Lucia Saint-Emilion 2004 – Michel Bortolussi 33330 Saint-Emilion

Curieusement, ce domaine est quasi inconnu en France, ignoré des grands guides oenologiques, alors qu’il est adulé par les Américains et les Japonais ; c’est d’ailleurs, dans une de mes lectures préférées, le manga « Les gouttes de Dieu » que je l’ai découvert. Michel Bortolussi reconnaît, avec quelque regret, que la quasi-totalité de sa production part à l’étranger.

Michel Bortolussi, propriétaire depuis 1995 du Château Lucie, Saint Emilion basique, dont les récoltes étaient destinées depuis longtemps à la coopérative, comprit rapidement qu’il possédait, en fait, un joyau que son expérience dans le matériel de vinification allait lui permettre de révéler. Il agrandit légèrement son domaine qui atteint maintenant 3 hectares relativement morcelés, mais avec une parcelle de très vieilles vignes complantées en 1901 face à Grand-Pontet. Dès 2001, il eut l’heureuse initiative de s’assurer des conseils de Stéphane Derenoncourt, vigneron génial maintenant à la tête d’une société de « consulting » qui guide et assiste une quarantaine de domaines bordelais.

Indiscutablement, c’est la collaboration de Stéphane Derenoncourt qui a permis à Lucia, puisque c’est ainsi qu’elle avait été rebaptisée, de prendre son envol et devenir certainement l’un des plus grands Bordeaux de la rive droite. Tous les ingrédients ont été réunis pour la réussite : travail forcené dans le vignoble avec culture raisonnée proche du bio, effeuillages et récoltes purement manuelles, vendanges au vert, sélection draconienne sur la table de tri permettant des rendements étonnamment faibles de 20 à 25 hl/ha, macération en cuves de chêne ouverte selon la technique bourguignonne chère à Derenoncourt, pigeage manuel, le moût étant foulé avec les pieds ! L’élevage s’opère en barriques de chêne comportant 60 % de bois neuf pendant 12 à 16 mois, selon le millésime. L’assemblage de Lucia comporte près de 95 % de Merlot avec quelques pincées de vieilles vignes de Cabernet Sauvignon et Malbec.

Ce domaine, pour Parker qui lui accorde d’ailleurs des notes énormes, est classé en « vin de garage » : ce qui irrite fort Michel Bortolussi. Certes, sa production est faible, moins de 10 000 bouteilles/an, mais sa cuverie n’est pas exiguë, le chai est spacieux, moderne, parfaitement équipé, et surtout ses prix sont tout à fait corrects, sans rapport avec ceux des fameux vins de garage, en fait, un des meilleurs rapports qualité/prix du Libournais.

Le Lucia 2004 d’une robe rubis pourpre profond est un vin spectaculaire au fruité flamboyant, au goût explosif, et à la concentration profonde. D’emblée, le nez exhale des arômes intenses de crème de myrtilles, de confitures de mûres sur un fin sillage floral de rose, pivoine, violette. La bouche est grasse, ample à l’attaque exprime une formidable densité tannique enrobée par une chair incomparable. Des flaveurs de torréfaction, de charbon de bois et de prunes accompagnent une caudalie interminable. Ce vin est manifestement apte à une longue garde de 15 ans minimum.

Les Saint-Emilion sympathisent habituellement avec des viandes rouges cuites au barbecue, l’entrecôte bordelaise grillée aux sarments de vigne en étant l’exemple le plus pointu. Mais notre Lucia mérite mieux, car, en vieillissant, elle fera honneur, grâce à sa richesse et son exubérance, à un civet de lièvre, un salmis de palombe ou un pâté de grives. Je crois également que ce vin affectionne les champignons, faites-lui épouser : grenadin de veau aux cèpes, pigeon aux girolles, rôti de veau farci aux truffes. Elle aimera également, en fin de repas, un vieux gouda, un salers ou un laguiole.

Mais voici le bémol : ce vin n’est pas vendu à la propriété, vous pourrez le trouver chez certains cavistes, comme le Cellier de Boenot à Pomerol, et peut-être qu’en insistant, le sympathique Michel Bortolussi pourra vous réserver quelques primeurs…

Pour conclure sur l’opéra Lucia di Lammermoor, j’oserai écrire que ce vin d’une séduction fascinante évoque le baiser sucré et doux amer d’une beauté aux prunelles noires et aux cheveux de jais. ■




Sauvignon blanc 2008 Cloudy Bay – Blenheim Nouvelle-Zélande

Ce n’est pas en se refermant dans notre Hexagone cocardier, en méprisant la concurrence des vins du Monde que nous défendrons le mieux nos magnifiques productions ! Effectivement, le Sauvignon Cloudy Bay qui jouit, à l’étranger, d’une énorme notoriété, est un interlocuteur intéressant, car il offre une déclinaison originale et atypique de ce cépage qui trouve ses expressions les plus fabuleuses dans les liquoreux bordelais et dans les blancs secs du Centre Loire : Sancerre et Pouilly-Fumé (voir Le Cardiologue 317).

Découverte et ainsi intitulée par le capitaine James Cook lors de son voyage en 1770, Cloudy Bay est située à l’extrémité orientale de l’île du sud de la Nouvelle-Zélande dans la vallée de Marlborough, où débouche la rivière Wairau. Le vignoble bénéficie d’un climat tempéré, frais, solaire et venté, proche de celui du Nord de la France, en raison de la froide mer australe qui baigne les côtes de la province de Marlborough.

Les longues journées ensoleillées (comment l’éminent navigateur a-t-il pu décrire cette région comme brumeuse ?) alternent avec des nuits froides. Cette phénologie convient à merveille au Sauvignon, Savvy pour les « kiwis », maturation lente du raisin, accumulation de sucre, sans perte de la fraîcheur, complexité aromatique liée à la combinaison des grains, soit exposés au soleil prenant un nez de fruit exotique, soit cachés par l’ombre évoluant vers un goût acidulé et citronné.

Les vignobles, souvent éloignés à l’intérieur des terres, sont cultivés sur des sols d’origine volcanique, argileux et limoneux, mais la winery est installée sur la Wairau Valley.

Les premiers millésimes de Cloudy Bay, élaborés par le fondateur David Hohnen à partir de 1985, témoignèrent d’emblée d’une telle précision et force dans l’expression aromatique du Sauvignon qu’ils ont immédiatement enthousiasmé le marché mondial et que, happés par les oenologues anglo-saxons, ils étaient pratiquement introuvables en France.

Depuis dix ans, LVMH est devenue le principal actionnaire de la winery, si bien que le vin est largement distribué dans l’Hexagone, mais les propriétaires ont eu la sagesse de ne rien changer dans son élaboration en conservant le surdoué vinificateur, Kevin Judd.

Celui-ci reste très discret sur son savoir-faire. Mais nos artistes liguriens seraient surpris, voire choqués, par ses méthodes de vinification : si le raisin bénéficie de soins méticuleux et est récolté à maturité optimale, malheureusement de façon mécanique, cela n’empêche pas un arrosage intensif, des engrais à profusion, quoique peu chimiques, des rendements énormes, plus de 100 hl/ha. La vinification et l’élevage sont réalisés dans des cuves inox avec un strict contrôle de la température. Certaines cuvées (dans certaines années ?) sont élevées en baril avec un peu de Sémillon.

La dégustation du Sauvignon Cloudy Bay me procure un vrai plaisir. Les arômes classiques du Sauvignon de Loire : genêt, buis, bourgeon de cassis, voire pipi de chat, sont beaucoup moins prégnants, mais, dans le verre, d’une robe dorée pâle, le vin dévoile d’emblée un nez herbacé de poivron vert et d’asperge et, très vite, explosent des arômes exotiques de litchi, de mangue, d’ananas. La bouche corsée et aromatique conjugue le fruit juteux d’agrumes très citronnés avec de riches saveurs de caramel et d’amandes sous-tendus par une minéralité cristalline et une acidité pointue qui masquent une richesse alcoolique de 13,5°. Ce vin très typé permettra des mariages originaux. Osez-le en apéritif avec des poissons fumés, et notamment du saumon. Dans sa prime jeunesse, sa verdeur relative accompagnera sympathiquement les coquillages et, tout particulièrement, les huîtres. Mais dès qu’il aura acquis un peu de rondeur avec l’âge, il épousera sensuellement les plats marins excités par des saveurs orientales, en particulier citronnelle et coriandre, comme tous les poissons à la mode thaïe. Les gastronomes des antipodes apprécient leur Cloudy Bay avec des filets de bar au fenouil, un tartare de saint-jacques à l’anis, un sauté de thon, riz croquant, une omelette japonaise avec alcool de riz, dashi, sauce soja. Ses saveurs exotiques accueilleront avec délice un clafoutis aux mangues ou aux kiwis (of course !).

Ce flacon, comme la majorité de ceux du Nouveau Monde, est capsulé et son apogée ne dépasse pas deux ou trois ans. N’y a-t-il pas un rapport ?

Mais grâce au Cloudy Bay, la Nouvelle-Zélande nous offre une image beaucoup plus sympathique et agréable que celle des manifestations contre la présence française dans le Pacifique ou de la féroce mêlée des All Blacks. ■(gallery)




Le Jugement Dernier de la Chapelle des Scrovegni

340 – Christian Ziccarelli – La représentation du Jugement Dernier n’apparaît guère avant la fin du haut Moyen-Age, vers le IXe. Il est, tout d’abord, situé au revers de la façade occidentale de l’édifice pour frapper les fidèles qui sortent. « S’ils ne modifient pas leur comportement, s’ils ne s’amendent pas, un jugement très dur leur est promis ». Ã l’épanouissement de l’art gothique, au XIIIe siècle, le Jugement Dernier occupe, le plus souvent, le tympan de l’entrée principale. L’iconographie est pratiquement toujours la même. Le Christ « Juge » est au centre dans une mandorle, désignant l’Enfer à sa gauche et le Paradis à sa droite. Les Apôtres et la Vierge sont à ses côtés. La pesée des âmes par Saint- Michel siège en bas de la composition.

Giotto di Bodonne, né vers 1265, est, avec Dante et le Pape Boniface VIII, une figure majeure du Trecento. Selon la légende, Cimabue au cours d’une pérégrination dans la vallée de Mugello, rencontre un petit pâtre de dix ans dessinant un mouton sur une pierre. Stupéfait par la qualité de l’exécution, il lui demande s’il aimerait étudier la peinture. Ainsi Giotto est-il devenu son élève. « Cimabue crut, dans la peinture, être le maître absolu ; et aujourd’hui Giotto a pour lui le cri public, si bien que la renommée du premier est obscurcie » (Dante, Purgatoire, Chant XI). Aussitôt après les fresques d’Assise (vie de Saint-François), il fut appelé dans toute l’Italie. Bien qu’il fût extrêmement laid et mal habillé, nous dit Boccace dans le Décaméron, il ressuscita la peinture de l’état de langueur et de barbarie où l’avaient plongée des peintres sans goût et sans talent. Ã Florence, les Florentins font appel à son talent d’architecte, lui confiant l’édification du Campanile et il peint pour les Bardi, une famille de riches banquiers et commerçants, les fresques de leur chapelle à la basilique Santa Croce.

Enrico Scrovegni, un très haut personnage ayant une grande ambition politique, avait acquis la zone de l’Aréna à Padoue, pour y construire son palais avec une chapelle annexe destinée à un ordre religieux les « Cavalieri Gaudenti ». Les dates de construction et de décoration sont documentées entre 1303 et 1305. Giotto avait à sa disposition les parois d’une église de petite dimension et asymétrique, à cause des six fenêtres qui s’ouvrent sur la paroi de droite.

Le Jugement dernier de Giotto est une fresque magistrale

Le Christ « Juge », trônant sur l’arc en ciel (envoyé par Dieu, après le déluge, comme signe de l’Ancienne Alliance), est inscrit dans une mandorle irisée, garnie à l’extérieur d’une couronne de douze anges. Ceux qui sont placés en haut et en bas sonnent de la trompette. Les symboles des quatre évangélistes semblent soutenir le siège où est assis le Tout Puissant. Comme sur les chaires toscanes, la croix est seule, soutenue à ses extrémités par deux anges. Ã ses pieds, Enrico Scrovegni, au profil fin et sec (un des tout premiers portraits de la peinture occidentale), s’agenouille. Aidé d’un clerc il offre à la Vierge, à Saint-Jean (?) et à un autre personnage inconnu, l’église qu’il a payée de ses deniers. Le Christ fait un geste d’accueil de la main droite paume ouverte, le bras abaissé et tourne sa tête vers les élus et de sa main gauche refermée, il repousse les damnés. Ã ses côtés les douze apôtres, sans livre ni attribut, Pierre est à sa droite, Paul à sa gauche. En dessous des apôtres, les âmes des sauvés, revêtues de chair sortent des méandres de la terre. Suit la grande procession des élus progressant vers la Jérusalem céleste, conduits par des anges avec à leur tête une femme vêtue d’un long manteau blanc drapé sur tunique rouge. On l’identifie comme la Vierge ou l’Ecclésia conduisant à Dieu le cortège des fidèles. La garde angélique est placée en haut de la paroi, tandis qu’au sommet deux anges en armes enroulent le ciel dont la disparition dévoile peu à peu la cité de Jérusalem rutilante d’or et de pierres précieuses.

à gauche du Christ, les quatre fleuves de feu émergent de la mandorle pour inonder l’Enfer, un chef-d’oeuvre d’imagination et de précision. Une bête monstrueuse et nue, assise sur des dragons, Satan mangeur d’hommes domine la scène. De ses mains animalesques, il est en train de torturer quelques âmes. Les damnés, entraînés par les flots, sont l’objet de divers supplices. On peut reconnaître Judas pendu, les entrailles pendantes, un moine sur le point d’être châtré par un démon. Un diable est assis sur une femme dont il barbouille le visage, un autre scie la tête d’un homme en deux ou arrache la peau d’une femme nue avec un crochet. Une image terrifiante, mais sublime de l’Enfer.

Comment ne pas y voir l’influence de Dante présent à la même époque à Padoue ! ■

|| |La Chapelle des Scrovegni de Padoue, totalement anodine de l’extérieur, renferme l’un des trésors les plus inestimables de l’humanité, le cycle de fresques de Giotto. Ce chef-d’oeuvre de la peinture aux couleurs intenses – le fameux bleu de Giotto – a été commandé au début du XIVe siècle par Enrico Scrovegni, banquier et homme d’affaires padouan, qui fit appel aux plus grands artistes de l’époque : Jean de Pise reçut commande de trois statues de marbre et Giotto celle de la décoration picturale des murs. _ La ville de Padoue a acquis la chapelle en 1881 pour éviter la perte des fresques qui étaient, à cette époque, gravement endommagées.|(gallery)




iPhone : Des Apps qui ne vous laisseront pas tomber

340 – Un nom qui ne vous dira probablement rien…

Nos patients circulent de plus en plus, et il n’est pas rare de se retrouver en face qui d’une ordonnance, qui de boîtes ou de blisters de médicaments, dont les noms nous sont totalement étrangers. Cette application permet de trouver immédiatement les équivalents thérapeutiques du monde entier, sans connexion internet, y compris dans un alphabet différent !

World Drugs Convertisseur _ Mise à jour : 12 février 2011 _ Langue : français, anglais _ Version : 1.12 _ Editeur : Ary Tebeka _ Taille : 8,5 Mo _ 7,99 €

…et des Apps qui vous diront probablement tout

Les trois autres applications sélectionnées ce mois-ci proposent les nouveaux scores de CHA2DS2VASc et HAS-BLED. L’une est gratuite, mais mise à disposition par un industriel pharmaceutique, le laboratoire Meda Pharma. Les deux autres analogues, toutes deux du même éditeur, sont payantes. (2,39 €) et ne présentent qu’un seul score à la fois (soit 4,78 €) pour les deux. Dans cette période de la chasse aux conflits d’intérêts et de recherche de la plus grande indépendance possible vis-à-vis de l’industrie, cet exemple montre que l’indépendance à un coût. A vous de choisir !

_ MEDACardio _ Sortie : 15 janvier 2011 _ Langue : français _ Version : 1.0 _ Editeur : Meda Pharma _ Taille : 1,3 Mo _ Gratuit

Birmingham (CHA2DS2VASC) Calculator _ Sortie : 19 décembre 2010 _ Langue : anglais _ Version : 1.1.1 _ Editeur : Raduz Benicky _ Taille : 0,7 Mo _ 2,39 €

HAS-BLED Bleeding Risk Calculator _ Sortie : 20 décembre 2010 _ Langue : anglais _ Version : 1.0.7 _ Editeur : Raduz Benicky _ Taille : 0,3 Mo _ 2,39 €

Scoop de Steve Jobs en personne à San Francisco

L’iPad 2 chez vos fournisseurs habituels dès le 25 mars en Europe. – Plus fin, plus léger, plus rapide (puce A5 bicoeur). – Deux capteurs vidéo/photo permettant l’utilisation de Facetime et donc de réaliser directement des vidéoconférences plein écran entre iPad 2, iPhone 4 et iPod Touch 4 ! – Même taille (écran de 9,7 pouces), même capacité (16, 32 et 64 Go) et même prix. – Système 4.3 d’iOS qui sera également disponible au téléchargement gratuit pour les modèles précédents d’iPad, iPhone et iPod Touch. Ce nouvel OS offrira un nouveau « Safari mobile » plus rapide, mais surtout des capacités plus complètes de partage à domicile via WiFi de musiques, films et podcasts vidéo, que ce soit par la bibliothèque d’iTunes ou par streaming audio et vidéo via le web.

14 fabricants s’associent pour créer un chargeur universel de téléphones mobiles

Objectif courant 2011 Pour une fois, personne ne regrettera la pression de la Commission Européenne qui a fortement incité quatorze fabricants de téléphones mobiles à s’associer pour développer le premier chargeur universel. Il devrait être disponible courant 2011. Cela constitue une réelle innovation technologique, ergonomique, économique et écologique, puisque cela devrait éviter la vente forcée d’un nouveau chargeur à chaque achat de téléphone. « Il s’agit vraiment d’une bonne nouvelle pour les consommateurs européens », d’après le vice-président de la Commission européenne, Antonio Tajani, qui « encourage les entreprises à accélérer la commercialisation ». Cerise sur le gâteau, une fois n’est pas coutume, Apple s’associe à cette démarche collective !




Portrait de Marguerite d’Autriche par le Maître de Moulins vers 1490-1491

339 – Christian Ziccarelli – L’identification avec Marguerite d’Autriche ne fait guère de doute

Née en 1480, orpheline de mère à l’âge de 2 ans, fiancée l’année suivante au roi Charles VIII, de 10 ans son aîné, elle vit, à Amboise, à la cour de France. La mort du duc de Bretagne François II vient chambouler ce projet de mariage, sa fille, Anne de Dreux devenant duchesse de Bretagne. Anne de Beaujeu, la soeur aînée de Charles VIII, conçoit l’intérêt majeur pour la France de faire épouser à son frère, la duchesse Anne, apportant dans sa dote, la Bretagne. Marguerite d’Autriche est répudiée en 1493. Autour de 1500, les enfants princiers, uniquement, pouvaient bénéficier de portraits indépendants. Plusieurs éléments permettent d’identifier le personnage. Un C et un M alternent sur le bord de sa robe. Le grand pendentif est en forme de fleur de lys. Une coquille de Saint-Jacques sur sa coiffe, rappelle l’ordre de Saint-Michel, un ordre de chevalerie fondée par Louis XI à Amboise. L’identification avec Marguerite d’Autriche ne fait guère de doute d’autant que tous ces ornements sont retrouvés dans son inventaire lorsqu’elle retournera aux Pays-Bas. Mariée quelques années plus tard avec le duc de Savoie, Philibert II le Beau, elle fit construire le monastère de Brou, puis l’Église de Brou, véritable chef-d’oeuvre de l’art gothique (flamboyant) du XVIe siècle (encadré en fin de page).

|| |Marguerite de Habsbourg-Autriche, fille de Maximilien Ier, empereur romain germanique, et de Marie de Bourgogne, éleva les enfants de son frère aîné Philippe Ier de Habsbourg, parmi lesquels se trouve le futur Charles Quint. Victime d’une blessure au talon qui finit par se gangrener, Marguerite d’Autriche mourut le 1er décembre 1530 à Malines d’où elle gouvernait les Pays-Bas.|

Un portrait flamand _ influencé par l’Italie

Marguerite d’Autriche est représentée de trois quarts, à mi-corps, devant une balustrade surplombant un paysage bucolique où s’inscrivent un château entouré de douves et au loin une ville protégée par des fortifications. Elle porte une robe en velours rouge, ajustée, moulante, avec de longues manches pourvues de galons d’hermine. Le décolleté carré, d’inspiration italienne, est encadré de parements brodés de couleurs or où l’on devine les lettres C et M, en émail. Les cheveux tirés vers l’arrière sont dissimulés par une coiffe aplatie, accentuant la hauteur du front. Elle tient un chapelet de perles fines, au fermoir en or. Un magnifique pendentif en forme de fleur de lys est serti d’une améthyste, d’un rubis et d’une perle baroque. Ce délicat portrait, à l’air sombre, au regard triste semble présumer l’avenir. Nous sommes près de sa répudiation. « Marguerite est représentée comme une adulte en miniature et l’attendrissement que suscite cette peinture vient du contraste entre son maintien calme et la finesse de ses bras et la petitesse de ses mains » ([France 1500 entre Moyen Ãge et Renaissance. Catalogue de l’exposition. RMN 2010.)]. Il suffit de comparer ce portrait à celui de 1513 du peintre flamand Bernard Van Orley pour voir comment notre peintre à idéaliser son personnage (mais nous sommes encore loin du beau idéal de Winckelmann).

De quand date, le premier portrait ? Il est, probablement égyptien, sous l’Ancien Empire (2700-2300 avant J.-C.). Mais il n’était pas réalisé pour être vu par les vivants. Il était conçu pour les morts. Ceux du Fayoum, exécutés à l’encaustique ou à la détrempe sur des plaquettes de bois (IIe au Ve s. après J.-C.) sont caractérisés par l’intensité du regard (Dame du Fayoum, Louvre) et leur réalisme. Cet art va disparaître pendant plus d’un millénaire. L’individu n’est plus représenté en tant que tel. Il faudra attendre le milieu du XIVe siècle. Si Giotto commence à singulariser ses personnages (chapelle des Scrovegni à Padoue), ce n’est qu’au début du XVe siècle que le portrait s’érige en genre autonome montrant l’importance de l’individu. Seuls les membres de la famille royale, les hauts dignitaires de l’Église (le Pape, les évêques) ou de grands nobles sont, le plus souvent, représentés. L’art du portrait se développe principalement à Florence et en Flandres. En Italie, les personnalités sont d’abord, peintes en buste, de profil, idéalisées. Les primitifs flamands peignaient leurs sujets de trois quarts et suscitèrent un enthousiasme, tout particulier, surtout par leur respect de la réalité. Ã la fin du XVe siècle, le prestige du portrait des anciens Pays-Bas fut tel qu’en Italie, le portrait indépendant se transforma foncièrement pour adopter la « manière » flamande. Le fond, d’abord neutre ou décoratif, représente ensuite un intérieur ou encore un paysage (un fleuve avec des bateaux, une ville…). Les portraits d’enfants sont rares. Ils n’existent que pour la famille royale et leurs proches.

Le maître de Moulins, Jean Hey, un peintre de la cour de Bourbon

C’est à Moulins, dans la cathédrale qu’il faut se rendre pour y voir son chef d’oeuvre, le triptyque de la Vierge en gloire adorée par ses commanditaires, le Duc Pierre II de Bourbon, la Duchesse Anne de France (aînée de Louis XI) et leur fille Suzanne. Pendant longtemps, pour les experts, le personnage de notre tableau était cette jeune princesse. Il faut avouer que l’on peut y trouver un air de famille ! Quand le roi Charles VIII et Marguerite d’Autriche vinrent, à la Noël 1590, à la cour des Bourbon, notre peintre s’y trouvait depuis 1488. Longtemps surnommé le maître de Moulins, son identification avec Jean Hey, est généralement acceptée aujourd’hui grâce au rapprochement de style, du seul tableau signé par cet artiste, l’Ecce Homo des musées royaux de Bruxelles. Deux documents lyonnais récemment retrouvés (Nouveaux documents sur le peintre Jean Hey et ses clients Charles de Bourbon et Jean Cueillette. P-G. Girault, E. Hamon : Bulletin Monumental 2003 vol 161 n°2.), confirment cette attribution ([Ils révèlent que, depuis 1482 au moins, Jean Hey était le peintre en titre du cardinal Charles de Bourbon, dont le portrait du musée de Munich est unanimement attribué au Maître de Moulins. Ã la mort de son protecteur en 1488, l’artiste, offrit ses services au frère du prélat, le duc Pierre de Bourbon. Il travailla également pour des officiers du duché comme Jean Cueillette, commanditaire du tableau de Bruxelles.)]. Venant des Pays-Bas, influencé par Hugo van des Goes, son naturalisme s’est affiné au contact des artistes français sensibles à l’idéalisme de l’Italie.

|| |L’église de Brou est une église faisant partie du monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse dans l’Ain, qui fut construite à la demande de Marguerite d’Autriche. Chef-d’oeuvre du gothique flamboyant du début du XVIe siècle en France, il abrite les tombes de Marguerite d’Autriche, Philibert II le Beau, Duc de Savoie (son époux) et de la mère de celui-ci, Marguerite de Bourbon.|(gallery)




A cœur ouvert

339 – Françoise Gontard, cardiologue libérale, a la singulière particularité d’analyser les rêves de ses patients. C’est cette expérience exceptionnelle qu’elle relate ici dans un ouvrage captivant qui fourmille de cas cliniques aussi passionnants que variés.

Françoise Gontard est une récidiviste puisque, déjà, sa thèse de Doctorat en sciences humaines cliniques, soutenue en 1982 s’intitulait « Approche psychosomatique en cardiologie ».

Au travers des rêves, c’est toute l’écoute du patient qui est mise en exergue par l’auteur qui, en quelque sorte, redéfinit la « fonction cardiologue » et la relation spécialiste-patient.

Pour autant, ce livre, qui se lit comme un roman, n’abandonne à aucun moment la rigueur scientifique ; les références historiques abondent, qui parcourent toute l’histoire de la médecine, de l’école hippocratique à celle de Paris, en passant par les célèbres travaux de Rosenmann et Friedmann et ceux, tout aussi connus, d’André Jouve qui marquèrent dans les années 1960-70 toute une génération de cardiologues marseillais.

Ne pas accepter le malade comme une somme de symptômes, mais le prendre dans sa totalité avec sa parole, son vécu, ses non-dits, sa vie inconsciente constitue le fondement de la pratique de Françoise Gontard qui, avec cet ouvrage, essaie de nous en faire profiter. Ã lire d’urgence… ■

Sommaire

Repères historiques Approche relationnelle clinique en cardiologie – Cardiopathies et vide symbolique – Cardiopathies et troubles de l’espace – Cardiopathies et impulsions de décharge _ Problématique de l’espace psychosomatique – La genèse de l’espace psychosomatique – Le dysfonctionnement projectif – L’importance de la relation médecin-malade

Françoise Gontard _ Éditeur Publibook/Société écrivains _ 177 pages _ Collection Recherches(gallery)




CPS3 : La nouvelle carte CPS sous le signe du 3 en 1

339 – La CPS3 sera délivrée à tout professionnel de santé (libéral, hospitalier, salariés) inscrit au RPPS (Répertoire Partagé des Professionnels de Santé), inscrit au tableau pour les professions à l’Ordre. Selon le cas, l’autorité d’enregistrement est donc l’Ordre, l’ARS, le Service de Santé des Armées, mais c’est l’ASIP Santé qui est l’autorité de certification. Cette carte CPS3 remplacera la carte professionnelle et la carte CPS. Le numéro d’identification des professionnels de santé devient unique ; dès qu’il est enregistré, il est automatiquement inscrit au RPPS, le Répertoire Partagé des Professionnels de Santé, qui agrège trois fichiers, Ordre, Adeli et Assurance Maladie.

Premier objectif. Permettre à chaque professionnel de santé de réaliser des transactions électroniques sécurisées au moyen de sa carte professionnelle : _ 1) accès au DMP et plus généralement à des données de santé partagées ; _ 2) transmission de messages sécurisés ; _ 3) ensemble des téléservices de santé existants (télétransmission des FSE) et à venir…

Deuxième objectif. Equiper tous les professionnels de santé : _ 1) tous les professionnels médicaux et paramédicaux libéraux ; _ 2) tous les professionnels hospitaliers ; _ 3) tous les professionnels salariés y compris le service de santé des armées.

Troisième objectif. La CPS3 est une carte « 3 en 1 » : _ 1) un mode de compatibilité avec la carte CPS actuelle (mode « CPS2ter ») ; _ 2) un nouveau mode IAS-ECC, standard cible retenu pour la prise en charge des fonctionnalités avec contact : _ a. standard choisi pour la mise en place de l’Administration Electronique et la future Carte Nationale d’Identité électronique ; _ b. standard spécifié par les industriels de la section carte à puce du GIXEL, en coopération avec l’ANTS (Agence Nationale des Titres Sécurisés). _ 3) un nouveau mode sans contact, permettant l’émergence de nouveaux usages de la carte.

Et pour finir, trois bonnes nouvelles _ La compatibilité est totale et transparente pour les applications existantes ; _ 1) pas de mise à jour nécessaire au niveau des composants logiciels du poste de travail (API SESAM-Vitale, API CPS, cryptolib CPS) ; _ 2) permet d’assurer la continuité de service tout en migrant vers un composant de dernière génération ; _ 3) pas d’impact au niveau des applications déployées à grande échelle : _ a. la Feuille de Soin Electronique (FSE) ; _ b. le service de Consultation des Droits en Ligne (CDR) pour les établissements de santé ; _ c. l’accès à Espace Pro pour les médecins. ■

Que contient le répertoire RPPS ?

|1. Données d’identification et d’identité de la personne. _ 2. Diplômes, attestations en tenant lieu et autorisations liés à l’exercice professionnel : intitulé, date d’obtention, lieu de formation, autorité de délivrance, numéro. _ 3. Données décrivant l’exercice de la profession. _ 4. Qualifications, titres et exercices professionnels particuliers. _ 5. Activités et structures d’exercice.|(gallery)




Cardiologie pratique : Stress, dépression et pathologie cardiovasculaire

338 – Jean-Paul Bounhoure qui honore Le Cardiologue de sa précieuse et régulière collaboration est, faut-il le rappeler, professeur honoraire à la Faculté de Médecine de Toulouse, président honoraire de la Société Française de Cardiologie et membre de l’Académie Nationale de Médecine.

Le stress, ce fléau du monde actuel, est abordé par l’auteur dans tous ses aspects : sa définition, qui ne coule pas de source, ses conséquences sur les différents organes et pathologies cardiovasculaires, et, naturellement, les modalités de sa prise en charge. Ce qui ressort de cet ouvrage, bourré de références bibliographiques et d’une rigueur scientifique remarquable, c’est son message humaniste qui rappelle l’influence incontestable de l’insécurité physique et psychologique du monde présent sur la santé psychique autant que cardiovasculaire.

Ce livre s’adresse aux cardiologues comme aux médecins généralistes et au-delà à toute personne susceptible de s’intéresser de près ou de loin à ce problème capital de la médecine qui reste d’une brûlante actualité. ■

Jean-Paul Bounhoure, Éric Bui et Laurent Schmitt _ Éditeur : Masson _ Référence : 470834 _ 248 pages _ Collection de Cardiologie pratique

Sommaire _ 1. Le stress. _ 2. Conséquences neurohormonales des différents types de stress. _ 3. Stress, arythmies et mort subite. _ 4. Stress et maladie coronaire. _ 5. Cardiomyopathie de stress, Syndrome du tako-tsubo. _ 6. Stress et hypertension artérielle. _ 7. Dépressions et cardiopathies. _ 8. Stratégies thérapeutiques et gestion du stress. _ 9. Traitements des complications cardiovaculaires du stress.(gallery)




Une ethnie mystérieuse : les Toraja d’Indonésie

338 – Christian Ziccarelli – Le pays Toraja

Le pays des Toraja (vient du mot de la langue bugis ([Les Bugis, ou Ugi en langue bugis sont un peuple de la province indoné sienne de Sulawesi Sud dans l’île de Sulawesi Célèbes)] « to riaja », qui signifie « peuple des hautes terres »), plus exactement les toraja Sa’dan (ou Toraja du Sud) se situe au coeur de l’île de Sulawesi (ancienne Célèbes) en Indonésie orientale. Ce groupe ethnique, malgré une modernisation galopante et l’invasion touristique, a réussi à maintenir ses antiques traditions, « uniques au monde ». Les Toraja vivent dans un environnement montagneux, percé de nombreuses vallées, sur des terres relativement fertiles, dont l’altitude varie entre 700 m et 1800 m. Les deux grandes villes régionales, Rentapao et Makale, à huit heures de route d’Ujung Pandang (Makassar), sont traversées par la rivière Sa’dan. Irriguant la quasi-totalité de Tator (acronyme de Tana Toraja), son rôle est primordial pour la vie de ce peuple de riziculteurs (le riz, l’aliment de base, représente du point de vue économique et social, un élément de tout premier ordre dans la vie quotidienne). Les rizières en terrasses ou en terrain plat, sculptent un paysage de toute beauté où prédomine un vert aux intonations multiples et y côtoient le café arabica, le seul véritable produit d’exportation. Une population proche de 360 000 âmes, vit sur ce terroir, mais de nombreux Toraja sont installés à Ujung Pandang ou ont émigré à Java, en Australie, aux États-Unis, etc. Le dialecte Toraja est une langue austronésienne (La famille austronésienne, autrefois appelée malayo-polynésienne, couvre une aire d’extension considérable s’étendant de l’île de Madagascar dans l’océan Indien, en passant par Taiwan et une partie du Sud-Est asiatique (dont surtout l’Indonésie et les Philippines), pour couvrir presque tout le Pacifique.) encore couramment pratiquée par l’ensemble de la population autochtone.

Mais d’où viennent-ils ?

Les mythes les plus « exotiques » prétendent que la forme cintrée du toit des maisons évoquerait les bateaux sur lesquels leurs ancêtres seraient arrivés aux Célèbes, de Chine du Sud, en passant par l’Indochine. Plus sérieusement, selon Christian Pelras (« Entretien avec Christian Pelras ». Histoire et Antropologie, n° 10 janvier-juin 1995, 87. Les Toraja d’Indonésie. Franck Michel édition l’Harmattan. Mars 2000) « 40 000 ans avant J.-C., toute l’Insulinde était habitée par une population de chasseurs cueilleurs-ramasseurs de coquillages de type australo-mélanoïde. Vers le troisième millénaire avant notre ère, des populations néolithiques de type mongoloïde appartenant à l’Asie du Sud Est continentale, de langue Mon-Kmer, et à l’Insulinde, de langue austronésienne, sont descendues du Nord vers le Sud, assimilant progressivement la population antérieure ». En fait, nous connaissons fort peu d’éléments historiques, fiables sur les Toraja (Il est prouvé qu’ils étaient « des chasseurs de têtes »), avant l’arrivée des premiers missionnaires européens au XVIIe siècle. Pour la première fois, sans doute, ils s’unirent pour lutter contre les Bugis (1) qui venaient de les envahir. L’identité Toraja était née. Ces luttes incessantes avec leurs voisins, puis avec les Hollandais, entre autres, pour garder la primauté sur le commerce du café, n’a pris fin qu’en 1905. Les Hollandais voyant un moyen de lutter contre l’Islam implanté sur l’île depuis le XIIIe siècle, tentèrent de les convertir, en luttant sans grand succès contre l’Aluk todolo (le culte des morts et des ancêtres).

Le Tongkonan

Les maisons toraja, appelées « Tongkonan », sont remarquables avec leur long toit élancé dont l’origine reste incertaine. Rappellent-ils les coques des pirogues avec lesquelles les ancêtres auraient traversé les mers ? Ou représentent- ils plus simplement des cornes de buffle, l’animal sacré des Toraja ? Elles sont disposées sur deux rangs le long d’une large allée centrale et orientées de façons très précises, Nord-Sud.

Les Tongkonan sont construits sur pilotis, selon des règles ancestrales et leur toit résulte de l’assemblage de milliers de bambous. De magnifiques panneaux de bois gravés ornent la façade ; ils sont décorés de motifs géométriques ou symboliques toujours noirs (la mort, les ténèbres), rouges (le sang, la vie), blancs (les os, la pureté) et jaunes (le pouvoir, l’approbation des Dieux). Ils représentent souvent des coqs, des roues, ou la tête de buffle. La construction reposant sur des pilotis, on accède à l’habitation par un escalier. L’intérieur simple est peu meublé et éclairé par de toutes petites lucarnes. Chaque Tongkonan (symbole de l’homme et du mari) s’accompagne d’un ou plusieurs greniers à riz (symbole de la femme et de l’épouse) composés sur le même modèle. Le rang social et la richesse de la famille sont symbolisés par le nombre de cornes de buffles clouées sur une grande poutre verticale (a’riri’ posi’) à l’avant de la maison. Le Tongkonan layuk (de la coutume) est celui qui attire le regard au sein du village, le tangkonan kaparengnesam (du chef) désigne la maison d’origine des chefs et le tongkonan batu a’riri (sans pilier a’riri posi’) est le moins prestigieux des trois. Dans la société Toraja originelle, seuls les nobles avaient le droit de construire des tongkonan. Les roturiers vivaient dans des demeures plus petites et moins décorées, appelées banua.

Le culte des morts et des ancêtres

Le pays Tana Toraja est un exemple de compromis sinon de tolérance, où cohabitent des communautés spirituelles diverses. Les chrétiens (en majorité protestants, un peu plus de 10 % sont catholiques) occupent une place prééminente (plus de 80 %), devant les musulmans (moins de 10 %) et les animistes. En fait l’Aluk todolo, offi ciellement pratiquée par seulement 5 % de la population, est respectée par nombre de chrétiens et musulmans.

Les cérémonies funéraires et les rites religieux (les fêtes associées au riz, à la fertilité, la construction d’une maison, etc.) jouent un rôle de tout premier plan dans la vie quotidienne des Toraja. Les rites funéraires sont avant tout un rituel de passage, un accès non seulement au monde des morts, mais aussi à la communauté des ancêtres divinisés. La préparation peut demander des semaines ou même des mois, en attendant, le défunt (décédé souvent plusieurs mois plus tôt) est « embaumé » et conservé dans la maison familiale. Tout doit être mis en oeuvre pour faciliter le voyage de son âme vers l’au-delà. Jusqu’à la date de ses funérailles, le défunt est simplement malade ou « absent ». La cérémonie dure deux, trois, quatre jours, ou plus longtemps encore, et rassemble toute la famille (venue des quatre coins du monde), les amis et connaissances, parfois, plusieurs centaines de personnes, s’il s’agit d’un chef de village. Ils présentent leurs « condoléances » à la famille en apportant un présent (buffles, cochons, poulets, Tuak, riz…). Un maître des cérémonies tient la comptabilité de ce que chacun offre. Les femmes défilent en premier, suivies par les hommes et chaque groupe s’installe ensuite dans une petite « arène » circulaire devant la loge familiale. Arrive l’heure du sacrifice, les buffles sont amenés dans l’enceinte. Un officiant à l’aide d’un long couteau, tranche la carotide. L’animal se débat, trébuche, glisse dans le sang des précédents sacrifices, puis s’effondre sur le sol, au milieu du tumulte général. L’âme du défunt s’envole alors avec celle du buffle pour atteindre les sphères les plus pures. Le nombre de sacrifiés dépend de la richesse du défunt et est le garant d’un accès rapide au royaume des ancêtres. Des dizaines de cochons ficelés et transportés sur des bambous vont subir le même sort. Les bêtes sont aussitôt débitées et emportées à la cuisine pour la préparation du Papiong. Les morceaux de viande sont mélangés à des légumes et des épices et sont enfoncés dans un tube de bambou d’environ quinze centimètres de diamètre. Cuits à l’étouffée, ils sont distribués à chacun selon un ordre de préséance bien précis. Le repas est arrosé de Tuak, de la sève de palmier dattier, récoltée dans un tube de bambou et laissée fermenter un à quatre jours. Les cornes du buffle prendront place sur le mât de la maison. Le mort est transporté dans un cercueil en bois finement sculpté, sur son lieu d’inhumation, une tombe creusée dans un rocher où reposent ses ancêtres. Parfois, une croix sur la porte d’une tombe rappelle que, si certains Torajas ont été christianisés par les Hollandais, ils n’en sont pas moins fidèles à leurs traditions animistes. Plus tard, une effigie à son image, un mannequin en bois, le Tau-tau, sera disposée sur un balcon en aplomb du rocher, pour veiller et protéger les vivants.

Les tombes des enfants en bas âge décédés avant leur première dentition sont creusées directement dans les arbres afin qu’ils puissent continuer à grandir et atteindre ainsi le royaume des morts. ■(gallery)




En route pour le futur

338 – Withings

La première est fabriquée par une start-up française, Withings (www.withings.com). Il s’agit d’un tensiomètre tout à fait classique dans son fonctionnement, mais avec un brassard relié à un iPhone ou un iPad, ce qui permet non seulement de visualiser en temps réel les valeurs tensionnelles, mais aussi de stocker les différentes mesures et de les restituer sous forme graphique. C’est un nouvel outil d’automesure tout à fait adapté, d’autant que le site internet de la société (www.withings.com) rappelle les recommandations en matière d’automesure de manière certes schématiques mais très claires.

De plus l’application permettrait de télétransmettre directement à son médecin les informations de manière sécurisé (?). Pour le moment, ce brassard n’est pas encore disponible : son prix annoncé serait de 129 €, identique à celui de la balance WiFi fonctionnant selon le même principe que commercialise également la même société et qui est, elle, disponible.

Dernière interrogation : ce tensiomètre sera-t-il « homologué » par les autorités sanitaires françaises ? Ce qui ne semble pas être le cas à ce jour.

AliveCor iPhone ECG

La seconde innovation n’est pas encore commercialisée. Elle est proposée par la société Alivecor (www.alivecor.com), mais elle fait le buzz sur internet avec une démonstration sur youTube, cherchez « AliveCor iPhone ECG ».

Il s’agit en fait d’une simple coque porteuse de deux plaques faisant office d’électrodes et activant une application ECG de l’iPhone voire de l’iPad. Ce n’est pas sans rappeler certains appareils diffusés en France il y a près de 15 ans, le R-Test. La différence tient ici en la qualité de l’écran et donc du tracé… La transmission des ECG en temps quasi réel, soit par WiFi, soit par mail, paraît une évidence. En fait, ce n’est rien moins ni plus qu’une télémétrie. L’originalité est une fois encore dans le support technique qu’est l’iPhone qui permet de multiplier ce type d’applications pour des prix sans commune mesure avec des appareils dédiés.(gallery)




Château de la Négly : « La Falaise » 2006 – Côteaux du Languedoc – 11560 Fleury d’Aude

Etrange destin que celui des vins du Languedoc ! Berceau de la viticulture, fondé par les Grecs, développé par les Romains, le vignoble languedocien s’est considérablement étendu au fil des siècles, l’ouverture du canal des Deux- Mers, l’arrivée du chemin de fer en 1858 lui permettant d’écouler sa production pléthorique à faibles coûts, la superficie du vignoble progressant à 463 000 hectares en 1875, et plus de 500 000 en 1950.

Une métamorphose qualitative sous l’impulsion de jeunes viticulteurs

Après les ravages du phylloxera et de l’oïdium, la production redémarre grâce aux porte-greffes et à des cépages rustiques aux rendements énormes. Le Languedoc représente, entre les deux guerres, 40 % de la viticulture nationale, se fl attant d’être la cave de la France ouvrière. Mais la crise menace, les millésimes sont si volumineux que le marché s’effondre, la concurrence avec les vins d’Algérie, eux aussi produits en masse, tire les prix vers le bas. La grande révolte de 1907 affronte les viticulteurs avec l’armée au prix de nombreux morts et, depuis, surviennent, de façon récurrente, des manifestations souvent très violentes. Les causes sont évidentes : production de masse de vins de table et de vins de pays d’une médiocrité affl igeante, paupérisation des vignerons, campagnes antialcooliques, arrachage massif des vignes imposé par la communauté européenne réduisant actuellement le vignoble à 250 000 hectares.

Mais, comme nous l’avons déjà signalé (Cardiologue n ° 312), une métamorphose qualitative incroyable, sous l’impulsion de jeunes viticulteurs talentueux et motivés, s’est opérée depuis 25 ans, si bien que se multiplient les domaines produisant d’excellents vins expressifs, complexes, dont les prix, même parfois élevés, sont sans commune mesure avec ceux des grands Bourgognes ou Bordeaux.

Le Château de la Négly a effectué sa mutation, lorsque Jean-Paul Rosset l’a pris en main en 1992 au décès de son père qui considérait que le vin ne lui assurait qu’une source mineure de revenus, et vendait le raisin produit par ses vignes à gros rendement à la coopérative.

Jean-Paul Rosset, assisté par un excellent vigneron, Yves Chamontin, et conseillé par Claude Gros, oenologue surdoué qui tire les fi celles dans nombre de domaines réputés, a réalisé une véritable révolution au Château de la Négly : rendements réduits par des vendanges au vert (15 à 20 hl/ha), ridiculement faibles pour la région, contrôles de qualité, récoltes manuelles sur cagettes de 10 kg, éraflage total, table de tri sélectionnant, grain par grain, certaines cuvées, cuves de fermentation avec maîtrise des températures, extraction douce, élevage en barriques de chêne neuf.

Des prix sans commune mesure avec ceux des grands Bourgognes ou Bordeaux

Blotti sous une barre rocheuse du massif de la Clape près de Narbonne, ce vignoble de 50 hectares, idéalement exposé sur des coteaux en pente douce dominant la Méditerranée, profi te d’un climat sec, d’un très grand ensoleillement et, grâce à la proximité de la mer, de vents chargés d’embruns qui favorisent la maturation du raisin et limitent les maladies cryptogamiques. Le sol est composé de limon sableux du Miocène issu d’éboulis calcaires, sa porosité permet une bonne pénétration de l’eau et, ainsi, une excellente réserve.

Le Château de la Négly propose toute une gamme de vins allant de la Côte AOC coteaux du Languedoc jusqu’à des cuvées de prestige : la « Porte du Ciel » ou le « Clos du Truffiers » coproduit avec le grand oenologue Jeffrey Davies qui atteignent des tarifs imposants.

J’ai une toute particulière affection pour le Coteau du Languedoc, « La Falaise » 2006, vin divinement parfumé, caractérisé par la finesse et la complexité de ses arômes, par la puissance de sa structure, mais aussi par la douceur de son prix. Issus de 50 % de syrah, 35 % de grenache et 15 % de mourvèdre, d’une macération de 50 jours et d’un élevage dans 50 % de barriques de chêne neuf, « La Falaise » reflète une belle robe violine noire. Le nez exhale d’emblée les herbes aromatiques, le thym, les baies sauvages, puis arrivent, par vagues, des notes de cerises confi tes, de crème de cassis, de confi tures de mûres et, en fi nal, des arômes fumés et salins. En bouche, il exprime une texture crémeuse, de riches fruits noirs mûrs, mêlés de viande rôtie et de fl eurs capiteuses, et dévoile une fi nale opulente, douce, enveloppante avec des nuances épicées, balsamiques et graphitiques.

L’ensemble est flamboyant et luxurieux, mais parfaitement structuré sur des tanins gras et bien enrobés, si bien qu’il évite les défauts habituels des Languedoc hyperpuissants et « parkerisés », et escamote le boisé trop marqué et les notes de chaleur malgré ses 15 °.

Les arômes sudistes de « La Falaise » 2006 permettront d’excellents mariages de saveur avec toutes les recettes traditionnelles du midi : lapin au thym, porc à la sauge, agneau aux fèves et artichauts, caille à la tapenade, tajines d’agneau aux raisins et citrons confi ts. Mais puis-je vous suggérer un plaisir plus rustique : un petit goûter avec un jambon de montagne ou un ballota espagnol accompagné d’une salade de tomates à l’huile d’olive et d’un verre de « La Falaise » ? Oui, les Languedociens surmonteront leur crise viticole, mais par le haut, si, à l’instar du Château de la Négly, ils aspirent à l’excellence. ■

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération




Côtes de Moselle : Château de Vaux Septentrion 2008 – Norbert Molozay 57130 Vaux

Qui connaît les vins de Lorraine ? Pas grand monde mis à part certains autochtones et quelques oenologues érudits… Et pourtant ce vignoble produisait, fin XIXe siècle, 40 millions de litres de vin avant les ravages du phylloxera, les destructions de la grande guerre et l’industrialisation intensive de la Moselle. Il renaît progressivement et péniblement de ses cendres avec des fortunes diverses : les Côtes de Meuse, piquette sympathique, l’étrange vin bleu des Vosges, objet d’une critique acerbe dans le blog du Monde.fr de Miss Glou-Glou, dont je revendique une certaine paternité. Je n’ose non plus vous recommander les vins gris du Toulois, pour lesquels mon estomac exprime un rejet complet, s’il n’est bardé, pendant plusieurs jours, de Phosphalugel et Mopral du fait de l’acidité du breuvage. En revanche, les Côtes de Moselle, les vins les plus septentrionaux de l’hexagone, ont des atouts incontestables pour produire des vins de qualité, mais souffrent encore beaucoup de la comparaison avec les magnifiques vins allemands de la Moselle – Saar – Rüwer (Dr Loosen, J.-J. Prüm, le mythique Egon Muller). Je n’ai d’ailleurs pas compris pourquoi les Mosellans, au contraire de leurs Cousins allemands et alsaciens, ne privilégiaient pas le magnifique cépage Riesling.

« Un château au potentiel énorme »

« Flying Winemaker », ainsi que lui-même se définit, Norbert Molozay est, malgré ses 39 ans, un vinificateur expérimenté, pour avoir bourlingué en Nouvelle-Zélande, Australie, Etats-Unis, mais aussi Bourgogne, Alsace, assisté par sa charmante épouse, Marie-Geneviève, issue d’une famille de négociants en vin messins qui, abandonnant sa formation scientifique, s’est entièrement consacrée à sa passion d’oenologue.

Quand ils découvrent en 1999 le Château de Vaux, Marie-Geneviève et Norbert Molozay ont immédiatement un immense enthousiasme, « parce qu’il a un potentiel énorme », s’installent définitivement en Moselle et mettent tout en oeuvre, pour développer et magnifier la qualité des vins du Château de Vaux sur un terroir de 12,5 hectares planté en coteaux.

Les terrasses pierreuses et le sol argileux sur éboulis calcaires sont bien structurés et drainés. L’exposition Sud/Sud-Est génère un microclimat particulièrement protégé des influences froides et humides. La pluviométrie est régulière grâce au fleuve, la Moselle, qui tempère les excès ; le relief des coteaux et les expositions favorables bonifient les chaleurs estivales.

Les cépages sont variés et particuliers. Ainsi, le Septentrion est un assemblage de 60 % de Pinot gris, riche, capiteux apportant un peu de sucre, pour compenser l’acidité des 20 % de Muller-Thurgau aux arômes floraux, parfois chlorophylliens et des 20 % d’Auxerrois au nez d’agrumes et de fruits exotiques.

Le vignoble est en conversion biodynamique, les vendanges effectuées fi n septembre procurent un rendement assez élevé de 60 hl/ha réduit par un tri sévère sur table. Le pressurage à plateau sur cuve est suivi d’un débourbage pendant 48 h. La fermentation se produit directement et immédiatement dans de grands fûts de chêne de Moselle de 400 à 600 litres, où a lieu ensuite la malo-lactique. L’élevage se fait, pendant 10 mois, sur lies totales, sans soutirage, pas de sulfitage, ni d’acidification, seul le Muller-Thurgau est légèrement chaptalisé.

La dégustation du Château de Vaux Septentrion 2008 dans des caves voûtées du XIIIe siècle permet de mirer une robe jaune claire à reflets verts et d’apprécier des arômes vifs de pêche blanche, d’acacia, de fleurs de pommier, des flaveurs exotiques de banane, ananas, vanille douce. En bouche, il charme par sa rondeur, sa suavité presque doucereuse liée à la présence d’un peu de sucre résiduel, mais bien équilibrée par une légère note minérale de pierre à fusil.

Illustrant excellemment l’adage : cuisine de terroir, vin de même origine, le Septentrion s’accordera magnifiquement avec la si méconnue gastronomie lorraine. Grâce à la sève et au moelleux du Pinot gris, il escortera galamment les poissons de rivière en sauce : matelote de poissons d’eau douce, carpe à la juive, pavé de sandre en peau confit. Il épousera voluptueusement grenouilles à la mode de Boulay, cassolette d’escargots à l’anis, tourte lorraine à la viande, mais le plus somptueux accord s’opérera avec une quiche bien crémeuse, où l’acidité relative du vin enveloppe et assouplit le gras de la migaine. Ne considérez donc plus la Moselle comme le tombeau des industries sidérurgiques et minières, mais venez apprécier ses richesses culturelles, tel le Centre Pompidou de Metz, culinaires et vinicoles, dont le Château de Vaux est l’emblème. ■(gallery)




Transférer des documents vers iPhone ou iPad

337 – Les documents issus des iPad/iPhone sont liés aux applications. Cela rappellera sans doute des souvenirs aux utilisateurs du Macintosh des années 1980. 😉 Il faut donc user de subterfuges pour transférer ces fichiers.

Trois solutions possibles

1. Adresser le document en pièce jointe d’un mail à un compte identifié sur la tablette ou l’iPhone. Un double clic suffira pour l’ouvrir dans un format supporté par votre appareil.

2. Utiliser une application dédiée à ce type de transfert comme Air Sharing. Cela nécessite un réseau WiFi accessible concomitamment par les deux parties PC/Mac et iPhone/iPad, puis de créer dans votre navigateur l’adresse IP de l’application que vous trouverez dans le menu « aide », rubrique « Mac OS X en détail », l’échange de fichier se faisant alors par la page activée du navigateur. Il existe trois versions de cette application une simple à 2,39 €, une version dite « pro » à 5,49 € et une version compatible iPad à 7,99 €.

3. Les versions 4 de l’iOS permettent une troisième solution qui paraît à ce jour la plus simple. Mais elle nécessite d’abord de connecter physiquement par câble le Mac et l’iPhone/iPad et ensuite d’avoir téléchargé préalablement des applications dont les documents peuvent être importés comme par exemple Keynote, Page, Numbers, Quickoffice et Air Sharing sus-cité (liste bien sûr non exhaustive).

a. Lancer iTunes et connecter votre iPad ou iPhone.

b. Sélectionner son icône dans la colonne de gauche

c. Cliquer sur l’onglet « Apps » dans le bandeau menu et faites descendre la fenêtre par l’ascenseur jusqu’en bas. La liste des applications compatibles apparaît alors.

Il suffit de sélectionner l’application correspondante, puis de rechercher et sélectionner le document à importer dans la fenêtre de dialogues habituelle et de cliquer sur « ajouter ».

Puis terminer par « synchroniser » pour importer dans l’iPhone ou l’iPad les documents chargés. ■

|Air Sharing| |Mise à jour : 27 novembre 2010| |Version : 2.4.4 (testé pour l’iOS4)| |Editeur : Avatron Software|(gallery)




Quand le gène est en conflit avec son environnement

327 – Comprendre le fait médical à travers l’évolution biologique, réconcilier la médecine avec ce que la biologie a de plus essentiel est une démarche récente. Quelques pionniers l’ont entreprise. Par ailleurs, enseigner l’évolution n’est pas rentré dans les moeurs pédagogiques universitaires.

Cet ouvrage veut combler un vide, celui qui concerne la littérature francophone, et contribuer à l’introduction de cette notion majeure qu’est l’évolution dans l’enseignement médical, vétérinaire, pharmaceutique, mais aussi en biologie fondamentale. Il s’adresse à tous les professionnels de la santé humaine ou animale ainsi qu’aux biologistes.

Les informations biologiques n’ont de sens que dans le cadre de l’évolution et recadrer le fait médical à ce niveau est un des moyens de classer et de hiérarchiser le torrent d’informations biologiques qui submerge actuellement aussi bien le physiopathologiste que le praticien au lit de son malade. La médecine évolutionniste est une manière transversale de mieux comprendre le fait médical, elle permet d’isoler un certain nombre de mécanismes essentiels, très anciens, produits des relations entre génome et environnement. Cette démarche est riche en conséquences cliniques et thérapeutiques. Ce livre tente de ramener la médecine dans le giron de l’évolution biologique, ce qui paraît être une démarche essentielle à la compréhension de la physiopathologie, cette démarche étant d’abord médicale concernera prioritairement l’espèce humaine, et, de ce fait, ce micro-événement qu’est, à l’échelle de l’évolution, l’évolution de l’homme, se trouvera hypertrophié.




L’icône de la Trinité de l’Ancien Testament d’Andrei Roublev

337 – Christian Ziccarelli – Un Iconographe de génie

Au début du XVe siècle apparaît à Moscou un peintre de génie, reconnu comme tel par ses contemporains : Andrei Roublev (vers 1350/1360 – 1427/1430). On ne sait rien de ses origines, ni de son nom de famille. Andrei est son nom de moine et Roublev son surnom. On ne connaît ni la date, ni le lieu exact de sa naissance (sans doute proche de Moscou). Deux de ses oeuvres nous sont parvenues : les peintures de la cathédrale de la Dormition de la ville de Vladimir (1408) et l’icône de la Trinité de l’Ancien Testament du monastère de la Trinité Saint Serge. Quoique nous n’ayons aucune preuve qu’il ait été son élève, on le considère parfois comme le « continuateur » de Théophane le Grec. Sa vie et son oeuvre sont liées à l’école de Moscou. « Si l’on ne peut parler d’un art serein, son climat lumineux et accueillant laisse place à une certaine mélancolie et à une certaine fragilité ». « La joie d’une pieuse tristesse », cette expression d’un contemporain exprime à la perfection cet aspect de l’oeuvre de Roublev.

L’icône, une image sacrée

Le terme d’icône vient du grec EIKON qui signifie image, ressemblance. Les plus anciennes seraient datées du Ve siècle de notre ère (Monastère Sainte-Catherine du Sinaï). Les origines de la peinture d’icône en Russie remontent à l’an 988, quand le prince Vladimir de Kiev adopta la foi chrétienne. L’icône joue un grand rôle dans la liturgie orthodoxe, les théologiens estiment qu’elle a un contenu symbolique, sacré. Elle est un moyen utile pour permettre au fidèle de s’élever à la contemplation de Dieu (un intermédiaire entre l’homme et Dieu). Partie intégrante de l’iconostase, elles aident le pratiquant à comprendre le sens des différents moments de la liturgie, la logique de l’office, les liens entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Avant de peindre, les artistes se préparent par une méditation marquant le passage de l’art à l’art sacré, comme le prêtre l’iconographe est l’interprète de Dieu. « Tout commence par la lecture de la Bible et de la vie des Saints, par le jeûne et la prière. Le peintre doit être humble, doux, respectueux, pieux, silencieux, il lui est interdit de rire, d’être mécontent, envieux, de s’enivrer, voler, tuer, il doit garder l’âme et le corps pur, vivre dans la crainte de Dieu… » (Concile des Cent Chapitres, Moscou 1551)

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Une réalisation technique minutieuse

Le maître utilisait une planche de tilleul ou de peuplier, mais aussi du cyprès ou de l’olivier (Grèce) ou du pin et du sapin (Russie du Nord). La surface plane est creusée légèrement en retrait (kovtcheg). Au dos on mettait des cales ou des lattes encastrées dans l’épaisseur de la planche pour l’empêcher de se déformer. On la couvrait ensuite d’une toile de lin pour la consolider. Il appliquait ensuite une dizaine de fines couches de fond blanc (levkas) à base de colle de poisson ou d’animaux, puis la surface était polie. L’artiste traçait un dessin préparatoire (ocre jaune) à l’aide d’un fin pinceau (souvent gravé à la pointe sèche : graphia). Suivaient les couches de peinture à la détrempe en utilisant des couleurs minérales et organiques (blanc de plomb pour le blanc, combustion de charbon de bois pour le noir…). Afin d’obtenir des nuances, les pigments étaient mélangés, entre autres du blanc de céruse et de la suie ajoutés. L’artiste procédait par « clarification progressive » : en traitant un visage l’artiste le recouvre d’abord d’un ton sombre, puis il met par dessus une teinte plus claire obtenue par l’addition au mélange précédent d’une certaine quantité d’ocre jaune, c’est-à-dire de lumière. Il répétait plusieurs fois cette superposition de tons de plus en plus illuminés… Enfin il versait par dessus l’olifa chaude, un vernis préparé en chauffant de l’huile de lin et en y ajoutant des poudres (résines) qui servaient de siccatif. Les icônes les plus vénérées sont recouvertes par une « riza » (plaque d’argent incrustée de pierres précieuses), ne laissant à découvert que les visages, confirmant leur force divine et leur sainteté.

La Trinité de l’Ancien Testament, parti pris antifilioquiste, manifeste iconophile

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Que voit l’observateur ? Une image possédant des caractéristiques plastiques, mais aussi un objet nourri de références culturelles et placé dans un contexte liturgique spécifique (l’icône a été peinte lors de la reconstruction de la laure de la Trinité St Serge, en vue de figurer sur l’iconostase de la basilique dédiée à la Trinité).

Sans entrer dans le détail de l’analyse plastique, l’icône est obtenue en fait par la superposition d’un carré dans lequel s’inscrit un cercle (invisible mais clairement exprimé, symbole du ciel, du divin) et une bande supérieure horizontale linéaire (espace terrestre). La ligne ondulée des ailes crée à la fois plastiquement et figurativement une zone intermédiaire transitoire où s’inscrit le visage de la figure centrale.

Les trois anges, conformément à la coutume de la Russie médiévale, symbolisent la Sainte Trinité (Père, Fils et Saint-Esprit), tels qu’ils sont apparus, selon un récit de la Genèse, à Abraham et Sarah. L’ange du centre, dont le visage se situe entre la temporalité terrestre et le paradigme du salut, hors du temps divin, est conforme à la figuration du Christ, à la fois fils de l’homme et fils de Dieu, envoyé sur terre pour sauver les hommes. La position centrale de la coupe, concrète préfiguration de l’Eucharistie, dessinant avec le visage et l’arbre un axe vertical très marqué renforce cette attribution. L’arbre figuré derrière l’ange du milieu indique que l’action se déroule à l’ombre du chêne de Mambré. Le Rocher rappelle le Sacrifice d’Isaac. Au loin, on perçoit un bâtiment avec colonnes, la demeure du Patriarche ? Un temple ? La Jérusalem Céleste ?

Chaque ange est vêtu de couleur différente, la couleur bleue commune aux trois anges a comme signification symbolique la marque du divin. L’ange central ajoute au bleu la couleur pourpre, qui est celle du sacrifice, du fils crucifié. Le personnage de droite ajoute au bleu la couleur verte, couleur de la vie et de la grâce vivifiante, celle du souffle de l’Esprit. Enfin le personnage de gauche est habillé de bleu et d’une couleur irisée difficilement définissable, symbole du mystère et de l’insondable de l’invisibilité du Père. Ã cette symbolique des couleurs, s’ajoute une symbolique des gestes et des vêtements, le Fils notamment a une main sur la table, symbole de l’incarnation, les deux doigts écartés en signe de sacrifice, et porte l’entremanche du messager. Le fils et l’Esprit ont le visage incliné dans la direction du Père. Toutefois, c’est l’impression générale de ressemblance qui domine. « Ceci est conforme avec la doctrine de la Trinité renvoyant en même temps à la diversité (trois personnes) et à l’unité (un seul Dieu). Pour Roublev l’unité de Dieu et l’unité des personnages de la Trinité sont la même unité, cette ressemblance et cette autonomie respective des trois anges sont caractéristiques d’un parti pris antifilioquiste et rendent compte d’une théologie proprement orientale de la Trinité ». Le Christ, par sa double nature humaine et divine, participe à l’histoire du monde, fondement pour les iconophiles de la possibilité des images saintes (au XVe, un courant désigné sous le nom de « judaïsant » relance la question de leurs représentations). « L’icône de la Trinité de Roublev sera perçue comme un véritable manifeste contre l’iconoclasme, d’autant que la Trinité ne se justifie que par l’incarnation et son rôle dans le salut des hommes ». ■(gallery)




Lalibela, patrimoine culturel de l’humanité

336 – Christian Ziccarelli – Fondée au XIIe siècle par la dynastie des Zagwé qui lui ont donné le nom de Roha (elle fut ensuite rebaptisée Lalibela ([Le premier Européen qui en a donné une description détaillée fut Francisco Alvarez, il parvint à Lalibela en septembre 1520…)]) et qui avaient décidé d’en faire leur résidence principale. L’avancée de l’Islam sous les Fatimides privait les chrétiens d’Éthiopie du pèlerinage sur les lieux saints de Jérusalem. « Moi, le roi Lalibela [vers 1185-1225], dont le nom de règne est Gabra Masqal (serviteur de la Croix), homme courageux qui n’est pas vaincu par les ennemis grâce à la puissance de la croix de Jésus-Christ (j’eus) le désir de construire une nouvelle Jérusalem avec un Golgotha, un Sépulcre, un Jourdain, et même un mont Sinaï ».

Une réalisation stupéfiante

L’idée de creuser un complexe d’églises monolithes à l’intérieur de la montagne était particulièrement audacieuse pour l’époque, demandant une ingéniosité et une habileté manuelle hors du commun. Du tuf de couleur rouge, ont été dégagés, sur toutes leurs faces, des édifices entiers, reliés entre eux par un labyrinthe de tranchées. Ce n’est qu’en Inde sur le mont Mérou que l’on retrouve une conception analogue, au temple hindouiste d’Ellora. Nous ne savons rien des chefs de chantiers, des ouvriers qui ont su concrétiser ce concept. Rien non plus du système employé pour l’échelle de réduction, ni de la méthode suivant laquelle les tranchées et les tunnels ont été tracés. Il en est de même pour l’évidement des espaces internes. Pour la petite église Saint-Georges (Beta Giyorgis), un chef d’oeuvre, il a fallu enlever 3 400 m3 de rocher dans la cour et environ 450 m3 à l’intérieur. Même l’évacuation des eaux de pluie était prévue ! Selon la légende, les douze sanctuaires auraient été creusés en vingt-quatre ans seulement.

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Une nouvelle Jérusalem

Les églises monolithes sont réparties en un groupe Nord (églises du Sauveur du monde, de Marie, de la Croix, des vierges, de Mikael, du Golgotha et de Saint-Georges) avec deux entrées principales (l’une depuis le torrent Jourdain, l’autre depuis la « tombe d’Adam ») et un groupe Est entouré par une large et profonde tranchée (églises de Saint-Raphaël, de Saint-Gabriel, de Saint-Mercurios, de Saint-Emmanuel…).

Une architecture empruntée à la culture axoumite ([L’architecture axoumite est symbolisée, notamment, par les célèbres stèles monolithiques d’Axoum. Un style caractérisé par des saillies décoratives dites « têtes de singe », en fait il s’agit de la reproduction en pierre des poutres de bois antérieurement utilisées dans la construction.)]

Les édifices sombres sont le plus souvent de simples chapelles à la décoration frustre. Ailleurs, ils sont plus élaborés et de plan basilical (avec ou sans narthex). Les fenêtres constituées de lucarnes en forme de croix grecques, de svastikas, rappellent les imitations sculptées dans la pierre d’une construction alliant le bois et la pierre typique de l’époque antérieure au Xe siècle. Un peu à l’écart Beta Giyorgis, majestueux monument suscitant l’admiration, en forme de croix grecque, s’élève sur un large soubassement à trois gradins. Le toit sculpté de croix imbriquées les unes dans les autres annonce au niveau du sol le sanctuaire. ■

|L’Ethiopie fut le deuxième pays christianisé après l’Arménie vers 333 après J-C. Selon le Livre des Saints, Ezana, le roi d’Axoum, se convertit au christianisme grâce à un précepteur syrien, Frumentius nommé ensuite évêque d’Axoum par Saint Anathase. Tandis que l’Église se range dans le camp monophysite (concile de Calcédoine en 456), comme en Égypte, la foi se répand lentement et des lieux de culte couvrent alors le pays : Notre-Dame-de-Sion à Axoum, basiliques de Matara et d’Adoulis, églises troglodytes du Tigrè… La croix (pendentif, manuelle, de procession) est le symbole par excellence de l’Ethiopie chrétienne. Le guèze, langue sémitique est la langue de la liturgie. Le christianisme est imprégné d’éléments d’apparence ou d’origine hébraïque ou judaïque (pratique de la circoncision, interdits alimentaires et sexuels, respect du Sabbat en plus du dimanche…).|(gallery)




Health Care in World Cities – New York, Paris and London

336 – New York, Paris et Londres sont comparables à bien des égards. Lieux d’une intense activité économique mondialisée, cosmopolite, d’une population comparable, sociologiquement et par la taille – si l’on s’en tient aux centres villes ([Les populations de Manhattan, du centre de Londres et de Paris s’élèvent respectivement à 1,5 million, 2,1 millions et 2,7 millions d’habitants. )] – elles se ressemblent sans doute plus entre elles qu’elles ne reflètent les nations dont elles font partie. Pourtant, les espérances de vie ainsi que le niveau des inégalités diffèrent sensiblement dans ces trois mégalopoles.

En outre, peu de choses ont été écrites sur l’accès aux services de santé dans de telles mégalopoles, qui présentent pourtant des caractéristiques tout à fait singulières, positives et négatives. D’un côté, les populations y sont en moyenne plus éduquées, les politiques de prévention plus intenses et la densité de personnel médical plus élevée. De l’autre, ces villes comportent en leur sein des poches de pauvreté préoccupantes, des inégalités de revenu importantes, et subissent particulièrement fortement les effets de la pollution et de la criminalité. Bref, New York, Paris et Londres méritent un examen spécifique et, comme le soutiennent les auteurs, des politiques adaptées leurs cas.

Tentons d’en évoquer brièvement les résultats complexes. Les auteurs choisissent trois indicateurs pour mesurer et comparer l’accès aux soins dans les trois villes.

La mortalité évitable

En premier lieu, la mortalité évitable, c’est-à-dire la mortalité en dessous de 75 ans : quoique Manhattan soit la ville la plus inégalitaire de ce point de vue, c’est le centre de Londres qui a, en 1998-2000, le taux le plus important (4,32 %), devançant Manhattan (3,69 %) et Paris (2,94 %). C’est Manhattan qui a connu la régression la plus forte de son taux de mortalité évitable dans les années 1990, sans doute en raison des politiques du Department of Health and Mental Hygiene de New York. Les auteurs notent que les politiques de santé, notamment préventives, sont plus localisées à New York qu’elles ne le sont à Paris et à Londres. De fait, le centre de Londres devance Manhattan en termes de mortalité évitable alors même que les États-Unis ont un taux plus élevé que l’Angleterre (4,00 % contre 3,57 %).

Pour affiner l’analyse, les auteurs recourent à deux autres indicateurs : le taux d’hospitalisation évitable – l’ensemble des hospitalisations qui auraient pu être évitées par la dispense de soins primaires au moment opportun – et le taux de revascularisation coronarienne (angioplasties et pontages). Ces deux taux reflètent respectivement les conditions d’accès aux soins primaires et spécialisés ([Les cardiopathies ischémiques étant la première cause de mortalité dans le monde, les auteurs considèrent que le taux de revascularisation est un bon critère pour comparer les conditions d’accès aux soins spécialisés dans les trois villes.)]. Il ressort que Manhattan a le taux d’hospitalisation évitable le plus élevé (16,1 ‰) devant le centre de Londres (10,2 ‰) et Paris (6,9 ‰). Les auteurs montrent que les taux d’hospitalisation évitables varient fortement à Manhattan selon le genre (les femmes étant avantagées), l’âge, le revenu et, plus spectaculairement encore, selon l’ethnie et le fait d’être assuré ou non : le taux d’hospitalisation évitable est plus élevé de 47 % parmi les Hispaniques et de 29 % parmi les Noirs que parmi les Blancs. Ceux qui ne sont pas assurés ont 82 % de chances de plus que les assurés de ne pas recevoir de soins primaires en temps voulu. Alors que le centre de Londres abrite aussi de fortes inégalités, quoique moins vertigineuses, Paris semble disposer d’un réseau de soins primaires relativement performant et équitable. La conclusion est ici sans appel : Manhattan pourrait s’épargner ces fortes disparités et les surcoûts qu’elles engendrent si elle était dotée, comme ses comparses anglaise et française, d’une couverture universelle.

De fortes inégalités en matière d’accès aux soins

Quant aux services de santé spécialisés, ils sont plus performants à Paris qu’à Manhattan et dans le centre de Londres. Le ratio taux de revascularisation/taux de mortalité par infarctus est sensiblement le plus élevé à Paris (+22 % par rapport à Manhattan pour les 45-64 ans), qu’à Manhattan et Londres (-64 % par rapport à Manhattan pour les 45-64 ans), assez loin derrière de ce point de vue. Dans les trois villes cependant, les auteurs notent de fortes disparités. Plus marquées à New York, certainement en raison du fossé « assurantiel », elles n’en sont pas moins étonnamment considérables à Londres et à Paris. Les Londoniens noirs ont 26,6 % de chances de moins que les Blancs, et les Parisiens les plus pauvres 20,9 % de chances de moins que les plus riches, de bénéficier d’une procédure de revascularisation à la suite d’une cardiopathie ischémique. Les statistiques ethniques étant interdites en France, on ne peut que supposer que les inégalités sont fortement corrélées, à Paris également, à l’appartenance ethnique.

L’étude proposée par ces trois chercheurs new-yorkais a le mérite de battre en brèche deux préjugés et, en premier lieu, l’idée selon laquelle l’égal accès aux soins pour tous immuniserait les États contre l’inefficacité et l’injustice. Le Department of Health and Mental Hygiene de New York a contribué dans les années 1990 à une baisse significative de la mortalité évitable. Et il reste à la France et à la Grande-Bretagne à corriger de fortes inégalités en matière d’accès réel aux soins (que l’on appelle couramment le « recours aux soins »). De plus, la France et la Grande-Bretagne ont des systèmes de santé très différents si bien que, par certains aspects, en particulier institutionnels, la France est plus proche des États-Unis que de la Grande-Bretagne. Bien sûr, tout cela n’empêche pas les auteurs de plaider avec insistance pour une assurance universelle aux États-Unis.

Deuxième point important : alors que, depuis les années 1970 et les thèses de l’épidémiologiste Thomas McKeown, on ne cesse de mettre en exergue l’importance des facteurs socioculturels et, a contrario, l’impact tout relatif des systèmes de soins sur la santé des populations, l’étude montre que les conditions d’accès aux soins demeurent un levier important aux mains des pouvoirs publics pour réduire les inégalités de santé et améliorer les performances des systèmes de santé.

Enfin, l’ouvrage soulève un enjeu de taille sur l’avenir des systèmes de santé : celui de la décentralisation. En l’occurrence, puisque les problèmes sanitaires des mégalopoles leur sont propres, en ce qu’ils concernent des populations et un environnement singuliers, ne serait- il pas plus efficace de les traiter séparément ? L’exemple des progrès accomplis par New York ces dernières années semble aller dans ce sens. Néanmoins, cette décentralisation se traduirait, dans la pratique, par un ciblage toujours plus précis des politiques de santé sur certaines populations dites « à risque ». Or, cela reviendrait à traiter par des moyens exclusivement sanitaires des problèmes sociétaux et participerait, selon l’expression du sociologue Didier Fassin, d’une « sanitarisation du social » : parce que la maladie et la mort les choquent davantage que l’exclusion et la pauvreté, nos sociétés ont tendance à ne s’intéresser aux pauvres que lorsqu’ils sont malades. Mais si, à Paris, les plus pauvres accèdent plus difficilement que les autres aux soins spécialisés, n’est-ce pas aussi et surtout parce qu’ils ne sont pas suffisamment intégrés dans la communauté et, notamment, parce qu’ils sont souvent sans emploi ? Dès lors, deux options philosophiques sont envisageables : soit on considère que les inégalités de santé sont inacceptables en elles-mêmes et on tente de les réduire par des politiques de santé facilitant l’accès aux soins des plus défavorisés ; soit, comme nous le pensons, ces inégalités de santé sont problématiques parce qu’elles procèdent d’inégalités sociales plus profondes qui s’« incorporent » dans les individus. Et dans ce cas, la solution aux inégalités d’accès aux soins n’est pas sanitaire. ■(gallery)




L’art « gréco-bouddhique » du Gandhara

335 – Christian Ziccarelli – Une petite région du Pakistan

Le Gandhara, terme de géographie antique, correspond actuellement à un triangle dont la pointe serait formée par la vallée de Swat (route du Karakorum permettant de rejoindre la Chine), la base par une ligne passant par les vallées de Peshawar (communiquant avec l’Afghanistan par la Khyber Pass) et les rives de l’Indus (permettant un contact étroit avec l’Inde) pour s’arrêter à Taxila (située à quelques kilomètres à l’ouest d’Islamabad). Cette région, emplacement stratégique, formait un carrefour au confluent des grandes civilisations de l’Antiquité : l’Inde, l’Asie Centrale et la Chine d’une part, la Perse et le monde méditerranéen d’autre part.

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Le Gandhara a été annexé à l’empire achéménide par Cyrus II, qui régna de 558 à 528 av. J-C. Il resta sous la domination perse jusqu’à la conquête d’Alexandre Le Grand en 327 avant notre ère. Au partage de l’empire d’Alexandre en 323 av J-C, il revient à Séleucos « le Nikator » (le vainqueur) qui dût le céder en 305 à Chandragupta, roi indien du Mâghada (actuel état du Bihâr) fondateur de la dynastie des Maurya. Sous Asoka (272-226 av. J.-C.), le bouddhisme s’implante au Gandhara. Ã la dislocation de l’empire en 190 av J-C, il retombe sous le joug des Grecs du royaume voisin de Bactriane.

Après un siècle de domination, les Gréco-Bactriens sont évincés par les Saka, des Scythes, supplantés par les Kouchan en 64 de notre ère qui établissent leur capitale à Taxila. Sous le règne de Kanisha (dont les dates restent incertaines), l’empire des « grands kouchans » s’étend de la mer Caspienne au Bengale. Il s’y développa un éclectisme culturel et religieux. En 460, les hordes des Huns blancs ou Hephtalites s’abattirent sur le Gandhara et mirent fi n à sa civilisation.

Un concept français

L’art « gréco-bouddhique du Gandhara » est un concept « français » et c’est Alfred Foucher qui lui donne ses lettres de noblesse en publiant sa thèse en 1900 à Paris au retour d’une mission sur la frontière indo-afghane. Cet art éclectique, original, appelé art du Gandhara, subit des influences multiples, indiennes, occidentales hellénisées (trésor de Begrâm), nomades (trésor de Tillia-Tepe), iraniennes (Parthes, Kouchans, Sassanides). Il fait toujours l’objet de discussions passionnées entre les savants (la chronologie du Gandhara reste encore à clarifier même si les grandes lignes en sont schématiquement connues).

Un bouddhisme omniprésent

Le bouddhisme est indissociable de cette école artistique célèbre par sa statuaire et ses reliefs narratifs (de 15 à 20 cm de hauteur), décorant les bases des stûpas. Ils racontent la vie terrestre du Bienheureux (ses existences antérieures, les « jataka », n’ont qu’exceptionnellement été traitées) et sont ornés à intervalles réguliers de pilastres aux chapiteaux pseudo-corinthiens ou pseudo-persépolitains. Les cours des monastères bouddhiques comportaient, à côté des stûpa, de petits sanctuaires ou chapelles destinés à abriter des statues ou des stèles (multiples personnages centrés autour du Bouddha « en gloire », ou Bouddha central assis entouré d’un ou deux Bodhisattva, voire d’Indra et de Brahmâ). Le schiste bleu est universellement employé, plus rares sont les sculptures en pierre. Les modelages de stuc sont attestés à très haute époque. Ces artistes sculpteurs auraient eu le mérite de réaliser les premières représentations anthropomorphiques du Bouddha et de doter le bouddhisme d’une iconographie très complète.

Un aspect stylistique toujours objet de controverses

Le Bouddha, influencé par l’art grec, a le plus souvent un profil classique (cheveux bouclés, figure jeune, yeux en amande, long nez droit, lèvres pleines, drapé de vêtements grecs ou indiens et corps masculin). Les bas-reliefs qui l’accompagnent évoquent les scènes hellénistiques : on y retrouve des Putti soutenant des guirlandes, des atlantes, des scènes de banquets, de vendanges. Les Bouddha et les Bodhisattva d’inspiration indienne ont la tête qui se détache sur une auréole, leur épaule droite dénudée, assis sur des trônes flanqués de lions. Les Bouddha et les Bodhisattva d’influence nomade portent la moustache, les cheveux longs et sont parés de guirlandes de plantes. Certaines figures étant des portraits, il est possible d’identifier les différentes ethnies qui se croisaient sur la route des caravanes. On conviendra que parler d’art « gréco-bouddhique » du Gandhara est un peu court ! ■

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Coup de coeur de la rédaction : une seule application, mais elle sauvera des vies !

335 – La conception et la réalisation de ce site sont l’exemplarité même des capacités du web 2.0 et de l’adaptabilité absolument géniale de l’iPhone.

Non seulement le concept de mettre à disposition de tous en ligne sur le web la localisation des défibrillateurs était une très bonne idée de la part de l’association RMC-BFM (Association RMC/BFM, 12, rue d’Oradour-sur-Glane 75015 Paris) mais celle de le faire via une application iPhone spécifique est d’autant plus fantastique, qu’elle permet d’utiliser chacun d’entre nous pour améliorer au quotidien la base de données en utilisant les capacités de géolocalisation de chaque iPhone.

Pardonnez notre enthousiasme, mais vous avez ici, une fois de plus, la démonstration de la capacité créative que permettent les réalisations d’Apple, avec une mise à disposition d’applications gratuites extraordinairement adaptées à la vie quotidienne. Le mois dernier nous vous présentions la « Réalité augmentée », ce mois-ci c’est une Réalité vitale !

Le téléphone portable avait sauvé des vies en permettant de donner l’alerte et de localiser la personne en péril. Cette application va plus loin dans le même concept puisqu’il permet de localiser le défibrillateur le plus proche tout en donnant l’alerte aux secours adéquats et en rappelant les gestes qui sauvent. Encore bravo à l’association et aux mécènes qui ont rendu ce projet possible.

Une seule remarque : comment se fait-il qu’elle n’ait pas déjà été réalisée par ceux dont c’est la mission théorique ? Une réponse : heureusement qu’il existe encore des initiatives privées ! ■

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Arrêt cardiaque

L’application Arrêt cardiaque vient de renforcer l’action de l’association RMC-BFM dont le premier objectif est la généralisation des défibrillateurs dans les lieux publics et les entreprises.

Les principales fonctionnalités de l’application sont : – La recherche de défibrillateurs proches de vous ou de l’endroit où vous vous trouvez grâce à l’utilisation d’une base embarquée qui est mise à jour à chaque lancement de l’application, – la signalisation de défibrillateurs et l’identification de ceux-ci grâce à l’utilisation de code barres 2D (QR codes), – le rappel des gestes qui sauvent avec l’illustration de la séquence « Appelez, massez, défibrillez », – un guide pratique sur l’utilisation d’un Défibrillateur Automatique Externe (DAE), – un mode « Urgence » qui vous aidera, si vous êtes confronté à un arrêt cardiaque, à réaliser les bons gestes dans le bon ordre, – une rubrique « Mes infos » vous permettant de noter les informations médicales vous concernant en cas d’urgence.

|Arrêt cardiaque| |Sortie : 6 octobre 2010| |Éditeur : Mobile Health| |Langue : français| |Version : 1.1 (24,4 Mo)| |Compatibilité : iPhone, iTouch, iPod et l’iPad| |Système d’exploitation : iOS3.1 ou ultérieur| |Gratuit|(gallery)




Deux experts scrutent les systèmes de santé américain et français

335 – Pour nous autres, Français, la cause est entendue, les États-Unis sont un pays où il vaut mieux être « riche et en bonne santé que pauvre et malade ». Si la télévision, à travers les feuilletons « Urgences » ou « Dr House » ont tenu en haleine des millions de téléspectateurs en leur donnant à voir des images d’une médecine efficace, semblant n’avoir aucune limite lorsqu’il s’agit de sauver des vies humaines, ils savent aussi que quelque 40 millions d’Américains en sont à l’écart, faute d’une couverture sociale qu’ils n’ont pas les moyens de se payer.

La plus belle conquête du XXe siècle

Oubliant un peu vite qu’après tout, la CMU n’a que dix ans d’existence, les Français sont fiers – et à juste titre – de leur système de santé et d’Assurance Maladie, l’une des plus belles conquêtes sociales du siècle dernier, et considèrent comme choquant que le pays le plus riche du monde ait un système de santé individualiste et privatisé qui exclut des soins une part non négligeable de sa population. Ils ont d’ailleurs applaudi des deux mains la réforme que le président Obama est parvenu, non sans mal, à faire adopter dans un climat de controverses et de polémiques, beaucoup d’Américains y voyant une étatisation, une collectivisation de leur système, ce que ces libéraux dans l’âme reprochent au système français.

Système français versus système américain

C’est dans ce contexte que Didier Tabuteau, conseiller d’État, responsable de la chaire santé de Sciences Po et du Centre d’analyse des politiques publiques de santé à l’EHESP, et Victor Rodwin, professeur en gestion et politique de santé à la Wagner School of Public Service, New York University, et titulaire de la chaire Tocqueville-Fulbright, Université de Paris Sud, ont eu envie d’examiner de près ces deux systèmes de santé, de confronter leurs réformes respectives. Surprise ! A bien des égards, le système français est plus proche du système américain que de ceux de ses voisins anglais ou suédois, surtout depuis qu’il tend à rapprocher les secteurs public et commercial d’hospitalisation, et à faire une place de plus en plus importante aux assurances complémentaires privées. Quant aux médecins français qui se cabrent volontiers contre l’étatisation supposée de notre système, ils seront étonnés de découvrir que si leurs confrères d’outre- Atlantique sont, certes, rémunérés beaucoup mieux qu’eux, c’est en contrepartie d’une stricte observance des normes, protocoles et autres guide-lines propre à l’Evidence Based Medicine (EBM), et que les assureurs et HMO savent faire respecter…(gallery)




Vin de Tahiti Blanc sec été austral 2006 : Domaine Dominique Auroy – Rangiroa – Polynésie française

Moorea, Bora-Bora, Tuamotu, ces perles du Pacifique fascinent à l’image du paradis : beauté légendaire des plages de sable blanc, parfums envoûtants des fl eurs tropicales, charme indolent des farés, douceur des danses chaloupées des vahinées à la longue chevelure d’ébène, magnificence des couleurs lorsque, à l’horizon, se confondent mer et ciel dans une symphonie toujours renouvelée de turquoise, d’émeraude, de vert jade et de saphir…

Mais savez-vous qu’à Rangiroa, un groupe de passionnés a relevé le pari fou d’implanter un vignoble et est en passe de le réussir ? Dominique Auroy, entrepreneur français installé à Tahiti et grand oenologue, conseillé par Bernard Hudelot, viticulteur en Côtes-de-Nuits, enseignant à la faculté, s’est jeté dans cette aventure rocambolesque. Après des études approfondies sur les cycles phénologiques (Etude de l’influence des climats.)], les données météorologiques, les facteurs édaphiques([Relatif à l’étude des sols)], il a créé son vignoble sur un motu ([Récif corallien)] situé à 5 km de la passe d’Avatoru, dont il a confié l’exploitation à un jeune oenologue bourguignon, Sébastien Thepenier. Les difficultés prévisibles étaient, à l’évidence, majeures et toutes les bases de la vinifi cation ont dû être repensées, adaptées, modifi ées en fonction des conditions climatiques extrêmes pour obtenir des vins réellement uniques.

La sélection des cépages

Le problème le plus ardu fut de sélectionner des cépages adaptés à ces conditions hors normes. Une cinquantaine furent d’abord testés, aucun des cépages internationaux classiques ne put s’acclimater et, actuellement, seuls, le cépage Carignan pour les rouges et les blancs, le muscat de Hambourg pour les rosés et l’Italia pour les blancs moelleux ont été retenus.

Un travail colossal sur ce domaine de douze hectares permet de produire 50 à 60 000 bouteilles annuelles sur un sol uniquement composé de débris de corail blanc enrichi par du compost végétal au pied de chaque plant. L’eau, indispensable en période de sécheresse, c’est-à-dire plus de dix mois par an, est amenée par une dizaine de puits alimentés par l’énergie solaire qui pompent la lentille d’eau douce affl eurant la surface du lagon.

Si le gel n’est pas à craindre, l’atoll, culminant à 4 m de hauteur, est facilement submergé par les vagues, si bien que chaque rang de vigne est protégé, tant bien que mal, par des cocotiers, papayers et bougainvillées. L’air salin éradique toutes les maladies cryptogamiques : phylloxera (les ceps sont franc de pied, sans porte greffe), mildiou, oïdium, mais les ennemis sont autres : nématodes, crabes de cocotiers, scarabées géants, voire cochons sauvages, contre lesquels il faut utiliser toutes sortes de subterfuges.

Le motu n’est évidemment accessible que par bateau et tous les travaux (soins, vendanges) ne peuvent être que manuels. De la même façon, le raisin vendangé est transporté dans des caissettes ajourées par bateau jusqu’au chai dans l’île de Rangiroa.

Les vins sont déclinés en rosé, ni pire ni meilleur que les classiques rosés provençaux, en rouge, qui ne m’a pas franchement enthousiasmé, trop acide avec des tanins rêches, et en blancs qui sont, eux, à mon avis, fort dignes d’intérêt.

Un blanc digne d’intérêt

Le blanc sec est issu du cépage carignan rouge, vinifi é en blanc, récolté avant complète maturité, pour lui garder toute sa fraîcheur et acidité. Les raisins sont pressurés pneumatiquement, mis en cuve thermorégulée pour le débourbage et la fermentation. L’élevage est effectué pendant un an en fûts de chênes du Limousin avec fermentation malolactique, pas d’acidifi cation, peu de chaptalisation.

Le blanc sec été austral 2006 fait miroiter une robe dorée brillante aux reflets jaune pâle et exhale de belles notes d’agrumes : citron, pamplemousse avec d’intenses fl aveurs exotiques très originales qui seraient dues au terroir corallien : ananas, mangue, vanille ; on appréciera en bouche ses caractères vifs nerveux, sa forte minéralité, ses saveurs anisées. A l’évidence, ce vin se mariera idéalement avec les produits de la mer que la Polynésie nous offre : vivaneau grillé, mahi-mahi au lait de coco, perroquet sauce gingembre, gratin de bénitier, mais l’accord princier se fera avec les magnifi ques langoustes tropicales que l’on trouve encore en abondance.

Par contre, les grands classiques polynésiens : tartares, carpaccio, poissons crus à la Tahitienne s’accorderont mieux avec l’autre blanc, dit de corail, plus acide et primesautier. Ces vins, distribués en métropole, peuvent être commandés sur le site [www.vindetahiti.pf.(gallery)




Vosne-Romanée Village 2005 – Emmanuel Rouget – 21640 Flagey-Echezeaux

La jeunesse japonaise, rapidement rejointe par celle des autres pays, s’enthousiasme, par le biais de cette bande dessinée remarquablement didactique et expertement documentée, pour l’oenologie et l’univers des grands crus, au moment où la France met son vin à l’index par des lois répressives et des campagnes sanitaires outrancières.

Dans le tome 2 du manga, où entre en scène Emmanuel Rouget avec son grandiose Cros Parantoux 1999, il est raconté que ce vin fût, en fait, vinifié par son oncle, Henri Jayer « le Dieu du Pinot noir », suppléant son neveu, malade à l’époque, ce que Emmanuel dément formellement. Vous l’aurez compris, Emmanuel Rouget est bien le seul véritable disciple et héritier, au sens littéral du terme, du grand Henri Jayer. Le maître a transmis au fur et à mesure son savoir-faire à son neveu qui, depuis 1985, a pris progressivement ses marques et affine maintenant son propre style.

Des méthodes dignes du « Dieu du Pinot noir »

L’AOC Vosne-Romanée, située au coeur de la Côte de Nuits entre Chambolle et Vougeot au nord, Nuits-Saint-Georges au sud, bénéficie de conditions climatiques très favorables, chaudes et sèches, sans gelées tardives, protégée au pied d’un relief orienté vers l’est. Les meilleures parcelles reposent sur des calcaires du Jurassique, des conglomérats saumon du Miocène affleurant les bas des versants.

Les méthodes culturales et vinificatrices d’Emmanuel Rouget sont celles que l’oncle a toujours défendues : haute qualité issue de vignes de sélections massales, cultivées sans engrais chimiques avec des traitements raisonnés, taille courte, petits rendements, moins de 30 hl/ha pour le simple village, tri sévère à la coupe comme à l’arrivée en cuverie, vinification « à la carte » pour chaque cuvée et millésime. Les raisins sont éraflés en conservant les grumes entières, toute surmaturation du raisin et toute surextraction du jus sont soigneusement évitées. Ils sont élevés en fûts de chêne de qualité avec proportion variable de bois neuf selon les appellations, clarification naturelle sans collage, ni filtration. Mais Emmanuel Rouget se distancie quelque peu du maître en prolongeant l’élevage sur lies, en limitant la proportion de bois neuf et en soutirant le moins possible, pour rechercher des vins fins, élégants, racés au fruité intense.

Une âme de Bourguignon

Ce vigneron est de prime abord peu avenant, bougon et plus que réservé, si vous avez l’intention de lui arracher quelques bouteilles de ses cuvées vedettes, Echezeaux, Beaumonts ou mythiques Cros Parantoux, happées par la demande internationale, la grande restauration ou quelques cavistes de luxe. Mais c’est en réalité un homme remarquable, éminemment sympathique, lorsqu’on le connaît bien, et, en fait, un véritable artiste passionné par la vinification, et il y a encore possibilité, surtout en vous recommandant de votre journal Le Cardiologue, d’acquérir ses magnifiques villages : Savigny et Vosne-Romanée.

Ce Vosne-Romanée Village 2005, issu d’un grand millésime, est tout simplement merveilleux et il vous sera difficile de trouver Côte de Nuits Village plus cristallin et démonstratif. Produit par l’assemblage de 5 parcelles associant la structure et la puissance des coteaux les plus élevés à la douceur, l’élégance et la sensualité des fonds de combes, il est élevé pendant 18 mois dans des fûts de chêne comportant moins de 50 % de bois neuf.

Ce vin à la robe rubis profond, parfois un peu trouble en raison de l’absence de filtration, exhale d’agréables et douces senteurs de fleurs, violette, pivoine, de fruits noirs, cassis, mûre se conjuguant à des nuances d’épices douces : cumin, noix de muscade, voire encens, signature assez reconnaissable de l’école Jayer-Rouget. En bouche, explosent, sous le palais, des parfums de fraise écrasée et de cerise fraîche qui recomposent une structure crémeuse, suave et veloutée, et vous entraînent vers une finale d’une élégance et d’une longueur étonnantes, étayée par une subtile note de craie.

Ce vin charnu et épicé préfère les viandes fortes aux fibres bien dessinées qu’il pourra dompter et envelopper : belles volailles rôties, agneau patiemment cuit au four, pavé de boeuf peu entrelardé et gibiers à plume mijotés en cocotte. Il épousera voluptueusement une terrine de faisan, un canard aux navets ou aux poires. Fermons les yeux… Ce vin ne vous évoque-t-il pas un nu voluptueux de Rubens ?




DVD : Alain Deloche – atout cœur

334 – Le Professeur Alain Deloche, chef du pôle cardiovasculaire à l’hôpital européen Georges Pompidou (Paris), chirurgien cardiaque de renommée internationale, a bravé les interdits, traversé clandestinement les frontières, pour sauver des vies dans des conditions extrêmes. Il a connu les confl ts les plus violents des 40 dernières années, d’Erythrée au Cambodge et au Vietnam, en passant par le Mozambique, la Birmanie et aujourd’hui l’Afghanistan.

Cofondateur avec son ami Bernard Kouchner de Médecins sans frontières et de Médecins du Monde, il crée en 1988 La Chaîne de l’Espoir, qui opère et soigne des enfants dans le monde entier et qui aide les pays dévastés par la guerre à reconstruire leur système de santé en ouvrant des hôpitaux pour les enfants à Kaboul, Phnom Penh, Ho Chi Minh ville, Dakar et Maputo. ■

UN FILM DE : Patrice du Tertre et Vanessa Escalante _ Collection Empreintes _ 14,99 euros le DVD

Ce DVD comprend – Le film. – La collection Empreintes. – Le programme court. – « Les liserons d’eau » de Mireille Darc – reportage Envoyé Spécial (29 mn). – Le clip officiel de La Chaîne de l’Espoir (6 mn). – « Mom, 17 ans après » de Patrice du Tertre (12 mn). – Une interview d’Alain Deloche sur le futur de La Chaîne de l’Espoir (9 mn). – « Kaboul à coeur ouvert » de Patrice du Tertre et Marine Jacquemin (21 min.).(gallery)




Connaissez-vous la « réalité augmentée » ?

334 – « La notion de “réalité augmentée” désigne les systèmes (au sens informatique) qui rendent possible la superposition d’un modèle virtuel 3D ou 2D à la perception que nous avons naturellement de la réalité et ceci en temps réel. Ce système peut aussi bien s’appliquer à la perception visuelle (superposition d’image virtuelle aux images réelles) qu’aux perceptions proprioceptives comme les perceptions tactiles ou auditives. » (Wikipédia) La « réalité augmentée » désigne donc les différentes méthodes qui permettent d’incruster des objets virtuels dans une séquence d’images réelles. Par exemple l’application.

Métro Paris

Cette application, la plus vendue d’iTunes en France, a réellement fait entrer la « réalité augmentée » dans l’utilisation pratique quotidienne. Mais attention cette fonctionnalité nécessite l’iOS4. Métro Paris, par l’association de la vidéo en directe sur l’écran de l’iPhone, de la géolocalisation et de l’application Métro de la RATP, vous permet d’afficher directement sur votre écran des panneaux vous précisant le lieu ou la direction à suivre pour rejoindre les stations de métro, de taxi ou de Velib les plus proches. La mise en pratique de ce principe, déjà ancien, n’a réellement émergé dans la vie courante que depuis l’apparition de l’iPhone et notamment des derniers développements de la version 0S 4 qui permet d’associer en temps réel l’image répétitée sur l’écran, la géolocalisation y compris selon les points cardinaux et une connexion permanente haut débit. Des applications multiples arrivent avec bien sûr, en tête, le tourisme et les jeux. D’autres permettent, comme celle d’Ikea, de meubler virtuellement son appartement. Les applications médicales suivront très rapidement à n’en pas douter.

Métro Paris _ Mise à jour : 16 août 2010 _ Editeur : Presselite _ Langue : français, anglais, allemand, espagnol, japonais _ Version : 3.2 _ Compatibilité : iOS 4 _ 0,79 €

mTrip Guide

_ A n’en pas douter ce type d’application deviendra rapidement aussi indispensable aux voyageurs que l’ont été en leur temps les guides bleus ou les guides verts. Non seulement les principaux centres d’intérêts et itinéraires y sont commentés, mais en plus la fonction géolocalisation permet de retrouver son chemin à tous, y compris ceux privés de sens innés de l’orientation !

mTrip Guide _ Mise à jour : 2 sept 2010 _ Editeur : mTrip Travel Guide _ Version : Paris, Barcelone, Venise, Madrid, New-york, Londres, Amsterdam _ Langue : français, anglais, allemand, espagnol, italien _ Version : 1.1.1 _ 4,99 €

Congé Fêtes

_ Pour démarrer cette rentrée avec optimisme, voici une application indispensable pour programmer vos prochains congés (Calendrier des jours fériés, fêtes laïques et religieuses et vacances scolaires en France toutes zones confondues jusqu’en 2013) ! _ Cette application gratuite est un petit utilitaire dont vous ne pourrez plus vous passer pour organiser vos plannings, vacances, week-end et autres réunions familiales ou professionnelles Il existe version plus complète payante (0,79 €) permettant une présélection des événements.

Congé Fêtes _ Mise à jour : 25 mars 2010 _ Editeur : Norman Godwin _ Langue : français, anglais _ Version : 1.3 _ Compatibilité : iPhone, iPodtouch et iPad, version iOS 3.0 _ Gratuit

|European Society of Cardiology – Pocket Guide Lines| |L’ESC de Stockholm vient de fermer ses portes. Cela a été l’occasion bien sûr de mettre à jour les recommandations européennes notamment celles sur l’AC*FA, les indications de revascularisation coronarienne et les cardiopathies congénitales. Les « Pocket Guide Lines » sont maintenant disponibles en version pda notamment pour l’iPhone, téléchargeable sur le site de l’ESC|(gallery)




Méroé, capitale et résidence des Candaces

334 – Christian Ziccarelli – Il faut découvrir les pyramides royales de Méroé à l’approche du crépuscule, au moment où le soleil caresse le sable blond du désert de la Bayouda. Plus pointues et plus petites que les pyramides égyptiennes, leur face Est est généralement précédée d’une chapelle à offrandes.

Les trois grandes nécropoles de Méroé sont au coeur de l’actuel Soudan, en aval de la sixième cataracte du Nil, un peu à l’écart du fl euve, à deux cents kilomètres au nord-est de Khartoum. C’est là que furent inhumés les énigmatiques rois et reines méroïtes.

Si Hérodote est le premier à mentionner Méroé dans ses Histoire au livre II, il faut attendre le récit des grands voyageurs (tel le nantais Frédéric Cailliaud accompagnant l’expédition militaire d’Ismaël Pacha au Soudan) et celui de l’expédition de l’archéologue allemand Richard Lepsius pour redécouvrir cette cité mythique, fascinant l’Occident.

Méroé désigne aujourd’hui trois aires géographiques distinctes : une ville, sa région et l’ensemble de l’empire, délimitées par trois cours d’eau le Nil à l’Ouest, le Nil Bleu au Sud- Ouest et l’Atbara au Nord Est. Outre Méroé, le Soudan réserve au voyageur de nombreuses surprises : le temple d’Amon précédé d’une allée de douze béliers, le « kiosque » romain, le temple d’Apedemak, la chapelle d’Hathor à Naga (N-E de Khartoum), la grande enceinte et le temple d’Apedemak de Moussawarat es- Soufra, le somptueux site du Djebel Barkal et son temple dédié à Amon.

La civilisation méroïtique

Profitant d’une Basse-Égypte en plein déclin, la civilisation méroïtique s’épanouit durant six siècles, d’environ -270 av. J.C. à 320 ap. J.C., date de sa dernière pyramide. Elle n’est en fait que le dernier état d’une culture bien plus ancienne. Le royaume de Kerma (le pays de Koush des textes bibliques, l’Ethiopie des Gréco-Romains) a dominé la région entre 2200 et 1550 av. J.C, avant d’être conquis par les pharaons de la XVIIIe dynastie. Succédant au royaume de Napata (VIe – IVe siècle av. J.C), l’empire de Méroé fut le centre d’une civilisation originale, amalgame des civilisations pharaoniques, grecques, romaines et subsahariennes. Le roi Akamani Ier, fondateur de cette nouvelle dynastie, rompt la tradition en construisant sa pyramide dans le cimetière sud de Begrawija à deux kilomètres de sa capitale Méroé. Le site de Djebel Barkal, situé dans la boucle du Nil, reste le centre religieux majeur des méroïtiques, de même que le Dieu Amon sera la principale divinité du panthéon royal. Mais désormais les divinités locales du royaume de Napata reçoivent un culte dynastique. Le dieu Apedemak à tête de lion est non seulement un dieu guerrier participant au combat mais un dispensateur de vie et de fertilité. Des dieux ou déesses inconnues des Egyptiens accèdent au culte offi ciel : Sébiouméker, Amésémi l’épouse d’Apedemak caractérisée par ses cheveux crépus et des traits négroïdes, les joues tailladées de scarifi cations rituelles.

Le règne des Candaces

Au premier siècle ap. J.C des reines accèdent au trône en tant que monarque à part entière (régnant à l’égal des hommes), portant le titre de Candace (terme signifi ant « femme » ou « soeur »). Un haut fonctionnaire, le surintendant au trésor de l’une d’entre elles, sera le premier non juif à recevoir le baptême chrétien par le diacre Philippe, sur la route de Jérusalem à Gaza (actes des Apôtres). Propagea-t-il dans son pays la foi de son baptême ?

Une écriture spécifique

Elle apparaît à partir du IIe siècle av. J.-C. transcrivant la langue indigène et comportant vingt-trois caractères sous deux formes : l’une hiéroglyphique, réservée à l’usage royal ou cultuel, l’autre cursive, dérivant du démotique employée par toutes les couches de la société. Si l’idiome est lisible, il reste toujours indéchiffrable, seules les inscriptions funéraires sont relativement bien comprises.

La fin de Méroé est encore mal connue. L’empire disparaît au IVe siècle, sous les assauts des tribus nubiennes, les Nobades de l’Ouest, les Blemmyes (les Bedjas – les actuels nomades pillards du désert de l’Est -) et du roi d’Axoum, Ezana, laissant la place aux royaumes chrétiens de Nobatia au nord, de Makouria au centre (capitale Old Dongola), d’Alodia au Sud. ■(gallery)




Bandol « Château Pradeaux » 1999 – 83270 Saint-Cyr-sur Mer

Les restanques, longues terrasses de pierre sèche, édifiées depuis des siècles, protègent et bonifient le sol, pédologie mosaïque, constituée de grés, calcaire, marne sableuse. Les brises marines assurant au degré hygrométrique satisfaisant, le mistral, un environnement phyto-sanitaire favorable fournissent au cépage roi de Bandol, le mourvèdre, des conditions de maturation idéales par une parfaite adéquation entre composantes naturelles du terroir et exigences édaphiques de ce cépage fragile, à la maturation longue et tardive, très sensible à la pourriture.

Ainsi, outre ses paysages d’une beauté féerique (ne manquez pas le panorama sur la Méditerranée à partir du caveau Pibarnon), Bandol nous offre des vins rouges pleins, puissants, équilibrés grâce à la qualité du mourvèdre, mais aussi du fait d’une réglementation draconienne : vignes de 7 ans minimum, vendanges strictement manuelles, rendement maximal de 40 hl/ha, vieillissement d’au moins 18 mois en fûts ou foudre de chêne, interdiction de la chaptalisation.

Des domaines prestigieux

Bandol s’honore de plusieurs domaines prestigieux : Pibarnon, Tempier, Vannières, mais ma préférence va, sans hésitation, vers le Château Pradeaux qui produit des vins de garde magistraux.

Le Château Pradeaux est produit par des ceps cinquantenaires avec des rendements très faibles de 30 hl/ha comportant 95 % de mourvèdre et une pincée de 5 % de grenache. Le travail de la vigne est essentiellement manuel, l’excellent état sanitaire permet de limiter les interventions à l’introduction de soufre et de sulfate de cuivre. La vinification est traditionnelle : foulage léger, sans éraflage, fermentation en cuve ciment thermorégulée pendant 12 jours, séparation des jus de presse et de goutte pour la fermentation malo-lactique, élevage pendant 3 ou 4 jours en foudre de chêne patiné en conservant intégralement la rafle, pas de collage, ni de filtration. Ce parti pris de ne pas érafl er explique la longévité des cuvées, mais aussi le caractère du vin dans les premières années : ingrat avec une structure dure, austère, revêche, il ne va s’affiner qu’avec le temps, mais avec quelle puissance et harmonie !

Le Château Pradeaux 1999 est une bouteille magnifique, d’une robe carmin profond, teintée de nuances cuivrées exhalant des arômes de fruits noirs, de poivre, de havane avec des notes caractéristiques des grands mourvèdres : pruneau, olive noire, cuir. Il tapisse la bouche de ses parfums iodés et de tanins très mûrs, veloutés, puissants, mais restant d’une exquise finesse. En aveugle, j’affirmerai qu’il s’agit d’un grand Bordeaux, peut-être d’un Haut-Brion.

Les accords culinaires avec ce vin puissant aux arômes complexes sont riches. Le mariage princier se fera avec une daube provençale aux olives noires qui se fond parfaitement avec les arômes du Bandol. Un lapin aux pruneaux, un caneton aux olives ou aux raisins, un ossobucco tomaté procureront les mêmes plaisirs. La puissance du vin domptera facilement un cabri ou un sanglier. Vous pouvez, originalement, le confronter à la cuisine orientale : un canard laqué pékinois, une pastilla au pigeon. Le Bandol ne redoute pas, au contraire des Côtes de Nuits, les saveurs relevées des fromages affinés de Bourgogne : époisse, citeaux.

Certains critiques estiment que les récents millésimes de Château Pradeaux n’atteignent pas le niveau de ceux du passé, vins plus faibles, moins profonds, plus extraits qu’auparavant. Ne les ayant pas dégusté, je ne peux juger…

Mais si vous pouvez dénicher des millésimes 1990, 1995 ou 2001, n’hésitez pas, ils sont grandioses ! ●

LE DOMAINE

Le domaine fut créé en 1752 par le comte Jean-Marie-Etienne Portalis corédacteur du code civil et négociateur du Concordat. Il connut bien des vicissitudes : dévasté par la Révolution de 1789, détruit par le phylloxéra au XIXe siècle, puis, à nouveau, par les bombardements de l’Occupation, il fut réhabilité par la comtesse Arlette Portalis à la fi n de la guerre. C’est elle qui se dévoua, sans compter, dans la conduite du domaine familial lui assurant, par une vinification particulière du mourvèdre, sa typicité actuelle avant de le confier, en 1985, à son héritier Cyrille.




Le « Chant du monde »

333 – Christian Ziccarelli – L’hôpital Saint-Jean à Angers abrite un chef d’oeuvre de la tapisserie du XXe siècle, le « Chant du monde » de Jean Lurçat. Exposée dans la salle des malades de la fin du XIIe siècle (aux fines colonnes supportant des voûtes élancées et typiques du style gothique Plantagenêt), elle surprend le visiteur par l’intensité de ses coloris, pourtant réduits à une trentaine de nuances sur un fond uni noir, et par la richesse de sa symbolique.

 

Jean Lurçat : la renaissance de la tapisserie

Jean Lurçat, peintre illustrateur, né dans les Vosges en 1892, est influencé par le cubisme et le surréalisme. Il recherche « un moyen d’expression, plus dirigé vers l’architecture que le tableau de chevalet ». Dès 1930, il se consacre à la tapisserie et réalise sa première oeuvre tissée en 1933 en basse lisse à Aubusson pour « L’Orage », en haute lisse aux Gobelins pour « Les Illusions d’Icare ». En 1939 il est missionné par l’Etat à Aubusson, avec les peintres Marcel Grommaire et Pierre Dubreuil. Il faut relancer l’activité en déclin des ateliers de ce grand centre de la tapisserie depuis le XVIe siècle. Il crée le carton à couleurs non plus peintes mais numérotées et limitées en nombre, révolution technique qui devait entraîner une révolution commerciale. Le temps d’exécution est réduit et le travail du lissier devient purement mécanique. En 1940, résistant, il prend le maquis dans le Lot, où il installera, au château des Tours-Saint-Laurent à Saint-Céré, son atelier de création de cartons de tapisseries. Profondément marqué par les deux guerres mondiales et le bombardement d’Hiroshima, il commence en 1957, à créer sa série de tentures sur « Le Chant du Monde » (Ensemble de tapisseries qui seront tissées à Aubusson chez Tabard – atelier de tapisserie transmis de père en fils depuis 1637), Goubely et Picaud.). Talonné par la vieillesse, Jean Lurçat laissera une oeuvre inachevée. Il meurt subitement en 1966. Véritable Apocalypse des temps modernes, « Le Chant du Monde » peut être comparé à la tenture de l’Apocalypse commandée, à la fi n du XIVe siècle, par Louis d’Anjou. Lorsque Lurçat la découvre en 1937 il est impressionné par sa grande lisibilité, due au nombre limité de couleurs et à l’usage du « gros point ».

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Une vision épique, poétique, symbolique _ et humaniste du XXe siècle

Le cycle de dix panneaux monumentaux (347 m2) débute par une image de la mort, « La Grande Menace », notre monde dominé par le nucléaire destructeur, assis sur un volcan, explose. A travers les flammes on peut lire « Hiroshima ». Seul espoir, un navire semble échapper à l’anéantissement de l’humanité, image biblique de l’arche de Noé. Puis apparaît, la silhouette d’un homme décharné, en désintégration « L’Homme d’Hiroshima », le crâne en flamme. « Le grand Charnier » est un amoncellement de squelettes, dépouilles d’hommes et d’animaux réparties en ronde, véritable danse macabre des imagiers du Moyen-Age. « La fin de tout », le monde vidé de toute substance, n’est plus qu’un résidu de poussières atomiques. Même les plantes n’ont pu survivre, la dernière se consume à petit feu.

« L’homme en gloire dans la paix » est consacré à la renaissance de l’homme, le retour à la vie, une atmosphère paisible et harmonieuse dans un cosmos étoilé. « L’eau et le feu » sont symbolisés par le poisson et la salamandre. La présence d’un spoutnik est un clin d’oeil sur l’actualité de son époque. Pour fêter ce retour à une vie normale « le champagne » jaillit d’une bouteille. Cette euphorie ne doit pas faire oublier que la vie n’est pas éternelle (crâne renversé contenant des fleurs). La « conquête de l’espace » dans une poussière d’étoiles et la voie lactée ne pouvait laisser indifférent cet homme du début du siècle. « La poésie » enfin triomphe au milieu des signes du zodiaque. Le dernier panneau reste par contre énigmatique « Ornementos Sagrados ». Lurçat n’ayant pas eu le temps de la commenter.

Chaque pièce de la tapisserie est empreinte de symboles, tels le chien, la chouette et le coq, reflets de la loyauté, de la sagesse et de l’espoir (le chant du jour qui se lève), etc. ■

Bibliographie : Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine : Musée de France. www.musées.angers.fr(gallery)




iOS 4 et iPhone4

330 – Plus d’une centaine de fonctions nouvelles sont annoncées pour cet iOS4, mais seules quelques-unes seront les plus utilisées.

Multitâche : c’est la fonction que nous attendions le plus. Pouvoir faire fonctionner plusieurs applications ensemble. Lancer une application en tâche de fond, une recherche sur internet par exemple. Ecouter de la musique tout en surfant sur le web. Utiliser le GPS tout en écoutant son podcast préféré ou le livre audio en cours. Utiliser les fonctions de sonnerie d’appel de Skype et peut-être même une webcam en façade sur les nouveaux iPhone permettant les visoconférences. autant de nouvelles façons d’utiliser son iPhone ou iPod Touch.

Dossiers de classements : Il était temps, le nombre d’icones d’applications devenant de plus en plus important, leur recherche devenait fastidieuse, d’autant que le classement en était assez aléatoire. Les « tendinites des index » devenaient fréquentes, véritable maladie professionnelle des utilisateurs trop acharnés. Et la limite n’allait pas tarder à être atteinte par les plus passionnés d’entre nous : 16 applications par page et onze pages soit seulement 180 applications potentielles 😉

Ergonomie : C’est également un des points forts habituels d’Apple. La complexité d’utilisation de l’iPhone s’accroissait rapidement au gré des téléchargements des multiples applications. Passer de l’une à l’autre sans quitter pour autant la précédente ou centraliser les différents compte internet dans une seule boite mail en sont deux exemples.

Game Center : ce réseau social de jeux permettra aux joueurs de s’affronter à distance. Apple veut conquérir le marché des consoles de jeu nomades.

iBooks : le magasin de livres d’Apple devient compatible iPhone, pour ceux qui ont une bonne vue !

Entreprises : Plusieurs nouveautés pour les pros : protection des données, gestion de parc mobile, déploiement d’applications, support VPN, etc.

IAd : Apple a annoncé son propre réseau de publicité qui sera intégré dans l’OS et prévoit de faire en sorte que les pubs donnent plus d’« émotion » (sic !) en les rendant plus interactive… sans oublier de prendre 40 % de commission en passant. En échange, un « certain » nombre d’Apps deviendrait gratuit (Ndlr : on demande à voir).

Trois réserves

_ ■ Quid de la capacité de la batterie : Apple estime que le multitâche n’aura que peu d’impact sur l’autonomie et sur les performances (Ndlr : là aussi, nous sommes circonspects) ? _ ■ Il ne s’agirait pas, selon les spécialistes, d’une réel multitâche. _ ■ L’utilisation de la voix sur IP conduira sûrement les opérateurs à revoir leur politique de forfaits.

Soyons clair…

_ OS4 ne fonctionnera pas sur les iPhone de première génération. Pas surprenant pour le Edge, mais plus énervant pour le 3G, le modèle le plus populaire en circulation, ou du moins partiellement, mais pas le multitâche, la fonctionnalité majeure. Selon Apple, « le mode multitâche ne sera disponible que sur l’iPhone 3GS et sur l’iPod touch de troisième génération (modèles de fin 2009 d’une capacité de 32 Go ou 64 Go). » A noter que le système d’exploitation ne serait disponible qu’à l’automne pour l’iPad.

A la rédaction, nous attendons ce bébé avec impatience, mais nous sommes partagés devant la réelle avancée de ce nouvel OS. L’iPad ne serait-il pas plus adapté au multitâche que l’iPhone dont la petitesse de l’écran nuit à son fonctionnement global (à en croire la sortie de l’iPhone4, Apple fait front sur les deux tableaux). Ne serait-il pas finalement le remplaçant de l’iPhone dans ses possibilités (hormis le téléphone , cela va de soi). Les opérateurs tels SFR ou Orange sont déjà sur les rangs, les développeurs aussi, et quand on sait que la firme à la pomme ne fait jamais les choses par hasard… ■ |En marge de la sortie del’OS4, Apple dévoile son nouvel iPhone : iPhone 4, une nouveauté à part entière. Face à la concurrence qui se faisait de plus en plus rude, Apple se devait de réagir et nous n’avons pas été déçu du produit qui fait un bon en avant, mis à part une mémoire interne toujours trop juste.

Téléphonie vidéo par Wi-fi (l’iPhone4 possède une caméra sur chaque face). – Enregistrement et montage vidéo HD jusqu’à 30 images par seconde. – Appareil photo 5 mégapixels avec flash led et géoréférencement des images prises. – Multitâche. – Dossiers pour apps. – GPS assisté. – Gyroscope 6 axes. – Contrôle vocal. – Ecran haute définition. – Disque flash 16 ou 32 Go.|




Condrieu « Coteau de Vernon » 1999 – Domaine Georges Vernay – 69420 Condrieu

Ose-t-on imaginer que le vignoble de Condrieu, en patois « Coun de Ria », le coude du fleuve, aurait disparu dans les années 1960 si Georges Vernay n’avait bataillé de toutes ses forces et convictions pour le ressusciter ?

Les obstacles étaient majeurs. Les falaises, dressées sur la rive droite du Rhône, désespéraient toute idée de culture, mais des générations les ont pourtant sculptées en d’acrobatiques escaliers rythmés par des murets de pierre sèche, les chaillées ; l’horizontalité, arrachée au vide, n’a parfois qu’un mètre de largeur, de quoi planter un seul rang de vignes qui doivent s’agripper sur des piquets et croisillons. Les ceps, poussant sur une mince couche de terre, le fameux gore, granit décomposé, ne survivent qu’en plongeant leurs racines dans les anfractuosités de la roche. Le nom d’une cuvée vedette de Vernay, les « Chaillées de l’enfer », illustre bien ces difficultés.

De plus, le viognier est un cépage difficile, peu fertile, aux rendements faibles, de 20 à 30 hl/ha, dont la vinification ne tolère pas l’approximation, oscillant entre réduction et dilution. Georges Vernay sut éviter tous ces écueils et obtenir la quintessence de cette appellation. Bénéficiant d’une célébrité largement méritée, il a su laisser, depuis 1996, les rênes de la vinifi cation à sa fille, Christine qui, abandonnant son métier d’enseignante à l’ENA, a apporté sa finesse et sa sensibilité pour, s’il était encore possible, sublimer les potentialités du domaine. La culture de la vigne et les vendanges, compte-tenu de l’escarpement des coteaux, sont obligatoirement manuelles. Les raisins arrivent à la cave en caissette, où un deuxième tri sévère est effectué. Les techniques de vinification changent constamment pour s’adapter à la matière récoltée et au millésime considéré. Les raisins peuvent être égrappés ou non, subir des macérations pelliculaires ou être comprimés directement dans des pressoirs pneumatiques. Les jus sont débourbés, puis fermentés tout en douceur dans des barriques constituées au maximum de 25 % de bois neuf pour les deux cuvées de prestige : les Chaillées de l’enfer et le Coteau de Vernon. Les vins, sur lies totales régulièrement bâtonnées, restent en élevage pendant douze mois. On trouvera des millésimes avec malo-lactique, d’autres non, c’est selon l’analyse et la dégustation.

Le Condrieu Coteau de Vernon 1999, produit par des vignes septuagénaires, issues de sélections massales, est un vin superbe, archétype de l’expression du viognier. Dans le verre, mire une vive couleur jaune or pale. D’emblée, les fl aveurs d’abricot et de pêche blanche, caractéristiques du cépage viognier, éclatent, mais se dévoilent, par paliers, une véritable explosion aromatique : fl eurs blanches (acacia, chèvrefeuille, iris), cédrat, bergamotes, fruits tropicaux, ananas, mangue. Ce vin en bouche est d’une droiture, d’une pureté et d’une finesse incomparables. Son heureuse acidité et minéralité lui confèrent belle précision et parfait équilibre. La finale est puissante, épicée, miellée avec une très longue caudalie. Certains experts soutiennent que les Condrieu vieillissent mal et qu’il vaut mieux les boire dans les deux ou trois ans. Ce fl acon, comme d’ailleurs la plupart des grandes cuvées de Vernay, apporte un démenti cinglant, et j’estime qu’on peut facilement les apprécier au bout de dix ans.

Le Condrieu, vin blanc aromatique et exotique, permet de remarquables accords culinaires. Les premières asperges vertes du printemps, arrosées d’un filet d’huile d’olive ou aiguisées par une sauce gribiche, s’accompagneront avec délectation d’un jeune Condrieu. Mais vous obtiendrez, avec ce Coteau de Vernon, des mariages sublimes avec un gratin de queues d’écrevisses, des Saint-Jacques à la crème d’épinard et aux abricots, une salade de langoustines, et surtout des quenelles de brochet, sauce Nantua. Le Condrieu, grâce à ses arômes exotiques, se déguste plaisamment avec la cuisine thaï ou de simples sushi. Il imbibe et rend harmonieux des fromages secs, tels un picodon de Drôme ou une rigotte de Condrieu.

Quel bonheur ce vin ! Grand merci à la famille Vernay d’avoir réhabilité cette appellation ! ●

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération




Chinon « Clos de la Dioterie » 2002 : Domaine Charles Joguet – 37220 Sazilly

Notre confrère, François Rabelais, natif de Chinon, thuriféraire et grand consommateur des vins de Touraine, prêtait à Gargantua dès sa naissance, ce hurlement : A boire ! à boire ! et adorait « ce bon vin breton (ancienne appellation du cabernet franc (ndr)) poinct ne croist en Bretagne, mais en ce bon pays de Véron ».

Mais cet enthousiasme n’est pas unanime et certains, à l’instar de mon épouse, reprochent à ces rouges tourangeaux, Saumur-Champigny, Bourgueil, Chinon, leurs caractères végétaux, herbacés, voire terreux. Je considère que ces arômes, parfois désagréables, résultent de cuvées mal vinifiées ou issues de médiocres millésimes, mais que certains vignerons élaborent en Touraine des vins remarquables qui méritent d’être (re)connus.

La Touraine, par son climat doux et tempéré, permet au difficile cabernet franc, de développer dans ses vins rouges, de merveilleux arômes fruités et floraux.

Des amateurs devenus orphelins

A la mort de son père en 1957, Charles Joguet a repris l’exploitation familiale abandonnant, de ce fait, ses études aux Beaux-arts et – à lui seul – redoré le blason des vins de Chinon, pour leur faire atteindre des sommets dans la hiérarchie viticole. En 1997, toujours en quête intellectuelle et pressé par des problèmes financiers, il a tiré sa révérence pour revenir à ses passions : peinture et sculpture. Ainsi, le nom d’un homme génial, pur artisan, est devenu une marque. Mais ce domaine, repris par son ancien associé, Jacques Genet, et secondé par un excellent viticulteur, François-Xavier Barc, a su garder les préceptes très novateurs du maître Joguet : vendanges par petites caisses ajourées au lieu de la hotte traditionnelle, égrappoir révolutionnaire de Günter Amos, vinifi cation séparée des différentes parcelles en cuves inox avec pigeage électromécanique. Certes, après la retraite de l’artiste, les amateurs sont devenus un peu orphelins de ce grand vin ligérien, car le domaine a connu une zone de turbulences liée à son expansion passant d’une production annuelle de 70 000 à 350 000 bouteilles, à une baisse qualitative portant notamment sur les appellations de moyenne gamme. Mais, depuis huit ans, on retrouve, dans les grandes cuvées, le fruit et la texture satinée qui avaient fait la gloire de Charles Joguet.

Une gloire retrouvée

Le Clos de la Dioterie, petite parcelle de 2,5 hectares, est le parangon de l’appellation, produit par des vignes octogénaires, exposées idéalement au nord-est, et poussant sur un terrain argilo-calcaire, avec des rendements faibles de 30 hl/ha.

Ce Clos de la Dioterie 2002, vinifié dans une année difficile, est tout simplement merveilleux ; il arrive seulement à maturité avec encore de belles années devant lui. La robe est pourpre, cardinalice. Le nez perçoit, outre les arômes caractéristiques du cabernet franc : poivron vert, framboise, des notes de fruits confiturés, de prunes et d’épices, réglisse, cannelle, muscade. En bouche, on apprécie les structures tanniques, soyeuses et satinées des grands Joguet, la finale est longue, fraîche et voluptueuse.

Ce grand vin permet de remarquables accords culinaires. Sa vivacité et sa structure tannique relèvent bien les textures vinaigrées, mais aussi gélatineuses : pieds de porc, queue de boeuf, gîte, poulet au vinaigre, rognons madère, foie de veau déglacé au vinaigre, mais je recommande deux mariages princiers avec ce fl acon : la cannette de Challans en serviette et le feuilleté de ris de veau aux truffes. Ses arômes framboisés ne repousseront pas un dessert à base de fruits rouges, tel un clafoutis aux cerises. La production très faible : 12 000 bouteilles/ an contraint la maison à limiter strictement les commandes, mais vous pouvez encore disposer des 2008, et peut-être 2007.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération




“Recommandations et prescriptions en cardiologie” : L’essentiel de la cardiologie en 250 pages !

332 – Si vous ne deviez garder qu’un seul ouvrage cardiologique, retenez celui de Robert Haïat et Gérard Leroy dans lequel Hypertension artérielle, Hypercholestérolémie, Diabète, Angor stable, Syndrome coronaire aigu, Infarctus du myocarde, Post-infarctus, Insuffisance cardiaque chronique, Maladie veineuse thrombo- embolique, Accidents vasculaires cérébraux sont abordés de façon très pratique. Ce vade-mecum réactualise les données concernant les grands thèmes de la cardiologie à la lumière des résultats des grands essais et des recommandations des sociétés savantes, permettant au cardiologue de rester « à la pointe du progrès » de sa spécialité.

Cet ouvrage, concis mais d’une clarté remarquable, très pratique, est le fruit d’un travail considérable, dans la lignée des ouvrages précédents auxquels nous ont habitués les auteurs et dont nous vous recommandons l’acquisition. ■

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Les Mursi, une ethnie restée à l’époque néolithique

332 – Christian Ziccarelli – Les Mursi vivent en lisière du parc national de Mago, au sudouest de l’Ethiopie, dans la vallée de la rivière Omo, située dans la dépression du rift, à proximité de la frontière du Soudan et du Kenya. A 60 km de Jinka, après avoir franchi l’escarpement du même nom, la piste chemine dans une vaste plaine couverte de savane semi-aride et d’étendue broussailleuse, immense réserve d’espèces de mammifères et d’oiseaux. Il faut plus de deux heures pour atteindre, enfin, l’une des entrées du territoire de cette ethnie. Accompagné d’un garde armé d’une Kalachnikov, la rencontre avec ce peuple d’un autre temps, gardien sans le savoir de notre patrimoine commun, est des plus fascinantes. C’est un des derniers peuples d’Afrique (Sara du Tchad) où les femmes portent encore des ornements labiaux (labret) et auriculaires en forme de disque plat.

Semi-nomades, ils établissent leurs villages près d’un cours d’eau où ils cultivent quelques arpents de terre. Ces hameaux d’une vingtaine de huttes de petite taille (moins de 1,20 m de hauteur), bâties sur une armature d’acacias et couvertes de chaume, changent régulièrement d’emplacement, aux grés des attaques de la mouche tsé-tsé, des tiques, des sangsues, des anophèles. Dans ces abris rudimentaires, serrés les uns contre les autres, ils dorment dans une absence totale de confort avec juste une peau de vache étendue sur le sol.

Une liberté sexuelle avant mariage

La polygamie est habituelle, mais chaque femme a sa propre case, avec ses enfants. Pour le père, avoir des filles est une rente, chacune d’elle représentant en termes de dot un gain de vingt à trente vaches (patrimoine assurant la survie de la tribu) et une ou deux Kalachnikov ! Chez les Mursi, contrairement à leurs voisins (les Hamer, les Surma, les Bona…), les femmes ne sont pas excisées et les hommes circoncis. La liberté sexuelle est la règle pour les fi lles jusqu’à la date du « mariage », vers 16, 17ans. Mais avoir un enfant dès l’âge de 12 ans n’est pas inhabituel ! Elles accouchent dans la forêt, ceci expliquant la forte mortalité maternelle et infantile. Les femmes d’un même « mari » peuvent habiter dans des villages différents. Les hommes, guerriers nus ou couverts d’une peau de panthère et coiffés de défenses de phacochères, portent la Kalachnikov à l’épaule. L’allure fière, ils arborent des scarifications, preuves de leur courage et de leur vaillance aux combats. Leur corps est couvert de peinture à base de cendre et de gypse, apanage de la beauté. Ils sont connus pour leur instinct belliqueux et sont souvent en conflits larvés avec leurs voisins (Hamer…).

Les femmes, cheveux rasés, ont de larges disques aux oreilles (en bois, puis en terre cuite) et des labrets parfois de grande dimension (jusqu’à 20 cm de diamètre) insérés dans leur lèvre inférieure. En terre cuite, ces plateaux en forme de poulie sont décorés de motifs géométriques variés et parfois peints. La taille est à la mesure de la dot exigée par la famille des jeunes filles à marier et de leur rang social. Elles portent un pagne en peau de vache ou de chèvre et sont parées de colliers de perles multicolores ou faits de coquillages et de bracelets en fers (bras et chevilles).

Leur alimentation, à base de purée de sorgo ou de maïs, est complétée par les produits de la chasse, de l’élevage (vaches, chèvres), de la pêche et par la cueillette de fruits. Comme les Masaï, ils consomment régulièrement du sang de Zébu, prélevé à la veine jugulaire. Les anciens, respectés par tous, prennent les décisions concernant la tribu et choisissent leur chef. Animistes, ils vénèrent la nature, un arbre, une source… et enterrent leur mort dans la forêt. ●(gallery)




iPhone : Le papier poursuit sa course au numérique

332 – Vidal

D’après le pitch de l’éditeur, « Vidal pour iPhone est le compagnon idéal du praticien nomade. Pratique, rapide, actualisée, cette application est disponible à tout moment et sans connexion Internet, cet outil “embarqué” permet de consulter de façon simple et rapide une information sur le médicament. » « La navigation est très facile à l’aide de menus, de liens hypertextes ou d’icônes spécifiques qui contribuent à la bonne ergonomie de l’application. » C’est l’éditeur qui le dit et ce n’est pas faux. Ce qui blesse, c’est le prix, qui est annuel – et donc renouvelable – puisque, dans le contrat, Vidal assure la pérennité de l’application Vidal 2010 au-delà d’avril 2011 mais sans mise à jour. Il faudra alors s’acquitter de la licence Vidal 2011 !

Vidal – Sortie : 19 avril 2010 – Version : 1.00 – Editeur : Vidal – Langue : Français – Prix promotionnel 14,99 € – Normal (par an) 29,99 €

 

Impact santé

C’est la première édition d’un journal médical d’actualité santé en langue française accessible directement sur iPhone sans passer par le navigateur internet. Nombre d’entre nous étaient déjà utilisateurs des applications de la presse nationale généraliste comme le Monde ou Libération. Saluons cette première initiative gratuite du groupe Impact. Gageons qu’elle sera suivie.

Impact Santé – Sortie : 21 avril 2010 (mise à jour) – Version : 1.2 – Editeur : Impact Medecine – Langue : Français  – Gratuite

 

monKronoSanté

La troisième application « monKronoSanté » s’adresse d’abord à nos patients. Peut-être vous en parleront-ils ? Il s’agit en fait de la mise en compatibilité iPhone d’une application, déjà développée sur internet via un widget initialement créé par les laboratoires Wyeth. Pfizer a poursuivi le développement de cette application qui est un passeport santé , orienté vers les patients atteints de pathologies chroniques, mais cette fois en application nomade iPhone. Une fonction nouvelle spécifique mérite un coup de chapeau : la balise de détresse : un bouton d’alerte d’urgence permet d’envoyer automatiquement par mail à un contact présélectionné les coordonnées GPS de votre lieu d’accident ! Cela peut servir à tout le monde… à condition d’avoir du réseau.

monKronoSanté – Sortie : 5 avril 2010 (mise à jour) – Version : 2.0 – Editeur : Wyeth Pharmaceuticals France – Langue : Français – Gratuite




Champagne A. Margaine : Cuvée « spécial club » brut 1999 – 51380 Villers-Marmery

Pourquoi, à l’occasion des fêtes de Noël, ne pas se noyer dans les bulles, afin d’oublier notre triste condition de cardiologue libéral ? La mini-tempête, produite dans la flûte, transforme une dégustation de Champagne en un moment unique, mais toujours répété et festif ! Rappelons schématiquement la vinification du Champagne : _ Pressurage des raisins issus de 3 cépages : un blanc : Chardonnay, deux noirs : Pinot Noir et Pinot Meunier en séparant chaque cuvée. _ Fermentation alcoolique classique. _ Assemblage des différents cépages, crus et ajout pour les cuvées non millésimées, de vins anciens, dits de réserve, pour une homogénéisation de l’appellation. _ Tirage en bouteille avec enrichissement de sucre et de levures qui provoquent une nouvelle fermentation appelée « prise de mousse » nécessitant une bouteille robuste et une solide fermeture, car la pression dans la bouteille est celle qu’un plongeur ressent à 50 mètres sous la mer ! Ce n’est qu’à l’ouverture de la bouteille que sont libérés les 5 litres de gaz carbonique en excès, qui, fuyant la phase liquide, rejoignent l’atmosphère, pour former les fameuses bulles. _ Conservation inclinée et remuage, le plus souvent mécaniquement par gyropalettes, pour faire glisser le dépôt de levures mortes dans le goulot. _ Dégorgement par expulsion des levures du goulot, par congélation du col. _ Remplacement du dépôt expulsé par une liqueur de dosage composée de vin et de sucre déterminant la nature de la cuvée depuis le non dosé jusqu’au doux, comportant plus de 55 g/l de sucre, en passant par le brut, moins de 15 g/l. _ Vieillissement sur lattes variable selon les cuvées de 2 ans pour les Champagnes ordinaires à 10 ans ou plus pour les cuvées de prestige.

Le Champagne est un produit miraculeux élaboré sur une terre nourricière crayeuse qui a, en outre, permis la construction des extraordinaires sous-sols et caves de vieillissement et où la magie des hommes, le moine Dom Pérignon, ou plus probablement les marchands anglais, a imaginé de transmuter des raisins acides et pauvres en sucre, en un vin merveilleux grâce aux bulles qui épanouissent la saveur minérale du raisin et équilibrent l’acidité par la fi nesse de l’effervescence.

Je vous dévoilerai mon producteur préféré que m’avait fait découvrir mon fameux ami, gastroentérologue rémois.

La maison A. Margaine fut fondée en 1920 par Gaston Margaine.

Villers-Marmery, lieu d’exercice de la quatrième génération Margaine, est une enclave dans la Montagne de Reims, terroir du Pinot Noir, où le Chardonnay trouve terre d’excellence, pour exprimer ses caractères vifs et aériens, mais rehaussés par une certaine corpulence.

La mise en place de nouveaux principes de culture, les vendanges manuelles, le pressurage effectué avec soin dans les chais préservent tous les caractères et arômes des cépages.

La cuvée « Spécial Club » 1999, blanc de blanc issu uniquement d’un assemblage de Chardonnay, bénéfi ce d’un vieillissement de 3 années sur lies.

D’emblée, le pétillement or pâle, brillant et scintillant des fines bulles exerce un magnétisme sur l’oeil. La sensation haptique, due au choc du gaz carbonique contre la langue et le palais, est vive, fraîche et désaltérante, caractéristique des bons blancs de blanc.

Les flaveurs de brioche beurrée sont attribuées par certains aux levures, proches du levain des boulangers, introduites pour la prise de mousse, mais signent, tout bonnement, à mon avis, le cépage Chardonnay. Cette cuvée exalte de vives fragrances de pêche blanche, d’acacias, d’agrumes citronnées.

Le Champagne est une merveilleuse boisson apéritive, et surtout un vin de fête, mais cette cuvée A. Margaine, malgré la légèreté du blanc de blanc, possède un gras et une vinosité qui lui permettent de faire merveille pendant tout un repas. Voici quelques propositions pour un repas de rêve… tout naturellement de réveillon : en entrée : huîtres chaudes à la fondue de poireau ou saint-jacques à la crème et au persil ; ensuite : fricassée de cèpes et écrevisses ou turbot sauce champagne. Ce Champagne, grâce à sa vivacité et sa fraîcheur, accompagnera, sans problème, un coulommiers ou notre camembert national qui repoussent habituellement tous les vins. Contrairement aux idées reçues, les Champagnes bruts, de par leur acidité, épousent difficilement les desserts. Troquez- les alors contre un demi-sec.

Cet excellent flacon est proposé à un tarif très intéressant : 20 euros, alors que la cuvée traditionnelle, fort agréable, vous est littéralement offerte pour 13 euros.

Alors, bonnes fêtes pour tous, avec, je vous le souhaite, beaucoup de Champagne !

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AC/FA & iPhone : les développeurs suivent l’actualité de la santé

331 – AFibEducator _ La plus récente et la plus esthétique des App – « AFibEducator » – est une application mise à disposition gratuitement par la filiale américaine de sanofi-aventis US. Elle présente un intérêt didactique pour montrer à nos patients avec de superbes animations à quoi correspond l’arythmie complète par fibrillation auriculaire. Au-delà de cela, quelques explications peu nombreuses et un lien bien vers un site plus complet www.AFStat.com dédié à cette pathologie par la filiale US, pour les patients nord américains seulement bien sûr, puisque c’est interdit pour les patients français !

AFibEducator _ Sortie : 19 mars 2010 (mise à jour) _ Version : 1.0.1 _ Editeur : sanofi -aventis US LLC _ Langue : anglais _ Gratuit

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Atrial Fibrillation i-pc _ Plus complète, plus esthétique et plus didactique mais payante 2,99 €, « Atrial Fibrillation i-pc » est très comparable à l’application précédente dans ses objectifs. _ On y retrouve bien sûr le score de CHADS2 mais sans calculateur. En revanche, il y a les algorythmes décisionnels issus des recommandations. _ Attention de ne pas se laissait piéger par le signet BB iTools qui vous attire vers des applications payantes supplémentaires.

Atrial Fibrillation i-pc _ Sortie : 3 mars 2010 _ Version : 1.0 _ Editeur : Börm Bruckmeier Publishing _ Langue : anglais _ Payant : 2,99 euros

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AF guide _ « AF guide » a pour ambition de faire le tour de la question en rappelant les principales recommandations scientifi ques sans pour autant en avoir le label. Un assez bonne aide-mémoire, pour ce qui concerne les indications et posologies des antiarythmiques.

AF guide _ Sortie : octobre 2009 (mise à jour) _ Version : 1.01 _ Editeur : QxMD Software Inc _ Langue : anglais _ Gratuit

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CHADS2 La plus utile des APp et pourtant la plus simple n’est qu’un mémo sur « CHADS2 ». D’utilisation instinctive, elle permet de calculer le score, le risque embolique et d’en déduire la recommandation thérapeutique antiplaquettaire ou anticoagulante avec les objectifs. _ Dommage qu’elle ne rappelle pas en parallèle le score Hemorr2hages.

CHADS2 _ Sortie : juillet 2009 _ Version : 4.0.1 _ Editeur : Chi-Mong- Chow _ Langue : anglais _ Gratuit




Louis Comfort Tiffany ou l’art du verre à sa perfection

331 – Christian Ziccarelli – Louis Comfort Tiffany, 1848-1933, fils de Charles Lewis Tiffany (fondateur de la célèbre maison Tiffany & Co. à New-York), se destina d’abord à la peinture. Après quelques années d’études à New-York, il gagne Paris (1868), capitale de l’art occidental et passage obligé pour tout artiste peintre. Il découvre l’orientalisme de Léon-Adolphe-Auguste Belly. Touché par l’exotisme, il se rend au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Egypte (dès juillet 1870). Rentré à New-York, Edward Moore, responsable de la création chez son père, joue un rôle déterminant dans le développement de son goût artistique. « Il l’initie à la philosophie du design, au savoir-faire “nippon” et surtout à l’esprit qui souffle derrière toute création (le mingei), soit le beau dans l’utile, pour rendre l’objet honnête, modeste le moindre ustensile domestique devenant une oeuvre d’art ».

 

Un peintre devenu verrier

Fasciné par la diffusion de la lumière à travers le verre, il voulut expérimenter ce matériau dynamique et s’entoura des meilleurs verriers de l’époque. Dans les premières années du XXe siècle, il existait des objets en verre créés par Tiffany pour toutes les circonstances de la vie quotidienne (vases en verre soufflé, vitraux, lampes et objets décoratifs). Dans chaque chef d’oeuvre se reflète l’amour de la nature (fleurs par milliers, papillons, libellules, anémones de mer, etc.). Ses créations sont influencées par l’art de Byzance et de l’Islam, mais aussi par l’esthétique japonaise, tout en s’affranchissant des liens avec la tradition. Chef du design américain, Tiffany est au coeur de nombreux mouvements artistiques de son époque, de l’Arts & Crafts, jusqu’à l’Art Nouveau et le Symbolisme.

 

Tiffany, le magicien du verre

Sa production de vitraux, à l’ornementation somptueuse, aux effets originaux et spectaculaires de la lumière et des couleurs, le place parmi les plus grands verriers de tous les temps. En créant des verres nouveaux, comme le verre plié, le verre drapé et strié, des fragments de verre en confettis sertis dans la pâte ou en superposant jusqu’à cinq couches de verres différents, il obtient des résultats étonnants.

En 1904, une page se tourne, le nouveau président des Etats-Unis, Théodore Roosevelt ordonne la destruction des aménagements intérieurs de la Maison Blanche réalisés par Louis Comfort Tiffany à la fi n du XIXe siècle. Affi chant un profond mépris pour « les modernes » qui ne sont que des « inventeurs sans formation de procédés artistiques », Louis C. Tiffany meurt oublié et incompris en 1933. _ « Devant un oeuvre de Tiffany le spectateur établit avec la pièce un rapport mystique qui tient non pas à un motif particulier ou à la délicatesse de ses formes, ni à sa valeur marchande, mais au matériau lui même. Malgré la forme solide et inaltérable de l’objet, on peut facilement imaginer la masse fl uide aux teintes changeantes qui s’étire et s’incurve sous l’action des fers du verrier ». Sa plus célèbre création, le verre « favrile », du latin fabrilis (fait à la main), est un verre dans lequel le maître introduit beaucoup de sels métalliques donnant un aspect iridescent à la matière.

La lampe toile d’araignée

La lampe Cobweb (vers 1902) allie une monture en bronze et un abat-jour en verre serti de plomb. Ce dernier a été dessiné par Clara Driscoll, chef de l’atelier féminin de la coupe du verre. Il illustre bien le goût de la créatrice pour les inventions complexes. L’exécution est longue et minutieuse car il faut découper et assembler d’innombrables petits morceaux de verre, créant une mosaïque colorée et chatoyante. Les filets diaphanes des toiles d’araignées et les branches de pommiers en fleurs composent, avec les jonquilles du pied, une évocation poétique du printemps. La prouesse technique de la fabrication de ce modèle en revient à un dénommé Cantrill. La popularité de ses lampes sera telle que la marque Tiffany deviendra un nom générique. Dès 1902, l’entreprise en propose près de trois cents modèles et adopte un mode de production en série. La malléabilité du bronze utilisé pour les pieds de lampe accentuait les formes organiques inspirées du style Art nouveau. ●(gallery)




Chablis Village 2005 : Domaine Vincent Dauvissat – 89800 Chablis

Qui ne connaît pas le vin de Chablis ? Ce vignoble prestigieux, créé dès le Moyen-Ãge par les moines cisterciens, fût immédiatement très apprécié par la cour parisienne grâce aux transports fluviaux facilitant l’acheminement des tonneaux. Progressivement, cette renommée s’étendit au-delà de l’Hexagone, à tel point que, dans les années 50, les grands Bourgognes blancs des Côtes de Beaune : Meursault, Puligny-Montrachet, Savigny, s’exportaient aux Etats-Unis sous le nom générique de Chablis, qu’encore maintenant nombre de vins blancs aromatiques sont présentés aux Etats-Unis sous le nom de Chablis, et que j’y ai me^me découvert un vin blanc étrange et, à vrai dire, répugnant qui étiquetait fièrement la mention “Cépage Chablis” !

Les vignobles de Chablis, quoiqu’éloignés de plus de 150 km du nord de Beaune, font partie de l’appellation Bourgogne grâce à leur unité ampélographique : le Chardonnay. C’est le plus vaste terroir de Bourgogne sur près de 5 000 hectares produisant 1/3 des vins blancs de l’appellation.

L’originalité et la typicité du Chablis s’expliquent par la géologie, sol quasi unique pour l’ensemble des vignobles : le calcaire du Kimméridgien datant du Jurassique supérieur. En effet, tout bon Chablis transmet d’emblée des flaveurs de minéraux, de pierre à fusil, de craie, ce qui permet, à d’excellents vinificateurs, au moins une vingtaine, d’exprimer leurs talents. Mais il est unanimement reconnu que 2 d’entre eux, d’ailleurs parents, Francois Raveneau et Vincent Dauvissat occupent incontestablement le sommet de la hiérarchie.

Vincent Dauvissat dirige un petit domaine de 11,7 hectares, produisant seulement 75 000 bouteilles par an, fondé dans les années 1920 par Roland Dauvissat. Le vignoble est entretenu avec une méticulosité maniaque, tel un jardin d’agrément : taille rigoureuse, ébourgeonnage serré, culture du sol, amenant, depuis 2002, une reconversion en biodynamie.

Les raisins sont récoltés très mûrs, expliquant la richesse du fruité des vins, avec un rendement faible : 30 hectolitres/hectare pour le simple village qui est ci présenté. La fermentation alcoolique s’opère lentement sur 3 semaines. Tous les vins sont élevés, au minimum, 8 mois en vieilles barriques de chêne, ce qui permet, contrairement à beaucoup de vins blancs, une fermentation malo-lactique. Vincent Dauvissat est un homme réservé, peu expressif, mais chez lequel on percoit vite la vibration et la volonté du grand viticulteur et, de fait, tous ses vins sont magnifiques, du plus simple jusqu’aux deux grands crus : les Preuses et les Clos qui, dans les grandes années, tutoient le sublime.

Mais son simple Chablis Village 2005 est un vin enthousiasmant, largement au niveau des 1ers crus de nombre de ses collègues chablisiens, boosté de plus par ce grand millésime. Le verre fait mirer une robe jaune pâle, limpide à peine teintée d’or. L’impression immédiate est la pureté minérale avec des notes de poudre de sel et d’ardoise, caractéristique des grands Chablis. Les flaveurs très complexes mêlent, sans dissonance, les arômes de beurre frais, de mousseron et de poireau du Chardonnay avec des parfums de fleur blanche et des notes fruitées de pomme verte, ananas, poire. Ce vin long, gras, séveux réalise un équilibre parfait entre acidité et opulence. Classiquement, les Chablis s’accordent à merveille, du fait de leur acidité, avec les huîtres et plateaux de fruits de mer. Les spécialistes nous apprennent que la structure calcaire du Kimméridgien s’était bâtie à partir de sédiments et de coquillages, en particulier des huîtres minuscules, exoguira virgula, qui formaient le fond de la vaste mer intérieure couvrant la Bourgogne il y a 150 millions d’années : ce qui expliquerait la typicité saline, iodée, en fait marine, de certains Chablis et leur mariage quasi incestueux avec les huîtres qui retrouvent aussi leurs ancêtres fossilisés !…

En fait, ces accords fonctionnent beaucoup mieux avec les Chablis élevés en cuves inox, plus acides, moins gras et onctueux que les vins de Vincent Dauvissat bénéficiant d’une maturation en fûts.

Le Chablis Village 2005 permet, par contre, un mariage royal avec une sole meunière, un des plus beaux accords mets-vins que je connaisse. De même, ce vin épousera avec plaisir : une poêlée de Saint-Jacques à la fleur de sel, des crevettes au sésame, un gâteau de langoustines au jus de palourdes, un jambon à l’os braisé avec le vin de même provenance, bien évidemment une andouillette pommes pont-neuf, des fromages de chèvre sec apaisant la soif provoquée par leur sécheresse.

La faible production, l’énorme demande des restaurants étoilés et de l’international contraignent Vincent Dauvissat à ne plus accepter de nouveaux clients, mais peut-être qu’en insistant et en vous recommandant de votre journal Le Cardiologue ?…

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Loi HPST : Analyse et Arguments

330 – Jean-Michel Chabot est professeur de santé publique, actuel conseiller médical du directeur de la HAS. Il a été également conseiller auprès du ministre de la Santé Jean- François Mattéi pour les affaires de démographie, de qualité des pratiques, de formation des professions de santé et d’organisation des soins ambulatoires. C’est dire qu’il sait porter un regard d’expert sur les évolutions de notre système de santé, d’autant que son expérience des systèmes nord américains lui apporte un regard de critique éclairé. Olivier Mariotte, médecin généraliste de formation, après un parcours dans l’industrie où il a pu être en contact étroit avec les associations de patients atteints de maladies virales, est consultant en conseil en affaires publiques : c’est un témoin des modifications réglementaires et sociétales de notre système Le premier éclaire de ses réfl exions par ses analyses la description synthétique de l’architecture de cette fameuse Loi « Hôpital, Patients, Santé et Territoires » du second. Cette mise en perspective permet ainsi de mieux comprendre les motivations du législateur, qui trop souvent échappent aux citoyens que nous sommes.




La nouvelle loi « Hôpital, Patients, Santé et Territoires », Analyse, critique et perspectives

330 – Jean-Marie Clément – ancien directeur d’hôpital et ancien membre de l’Inspection générale des affaires sanitaires et sociales, est professeur de droit hospitalier et médical à l’université Paris 8l. Il dirige également le service juridique des Études Hospitalières. _ « La nouvelle loi n° 2009-879, du 21 juillet 2009, portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, dite loi HPST, va bien au-delà du domaine hospitalier, elle concerne l’ensemble du champ sanitaire et médico-social. Ses 135 articles sont d’un abord difficile tant le législateur veut être précis, or il est bien trop prolixe. La loi HPST est une grande loi de santé publique : pour ou contre, il est indéniable que chacun sera frappé par la volonté du législateur d’impliquer l’État dans l’offre égalitaire et de qualité des soins. Délibérément non exhaustif, l’auteur considère que la compréhension globale prédomine sur l’étude micro-juridique, certes inévitable, mais actuellement prématurée, puisque les décrets et arrêtés d’application sont loin d’être prêts à être publiés » Cette analyse permettra au lecteur d’envisager tous les prolongements et implications que cette Loi n’a pas fini d’engendrer.




Mehmed II le Conquérant de Constantinople

330 – Christian Ziccarelli – C’est deux jours après l’assaut final contre Constantinople que le sultân, acclamé par ses troupes, entre dans Sainte-Sophie, se prosterne en direction de la Mecque, proclamant ainsi la transformation de l’église en mosquée. Pendant trois jours et trois nuits, la ville est livrée à la soldatesque, on compte au moins quatre mille morts. Vingt cinq mille prisonniers, attachés deux par deux, sont emmenés dans le camp turc et réduits en esclavage.

L’Occident effaré, mais trop peu conscient du danger turc, apprend avec horreur la disparition de l’empire chrétien d’Orient, la fin d’un empire millénaire. Istanbul est née.

L’exposition « De Byzance à Istanbul, un port pour deux continents » nous a permis de revoir le portrait du sultân Mehmed II (école de Gentille Bellini).

Mehmed II le Conquérant (1432-1481)

Lorsqu’il conquiert Constantinople, Mehmed II n’a que 21 ans. Son enfance avait été malheureuse. Sa mère, Huma Hatun, probablement turque, esclave dans le Harem de son père Murad II, devient avec la légende une dame franque de haute naissance. Héritier du trône à la suite de la mort de ses deux frères aînés, il est confi é par son père aux plus grands érudits. On dit qu’au moment de son accession au trône il parlait couramment, turc, arabe, grec, latin, perse, hébreu. Véritable personnage de la Renaissance, il s’intéresse à la littérature, à la philosophie, à l’astronomie. Sultân à 19 ans, sous la tutelle de Halil Pacha, le grand Vizir, ami de son père, il est initié à l’art de gouverner. Mais très vite il montre son esprit d’indépendance et sa détermination à n’agir qu’à sa guise, avec une obsession : la conquête de Constantinople.

Le portrait de Mehmed II

Tout en étant un grand stratège, il se révèle aussi un amateur et un mécène des arts et des lettres. Il fi t venir à Constantinople des artistes italiens, dont Gentille Bellini. Celui-ci, frère de Giovanni Bellini, beau-frère de Mantegna, y séjourna pendant 15 mois (1479) et fi t de Mehmed II, un portrait célèbre, aujourd’hui à la National Gallery de Londres.

Celui présenté à l’exposition est de son école, mais ô combien ressemblant à l’original. En buste, de trois quarts sur un fond neutre, comme il sied à l’art du portrait à cette époque. Richement vêtu d’un caftan en brocart damassé, coiffé d’un turban blanc (on dit que le Prophète l’aimait et que les anges, qui aidèrent les musulmans à Badr, étaient coiffés de turbans blancs, couleur de paradis) et rouge (le pourpre était à Constantinople le symbole du pouvoir suprême), Mehmed II porte une longue barbe.

Un homme de son siècle…

Ses yeux perçants, scrutateurs, laissent percevoir de la méfiance. Tous connaissaient son caractère dissimulé. Son enfance lui avait appris à ne faire confiance à personne. Il était impossible de deviner ce qu’il pensait et n’avait aucun désir à se rendre populaire. Mais son intelligence, son énergie inspiraient le respect. Le regard volontaire, il ne se détournait jamais des tâches qu’il s’était lui-même assignées. Son nez fin crochu s’abaisse sur des lèvres pleines et sensuelles. « Son apparence rappelait, disait-on, celle d’un perroquet sur le point de croquer une cerise ».

Ce portrait n’évoque-il pas plutôt celui d’un aigle fondant sur sa proie ? Cet homme raffiné et cultivé savait aussi se montrer cruel. Il fit subir le supplice du pal au capitaine d’un navire vénitien qui avait refusé d’obéir à ses ordres et décapiter sur le champ, tout l’équipage. Lors de l’attaque de Constantinople, les janissaires avaient l’ordre d’abattre à coups de cimeterre tout combattant abandonnant son poste. Les habitants d’une ville refusant la reddition étaient soit passés par les armes soit mis en esclavage. Il gardait pour son propre sérail, les plus avenants des jeunes enfants. Il était l’archétype d’un homme de son époque ou cruauté et raffinement se côtoient. ●(gallery)




iPhone-Santé : Des nouveautés à foison

330 – Le calcul du risque opératoire des pontages coronariens _ Outre une interface graphique particulièrement seyante, cette nouvelle application présente la particularité de présenter (pour 0,79 € !) les pourcentages de risque de la plupart des complications, décès, AVC, insuffisance rénale, durée d’hospitalisation.

Heart Surgery Risk _ Sortie : 23 février 2010 _ Editeur : Edwards Bender _ Langue : anglais _ 0,79 euros

Contacter directement votre médecin _ Deux applications gratuites : permettant d’identifier deux boutons de numérotation rapide pour envoyer un SMS ou un e-mail à votre médecin. _ Espérons que vos patients ne seront pas trop nombreux à dénicher cette application, sinon il faudra exiger de la part de l’Assurance Maladie la cotation spécifique de nouvel actes de télémédecine RSMS 001 : « réponse à un SMS » et REML 001 « réponse à un e-mail ». Ce qui devrait être possible maintenant que le député Lasbordes a fait reconnaître par la LFSS 2010, la possibilité de facturation d’un acte hors présence physique d’un patient ! _ Bien entendu ces applications sont utilisables par chacun d’entre nous pour mémoriser un autre numéro ou e-mail !

Médecin SMS _ Sortie : 20 février 2010 _ Editeur : Wuonm Web Service SL _ Langue : français, anglais, allemand, espagnol, italien, japonais, chinois _ Gratuit

Médecin E-mail _ Sortie : 2 février 2010 _ Editeur : Wuonm Web Service SL _ Langue : français, anglais, allemand, espagnol, italien, japonais, chinois _ Gratuit

Une base de médicaments « Grand public » _ Dans notre numéro 327 de décembre 2009, nous vous avions présenté la base de médicaments « Banque Claude Bernard», éditée par la société Resip (groupe Cegedim). Une nouvelle interface vient de voir le jour, beaucoup plus conviviale et simple d’utilisation pour les patients.

ImediGuide _ Sortie : 8 février 2010 _ Editeur : Resip _ Langue : français _ 4,99 euros

L’observance de vos patients Comment – pour 1,59 € – améliorer l’observance de vos patients. Voici une application que nos autorités de santé devraient diffuser gratuitement à tous les patients atteint de pathologies chroniques…

Mon pilulier _ Sortie : 25 février 2010 _ Editeur : Olivier Thomas _ Langue : français, anglais _ 1,59 euros

Une pharmacie près de chez vous _ Comment trouver une pharmacie près de chez vous ou en déplacement y compris un jour férié. Voici une application qui peut rendre service à chacun d’entre nous

Ma pharmacie _ Sortie : 27 février 2010 _ Editeur : Laurent Taupin _ Langue : français _ 0,79 euros




Excellence – Boulaouane 2006

Il est difficile, pour nous oenophiles européens, de se contenter du sempiternel thé à la menthe offert dans les pays du Maghreb, car cette cuisine raffinée épouse, avec volupté, un vin, s’il est bien choisi. Il est une constatation récurrente que les cuisines, dotées d’une forte typicité régionale ou nationale, s’accommodent au mieux de vins de la même provenance. Ainsi, nous pourrons, sans hésitation, marier les plats marocains avec des vins du Maghreb, et encore mieux du Maroc.

L’Afrique du Nord, après la colonisation française, était devenue, jusque dans les années 1960, le deuxième producteur du vin au monde. L’Algérie produisait 16 millions d’hectolitres de vin sur 360 000 hectares, dont la majeure partie était exportée, surtout en France, pour couper, renforcer et bonifier les vins, à l’époque médiocres, du Midi. Le traité d’Evian imposa d’ailleurs à la France un quota déterminé d’importation de vin d’Algérie qui ne fut pas respecté sous la pression des viticulteurs français. L’indépendance des pays du Maghreb, les interdits de la religion musulmane, la fermeture du marché français entraînèrent une baisse massive de la production de vins dans ces pays et une diminution importante de leur qualité, les exportations étant réorientées vers les pays du Nord et de l’Est de l’Europe beaucoup moins exigeants sur la qualité. Mais ces vins méditerranéens ont connu, depuis 10 ans, une révolution qualitative grâce à l’arrivée de producteurs et viticulteurs français attirés par la qualité des terroirs, les coûts productifs très intéressants et les potentialités de développement. Citons, entre autres, Gérard Gribelin, propriétaire de Fieuzal, au domaine de la Zouina au Maroc, l’inénarable couple Magrez – Depardieu au Château Saint-Augustin en Tunisie, le domaine El Bordj en Algérie. Mais, indiscutablement, ce sont les vins du Maroc qui ont le plus bénéfi cié des progrès viticoles : Sahari, Château Roselane, S de Siroua, et aussi Boulaouane.

Le savoir-faire bordelais

Les vins de Boulaouane étaient, depuis de nombreuses années, surtout connus pour leur gris : rosé pâle, puissant et aromatique. Mais cette cave a été reprise en « joint-venture » par la puissante maison bordelaise Castel qui a complètement modernisé les installations et a permis, avec la collaboration de ses oenologues, une progression qualitative remarquable. Les cépages bordelais, Cabernet Sauvignon, Merlot ont été privilégiés aux dépens des cépages méditerranéens plus productifs, mais moins nobles : Cinsault, Carignan, Alicante.

Les Celliers de Boulaouane, sis aux pieds de l’Atlas, produisent maintenant d’excellents vins dans les 3 couleurs : blanc, rosé ou gris, rouge, grâce à des sélections et méthodes culturales adaptées au climat. Les vendanges sont manuelles, les raisins rapidement réfrigérés, la vinifi cation se fait en cuve par gravité. La cuvé spéciale « Excellence », obtenue par un assemblage très précis de Cabernet Sauvignon, Merlot et un peu de Syrah, bénéficie d’un élevage de 6 mois en fûts de chêne. Cette « Excellence de Boulaouane » 2006 fait mirer une belle robe violacée brillante et déploie des arômes de fruits rouges : cerise, framboise, groseille, plus faiblement noirs : cassis. Le nez est finement boisé, vanille, cannelle et il se caractérise par ses arômes tertiaires de « vin de soleil » : eucalyptus, jasmin, muscade. La bouche est ample, pleine, équilibrée avec des tanins bien policés.

Pour en revenir à notre couscous, sur lequel nous aimons faire trôner une belle viande de mouton ou d’agneau : méchoui, mais aussi tranche de gigot, épaule ou côtelettes charnues, nous résisterons à la sollicitation habituelle des rosés d’Algérie et du Maroc. L’Excellence de Boulaouane, grâce à ses cépages bordelais et ses flaveurs ensoleillées, vous permettra un accord magnifique. Ce vin accompagnera naturellement toutes les viandes en sauce, il ne s’effacera pas devant les préparations épicées, tel le boulfaf et la redoutable harissa. Il pourra épouser des gâteaux au chocolat. Cet agréable vin que vous pouvez dénicher entre 6 et 8 euros dans les boutiques spécialisées, ne grèvera donc pas le budget de votre soirée « Afrique du Nord ».

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération




iPad : ONNI* soit qui mal y pense

329 – Tout le monde attendait la « tablette » Apple et les rumeurs sur la toile ces derniers temps étaient extrêmement prolifiques ! Pour beaucoup, ce ne devait être qu’une simple déclinaison de la gamme MacBook Air. D’autres, dont je suis, regrettaient l’absence de compatibilité entre les applications de l’App store et Léopard (Mac Os X 10.6.2)

Mais c’était mal connaître Steve Jobs et son équipe qui ont présenté lors de la dernière Keynote, une tablette tactile multifonctions baptisée iPad. Voilà une fois de plus, comme on dit maintenant, un média de rupture.

L’iPad sera, à n’en pas douter, à la micro-informatique ce que l’Iphone a été à la téléphonie mobile, dont il reprend l’ergonomie et une grande partie du système d’exploitation. Bien sûr d’autres constructeurs avaient déjà intégré un modem GPRS ou 3G dans leurs machines rendant anachronique la nécessité de se connecter sur une clé 3G, et en plus avec un fil prolongateur pour le MacBook Air : summum de l’inesthétisme ! Mais aucun n’avait intégré les fonctionnalités nouvelles des plateformes PDA comme l’Iphone.

L’Ipad version 1 sera dépourvu de cette connexion 3G se contentant d’une connexion Wifi, très insuffisante pour les vrais nomades. Heureusement la version 3G suivra très rapidement.

Pour autant les fonctionnalités dépassent largement le simple gadget. Jugez-en :

– 140 000 Apps sous la main dès le premier jour avec une connexion à l’Appstore. – Iwork entièrement revisité pour une utilisation « instinctive et manuelle » compatible avec les anciennes versions et avec Microsoft Office : Keynotes pour vos présentations, Page pour créer des documents illustrés et Number comme tableur. – Et bien sûr toute les fonctionnalités audio-visuelles habituelles Apple profite de l’Ipad pour lancer sa propre librairie en ligne. Les journaux ne seront pas en reste, une application du New York Times se présentant comme un page de journal papier, mais contenant des vidéos ou portfolios, laisse présager de nouvelles fonctionnalités médias.

Au chapitre des regrets

On notera tout de même que l’iPad n’est pas multitâches, comme peu l’être un ordinateur portable (mais est-ce le but de cette tablette ?), qu’il n’y aura pas la technologie Flash de Adobe (Apple ayant déclaré que le Html 5 était une solution d’avenir, contrairement à Flash), ce qui empêchera d’accéder à certaines pages et applications Web… et le prix attendu des accessoires. Espérons seulement que la connectique suivra.

Spécifications techniques – Ecran tactile rétroéclairé par LED de 9,7 pouces. Interface Multitouch. – Processeur 1 gigahertz – 16, 32 ou 64 gigaoctets de mémoire, avec ou sans accès 3G. _ Dimensions : Hauteur : 242,8 mm – Largeur : 189,7 mm – Profondeur : 13,4 mm _ Poids : 0,68 kg pour le modèle Wi-Fi à 0,73 kg pour le modèle 3G _ Autonomie : 10h00 d’utilisation théorique _ Prix du bonheur : de 499 $ (wifi 16 giga ) à 899 $ (wifi+3G 64 giga) Disponibilité : fin mars (wifi) et fin avril (wifi+3G)




Civilisation : nos ancêtres les langues, ces inconnues

329 – Christian Ziccarelli – Le terme « indo-européen » est de nature linguistique et non archéologique. Il regroupe sous cette appellation, à la fois un ensemble de langues apparentées, censées être issues d’une langue commune disparue, l’indo- européen (famille unique regroupant des dizaines de langues de l’Europe occidentale à l’Inde, défi nie sur trois plans : phonétique, grammatical et lexicologique), et un groupe ethnoculturel, les Indo-européens (il n’y a pas de sites préhistoriques indo-européens, ni de peuples indo-européens, mais seulement des « peuples de langue indo-européenne). Mais qui sont-ils ? Quand ont-ils existé ? Sur quel territoire (le foyer originel) ont-ils vécu ? Autant de questions auxquelles Laroslav Lebedynsky tente de répondre, à la lumière des dernières recherches archéologiques, anthropologiques voire ethnogénétiques.

Déjà dans le monde antique, Socrate avait noté la ressemblance de termes grecs et phrygiens et divers grammairiens avaient souligné les rapports entre le grec et le latin. Mais il faut attendre le XVIe siècle et le grand philosophe Leibniz pour qu’une première théorie, la théorie « scythique » se développe et connaisse une certaine fortune jusqu’à la fi n du XVIIIe siècle. ([« On peut conjecturer que cela vient de l’origine commune de tous ces peuples descendus des scythes, venus de la mer Noire, qui ont passé le Danube et la Vistule, dont une partie pourrait être allée en Grèce et, l’autre aura rempli la Germanie et la Gaule. » (essai sur l’entendement humain, 1703))] La célèbre communication de Sir William Jones, le 2 février 1796, est souvent considérée comme le point de départ des études Indo- européennes. Après avoir successivement appris le latin, le grec, le gallois, le gotique et le sanskrit, il avait acquis le sentiment que ces langues dérivaient probablement d’un ancêtre commun. Thomas Young utilise pour la première fois, en 1813, le terme indo-européen, le Danois Rasmus Rask dresse un nouveau tableau de la famille, Franz Bopp rédige une monumentale grammaire entre 1833 et 1849, l’Allemand August Schleicher (1861) établit un premier « arbre généalogique », à partir de la langue mère. Mais des incertitudes persistaient notamment après la découverte, au début du XXe siècle, des langues « thokariennes » (une branche éteinte, inconnue, parlée dans le bassin du Tarim au Turkestan Oriental) et après le déchiffrement du hittite (parlé et écrit en Anatolie à la fin du IIIe millénaire). « Si les détails constituent toujours un sujet de controverse, l’hypothèse indo-européenne elle-même ne l’est plus » (James P. Mallory)

L’indo-européen, un phénomène linguistique

Toute langue suppose évidemment des locuteurs et des porteurs : les langues n’émigrent pas, ce sont ceux qui les parlent qui le font… Ainsi, l’indo-européen, phénomène linguistique, suppose les Indo-européens, phénomène ethno culturel ([« La communauté de langue pouvait certes se concevoir, dés ces temps très anciens, sans unité de race, sans unité politique, mais non sans un minimum de civilisation commune et de civilisation intellectuelle, c’est à dire essentiellement de religion, autant que de civilisation matérielle » (Georges Dumézil, Mythe et épopée I,1968).)]. Le foyer d’origine de ce peuple a tout d’abord été localisé en Asie dans la vallée du Pamir, l’Hindou-Kouch ou encore au Turkestan, puis en Europe du Nord, en Allemagne donnant lieu à de nombreuses distorsions idéologiques de la part de milieux pangermanistes (avec les risques potentiels d’aberration, tel le concept de race aryenne appliqué au type de l’indo-européen).

Bien que plusieurs thèses aient été soutenues, la théorie des Kourganes (russe kurgan, tertre, tumulus), formulée à partir de 1956, par l’archéologue lituanienne Marija Gimbuttas, est actuellement la plus convaincante. Le foyer indo- européen, le plus vraisemblable se situerait dans les steppes, à l’époque où, notamment, cuivre et bronze sont désignés par un même terme dans plusieurs des langues indo-européennes, au chalcolithique (Ve millénaire av- JC). Cette unité culturo-ethnique se caractérise par des rites funéraires (aspersion d’ocre, érection d’un tumulus funéraire), par une économie basée sur le cheval et une société patriarcale à forte conotation guerrière. Les fouilles intensives entreprises depuis 1945 en Russie et dans les Balkans, permettent de mieux connaître ces cultures préhistoriques et les mouvements de population intervenus entre le Ve et le IIIe millénaires.

La période de formation se serait déroulée sur les deux rives de la Volga au sud de l’Ukraine et de la Russie. Une première vague d’indoeuropéanisation aurait eu lieu vers 4400-4300 av-JC en direction des régions balkano-danubiennes (culture de la céramique rubanée). La seconde vague serait partie de l’ouest de l’aile des Kourganes vers 3500-3200 av-JC entraînant la fusion des cultures des kourganes et danubiennes (culture des amphores globulaires), la troisième vers 3000-2800 av-JC des steppes ukraino-russes vers les régions balkano danubiennes (culture des tombes à fosses). Chacune de ces vagues a abouti à la formation de foyers secondaires susceptibles de poursuivre le processus d’indo-européanisation et à la différenciation des langues indo-européennes pour aboutir aux langues actuelles. Il vous reste à découvrir « de la communauté Indo-européenne aux peuples historiques ».

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|Au cours d’un séjour en Turquie, dans les années 1920, Georges Dumézil, savant à l’érudition considérable, découvre les langues du Caucase, notamment la seule langue indo-européenne, d’un peuple méconnu, les Ossètes (descendants des Alains, branche des anciens Sarmates, eux-mêmes rameau des Scythes). En 1938 il suggère l’existence de divinités indo-européennes patronnant trois fonctions sociales fondamentales : la souveraineté (comportant deux aspects : l’un magique et religieux, l’autre juridique), la guerre (soit individuelle et brutale, soit collective et plus raffinée), la production (reproduction, fertilité). _ La théorie trifonctionnelle est née : les triades se retrouvent au sein de l’organisation des panthéons (« triade capitoline » formée de Jupiter, Junon, Minerve), et sont présentes dans de nombreux rites et formules religieuses. Les mythes abondent en formules et images trifonctionnelles (jugement de Paris…). La tripartition sociale est la règle en Inde, en Iran, chez les anciens celtes etc. Il en est de même des règles de droit et de morale (« les trois péchés du guerrier » : les trois fautes commises par un héros ou un dieu guerrier dans chacun des domaines fonctionnels). Fondant la mythologie comparée indo-européenne, il a permis une première approche de la pensée du « peuple Indo européen »|(gallery)




Art gallo-romain : le trésor « méconnu » de Neuvy-en-Sullias

328 – Christian Ziccarelli – Nous sommes le 27 mai 1861, sept ouvriers tirent du sable dans une carrière proche de la Loire. En attaquant le talus haut de 3 mètres, l’un d’eux découvre au bout de sa pioche « une muraille sèche de briques superposées » d’ou émerge « la tête d’un cheval en bronze ». Dégageant la terre, d’autres objets apparaissent dans les décombres. Ils viennent de découvrir un trésor rare et inestimable de l’époque gallo-romaine. Philippe de Mantellier (1810-1884), le directeur du musée départemental historique de l’Orléanais comprenant l’importance de la découverte, réussit, après moult tractations financières, à acquérir en 1864, l’ensemble pour le Musée d’Orléans. Après cette découverte fracassante, le trésor sombre dans l’oubli le plus total, ne correspondant pas à l’esthétique de l’époque toute empreinte de classicisme. Il faut attendre 1955 et l’exposition à Paris sur la « Pérennité de l’art gaulois » pour que l’on reconnaisse enfin la qualité plastique des oeuvres exposées.

La reconnaissance des œuvres

C’est le cheval qui retiendra tout particulièrement notre attention. Il trône sur un piédestal au centre d’une salle de l’Hôtel Cabu (demeure d’époque renaissance, dite de Diane de Poitiers) consacrée à l’époque gallo-romaine en Orléanais. Témoignage exceptionnel de la grande statuaire antique en bronze, parvenu intact, c’est une pièce entièrement creuse fabriquée par le procédé dit de « fonte à cire perdue » ([Fonte à cire perdue : confection d’un modèle en cire, enrobé d’un moule réfractaire, la cire est ensuite évacuée du moule après être soumise à la chaleur d’une étuve et le métal est coulé à la place de la cire.)] (une vingtaine de pièces ont été coulées séparément pour ensuite être assemblées par soudures au bronze liquide). Sa datation reste incertaine, entre le Ier siècle avant J.-C. et le Ier siècle après J.-C. Etalon majestueux, la tête dressée, il est à l’arrêt, son attitude (antérieur gauche relevé) est comparable à un certain nombre de statues antiques romaines, en particulier à celles des chevaux de la Basilique Saint-Marc à Venise.

La tête, légèrement inclinée, les yeux grands ouverts, les nasaux frémissants et la crinière partagée en mèches épaisses de longueur inégale sont particulièrement bien figurés. Depuis sa découverte, l’inscription latine gravée sur le socle, utilisant trois modules de lettres de taille décroissante, fait l’objet d’interprétations passionnées entre les érudits. Sans discourir sur les différentes traductions, il semble être consacré à une divinité gauloise, Rudiobus (assimilé au Dieu romain Mars) et donné par la Curie de Cassicion. Surtout, lors de votre passage, n’oubliez pas d’admirer les énigmatiques danseuses nues et deux chefs-d’oeuvre de l’art animalier gaulois (le cerf et le sanglier porte-enseigne). ●

|Placé dans une cachette sommairement aménagée, ce « trésor » de bronze comprend, outre le cheval, une quinzaine de statues d’inspiration manifestement gauloise : des animaux (trois sangliers porte-enseignes, un bovidé et un cerf) et une extraordinaire collection de statuettes de 10 à 23 cm de haut (cinq femmes nues « dansant », deux hommes également nus, deux autres vêtus, l’un d’un sagum, l’autre d’une longue tunique). De style différent, un Bacchus-Hercule enfant, un Esculape, un guerrier armé à la romaine, un petit taureau et une longue trompette ont été soit importés d’Italie, soit fabriqués en Gaule d’après des modèle romains. Cet ensemble a été augmenté, en 1882, par l’acquisition de la danseuse nue et, en 1993, par celle d’une statuette d’homme nu dansant, également en bronze.|(gallery)




HTA : les données de la toile

328 – A l’occasion de la Journée Nationale de Lutte contre l’hypertension du 15 décembre 2009, le Comité Français de Lutte Contre l’Hypertension Artérielle (CFLHTA) propose sur son site www.comitehta. org son action 2009 sur « l’âge de ses artères » avec un nouveau livret téléchargeable sur le site : « Hypertendus, connaissez-vous l’âge de vos artères ? ». Les hypertendus sont invités à évaluer l’âge de leurs artères en répondant à sept questions, s’ils connaissent leur niveau de cholestérol total, d’HDL et de pression artérielle sans ou avec traitement. Une interview vidéo du président du CFLHTA, Jean-Jacques Mourad explique les enjeux du calcul de l’âge des artères de l’hypertendu. Cette évaluation peut se faire sur papier ou directement sur le site.

Sur le site du CFLHTA vous avez aussi accès aux données de l’hypertension en France via l’enquête FLAHS 2009 avec les chiffres et les diapositives téléchargeables et une interview vidéo du coordinateur scientifique de l’étude FLAHS 2009, Xavier Gired.

Une autre communication très importante du CFLHTA est centrée sur l’automesure et en particulier vers les patients qui possèdent déjà un appareil pour leur préciser les bonnes recommandations d’automesure via le livret « Mieux soigner sa tension par automesure » et le relevé d’automesure très facilement téléchargeable.

Tous les livrets du CFLHTA peuvent être commandés gratuitement sur le site www.brochures-patients.com ; vous y trouverez bien d’autres documents de toute spécialité pour vos patients.

Dans le domaine de l’HTA, pour notre pratique cardiologique, il faut bien entendu aller sur le site de la Société Française d’Hypertension Artérielle, www.sfhta.org, où vous trouverez les actualités, avec en particulier la publication de HTA info n°27 rédigée à l’occasion des 29e Journées de l’Hypertension Artérielle. Une actualisation de la rubrique « recommandations » a été faite en septembre 2009 avec la possibilité de télécharger les recommandations sur « les effets vasculaires et rénaux des médicaments anti-angiogéniques ». D’autre part, vous téléchargerez le commentaire 2009 sur les actualisations des recommandations de l’ESH de 2007 (figures 2a et 2b). La SFHTA a créé deux nouvelles rubriques dans son site, une rubrique « L’hypertension » pour accéder en particulier aux données épidémiologiques (enquête ENNS) et une sous rubrique « pharmacovigilance ».

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Enfin pour suivre l’actualité de cette discipline vous pouvez recevoir la lettre d’information de la SFHTA, i-sfhta, la nouvelle lettre électronique de l’HTA en vous abonnant sur le site. Un autre site français à consulter dans le domaine de l’HTA est le site de la Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle (FRHTA), www.frhta.org, où vous trouverez l’actualité sur l’HTA, les lettres de la FRHTA, les projets de recherche, puisque cette fondation a comme objectif principal d’initier, de coordonner et de soutenir des programmes de recherche dans l’HTA tels que ARCADIA, ENNS, la cohorte SOPHY…(gallery)




iPhone : Des applications d’évaluation

328 – EuroSCORE _ qu’il est inutile de _ présenter

Cette application récente vous permet d’évaluer le risque opératoire d’un patient devant subir une intervention cardiovasculaire. Mais aussi elle vous assure un lien direct sur le site www.euroscore.org.

Sachez à ce propos qu’il existe sur le site Euroscore des pages spécifiques d’informations destinées aux patients leur proposant même une grille d’évaluation en langage « décodé », malheureusement seulement en anglais avec un ton très « anglosaxon », telle la conclusion : « Based on the information you have provided… if 100 people like you, had an operation like yours, 5 would die during or shortly after the operation, and 95 would live. Your EuroSCORE is 5. » _ www.euroscore.org/patienteuroscore2b.html

EuroSCORE _ Sortie : 19 octobre 2009 _ Editeur : Edward Bender _ Langue : anglais _ Gratuit _ Version : 1.0

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uHearFR _ Contrôlez votre _ ouïe !

Nous nous sommes également intéressé à votre capacité auditive, ô combien importante pour un cardiologue. C’est une application est développée par Donald Hayes PhD, directeur de l’audiologie d’Unitron (fabricant d’aides auditives) _ Idées reçues : « La perte auditive ne concerne que les personnes âgées ! » En fait la majorité des personnes (65 %) ont une perte d’audition plus précoce. _ uHearFR est la version française de la célèbre application uHearTM. C’est un outil de dépistage qui vous permet d’évaluer votre capacité auditive ou celle de votre entourage voire celle de vos patients

• Trois tests : – Test de sensibilité auditive. – Test de la Parole en présence de bruit ambiant. – Questionnaire de douze questions permettant d’apprécier la performance auditive.

uHearFR _ Sortie : 1er juin 2009 _ Editeur : Unitron Hearing limited _ Langue : français _ Gratuit _ Version : 1.0




Septum auriculaire normal et pathologique

328 – L’angioplastie coronaire a contribué durant ces vingt dernières années au développement de la cardiologie interventionnelle adulte. Plus récemment, la cardiologie interventionnelle non coronaire occupe une place croissante avec des cibles thérapeutiques très variées comme les valvuloplasties, les implantations de valves, les corrections des fuites valvulaires et para-prothétiques et les interventions au niveau des cloisons cardiaques.

Une approche collective indispensable

Un abord par voie transseptale auriculaire est parfois nécessaire pour ces techniques, comme pour certains gestes de rythmologie interventionnelle. La fermeture des défauts de la cloison interauriculaire nécessite aussi une bonne connaissance anatomique du septum interauriculaire qui est détaillée dans cet ouvrage. Ces actes interventionnels non coronaires ont la particularité d’avoir le plus souvent une approche pluridisciplinaire associant aux cardiologues et rythmologues interventionnels, d’autres cardiologues, surtout échographistes mais aussi des non-cardiologues : anesthésistes, neurologues, pneumologues. Cette approche collective apparaît indispensable dans les étapes diagnostiques, mais également pour poser les bonnes indications thérapeutiques et encadrer le geste interventionnel avec une sûreté optimale. Les différentes pathologies liées à la cloison interauriculaire sont expliquées dans cet ouvrage, en insistant sur la place importante de l’imagerie non invasive. Les indications thérapeutiques sont détaillées en tenant compte des dernières recommandations. Les cardiologues interventionnels pourront trouver une description des nombreux dispositifs implantables à leur disposition.

Désireux de renseignements sur le septum auriculaire normal et pathologique, les cardiologues, mais aussi les non-cardiologues, trouveront dans cet ouvrage collectif multidisciplinaire un ensemble actualisé des connaissances diagnostiques et thérapeutiques sur ce sujet, grâce notamment aux progrès de l’imagerie échocardiographique et de la cardiologie interventionnelle.




Muscat Grand Cru Saering 2005

Alors quel apéritif recommander ? Ecartons d’emblée les alcools forts : Whisky, Gin, Vodka et autres Tequila, purs et sous forme de cocktails étranges, alambiqués ou explosifs qui n’ont, comme seul mérite, que de charger votre degré d’alcoolémie et de calories, d’animer parfois tumultueusement votre tablée et, en toute certitude, de positiver votre alcootest à la sortie. Eliminons également les apéritifs trop sucrés : vins doux ; Porto, Banyuls, Martini qui vous poisseront la bouche pour toute la soirée. Réservons les boissons anisées pour les chaudes journées de grande soif avec des mets méditerranéens, poisson grillé ou brochettes. N’abusons pas du Champagne, certes très festif, quoiqu’onéreux qui, par sa sucrosité, peut vous couper un peu l’appétit.

En définitive, la meilleure entrée en matière me semble être un bon vin blanc, soit sec, type Chardonnay qui fait fureur dans les milieux branchés des Etats-Unis, soit moelleux naturels ou muscats fortifiés, tels que nous le proposent de nombreux terroirs francais : Loire, Rhône Méridional, Languedoc, Sud-Ouest, etc.

Mais, à mon humble avis, le meilleur vin pour l’apéritif est le Muscat d’Alsace, vin vif, sec, sapide, dont le goût muscaté donne l’impression de croquer à pleine dent une belle grappe de raisin, aiguise l’appétit, sans fatiguer le palais.

Le Muscat ne représente que 2,5 % de l’encépagement alsacien et est complanté à partir du Muscat blanc et rosé à petits grains, et du Muscat ottonel, assemblés en proportions variables par les viticulteurs. Cépage noble, il se décline en Grand Cru, Vendanges Tardives et, exceptionnellement, sélection de grains nobles.

Certains viticulteurs, tel Rolly Gassmann, élaborent des Muscats fruités et un peu sucrés qui s’apparentent plus aux Muscats doux renforcés, tels les Beaumes de Venise ou les Cap Corse, mais qui font merveille pour les desserts.

Mais je préfère nettement les Muscats secs et minéraux proposés par la maison Dirler. Maintenant à la tête d’un vaste domaine de 18 hectares incluant les Grands Crus : Kessler, Kitterlé, Saering et Spiegel, Jean-Pierre Dirler est un vinificateur hors pair. Ses vignes, totalement cultivées en agriculture biologique et biodynamique, sont labourées et leurs défenses naturelles renforcées par des préparations biodynamiques, des petits apports de soufre et de bouillie bordelaise, des tisanes d’ortie, des décoctions de prèles et d’achillée. Les désherbants et engrais chimiques sont radicalement proscrits.

Son Muscat Grand Cru Saering 2005 représente, à mon avis, l’archétype de ce que doit être un grand Muscat. Issu de vignes sur terroir marno-gréseux, les raisins sont vendangés tardivement, afin d’assurer la pleine maturité phénolique éliminant ainsi les parties vertes et dures.

Après pressurage pneumatique, les jus sont fermentés, soit en foudre, soit en cuve inox pendant 1 mois, puis élevés sur lie fine pendant 9 mois, et enfin filtrés sur plaque avant la mise en bouteille. Ce Muscat Saering, d’une belle robe jaune vert, déploie, outre ses arômes muscatés, des parfums de rose, melon, citronnelle, verveine et, en vieillissant, des notes anisées et légèrement épicées, type cannelle. En bouche, il transmet une texture vive, aigue, fraîche et racée.

A l’évidence, il s’agit d’un merveilleux vin d’apéritif ouvrant avec plaisir l’appétit pour les agapes programmées.

Mais l’un des mariages les plus aboutis se fera avec des asperges fraîches, si possible d’Hoerdt, relevées d’une sauce mousseline. Les asperges, compte-tenu de leur amertume et de leur goût herbacé, sont des ennemies déclarées du vin, mais, en l’occurrence, s’accommodent remarquablement du caractère muscaté de ce cépage alsacien.

Ce vin épousera, sans difficulté, une flammekueche et une tarte fine aux tomates. Il ne sera pas désarconné, tout comme les Gewurztraminer secs, par les cuisines exotiques épicées et relevées : chinoises, thaïlandaises ou indiennes, tels des crevettes au gingembre, un bar sauce thaïe, le curry de Madras, une pastilla marocaine l’accueillera tendrement.

Servez le Muscat frais entre 8 et 10 °, ne le conservez pas en cave plus de 5 ans, et suivez, comme je l’ai initialement fait, Serge Dubs, meilleur sommelier du monde, qui recommande en première intention ce flacon pour l’apéritif dans le triple étoilé d’Illhaeusern.




Madiran Bouscasse 1998 « Coeur de Vieilles Vignes » – Alain Brumont, 32400 Maumusson-Laguian

Mais surtout silence total sur les bienfaits d’une consommation modérée en termes de prévention des maladies cardiovasculaires qui sont reconnus par des études, elles, sérieuses et incontournables. Il est maintenant prouvé que ces effets bénéfiques proviennent de molécules antioxydantes, tel le resveratrol. Nous rappellerons la récente étude néerlandaise, publiée dans le « Journal of Epidemiology and Community Health », portant sur 1 400 hommes suivis sur près de 40 ans, qui démontre que ceux qui ne boivent que du vin, sans dépasser un demi-verre par jour, ont une espérance de vie de 5 ans supérieure à ceux qui ne boivent pas d’alcool du tout, et de 2 ans-et-demi par rapport à ceux qui boivent régulièrement de la bière ou d’autres alcools.

Si l’on considère, à juste titre, que ces actions antioxydantes du vin sont liées essentiellement à leur teneur en tannins, il faudrait privilégier les cépages contenant les tannins les plus riches et les plus puissants ; ce serait alors les Madiran vinifiés principalement à partir du bien nommé tannât. Mais ce cépage, initialement, produisait, du fait cette charge tannique, des vins rudes, rustiques et astringents.

Alain Brumont a donné ses lettres de noblesse au Madiran grâce à une sélection parcellaire rigoureuse, une maîtrise stricte des rendements (sélection de cinq à six grappes par pied et d’une grappe par sarment) et une vinification experte affinée au fil du temps : dégustation des jus, pour réaliser les équilibres et assemblages, chais d’une propreté chirurgicale, dotés des technologies les plus modernes, pigeage exclusif, collections uniquement des jus de goutte, fermentation malo-lactique en barrique de chêne neuf. Avec l’assistance du maître vinificateur, Fabrice Dubosc, il a réussi à dompter ce cépage difficile, pour produire des vins profonds, puissants, mais d’une race et d’une texture impressionnantes.

Alain Brumont propose deux types très différents de Madiran : – le Montus qu’il a élaboré à partir de 1980, pour aboutir à un des plus grands vins rouges Français, ses cuvées spéciales, Prestige, et plus encore, La Tyre, étant régulièrement jugées à l’aune de Château Pétrus ; – le Château Bouscassé est le domaine familial d’Alain Brumont qu’il a progressivement agrandi en défrichant les meilleures parcelles de la crête de Maumusson et qu’il a sublimé grâce à sa science oenologique. Ã l’évidence, le Bouscassé n’a pas la finesse et la suavité du Montus, mais il recèle une corpulence et une charpente qui me plaisent tout particulièrement et qui, à mon avis, permettent des accords gastronomiques aisés et évidents.

Bouscassé se décline en différentes cuvées : Argile rouge, Bouscassé associant 65 % de tannât, des cabernets sauvignon et franc, le fer servadou, vieux cépage traditionnel et la cuvée « Vieilles Vignes », tannât à 100 %, produites à partir de vignes de plus de 50 ans d’âge, dont certaines marcottées, donc préphylloxériques.

Le Madiran 1998 « Coeur de Vieilles Vignes » est une cuvée particulière qu’Alain Brumont a dédiée à son père Alban et qui correspond, selon lui, au summum de ce qui peut se faire sur la croupe d’argile grise de Maumusson. Elle n’a malheureusement été créée que pour ce grand millésime 1998, mais je considère que les Bouscassé Vielles Vignes dans les grandes années, et je vous recommande tout particulièrement le 2005, sont très proches et souvent qualitativement équivalents.

Ce vin, à la robe très sombre, partageant au XIXe siècle avec le Cahors, le surnom plutôt péjoratif de « vin noir », exhale des parfums de fruits noirs, mûre et myrtille, de griotte kirchée, puis des arômes tertiaires de vanille, épices, et en rapport avec son âge : cuir et jus de viande. En bouche : quelle structure ! quelle puissance ! quelle virilité ! C’est le Chabal des vins !

Le Madiran, et tout particulièrement ce flacon, est le compagnon idéal pour la roborative cuisine du Sud-Ouest qui réclame un vin solide, robuste à forte charge tannique (le tannât !), pour atténuer et assimiler le caractère envahissant de la graisse, tandis que le vin désire un partenaire qui gomme son astringence.

Le Bouscassé « Coeur de Vieilles Vignes » s’épanouira avec un confit de canard aux lentilles, un magret de canard ou d’oie et, bien évidemment, tout cassoulet, faisant fi des chicanes locales de Toulouse, Carcassonne ou Castelnaudary. D’autres mariages remarquables s’accompliront avec un agneau des Pyrénées rôti aux herbes et assaisonné aux piments d’Espelette, avec le foie gras de canard chaud et aux haricots noirs pimentés de Philippe Braun (il s’agit d’une des rares situations, où le foie gras accepte de se mesurer à un vin rouge).

Mais, au-delà du régionalisme, ce vin épousera, avec volupté, une daube ou un gibier à poil, type civet de marcassin ou chevreuil mariné. On aurait tort, en fin de repas, de ne pas terminer la bouteille avec des fromages des Pyrénées : Etorki, Oussau-Iraty, Esbareich, surtout si vous les accompagnez de confitures de cerises.

Alors pourquoi ne pas jouer à fond la carte de la prévention : graisse d’oie et vin très tannique, tel le Madiran ? !

à consommer avec modération. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.