée façon apple.

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(©Renault)

La Zoé, vous l’avez peut-être déjà vu dans les rues de votre ville, telle « un ange qui passe » (selon la formule de Renault), dans un son digne des films de science-fiction (1). Les premiers tours de roues faites à son volant nous font passer pour des novices de la route à chercher des repères qui ne sont plus là. Pas de vibration, un silence qui impressionne… et déroute. Devant soi, une platine version iPad et un compteur version soucoupe volante. On ne parle plus consommation en litre, mais en kilowatt. Le flux d’énergie devient presqu’une obsession : anticiper le réseau routier, géographier le terrain, localiser les bornes… On ne conduit plus une voiture, on pilote un « ORNI » (2). Les détracteurs vous parleront autonomie, liberté, vitesse. Vous, vous parlerez zénitude, silence, accélération, émission de CO2. Car la Zoé a son terrain de jeu : la ville (même si sa longueur est plus importante qu’une Clio et qu’il manque une vraie banquette rabattable). Déguisée en citadine, c’est une merveille qui rivalise d’habileté avec les petites voitures et d’accélération avec les grosses cylindrées… un vrai karting électrique qui se faufile partout avec un couple de 220 Nm dont on n’a pas l’habitude sur ce genre d’engin. Elle vous emmènera à allure soutenue durant 120 à 130 km avant de chercher une borne salvatrice qui vous fera revenir… ou continuer. L’ombre de la borne de recharge Toutes les personnes que nous avons croisées nous diront la même chose : « Vous allez jusqu’ou avec ? ». La peur de la Zoé est là : s’arrêter subitement sur le côté de la route sans énergie, même en sachant que Renault a prévu le coût du rapatriement gratuit, ça galvanise l’angoisse. Bien sûr qu’elle ne vous donnera pas l’idée de partir en vacances, même si certains l’ont déjà fait. C’est en seconde voiture qu’elle excelle dans notre vie de tous les jours… avec une nécessaire borne de recharge chez soi (3). Alors Zoé ? ou pas Zoé ? La Renault Zoé est – pour l’instant – la meilleure des citadines électriques. Elle apporte tous les avantages de la technologie actuelle avec une absence totale de bruit ou de vibration qui incite à conduire Zen et à jouer le jeu de la douceur avec l’accélérateur pour augmenter son champ d’action, surtout dans les bouchons où elle est la Reine (elle ne consomme rien à l’arrêt). L’autonomie est un enjeu crucial pour le développement du véhicule électrique. Avec une borne à la maison, votre vie d’automobiliste ordinaire ne souffrira d’aucune contrainte tant que vous restez dans une utilisation urbaine ou péri-urbaine.. Reste que les grands espaces ne sont pas encore pour elle, même si une révolution du développement des batteries est prévue dans les années à venir. Pascal Wolff

(1) Jusqu’à 30 km/h, La Renault Zoé émet un son particulier pour prévenir les personnes susceptibles de se trouver sur la chaussée (piétons, cyclistes…), mais peu de personnes entendent vraiment ce bruit, et il vaut mieux être extrêmement prudent en milieu urbain.
(2) Objet Roulant Non Identifié.
(3) Nous avons atteint les 140 km avec une autonomie restante de 7 km, mais il vaut mieux prévoir une borne de recharge dès les 20 km restants.

 

Bienvenue chez K 2000

Renault a axé sa communication autour de sa tablette R-Link (1) qui est intégralement relié au réseau mobile grâce à une connexion de type Edge (une connexion 3G n’est pour l’instant pas envisagée). Plusieurs applications y sont intégrées, dont la navigation TomTom Z.E. Live qui permet – entre autres – de visualiser le rayon d’action correspondant à l’autonomie du véhicule et sa capacité à l’atteindre et de gérer ainsi sa consommation énergétique. Le R-Store donne accès à un catalogue assez complet, mais les applications les plus intéressantes sont payantes. Sans cette tablette tactile, la Zoé n’aurait pas l’aura dont elle peut se prévaloir, car elle en est la pièce maîtresse. Tout le monde y trouve son compte, mais gare à la conduite, car on a une sacrée tendance à passer son temps à regarder l’écran plutôt que la route…  Enfin, il y a un certain nombre de bugs qui gâchent la fête, un bluetooth et une prise Usb bien châtouilleux, ainsi qu’une lenteur parfois désespérante des applications (due en partie au edge). Des mises à jour sont faites régulièrement (et sans manipulation de votre part). Espérons qu’elles viendront à bout de ces désagréments.

(1) R-Link a été consacré meilleur système embarqué par une étude indépendante devant les ténors du marché tels l’Audi Connect ou le ConnectedDrive de BMW.

 

La technologique

La récupération d‘énergie. Le freinage récupératif emmagasine l’énergie cinétique à la décélération et au freinage. Le moteur se transforme en un système de dynamo particulièrement efficace pour vous faire économiser de nombreux kilowatts. Climatisation/chauffage. La pompe à chaleur fonctionne comme une climatisation réversible pour rafraîchir ou réchauffer l’habitacle. Un principe nettement moins énergivore que les équipements traditionnels. Les pneus. La Zoé est le premier véhicule à être chaussé de pneus à haute efficacité énergétique lui permettant d’accroître son autonomie. Le chargeur. Il s’adapte à la puissance d’énergie disponible à la prise jusqu’à 43 kW (jusqu’à 80 % de sa batterie en 30 min). Le particulier peut se faire installer des bornes d’une puissance de 3 kW à 7 kW (6 à 9 heures de recharge).




Cardiologie pédiatrique pratique : du fœtus à l’adulte

365 – C’est un lieu commun de dire que la cardiologie pédiatrique s’est profondément modifiée ces dernières décennies : dans un premier temps, le développement de la chirurgie a justifié l’individualisation de la cardiologie pédiatrique en tant que discipline spécifique ; plus tard, l’essor de l’échocardiographie a permis de détecter et traiter les cardiopathies congénitales de plus en plus tôt  et d’étendre la cardiologie infantile jusqu’au fœtus.

generisches buch 1Cette spécialité dans la spécialité, qu’elle soit cardiologique ou pédiatrique, est en fait assez peu enseignée et du coup souvent ignorée, ce qui est d’autant plus regrettable que les malformations cardiaques sont fréquentes et le plus souvent curables, à condition que leur prise en charge soit précoce et adaptée.

C’est dire l’intérêt d’un tel écrit dans lequel les auteurs abordent tous les aspects de la question.

L’ouvrage peut globalement se scinder en trois parties

La première, intitulée tout bonnement « cardiologie pédiatrique », passe en revue les différentes méthodes d’exploration et décrit les différentes cardiopathies congénitales de façon exhaustive et claire, grâce à un texte simple et direct et de très nombreux schémas faciles à déchiffrer, ce qui n’est pas toujours le cas dans cette pathologie aux circuits souvent compliqués.

La deuxième partie est surtout consacrée à l’échocardiographie TM initialement, et progressivement enrichie du doppler continu, pulsé, couleur et enfin du tridimensionnel ; la cardiologie fœtale fait l’objet d’un développement particulièrement intéressant et accessible, faisant bien comprendre l’intérêt majeur qu’il y a à dépister avant la naissance les cardiopathies complexes, ne serait-ce que pour individualiser la prise en charge ou, quand c’est possible, rassurer les familles en cas d’antécédents graves.

Dans un dernier chapitre, les auteurs s’attachent à rappeler qu’il se trouve de plus en plus d’adultes porteurs de cardiopathies congénitales opérées mais non guéries, posant au contraire des problèmes spécifiques, le plus souvent liés à leurs interventions. Plus de 80 % des enfants naissant aujourd’hui avec une cardiopathie congénitale atteindront l’âge adulte, et l’on peut déplorer (comme on pourra le lire un peu plus loin à la rubrique « dernières nouvelles ») qu’il n’existe pas en France, à une exception près, de structure dédiée à ces patients.

L’iconographie, remarquable comme on l’a dit plus haut, est enrichie d’une imagerie abondante et détaillée consultable sur internet.
Les auteurs, Alain Batisse, Laurent Fermont et Marilyne Lévy, sont cardiopédiatres et exercent à Paris.
Cet ouvrage s’adresse à tous ceux qui peuvent être confrontés à ces situations dans leur pratique quotidienne, internes, cardiologues, pédiatres, obstétriciens, bref, il est à mettre entre toutes les mains.

Auteurs : Alain Batisse, Laurent Fermont, Marilyne Lévy
Editeur : Doin
Prix : environ 48,00 €
Pagination : 330 pages



Terrazas De Los Andes Malbec Reserva 2010 – Mendoza – Argentina

Les Argentins se plaisent à raconter qu’ils vénèrent 3 dieux : le tango, Evita Peron et Maradona. Un récent voyage dans ce pays magnifique m’a également permis d’apprécier 2 demi-dieux épicuriens : l’inégalable viande de bœuf et leurs puissants vins rouges.

La remarquable progression qualitative des vins argentins depuis 20 ans est expliquée par divers facteurs : l’arrivée d’investisseurs et œnologues du monde entier, la rénovation et la création de bodegas (caves), la plantation de la vigne à des altitudes de plus en plus élevées, en moyenne 1 000 mètres jusqu’à 3 000 dans la province de Salta ! A de telles hauteurs, les températures sont suffisamment basses, la nuit, pour permettre des cépages rouges aux arômes intenses et à la couleur profonde.
La région de Mendoza est incontestablement la vedette de la viticulture argentine grâce au cépage emblématique malbec introduit au XIXe siècle à partir de plants bordelais. Le goût des malbecs argentins est fort différent de celui des vignobles cadurciens, d’autant qu’il s’est adapté au climat de l’hémisphère sud, avec des baies plus petites et plus denses.
Terrazas de Los Andes, créée en 1999 dans la région de Mendoza sur le haut plateau de Lujan de Cuyo par la bodega Chandon, spécialiste des vins effervescents, filiale de LVMH, s’est développée sur un vignoble implanté fin XIXe siècle sur une série de terrasses à une altitude variant de 800 à 1 500 mètres. La région bénéficie d’atouts importants pour la viticulture. Sise au pied de la Cordillère des Andes, dont les hautes cimes stoppent les vents humides du Pacifique, elle réalise une oasis de verdure au sein d’un désert semi-aride. Malgré une latitude quasi tropicale, l’altitude procure des hivers froids favorisant la dormance de la vigne, un soleil intense, avec un air sec, dans la journée, des nuits froides avec des amplitudes thermiques importantes. Le problème est la sécheresse, car l’eau peut devenir rare, du fait de la faiblesse des précipitations, si bien que de nombreux vignobles sont irrigués. Terrazas utilise le système traditionnel indien d’inondations par canalisations alimentées par la fonte des neiges.
Les maladies de la vigne étant rares grâce à l’air froid des montagnes, nombreuses vignes sont franches de pied, non greffées, en particulier pour Terrazas sur la parcelle de Las Compuestes. Le soleil intense stimule la photosynthèse et favorise la maturation naturelle des phénols.
La bodega Terrazas de Los Andes a optimisé l’implantation des cépages, chacun, trouvant à une altitude différente, l’expression du maximum de ses qualités, le malbec étant implanté à plus de 1 000 mètres sur un sol sableux, alluvionnaire et graveleux.
Les vignes, plantées à une densité de 5 500 pieds/ha en taille Guyot, sont marcottées, les manquants étant vite remplacés, pour obtenir un âge moyen élevé. Les vendanges, manuelles avec un double tri sélectif, se déroulent tardivement vers la 2e ou 3e semaine d’avril après une longue maturation des baies durant 75 jours (45 en moyenne dans le Bordelais).

Un cheval prestigieux

La bodega dispose d’une grande winery moderne, mais dont les murs et colonnes de brique gardent un certain charme suranné. Sa réputation n’est plus à faire, d’autant que le propriétaire LVMH a largement répandu en France, ses meilleures productions. La marque a établi avec Pierre Lurton de Cheval Blanc, une association donnant naissance à un vin argentin prestigieux : Cheval des Andes plus fougueux et plus coloré que son cousin libournais.
La vinification, assurée par Roberto De la Motta, passe par une macération en cuves avec pigeage manuel s’étendant sur 3 semaines, un élevage durant 12 mois avec soutirage tous les 3 mois, en barriques de chêne pour 80 % d’origine française avec 30 % de bois neuf.
Le Malbec Reserva 2010 Terrazas de Los Andes, habillé d’une robe sombre grenat foncée avec quelques nuances de pourpre, est un vin complexe, long en bouche, riche et crémeux, sans lourdeur malgré ses 14,5°.
Le nez est envahi par les fruits noirs, cassis, myrtille, les épices douces, muscade, paprika, le graphite, avec des touches boisées de vanille et chocolat. La bouche ressent une légère sucrosité aux arômes de prunes et pruneaux, avant que n’apparaissent des notes plus typiques du malbec, réglisse et violette. On est charmé par l’intensité du fruit, la suavité et le velouté des tanins. La finale, toute en longueur entre puissance et raffinement, retrouve une pointe d’acidité équilibrant le fruité.
Ce Malbec se confirme être le compagnon idéal des belles grillades de bœuf bien saignantes, vuelta y vuelta, fierté des Argentins, tel le baby beaf (500 à 800 g/personne tout de même !), mais aussi entrecôtes, côtes de bœuf, T-bone, bavettes, etc., qu’elles soient cuites classiquement sur gril ou barbecue ou selon la technique « al asador », en position verticale. Ce vin, par son intensité aromatique, épousera avec plaisir les autres classiques de la gastronomie argentine : en entrée, empanadas à la viande, puis choripanes (saucisses), chiporro (agneau patagon), carrés d’agneau sauce chimichurri. Il ne se déplaira pas en compagnie d’un fromage à pâte dure : comté, beaufort, tommes diverses.
La beauté des paysages, la richesse culturelle de Buenos-Aires, la musique de Carlos Gardel, l’accueil chaleureux des Argentins (si on ne parle pas de foot), le parfait mariage du bœuf et du malbec ne peuvent que nous faire clamer : Hasta luego ! Vaya Argentina ! n




Coupe à libations JIAO

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Hauteur : 27 cm • Largeur : 18 cm (Collection Meiyintang 12).

364 – Christian Ziccarelli – Une tradition ancestrale

L’origine de la métallurgie du bronze reste, en Chine, sujette à controverse. Une antique légende chinoise rapporte qu’au temps du souverain mythique Yu le Grand neuf bergers envoient du métal de leur province. Le souverain fait fondre neuf tripodes (forme emblématique des vases rituels en Chine), symboles de chacune des neuf provinces du royaume. Le bronze devient, pendant les deux millénaires qui ont précédé notre ère, un matériau de prédilection. Représentatifs du pouvoir et du culte, ces bronzes ont été retrouvés par milliers dans les tombes de l’aristocratie Shang et Zhou. Ainsi, 6 200 bronzes constituaient une partie du mobilier de la tombe du marquis Yi de Zeng (vers 433 av. J.-C.).

Des œuvres influencées par la céramique

Dans le Nord-Ouest de la Chine, à l’Est du Gansu, les archéologues ont découvert un couteau en bronze coulé dans un moule unique de pierre. Il appartient à la culture de Majiayao (3800 à 1900 avant J.-C.) riche par ses poteries peintes composées de motifs géométriques, spiralés ou zoomorphes. De tels témoignages sont rares avant le IIe millénaire avant J.-C., avant la dynastie des Shang. « Contrastant avec les balbutiements de leur technique, la maîtrise artistique des premiers fondeurs chinois ne connaît pas d’enfance ». Très influencées par les modèles néolithiques en argile, les œuvres s’imposent par leur force et leur perfection. Selon leur fonction, on distingue les récipients à eau, à boissons fermentées, à aliments. Chaque vase a son prototype en céramique et porte un nom traditionnel. Seules quelques différences stylistiques marquent la date de fabrication (début et fin de la dynastie Shang, époque des Zhou occidentaux, époque des Printemps et Automnes). Le motif de base est zoomorphe, mais deux modes s’affrontent : d’une part une représentation « réaliste », d’autre part une représentation frappante d’animaux mythiques. Au cours des siècles, les empereurs chinois les ont restaurés, collectionnés, vénérés.

Une coupe à boissons fermentées

La coupe objet de notre analyse est une coupe à libation, un vase à boissons fermentées (pour cuisiner ou réchauffer le vin). Elle est en règle associée à d’autres coupes à libation, mais également à des récipients pour les offrandes de mets (tels les ding) et les ustensiles à eau comme les pan pour les ablutions. Ces récipients servaient lors des grandes cérémonies rituelles réunissant les prêtres devins qui communiquaient avec les esprits des ancêtres royaux. Déposés sur l’autel ils étaient le témoin de la puissance de la dynastie, le souverain étant le lien entre la terre et le ciel.
La coupe date de la dynastie des Shang, de la période d’Anyang soit du XIIe-XIe siècle avant notre ère. C’est un objet tripode traditionnel. L’ornementation dérivée de la ciselure de jade est le reflet de mythes hérités du monde chamanique néolithique. Les masques animaliers taotie (symbole de la cupidité ?), avec ses yeux globuleux et sa mâchoire supérieure féroce, occupent la panse du vase et le couvercle. La tête vue de face évoque celle d’un buffle. Une inscription parfaitement visible est une marque de clan. Sous les Zhou (vers 1050 av. J.-C.), les récipients à aliments (pour la cuisson ou la conservation des viandes) deviennent prépondérants, puis, à partir du milieu des Printemps et des Automnes, ce seront les objets liés aux ablutions.

Un travail d’atelier

Les fouilles archéologiques ont permis de découvrir un atelier de bronzier à Houma au Shanxi. Plus de 30 000 fragments de modèles ont été exhumés, montrant une organisation remarquable du travail, chaque atelier étant spécialisé soit pour la production de vases, soit d’instruments de musiques, etc.
Le bronze est un alliage de cuivre et d’étain, pour ces vases la composition moyenne serait de 80 % de cuivre pour 13 % d’étain, avec 7 % de plomb. Les patines dépendent de l’oxydation du cuivre et varient selon le degré d’humidité de l’enfouissement. Les bronziers Shang ont adopté la méthode du moule à sections. Les différents éléments sont ensuite assemblés. La finition est obtenue par abrasion afin de polir la surface et de rendre nets les détails.

Bibliographie

[1] Art et archéologie : la Chine du néolithique à la fin des Cinq Dynasties (960 de notre ère). Danielle Elisseeff, Paris, École du Louvre, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux (Manuels de l’École du Louvre), 2008, 381 p.
[2] Trésors de la Chine ancienne. Bronzes rituels de la collection Meiyintang. Musée des arts asiatiques Guimet. Edition Mare et Martin 2013 
[3] L’art chinois Mary Tregéar. L’univers de l’art. 1991
[4] Aux origines de la civilisation chinoise. Les dossiers Archéologie et histoire n° 91. Février 1985

 

Les Shang

On ne connaît de cette dynastie que les 3 derniers siècles de son existence. Elle s’étend sur le cours moyen et inférieur du fleuve Jaune. La capitale du milieu du XIVe siècle av. J.-C. se trouve à Anyang. Elle comprend de très vastes palais en bois et en torchis sur une semelle de pierre. A cette époque apparaissent les cultes divinatoires, l’écriture, l’art animalier. L’importance de la religion, le culte des rois défunts (tombes grandioses) et les sacrifices humains (culte funéraire ou consécration des bâtiments) caractérisent cette civilisation.

 

Chronologie de l’âge du bronze en Chine

– Dynastie mythique des Xia : XXI-XVIe siècle avant notre ère.
– Dynastie des Shang : vers 1600-vers 1050 avant notre ère (période d’Anyang : vers 1300-vers 1050 avant notre ère).
– Dynastie des Zhou occidentaux : vers 1050-771 avant notre ère.
– Dynastie des Zhou orientaux : 770-256 avant notre ère (période du royaume des combattants : 475-221 avant notre ère).




Jurançon, Domaine de Souch – Cuvée Marie Kattalin 2006 Yvonne Hegoburu

Jean Helen – Royal, le Jurançon est entré dans l’histoire lors du baptême du futur Henri IV, dont les lèvres auraient été humectées de quelques gouttes de ce vin.

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Les vignes de Jurançon perchées sur les contreforts pyrénéens aux coteaux très pentus, interdisant la mécanisation, reçoivent du sud le vent d’Espagne et de l’ouest celui de l’Océan Atlantique, bénéficiant de la protection du Pic du Midi d’Ossau. Elles poussent sur les poudingues, roches détritiques modelées par l’érosion, recouverts localement de formations d’argiles, graviers et galets qui permettent aux racines des ceps de s’infiltrer profondément et d’assurer leur alimentation hydrique.

Les cépages traditionnels, gros et petit manseng, courbu, lauzet produisent d’excellents blancs secs, mais surtout de remarquables liquoreux souvent comparés aux Sauternes. Mais, différence notoire, ces vins ne sont pas botrytisés, car la pourriture noble, non recherchée peut même être délétère. Les grains des mansengs ont une peau épaisse qui permet de retarder leur cueillette jusqu›à novembre, voire fin décembre pour les vendanges tardives, afin de concentrer le sucre par la technique du passerillage, où sont lentement déshydratées les baies par le soleil et le vent chaud du sud, le foehn. Cela impose des vendanges par tries successives des grappes, pour obtenir leur pleine maturité avant toute pourriture, et limite drastiquement les rendements aux alentours de 20 hl/ha pour le domaine de Souch.

 

Une vie commencée à 60 ans !

Yvonne Hégoburu, débordante d’une générosité qu’on retrouve dans ses vins, gère ce domaine avec une énergie et une passion exceptionnelles. Maintenant octogénaire, elle n’a commencé sa vie de vigneronne qu’à 60 ans, au décès de son mari que la maladie avait empêché de débuter l’exploitation de la propriété qu’ils avaient achetée.

Elle travaille sur un petit domaine de 7 hectares certifié agriculture bio, très orienté vers la biodynamie. Les sols sont gardés enherbés et labourés de façon traditionnelle. La plante et son environnement sont dynamisés par projection, à petites quantités, de préparations naturelles, types silice, ortie, achillée, assemblées de façon complexe, administrées en fonction du cycle des astres. Rien n’altère l’authenticité du terroir, ni désherbants, ni pesticides. En fin de maturation, des filets protègent les vignes contre la voracité des oiseaux.

Les vendanges manuelles par tries successives sont acheminées au chai dans des caissettes. Les raisins non égrappés sont pressés dans l’heure qui suit la cueillette et macèrent à basse température avant le débourbage. La fermentation alcoolique à température constante en barrique de chêne est arrêtée par sulfitage, pour garder environ 80 g de sucre résiduel pour la cuvée Marie Kattalin, dont l’élevage en barrique dure 18 mois. Les cuvées ne sont, ni levurées, ni acidifiées, ni flash-pasteurisées. Légère filtration, pas de collage avant la mise en bouteille.

 

Une longueur en bouche incroyablement persistante

Habillé d’une robe or franc, limpide et brillante avec quelques irisations vertes, ce Jurançon Marie Kattalin 2006, 100 % petit manseng, exhale des parfums opulents de fruits exotiques, ananas, mangue, fruit de la passion, végétales de verveine, vite sublimés par la truffe blanche. La bouche est envahie d’arômes de miel, de cannelle, de citron confit. La longueur harmonieuse, minérale est incroyablement persistante.

Ce vin d’une concentration, mais aussi d’une finesse et d’une pureté superlatives, sans aucune lourdeur, garde toujours une pointe d’acidité qui lui confère sa grandeur. Comme l’a bien analysé une de mes convives : «cela commence par une avalanche de douceurs et se termine par des flots de fraîcheur».

Le mariage de ce nectar avec la gastronomie doit éviter certains classiques du Jurançon : en apéritif, il écraserait tout autre vin lui succédant, les accords avec les cuisines exotiques, type sucré – salé, seront bancals, car le vin occuperait trop le devant de la scène. Incontestablement, le bel accord se fera avec une terrine ou un aspic de foie gras, son acidité tempère et allonge le foie, tout en conservant son caractère onctueux. Je serai plus réservé concernant les foies gras poêlés. Ensuite, il accompagnera, à l’instar des Sauternes, les fromages à pâte persillée : roquefort, fourme d’Ambert, etc, mais aussi un brebis des Pyrénées, type Ossau-Iraty, accompagné de confiture de cerise noire.

C’est surtout un merveilleux vin de dessert, il met en valeur une tarte aux mangues, un gâteau basque, des cannelés bordelais, une galette des rois, il divinise l’ananas rôti ou flambé, la mandarine givrée et yuzu acidulé.

Yvonne Hégoburu avait intitulé, en mémoire de son mari, une de ses cuvées : « Pour René ». Peut-elle lui rendre plus bel hommage qu’en façonnant ses magnifiques vins moëlleux qui n’ont aucun équivalent en puissance et originalité d’expression. n

Jurançon, Domaine de Souch – Cuvée Marie Kattalin 2006 Yvonne Hegoburu – 64110 Laroin



Les lipides – nutrition et santé

364 – Yves Carat – Paraphrasant Woody Allen, l’auteur aurait pu appeler ce livre «  Tout ce que vous voulez savoir sur les lipides sans oser le demander » ; aucun doute en effet, cet ouvrage de Claude Leray, qui tranche agréablement avec d’autres écrits récents sur la même thématique est une véritable encyclopédie sur la question.

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Pour le médecin, le cardiologue, voire surtout le grand public, le mot « lipides» évoque avant tout un risque accru de maladies cardiovasculaires ou, a minima, une dépense énergétique excessive.

En fait, le lecteur, étonné, va puiser dans ce remarquable document des informations exhaustives sur tout ce qui concerne les graisses, pas seulement ses aspects négatifs en pathologie humaine, mais aussi et presque surtout la preuve de leur importance incontournable, fondamentale même dans les mécanismes cellulaires et la nutrition.

Il apprendra par exemple que les lipides, dont la connaissance s’est limitée jusqu’au XVIIIe siècle à la notion d’huile d’olive, doivent leur classification actuelle à un grand chimiste français Michel-Eugène Chevreul qui, en 1823, a réparti les corps gras en six groupes et a établi le premier que leur structure générale était une combinaison de glycérols et d’acides gras.

Il saura, entre autres, que le record de production mondiale en matière de graisses concerne l’huile de palme avec 46 millions de tonnes (3 millions seulement pour l’huile d’olive), cette huile dont le Gouvernement français, l’accusant de favoriser la déforestation et l’obésité,  envisageait un temps de surtaxer l’importation avant de faire marche arrière ; chaque Français en consomme tout de même 4,5 kg par an, le produit le plus consommé chez nous étant l’huile de colza avec 13,5 kg par an et par habitant soit près de dix fois plus que l’huile d’olive !

L’auteur insiste également sur l’évolution de la nutrition et des régimes alimentaires, rappelant que le régime dit paléolithique, reconstitué en 1998 par le Pr Eaton, spécialiste incontesté de la paléonutrition, basé sur la suppression des produits laitiers et des céréales, est aujourd’hui recommandé par des nutritionnistes de renom.

La nature des apports lipidiques alimentaires et leur métabolisme sont des données plus connues. La notion d’ANC (apports nutritionnels conseillés) l’est un peu moins de même que l’estimation de la consommation réelle de lipides dans la population, imprécise notamment en raison du succès commercial grandissant de plats préparés riches en graisses dites cachées ; a priori, cette consommation serait supérieure d’un quart aux recommandations internationales, d’ailleurs corrélée à l’augmentation récente du surpoids chez l’adulte comme chez l’enfant. Il semblerait établi que les lipides représentent aujourd’hui 37 à 40 % de l’apport énergétique dont 63 % proviennent de graisses animales. Cela cadre encore une fois avec la constatation d’une obésité même dans les régions méditerranéennes, jusque là moins concernées par ces habitudes alimentaires.

Bien entendu, l’auteur ne s’en tient pas à la description du comportement nutritionnel : après une revue exhaustive de la provenance alimentaire de tous les lipides, et de la contenance précise en graisses de tous les aliments, il en vient à traiter ce qui est pour nous médecins l’essentiel, les rapports entre lipides et santé. Ce chapitre qui fait à lui seul plus de 150 pages passe absolument tout en revue, étudiant les rapports potentiels de toutes les graisses actuellement recensées et de toutes les pathologies ayant fait l’objet d’études sérieuses, cancers et maladies cardiovasculaires en tête, mais aussi maladies du système nerveux, déclin cognitif, démences, troubles de la vision, maladies inflammatoires et immunitaires, etc., etc.

Au total, c’est un véritable monument, indispensable à tous ceux qui ont envie de comprendre en détail non seulement les rapports entre lipides et pathologie, mais aussi les besoins avérés ou éventuels de l’organisme en divers acides gras, stérols et vitamines.

Claude Leray est docteur es sciences et directeur de recherche au CNRS

A mettre, le plus vite possible, entre toutes les mains.




Saint-Jean Baptiste du Liget

364 – Christian Ziccarelli – A quelques lieues de Loches, au milieu des bois se trouve un joyau de l’art roman Plantagenêt, l’ensemble peint de la chapelle Saint-Jean-du-Liget. Ses fresques ont fait l’objet d’une étude approfondie lors du congrès archéologique de Tours en 1948.

 

DSC02165Un peu d’histoire… 

Le Liget est surtout connu par sa chartreuse dont la charte de « fondation », établie par Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre et comte d’Anjou, remonte à 1178, en expiation du meurtre perpétré sur son ordre de Saint Thomas Becket, archevêque de Canterbury. Ensemble de ruines imposantes siégeant au fond d’une vallée et dominées par un portail monumental du XVIIIe siècle. En fait notre propos, aujourd’hui, concerne une simple chapelle située à une centaine de mètres à l’Ouest de la Chartreuse. Son origine reste floue et toujours l’objet de débats. Les archives font état d’une donation perpétuelle aux frères chartreux vers 1163, sur demande d’Henri II Plantagenêt, d’un endroit appelé « Ligetus » par l’abbé Hervé de l’abbaye bénédictine du Saint-Sauveur de Villeloin, fondée dans les environs de Loches vers 850. Des moines bénédictins souhaitant vivre une vie érémitique plus sévère s’établirent d’abord à cet endroit et seraient à l’origine de la construction de cette chapelle et de sa décoration picturale (vers 1176-1183). Quand on connaît « l’austérité de vie et le souci de virginité totale de l’esprit et des sens, condition et atmosphère d’une contemplation plus pure » on peut en effet douter que les frères chartreux soient à l’origine de cette ornementation. Devenu trop exiguë pour l’exercice de leur culte, ils construiront dans la vallée proche l’église principale du monastère. La dédicace à Saint Jean Baptiste a été faite par l‘évêque de Paris, Eudes de Sully de 1196 à 1208.

 

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Un monument circulaire rappelant le Saint Sépulcre de Jérusalem

Inscrite sur les listes des Monuments historiques dès 1867, elle a fait l’objet d’une vaste restauration extérieure et intérieure en 2007. La chapelle est aujourd’hui réduite au chœur, la nef s’étant effondrée à une date indéterminée.

Tout l’intérêt réside dans les fresques d’une haute valeur artistique. Les scènes se répartissent en panneaux, dont le plus célèbre est la dormition de la vierge. Le premier panneau en entrant représente Jessé brandissant de la main droite un rameau, « radix Jesse », d’où sortira sa descendance. La vierge se dresse en manière de tronc d’où « émerge » le Christ. Juste au dessus un cercle délimite le ciel d’où plongent sept colombes représentant les sept dons du Saint Esprit.

En face est représentée une Nativité selon l’iconographie romane traditionnelle. La Vierge est étendue, Joseph à sa droite, l’Enfant Jésus couché dans le même sens que sa mère, sous le regard bienveillant de l’âne et du bœuf. Sur le panneau suivant une Présentation au temple met en scène la Vierge. Elle tend l’enfant Jésus au vieillard Siméon, les bras couverts d’un voile, une lampe, symbole de la présence divine brûle sur l’autel. Après vient la descente de Croix, Joseph d’Arimathie maintient le corps du Christ pendant que Nicodème retire le clou de sa main gauche. La Vierge mettant le bras droit du Christ tendrement contre sa joue. Le panneau de la résurrection est conforme au récit évangélique, les saintes femmes s’approchent du tombeau vide, l’ange leur annonce que Jésus est ressuscité. Enfin la dormition de la Vierge, les onze apôtres (nommés en lettres blanches sur fond vert) assistent à la mort de la vierge couronnée, étendue sur sa couche, calme et majestueuse. Le visage d’une grande perfection reflète une profonde quiétude. Jean, qui est penché au pied du lit, tient un livre ouvert où est écrit un titre commençant par Beatus. Des anges recueillent l’âme nue de la Vierge en miniature transmise par Jésus.

Dans les embrasures des fenêtres, sont peintes des représentations des Saints (diacres et martyrs, saints abbés et évêques, les Apôtres) et du Christ Pantokrator. L’Apocalypse occupait la coupole aujourd’hui détruite.

Le thème majeur est celui de « l’Incarnation rédemptrice, Dieu s’insère dans une généalogie humaine. Par l’entremise de la Vierge, Dieu s’incarne tel un rameau dans l’arbre de Jessé, d’où naît le Christ ».

Quant à leur datation, elle reste controversée. Pour la plupart des historiens les fresques dateraient de la fin de la deuxième moitié du XIIe siècle.

 

DSC02157 La Dormition de la Vierge, une iconographie d’origine orientale

Aucun personnage du Nouveau Testament ne doit plus à la légende que la Vierge. L’Evangile la laisse à peine entrevoir. Dès les premiers siècles, des textes apocryphes racontèrent sa vie, de son enfance à sa mort et charmèrent le Moyen Age. Le culte de la Vierge qui grandit au XIIe siècle s’épanouît au XIIIe. Les apôtres, qui étaient alors dispersés dans le monde pour y prêcher l’évangile, se sentirent soudain emportés par une force mystérieuse et se trouvèrent réunis dans la chambre de Marie. Marie étendue sur son lit attendait la mort. A la troisième heure Jésus apparut accompagné d’une multitude d’anges. Un dialogue s’engagea entre la mère et le fils « Viens, dit Jésus, Toi que j’ai élue et je te placerai sur mon trône, car j’ai désiré ta beauté » Et Marie répondit « Je viens car il est écrit de moi que je ferai ta volonté » Et ainsi l’âme de Marie sortit de son corps et s’envola dans les bras de son fils. Cette scène d’origine orientale est représentée par les Byzantins dès le XIe siècle. Les apôtres sont rangés autour du lit où repose le corps de la Vierge, Jésus tenant dans ses bras l’âme de sa mère sous la figure d’un petit enfant.

 

Bibliographie

[1] La chapelle Saint-Jean du Liget. Christophe Meunier, éditions Hugues de Chivre. 2011 
[2] Touraine Romane, 3e édition, la nuit des temps. Edition Zodiaque, 1957.

 

Le mot fresque dérive de l’italien « fresco », frais. Connu depuis la plus haute antiquité, elle se compose de trois éléments : 

L’arricio est un crépi à base d’un mélange de chaux, de sable et d’eau que l’on applique sur un support de pierre ou de brique, d’une épaisseur d’environ un centimètre.

L’intonaco supporte l’ensemble de la fresque, il est composé d’une pâte faite de sable fin, de poudre de marbre ou de très fine pouzzolane, de chaux et d’eau. Il passe de l’état d’hydrate de calcium à celui de carbonate de chaux formant une pellicule résistante assurant la cohésion des pigments mélangés à un liant.

– Les couleurs doivent être obligatoirement déposées sur l’intonaco humide et donc frais, prenant leur ton définitif au bout de quelques mois. Les contours des images à réaliser sont le plus souvent dessinés à l’ocre rouge. Lors de la restauration des fresques, on a découvert le Sinopia. Ce dessin préparatoire, avec ébauche de couleur, est appliqué sur l’arricio avec de la terre rouge de Sinope, puis sur l’intonaco.

La technique a fresco exige de maîtriser les surfaces à peindre dans un laps de temps donné, elles sont divisées en fonction des zones accessibles par un échafaudage (pontate) et exécutables au cours d’une journée (giornate).




iPhone 5 : la face cachée

364 – Pascal Wolff – Déjà très perplexe devant le « premier » iPhone 5, nous attendions les nouveaux annoncés avec beaucoup de circonspection : un « low cost » et une version haut de gamme. Comme à l’accoutumée, c’est Tim Cook en personne qui a fait les présentations ce 10 septembre en balayant les rumeurs – qui ne manquaient pas – pour nous faire découvrir les deux modèles iPhone 5, l’un dénommé 5c et l’autre, 5s.

L’événement promettait, selon Apple, d’ « éclairer la journée de tout le monde », avec « non seulement une vue sur l’avenir, mais une inspiration pour l’avenir… ». En fait d’inspiration, elle n’était pas franchement au rendez-vous, l’esprit Steve Jobs et de sa capacité à promouvoir le design, la recherche et le développement étant visiblement bien loin.

 

Le lowcost façon Apple

Selon les rumeurs donc, la firme de Cuppertino devait sortir un lowcost pour s’ouvrir vers de nouveaux marchés – les pays émergents – tel la Chine (où son chiffre d’affaires a reculé de 14 %), le Brésil ou l’Inde. Nous avons donc été dans un premier temps surpris de voir que le 5c n’avait de lowcost que le nom avec un prix de départ de 599,00 euros en 16 Go (1), ce qui montre à quel point Apple continue de vouloir privilégier ses marges plutôt que de vendre ses téléphones en quantité.

Les premières réactions chinoises n’ont d’ailleurs pas tardées, jugeant le produit trop cher (le 5c atteignant 520,00 euros), là où les smartphones à 75,00 euros abondent le marché intérieur. Au Japon, par contre, il fallait faire jusqu’à un kilomètre de queue ce 20 septembre pour que le consommateur reparte avec son iPhone tout neuf sans débourser un Yen, l’appareil étant facturé chaque mois durant deux ans grâce à une ristourne sur les services.

 

Les dessous de l’affaire

Vu de notre œil exercé aux nouvelles technologies, les nouveautés de l’iPhone 5 sont à l’intérieur. Tout d’abord par un nouvel iOS, qui devient bien plus épuré (voir encadré sur le skeuoporphisme ci-dessous), ensuite par une technologie (nouvelle sur un smartphone) qui va changer nos habitudes dans les années à venir : l’identification par empreintes digitales. Cet accès One-touch, disponible uniquement sur le 5s (2), offre de belles perspectives : plus besoin de code(s) et de logins devenus particulièrement rébarbatifs de nos jours (moi, j’ai acheté un calepin papier pour tous les retenir… et vous ?). Le seul hic, c’est qu’il a fallu moins de deux jours après la sortie du 5s pour que l’une des principales organisations des hackhers en Europe vienne à bout du mécanisme de reconnaissance des empreintes digitales…

Toujours sur le 5s, Apple a dévoilé un nouveau coprocesseur : le M7. Conçu spécifiquement pour mesurer les données de mouvement de l’accéléromètre, du gyroscope et de la boussole, ce coprocesseur déleste la charge de traitement de la puce A7. L’industrie des technologies de remise en forme est déjà sur les rangs sur ce nouveau capteur d’activité, mais de nouvelles méthodes de suivi des données sur les patients et la santé vont bientôt apparaître.

En conclusion, Apple donne un – léger – coup de frais à sa technologique, même si le fan n’y trouve plus vraiment son compte, ces nouveautés ayant un goût de « pré-existant », car il est bien loin le temps où le maître Jobs tenait de façon magistrale les rênes d’Apple et de sa contention à nous préparer « une inspiration pour l’avenir », un peu comme si à chaque fois qu’il officiait, c’était le Père Noël qui arrivait avec ses nouveautés venues de nulle part. n

(1) iPhone 5c : de 599,00 euros en 16 Go à 699,00 euros en 32 Go.
(2) iPhone 5s : de 699,00 euros en 16 Go à 899,00 euros en 64 Go.

 

Le skeuomorphisme, quésako ?

Le mot n’existe pas dans la langue française, mais il est vient du terme anglais « skeuomorphism » pour désigner des éléments d’interface informatique faisant le parallèle avec le monde physique (par exemple des textures : cuir, papier, bois) dans le but de donner des repères facilement accessibles à l’utilisateur, notamment aux malvoyants. L’interface mobile d’Apple, réputée pour être la plus adaptée aux handicapés visuels, est sur le point de disparaître avec l’iOS7. Par ce changement, Apple cherche à lutter contre la concurrence d’autres systèmes, Microsoft et Android de Google, qui bénéficient d’un design plus épuré.

Cette redirection majeure de l’interface n’est pas sans conséquences pour les utilisateurs malvoyants, les plus sensibles à ces changements.




Côtes de Bourg 2009 « Les 3 Petiotes »

362-363 – Jean Helen – J’avais, dans Le Cardiologue 310, vanté le Château Martinat que m’avait fait découvrir, dans le Bourgeais, où il avait pris sa retraite, un excellent ami gastro-œnologue rémois. En retour, je lui avais conseillé de s’intéresser au domaine des 3 Petiotes sis à moins de 200 m de sa propriété, choix qui s’est avéré fort judicieux !

VinL’aventure des 3 Petiotes est celle de la reconversion d’une jeune cadre bancaire dynamique, désireuse d’échapper à un travail monotone et peu valorisant, pour se laisser guider par le plaisir du goût, de la convivialité, de l’amour du vin et par le labeur et les tribulations incessantes qu’il nécessite, ce qu’elle raconte avec beaucoup d’humour dans son blog jonglant entre les enfants, les aléas climatiques, les contraintes de la culture bio, les trahisons du matériel.

Valérie Godelu, passée dans sa jeunesse par la Lorraine, puis le Beaujolais, où elle apprit à apprécier le vin, prépara sa reconversion depuis une dizaine d’années, en consacrant avec son mari tous ses congés à une formation viti-vin à Beaune. Puis les hasards de leur vie professionnelle les amenant à Bordeaux, elle tomba sous le charme des Côtes de Bourg, où elle réussit à acquérir, en 2008, 3 parcelles d’un total de 3 hectares entre Prignac et Tauriac qui n’intéressaient guère les locaux, car les rangs de vigne, séparés d’à peine 1,50 m, interdisaient le travail mécanique. C’était décidé ! Valérie Godelu abandonne alors son métier pour celui de vigneronne, son mari conservant son travail, pour « faire bouillir la marmite », mais l’assistant, ses soirées et week-ends, dans le travail de la vigne.

La qualité du sol argilo-sableux renforcé en profondeur par des argiles bleues et rouges, des petites concentrations de latérite possédant de bonnes réserves hydriques, l’orientation idéale pour l’ensoleillement des vignes nord-sud promettaient de belles possibilités très vite concrétisées.

Le nom surprenant du domaine, les 3 Petiotes, est venu de la naissance des 3 fillettes du couple qui s’harmonise avec les 3 parcelles du domaine complantées respectivement de malbec, merlot, et cabernet, âgées de plus de 35 ans.

D’emblée, Valérie choisit l’agriculture biologique actuellement en cours de certification. « J’ai pris l’option de faire un vin le plus naturel possible, je ne rajoute aucun intrant chimique autre que le soufre avec grande parcimonie, afin d’obtenir un vin digeste », souligne-t-elle. Les vignes sont cultivées, sans pesticides ni engrais de synthèse, l’herbe est tondue entre les pieds au rotofil, le sol retourné en surface 1 à 2 fois/an. La taille Guyot double a été adoptée, pour étaler les grappes. Effeuillage en août, pour mieux exposer les grappes au soleil, travaux en vert limitent drastiquement les rendements à 25 hl/ha.

En 2012, après quelques galères dans des locaux éloignés et exigus, un chai tout neuf est sorti de terre qui optimise le travail de vinification.

Les vendanges sont manuelles en cagettes. Un double tri à la récolte, puis au chai est effectué sur des raisins égrappés à la main. Les fermentations alcooliques et malo-lactiques s’enclenchent dans la foulée, sans sulfitage, ni levurage exogène. L’élevage sur lies avec bâtonnage régulier s’étend sur 12 mois en barriques anciennes. La mise en bouteille ne comporte ni collage ni filtration.

Ces 3 Petiotes 2009 résultent d’un assemblage inhabituel de 40 % de malbec, 35 % de merlot, le reste de cabernet essentiellement franc. Paré d’une robe grenat foncé aux reflets violacés, ce vin exhale immédiatement des senteurs de liqueur de cassis, de pruneaux et d’épices dominées par le poivre noir, puis, très rapidement, apparaissent des arômes plus sudistes de fruits rouges, de kirsch, de menthe. La bouche est fruitée, gourmande, veloutée exprimant une matière dense, équilibrée, où l’on retrouve, à nouveau, des notes de pruneaux, de poivre, de réglisse, les tanins cependant restent encore un peu vifs. La finale laisse une belle impression fraîche et salivante.

Cette bouteille, très atypique pour un Bordeaux, ne peut que séduire par son côté fruité et épicé lié au malbec, mais aussi par son prix particulièrement doux !

Ce vin joyeux, rempli d’énergie s’accordera avec de nombreux mets. Il épousera une grillade de bœuf ou une brochette d’agneau, surtout si elles sont cuites aux sarments de vigne, un boudin noir aux pommes, une cannette rôtie. Valérie le recommande avec sa recette fétiche, encornets à la joue de bœuf, mais aussi avec des desserts chocolatés : bavaroise au chocolat et fraise, moelleux au chocolat.

Le fourmillement de projets des Godelu : cuvée « en attendant Suzie » comportant 70 % de malbec, une autre 100 % cabernet franc, un moelleux de merlot
botrytisé ( !), son référencement dans le livre « des vins qui ont de la gueule » permettent d’affirmer que les Petiotes sont en passe de devenir grandes…

Côtes de Bourg 2009 « Les 3 Petiotes »
Valerie Godelu 33710 Tauriac
 



La Madone de Vyšehrad

362-363 – Christian Ziccarelli – Louis-François Garnier – Le couvent Saint-Agnès, l’un des plus ancien (1240) édifice gothique de Prague conserve La Madone de Vyšehrad, une Madone d’Humilité dont l’origine thématique est apparue à la suite de la Peste noire de 1348.

CultureDes Primitifs italiens à l’art médiéval en Bohème

Au Duecento, l’art primitif italien sous les pinceaux du peintre florentin Cimabue (v.1240-1302) et du siennois Duccio di Buoninsegna (1260-1318) va s’affranchir de la tradition byzantine. Leurs contemporains, les sculpteurs gothiques pisans, Nicola (v.1220-1278) et son fils Giovanni (v.1248-1317) Pisano, vont  exercer une influence durable sur les artistes siennois de leur époque, en créant un art infiniment plus réaliste et raffiné que leurs prédécesseurs (chaire du baptistère et de la cathédrale de Pise). En 1348, la Peste noire (bubonique) tua la moitié de la population de Sienne et, en cinq ans, le tiers de la population européenne. Cette redoutable épidémie, considérée en son temps comme une punition divine,  incita à faire pénitence et à la création de tableaux plus humains parmi lesquels des Madones d’Humilité comme celle que peignit en 1353 Bartolo di Fredi (v.1330-1410) dans son atelier de Sienne. Cette double influence de l’art byzantin et des sculptures gothiques, si vivantes, va s’exprimer chez Simone Martini (v.1284-1344), élève probable de Duccio et considéré comme ayant la gamme d’émotions la plus large de tous les Primitifs italiens. Quittant Sienne, au milieu des années 1330, pour Avignon devenu « Capitale de la Chrétienté » depuis l’exil du pape en 1309, il y passera les dix dernières années de sa vie . La large diffusion de son œuvre, en particulier de ses Vierges d’Humilité, est à l’origine d’une grande part de la peinture européenne. Ce nouveau type de Madone se répandit rapidement en Europe incluant la Bohème où la présence  du maître italien Tommaso da Modena, vers 1350,  a contribué à transmettre l’influence de Giotto (1267-1337) de sorte qu’il est très probable que les artistes furent alors influencés par les Primitifs italiens au sein de l’art gothique international, impliquant de nombreux pays entre 1380 et environ 1450.

La Vierge d’Humilité

La  Vierge d’Humilité  est une innovation si remarquable qu’elle n’a pu être conçue que par un grand maître parmi les Primitifs italiens bien qu’on considère qu’elle résulte d’une transformation de la  Vierge à l’Enfant . Il y a tout lieu de penser que ce peintre novateur est Simone Martini même si le prototype initial ne nous est pas parvenu, car l’une des premières  représentations est probablement de Lippo Memmi, beau-frère de Simone Martini, et avec lequel il peignit l’Annonciation (1333) pour la cathédrale de Sienne, avec un retentissement considérable, puisqu’elle fut reprise jusqu’au XVe siècle.

La  Vierge d’Humilité  n’est plus la Vierge en Majesté issue des icones byzantines ; elle descend de son trône pour s’asseoir sur le sol et devenir ainsi plus accessible, avec humilité, comme ceci figure dans la première représentation connue (1346) de Bartolomeo de Canogli sous la forme d’une Vierge à l’Enfant assise sur un coussin plat posé sur le sol (Musée National de Palerme) ; l’Enfant Jésus attire le sein de sa mère vers sa bouche tout en détournant la tête pour regarder le spectateur. Plusieurs autres peintures montrent ainsi l’Enfant Jésus à demi-nu, recouvert d’une draperie en partie transparente avec un pan d’étoffe qui tombe sous son corps selon une « langueur sentimentale » typiquement siennoise qui disparaîtra avec les peintres florentins inspirés de Bernardo Daddi (1290-1348), dans l’esprit de Giotto ; la Vierge est alors assise plus droite et les plis tombant du lange sont supprimés.

Les modifications apportées à l’image de la  Vierge d’Humilité  nous viennent de Toscane. A Sienne, berceau du modèle, l’apparition de décors intérieurs est le fait des frères Lorenzetti, tous deux mort de la peste la même année, (Pietro v.1280-1348 et Ambrogio v.1290-1348), conformément à leur conception de « l’Art né dans la ville ». A Florence, l’Enfant s’éloigne de sa mère dont il ne peut atteindre le sein qu’en tendant les bras et une plus grande distance s’installe avec le spectateur. Certains artistes peindront une Vierge en rupture avec le modèle original puisqu’elle va de nouveau s’élever, assise très haut sur un coussin au-dessus du sol, parfois sur des nuages, aboutissant à une  version céleste  reprise par les grands peintres de la Renaissance tels que Fra Angelico, Raphaël ou Titien, évoluant ensuite vers des variantes comme la Vierge au jardin  ou le sol se couvre de fleurs, puis la  Vierge aux rosiers.

La Madone de Vyšehrad

La Madone de Vyšehrad, « château en hauteur », porte le nom d’une colline mythique de Prague et fut peinte après 1350 dans l’entourage du Maître de Vyšší Brod, artiste anonyme qui est l’auteur de 9 tableaux d’un retable dispersé représentant des scènes de l’Enfance du Christ et de la Passion, et provenant du prieuré cistercien de Vyšší Brod, anciennement dénommé en allemand : Hohenfurth en Bohème du sud. La Madone est assise sur une pelouse fleurie symbolisant le jardin d’Eden ; elle est représentée avec son manteau bleu (ce qui n’a pas toujours été le cas puisqu’il faut attendre le XIIe siècle pour que cette couleur s’impose) et sa tête, avec quelques mèches blondes dépassant du manteau, est entourée d’un nimbe de rayons dorés surmontés de douze étoiles d’or selon la technique de la feuille d’or et a tempera, c’est à dire selon une  peinture basée sur un liant à émulsion (œuf). Ces étoiles et le croissant de lune au pied de la Vierge  évoquent le chapitre 12 du Livre de l’Apocalypse  attribué à Jean l’Evangéliste quand il décrit ses visions surnaturelles: «  Un grand prodige parut aussi dans le ciel. Une femme revêtue du soleil, qui a la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles ». La Vierge tient sur ses genoux, de ses mains effilées, l’Enfant Jésus dont la tête blonde est également  entourée d’un nimbe de rayons dorés et qui semble téter en s’agrippant au sein de sa mère, mais la poitrine de la Vierge n’est que suggérée par un pan du manteau. La Vierge  regarde dans le vide, évoquant l’intuition maternelle du destin particulier de son fils alors que l’Enfant détourne sa tête  pour nous regarder avec acuité ; son corps est en grande partie recouvert d’un brocart, étoffe de soie dorée rehaussée de dessins circulaires, et dont un pan retombe négligemment laissant paraître  deux petons qui s’agiteraient presque sous nos yeux.

Une homogénéité remarquable

Dans l’Art du XIVe siècle, des exemples italiens, français, espagnols mais aussi bohémiens réalisent un thème d’une grande homogénéité sous l’influence initiale de Simone Martini, amplifiée par une vénération particulière pour la Vierge d’Humilité. Ceci témoigne du caractère humaniste de l’Art du début du Trecento italien et l’attitude de l’Enfant Jésus, qui cherche notre regard par un mouvement de contorsion ou contrapposto,  est considérée comme l’une des innovations les plus remarquables du Trecento italien.  Il en résulte une grande empathie de la part du spectateur vis-à-vis de l’amour de cette humble madone pour son jeune enfant, de telle sorte que, au-delà du tableau de dévotion, il s’y rapporte une symbolique universelle.

Bibliographie

[1] T. Hyman. La Peinture siennoise. Thames & Hudson 2007
[2] M. Meiss. La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire. Hazan 2013
[3] N. Laneyrie-Dagen. Le métier d’artiste. Dans l’intimité des ateliers. Larousse 2012
[4] J.A Crowe, G.B. Cavalcaselle, A. Jameson. Les Primitifs italiens. Parkstone international 2011
[5] M. Pastoureau. Bleu Histoire d’une couleur. Points 2006

Remerciements à Sylvie et Christian Neel pour leur amicale collaboration et à Marie-Eglé de Rouvroy, documentaliste à Famille chrétienne




Techniques d’échographie cardiaque

362-363 – Yves Carat – Chacun sait que l’échographie cardiaque, devenue depuis longtemps l’outil clinique indispensable d’exploration non invasive du cœur, est en perpétuelle innovation, ce qui rend sa maîtrise de plus en plus complexe et difficile en pratique quotidienne.

LivreC’est tout le mérite du livre de Christophe Klimczak (1), préfacé par le Pr Albert Hagège, de proposer un panorama complet des techniques ultrasonores et d’en faciliter la « prise en main ».

L’auteur, cardiologue et praticien hospitalier, est bien connu des spécialistes en imagerie cardiaque qui ont déjà pu apprécier ses autres écrits consacrés à l’échographie cardiaque transthoracique et transœsophagienne.

Le présent ouvrage, richement illustré de plus de 250 schémas et figures, est clair et didactique ; pour autant, il s’adresse avant tout aux échographistes confirmés qui y puiseront une mine d’informations et de précieuses mises au point.

 

Un ouvrage parfaitement documenté

Ce livre est un document à la fois synthétique et très fouillé sur toutes les techniques échocardiographiques actuellement disponibles par voie transthoracique et transœsophagienne allant des aspects les plus classiques jusqu’aux  systèmes d’exploration de demain.

Pour les aspects classiques, l’échographie bidimensionnelle transthoracique, de repos et de stress, et l’écho transœsophagienne sont largement abordées dans deux chapitres, notamment sur tout ce qu’il faut savoir en pratique quotidienne.

Quant aux techniques modernes, l’ouvrage aborde successivement :

le doppler tissulaire myocardique, l’une des plus anciennes techniques « modernes », dont les bases physiques, les limitations  et les applications cliniques sont clairement exprimées.

Le color Kinetic imaging, particulièrement bien exposé.

La déformation myocardique, qui s’est installée lentement dans la pratique quotidienne, mais qui devient aujourd’hui l’un des outils incontournables de l’appréciation de la contractilité ventriculaire gauche. Le concept des différents types de strain est particulièrement bien présenté, tant pour les cardiologues débutants que pour les échographistes confirmés

L’échographie tridimensionnelle en temps réel, transthoracique et transoesophagienne, fait l’objet de deux vastes chapitres, détaillant les principes physiques des sondes 3D comme les différentes modalités techniques d’exploitation des images et leurs applications actuelles et futures.

L’ouvrage est à ce point complet qu’il aborde également des domaines un peu plus confidentiels (pour l’instant) tels l’échographie transthoracique du flux coronaire, les différentes techniques d’écho intracoronaire ou le « vector flow mapping ».

Au total, ce document remarquable, agrémenté d’une imposante bibliographie, pourrait devenir l’ouvrage de référence, après correction des quelques coquilles qui en gênent un tout petit peu la lecture.

A acquérir sans tarder.

(1) Christophe Klimczak est cardiologue, praticien hospitalier des hôpitaux de l’AP de Paris (Charles-Foix à Ivry-sur-Seine, Émile-Roux à Limeil-Brévannes) – Groupements hospitaliers universitaires.

 

Je vous parle du cœur

 

Auteur : Christophe Klimczak

 

Editeur : Elsevier-Masson

 

Pagination : 327 pages

 

Prix public : 55,00 €

 




Apple et les professionnels de la Santé

362-363 – Pascal Wolff – Apple a décidé de créer une catégorie appelée « Apps pour les professionnels de santé ». Une bonne idée pour se repérer dans le dédale des applications dites de « Santé ». Par contre, on ne sait pas qui fait office des attributions des catégories professionnelles, car il manque un certain nombre d’applications de santé dites « sérieuses » qui ne sont pas présentes et qui seraient les bienvenues ici. Cette rubrique étant très récente, laissons le temps à Apple de faire ses mises à jour.

Cette catégorie se différencie en sept sous-catégories :

– Apps de référence

– Medical Education Apps

– DMP et apps pour le suivi des patients

– Apps pour les soins infirmiers

– Apps d’imagerie

– Patient education Apps

– Santé

Dernier point, et ô combien important. Vous ne trouvez pas cette rubrique dans l’iTunes Store. J’ai eu beau fouiller, impossible de m’y rendre. Voici donc le sésame pour y avoir accès :

https://itunes.apple.com/WebObjects/MZStore.woa/wa/viewMultiRoom?cc=us&fcId=459947050




Les Apps du mois

362-363 – Pascal Wolff –

Instant Heart Rate

Instant Heart Rate est une application originale développée sous Android et iOs qui permet de mesurer le rythme cardiaque grâce à la caméra et au flash de son smartphone en positionnant le doigt directement sur le capteur CCD. L’application se base sur un brevet de plus de trente ans qui permet de mesurer la saturation en oxygène présente dans le sang à chaque battement du cœur. Cette richesse en oxygène provoque un léger changement de couleur de la peau que la caméra analyse pour calculer la fréquence cardiaque. Cette app a été classée la meilleure santé & app de remise en forme sur mobile Premier Awards 2011

Caractéristiques

Mesure du pouls
Graphique PPG en temps réel 
Continu ou mode Auto-Stop 
Zones de fréquence cardiaque 
Stockage des données avec export pour les utilisateurs enregistrés 
Partage sur Twitter et Facebook si vous voulez en faire profiter vos amis…

 

CardioSmart Explorer

Belle application que nous vous proposons là, car vous pourrez montrer à votre patient de façon ludique les problèmes posés par un traitement et les options proposées en utilisant des graphiques cardiaques en 3D, animés ou pas. Les images sont superbes et les animations saisissantes. Elles ont également le mérite de démystifier et de rendre plus humain ce que le patient ne voit guère et font partie de son imaginaire. Vous pouvez ainsi explorer la structure d’un cœur battant en 3D en le faisant pivoter sur lui-même ou montrer la manipulation d’un stent. Il y a toute une série d’animations et de médias interactifs à consulter avec des manipulations qui montrent à votre patient les interventions chirurgicales éventuelles. Evidemment, cette app n’est qu’un support informatif et a tout d’abord été conçue pour le rapport cardiologue/patient.

 

Virtual Heart

Toujours dans l’animation cardiaque, une application qui permettant de visualiser le cœur et d’en comprendre les mécanismes, notamment une animation du courant électrique. Vous pourrez même régler la fréquence cardiaque jusqu’à 180. Ce cœur virtuel a été créé par la société Xvivo, spécialisée dans la réalisation d’animations médicales et travaillant pour des sociétés comme Medtronicks ou Merck, pour le compte du musée des sciences et de l’industrie de Chicago. Intéressant à montrer, mais on regrettera que cette application n’aille pas plus loin dans sa démonstration visuelle.

 




Crémant de Limoux Brut Résilience 2008 (Alain Cavaillès 11300 Magrie)

Dès 1531, les moines de l’abbaye de Saint- Hilaire, à quelques kilomètres de Limoux, s’aperçurent que le vin blanc qu’ils avaient mis en bouteilles bouchées de liège, formaient des bulles : la Blanquette de Limoux venait de naître et est donc considérée comme un des plus anciens vins mousseux, puisque, n’en déplaise aux Champenois, il semble démontré qu’à la suite d’un pèlerinage dans cette abbaye bénédictine, fin XVIe siècle, Dom Pérignon expérimenta à Hautvillers sur les vins de Champagne la méthode limouxine.

Le vignoble de Limoux, sub-division du vignoble languedocien, à l’ouest des Corbières, présente une combinaison de terres argilocalcaires caillouteuses, influencées par la Méditerranée et les Pyrénées, procurant un ensoleillement important et une pluviométrie suffi sante. Ce climat est résolument favorable à la production de blancs réputés. Mais ce vignoble a la particularité unique dans le Languedoc de produire des vins effervescents qui conjuguent Blanquette et Crémant de Limoux.

La Blanquette doit sa typicité au cépage mauzac (Blanquet en occitan qui illustre les petites pointes blanches sur les feuilles de la vigne) et qui constitue jusqu’à 90 % du vin. Elle est, le plus souvent, élaborée selon la méthode traditionnelle champenoise, où l’ajout d’une liqueur de tirage provoque une deuxième fermentation dans le flacon (voir Le Cardiologue n° 327) ; mais les mêmes viticulteurs proposent, en parallèle, des Blanquettes de Limoux méthode ancestrale, où la fermentation est ralentie par refroidissement dans la cuve et repart de façon naturelle dans la bouteille ; ces vins titrent péniblement 7 ° d’alcool.

De la noblesse dans les cépages _ Le Crémant, lui, privilégie les cépages nobles : Chardonnay, Chenin qui ne peuvent dépasser 90 % de l’assemblage, pour la cuvée Résilience d’Alain Cavaillès : 50 % de chardonnay, 40 % de chenin, 10 % de pinot noir. Il est élaboré selon la méthode champenoise. Son vieillissement dure au mois 15 mois, alors que la Blanquette peut être commercialisée au bout de 9 mois. A noter que la cuvée Résilience est très faiblement dosée à 4 g de sucre : ce qui la classerait en Champagne dans les extra-bruts.

Alain Cavaillès est installé depuis 1996 dans la vallée de Magrie au coeur du terroir d’Autan considéré comme l’excellence de l’appellation. Les vignes, au départ épuisées, ont été revigorées par l’agriculture biologique, avec l’obsession de conserver le sol en vie par labourage et apport de matières organiques. Les vendanges sont manuelles en caissettes de 30 kg. La dénomination de sa cuvée vedette Résilience illustre parfaitement sa philosophie : « capacité d’un écosystème à retrouver un fonctionnement normal, après avoir subi des attaques et des dommages ». Mais le vigneron outrepasse largement la nouvelle réglementation européenne sur les vins bio : « Pas d’agriculture bio sans vinification bio, réduction des doses de sulfites, pas de collages agressifs, filtration uniquement si nécessaire, pas d’utilisation systématique du froid, vinification en plein air, pour que le vin suive le cycle naturel des saisons », clame-t-il.

D’une brillante robe jaune pâle, rehaussée de reflets dorés, ce Crémant Résilience dévoile des bulles abondantes très fines, teintées d’élégance. Il exprime des arômes de fleurs blanches, aubépine, chèvrefeuille, de fruits délicats, mandarine, pêche blanche, associés à de subtiles notes de toast grillé signant le cépage chardonnay. La bouche nerveuse et minérale est bien équilibrée. Peut-être pourrait- on regretter un certain manque d’ampleur et de longueur.

Sa vivacité et sa fraîcheur, sa faible sucrosité en font typiquement un vin d’apéritif, ouvrant celui-ci, sans empâter la bouche, ni charger la digestion. Il concurrencera, ainsi, nombre de champagnes de modeste qualité. Il se dégustera avec des petits toasts salés, des réductions à base de poissons fumés, et notamment du saumon cru ou mariné. Il peut aussi accompagner, de façon originale, des poissons grillés, mais, au contraire des champagnes de gastronomie, je ne conseillerai pas de le servir pendant tout un repas.

Un vin, conclut Alain Cavaillès, est plus qu’un liquide « sympa » à consommer, il a un potentiel évocateur, il est en simultané vecteur d’émotion et de mémoire. ■

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Je vous parle du cœur

361 – « Ou même du fond du cœur », comme l’écrit dans sa préface le Professeur Chauvin, qui connaît bien le Docteur Corcilius pour l’avoir côtoyé dans son service de cardiologie à Strasbourg, rendant ainsi un hommage appuyé aux qualités humaines de l’auteur.
Michel Corcilius, cardiologue libéral, a d’abord exercé en Alsace, avant de se laisser tenter par le soleil de la Méditerranée et de se fixer dans le Var à la Seyne-sur-mer.
La rédaction du Cardiologue le connaît bien, pour lui avoir confié la rédaction de plusieurs articles, tâche dont il s’est toujours acquitté avec ponctualité et talent.

Michel Corcilius a donc choisi de « parler du cœur » au grand public, aux « non-initiés » rebutés par le langage abscons trop souvent rencontré dans les ouvrages destinés à des lecteurs non médicaux.

Comme le précise l’auteur dans son avant-propos, il s’agit d’un livre « à vocation pédagogique » qui se veut « facilement abordable et compréhensible pour tout le monde ».

Le premier chapitre précise l’importance de la cardiologie et la place centrale que tient le cœur dans le monde médical et celui du grand public.

Puis vient la description précise et documentée des symptômes et facteurs de risque, qui utilise certes des termes adaptés, mais ne fait l’impasse sur aucune explication approfondie ; c’est ainsi, par exemple, que le lecteur attentif du chapitre sur les troubles du rythme et de la conduction en saura plus sur la question que bien des cliniciens, avec un regard désormais averti sur les différents types de tachycardies et les indications respectives du stimulateur cardiaque comme du défibrillateur.

Sont ensuite passées en revue les principales pathologies, coronaropathie évidemment, hypertension artérielle, valvulopathies, et leur aboutissement naturel encore trop souvent rencontré qu’est l’insuffisance cardiaque.

Ce chapitre sur l’insuffisance cardiaque est particulièrement pertinent, car, outre l’étude clinique et thérapeutique de la pathologie, il fourmille de détails pratiques, de « recettes » utiles à la vie quotidienne de l’insuffisant cardiaque qui vont du choix de l’eau minérale la plus appropriée à l’activité physique et éventuellement sportive, en passant par les voyages et l’activité sexuelle.

Mais le meilleur est presque pour la fin dans un chapitre intitulé « croyances et certitudes », dans lequel l’auteur tord le cou à un certain nombre d’idées reçues, de la pression artérielle qui augmenterait « normalement » avec l’âge aux bienfaits ou méfaits du sel, du café, du tabac, de la margarine ou même du cholestérol ; notons à ce sujet qu’il est réconfortant qu’un ouvrage à destination des patients n’emboîte pas le pas aux affabulations récentes hautement médiatisées et confirme la nécessité de combattre l’hypercholestérolémie du cardiaque par un traitement médicamenteux.

Bravo à Michel Corcilius pour cet ouvrage plaisant, facile à lire et particulièrement adapté à l’éducation thérapeutique qu’il nous est fortement recommandé de faire à nos patients.

 

Le Dr Michel Corcilius, diplômé de la faculté de médecine de Strasbourg, s’est installé comme cardiologue libéral ed’abord en Alsace puis, depuis 2005, à la Seyne-sur-Mer (Var). Ancien pigiste au journal d’information médicale Le Cardiologue, puis correspondant sur les ondes Bleu Alsace de 2002 à 2005, il est actuellement membre de la Société Française de Cardiologie et de l’association médico-chirurgicale « Les Rencontres de cœur », tout en poursuivant son activité libérale.

 

Je vous parle du cœur

Auteur : Michel Corcilius

Editeur : Quintessence – Ressources & Santé

Pagination : 256 pages

Prix public : 20,00 €




Marcillac, Domaine du Cros Vieilles Vignes 2009 (Philippe Teulier 12390 Goutrens)

Des années de misères ont façonné les hommes et l’histoire des vignes de Marcillac. Développé par l’abbaye de Conques au Xe siècle, pratiquement détruit par le phylloxera, replanté dans l’entre-deux-guerres, pour atteindre 3 000 ha, puis bouleversé par le grand gel de 1956 et la crise liée à la fermeture des mines de Decazeville, le vignoble avait quasi disparu, réduit à une cinquantaine d’hectares, mais il a pu renaître grâce au travail et à l’opiniâtreté d’une coopérative dynamique et d’une poignée de vignerons indépendants. Cette résurrection fut permise par le réaménagement du vignoble en privilégiant un cépage original, le fer servadou (« qui se conserve » en occitan), dénommé mansois dans l’aveyronnais ou braucol dans le gaillacois, qui donne toute sa typicité à l’appellation. De plus, les hommes ont façonné des terrasses, les faïsses, sur les coteaux très pentus, pour faciliter le rude travail à la vigne, si bien que le Marcillac a été reconnu AOC en 1990 au rebours des autres appellations aveyronnaises : vins de Conques, d’Entraygues, du Fel et d’Estaing (sans Giscard).

Le vignoble de Marcillac, couvrant actuellement moins de 200 ha à une vingtaine de kilomètres de Rodez, bénéficie d’un climat contrasté : hivers très rigoureux dans cette zone de semi-montagne, étés très chauds et ensoleillés grâce à l’influence méditerranéenne. Il se développe sur des coteaux abrupts formant un cirque naturel orienté plein sud autour de la vallée de l’Ady, réalisant ainsi un microclimat très propice au développement de la vigne.

Une culture raisonnée _ En 1982, Philippe Teulier a pris en main le domaine familial du Cros, pour le faire passer progressivement de 3 à 26 ha par location ou achat de vignes âgées sur les meilleurs terroirs, complantées sur des éboulis calcaires et des rougiers (argiles violacées) permiens en sous-sol.

Maintenant secondé par son fils Julien, il pratique une culture raisonnée, traitant très peu, car le fer servadou est bien résistant aux maladies cryptogamiques. Les talus et entre-rangs sont enherbés, entretenus et tondus régulièrement. Ebourgeonnage, taillage, écimage, vendanges au vert limitent les rendements aux alentours de 45 hl/ha. Les raisins, cueillis à bonne maturité manuellement en caissettes, égrappés, sont pressurés par gravité, pour une macération lente de cinq semaines en cuves inox thermorégulées avec une extraction douce par pigeages du chapeau, remontages et délestages.

L’élevage en vieux foudres de plus de 30 ans s’étend sur 18 mois. La mise en bouteille, précédée de très légers collage et filtration, s’effectue au bout de 2 ans.

Habillé d’une robe sombre, pourpre foncé, ce Marcillac Domaine du Cros Vieilles Vignes 2009, 100 % fer servadou, produit par des vignes soixantenaires, est un vin de charme et de plaisir. Succèdent à d’agréables senteurs de fruits rouges, framboise, groseille et de cassis, d’importants arômes d’épices : clou de girofle, noix muscade, surtout poivre qui rappellent fortement la Syrah. La bouche est charnue avec une dominante de fruits noirs ; on apprécie une trame affinée, des tanins fondus et souples, loin de l’image caricaturale collant aux vins de Marcillac, rustiques aux tanins accrocheurs. La finale est concentrée, fraîche, sapide, mentholée. Ce vin très aromatique équilibre parfaitement bouquets et tanins.

Un équilibre qui épouse la cuisine régionale _ Les accords gustatifs avec ce Marcillac sont riches : viandes rouges, grillades de porc, en vieillissant gibiers à poils, telle une épaule de chevreuil aux airelles. Mais il ne faut surtout pas résister au plaisir de lui faire épouser la belle cuisine régionale : petits gris sauce persillade, aligot saucisses, salades de gésiers confits ou de lentilles aux lardons, et surtout tripous, où il résiste bien à la forte saveur de la tripe, ses tanins s’adoucissant et son grain se fondant. J’ai expérimenté un remarquable accord avec un boudin aux deux pommes : la minéralité du vin affronte le gras du boudin, et son fruité dompte l’acidité de la pomme fruit. Ce Marcillac ne se déplaira pas en fin de repas avec les fromages locaux : fourmes, cantal, laguiole, salers.

Messieurs les restaurateurs aveyronnais qui Pilotez de nombreuses et remarquables brasseries parisiennes, qu’attendez-vous pour promouvoir cet excellent vin, dont les prix sont angéliquement doux ?

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Coteaux du Languedoc Blanc Lune Blanche 2010 (Daniel Le Conte des Floris – 34120 Pézenas)

Mais force était de reconnaître que les blancs ne suivaient pas la même progression, certains vignerons affirmant « ex abrupto » qu’il y fait trop chaud et sec, pour produire de bons vins blancs. Cet a priori est battu en brèche par quelques producteurs qui, innovant dans les terroirs et les cépages, peaufinent de magnifiques cuvées, l’une des stars étant actuellement, selon moi, Daniel Le Conte des Floris.

Personnalité attachante, étonnante, fils d’un patron de médecine interne de Besançon, dont l’épouse est également fille d’un chef de service de cardiologie (l’immense Le Dantec pour ceux qui l’ont connu), Daniel Le Conte des Floris a traversé plusieurs vies, avant de trouver son épanouissement dans la viticulture. Diplômé des Mines de Paris, tour à tour, producteur à France Culture, responsable du Centre National du Cinéma, embauché ensuite par la Revue du Vin de France, dont il devint en six ans rédacteur en chef, il décida, ne pouvant plus supporter la vie parisienne, d’assumer pleinement sa passion pour le vin et, après une formation en oenologie à Beaune, parvint à acquérir, en 2000, un certain nombre de parcelles morcelées autour de Pézenas sur un total de 7 hectares.

Daniel, d’emblée, affirme ses fortes convictions : agriculture biologique, maintenant certifiée Ecocert, spécificité des terroirs adaptés à chaque cépage, afin que chaque vin exprime son identité marquée du sceau de la terre, interventionnisme réduit au minimum aussi bien à la vigne qu’à la cave.

Ainsi, il propose des vins racés, frais, d’une grande finesse, non dénués de minéralité et de profondeur. Si ses rouges sont excellents, ses blancs sont réellement magnifiques : Lune Rousse relancée grâce à la complantation de nouveaux pieds de roussanne, Arès et ma préférée, Lune Blanche.

Sur des sols schisteux et argilo-gréseux, cette petite exploitation, plantée peu serrée à 5 000 pieds/ha en taille Gobelet pour Lune Blanche, limite les rendements à 20 hl/ha. La culture, selon les règles biologiques, évite tout produit chimique en dehors d’un peu de soufre, pour lutter contre l’oïdium. Le vigneron ébourgeonne peu, laboure et débroussaille entre les rangs. La vendange, dont la date est décidée sur des analyses physicochimiques, et surtout sur la dégustation des baies, est manuelle en petites cagettes, avec un tri expert lors du ramassage.

Un cépage méconnu _ Pressurage manuel vertical, macération directe en fût avec décantage et débourbage sur 36 h, pas de levurage, sauf exception, élevage en fût pendant un an, puis six mois en cuve inox pour les blancs qui, en 2010, ont été collés et filtrés.

Les vins blancs sont élaborés autour d’un cépage méconnu, bien que magnifiquement adapté au climat : le carignan blanc, dont l’acidité naturelle permet de pousser la maturité. La cuvée Lune Blanche 2010 est composée exclusivement de carignan blanc issu de vignes soixantenaires.

Un magnifique vin charpenté et aromatique _ Annoncée par une robe brillante, jaune or pâle, cette Lune Blanche, aux jambages gras, délivre des arômes complexes, épicés, fruités, où le nez est d’emblée envahi par des senteurs de melon, abricot, pamplemousse, puis des fragrances oxydatives de pomme et de noix, ce qui n’est pas l’effet du hasard, le vigneron reconnaissant jouer, durant l’élevage, avec l’oxydation, en limitant le soufre, pour accroître la dimension minérale et compenser le manque d’acidité de son vin. La bouche est ample, opulente, ronde, marquée d’entrée par des saveurs bourguignonnes d’amande et de brioche, puis affluent des notes exotiques de coing et de fruit de la passion.

D’une longueur grisante, ce magnifique vin charpenté, gras, aromatique, mais demeurant frais et digeste, au grand potentiel de garde, se positionne, malgré sa jeunesse, pour la grande gastronomie.

Des accords riches et variés _ C’est pourquoi les accords avec ce flacon seront riches et variés : en premier, les poissons nobles en sauce, mais aussi noix de Saint- Jacques au poivre blanc, tartare de truite ou de thon à l’huile d’olive, ris de veau poché aux chanterelles. J’ai été émerveillé par sa rencontre avec une barbue au jus de carottes et moutarde à l’ancienne selon Piège, mitonnée par mon épouse. Alain Senderens propose un mariage surprenant avec un filet de canette, figues fraîches et raisin blond, car la marinade imprime au filet une subtilité aromatique que bercent la richesse et les parfums de la Lune Blanche. Pourquoi ne pas réserver les dernières gouttes à un gorgonzola ?

Daniel Le Conte des Floris aime à souligner qu’« il nous a fallu apprendre à désapprendre, car la réalité du Languedoc n’est pas celle des autres vignobles français », mais cet homme intelligent a su très vite s’adapter et il a toute chance avec ses vins blancs de marquer l’histoire du vignoble languedocien. Quelle magnifique reconversion pour l’ancien journaliste ! ■




L’éducation thérapeutique du patient cardiaque

359-360 – Comme le souligne fort justement le Pr Thomas dans sa préface, si Monsieur Jourdain avait été médecin, il aurait fait de l’éducation thérapeutique sans le savoir. Comme la grande majorité des praticiens, les cardiologues ont l’impression voire la conviction de ne pas avoir attendu que soit inscrite dans la loi HPST de 2009 cette désormais fameuse « Education Thérapeutique du Patient (ETP) » pour en faire bénéficier leurs malades à chacune de leurs consultations.
Et pourtant…

Sans devenir un nouveau métier ni trop compliquer notre tâche au quotidien déjà suffisamment remplie par les obligations administratives de tous ordres, il nous faut reconnaître que cette ETP, en cardiologie comme ailleurs, nécessite d’assimiler des compétences nouvelles, voire de suivre une FMC spécifique pour acquérir le savoir-faire nécessaire à sa véritable mise en œuvre.

C’est ce que propose cet ouvrage, dirigé par Bruno Pavy, cardiologue spécialisé en réadaptation cardiovasculaire, qui s’est entouré de médecins, cardiologues pour la plupart, professionnels de santé, et même patients tel le regretté Jean-Claude Boulmer, qui dirigeait l’association « Alliance du Cœur » et ne ménageait pas sa peine pour faciliter les rapports entre médecins et malades, dans un esprit toujours constructif et serein.

L’ouvrage, très documenté, obéit à la construction la plus classique, abordant successivement les différentes situations qui nécessitent de recourir à l’ETP.

En fait, le patient cardiaque en a besoin à pratiquement tous les stades, aigu ou chronique, de ses maladies et la première situation décrite dans le livre est celle de l’éducation thérapeutique aux urgences cardiovasculaires. C’est vrai que l’identification des accès douloureux et les moyens d’y faire face rapidement font partie des tout premiers messages à transmettre pour aider le patient à acquérir ou améliorer son « savoir-faire » ou « savoir-agir ».

L’ETP du patient hospitalisé en cardiologie est un autre élément essentiel, notamment les hospitalisations pour insuffisance cardiaque, particulièrement d’actualité au moment de l’installation du programme PRADO par l’Assurance Maladie. Les auteurs préconisent au décours de la décompensation cardiaque des séances individuelles, préférables aux séances collectives pour raisons d’organisation, et recommandent de les faire pratiquer par des équipes multiprofessionnelles formées à l’ETP, cardiologue, infirmière, kiné, diététicien, attachées ou non au service hospitalier.

Mais c’est durant son séjour en centre de réadaptation que le patient bénéficiera sans doute le plus de l’ETP, car la durée du contact avec les professionnels de santé est propice à la délivrance de messages pertinents sur les situations à risque, la reconnaissance de symptômes d’alerte, le mode de vie ou le contrôle des facteurs de risque.

Naturellement, comme tout processus médical, cette ETP doit être évaluée. Le docteur Pavy propose à cet effet différents programmes, grilles d‘évaluation, voire aide ou contrôle extérieurs, gages d’indépendance et de succès.

Et bien évidemment, c’est au sein du cabinet médical, lorsque se déroule le « colloque singulier », que peut et doit se développer l’enseignement, individuel certes, mais élargi autant que possible au conjoint ou à « la personne de confiance ». Encore faut-il parvenir à dégager le temps nécessaire à la fin d’une consultation déjà chargée ; c’est pourquoi certains commencent à réfléchir à la réalisation de cette ETP au sein de séances dédiées ; mais il faudrait surmonter bien des difficultés techniques et financières. C’est là que l’implication des malades prend tout son sens et que les associations de patients ont un grand rôle à jouer.

Rappeler que la maladie chronique ne va jamais disparaître, remettre le patient au cœur du système en lui permettant d’accueillir des compétences sur sa pathologie, tels sont les principaux objectifs de cet ouvrage qui devrait intéresser médecins traitants, cardiologues et tous les professionnels de santé concernés.

L’éducation thérapeutique du patient cardiaque

Auteur : Bruno Pavy

Editeur : Frison Roche

Pagination : 248 pages

Prix public : 39,00 €




Mieux vivre avec l’apnée du sommeil

358 – Construit comme un traité médical classique, l’ouvrage en suit le plan habituel : définition du Syndrome d’Apnée du Sommeil (SAS), physiopathologie, facteurs de risque précèdent les étapes de son diagnostic, l’énoncé de ses effets métaboliques et ses répercussions sur l’appareil cardiovasculaire, avant d’aborder, en détail, la partie consacrée au traitement.

Ce faisant, l’auteur assène parfois quelques affirmations dont le niveau de preuve peut laisser perplexe. C’est ainsi que l’apnée du sommeil serait la conséquence d’un mode de vie sédentaire, que le stress professionnel ou familial se traduirait par « une difficulté à respirer », ce qui reste à démontrer ; de même certains conseils thérapeutiques (une heure de marche rapide quotidienne, apprendre à jouer de la trompette (!), etc.), dont l’efficacité risque d’être en plus toute relative, ne sont pas à la portée de tous.

Qu’importe…

Au-delà de quelques approximations et petits parti pris, le livre fourmille d’encouragements et de recettes qui aideront le patient à accepter cette maladie ; plus précisément, elles lui feront prendre conscience de la nécessité d’accepter les contraintes d’un traitement prolongé ; car la difficulté de cette affection réside d’abord dans cette prise de conscience : au début du moins, c’est plus le ronflement qui fatigue le ou la conjoint(e) que la somnolence diurne qui fatigue le patient.

A cet égard sont particulièrement utiles les explications, pas trop techniques, que l’auteur énonce avec soin pour faire comprendre combien le SAS peut être pernicieux, sans pour autant être une maladie bénigne.

La partie thérapeutique est fort bien étayée, énonçant les diverses interventions chirurgicales possibles, les soins adjuvants, insistant naturellement sur le traitement princeps qu’est la ventilation en pression positive continue. Ce qui est intéressant et utile, c’est que l’auteur insiste à juste titre sur les difficultés d’acceptation de la technique par le patient, ses principales causes et, de son point de vue, les moyens d’y remédier.

Au passage, certains conseils, tel celui de faire tenir au patient lui-même le masque en s’endormant pour éviter la gêne de la fixation, manquent de réalisme ; mais dans l’ensemble, les « recettes » sont claires et astucieuses et contribueront sans nul doute à améliorer singulièrement l’observance.

Mais au-delà du catalogue complet et argumenté des possibilités thérapeutiques et de leurs indications, l’originalité de l’ouvrage tient à cette foule de détails pratiques qui rendront service au patient comme au médecin soucieux d’être efficace dans sa démarche d’éducation thérapeutique. Tous les cas de figure ou presque y sont abordés, de l’équipement minimum indispensable au patient qui voyage à la composition des repas du sujet en surpoids, en passant par les recommandations habituelles, mais bien argumentées sur le rôle de l’activité physique et la nécessité de l’arrêt du tabac.

Plus inattendu encore est ce chapitre sur « l’environnement du soir » où l’auteur aborde de façon presque touchante la préparation de la nuit et les rituels du coucher avant lequel « l’apnéique » est invité, dans une chambre aménagée avec attention, à la relaxation au moyen de techniques diverses et variées dont le training autogène éventuellement associé à l’écoute de la musique classique.

« Le sommeil est pour l’ensemble de l’homme ce que le remontage est à la pendule » ! Cette phrase de Schopenhauer, l’auteur la reprend à son compte pour bien rappeler en terminant combien sont cruciales les fonctions du sommeil dont la perturbation peut dérégler de ce fait tout l’organisme y compris souvent le psychisme.

C’est dire quelle importance il faut accorder à améliorer ce sommeil, source de réconciliation avec soi-même et au-delà de lutte contre la violence et le ressentiment !

Le cardiologue, de plus en plus confronté à l’apnée du sommeil pour peu qu’il s’y intéresse et pense à la rechercher, ne pourra se contenter de ce livre pour faire le tour de la question ; en revanche, l’ouvrage lui sera fort utile pour prodiguer à son patient tous les conseils avisés qu’il aurait quelque difficulté à se rappeler de son propre chef ; en fait, le plus simple, c’est qu’il le montre à ses patients en leur conseillant de l’acquérir. ■

Mieux vivre avec l’apnée du sommeil

Auteur : Michel d’Anielo
Editeur : Grancher
Pagination : 163 pages
Prix public : 15,00 €




Le nouveau dessin du paysage informatique

357 – Depuis la sortie des premières tablettes, la technique a considérablement évoluée : processeurs plus rapides, mémoires plus importantes, définition des écrans nettement meilleures (notamment pour la dernière génération de l’iPad). Il ne fallait que l’engouement des développeurs qui n’a pas d’égal pour lancer un produit qui n’existait pas il y a seulement… trois ans. Le premier iPad a été annoncé début 2010 par Steve Jobs ([Conférence de presse le 17 janvier 2010 au Yerba Buena Center for the Arts de San Francisco)], trois ans après le premier iPhone. Nous avions déjà annoncé il y a à peine un an que la tablette allait entrer à tous les étages de notre vie. Passe-partout informatique par excellence, la tablette se faufile aussi bien dans les milieux professionnels qu’à la maison, et c’est là toute la force de cette machine. Elle fait tout, tout de suite, et aussi bien, sinon mieux qu’un portable.

Il fait tout… _ L’un des domaines de prédilection de la tablette est sans conteste la lecture. Lire des articles de presse ou consulter ses mails, réserver ses vacances, « skyper » ou partager ses photos, chacun se crée une fonction pour cet objet, confortablement installé au fond de son canapé.

Car c’est là sa seconde force, il nous suit partout cet ustensile. Ou plutôt non, c’est plutôt nous qui le suivons ou le cherchons partout. Car le bougre, il sait y faire : télécommande de télévision, de chauffage ou d’alarme. Il vous permet également d’écouter de la musique, de regarder des films… Vous viviez comment avant 2010 ?

…et pour tout le monde _ La force d’Apple a été de créer un outil capable de plaire à tout le monde, et de servir à tout le monde. Petits et grands y trouverons leur compte, leurs applications, leurs envies. Alors tout naturellement, l’ordinateur portable perd du terrain (tableau ci-dessus), tout comme celui-ci à supplanté le desktop qui prônait fièrement à côté de votre bureau ou sous votre écran, c’était selon. Au lancement de l’iPad, les fabricants de PC ont d’abord considéré qu’il s’agissait de l’émergence d’un nouveau marché en cantonnant la tablette à la consultation de contenu, réservant la partie plus « noble » de l’informatique, la création de contenu, aux PC. Il n’aura fallu que quelques mois pour bousculer ces certitudes. En 2012, ce sont 208 millions d’ordinateurs portables qui seront vendus contre 121 millions de tablettes, en majorité des iPads ([NPD DisplaySearch Quarterly Mobile PC Shipment and Forecast Report.)]. Mais dans cinq ans, le marché des tablettes générera un chiffre d’affaires de 416 millions d’euros contre « seulement » 393 millions d’euros pour celui des PC portables. Le tour est ainsi bouclé, car les différences techniques entre les tablettes et les ordinateurs portables s’effaceront au fil des ans. ■

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Les enfants incas sacrifiés du volcan Llullaillaco

357 – Christian Ziccarelli – Un volcan inactif

Le mont Llullaillaco est un volcan de 6 739 m localisé dans les Andes, à l’ouest de la province de Salta, le plus haut sommet servant de frontière entre le Chili et l’Argentine. Dès 1952, une expédition chilienne signale l’existence de ruines archéologiques. Une première fouille est réalisée par l’Autrichien Mathias Rebitsh en 1958, suivie en 1971 par celle du Dr Orlando Barvo. Le lieu du sacrifice est localisé en 1974, mais il faudra attendre 1999 pour qu’une expédition, sous la direction de l’anthropologue américain le Dr Johann Reinhard, situe puis exhume les corps et les biens des enfants de Llullaillaco.

Comprendre le rapport des Incas avec la nature

Pour les cultures américaines précolombiennes la nature était considérée comme sacrée, notamment pour les Incas, les montagnes étaient des divinités. Ils construisirent sur les sommets des structures, les sanctuaires des hauteurs, leur permettant d’accomplir leur rite.

Le volcan Llullaillaco a ainsi plusieurs sites reliés par un chemin allant jusqu’au sommet. A 6 730 mètres furent découvertes deux enceintes connues sous le nom de « huttes doubles », un mur semi-circulaire ou « paravent » et enfin un chemin conduisant à une plate-forme cérémoniale circulaire. A l’époque de l’arrivée des conquistadors, les Incas occupaient un large territoire s’étendant jusqu’au Nord de l’Argentine actuelle.

Les enfants de Llullaillaco

Pour leurs rituels et sacrifices, les Incas offraient ce qu’ils possédaient de mieux. La vie des enfants et leurs biens mortuaires constituaient la plus grande offrande. Ont été retrouvés une Petite Fille de six ans, la Demoiselle de quinze ans et un Petit Garçon d’environ 7 ans. Ils sont présentés en alternance dans des vitrines spéciales reproduisant les conditions climatiques de haute altitude.

Devant ces enfants sacrifiés, on reste sans voix, avec un sentiment d’effroi et d’incompréhension.

Le Petit Garçon de 7 ans a été trouvé assis sur une tunique de couleur grise, la tête orientée vers le soleil naissant, les yeux mi-clos. Un manteau brun et rouge couvre sa tête et la moitié de son corps. Il avait les cheveux courts, un bracelet en argent et une parure de plumes blanches soutenue par une corde en laine entourée autour de la tête. Les offrandes, liées au monde masculin, étaient des statuettes anthropomorphes masculines en or, en argent, vêtues de textiles, en miniature, des camélidés (jouant un rôle fondamental dans l’économie inca), un spondyle et des lance-pierres. Plusieurs éléments, dont la déformation de son crâne, les ornements céphaliques avec des plumes et des fleurs, sont le témoin de sa haute lignée.

La Petite Fille foudroyée de 6 ans a été trouvée assise, les jambes fléchies et la tête levée regardant en direction du sud-ouest. Elle était accompagnée d’objets à usage personnel liés au monde féminin, notamment des poteries (jarre, assiettes, plats ornithomorphes décorés de motifs géométriques…), d’un petit sac (Chuspa) tissé en laine de camélidés et de statuettes féminines en or ou en argent, vêtues de textiles miniatures, coiffées de plumes.

Un petit Kero (verre) en bois avec des motifs géométriques entaillés, produit dans tout l’empire inca, servait pour la libation de la chicha (alcool de maïs).

La Demoiselle avait environ une quinzaine d’années. Sur son visage, on trouve des traces de pigments rouges et elle avait des petits fragments de feuille de coca dans la bouche. Elle était probablement « une vierge du soleil » ou Aella, éduquée dans la maison des Elues, un lieu de privilège pour certaines femmes au temps des Incas. Elle était assise, les jambes repliées et croisées, les bras reposant sur son ventre, la tête penchée vers l’épaule droite, la face orientée au nord-est. Elle portait un manteau de couleur sable et sur son épaule droite un unku, un des vêtements les plus caractéristiques et prestigieux de l’empire inca. Comme pour les autres enfants des offrandes miniatures, liées au monde féminin étaient disposées autour d’elle.

La Capac hucha

La Capac hucha ou « obligation royale », qui a lieu lors du mois dédié à la récolte ou en l’honneur de la mort d’un empereur, est un des rituels les plus importants du calendrier inca. Les enfants de tous les villages de l’empire, voire ceux des dirigeants, choisis pour leur beauté et leur perfection physique, étaient envoyés à Cusco.

Les Incas se réunissaient sur la place principale face aux images du Dieu de la création (Viracocha) et d’autres divinités. Après le sacrifice d’animaux, les prêtres et l’empereur inca célébraient des mariages symboliques entre les enfants des deux sexes. Retournant dans leur village où ils étaient reçus et acclamés avec joie, ces enfant se dirigeaient en cortège en chantant vers le lieu des offrandes.

On donnait à boire de la chicha à l’enfant élu, habillé de ses plus beaux vêtements. Une fois endormi, il était enterré avec les offrandes. Ils rejoignaient les ancêtres qui observaient les villages du haut des montagnes. Leur vie offerte servait à assurer à l’empire santé et prospérité, mais aussi à renforcer l’énergie vitale du souverain.

Partant de Cusco, les enfants de Llullaillaco auraient accompli à pied les 1 600 kilomètres qui les séparaient du lieu programmé de leur mort. ■




Château de France 2006 – Pessac-Léognan – B. Thomassin 33850 Léognan

Les vignobles des Graves, les plus anciens du Bordelais, complantés depuis plus de 2 000 ans, furent particulièrement réputés, lorsque le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenet en 1154 livra cette province à la couronne britannique pendant trois siècles, ses vins étant exportés massivement et accueillis avec enthousiasme par les Anglais qui y restent toujours très attachés. L’Américain Thomas Jefferson classait, fin XVIIIe, les vins de Graves comme les meilleurs vins de Bordeaux. Mais cette appellation perdit progressivement cette renommée au profit du Médoc. Il faut reconnaître que l’étendue, la diversité et l’hétérogénéité du vignoble, produisant beaucoup de vins légers, sans grande complexité, nuisaient à sa réputation, si bien qu’en 1987, une aire de production Pessac- Léognan, regroupant les terroirs les plus prestigieux, a été délimitée, imposant, dans une optique qualitative, des règles plus strictes : rendements de 45 hl/ha par exemple.

Le nom de Graves caractérise les petits galets polis, charriés depuis le quaternaire par les glaciers et la Garonne depuis les Pyrénées.

Le Château de France est l’un des domaines les plus sudistes de la bande de Pessac-Léognan s’étendant depuis les faubourgs de Bordeaux sur la rive gauche de la Garonne. Il bénéficie d’une bonne exposition sur un des plus beaux coteaux de la terrasse de Léognan, d’un climat doux , protégé des intempéries de l’Atlantique par la forêt des Landes à l’ouest, mais recevant une hygrométrie régulière grâce à l’océan. Le terrain très graveleux repose sur un sous-sol d’argile, d’alios, de calcaires et de faluns.

Le nom prestigieux de Château de France vient, en fait modestement, de l’ancien lieu-dit : le tènement de France, sur lequel fut édifiée une maison de maître à la fin du XVIIe siècle. Cette propriété familiale de 40 hectares, acquise en 1971 par Bernard Thomassin qui, dès le début, entreprit une importante replantation, est, depuis 1996, gérée par son fils, Arnaud, qui poursuit énergiquement les travaux de rénovation des installations et la réorganisation des vignobles. Malheureusement, un incendie, il y a un an, a complètement détruit le chai de vinification, mais sa reconstruction va permettre de moderniser et d’optimiser celui-ci.

La viticulture, raisonnée sur une plantation de 5 à 7 000 pieds/hectare en taille guyot double et simple, d’âge moyen de 45 ans, n’omet pas effeuillage, éclaircissage et vendanges au vert, notamment pour le millésime 2006, dont les mois de juin et juillet furent particulièrement chauds, ce qui permet de limiter les rendements et de fortifier les grappes restantes.

La vendange est manuelle, le tri pendant la cueillette et sur table au chai rigoureux.

La fermentation alcoolique de 7 à 10 jours, suivie de 3 à 4 semaines de macération, s’effectue en cuve thermorégulée à 30-32°, où a également lieu la malo-lactique.

L’élevage en barriques, comportant 40 % de bois neuf, s’étend sur 12 à 14 mois. L’assemblage réunit 60 % de cabernet-sauvignon et 40 % de merlot. Pour finir : collage au blanc d’oeuf, filtration légère avant mise en bouteille.

Annoncé par une robe grenat foncée aux belles irisations violettes, ce Château de France 2006 exprime, à l’ouverture du flacon, une certaine réduction qui disparaît après aération, puis, très vite, le nez est envahi par des arômes typiques des grands Graves : terre calcinée, tabac, bois de cèdre avant qu’apparaissent des notes confiturées de cassis et fumées de réglisse. La bouche harmonieuse, friande, épicée : clou de girofle, muscade, garde fraîcheur et minéralité, les tanins bien présents, mais souples et soyeux, le boisé très prégnant pendant les premières années, mais maintenant bien intégré, aboutissent à un vin de plaisir, souriant, loin de l’austérité des seigneurs médocains ou libournais. Peut-on seulement regretter une finale un peu courte ?

Ce Pessac-Léognan a l’élégance et la suavité aptes à s’accommoder à bien des poissons : lamproie à la bordelaise poireaux confits, sandre au beurre rouge. Mais, comme nombre de Bordeaux, il épousera joyeusement le navarin et le carré d’agneau, l’entrecôte bordelaise aux sarments de vigne, le rôti de veau aux girolles, voire un oeuf cocotte à la truffe noire. Il accompagnera certains desserts : soupe de fruits rouges, miroir au cassis, mais il se hérissera devant le chocolat.

Ainsi, ce Château de France, à l’instar des Graves Pyrénéens doucement polis et arrondis par les siècles, glisse sur la langue et le palais comme une délicate et onctueuse caresse. ■(gallery)




Le labyrinthe de Chartres

356 – Christian Ziccarelli – Le Labyrinthe, tout un mythe _ Originellement, le Labyrinthe est le palais Crétois de Minos où était enfermé le Minotaure. Pour prouver ses droits sur le trône de la Crète dont il était devenu le roi, « Minos demanda aux dieux d’exaucer ses prières. Après avoir dédié un autel à Poséidon et fait tous les préparatifs pour le sacrifice, il demanda qu’un taureau sortît de la mer. Aussitôt un taureau d’un blanc éblouissant apparu, mais tellement impressionné par sa beauté, il l’envoya rejoindre ses propres troupeaux et en tua un autre à sa place ». Pour se venger Poséidon fit que Pasiphaé, la femme de Minos, s’éprit du taureau blanc, si bien qu’elle en eut un fils le fameux Minotaure. Pour éviter le scandale, Minos demanda à Dédale de construire une demeure d’où il ne pourrait jamais sortir, le Labyrinthe. Androgée, un des fils de Minos, alors qu’il se rendait à des jeux funèbres, fut tué dans une embuscade tendue par le roi d’Egée. En représailles Minos exigea que les Athéniens envoient sept jeunes gens et sept jeunes filles tous les neuf ans au Labyrinthe où le Minotaure, les attendait pour les dévorer. Thésée, devant la douleur des parents dont les enfants étaient susceptibles d’être tirés au sort, s’offrit volontairement, comme victime. Ariane la propre fille de Minos eut « le coup de foudre » pour Thésée. Dédale avait donné à Ariane un peloton de ficelle magique qui allait permettre à Thésée à la fois de se rendre au repaire secret du Minotaure pour le tuer, mais aussi de retrouver la sortie du Labyrinthe.

Octogonaux ou circulaires, la plupart des labyrinthes de nos cathédrales nous sont connus grâce à des dessins _ En fait, il s’agit de développer un seul chemin aussi long que possible qui part de l’extérieur et aboutit au centre. Celui de Chartres est constitué par des dalles claires en calcaire de Berchères larges de trente-quatre centimètres, que cloisonnent des bandes de pierre sombre (marbre bleu noir) de huit centimètres. La longueur du parcours est exactement de 261,50 m. A Lucques, on retrouve soigneusement gravé sur un pilier du porche roman de la cathédrale, un labyrinthe « en miniature » rigoureusement identique à celui de Chartres. En fait Le labyrinthe fait partie d’une longue tradition. Le plus ancien du monde chrétien est en Algérie, il date de 328. On le retrouve dans de nombreux manuscrits, ou sur des murs d’église aux quatre coins de l’Europe.

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Le dédale, la lieue, le chemin de Jérusalem _ Telles sont les trois autres désignations du labyrinthe. Dédale n’était autre que l’architecte de Minos à qui il avait demandé de construire le Labyrinthe pour cacher en son centre le Minotaure. La lieue correspond à une unité de longueur voisine de 4 km. A pied, il faut environ une heure pour parcourir cette distance. C’est le temps mis par les pèlerins qui le font, encore aujourd’hui, à genoux en récitant le Miserere. Le chemin de Jérusalem est plus énigmatique. Il pourrait être l’équivalent d’un pèlerinage en terre sainte. Le croyant, qui ne pouvait l’accomplir en réel, le parcourait en imagination jusqu’à ce qu’il arrive au centre, aux lieux saints. Il pouvait ainsi obtenir des indulgences.

L’origine de ce tracé peut être recherchée dans la civilisation crétoise, mais il est également possible que la société mégalithique l’ait introduit en Europe occidentale, car dans le musée de Dublin on peut admirer un magnifique labyrinthe mégalithique gravé dans la pierre. Pour le monde gréco-romain, c’est le déroulement de la vie, aboutissant au monde des morts, pour les chrétiens au contraire l’aboutissement, c’est le paradis.

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Sans tomber dans l’ésotérisme _ Gravés sur le sol, les labyrinthes sont la signature de confréries initiatiques de constructeurs, expliquant la présence de leurs noms. A Amiens, les portraits de l’évêque et des trois architectes sont incrustés dans la dalle centrale en marbre blanc.

A Chartres, il est curieux de constater que le diamètre du labyrinthe est à peu de chose près égal au diamètre de la rose occidentale. La distance du centre au mur de la façade est voisine de la distance du sol au centre de la rose. Une ligne imaginaire joignant le centre de la rose au centre du labyrinthe serait l’hypoténuse d’un triangle remarquable à la fois rectangle et isocèle…

On retrouve régulièrement les nombres 3 (symbolique de l’esprit), 4 (celui de la matière) et le chiffre 7 (le centre est en face des piles qui divisent les sept travées de la nef en 4+3, il y a également 4 travées dans le coeur et trois dans chaque bras du transept).

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Coeur et anesthésie

356 – Qu’on en juge : les deux auteurs, Pierre Coriat et Yannick Le Manach, anesthésistes réanimateurs eux-mêmes, se sont entourés, pour rédiger ce traité, de pas moins de 95 rédacteurs, dont 70 anesthésistes-réanimateurs, plusieurs gériatres, des chirurgiens, des pharmacologues, et seulement 2 cardiologues ou du moins recensés comme tels.

A titre d’exemples, le chapitre sur les statines est rédigé par des anesthésistes- réanimateurs, comme celui qui concerne les antiarythmiques, ou même la place des examens complémentaires, ou (mieux encore) celui qui a trait aux techniques ultrasonores (pour parler clair à l’échographie cardiaque ou vasculaire) pour lesquelles l’auteur regrette fermement qu’elles soient vues comme « l’apanage » des cardiologues ou radiologues et demande que la formation à ces techniques soit intégrée au cursus de tout anesthésiste-réanimateur en formation, y compris (tant qu’on y est !) pour dépister d’éventuelles lésions suggérant une endocardite…

Voilà qui devrait faire plaisir au Syndicat des cardiologues qui désespère de voir aboutir un jour sa proposition de former des « sonographers », ou plus précisément de créer un métier de techniciens en cardiologie ; grâce aux anesthésistes, il devrait pouvoir bientôt disposer de collaborateurs efficaces.

Cela dit, l’ouvrage ne manque pas d’intérêt. Sans perdre de temps en introduction, préface ou préambule, on entre tout de suite dans le vif du sujet : les premiers chapitres abordent les modifications hémodynamiques de la période opératoire induites par l’anesthésie générale ou régionale, par la coeliochirurgie, et ses implications sur le monitorage circulatoire, le remplissage vasculaire et l’échographie.

Viennent ensuite les interactions entre médicaments cardiovasculaires et anesthésie : tous les produits ou presque sont abordés, y compris dans la prévention de la maladie thromboembolique veineuse. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’un chapitre entier est consacré à la réduction du risque de l’opéré par l’utilisation périopératoire de l’ivabradine, que l’auteur recommande d’utiliser sur des arguments sans doute fondés, mais qui lui sont personnels puisque, sauf erreur, ils ne semblent pas étayés par des études publiées ou une AMM adaptée.

Les chapitres suivants se veulent tout à fait pragmatiques et concernent l’évaluation préopératoire du risque cardiaque, avec un chapitre que le cardiologue clinicien étudiera d’un peu plus près puisqu’il s’intéresse aux indications de l’électrocardiogramme qui sont d’ailleurs abordées avec précision, sérieux et documentation exhaustive (49 références bibliographiques).

Les deux dernières parties de l’ouvrage sont particulièrement importantes, détaillant les pathologies et complications cardiaques de l’opéré ainsi que leur prise en charge. Il est même question du syndrome de Tako-Tsubo qui serait sur le point de devenir « la » nouvelle préoccupation de l’anesthésiste…

Alors, en définitive : à lire ? _ Oui, certainement, par les anesthésistes qui y puiseront une source importante d’informations théoriques et pratiques de qualité. Et par les cardiologues ? Sans doute aussi, même si certains chapitres sont susceptibles de leur donner quelques démangeaisons.

Coeur et anesthésie _ Auteurs : Pierre Coriat et Yannick Le Manach _ Editeur : Arnette _ Pagination : 846 pages _ Prix : Environ 75,00 €(gallery)




Château de la Tuilerie Eole Blanc 2008 – Costières de Nîmes – Chantal Comte 80900 Nîmes

Le Château de la Tuilerie est un domaine de 70 hectares, complanté pour seulement 10 % en blanc, sis sur la partie la plus ancienne de la formation géologique de la Costière constituée par plusieurs mètres d’alluvions caillouteuses drainées par le Rhône au quaternaire sur la marne argileuse du pliocène. Le sol est pauvre, acide, filtrant, recouvert de sable et galets roulés qui confèrent aux vins, finesse et élégance. Les sous-sols argileux font pousser des vignes, dont l’alimentation en eau et minéraux est limitée contribuant à la faiblesse des rendements et la production de grappes à petits grains, et ainsi de vins concentrés et aromatiques. L’exposition au nord, la ventilation par le mistral sont favorables au maintien d’une bonne acidité et à la synthèse des anthocyanes pour les rouges.

Au Château de la Tuilerie, enherbement, ébourgeonnage, effeuillage sur une taille en cordons de Royat entraînent des rendements très faibles : 20 hl/ha pour la cuvée Eole. L’agriculture est raisonnée limitant les intrants chimiques au strict nécessaire, mais Chantal Comte, l’experte propriétaire, se méfie beaucoup de la mode actuelle pour le bio, et notamment de l’utilisation de métaux lourds, tel le cuivre dans la bouillie bordelaise. La date de la récolte est scientifiquement déterminée par les degrés de maturité alcoolique, et surtout phénolique, et par la qualité des pépins. Les vendanges, là aussi au rebours des tendances actuelles, sont effectuées par une machine perfectionnée permettant un tri extrêmement sélectif des meilleurs raisins, si bien que la table de tri n’est presque jamais utilisée.

Pour la cuvée Eole Blanc, les différents lots, réceptionnés par gravité, sont pressurés pneumatiquement et ébourbés pendant 24 à 48 h à 10 °. La fermentation alcoolique s’opère en fûts neufs à température constante de 18 °, puis l’élevage s’étend pendant au minimum 1 an en barriques de chêne neuves de 220 litres avec un batonnage manuel régulier, pour remettre les lies en suspension et apporter gras et complexité. Les bouteilles, après collage et très légère filtration, mûrissent en cave pendant 6 mois avant commercialisation. La cuvée Eole Blanc n’est produite que dans les grands millésimes, où la qualité des raisins est impeccable, en très faible quantité, environ 4 000 bouteilles, ce qui justifie son prix élevé pour l’appellation. Elle résulte d’un assemblage savant, variable d’une année à l’autre, déterminé par la viticultrice, pour l’année 2008 : viognier 20 %, rolle 10 %, grenache blanc, clairette, roussanne, marsanne.

Son nom aérien rend hommage à Clément Ader, grand-oncle de Chantal Comte, pionnier de l’aviation, qui avait baptisé sa première machine volante Eole, dieu des vents dans la mythologie grecque, et ce n’est pas un hasard, si cette cuvée Eole prenait son envol en 1989, date anniversaire du centenaire de l’aviation !

Chantal Comte a réhabilité, par ce vin d’exception, classé en 2007 par la revue Decanter, parmi les 100 plus grands vins blancs du monde, une bouteille ancienne en verre noir fabriquée au 18e siècle, dénommée « arlésienne ».

Parée d’une robe limpide et brillante jaune or avec des reflets verts, cette cuvée Eole Blanc 2008 exhale de doux parfums de pamplemousse, de bergamotes et de fruits exotiques : ananas, mangue, fruit de la passion, avec quelques notes miellées. La bouche voluptueuse, séveuse, glycérinée exprime, sur une bonne acidité et fraîcheur, une attaque franche sur des notes de pêche blanche, de jasmin et de vanille se poursuivant avec des arômes de brioche toastée et d’épices sur une longueur interminable.

Surprenant à plus d’un titre, ce vin est d’une complexité défiant l’analyse organoleptique classique et, de plus, ses arômes et fragrances se modifi ent continuellement au cours de la dégustation et en fonction des mets proposés. Ainsi, les accords culinaires avec ce vin opulent, rond, mais complexe, peuvent prêter à controverse. Chantal Comte estime qu’il est le compagnon idéal des truffes, de la crème, des champignons et le recommande sur un carpaccio de foie gras, un homard grillé, une belle volaille fermière aux champignons des bois. Personnellement, je suis influencé par les flaveurs méditerranéennes de cet Eole Blanc qui respire les vacances et le marierai volontiers avec des coquilles Saint-Jacques à la provençale, des ravioles aux truffes, mais il ne sera pas heurté par un aïoli ou une bouillabaisse qu’au contraire, il caresse et enveloppe. Il épousera, sans hésitation, des fromages de chèvre affinés et tous desserts à base d’amande et de vanille : crème brûlée, galette des rois, pithiviers.

Mais laissons conclure Chantal Comte : « S’il est culture et mémoire, inventons le vin chaque jour ! S’il est fait d’amour, d’inquiétude et de soins attentifs, il est d’abord source de plaisir ! »




La chapelle Foujita – Reims

355 – Christian Ziccarelli – Une église à nef unique _ Il est vrai que l’extérieur de cette chapelle n’attire pas l‘oeil. Sa construction datant de 1965 est d’inspiration romane. En 1959, à la suite de la conversion de l’artiste au catholicisme et de son ambition à imiter les fresquistes de la Renaissance, son parrain René Lalou, président de la maison de champagne Mumm, lui offre la possibilité de réaliser son rêve : un ensemble religieux autonome. Les travaux débutent sous la direction de l’architecte Maurice Clauzier, les vitraux seront réalisés par le maître verrier Charles Marq, les ferronneries, les sculptures par Maxime Chiquet et Les Frères André. Tout a été conçu par l’artiste, jusqu’à la porte donnant sur la sacristie. Foujita, du mois de juin au mois d’août 1966, alors âgé de quatre-vingts ans, au crépuscule de sa vie, réalise avec une grande virtuosité, et pour la première fois de sa vie, une fresque de deux cents mètres carrés environ. La chapelle dédiée à Notre- Dame-de-la-Paix est bénie le 1er octobre 1966. René Lalou l’offre à la Ville de Reims le 16 octobre 1966. Tsuguharu Fujita et sa femme Marie-Madeleine Kimiyo y reposent ensemble depuis 2009.

Un décor original classique _ Le décor fut réalisé aux pinceaux et non à la brosse, rapidement sur un ciment spécial non sec. Les scènes de la vie du Christ sont disposées volontairement de façon non chronologique.

En entrant à droite on voit successivement, la Nativité, l’enfant Jésus éclairé par le rayon de l’Etoile, le portement de croix, la Cène dans la voûte en cul de four du transept droit et la Résurrection. Au fond de la nef dans l’abside centrale, se succèdent Dieu le Père en majesté, la Visitation, Notre-Dame-de- la-Paix (Kimiyo, sa femme, est représentée à genoux), puis à gauche, au-dessus de la porte de la Sacristie, la pêche miraculeuse, une curieuse Notre-Dame-des-Vendanges (dans un paysage où se dressent la Cathédrale de Reims et la Basilique Saint-Rémi) et les Sept Péchés Capitaux. Sur le mur de gauche, le Christ bénit les malades, puis on peut voir la Descente de Croix et le Baptême du Christ. Enfin, au-dessus de la porte d’entrée, la Crucifixion, la Vierge jeune mère est en blanc, la Vierge de douleur en noir. L’iconographie reprend celle de l’art occidental.

Foujita se représente et fait le portrait de René Lalou, le donateur, selon la tradition des artistes de la Renaissance. Cette fresque est surprenante à plus d’un titre. Foujita allie sa propre tradition picturale, privilégiant le trait, à celle de l’art sacré de l’Occident. Tel un rébus on y retrouve une multitude de petits détails « étranges parfois angoissants, des créatures hybrides, fauves et animales, rappelant peut-être Diego Rivera ou le Douanier Rousseau, des corps et des pendus calcinés, des monstres et des ossements suggérant pour certains observateurs de l’époque les horreurs nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki ». Les références à Bruegel, Botticelli, Dürer ne peuvent échapper à l’observateur et montrent à quel point Foujita recherchait avec obsession la synthèse entre le passé et le présent.

Léonard Foujita (1886-1968) _ Né au Japon, à Tokyo, fils du général Fujita de l’état major impérial, ancien élève de l’Ecole des Beaux-Arts de Tokyo, Tsuguharu Fujita arrive à Paris en 1913. Très rapidement, il devient célèbre, fréquente les artistes de l’Ecole de Paris à Montparnasse (Modigliani, Soutine, Zadkine, Rivera…). Peu connu des Français, il est pourtant l’une des figures marquantes de l’entre-deux-guerres et de ses années folles. Il fréquente le Louvre, s’imprègne de l’art européen, mais reste très attaché à sa culture nippone qui transparaît en permanence dans sa peinture. Dès 1921, il est renommé pour ses tableaux de nus féminins (« Youki, déesse de la neige »). Le Cercle Interallié et la Maison du Japon lui passent commande, il expose en 1928 à la Galerie Bernheim, puis au musée du Jeu de Paume, deux diptyques intitulés « Combats » et « Grande Composition » qui firent sensation. Il découvre dans la décennie suivante les fresques murales de Diego Rivera en Amérique Latine et s’inscrit dans la grande tradition historique. Il se réinstalle au Japon où il reste jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. De retour en France en 1950, il se consacre désormais à l’art sacré européen et notamment il illustre, pour l’éditeur Foret, l’Apocalypse de Saint-Jean avec Dali, Fini, Mathieu Zadkine, Trémois. Le 18 juin 1959 visitant la basilique Saint-Rémi avec son ami Georges Prades (ancien vice-président du Conseil municipal de Paris), transfiguré, il décide de devenir chrétien, mais souhaite être baptisé dans la cathédrale de Reims. Ce voeu sera accompli en novembre de la même année en présence d’une foule de journalistes et de photographes. Il prend le prénom de Léonard en référence à Léonard de Vinci dont il est un grand admirateur. Les dernières années de sa vie sont consacrées à la peinture religieuse, multipliant les madones, pour réaliser le chef-d’oeuvre monumental que nous pouvons admirer à la chapelle Notre- Dame-de-la-Paix à Reims. Foujita est également célèbre pour ses dessins et tableaux de chats qui l’ont accompagné durant toute son activité. Il s’éteint à Zurich le 29 janvier 1968. Outre Reims, vous pouvez le découvrir à Villiers- le-Bâcle où se trouve sa maison atelier aux confins des départements de l’Essonne et des Yvelines. ■




Cœur et travail, ou comment concilier maladie cardiaque et activité professionnelle

355 – Quatre présidents de sociétés savantes ont assuré la préface de l’ouvrage dont le sous-titre « Comment concilier maladie cardiaque et activité professionnelle ? » affiche clairement la volonté des auteurs de s’insérer dans le concret.

De fait, ce livre fourmille d’informations inhabituelles, voire insolites, mais toujours pertinentes, qui améliorent notre culture générale tout en débouchant sur des applications éminemment pratiques :  Connaissez-vous par exemple « l’hypnose contemporaine » dans laquelle l’hypnothérapeute (eh oui !) « conduit le patient vers ses ressources intérieures engrammées dans sa mémoire » ? Savez-vous bien ce qu’est l’EMDR, cette technique qui consiste à faire « revivre au patient victime d’un événement traumatique la scène qui est l’origine de sa souffrance » ? Cela permettrait notamment au cardiologue de traiter le syndrome de stress post-traumatique après une chirurgie cardiaque ou un séjour en réanimation. _ Comment considérez-vous le « coping », ce processus d’adaptation qui permet d’affronter plus sereinement les situations à risque lors de la reprise du travail ?

La faute à l’employeur. Et, last but not least, que penser de la faute inexcusable de l’employeur ? Ce n’est pas un concept fumeux ! Cette faute peut être engagée dès que l’on démontre que l’employeur n’a pas eu conscience du danger encouru par l’un de ses salariés et n’a pas engagé de mesure propre à faire face au risque. C’est ainsi qu’un IDM dont a été victime le rédacteur en chef d’une société de presse (bigre !), lourdement surchargé par son activité professionnelle, a été reconnu comme accident du travail.

Les différentes situations rencontrées. Pour autant cet ouvrage n’a rien de décousu ; il est construit de façon très didactique en plusieurs parties qui abordent les différentes situations rencontrées en pathologie cardiovasculaire.

Le premier thème traite des urgences CV survenues pendant l’activité professionnelle, en soulignant à chaque fois le rôle du médecin du travail qui se doit d’assurer le premier contact médical pour administrer les premiers soins et orienter le patient.

Le chapitre consacré à « la mort subite en entreprise » est à cet égard exemplaire : l’arrêt cardiocirculatoire, rare mais toujours possible sur le lieu du travail, implique évidemment une parfaite connaissance de la chaîne de survie par le médecin du travail ; de même, le rôle et les devoirs de l’entreprise y sont précisés, le Code du travail lui assignant une obligation de sécurité de résultat (matériel de premier secours, défibrillateur et autres).

Les deux parties suivantes traitent du dépistage des pathologies cardiovasculaires par la médecine du travail, de leur prévention et de l’installation d’une prise en charge psychosociale en insistant sur l’importance de la relation stress, coeur et travail.

La partie du cardiologue. Le cardiologue se sentira plus particulièrement concerné par les parties qui traitent de la reprise de l’activité professionnelle du patient cardiaque, avec les aspects légaux qui visent à déterminer l’aptitude, l’inaptitude, la notion de handicap et de pénibilité.

Il trouvera également une source d’informations essentielles sur les chapitres consacrés aux situations particulières du travail à la chaleur, au froid, en altitude ou exposé aux rayonnements électromagnétiques.

En somme, cet ouvrage pourrait rapidement devenir incontournable pour tous ceux qu’intéresse la collaboration indispensable entre le cardiologue et le médecin du travail dans toutes les situations de prévention cardiovasculaire dans le monde du travail comme de reprise d’une activité professionnelle après un accident cardiaque.

A lire… et à conserver dans sa bibliothèque. ■

Cœur et travail _ Auteurs : Bernard Pierre – collectif _ Editeur : Frison-Roche _ Caractéristiques : 387 pages _ Prix : 44,00 €




Imagerie médicale : les pétaoctets dans le nuage

355 – En 2008, l’ARH d’Ile-de-France ouvrait une nouvelle ère dans l’e-santé et la transmission de données en lançant un cloud computing ([Le cloud computing, qui se trouve dans tous les secteurs d’activités, est un concept qui consiste à déporter sur des serveurs distants des stockages et des traitements informatiques traditionnellement localisés sur des serveurs locaux ou sur le poste de l’utilisateur.)]. Mettant à la disposition des différents intervenants, qu’ils soient à l’hôpital, en établissements de santé ou en cabinet de ville, un gigantesque archivage, appelé RSF (Région Sans Film) ou Cloud- PACS ([PACS : Picture Archiving and Communication System, système d’information permettant de traiter et interpréter les images médicales numériques.)], l’ARH répondait à la dématérialisation de l’imagerie médicale. Les médecins devront s’habituer à ne plus réclamer de clichés, mais de les consulter sur écran.

Cette architecture « machine to machine » transmet directement les images dans le cloud et permet de consulter dans un colossal stockage d’imagerie numérique. Et nous voici directement en pleine ère du pétaoctet ([1 pétaoctet = 1 024 téraoctets. 1 téraoctet = 1024 gigaoctets.)], une quantité d’informations qu’il va falloir – et savoir – traiter quotidiennement (Google traite plus de 20 pétaoctets de données par jour) alors qu’on estime à environ 50 pétaoctets la capacité nécessaire à contenir l’intégralité des écrits de l’humanité depuis sa création.

Du pétaoctet au smartphone _ Ce développement numérique poursuit naturellement sa route des terminaux informatiques traditionnels (ordinateur de bureau ou portable) vers les smartphones et autres tablettes. Les professionnels de santé portent un intérêt grandissant pour ces outils, et l’on sait qu’ils vont jouer un grand rôle dans l’avenir. Certaines applications transforment l’iPad en terminal d’imagerie médicale, une révolution dans un secteur particulièrement réglementé. La Food and Drug Administration (FDA) a homologué ([L’homologation se limite à une utilisation hors diagnostic.)] plusieurs applications pour iPad et iPhone, et ce grâce aux nouveaux écrans Rétina qui permettent de se rapprocher des écrans plus sophistiqués, mais avec une facilité déconcertante. ■

LES CHIFFRES

_ ■ 16 500 IRM par semaine sont réalisés dans les hôpitaux les plus importants. _ ■ Une IRM du cerveau représente environ 4 go de données. _ ■ Une IRM 3D pèse environ 16 go de données. _ ■ 700 pétaoctets sont potentiellement à stocker toutes les semaines.

AirStrip Cardiology _ Air Strip Cardiology est une application qui permet de contrôler l’état cardiaque de votre patient directement sur votre iPhone ou iPad de manière quasi instantanée. Un monitoring distance en quelque sorte. _ En plus de proposer la lecture de l’ECG, l’app garde en mémoire l’historique permettant une prise de décision clinique. Elle permet également d’observer fi nement les diagrammes et prendre des mesures. De cette manière des différences infimes mais importantes peuvent être repérées. Cette application a reçu le certificat CE l’autorisation de commercialisation dans la Communauté européenne.

Médicaments 2012 _ Pour ceux qui n’ont pas encore le Vidal dans leur poche ou qui sont réfractaire à payer les 29,99 euros annuels pour se le procurer, il existe une alternative intéressante établie sur la base de données de l’Afssaps et de l’EMA. _ D’une ergonomie simple et intuitive, elle présente le Résumé des Caractéristiques des Produits, les équivalents référents/génériques, la recherche d’interactions médicamenteuses, et différents outils adaptés. L’application ne propose pas de parapharmacie ni de recherche par indication.(gallery)




Domaine Gourt De Mautens Rasteau 2006 – Jérôme Bressy 84110 Rasteau

Je ne peux qu’approuver, ce Gourt de Mautens 2006 est certainement le vin le plus enthousiasmant que j’ai pu déguster depuis le début de cette année, alors que le 2007, honoré par Bettane et Desseauve, s’annonce encore meilleur.

Jérôme Bressy a pris en main le domaine familial, où, jusqu’alors, la vendange était livrée à la cave coopérative, en 1996 à l’âge de 23 ans avec, d’emblée, une obsession : réaliser le plus grand vin possible. Son parcours a été ponctué d’essais, d’erreurs, de changements, de virages. Il est parfois allé trop loin dans la maturité de ses raisins, mais il a persévéré dans son projet, pour produire, dès 2005, des vins de haute qualité affirmant la grandeur et l’originalité du terroir Rasteau méconnu, mais si qualitatif.

Effectivement, ses vignes sur sols d’argiles rouges avec alluvions de Riss et de marnes argilo- calcaires, possédant la capacité de stocker l’humidité et permettant une bonne régulation hydrique, bénéficient d’une belle exposition solaire, plantées en terrasses et coteaux. Les résurgences qui apparaissent après les pluies, sont ainsi à l’origine du nom du domaine : Gourt, trou d’eau, Mautens, par mauvais temps.

Mais Jérôme Bressy a très vite compris que tout commençait par le travail dans la vigne : cultures biologique certifiée, et biodynamique depuis 2008, aucun produit chimique, proscription de tout désherbant, insecticide, pesticide, etc., traitements par tisanes de plantes, poudres de roche, décoctions de soufre à dose infinitésimale. Les vignes sont enherbées, labourées à la charrue, elles portent 3 à 6 grappes par plant en taille gobelet. Les travaux d’ébourgeonnage, d’éclaircissage, de démamage, sans rognage, conduits selon les caractéristiques de chaque pied, limitent drastiquement les rendements de 10 à 15 hl/ha.

Sur la plupart des parcelles, les différents cépages sont plantés en « foule » ; c’est-à-dire mélangés, choix de J. Bressy, pour pouvoir cueillir les raisins à la maturité optimale, non pas en fonction du cépage, mais du terroir et c’est le talent du vigneron qui détermine sur l’observation des pulpes, peaux et pépins, quelle vigne est prête, en allant le plus loin possible dans la maturité des raisins, pour gommer le caractère rustique des tannins inhérents au terroir marneux.

Les vendanges manuelles en caissettes ajourées permettent déjà une sélection sévère à la cueillette, tout ce qui n’est pas digne, je le jette (J. Bressy), complétée par un tri grain par grain sur table à la cuverie.

Jérôme Bressy a fait le choix de ne produire qu’un seul cru grâce à un assemblage savant de 70 % de grenache, 15 % de carignan, tous deux produit par des vignes de 50 à 90 ans d’âge, et de 15 % de mourvèdre, syrah, counoise, vaccarèse. La vinification, en lots séparés, selon les terroirs mariant les différents cépages, des grappes éraflées pour le 2006 (mais non pour les millésimes suivants), bénéficie d’un levurage indigène avec un très léger sulfitage. La macération a lieu en petite cuve de bois pendant 18 jours, après un pressurage pneumatique doux, seuls, les 1ers jus sont gardés. L’élevage sur lies, sans soutirage, s’opère en fonction des lots, soit en foudre de 15 hl, soit en demi-muid de 600 l et, pour certains, en cuve pendant une 1ère phase de 15 mois avant d’être assemblés pour un 2e affinage en cuve béton de 20 mois. L’élevage est donc particulièrement long sur près de 3 ans avant la mise en bouteille par gravité, sans filtration, ni collage. Une attention toute particulière est apportée aux bouchons en fleur de liège.

Ce remarquable Gourt de Mautens 2006 est un monument. Annoncé par une robe velours cramoisi, ce vin aux jambages gras exprime un ample et doux nez de pruneau, de chocolat noir, de kirsch confituré et d’herbes de Provence rôties. Ces imposantes senteurs sont suivies en bouche d’une puissance et d’une richesse superbes, ainsi que d’une profondeur et d’une intensité somptueuses. Une étrange sensation de plénitude envahit la bouche mêlant les nuances d’un bouquet aromatique finement épicé avec des impressions tactiles, veloutées, étonnamment diversifiées.

Ce très grand vin peut se suffire à lui-même et se déguster seul avec quelques brins de Saint-Nectaire.

Mais il s’appréciera aussi bien avec des plats méditerranéens : grillades aux herbes, pintade aux olives, pastilla de pigeon, qu’avec la grande cuisine : tournedos Rossini, lièvre à la royale. A Noël, une oie ou un chapon l’accompagneront avec enthousiasme.

Dès ses débuts, Jérôme Bressy avait cette ambition, « construire vraiment un vin avec une personnalité encore plus affirmée, avec une profondeur, une texture de tannins d’une grande noblesse, une grande longueur, une palette d’arômes très large : le plus grand vin possible » ! Indéniablement, il a atteint son but à moins de 40 ans… ■




Nouveauté : iPhone 5, sans révolution

354 – Qu’elle est loin la keynote de Steve Jobs lors de la Macworld conference 2007 et la découverte d’un appareil qui allait « réinventer le téléphone ». Tout comme l’iPhone 4S qui avait déçu les attentes, le nouvel iPhone 5 ne restera probablement pas dans les mémoires. Aucune révolution technologique malgré un marketing inégalé dans l’industrie avec un seul modèle en vente (contrairement à Samsung qui propose plusieurs modèles). Si ce n’était Apple, on pourrait être satisfait, mais la fi rme à la pomme nous avait habitués à mieux. Le design n’évolue pas, seules quelques particularités font avancer l’appareil à petits pas, et puis c’est tout. Pas de quoi pavoiser donc malgré une puissance accrue (processeur, autonomie, wifi ), un écran légèrement plus grand et un poids revu à la baisse.

Mais on ne le répétera jamais assez, ce qui fait la force d’un iPhone, c’est tout d’abord sa partie développement, applications et OS. En effet, en ayant misé dès le départ sur les développeurs, Apple a su faire de son smartphone un terminal à part entière, indépendant et particulièrement effi cace tant le nombre des applications est important et dont certaines sont très professionnelles dans tous les secteurs d’activités. ■

iPhone pèse 45 % du chiffre d’affaires d’Apple et génère à lui seul 60 % des profi ts de l’entreprise. En 2012, les analystes de J.-P. Morgan estiment qu’Apple devrait vendre 130 millions d’iPhone, et même 170 millions en 2013. Cette année-là, le smartphone vedette de la firme californienne représentera plus de 100 milliards de dollars de revenus pour son concepteur ! (Source : Les Echos)

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LifeWatch V : le smart(phone) du futur aujourd’hui

354 – Grâce à l’apparition des smartphones puis à leurs développements rapides, ce sont près de 300 000 applications pour mobiles qui ont été développées avec près de 11 milliards de téléchargements. En 2011, les investissements liés à des projets de santé dématérialisés étaient de 356 millions d’euros.

Côté matériel, par contre, c’est plutôt le désert. Une société de développement médicale israélienne ferait presque figure de « révolutionnaire » avec LifeWatch V, le premier smartphone médical (fonctionnant sous Androïd, mais ressemblant furieusement à un iPhone) qui permet d’effectuer toute une gamme d’analyses généralement opérées en laboratoires. Grâce à plusieurs capteurs intégrés, il est possible de mesurer jusqu’à 7 indicateurs différents : rythme cardiaque, température corporelle, électrocardiogramme, taux de sucre dans le sang, taux d’oxygène, pourcentage de graisses et tension. Malades chroniques (diabétiques…) ou simples utilisateurs pourront suivre leur état de santé d’un simple coup d’oeil.

Les informations relevées seront alors stockées dans un mémoire (Cloud dédié) qui permettra leur suivi. L’utilisateur pourra partager ses résultats avec son médecin.

Plusieurs applications médicales seront également disponibles, par exemple les rappels de prises de médicaments, la présentation de plusieurs menus « spécial régime » ou encore le suivi d’une activité sportive.

Sa mise sur le marché est prévue fin 2012 au prix de 500 à 700 dollars et un abonnement de 10 à 30 dollars par mois pour les services médicaux en ligne.

A l’heure des réductions budgétaires, les avantages de ce smartphone peuvent devenir essentiels tant ils remplacent plusieurs appareils en usage quotidien. ■

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Judith et Holopherne – Artémisia Gentileschi

354 – Christian Ziccarelli – Artémisia Gentileschi, une femme libre et anticonformiste _ En 1916, un historien d’art italien, Roberto Longhi, grand spécialiste du Caravage, nous fait redécouvrir cette artiste majeure du Seicento « la seule femme en Italie qui ait su ce qu’est la peinture, ce que sont les couleurs, les mélanges et autres notions fondamentales… ».

Très recherchées à son époque, les peintures d’Artémisia sont tombées en désuétude au XVIIIe et au XIXe, il faut attendre 1991 pour qu’une première exposition lui soit consacrée à la Casa Buonerroti à Florence. Il y a peu, le musée Maillol à Paris nous présentait une soixantaine de ses oeuvres, notamment Judith et Holopherne , un tableau d’une rare violence.

Un destin stupéfiant ! _ Fille et élève d’Orazio Gentileschi, Artémisia est née en 1593, elle est l’aînée de quatre enfants. Entre la piazza del Popolo et la piazza di Spagna, l’un des coupe-gorge les plus redoutables d’Europe, sculpteurs et peintres de l’Europe entière se retrouvent dans les mêmes tavernes, déambulent en groupes armés, se querellent. Orazio côtoie Michelangelo Merisi dit le Caravage, Carlo Saraceni de Venise. Veuf, Il cache et cloître chez lui Artémisia qui lui prépare ses toiles, brosse ses fonds et termine ses tableaux.

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De grande beauté, à 17 ans, elle succomba à la rapacité du collaborateur de son père Agostino Tassi qui la viola. Le scandale éclate en 1612, l’affaire est portée à la cour pontificale, Orazio demande vengeance et réclame justice, il appelle ce viol « mon assassinat ». A l’époque, qu’Artémisia se soit donnée librement ou non importe peu, le déshonneur d’une fille signifiait la mort sociale du père et la fin de toute sa lignée…

Le pape demande une procédure exemplaire, elle doit prouver sa virginité au moment où Agostino l’a forcée. Tout Rome vient témoigner, on la torture en broyant, dans les cordes de la « Sybille », les phalanges de ses mains peintres. Durant les neuf mois du procès, elle ne change pas un mot de sa déposition « c’est vrai, c’est vrai… ».

Finalement, elle eut gain de cause. Une telle épreuve restera gravée dans sa mémoire et influencera toutes ses oeuvres… Elle quitte Rome pour Florence, elle épouse le peintre florentin Pierantonio Stattiesi, pouvant de ce fait continuer à exercer son activité. Elle travaille alors pour le Grand Duc de Toscane, Cosme II de Médicis, devient l’amie du petit- neveu de Michel Ange (Michelangelo le Jeune) et intègre à 23 ans la prestigieuse Accademia Del Disegno qui, pour la première fois de son histoire, accueille une femme.

Couverte de dettes, elle revient à Rome en 1620, affrontant l’hostilité de son père, car elle représente pour lui une nouvelle rivale, gagne Venise en 1627, puis se fixe à Naples où elle s’impose par la force de son art. La date exacte de sa mort reste une énigme, sans doute en 1654, de même que le lieu de son inhumation, l’identification de sa pierre tombale en l’église San Giovanni Dei Fiorentini à Naples demeurant problématique.

Le livre de Judith… _ Judith « la judéenne » ou son équivalent « la juive » est l’une des épouses hittites d’Esaü. Elle est, en fait, surtout célèbre parce que ce nom est celui de l’héroïne du « livre de Judith » figurant uniquement dans la bible « deutérocanonique ». Judith apparaît au second acte du livre, c’est une veuve exemplaire qui vit à Béthulie, belle, riche et vertueuse, estimée de tous.

L’armée assyrienne conduite par Holopherne a mis le siège devant Béthulie, ville frontière de la Judée. Le blocus affame les assiégés, le peuple élu de Dieu, un sacrilège qui demande vengeance. Judith, descendante de la tribu du patriarche Siméon, réclame l’approbation et l’assistance divine pour abattre le coupable. S’il tombe sous les coups d’une simple femme tous sauront que la libération d’Israël n’aura pu venir que de son Dieu.

Sortant de Béthulie, se parant comme pour une fête, resplendissante de beauté, elle marche avec sa servante vers les avant-postes ennemis. Sous le charme et la flatterie, Holopherne est convaincu qu’elle est prête à le seconder dans son entreprise. Au bout de quelques jours, son hôte la croyant sienne, l’invite sous sa tente.

Buvant du vin plus que de raison, ses officiers se retirant discrètement pour les laisser en tête à tête, Holopherne s’écroule sur son lit et s’endort profondément… Judith, saisissant le sabre glissé sous le chevet, coupe le cou du dormeur. Suivie de sa servante, elle porte la tête d’Holopherne dans son sac, quitte le camp des Assyriens pour gagner les portes de Béthulie.

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Une scène d’une rare violence… _ Peint à Florence, vers 1512-1514, Judith et Holopherne est d’une composition étonnante. Judith, aidée de sa servante arcboutée sur le thorax d’Holopherne qui tente de se défendre, tranche le cou du général assyrien.

L’enchevêtrement des membres pâles, éclairés par une lumière venue de la gauche accentue le caractère dramatique de la lutte. Aucune autre femme avant elle n’avait peint avec une telle énergie et une telle colère, une féroce impassibilité proche du sadisme. Difficile de ne pas y voir l’image du viol qu’elle vient de subir. Cette chambre ensanglantée évoque la description donnée par Artémisia lors de son procès. Ses peintures ultérieures seront souvent le témoin de ce traumatisme qu’elle venait de subir.

L’influence du Caravage ne fait aucun doute. Quelques années auparavant il avait peint la même scène privilégiant également cet instant le plus violent où Judith décapite Holopherne. ■(gallery)




La Joconde révélée

354 – La Joconde, nul ne le conteste, est le tableau le plus connu et le plus visité de la planète ; c’est dire s’il a été regardé, étudié, photographié, radiographié des centaines et des centaines de fois par les plus éminents spécialistes venus d’horizons divers et variés à tel point qu’on jurerait de bonne foi en avoir percé définitivement le mystère, si mystère il y avait.

Autoportrait travesti de l’auteur pour certains, effigie de Saint Jean- Baptiste pour d’autres, la Joconde paraissait finalement bien identifiée : son modèle n’était autre que Monna (contraction de Madonna qui signifie Madame) Lisa del Giocondo, jeune épouse d’un marchand de soie florentin qui avait commandé ce portrait au peintre avec lequel il était lié. On croyait l’affaire entendue. _ Pas si sûr…

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C’est là qu’intervient Thierry Gallier. Ce directeur artistique de presse n’a, comme il se plait à le souligner, aucune formation d’expert en peinture du XVIe siècle.

Passionné comme bien d’autres par la Joconde, il a voulu en afficher face à lui une reproduction, juste au-dessus de son bureau, simplement pour la contempler au quotidien.

C’e st un an avant la publication de son ouvrage qu’il fit les découvertes qu’il va relater dans ce livre.

Intrigué par certaines bizarreries du tableau que, selon lui, le génie universel qu’était Léonard de Vinci ne pouvait avoir introduites que sciemment, il se met à réfléchir sur la probabilité d’une signification cachée, non encore trouvée par tous les exégètes de l’oeuvre.

La révélation

Et c’est un vendredi soir, à 23 heures précises, que l’auteur déclare avoir fait une première constatation : en arrière du tableau, il découvrit qu’existaient non pas un, mais deux paysages différents et décalés dont la signification lui échappait, mais cette première anomalie allait, nous dit-il, déclencher toutes ses recherches.

La révélation lui vint lorsqu’il eut l’idée de séparer en deux le fameux visage, d’abord avec sa main masquant alternativement la moitié gauche et droite de la face, puis plus directement en découpant à la verticale une autre photo du tableau par une ligne passant par l’arête du nez. Aucun doute ! Pour Thierry Gallier, il ne s’agit pas de la même femme, ou plutôt c’est la même, mais à deux âges différents, la Monna Lisa de droite (à droite dans le tableau) étant plus jeune, plus fière, plus « conquérante » que celle de la moitié gauche qui semble abattue et amaigrie !

Bon, c’est déjà intéressant.

Mais après ??

Les suite et fin de la révélation se poursuivent toute la nuit et la journée du lendemain, au cours desquelles l’auteur, faisant pivoter le tableau dans tous les sens, parvient à en décrypter les images et les sens cachés.

Bizarre ? Pourtant, on peut admettre que sa démonstration se tient, même si les conclusions qu’il en tire peuvent à juste titre laisser perplexe. Le tableau représenterait, sous forme codée, mais intégralement représentées grâce au fameux sfumato – cet effet vaporeux que maîtrise si bien le peintre – toutes les étapes du mythe d’Isis et Osiris, mythe particulièrement cher à Léonard qui aurait fait, pour diverses raisons, un voyage en Egypte.

Mais alors, finalement, question suprême : qui est donc réellement cette Joconde, cette femme dont Léonard de Vinci ne voulut jamais se séparer, ne la cédant qu’à la toute fin de sa vie (ou après sa mort, rien n’est démontré) au roi François 1er, qui était son protecteur et son ami ?

La réponse, passionnante, il vous faudra la trouver tout à la fin du livre de Thierry Gallier que je ne saurais trop vous recommander d’acquérir sans tarder.

Bonne rentrée et bonne lecture.

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Gewurztraminer « Vendanges Tardives » Grand Cru Zinnkoepfle 2007 – Schlegel Boeglin 68250 Westhalten

Et il est vrai que ce lieu-dit Zinnkoepflé s’épanouit et rayonne sur la « Vallée Noble » de Soulzmatt, ses sommets étant protégés pour leurs faunes et flores méditerranéenne et caspienne. Le terroir marno-calcarogréseux sur une colline pentue orientée plein sud, bénéficiant d’un ensoleillement optimal, d’une faible pluviométrie, d’une protection des vents du nord par le Petit et le Grand Ballon Vosgien, produit de magnifiques vins fi ns et élégants, où le Gewurztraminer a trouvé terre d’élection.

Ayant succédé à son père depuis une vingtaine d’années, Jean-Luc Schlegel pratique une agriculture raisonnée avec le minimum d’intrants chimiques, une fertilisation limitée à de ponctuels apports de composts végétaux. La vigne est enherbée un rang sur deux, avec une taille assez courte en double guyot, un ébourgeonnage et, si besoin, une vendange au vert limitent les rendements.

La vendange est manuelle (obligatoire pour l’appellation vendange tardive) en caissettes. Les raisins surmaturés et botrytisés destinés aux vendanges tardives sont récoltés plus d’un mois après le début des vendanges.

Le pressurage pneumatique par paliers successifs s’effectue pendant 5 à 6 heures sur raisins entiers. La macération en cuves inox thermorégulées nécessite un levurage exogène sélectionné par un laboratoire local. Un double débourbage élimine les débris de rafle. L’élevage en cuve sur lies fines, sans bâtonnage, s’étend sur une dizaine de mois avec 2 ou 3 soutirages, évitant la malolactique. L’ajout de soufre, inévitable pour les vins en surmaturation, est limité. L’élevage se prolonge encore 18 mois en bouteille.

Jean-Luc Schlegel, petit producteur discret et modeste, est injustement méconnu par rapport aux ténors de l’appellation Zinnkoepflé, tel le tonitruant Seppi Landmann, mais je considère qu’il élabore un des meilleurs Gewurztraminer d’Alsace, en particulier en vendanges tardives, lorsque le millésime, comme en 2007, s’y prête. Le Zinnkoepflé VT 2007 Schlegel Boeglin, paré d’une robe jaune or, brillante et éclatante aux jambages gras et épais, développe une finesse et une élégance qui frisent la perfection. Une envolée florale de rose, de pivoine, de fleur d’acacia, fruitée de litchi, de coing, envahit le nez. En bouche, des arômes multiples rivalisent entre eux, veloutés, suaves, pulpeux, caressants et tendres, d’où émergent toujours le litchi, le fruit de la passion, l’abricot confi t rehaussés par des notes mystérieuses d’épices d’orient et de cannelle. La belle acidité de ce vin atténue, en les masquant délicatement grâce à sa fraîcheur, les 80 g/l de sucre résiduel.

L’harmonie subjugue, la caudalie interminable impressionne _ Je reconnais, sans hésitation, le Gewurztraminer du domaine grâce à la prééminence des arômes de litchi, à tel point que le père de Jean-Luc, la première fois où il a goutté ce fruit, s’est écrié : pourquoi l’a-t-on fait mariner dans du Gewurztraminer ? !

Les accords culinaires avec ce nectar sont nombreux et souvent somptueux. A l’apéritif, il accompagne, sans difficulté, les mélanges salés, sucrés, mais sa richesse risque de rendre squelettiques les vins ultérieurs. Il est un compagnon classique du foie gras, bien que les puristes alsaciens lui préfèrent le Pinot Gris. Dans cette région, on a l’habitude de le déguster avec du gibier, notamment le chevreuil aux airelles, mais les épousailles grandioses vont survenir avec une sole ou des quenelles de brochet sauce homardine, des coquilles Saint- Jacques marinées, copeaux de foie gras, émulsion à l’huile d’olive, une blanquette d’agneau, kefta au citron confi t et coriandre fraîche du Crocodile à Strasbourg. Il se complait avec la cuisine chinoise, la plus relevée et épicée, sechouanaise.

Il équilibre, par son acidité, le sucre du dessert, lui donne verticalité et relief : croustillant de pêche à la vanille, mousse aux fruits de la passion ou, plus rustiquement, tarte aux quetsches ou aux poires.

Mais l’accord parfait se fera avec le munster, la rencontre des deux violences, celle du munster fermier et celle de ce vin puissant, se fond en une belle douceur finale. Le Gewurz renforce le côté floral du munster qui, de son côté, rehausse le bouquet du vin. L’explosion est inattendue, l’accord détonnant…

« Last but not the least », les tarifs, pratiqués par le domaine, sont à l’instar de ses vins, d’une douceur angélique. ■




Terre Inconnue Sylvie 2006 – Vin de table S. Creus 34400 Saint-Sériès

Robert Creus, chimiste de formation, ancien bourlingueur, a toujours été un grand dégustateur, connu sur les forums internet pour ses avis très tranchés. C’est en 1996 qu’il se lance dans l’aventure « Terre Inconnue », dans son esprit : joyau à protéger (n’était-ce pas prémonitoire de la série télévisée « Terra Nova » ?), lorsqu’il achète quelques ares de vieux carignans qu’il complètera progressivement par le grenache, la syrah et, plus récemment, tempranillo et serine (cépage rare ancestral de la syrah). Il est maintenant propriétaire d’un petit vignoble de 4 ha morcelé autour de Saint-Sériès au nord de Lunel dans l’Hérault.

Un phalanstère familial _ Le travail s’effectue en famille avec l’aide de ses parents et, en particulier, de Lucien, son père, qui cultive méticuleusement les vignes avec une ferveur de jardinier, ce qui permet à Robert de continuer à travailler à temps partiel à la chambre de commerce du Languedoc. Ce phalanstère familial s’exprime dans la dénomination des cuvées : Los Abuelos, les grands-parents en espagnol, Sylvie du nom de son épouse.

Robert Creus, refusant tout carcan administratif, commercialise tous ses vins sous la simple appellation « vin de table français », mais il faut reconnaître que ses grandes cuvées : Leonie pur carignan, Los Abuelos 100 % grenache, et Sylvie 50 % syrah, 50 % serine ne peuvent prétendre à la classification AOC-Languedoc.

La vigne pousse sur un terroir argilo-calcaire recouvert, sur certains sites, de galets roulés comme à Châteauneuf. La viticulture est raisonnée, mais les Creus refusent les contraintes Bio, désherbant et traitant chimiquement, lorsque cela leur apparaît justifié, une vendange au vert est habituellement effectuée limitant les rendements, généralement à 20, 25 hl/ha et, de façon drastique, à 10 hl/ha pour la cuvée Sylvie. La date des vendanges est soigneusement déterminée par Robert sur la maturité des raisins, et plus encore des pépins, lorsqu’il croque un goût de noix. La récolte, évidemment manuelle, est faite en petites cagettes, pour éviter l’écrasement des grains.

Les grappes, éraflées à 70 %, bénéficient d’un léger sulfitage à la réception. La fermentation par parcelles est longue sur 4 semaines avec remontage manuel, pigeage léger, mouillage quotidien du chapeau.

A la mise en barriques, vins de presse et de jus sont assemblés, l’élevage avec 30 à 50 % de bois neuf pour la cuvée Sylvie est long : 18 à 24 mois, sans soutirage. La mise en bouteille au grès du patron s’opère, sans collage, ni filtration.

Une explosion de saveurs _ Parée d’une robe grenat légèrement trouble du fait de l’absence de filtration, cette « Terre Inconnue Sylvie 2006 », pur syrah et serine, est explosive : des parfums de fleurs dominées par la violette, de cassis, d’épices : poivre blanc, noix de muscade, submergent le nez. La bouche riche, glycérinée, soyeuse exprime des arômes prégnants de cacao et de jus de viande accompagnés par des tanins crayeux serrés, mais d’une finesse voluptueuse. La finale chaleureuse, liée au degré alcoolique, reste fraîche, minérale avec une caudalie impressionnante. Ce vin hors norme, monstre de puissance emballé dans un écrin de taffetas, pourrait, à mon avis, être comparé au mythique Côte-Rôtie La Turque…

En accord avec le Languedoc _ La richesse et l’exubérance de ce vin pourraient faire craindre des alliances difficiles avec les mets, mais délicieuse surprise, il va, au contraire, s’adapter et s’accorder avec de nombreuses préparations et, en premier lieu, la grande cuisine languedocienne : daube gardianne, côte de sanglier aux poires, tripes languedociennes, cassoulet aux fèves. Un faisan Souvaroff aux truffes et foie gras, un lièvre en saupiquet l’épouseront avec délice.

Grâce à ces plats, si le fruité et la structure de Sylvie restent marqués, ses tanins semblent plus fondus, son caractère généreux a tendance à s’effacer, sa composante cacao devient moins imposante.

Mais, plus rustiquement, un poulet aux herbes de Provence, un lapin aux olives, un navarin d’agneau lui feront fête.

Laissons conclure Robert Creus : « à force de critiquer les vins des autres, il me fallait réaliser le mien ». Effectivement, l’essai est un coup de maître et échappe à toute critique. ■

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Les Apps de l’été

353 – Vidal du voyageur

Avant de faire ses valises pour se retrouver sous les tropiques ou dans la jungle d’Amérique du Sud jouer les explorateurs du bout du monde, les mêmes questions, récurrentes, se posent : « Ai-je besoin de me faire vacciner pour aller dans mon pays de destination ? » et si oui, « De quel vaccin ai-je besoin ? ». Si certaines maladies sont bien connues, telles la dengue, la fièvre jaune ou la maladie de Lyme, d’autres, plus rares, peuvent échapper à notre vigilance.

Cette application ne se contente pas de préciser de quel(s) vaccin(s) nous avons besoin, elle explique par continent les vaccins recommandés, les problèmes liés au climat et aux transports, les maladies transmises par l’eau, les aliments ou les insectes, etc.

Les vaccins sont répertoriés dans différentes fi ches avec une explication claire et concise, avec la vaccination classique de nos pays, et celles du voyage.

Un répertoire particulier est attribué au paludisme avec les médicaments prescrits dans ce cas là et les conseils comme, par exemple, la protection vis-à-vis des insectes.

Enfin, un dernier répertoire présente par fiche les différentes maladies répertoriées dans les régions du monde : Causes ; Vecteurs ; Répartition géographique ; Saisons ; Symptômes ; Traitements ; Prévention ; Actualités.

Cette application est indispensable pour le voyageur itinérant, néophyte ou pas, médecin ou pas. Elle peut servir de mémo au médecin ou simplement renseigner rapidement le grand public, avant ou après le départ. Application très ergonomique et pratique à utiliser.

Enfin, grâce au GPS, l’App nous guide vers le centre de vaccination le plus proche. Pratique !

Vidal du voyageur _ Version : 1.2 _ Langue : français _ Matériel : iPhone, iPod touch, iPad _ Système : iOS 4.0 _ Editeur : Vidal _ Gratuit

MedEquiv

Réservée aux professionnels de Santé, cette application permet de trouver facilement les équivalences d’un médicament parmi environ 190 000 spécialités référencées dans trente pays. Si vous avez une envie de vous expatrier ou de soigner un patient étranger, MedEquiv pourra vous aider rapidement, la navigation étant simplissime et utilisable hors connexion, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce monde connecté.

L’interface est disponible en quatre langues et l’affichage des produits en quatorze langues différentes, mais seulement limité comme cité plus haut, à seulement trente pays.

Les produits peuvent être recherchés par classe ACT, voie d’administration et forme galénique.

Une mention moyenne pour le prix (9,99 euros) pour une application utilisée de façon périodique.

MedEquiv _ Version : 1.0 _ Langue : français, anglais, espagnol, portuguais _ Matériel : iPhone, iPod touch, iPad _ Système : iOS 3.0 + _ Editeur : Vidal _ 9,99 €




La chimère d’Arezzo

353 – Christian Ziccarelli – Un chef d’oeuvre de l’art animalier _ Impressionnante par sa taille, elle fut mise au jour, dans la partie haute de la cité d’Arezzo, en 1553. Datant du Ve siècle avant J-C, la queue inexistante lors de sa découverte est une invention de son restaurateur Benvenuto Cellini. Le monstre, blessé à une patte, garde la tête haute face à l’ennemi qui l’a frappé et dont on peut supposer qu’il s’agissait de Bellérophon, monté sur son cheval Pégase. On retrouve, en effet, ce thème sur un miroir gravé provenant de Préneste et conservé à la Villa Giulia à Rome. De même tradition que la célèbre Louve du Capitole nourrissant les fondateurs de Rome, Romulus et Remus, mais antérieure d’un tiers de siècle, la chimère, d’influence hellénistique, associe réalisme et idéalisme. Par son dynamisme contenu, le jeu tendu des muscles parfaitement modelé, le hérissement de la crinière, la torsion du cou et la férocité de son expression, elle est l’un des plus beaux spécimens de l’art animalier mondial… Ce bronze de qualité exceptionnelle prouve qu’Arezzo fut un centre célèbre de production métallurgique, déjà organisé sur un mode industriel. La cité n’a-t-elle pas fourni au IVe siècle avant J-C, selon Tite Live, des armes et des outils pour l’expédition de Scipion l’Africain !

Les étrusques un peuple fascinant _ Dès la Renaissance, les Etrusques, anciens habitants des collines de Toscane, ont passionné les chercheurs attirés par le mystère de ce peuple aux origines obscures et à la langue énigmatique. Grâce aux recherches de ces quarante dernières années, cette civilisation, à laquelle les Romains empruntèrent tant, est de mieux en mieux connue. Dès l’Antiquité, Hérodote et Denys d’Halicarnasse, historiens grecs respectivement du Ve et du Ier siècles av. J-C, ont été les premiers à opposer à quatre siècles de distance deux thèses différentes sur l’origine des Etrusques. Pour Hérodote il venait de la Lydie en Asie Mineure, pour Denys, c’était des autochtones. « C’est un petit livre de M. Pallotino, l’un des meilleurs connaisseurs de la civilisation étrusque, paru à Rome en 1947, l’origine degli etruschi qui a apporté une petite révolution dans le monde des étruscologues ». Ayant écarté les origines septentrionales (Nicolas Fréret au XVIIIe) et orientales, il proposait une théorie d’autochtonie « relative » qui semble, aujourd’hui, emporter la majorité des suffrages. Quant à la langue, elle ne ressemble à aucune autre. Si l’on sait la lire, les mots gardent encore leur secret.

Un peu d’histoire _ Au cours du IIe millénaire arrivent en Italie, les Indo-Européens. Vers l’an 1000 av. J-C se développe la civilisation villanovienne (de Villanova près de Bologne) en Italie du Nord et en Italie Centrale, notamment à Tarquinia et à Vulci. Au VIIIe siècle av. J-C apparaissent les Etrusques. Pour les partisans de l’autochtonie, les Villanoviens, proto-étrusques, ont mis au point un nouveau système d’écriture. Grâce à un développement constant, ils sont « devenus » les Etrusques. Pour les partisans de la thèse orientale, un contingent « plus civilisé », venant de Lydie, sous la conduite de Thyrennos, en se mêlant aux Villanoviens, les « barbares », a donné naissance à la civilisation étrusque. Dès le VIIe siècle av. J-C leur développement est remarquable. Une intense activité commerciale apparaît en Méditerranée, soutenue par la richesse procurée par les mines de fer et de cuivre (en particulier sur l’Ile d’Ischia). L’Etrurie exporte sa propre céramique « le buchero », une céramique noire caractéristique. Au VIe siècle av. J-C, l’Etrurie devient une grande puissance, les Etrusques occupent le Latium (les Tarquins, originaires de Caere, seront rois de Rome), gagnent le Nord vers la plaine du Pô, s’installent en Corse. Les villes se fédèrent en décapole. Mais dès le Ve siècle av. J-C, la décadence s’installe, Rome prend Veies en 406, c’est le début de la puissance romaine, dès le milieu du IIIe siècle av. J-C, l’Etrurie devient une province romaine.

Les bronziers étrusques La civilisation étrusque n’était pas encore morte que, déjà dans la Rome d’Auguste, les petits bronzes étrusques étaient recherchés par les amateurs d’antiquités. Il est vrai qu’ils étaient exportés dès le VIIe siècle av. J-C. dans toute l’Europe et même à Athènes en pleine période classique, au milieu du Ve siècle av. J-C. Les Etrusques ne manquaient pas de cuivre très présent sur leur territoire, ni d’étain provenant en majorité des îles Cassitérides (les îles de « l’étain » au Nord-Ouest de l’Espagne et en Cornouaille).

Pour la fabrication des statues, ils pratiquaient la fonte « pleine », le bronze en fusion coulant dans un moule réfractaire et la fonte « creuse », par laquelle on ménageait à l’intérieur du moule un noyau dur qui permettait d’obtenir une oeuvre creuse à l’intérieur. Cette dernière technique fut utilisée pour la Chimère d’Arezzo, qui résulte de l’assemblage de plusieurs morceaux ensuite soudés. ■

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L’esthétique au masculin – Connaître et choisir les traitements efficaces

353 – Dans ce numéro, Le Cardiologue confirme, s’il en était besoin, qu’il se veut l’apôtre de la parité : après un cahier FMC dédié à la femme hypertendue, voici que l’on vous propose une rubrique consacrée à « l’esthétique au masculin ». Certes, il ne s’agit pas d’un traité de cardiologie, mais les cardiologues ont aussi le droit de se distraire, également celui, si nécessaire, de soigner leur apparence.

Le sous-titre de l’ouvrage « connaître et choisir les traitements efficaces » annonce la couleur dès la première page, voulant signifier qu’il ne s’agit pas d’une quelconque publication de cosmétologie, dont on peut retrouver des extraits plus ou moins croustillants dans les magazines people, mais d’un livre aux prétentions scientifiques solides, qui, certes, s’adresse à un vaste public, masculin de préférence, mais aussi médical ou paramédical.

D’ailleurs, le Docteur Catherine de Goursac, qui en est l’auteur, est installée depuis plus de 25 ans comme médecin esthétique à Paris, avec à son actif de nombreuses publications scientifiques sur le sujet et plusieurs ouvrages grand public consacrés à l’esthétique, la médecine anti-âge et la dermonutrition.

En introduction, l’auteur rappelle l’essor ininterrompu de la médecine et de la chirurgie esthétique chez l’homme depuis le début du siècle, avec pour conséquence l’explosion du « marché de la beauté » qui connaît une croissance de plus de 90 % en 10 ans aux Etats-Unis, avec des prévisions tablant sur une progression annuelle de 11 % jusqu’en 2014.

Et, comme on l’imagine, les enjeux fi nanciers sont colossaux ; 2 chiffres peuvent en donner une idée, le marché des soins cosmétiques pesait 11 milliards de dollars en 2010, et 336 000 injections de toxine botulique ont été réalisées chez l’homme la même année.

Mais, répétons-le, il s’agit avant tout d’un ouvrage scientifique.

Après avoir rappelé, dans un chapitre fort bien illustré et didactique, les particularités de la peau masculine, notamment à cause du rasage, Catherine de Goursac aborde les différentes « pathologies » qui peuvent amener les sujets masculins à consulter le ou la spécialiste de l’esthétique.

L’auteur commence par traiter tout ce qui touche au visage, affections cutanées, cernes, teints « brouillés » mais aussi vieillissement et ses différentes manifestations, essentiellement les rides ; chaque pathologie se voit proposer différentes modalités de prise en charge, de la solution cosmétique à la solution médecine esthétique, en allant jusqu’à la chirurgie proprement dite, lifting, lipolyse ou lipofilling.

L’ouvrage traite ensuite de l’aspect « poils et cheveux » donnant aux passages quelques recettes qui semblent avisées type « cinq conseils malins pour un rasage en douceur » ou « comment savoir si l’on perd trop de cheveux », avec là aussi les solutions évoquées précédemment, cosmétiques, médicales ou chirurgicales. Quant aux préconisations hygiénodiététiques, elles sont systématiquement abordées pour chacune des pathologies.

Mais la partie la plus développée, on pouvait s’en douter, concerne le poids et la silhouette : les différents régimes alimentaires sont passés en revue, détaillés avec leurs avantages, leurs inconvénients et leurs spécifi cités masculines. Et comme ailleurs, les solutions médecine et chirurgie esthétique prennent toute leur part.

En fait, et c’est bien là l’essentiel, Catherine de Goursac veut nous apprendre à vieillir en beauté.

Quoi de plus naturel ?

Un seul petit regret _ Impossible en lisant ce livre de savoir, même de loin, ce qu’il nous en coûterait si d’aventure nous étions tentés par l’une des techniques décrites au fil des chapitres. ■

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