Geek médical : les objets connectés

Les offres d’objets connectés ont explosé cette année. Le CES (Consumer Electronic Show) à Las Vegas début janvier a confirmé cette formidable poussée. Mais il faut faire attention entre le connecté de santé et celui de plaisir. Ce n’est pas tout à fait la même chose, tant par la qualité de ses composants que par ses applications.

Fotolia_37597331_Subscription_V Malade [Converti]Des utilisateurs avides

Les objets connectés liés au « quantified self » sont maintenant légion, un art de vivre du bien-être pourrait-on dire. Activité physique, fréquence cardiaque ou qualité du sommeil sont les produits phares de cette technologie. L’évolution rapide de ces appareils connectés n’a pas été suivi de beaucoup d’effets par le législateur, tant sur la protection de l’utilisateur que du diagnostic des applications et des objets connectés.

La prOtection des données médicales

La protection des données, première et véritable source d’inquiétude des utilisateurs, n’est  couverte par aucune une loi et n’impose donc pas aux entreprises, qui fournissent des services de bien-être et de santé, une interdiction ou tout au moins une limitation dans une éventuelle utilisation commerciale (ou autre).

Imaginez simplement qu’en tant que médecin, connecté à vos patients via une application, vous avez confié l’hébergement de toutes les données médicales et personnelles chez un prestataire extérieur. Celui-ci vous rend des services (payants), certes, mais quid des renseignements confiés ?

A l’heure actuelle, ce type de données est protégé uniquement par les règles générales sur les données personnelles prévues par la France et l’Union Européenne (1).

 

La fiabilité du diagnostic ?

Il serait également utile de s’interroger sur la confiance à accorder aux applications publiées sur les stores en matière de conseil ou de diagnostic. Comment garantir les données les plus basiques, telle la fréquence cardiaque, réalisée par une application ? Sont-elles par exemple adaptées à l’état de santé réel d’une personne ?

Il y aurait plus de 100 000 applications de « santé » ou de « sport » dans les stores. Le problème est que ces applications de « santé » ne sont rien d’autre que des « applications de loisirs ». L’essentiel n’est homologué par personne. C’est une jungle commerciale !

Un service d’évaluation des applications publiées par les stores a été lancé par un médecin, Guillaume Marchand, président de DMD Santé. (2) Avec un constat sans appel sur les 8 000 applications étudiées : à peine 500 ont été jugées utiles pour la santé, soit moins de 7 %. Une autre question que le législateur devra très vite se poser : qui sera responsable en cas d’aggravation de l’état de santé de la personne après avoir suivi les conseils d’une application ?

Enfin, l’usage par un assureur des données d’un podomètre ou d’un bracelet d’activité pour donner une indication du niveau d’activité d’un assuré n’est pas de même nature que l’usage d’un capteur ou d’une application pour des questions médicales, dans le cadre d’un diagnostic ou du traitement d’une pathologie.

 

Guider le patient

Les objets connectés sont sans aucun doute un formidable avenir pour la médecine : partage des données entre médecins et patients beaucoup plus fréquentes sur certaines pathologies chroniques, comme le diabète ou l’hypertension, faciliter le dialogue entre médecins, guider le patient… les applications sont infinies.

 

En conclusion

L’utilisation de ces objets doit être rapidement encadrée et se faire dans le contexte d’un suivi médical si les applications sortent du cadre « loisirs ». Il sera dès lors possible de tirer pleinement profit des possibilités offertes. Il faudra également réfléchir à la façon d’aborder ces systèmes aux personnes âgées, car si ces objets facilitent la vie de certains, ils peuvent devenir un enfer pour d’autres.

La médecine est devant un important challenge du XXIe siècle, poussée par les utilisateurs : convaincre les médecins eux-mêmes de l’utilité de ces objets et de la capacité de leurs patients avec eux. Et pas sans eux.

(1) Une législation européenne vise à s’assurer de la fiabilité des capteurs et applications pour certifier leur intérêt. La balance Withings par exemple dispose d’un marquage CE médical, alors que l’application, elle, n’en dispose pas.

(2) DMD Santé, évalue des applications mobiles et objets connectés liés à la santé. Il proposera prochainement un programme d’analyse et de mise en évidence de la qualité des outils en santé mobile.