La Cnam propose de nouvelles actions de gestion du risque centrées sur les pathologies cardioneurovasculaires

Dans son rapport charges et produits de 2021 (cf la brève sur ce sujet), la Cnam propose de réaliser 1,015 milliard d’euros d’économies sur les dépenses d’Assurance-maladie en 2022.

Pour atteindre ce résultat, la caisse souhaite engager une nouvelle approche de la gestion du risque centrée sur la pathologie, avec des premières propositions d’actions sur les pathologies cardioneurovasculaires, en particulier l’insuffisance cardiaque. Celle-ci concerne plus de 1,5 million de patients et le nombre annuel d’hospitalisations s’élève à 165 000. La prise en charge de l’insuffisance cardiaque représente environ 3 milliards d’euros. Plus largement, les maladies cardioneurovasculaires constituent un candidat idéal pour une approche par pathologie de gestion du risque au regard du nombre de patients concernés et des progrès encore réalisables en matière de gestion du risque.

De ce fait – et face à la difficulté d’atteindre les objectifs d’économies de maîtrise médicalisée – la Cnam a décidé d’engager un « programme ambitieux de rénovation de sa stratégie de gestion du risque » avec trois objectifs :

  • améliorer l’état de santé de la population en contribuant à limiter l’incidence des maladies cardioneurovasculaires de manière mesurable à travers des actions de prévention ;
  • améliorer la qualité des soins prodigués aux patients souffrant de ces pathologies, notamment en améliorant le dépistage et le diagnostic précoce, le suivi au long cours et en réduisant la survenue des épisodes aigus ;
  • améliorer ainsi la pertinence et l’efficience des prises en charge des patients concernés en assurant que l’organisation du système et ses modes de financement soient en soutien de ces objectifs.

L’atteinte de ces objectifs passe par quatre types d’actions : 

  • la prévention ;
  • la réduction des coûts des soins en favorisant la coordination ville/hôpital ;
  • la réduction des épisodes de décompensation aiguë en optimisant le suivi ;
  • le développement des outils statistiques de description, de pilotage et d’évaluation de la problématique.

La nouvelle approche de la gestion du risque s’appuie sur des dispositifs existants, comme le programme Prado insuffisance cardiaque, associés à une nouvelle dynamique d’accompagnement adaptée aux acteurs de soins, aux modèles organisationnels d’exercice pluri-professionnel et aux particularités territoriales. 

Le projet de la Cnam prévoit à court-terme des actions d’information et de sensibilisation des patients, associées à un accompagnement des acteurs de soins investis dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque. Un outil de diagnostic territorial, des profils établissements, ainsi que des indicateurs de mesure d’impact seront mis à la disposition des professionnels de santé (CPTS, professionnels de santé libéraux, établissements de santé) en complément des indicateurs Rosp ou déjà prévues (Caqes 2022 visant aussi à améliorer le parcours de soins de l’insuffisance cardiaque).

Plusieurs points critiques sont identifiés dans le parcours du patient insuffisant cardiaque :

  • le diagnostic tardif lors de l’entrée dans la maladie ;
  • la gestion de la phase intra-hospitalière avec un volet diagnostique, un volet thérapeutique, pharmacologique et non médicamenteux, et un volet social ;
  • la transition médicale et sociale de l’hôpital vers la ville ;
  • les trente premiers jours de prise en charge au décours d’une hospitalisation pour décompensation d’insuffisance cardiaque ;
  • l’optimisation thérapeutique pharmacologique, facteur contribuant à réduire la morbidité et le risque de réhospitalisation ;
  • l’encadrement du patient, avec sa participation active, afin de prévenir les événements évitables conduisant à une décompensation de la pathologie et de promouvoir des circuits rapides et courts de prise en charge en cas de survenue.

Le plan d’actions de la Cnam s’articulera avec les plans d’actions des ARS et les stratégies innovantes proposées par les acteurs de soins, notamment via les projets « article 51 » portant par exemple sur la réadaptation cardiaque et la création de cellules d’expertise et de coordination, sur les passerelles entre l’hôpital et le secteur de ville (télésurveillance et transfert de compétence pour renforcer l’optimisation thérapeutique). Initié au 1er trimestre 2021, il sera déployé dans les 12 à 18 mois prochains mois et devrait délivrer ses pleins effets à moyen terme.

En savoir plus et consulter le rapport charges et produits de la CNAM

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