Crémant d’Alsace – Blanc de blancs – Domaine Pfister

Amélie Nothomb a récemment déclaré « loin de moi l’idée de dire du mal des crémants d’Alsace ou de Bourgogne, mais ce sont des pétillants. Tandis que le champagne est effervescence. Et l’effervescence c’est de l’émotion, de la spiritualité en plus ». Eh bien au risque de contredire l’immense écrivaine, d’autant qu’elle confesse, sans retenue aucune, sa passion immodérée pour le champagne, je propose, à l’occasion de fêtes ou cérémonies, de déguster un crémant alsacien qui, en termes de finesse et d’effervescence, concurrence, sans difficulté, un bon champagne, et qui est élaboré par une autre femme de caractère : Mélanie Pfister.

La petite cité de Dahlenheim était déjà connue au Moyen-âge pour la qualité de ses vins ; le domaine Pfister y est implanté depuis 1780. André, le père de Mélanie, avait développé dans les années 1980-90 la viticulture en s’attachant à préserver l’intégrité des sols avant de confier en 2008 les rênes à sa fille qui représente donc la 8e génération. Au nord du Bas-Rhin, les vignobles de
Dahlenheim ne sont plus protégés par les Vosges du froid et des influences pluvieuses, le climat donc plus frais, le terroir essentiellement argilocalcaire expliquent la minéralité et la finesse prédominantes des vins.

Le domaine Pfister couvrant 10 ha comporte de nombreuses et belles parcelles comme le Silberberg ou le grand cru Engelberg (colline des anges) permettant de nombreuses cuvées parcellaires et imposant un équipement de plus de 40 cuves thermorégulées. Mélanie Pfister, après une solide formation d’ingénieur agronome à Bordeaux, et d’œnologue à Dijon, effectua de nombreux stages dans des domaines réputés comme Méo-Camuzet en Bourgogne, Cheval-Blanc en Bordelais, Zind-Humbrecht en Alsace.

Le respect de la terre et de l’environnement

D’emblée, elle marque sa préférence pour les vins secs, fuit le sucre inutile, le degré alcoolique trop important au profit du fruit et oriente l’expression du terroir vers la minéralité. La culture respecte la terre et l’environnement, élimine les produits chimiques, la conversion bio est en cours. Cette démarche a déjà permis l’obtention en 2013 du label « Haute valeur environnementale » et, en 2015, la certification « Fair’n Green » qui prend en compte le bilan carbone et l’investissement dans l’outil de production.

Le crémant assemble du chardonnay issu du terroir argilocalcaire de la Lehe qui procure beaucoup de finesse, et des pinots blancs et auxerrois des coteaux marneux d’Osthoffen qui apportent fruité et chair, donc des cépages blancs constituant un vrai blanc de blancs.

Après des vendanges manuelles, les fermentations alcooliques, puis malo-lactiques grâce à un levurage indigène, s’effectuent en cuves inox thermorégulées suivies d’un élevage sur lies fines avant l’embouteillage pour une 2e fermentation en bouteille par ajout d’une liqueur de tirage selon la méthode traditionnelle champenoise. Ce crémant de Mélanie Pfister se singularise par un élevage sur lattes particulièrement long de 38 mois jusqu’au dégorgement du dépôt de lies et l’apport d’une liqueur de dosage faiblement sucrée à 4 g/l, ce qui le fait entrer dans la catégorie des extrabruts.

Habillé d’une robe jaune d’or pâle, ce crémant, composé de 60 % de chardonnay et de 40 % de pinots blancs et auxerrois, a été récolté en 2014 et dégorgé en novembre 2017. Il fait exploser dans le verre un pétillement brillant et scintillant de très fines bulles se dégageant en cheminées continues et traçant une écume de mousse légère. La finesse de la bulle et la tenue de la mousse témoignent ainsi de la fermentation douce et de l’élevage long sur lies. Des senteurs de pain grillé et de brioche typiques de l’autolyse des levures par le long élevage avant le dégorgement envahissent le nez tout en préservant pureté, finesse, fraîcheur. A mesure que le vin s’aère dans le verre, émergent des arômes de jasmin, de pomme mûre, d’agrumes dominés par le zeste de citron structurant la belle acidité et la minéralité. La savoureuse finale dévoile des notes d’amande et une petite touche oxydative ajoutant à sa complexité.

Un merveilleux vin d’apéritif

Ce crémant vif, minéral, salivant est un merveilleux vin d’apéritif, dont l’effervescence met en valeur les petits feuilletés au fromage, les gougères, le kougelhopf salé alsacien. Mais son acidité, ses notes d’agrumes doivent aussi orienter les accords vers les produits marins : crevettes grises, rillettes de poisson, saumon fumé ou mariné, carpaccio de langoustines. Dans la suite du repas, il se mariera fort bien avec des poissons cuits à la vapeur, des Saint-Jacques au naturel, et surtout des assortiments de sushis. De façon plus inattendue, il peut clôturer votre repas sur des fromages de chèvre frais ou demi-secs, car, comme tous les blancs de blancs, il ne s’accordera pas avec les desserts sucrés.

Si vous aimez les vins marqués par la pureté du fruit, la finesse, la minéralité qui, de plus, sont à tarifs raisonnables, vous serez comblés par ceux proposés par Mélanie Pfister. Contrairement aux idées reçues qui ont classé le crémant comme « le champagne du pauvre », celui de cette vigneronne alsacienne tiendra la dragée haute à maintes bouteilles champenoises, et en tout cas ouvrira avec grâce vos agapes de fêtes.

Crémant d’Alsace Blanc de Blancs
Domaine Pfister, 53 Rue Principale – 67310 Dahlenheim

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