Entretien avec Jean-François Thébaut : « L’accréditation doit devenir un état d’esprit »

345 – Pourquoi est-ce parmi les libéraux et parmi les spécialistes en chirurgie, anesthésie réanimation et obstétrique, que l’on compte le plus grand nombre de médecins engagés dans une démarche d’accréditation ?

Jean-François Thébaut : La raison en est due au mécanisme d’incitation existant : l’Assurance Maladie prend en charge une partie de la prime d’assurance en Responsabilité Civile Professionnelle (RCP) des candidats à l’accréditation, mais au-dessus d’un certain montant de la prime. Or, pour la plupart des autres spécialités, le montant de cette assurance en RCP est inférieur à ce seuil. Par ailleurs, ce mécanisme d’incitation ne concerne que les médecins ayant une activité libérale totale ou partielle, puisque les praticiens de l’hôpital public ne contractent pas d’assurance en RCP. Il est donc tout à fait essentiel de s’attacher maintenant à déployer la démarche d’accréditation chez les hospitaliers d’une part, et parmi les spécialités actuellement non éligibles au financement : cardiologues, pneumologues, radiologues, gastro-entérologues, etc.

L’extension de l’incitation financière relevant de la pure utopie, comment peut-on convaincre les médecins d’entrer dans le dispositif d l’accréditation.

J.-F. T. : Pour les libéraux, la réponse se trouve en partie dans le futur secteur optionnel. En effet, la nouvelle convention médicale signée cet été prévoit de faire de l’accréditation une condition sine qua non à l’entrée dans ce nouveau secteur. Par ailleurs, dans leur rédaction actuelle, les décrets sur le DPC – qui devraient paraître prochainement – stipulent que l’accréditation permettra de remplir son obligation de DPC. Du même coup, les organismes d’accréditation agréés bénéficieraient du financement du DPC. Incontestablement, ces deux dispositions joueront comme des facilitateurs dans la diffusion de l’accréditation. Enfin, plusieurs pistes sont actuellement étudiées par la HAS, parmi lesquelles celle de l’accréditation en équipe, qui pourrait être liée à la certification des établissements hospitaliers. Il serait également tout à fait souhaitable de développer chez les internes en formation une culture de l’accréditation, laquelle ne serait plus dès lors appréhendée comme une procédure plus ou moins contraignante intervenant dans l’exercice, mais comme intrinsèquement liée à la pratique médicale. L’accréditation qui représente à ce jour le canon de la gestion des risques, doit devenir un état d’esprit ! ■