L’Assurance Maladie veut dépister l’HTA « blouse blanche »

364 – Catherine Sanfourche – La Caisse nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés souhaite équiper tous les généralistes d’un tensiomètre d’automesure d’ici à 2016.

Hypertension

La CNAMTS a récemment lancé un appel d’offres pour la mise à disposition gratuite d’appareils d’automesure tensionnelle auprès des médecins généralistes qui le prêteront à leurs patients. Il s’agit de généraliser, à compter du dernier trimestre de cette année, une expérimentation lancée en mai dernier et pour six mois dans quatre départements (Aube, Aude, Isère et Tarn) visant à développer l’automesure de la pression artérielle dans le respect des recommandations de la Société Française d’Hypertension Artérielle (SFHTA). La CNAMTS souhaite conclure un accord-cadre de trois ans avec un fournisseur, qui passera à son tour des marchés avec les CPAM pour la diffusion des appareils auprès des généralistes. La livraison des appareils aux caisses devrait se faire courant octobre pour une livraison aux médecins à partir de la mi-novembre. La CNAMTS envisage la mise à disposition de 60 400 appareils, sur la base d’une demande par généraliste, chaque caisse recevant entre un et trois appareils. Les médecins pourront commander l’appareil via leur « espace pro » sur le site ameli.fr.

 

Un prêt pour une baisse des coûts

Les généralistes qui participent à l’actuelle expérimentation doivent proposer le prêt d’un tensiomètre aux patients dont la pression artérielle s’est révélée supérieure à 140/90 mmHg lors de trois consultations successives, hors HTA sévère (au-delà de 180/110 mmHg), en même temps que des mesures hygiéno-diététiques. Chaque patient concerné doit mesure sa tension artérielle trois fois le matin pendant trois jours, le médecin appréciant les résultats au cours d’une consultation de restitution. Le diagnostic d’HTA « blouse blanche » est posé lorsque cette pression artérielle automesurée est inférieure à 135/85 mmHg.

Car l’objectif poursuivi dans cette action est bien en effet d’éviter cette hypertension dite « blouse blanche » qui entraîne des mises sous traitement médicamenteux injustifiés et… des coûts, eux aussi, injustifiés pour l’Assurance Maladie. La CNAMTS évalue à 15 % les patients dont la tension élevée au cabinet du médecin s’avère normale à la maison. L’HTA « blouse blanche » serait donc responsable d’un tiers des diagnostics d’HTA chaque année.

La généralisation de ce dispositif d’automesure s’appuiera sur une campagne grand public et d’une information auprès des médecins. La CNAMTS table sur l’adhésion de 33 % des généralistes la première année, de 73 % la deuxième et sur leur adhésion massive à la fin 2016.

 

Réseaux mutualistes : le Sénat met les médecins à l’abri

Lors de sa première lecture par les sénateurs en juillet dernier, la Commission des affaires sociale du Sénat a adopté le texte de la proposition de loi relative aux réseaux de soins mutualistes en y introduisant trois amendements proposés par le rapporteur général Yves Daudigny, sénateur socialiste de l’Aisne, dont l’un est venu calmer les vives inquiétudes des médecins libéraux. On sait que l’objectif de ces réseaux est de mieux rembourser les adhérents des mutuelles qui recourent à des professionnels ou des établissements de santé membres d’un réseau agréé. Le texte adopté par le Sénat le 24 juillet précise désormais que les conventions conclues entre un réseau et un professionnel de santé, un service ou un établissement « ne peuvent avoir pour effet d’introduire des différences dans les modalités de délivrance des soins » ni « comporter de stipulations tarifaires relatives aux actes et prestations ». Des clauses tarifaires ne pourront être conclues qu’avec les chirurgiens-dentistes, les opticiens et les audioprothésistes, trois professions pour lesquelles « la part des dépenses prises en charge par l’Assurance Maladie est minoritaire ». 

En clair, rien n’empêche un médecin de passer convention avec un réseau mutualiste, mais il est interdit d’appliquer une stipulation tarifaire sur la part conventionnée de l’acte médical prise en charge par l’Assurance Maladie.