Domaine Saint-Nicolas

Les Rochais 2018 – Fiefs vendéens

Qui connaît l’AOC Fiefs Vendéens créée en 2011 ? Peu de spécialistes, et encore moins d’amateurs. Mais Thierry Michon, fer de lance de l’appellation, lui, est internationalement connu des professionnels, notamment des cavistes et restaurateurs, car il produit des vins, tout particulièrement blancs, bâtis pour la haute gastronomie.

Le domaine, fondé en 1960 par Patrice Michon à partir de quelques ares de vignes, fut agrandi progressivement par l’achat de terres qu’il défricha et planta de ceps autour du bourg l’Ile d’Olonne. En hommage à son enfance à Saint-Nicolas de Brem, il baptisa de son nom son domaine. Rejoint en 1984 par ses fils, Thierry et Éric, ils acquirent, au fil des ans, de nombreuses parcelles, et construisirent un chai moderne. Ils entamèrent, dès 1993, dans une recherche constante d’amélioration, la conversion du domaine Saint-Nicolas à la biodynamie, l’ensemble du vignoble étant certifié en 1998. Après le décès de son frère en 2014, Thierry fut secondé par ses deux fils, Antoine et Mickaël, qui représentent donc la troisième génération masculine. En 2015, un nouveau chai « les Clous » est construit au cœur du vignoble pour la vinification des blancs et rosés.

Le domaine s’étend actuellement sur 37 ha bordés par l’océan Atlantique, les forêts, les marais salants entre Brem et l’Ile d’Olonne en pleine Vendée, tout proche des Sables-d’Olonne. Les vignes sur des coteaux exposés sud-est aux terres argileuses, plongeant leurs racines dans un sous-sol de schistes ardoisiers et de quartz, bénéficient d’un microclimat solaire idyllique. Des roches magnétiques assureraient une protection contre les orages. Le terroir et la proximité de la mer et des marais s’expriment par une minéralité et des notes iodées présentes dans les vins. Une ferme en permaculture a été installée au cœur du vignoble pour recréer un écosystème naturel.

La biodynamie qui régit la viticulture sur l’ensemble du domaine, doit respecter un cahier des charges strict : interdiction de tout apport phyto-sanitaire, tout intrant œnologique, toute pratique pouvant modifier les équilibres naturels de la plante, et s’appuie sur trois points principaux :

  • Valorisation du sol et de la vigne grâce à des préparations issues de matières végétales (prêle, ortie), minérales ou animales (fumier auto-produit)
  • Application de ces produits à des moments précis en se référant au calendrier lunaire
  • Travail manuel du sol par des labours, binages, griffages excluant le désherbage chimique.

Une typicité étonnante

Thierry Michon a acclimaté de nombreux cépages qui surprennent dans ces terroirs vendéens, mais qui, sous l’influence de l’océan, acquièrent une typicité étonnante, pour les rouges : pinot noir bourguignon, gamay du Beaujolais, négrette toulousaine, pour les blancs : chardonnay bourguignon. Mais c’est avec le chenin, seul cépage spécifiquement ligérien, qu’il réussit, à mon avis, les cuvées parcellaires les plus percutantes : le Haut des Clos et les Rochais.

Les vendanges sont, bien-sûr, manuelles en caissettes à l’aide d’une jument, un tri intransigeant est effectué au chai, ce qui limite les rendements : 25 hl/ha pour les Rochais pur chenin provenant d’une sélection parcellaire de vignes en coteaux orientées sud-est, âgées de plus de 10 ans. Après un pressurage pneumatique, la vinification la plus naturelle possible débute par une fermentation grâce à un levurage indigène, un léger débourbage à froid, sans soufrage. Fermentation et élevage s’étendent sur 12 mois en foudres « stockinger », gros contenants en bois, pour éviter de masquer le vin par des arômes boisés.

Habillée d’une robe jaune dorée aux reflets argentés, cette cuvée «  Les Rochais  » 2018 exhale des arômes intenses de fruits exotiques, ananas, coing, de fleur d’oranger, de noisette, de miel d’acacia et de graphite. La bouche tendue, juteuse, crayeuse dévoile une minéralité omniprésente de pierre mouillée, avec des saveurs iodées (brise marine, coquille d’huître), citriques et salines. La finale séveuse, salivante légèrement crémeuse est impressionnante de longueur.

Quoiqu’originaire de Vendée, pays de bateau, de pêche, de produits marins, cette cuvée «  Les Rochais  » est un vin de gastronomie appelant des mets élaborés et mérite mieux que le classique plateau d’huîtres et de coquillages. 

En premier lieu, les poissons de mer s’imposent : la sole meunière ou avec sauce au curry, le bar grillé au fenouil et au chorizo ou rôti à la crème d’oseille et à l’embeurrée de choux, le rouget barbet saisi à la bisque d’étrilles. Les poissons d’eau douce : saumon de la Loire beurre blanc, brochet à la crème et aux herbes peuvent aussi permettre un grand mariage. 

Des chefs étoilés proposent ce chenin avec leurs plats signatures : Saint-Jacques à l’huile de sésame, shiso, roquette et lard fumé, homard bleu saisi au beurre blanc de yuzu ou avec une crémeuse de shitaké, jus court à la truffe blanche. 

Ce vin s’apprécie également avec certaines viandes : côtes de cochon noir saisies à l’os et beurre d’anchois, poularde pochée sauce aux morilles.

Thierry Michon, malgré son emploi du temps surchargé, s’attache à faire connaître ses vins dans toute la France et bien au-delà, et ainsi à promouvoir l’appellation « Fiefs Vendéens », ce qui exige beaucoup d’énergie et d’efforts. Mais on peut le rassurer, car il démontre à chaque millésime que sa région possède de grands terroirs, il faut simplement les comprendre et savoir les travailler, ainsi qu’il le répète : « c’est à la vigne que se fait le vin ».

Thierry Michon – 85340 L’ile D’olonne

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