Le médecin, un acteur de santé comme les autres ?

L’épidémie de Covid-19 aurait dû remettre le médecin au cœur du système de soins. Par leurs prises de positions fréquentes et souvent inappropriées, certains d’entre nous prennent le risque de discréditer toute la profession.

Qu’ont-ils retenu du serment d’Hippocrate ? Ces médecins spécialistes (souvent auto-proclamés) en Covid, bien plus éblouis par les lumières des médias que par les études randomisées en double aveugle, annoncent aux Français tout et son contraire sans se soucier des conséquences, sans discernement, ni humilité.

Et ces syndicats de PH qui appellent à la grève début janvier, en pleine épidémie de Covid, pendant que des entreprises meurent et que toute l’économie souffre, sous prétexte de n’avoir pas eu de réelles revalorisations, alors même qu’une augmentation de 450 millions d’euros des rémunérations annuelles pour les médecins des hôpitaux a été votée par le Parlement.

En libéral, ce n’est pas mieux, le nombre de syndicats de médecins augmente alors que nous partageons tous à peu près les mêmes idées : moins d’administratif, conservation du paiement à l’acte, maintien de la liberté d’installation. Malheureusement, les futures élections des URPS vont mettre en avant des divergences inexistantes, des annonces démagogiques, des attaques injustes, des calomnies impardonnables dont la seule conséquence sera une division plus profonde de notre profession.

Enfin, le Conseil de l’Ordre, qui se détourne de nos jeunes consœurs et confrères en ne les autorisant à remplacer qu’en fin de cursus… Dorénavant, il faudra être thésé pour remplacer en libéral. Où sont donc passés le compagnonnage et le souci de l’intérêt général ?

Devant tant de divisions et d’incohérences, les décideurs n’hésitent plus à revêtir le costume tyrannique de « contrôleur du budget de l’Assurance-maladie » en s’autorisant :

  • le droit de baisser le tarif d’un acte de façon unilatérale (retour de l’article 99),
  • en excluant les spécialistes du SAS (service d’accès aux soins),
  • en accélérant la délégation de tâches (cystite prise en charge par le pharmacien, douleur lombaire aigu par le kiné…),
  • et enfin, en limitant les innovations aux patients, créant ainsi une perte de chances par des règles administratives chronophages et contre-productives sur les hypocholestérolémiants anti-PCSK9.

Tout ceci affaiblit le rôle central et indispensable du médecin dans notre système de soins, ainsi que son rôle décisionnaire en matière de santé publique.

Vous avez compris, seul un syndicalisme fort et uni réussira à renverser cette tendance !

A nous de définir la future place que doit avoir le médecin dans notre société. 

Pour cela écoutons les anciens :

« Vous êtes maître de votre vie et qu’importe votre prison, vous en avez les clés » (le Dalai Lama).

Marc Villacèque. Président du Syndicat national des cardiologues

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