Quels sont les ressentis des médecins et des internes sur le métier, l’avenir du système de santé ou encore la lutte contre les inégalités d’accès aux soins ? C’était l’objet de la consultation « Soigner demain » proposée par le CNOM l’automne dernier. Seize mille huit cents médecins – libéraux hospitaliers ou salariés ont répondu au questionnaire en ligne dont 1 355 étudiants internes.
Un métier en manque d’attractivité
La crise sanitaire a renforcé des sentiments contradictoires : lassitude et anxiété d’un côté, accomplissement professionnel et fierté de l’autre. Ainsi 4 médecins sur 5 ressentent de la fierté et du plaisir à exercer mais seulement 70 % choisiraient à nouveau ce métier, 54 % chez les internes.
Accroissement de la charge administrative et manque de temps pour la FMC ou les actions de prévention contribuent à la perte d’attractivité du métier alors que le souhait de changer d’exercice en cours de carrière se heurte à de nombreux freins, en premier lieu le frein financier.
Des réformes à poursuivre
Près de 4 médecins sur 5 considèrent que notre système de santé reste bon mais va en se détériorant. Si les hôpitaux de proximité et les IPA ont été accueillis positivement ainsi que la suppression du numerus clausus, les GHT et les CPTS suscitent plus de réserves.
Parmi les mesures proposées par le Ségur de la santé, sont salués le renforcement du rôle des IPA et l’accélération du développement de la téléconsultation et surtout la simplification des procédures pour libérer le temps médical, la re-médicalisation de la gouvernance des hôpitaux et la hausse salariale de professionnels des hôpitaux, des Ehpad et des établissements médico-sociaux.
Réformer ou aménager ?
Les médecins sont partagés entre réformer le système en profondeur et l’aménager. Pour 4 d’entre eux sur 5, la priorité absolue est d’accroître le temps médical et de réduire la complexité administrative.
Redéfinir les périmètres et les champs de compétences entre les professions de santé pourrait être une solution qui permettrait en outre de réaffirmer le rôle du médecin comme coordinateur du parcours de soins du patient.
Pas de contrainte à l’installation
Les mesures de contrainte sont rejetées par une grande partie des médecins, notamment les plus jeunes. A contrario la revalorisation des actes en zones sous-dotées et le développement des exercices en sites multiples ont la faveur de la majorité.
Des sujets qui divisent
Les médecins restent divisés sur l’efficacité de la disparition du numerus clausus comme réponse aux inégalités territoriales ou sur la 4e année de DES pour inciter les étudiants à choisir d’exercer dans des territoires en tension.
La télémédecine n’apparaît pas non plus comme une solution partagée pour lutter contre les déserts médicaux, notamment pour les médecins exerçant dans les territoires ruraux.
L’Ordre s’appuiera sur ces résultats pour formuler des propositions dans le cadre de l’élection présidentielle.