Par Vincent Pradeau.
Président du Syndicat national des cardiologues –
Pour faire court, l’organisation de la formation médicale actuelle conduit à écarter 90 % des candidats à l’entrée en PASS, après avoir pour un bon nombre d’entre eux payé une préparation privée. La voie alternative par la LAS reste extrêmement contingentée de par son opacité, parfois volontairement entretenue par les universités et le conservatisme ambiant par rapport à la voie considérée comme royale.
Moyennant quoi, ceux qui ont les possibilités financières s’exilent en Roumanie, en Belgique, en Espagne, au Portugal pour faire leurs études médicales, et entendent à longueur de fil d’actualité que la France manque de médecins.
Pour ceux qui ont passé ce premier obstacle, les enquêtes se succèdent pour montrer la part grandissante des troubles anxieux, des troubles dépressifs, la souffrance au travail et l’insatisfaction par rapport aux études conduisant à un abandon pur et simple ou à ne pas exercer une fois diplômé.
Nous laisserons le bénéfice du doute à la nouvelle réforme de l’internat qui est active depuis cette année.
Quant à la formation médicale continue, pourtant déontologiquement et réglementairement obligatoire, le rapport de la Cour des comptes pour la commission des affaires sociales de l’Assemblée de septembre dernier est accablant.
Les capacités de mémorisation, de recueils d’information, d’analyse multiparamétrique qui ont présidé à la sélection des candidats jusqu’à maintenant, sont profondément remises en cause par la révolution numérique et algorithmique en cours. Cela interroge nécessairement sur le profil des candidats qui doivent être recrutés et sur le type d’évaluation à mettre en place. Evaluation des pratiques, facteurs humains et gestion des risques, dimensions épidémiologiques et sociologiques, capacité managériale et de médiation, sont les nouvelles frontières des futures formations.
Imaginer que la simple augmentation volumétrique réglera la situation est une illusion. C’est bien une réforme copernicienne qu’il faut engager.
A quand une école 42 appliquée à la formation médicale ?
Cardiologiquement Vôtre
Le Cardiologue n° 460 – décembre 2024