Livre Blanc du diabète – Entretien Alain Coulomb : « La piste de pôles ambulatoires est à explorer »

342 – Pour le coauteur du Livre Blanc, les cardiologues libéraux ont un rôle prépondérant à jouer dans la coordination des soins autour du patient diabétique.

Quel est le devenir de ce Livre Blanc du diabète ?

Alain Coulomb : C’est un peu comme une bouteille à la mer, cela va dépendre de qui le ramasse ! Il semble retenir l’intérêt si l’on en juge par les nombreuses reprises dont il a fait l’objet dans les medias. Notre intention est maintenant de le décliner dans les régions à travers cinq ou six réunions. Les ARS devraient être intéressées. Une pathologie dont le coût est aujourd’hui de 14 milliards d’euros ne peut pas laisser indifférent… Lors d’une récente visite  dans un hôpital anglais, dans un service de diabétologie, un médecin m’a expliqué que 18 % des dépenses liées au diabète étaient hospitalières, et que l’objectif était de les réduire de moitié. Il a été très étonné quand je lui ai dit qu’en France, la part hospitalière du coût du traitement du diabète s’élève à 40 % ! Il est plus que temps de réagir.

Selon vous, quelle est la place des cardiologues libéraux dans la prise en charge des malades diabétiques ?

A. C. : La pathologie du diabète a effectivement une dimension cardiologique, les cardiologues ont donc un rôle éminent à jouer dans la prise en charge des diabétiques. Ce sont d’ailleurs des professionnels qui ont largement réfléchi à la question dans le Livre Blanc de la cardiologie qu’ils ont publié il y a trois ans. Les cardiologues ont deux faces dans leur exercice ; ils sont des techniciens de très haute technicité, mais ils sont aussi des médecins confrontés à une pathologie chronique. Il faut qu’ils apprennent à gérer ces deux aspects, ou que la profession se subdivise en deux métiers différents.

Le Livre Blanc du diabète fait pourtant la part belle à l’hospitalo-centrisme. Ne pourrait-on imaginer des pôles ambulatoires cardio-métaboliques ?

A. C. : Si nous semblons pêcher par hospitalocentrisme, c’est bien inconsciemment, car l’axe majeur du Livre Blanc est bien la prise en charge des patients diabétiques par la médecine de ville. Cela dit, plus de la moitié des diabétologues travaillent à l’hôpital. Quant à la suggestion de pôles cardio-métaboliques, c’est une piste peu explorée, mais je trouve excellente l’idée de pôles élargis.

Les ARS sont-elles vraiment le passage obligé de toute initiative, comme le suggère le Livre Blanc ?

A. C. : Les agences régionales de santé n’ont pas d’autres choix que de s’intéresser à tout ce qui peut permettre de sortir de l’hospitalocentrisme, précisément, et si elles ne le faisaient pas, on pourrait s’interroger sur leur utilité. Il est difficile de nier que la loi leur confère un rôle tout à fait prépondérant dans ce domaine.