Les trois visages de la dépendance

Le nombre de seniors en perte d’autonomie va passer à 2,2 millions, voire 4 millions en 2050. Près de 30 milliards d’euros sont déjà consacrés à la prise en charge de la dépendance. Le besoin de financement supplémentaire est évalué à 9,2 milliards d’euros par an d’ici 2030. Un marché plus que prometteur pour les investisseurs…

Un enjeu humain
Le vieillissement de la population est connu, mais le défi de l’avancée en âge reste devant nous : la part des 75 ans ou plus est passée de 6,6 % de la population en 1990 à 9,1 % en 2015 et devrait atteindre 14,6 % en 2040. Sur 10 personnes qui décèdent en France, 4 ont connu la perte d’autonomie – dont 2 de façon sévère – et 3 ont vécu leurs derniers jours en établissement.

Une offre diversifiée mais insuffisante
Plusieurs offres existent pour accompagner les personnes âgées, en situation ou non de dépendance :

  • établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ou non (Ehpad et Ehpa),
  • résidences services,
  • soins de suite et de réadaptation (SSR) à orientation gériatrique,
  • géronto-psychiatrie,
  • hospitalisation et santé à domicile,
  • services à la personne.

Le nombre d’Ehpad augmente régulièrement : en 2022 la France compte près de 600 000 lits contre 500 000 en 2009, mais le modèle de l’Ehpad est contesté, les Français se prononçant très majoritairement en faveur du maintien à domicile.

Concernant l’aide à domicile, le secteur souffre d’un problème d’offres lié à des difficultés de recrutement considérables, des conditions de travail difficiles, un absentéisme très élevé et un nombre record d’accidents du travail.

Un marché porteur
Il faut noter que 80 % de la dépense relative au grand âge est pris en charge par la solidarité nationale. En 2014, les dépenses publiques dans ce domaine représentaient 23,7 Mds €, soit 1,1 % de la richesse nationale, et cette part aurait grimpé à 1,2 % en 2018.

Environ 830 000 ETP travaillent dans le champ de la perte d’autonomie du grand âge. Du fait de la démographie et sans évolution de l’offre, ce nombre devrait augmenter d’environ 20 % d’ici 2030.

Pour profiter de ce marché prometteur, les spécialistes de l’hébergement cherchent à s’y intégrer en amont tandis que les acteurs du maintien à domicile médicalisent leur offre. Ainsi, les groupes d’Ehpad investissent dans des plateformes de santé pour proposer des filières complètes de prise en charge : Ehpad, cliniques SSR, psychiatriques, MCO, USLD, HAD… D’autres groupes cherchent à s’intégrer plus en amont en se positionnant sur le marché du domicile.

Quelles que soient les évolutions à venir du secteur, un point reste incontournable
Aussi prometteur que soit ce marché déjà lucratif, les opérateurs doivent se souvenir que ce n’est pas un marché comme un autre. Au-delà de la quantité de l’offre disponible, les Français témoignent d’une exigence qualitative pour permettre à leurs aînés de connaître une fin de vie aussi sereine et heureuse que possible.
Cela représente un défi majeur en termes de ressources humaines et de coût – l’encadrement et l’environnement devant pouvoir être adaptés aux différents niveaux de dépendance.
C’est aussi le rôle de l’Etat que de fixer les règles du jeu pour s’en assurer.