Les soins libéraux de liaison : un modèle qui redessine les parcours de santé

Nathalie Zenou
Face aux défis croissants des maladies chroniques et à la nécessaire réorganisation des soins de proximité, les soins libéraux de liaison structurent les parcours de santé autour de la coordination, de la prévention et de l’interprofessionnalité.

Le 22 mars, l’association APPSLL a réuni professionnels de santé, institutionnels et experts pour mettre en lumière les soins libéraux de liaison (SLL), une nouvelle forme d’exercice libéral centrée sur la coordination des parcours de soins. Ce modèle vise à améliorer la qualité, la prévention et l’efficience des prises en charge, en particulier dans les pathologies chroniques.

Un retour d’expérience concret sur l’expérimentation article 51

Dany Marcadet a présenté les résultats encourageants de l’expérimentation article 51, qui montre une augmentation significative des admissions de patients insuffisants cardiaques, notamment orientés par l’hôpital public. Ce succès témoigne de la capacité des structures SLL à répondre à des besoins sanitaires croissants, en créant une interface fluide entre ville et hôpital.

Construire des structures libérales efficaces

Les drs Maupain et Ingremeau ont partagé leur expérience de création de centres SLL, détaillant les choix juridiques possibles (SCI, SELARL, SAS), les obligations réglementaires (ERP, licences, télésecrétariat) et les acteurs clés à mobiliser. Ces témoignages constituent une ressource précieuse pour les porteurs de projets souhaitant se lancer dans cette dynamique.

Vers un parcours coordonné renforcé (PCR)

Mme Lambert, rapporteur général de l’article 51, a présenté l’évolution prochaine vers un modèle élargi : le parcours coordonné renforcé (PCR). Celui-ci prévoit une organisation encore plus structurée autour de cahiers des charges spécifiques, et pourrait s’appuyer sur des SISA pour intégrer pleinement les professionnels médicaux et paramédicaux.

Le rôle clé des infirmières en pratique avancée

Solène Mudet, infirmière en pratique avancée (IPA), a souligné l’importance de cette fonction dans le suivi des maladies chroniques et la coordination des soins. L’IPA, maillon fort des équipes SLL, contribue à sécuriser et personnaliser les parcours, tout en allégeant la charge médicale.

Ancrer la prévention dans les territoires

Les CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé) ont également été mises à l’honneur. Mathilde Moysan et Éric Myon ont rappelé l’intérêt des maisons de prévention et des protocoles de coopération pour un dépistage précoce, adapté aux besoins des populations locales.

Une approche humaine, collective et durable

Le Dr Inès Cazaubiel a partagé une vision incarnée des SLL, soulignant la force de l’intelligence collective, de la résilience et de l’ancrage territorial. À taille humaine, le modèle favorise un cadre de travail stimulant et une meilleure reconnaissance de chaque soignant.

Des bénéfices économiques et organisationnels

Enfin, l’économiste de la santé, la Dr Marie Blanquet, a mis en lumière les retombées positives d’une prévention intégrée à mi-vie, notamment sur l’autonomie fonctionnelle et la maîtrise des dépenses. L’outil numérique STANE, présenté par le Dr Thomas Cantaloup, et les apports juridiques de Maître Prezioso, ouvrent de nouvelles perspectives pour les porteurs de projet.

Un modèle d’avenir pour les soins libéraux

Les soins libéraux de liaison représentent aujourd’hui une opportunité concrète pour structurer les soins de ville autour d’un projet de santé partagé, coordonné et innovant. En croisant expertise médicale, organisation territoriale et outils numériques, ce modèle s’inscrit pleinement dans les évolutions attendues du système de santé.

© Depositphotos – Lenec Nikolai

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