Les Français et leur santé : l’âge de raison

362-363 – Catherine Sanfourche – Plusieurs baromètres santé interrogent les Français sur leur perception du système de santé et leurs attentes. La connaissance de leurs droits progresse, leur confiance dans les professionnels de santé ne faiblit pas et ils sont satisfaits dans l’ensemble du système de santé, même s’ils disent ressentir une détérioration et constatent que le reste à charge des dépenses a augmenté ces derniers temps. Face à la nécessité de préserver le système solidaire de protection sociale, la majorité des Français estime que des économies peuvent être faites sans entamer la qualité des soins, notamment par le développement de la prévention et de l’éducation thérapeutique. 

Fenêtre sur1

En ce printemps à la climatologie hasardeuse, les baromètres fleurissent, qui auscultent les opinions des Français sur notre système de santé sous tous ses aspects. Pour la sixième année consécutive, la Collective Interassociatif Sur la Santé (CISS) a publié son baromètre 2013 des droits des malades à l’occasion de la Journée européenne des droits des patients, le 18 avril dernier (1). Le premier enseignement qu’il donne est que les Français font avant tout confiance aux professionnels de santé comme sources d’information sur la santé, médecin traitant en tête (94 %), suivi de près par les médecins spécialistes (91 %) et les pharmaciens (86 %). Viennent ensuite les complémentaires santé (72 %), les proches (70 %), les organismes publics (68 %), devant les associations (63 %). Il faut noter que si les Français sont de plus en plus nombreux à surfer sur internet en quête d’informations santé, ils accordent à ce média une fiabilité toute relative et le placent en queue de peloton (33 %). Pour autant, plus de la moitié (53 %) le considèrent comme le moyen d’être mieux informé pour dialoguer avec le médecin. Mais que les professionnels de santé se rassurent : les services de santé en ligne (consultations médicales, carnets de santé électroniques, etc.) n’inspirent confiance qu’à 24 % des Français qui, dans leur écrasante majorité (91 %) estiment qu’ils ne peuvent remplacer les services de santé traditionnels.

Interrogés sur le sentiment qu’ils ont que les droits des patients sont bien appliqués ou non, les trois quarts des Français (77 %) estiment respecté le droit d’accéder aux soins. Le droit d’être soulagé de la douleur ou celui d’être informé sur les soins reçus sont aussi largement perçus comme étant bien appliqués par plus de deux tiers des Français. Mais on remarque un décrochement significatif quand il s’agit de l’information sur le prix des soins et le niveau de leur remboursement : moins de la moitié des Français (48 %) estime que ce droit est bien appliqué.

D’ailleurs, l’aspect problématique du financement de la santé est une constante qui ressort des différents sondages. Ainsi, le baromètre santé 2013 Deloitte et Harris Interactive (2) montre lui aussi une satisfaction globale à l’égard du système de santé : 71 % des Français estiment facile l’accès aux soins et 84 % jugent satisfaisants les remboursements de leur complémentaire. Avec néanmoins un bémol : deux tiers d’entre eux estiment que le fonctionnement et la qualité de l’Assurance Maladie se sont dégradés au cours de la dernière année et les trois quarts (76 %) ont le sentiment que leur reste à charge a augmenté depuis un an. Près de 90 % des Français jugent d’ailleurs trop élevé le prix de certains actes médicaux et des médicaments. Dans ce contexte, 41 % des Français veulent que le contrôle et la limitation des honoraires libres soient une priorité gouvernementale.

Dans leur majorité, ils souhaitent maintenir le système de protection sociale en l’état ; seuls 35 % se disent prêts à voir augmenter leurs cotisations pour maintenir le niveau de remboursement de leurs dépenses de santé. Car la couverture santé est une priorité pour les Français. Plus d’un quart d’entre eux serait même prêts à ne plus adhérer au régime de base pour souscrire une assurance maladie à 100 %. Mais sans recourir à cette solution radicale, il est évident que la responsabilisation des usagers va croissant pour garantir la viabilité de notre système de santé : près des trois quarts d’entre eux estiment que les coûts peuvent être réduits sans dégradation de la qualité, 65 % sont convaincus que la prévention a un impact important sur les curatifs, 58 % qu’elle peut reculer l’âge d’entrer dans la dépendance et la moitié est favorable à la mise en place de programme d’ETP pour améliorer l’observance et limiter les coûts des pathologies chroniques ou sévères.

La période de récession que nous traversons a de quoi angoisser les Français, notamment en ce qui concerne la prise en charge de leur santé, qui reste une priorité pour eux. Mais, manifestement, ce contexte de crise les rend lucides et plus responsables : ils savent qu’on ne peut dépenser sans fin et signifie qu’ils sont prêts à tenir leur partition dans la régulation du système de santé.

(1) Sondage LH2 réalisé les 22 et 23 mars derniers par téléphone auprès d’un échantillon de 1 003 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.
(2) Sondage réalisé par questionnaire autoadministré entre les 7 et 18 février derniers auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 personnes majeures.

 

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