Revenus 2004 des cardiologues : 48 % de charges

Premier motif de surprise, ces deux sources ne concordent pas entre elles : pour le même exercice 2004, la Caisse nationale, qui base ses calculs sur les relevés SNIR des praticiens, arrive à une recette moyenne totale de 220.974 € tandis que la fédération d’AGA arrive à 202.300 € !… Pratiquement 10 % de différence, une paille !

Celle-ci s’explique évidemment : la Caisse tient compte de tous les cardiologues, à exercice « classique » ou praticiens interventionnels. Elle n’exclut pas de ses 4.073 recensés tous les hospitaliers disposant d’un secteur privé et les médecins n’ayant pas eu une activité « significative » dans l’année (installation ou départs cours d’exercice comptable). Pour finalement arriver à un chiffre d’affaires sensiblement senblable de 220.974 € en secteur 1 et 221.050 € en secteur 2.

Cette apparente parité de revenus est pourtant faussée par la perspective statistique qui ne sait pas isoler les cardiologues interventionnels. Selon une estimation des caisses, rapportée par le Dr Jean-François THÉBAUT, les cardiologues interventionnels – au nombre de 300 environ, pratiquement tous en secteur 1 – représentent 13 % du chiffre d’affaires global de la spécialité. Le redressement comptable permettrait donc de créditer, sous cette hypothèse, le revenu brut d’un cardiologue « classique » à honoraires opposables d’un niveau de 205.000 €environ, effectivement plus proche de celui avancé par les AGA. Comparaison n’est pas raison pour autant… L’UNASA se prévaut de réaliser ses statistiques sur ses 1.348 adhérents ; à croire que les plus nantis ne se recrutent pas dans ses rangs… Toutes les explications sont sans doute recevables pour expliquer ces « biais » qui n’intéressent, au demeurant, que les experts. On notera à ce propos que si les statistiques de démographie, contradictoires il y a quelques années encore (au moment de confectionner notamment le Livre Blanc), atteignent aujourd’hui un bon niveau de crédibilité, c’est parce que les différentes sources ont consenti à se concerter. La question posée dans ces conditions est de savoir pourquoi il n’en irait pas de même concernant les honoraires, surtout depuis que la CCAM a prévu une double évolution des honoraires, l’une des composantes étant justement fondée sur l’évolution des charges.

Les charges tiens ! Sous réserve de la représentativité de l’échantillon invoquée par l’UNASA, le « fromage » ci-dessus livre donc sa distribution détaillée. Concernant son évolution, on observe qu’il a atteint, en 2004, 48 % des recettes. Ce niveau de charge diminue inversement avec le niveau de recettes : il représente 54,87 % dans la plus basse tranche d’honoraires ( 252700 €).

D’après les AGA, la hausse des charges a été plus modérée en 2004 qu’en 2003 ; on notera que le chapitre souvent le plus lourd dans l’enveloppe de charges – les cotisations sociales personnelles – est lui-même très lié aux revenus de l’année n-2. L’inertie des charges sociales rend donc délicates les comparaisons.

Concernant un autre point, qui a récemment défrayé la chronique dans la presse grand public, à savoir le recours aux dépassements, le diagnostic de la caisse livre un « non-lieu » sans nuance aux cardiologues : en secteur 2 (et secteur 1 + DP), le taux moyen de dépassement reste étale, à un niveau de 22,5 % depuis trois ans (à comparer aux 60 % en gynécologie, 57 en dermatologie, 53 en rhumatologie, 52 en chirurgie ou 47 % en pédiatrie)…

En secteur 1, les dépassements – légaux (DE) ou moins (tarif syndical) – ont plafonné à 0,4 % à comparer aux 6,5 % en gynéco, 3,7 % en chirurgie, 3,2 % en dermato… Dans le même temps, la moyenne des spécialistes de secteur 1 dépassait de 2,6 % en moyenne en 2004, générant une recette supplémentaire de 5500 €. Contre moins de 1000 € en cardiologie !

Le dépassement est décidément un art difficile en cardiologie. Dont et y compris le fameux tarif syndical dont le mot d’ordre ne s’est manifestement pas imposé dans la spécialité.

Jean-Pol Durand(gallery)