Cliniques privées : un rapport de la CFDT souligne la financiarisation du secteur

Propos recueillis par Nathalie Zenou

Dans un rapport réalisé avec le CICTAR, la CFDT étudie le comportement financier et fiscal de Ramsay Santé et formule plusieurs propositions pour lutter contre la financiarisation du secteur de l’hospitalisation privée.

« La spéculation immobilière au cœur du système de santé français : le cas de Ramsay santé ». C’est le titre du rapport publié le 15 janvier par la CFDT et réalisé en partenariat avec le CICTAR, un centre de recherches crée par un groupe de syndicats et d’organisations de la société civile pour enquêter « sur le comportement fiscal des plus grandes entreprises du monde et aider les syndicats à utiliser les données pour gagner des campagnes en faveur des travailleurs. » (cictar.org)

Si le rapport ne démontre aucune irrégularité, il interroge cependant le modèle économique des cliniques privées en pointant du doigt la spéculation immobilière effectuée par Ramsay Santé, alors même que le financement des établissements privés fait l’objet de discussion dans le cadre de la préparation du budget de la sécurité sociale.

Des fonds publics utilisés pour alimenter la spéculation immobilière

Le rapport déplore ainsi que les fonds publics soient utilisés non pas pour mieux prendre en charge les patients, mais pour alimenter la spéculation immobilière. En effet, les grands groupes de santé privés ont fait le choix, comme dans de nombreux autres secteurs, de céder les murs des établissements pour en devenir locataires et financer ainsi leur expansion. Les acheteurs sont souvent des fonds d’investissement.

Ainsi, Ramsay Santé verse aujourd’hui 200 millions d’euros de loyers chaque année, les bailleurs enregistrant des taux de marge opérationnelle supérieurs à 100%. Les auteurs du rapport s’interrogent sur la pertinence de ce modèle qui détourne selon eux de l’argent qui devrait servir à augmenter les salaires et réaliser des investissements au bénéfice des patients.

La CFDT demande la « publication des comptes de toutes les structures financées par les cotisations sociales », le fléchage des financements publics « uniquement » sur les ressources humaines et le renforcement « du rôle des syndicats » comme « régulateur et lanceur d’alerte ». Elle souhaite que les profits générés soient réinvestis et dirigés « vers des améliorations concrètes des services de santé ».

© depositphotos – Depositedhar

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