Le burn-out des médecins impacte la sécurité des patients

D’après une méta-analyse réalisée par des chercheurs britanniques , il semblerait que l’épuisement professionnel des médecins, le burn-out, soit associé à un risque doublé de soins impactant la sécurité des patients, de comportements non professionnels et de faible satisfaction des patients.

« Le burn-out des médecins a pris la forme d’une épidémie qui pourrait affecter des domaines essentiels de prestation des soins de santé, comprenant la sécurité des patients, la qualité des soins qui leur sont délivrés et leur satisfaction. Cependant, cette observation n’a pas été systématiquement quantifiée », estiment Maria Panagioli du National Institut for Health Research (NIHIP) School for Primary Care Research à Manchester (Royaume-Uni) et ses collègues. Ils ont donc cherché à établir si le burn-out des médecins était associé à un risque accru d’incident impactant la sécurité des patients, à des résultats de soins de moindre qualité du fait d’un moindre professionnalisme, et à une plus faible satisfaction des patients. 

Leur méta-analyse parue dans le JAMA a inclus 47 études observationnelles quantitatives, ce qui permis d’évaluer le cas de 42 473 médecins. L’état d’épuisement des praticiens était évalué par des mesures standardisées comme le Maslach Burnout Inventory (MBI) qui prend en compte trois aspects : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et l’accomplissement personnel. Les incidents impactant la sécurité des patients étaient les événements indésirables médicamenteux ou d’autres incidents thérapeutiques et diagnostics. 

Les chercheurs ont ainsi observé que le burn-out des médecins était associé à une augmentation statistiquement significative de 96 % du risque d’incident mettant en danger la sécurité des patients, une qualité des soins appauvrie en raison d’un faible professionnalisme et une diminution de la satisfaction des patients. Ils ont aussi observé que le lien entre le burn-out et un faible professionnalisme était plus marqué chez les chefs de clinique et les médecins en début de carrière (5 ans ou moins de 5 ans après la fin du clinicat) par rapport aux praticiens en milieu ou en fin de carrière. 

« Cette méta-analyse fournit la preuve que le burn-out des médecins peut compromettre la prise en charge des patients » concluent les chercheurs. Et face à ce constat, ils lancent un appel : « L’inversion de ce risque doit être considérée comme un objectif fondamental des politiques de santé à travers le monde. Les organisations de soins de santé sont encouragées à investir et faire des efforts afin d’améliorer le bien-être des médecins, en particulier pour ceux qui débutent leur carrière ».

4 thèmes d’études pour l’Observatoire national pour la qualité de vie au travail

Le 2 juillet dernier, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn a installé l’Observatoire national pour la qualité de vie au travail des professionnels de santé, qui réunit douze experts répartis en quatre groupes de travail. Il est présidé par le Pr Philippe Colombat. Cet observatoire a trois missions qui concernent tous les soignants et les étudiants, quels que soient leur lieu ou leur mode d’exercice : le recueil des données en matière de qualité de vie au travail, l’élaboration de propositions et d’avis et l’organisation d’un colloque annuel, le premier étant prévu en novembre 2019.
L’observatoire a commencé récemment à se réunir et a défini les thèmes sur lesquels vont plancher ses quatre groupes de travail :
1. qualité de vie au travail et nouvelles technologies ;
2. préserver les collectifs de travail comme le travail en équipe, y compris dans le secteur libéral ;
3. restructurations et qualité de vie au travail ;
4. qualité de vie au travail, qualité des soins et qualité des accompagnements.
Il paraît difficile que les groupes de travail de l’observatoire puissent éviter le sujet du burn-out des médecins au détour de leurs travaux.

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