La rémunération sur objectifs, une (R)évolution culturelle ?

350 – La cardiologie sera la première spécialité à expérimenter cette nouvelle forme de rémunération basée sur des objectifs de santé publique. Devions-nous faire l’impasse et refuser de participer à sa conception ? Cela me paraît aujourd’hui impensable. Lors de la signature de la convention, je vous rappelle que l’une des principales demandes du SNSMCV était la revalorisation du coût de la pratique, toujours au même niveau depuis 2005. Une situation inacceptable, alors que les charges ne cessent d’augmenter. Passée aux oubliettes, la majorité du CA a préconisé l’abstention.

La convention signée, nous ne pouvions pas rester immobiles. Malgré quelques oppositions, le SNSMCV a décidé de s’impliquer dans le paiement à la performance. Il fallait choisir des indicateurs acceptables par la profession et par la CNAM. Cela n’a pas été facile. Ces indicateurs devaient faire partie de notre activité quotidienne tout en ciblant une amélioration des pratiques. Ils concernent les maladies chroniques (post SCA et insuffisance cardiaque), la prévention (HTA, antiagrégants plaquettaires) et l’efficience (IEC, ARAII, statines). Nos interlocuteurs ont été sensibles à nos arguments, l’efficience n’était pas leur seule préoccupation.

Cette rémunération sur objectifs de santé publique va-t-elle révolutionnée notre activité ? J’en doute. Est-ce « la panacée », je ne le pense pas, car si vous arrivez à remplir 100 % des objectifs, le gain espéré ne dépassera pas 4 100 € (versés en 2013), ce qui correspond en moyenne à une augmentation de l’ordre de 2 % de la masse des honoraires. Ne soyons pas dupes, l’organisation du cabinet doit être revu, il faudra posséder les logiciels métiers agréés adéquats. Tout cela a un coût non négligeable… Mais, a contrario, c’est rendre plus performant notre outil de travail.

Dans le contexte de la crise économique qui secoue l’Europe, il est évident que la rémunération sur objectifs de santé publique est le seul moyen d’avoir un complément d’honoraires. Alors pourquoi ne pas s’impliquer, d’autant que le choix des indicateurs est libre et qu’il n’y aura aucune sanction en cas de non-atteinte des objectifs. Ceux qui ont initialement refusé de participer pourront à tout moment revenir sur leur décision. Le risque est bien sûr une pérennisation du système avec un gel de la valeur des actes. Le SNSMCV en est parfaitement conscient. Le paiement à l’acte, l’un des fondements de l’activité libérale, doit rester le mode de rémunération privilégié.