La chasse aux « lapins » va s’ouvrir

Lapin362-363 – Catherine Sanfourche – Selon une enquête de l’URPS de Franche-Comté, les consultations non honorées représentent l’équivalent de 5 500 consultations hebdomadaires perdues pour l’ensemble des spécialistes de la région. L’URPS veut mobiliser tous les acteurs pour combattre ce phénomène.

 Rien de plus énervant n’est-ce pas, alors que vos carnets de rendez-vous débordent, que les « lapins » que vous posent des patients qui, la plupart du temps, ne croient bon ni ne prévenir, ni de s’excuser. C’est un désagrément pour tous les médecins, tout particulièrement dans les zones sous-médicalisées où le temps médical est précieux. L’URPS de Franche-Comté a eu l’excellente idée de mener une enquête auprès de tous les médecins de la région pour tenter de quantifier ce phénomène et ses conséquences. Un questionnaire a été envoyé aux 1 140 généralistes et aux 747 spécialistes libéraux qui ont été en moyenne 17 % à répondre (davantage chez les spécialistes). Les résultats obtenus ont été extrapolés à toute la région et donnent des résultats surprenants ! Les consultations non honorées et non excusées se montent à 6 en moyenne par praticien et par semaine. Les spécialistes sont davantage touchés qui comptent en moyenne 7,4 « lapins » hebdomadaires (4,2 pour les généralistes). Cela équivaut à environ 5 500 consultations perdues par semaine pour l’ensemble des spécialistes, soit l’équivalent de 137 spécialistes équivalents temps plein…

Mais qui sont donc ces patients ?

Ils ne sont pas vraiment des inconnus pour les praticiens : 63 % d’entre eux sont repérés comme coutumiers du fait, dont 39 % de façon répétitive. Plus de la moitié (60 %) de ces patients qui « sèchent » les consultations sans prévenir sont des bénéficiaires du tiers payant, essentiellement des titulaires de la CMU. Si les actes le plus souvent concernés par cet absentéisme sont les consultations, les actes techniques le sont aussi (48,8 %) et même les actes chirurgicaux (13,6 %). Dans 90 % des cas, les « lapins » posés ne sont pas excusés et quand les patients préviennent de leur absence, c’est presque toujours (88 %) le jour même.

Comment résoudre ce problème ?

Pour la majorité des médecins (51 %) interrogés, la solution la plus efficace serait une sanction financière pour le patient indélicat. Difficile cependant de responsabiliser financièrement des bénéficiaires du tiers payant. Et peu de médecins (28 %) sont partisans d’exclure purement et simplement ces malades de leur patientèle. La CPAM du Doubs, qui a présenté les résultats de cette enquête en Commission paritaire locale, envisage une campagne de sensibilisation des patients par le biais d’un message qui figurerait sur les décomptes de remboursements. Quant à l’URPS de Franche-Comté, elle n’entend pas en rester au constat ; elle veut saisir l’ARS, les syndicats médicaux nationaux et ceux d’autres professions de santé, les institutionnels et même les hôpitaux et cliniques, qui subissent aussi ces « lapins ».