Entretien avec Jean-Marc Davy, professeur de cardiologie au CHU de Montpellier

Pr de cardiologie au CHU de Montpellier, Jean-Marc Davy a, au titre de l’ODP2C, (1) élaboré les orientations prioritaires nationales de cardiologie pour la prochaine période triennale de DPC 2020-2022. Il précise la démarche et commente les cinq orientations qui ont été acceptées par le ministère de la Santé.

Pouvez-vous détailler la façon dont sont sélectionnées les orientations prioritaires nationales pour la cardiologie ?
Jean-Marc Davy. En préambule, il convient de rappeler que la création du DPC et de son obligation triennale, se sont accompagnées de deux types d’orientations : d’une part, des orientations prioritaires nationales générales, valables pour tous les professionnels de santé, et d’autre part, des orientations prioritaires nationales pour chaque spécialité.
Par ailleurs, il existe une possibilité d’orientations régionales qui sont laissées au libre choix des ARS, mais je pense que cela ne peut guère concerner que les territoires d’outre-mer, car en Métropole, je ne vois pas très bien quelles particularités spécifiques à telle ou telle région et relatives à la cardiologie pourraient justifier des orientations régionales. Un décret de 2015 a fixé les orientations prioritaires pour 2016, 2017 et 2018, qui ont été prorogées jusqu’en 2019.
Cette année, les CNP travaillent donc sur les orientations pour les trois années à venir, 2020, 2021 et 2022. Le ministère de la Santé a souhaité des orientations plus précises et a demandé à toutes les spécialités de proposer, à partir d’un document ministériel contenant 44 orientations prioritaires, des orientations qui ne soient pas redondantes.
Parmi ces 44 orientations, nous avons jugé que dix pouvaient être adaptées à la cardiologie. Initialement, le CNPCV a proposé 4 orientations prioritaires, dont l’une a été refusée car jugée trop large. Finalement, et après discussions avec le ministère, nous avons proposé 5 orientations qui ont été acceptées par le ministère.

Vous pouvez nous commenter ce choix ?
J-M. D. L’orientation concernant la prise en charge du syndrome d’apnée du sommeil fait écho à la Formation Spécialisée Transversale (FST) « Sommeil » de la nouvelle maquette du DES de cardiologie, tout comme celle sur la promotion des bénéfices de l’activité physique fait écho à la FST « Sport ». Quant à l’orientation relative à la bonne prise en charge des pathologies vasculaires, artérielles et veineuses, elle prend elle aussi toute sont importance dans le contexte actuel de la nouvelle maquette du DES qui s’intitule à présent DES de médecine cardiovasculaire. Il importe que nous, cardiologues, nous nous intéressions au vasculaire.
Le ministère nous avait initialement refusé l’orientation portant sur la bonne connaissance de l’innovation, mais, sensible à nos arguments, il l’a finalement acceptée. Quant à l’orientation concernant la maîtrise de l’imagerie cardiovasculaire, elle prend toute son importance au moment où il est question d’appliquer une décote sur l’échographie. Nos orientations prioritaires sont en phase avec l’actualité de la spécialité. Nous n’avons pas eu de retour du ministère depuis sa validation de ces cinq orientations. Nous espérons qu’elles seront maintenues lors de la parution au Journal Officiel qui, nous l’espérons ne tardera pas trop.

D’aucuns regrettent que certaines orientations n’aient pas été retenues, notamment celle relative à la juste prescription des examens complémentaires. Quel commentaire pouvez-vous faire ?
J-M. D. Nous ne l’avons pas proposée. Le ministère ne voulait pas de doublons. Or, cette orientation figure parmi les orientations nationales générales et c’est l’essentiel. Rien ne nous empêche d’en faire usage. Ce n’est que ponctuellement que nous irons chercher dans les cinq orientations prioritaires retenues pour la cardiologie. En outre, comme les orientations générales sont vastes et bien construites, cela facilitera les actions multidisciplinaires.

La prochaine étape pour le CNPCV va être maintenant la construction des parcours de DPC pour les cardiologues ?
J-M. D. La notion de parcours de DPC est apparue avec un arrêté de 2016 précisant qu’ils étaient la prérogative des CNP et que ces parcours devaient être mixtes, intégrant non seulement la formation continue mais aussi l’évaluation des pratiques et la gestion du risque. Pour l’heure, le CNPCV n’a écrit qu’un seul parcours de DPC, le parcours « Sommeil ». Mais je pense que nous en avons une vingtaine à minima à élaborer. Il le faut pour les cardiologues, mais c’est aussi un enjeu politique important pour consolider le rôle du CNP. Cela dit, je tiens à préciser que, selon l’arrêté de 2016, le médecin n’est pas obligé de suivre un parcours DPC, est libre de son parcours. Mais pour être validé, il faut qu’il combine FMC et validations de pratiques. n

(1) A l’origine, l’OGP2C est un organisme de DPC commun à la SFC et au SNSMCV. Ses statuts ont été modifiés pour y introduire la parité entre les 4 composantes de la profession (SFC, SNSMCV, CNCF et CNCH).

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