Les hôpitaux publics estiment que l’instabilité politique est « dommageable » et appellent à nommer un ministre « rapidement »

(franceinfo:) Pour les Jeux olympiques, les établissements « sont en ordre de marche » et les services « resteront accessibles », a par ailleurs déclaré le président de la Fédération hospitalière de France, Arnaud Robinet… [Lire la suite]




Paris 2024 et Covid : Frédéric Valletoux, rassurant, suit la situation « de très près », certaines délégations déjà touchées

(What’s up Doc?) Le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux s’est dit « vigilant » ce matin sur franceinfo face à la menace que le Covid fait peser sur les JO-2024 (du 26 juillet au 11 août), mais les autorités n’ont pas relevé « d’explosion » des cas… [Lire la suite]




Le sémaglutide est-il également anti-inflammatoire ?

(Medscape – Liam Davenport) Le sémaglutide, médicament contre l’obésité, est associé à des réductions significatives du marqueur inflammatoire protéine C-réactive de haute sensibilité (CRP), même chez les patients qui ne perdent pas beaucoup de poids avec ce traitement, selon les données de l’essai clinique SELECT… [Lire la suite]




Retraite des HU : les décrets parus déçoivent

(Medscape – Jean Bernard Gervais) Inscrite dans la loi du 27 décembre 2023 « visant à améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels », dite loi Valletoux, la réforme de la retraite des Hospitalo-universitaires a fait l’objet de deux décrets publiés au Journal officiel du 9 juillet. Le but de cette réforme étant de rendre la retraite hospitalo-universitaire bien plus attractive qu’elle ne l’est actuellement… [Lire la suite]




L’IA pour prédire la progression d’un déclin cognitif léger vers la maladie d’Alzheimer

(TICsanté – Julie Mabileau) Un modèle automatique utilisant l’intelligence artificielle (IA) permet de prédire la progression d’un déclin cognitif léger (MCI) vers la maladie d’Alzheimer en six ans avec une bonne sensibilité en analysant la parole, dans une étude publiée dans Alzheimer’s & Dementia… [Lire la suite]




Paris 2024 : Alerte au Covid, plusieurs athlètes belges positifs

(What’s up Doc?) Plusieurs athlètes belges des JO-2024, dont le nombre et l’identité n’ont pas été dévoilés, ont récemment été testés positifs au Covid-19 et sont contraints de différer leur départ pour Paris, a rapporté le médecin du comité olympique belge au journal Het Laatste Nieuws ce matin… [Lire la suite]




Diabète de type 2 : les analogues du GLP-1 protecteurs face aux cancers liés à l’obésité?

(Medscape – Vincent Richeux) Chez les diabétiques de type 2, le traitement par analogue du GLP-1 serait associé à une réduction du risque de développer dix cancers liés à l’obésité, comparativement à l’insuline, selon une large étude de cohorte américaine portant sur plus d’un million d’individus[1]. À l’inverse, un surrisque de cancer du sein et du rein est pour la première fois suggéré… [Lire la suite]




Le nombre de « lapins médicaux » en baisse

(Medscape – Jean-Bernard Gervais) La loi pour punir les patients qui n’honorent pas leur rendez-vous médical chez le médecin verra-t-elle le jour, eu égard à l’instabilité politique actuelle ? Dans tous les cas, quel que soit le prochain ministre de la Santé chargé du dossier, il pourra s’appuyer sur les données de la plateforme de rendez-vous en ligne Doctolib. Le 3 juillet, pour la troisième année consécutive, Doctolib a en effet publié ses statistiques… [Lire la suite]




Évacuation de victimes : l’unité hospitalière mobile EVACARe reprend du service pendant les JO

(Medscape – Stéphanie Lavaud) À l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, les services de santé et de secours, notamment les SAMU, se préparent à toute éventualité, y compris un éventuel afflux massif de victimes. De fait, le SAMU 92 de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) à la demande de la Direction Générale de la Santé, remet en service l’unité mobile hospitalière (UMH) collective : « EVACARe »… [Lire la suite]




Panne mondiale de Microsoft: pas d’incidence majeure sur les hôpitaux français (ministère)

(TICsanté – Bruno Decottignies) Le cabinet du ministre de la santé et de la prévention sortant, Frédéric Valletoux, assure auprès d’TICsanté/APMnews que la panne Microsoft qui a affecté des réseaux informatiques professionnels de par le monde le 19 juillet n’a pas eu d’incidence sur le fonctionnement et la prise en charge des patients dans les hôpitaux de France… [Lire la suite]




Dr Yannick Neuder, un cardiologue nouveau rapporteur général du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale

(What’s up Doc?) Le député isérois Dr Yannick Neuder, cardiologue de profession, a été élu aujourd’hui rapporteur général du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale. Cette nomination marque une étape importante dans la carrière politique de ce membre du groupe « Droite républicaine » et de la commission des Affaires sociales… [Lire la suite]




Attention à l’interaction entre la warfarine et le tramadol 

(Medscaoe – Dr Sheena Meredith) L’Agence de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA) du Royaume-Uni a publié une mise à jour sur la sécurité des médicaments concernant le risque d’interactions médicamenteuses entre l’anticoagulant warfarine et l’analgésique tramadol… [Lire la suite]




Maladie cardiaque pédiatrique : la piste d’une valve en collagène

(Medscape – Stéphanie Lavaud) Créée à partir de collagène humain issu de cultures cellulaires, une valve ouvre de nouvelles pistes pour le traitement de maladies cardiaques pédiatriques, comme la tétralogie de Fallot. L’étude a été publiée dans la revue Science Translational Medicine… [Lire la suite]




Xylitol et érythritol : des édulcorants à risque cardiovasculaire ?

(Medscape – Nadine Eckert) Selon une étude publiée récemment dans l’European Heart Journal , le xylitol, un édulcorant naturel très populaire aussi appelé « sucre de bouleau », pourrait être associé à un risque accru de maladie cardiovasculaire. L’année dernière, des chercheurs avaient obtenu des résultats similaires pour l’érythritol… [Lire la suite]




Le premier anti-PCSK9 oral prometteur pour réduire le cholestérol dans un essai de phase 1

(Medscape – Liam Davenport) Le premier inhibiteur oral de la PCSK9 (AZD0780) semble être efficace pour réduire le cholestérol LDL et avoir un effet synergique avec les statines, d’après un essai préliminaire de phase 1… [Lire la suite]




Dépression pendant la grossesse ou post-partum : facteur de risque de maladies cardiovasculaires

(Medscape – Stéphanie Lavaud) Les femmes diagnostiquées comme souffrant de dépression périnatale sont plus susceptibles de développer une maladie cardiovasculaire au cours des 20 années suivantes que les femmes ayant accouché sans avoir souffert de dépression périnatale. L’étude a été publiée aujourd’hui dans le European Heart Journal… [Lire la suite]




La réadaptation cardiaque en cabinet


La réadaptation cardiaque est indiquée dans de nombreux cas. La littérature en démontre largement les bénéfices et elle bénéficie aujourd’hui de recommandations internationales de grade I A sur la base de l’evidence-based medicine.

TOUT SAVOIR SUR

la réadaptation cardiaque

EN CABINET

Sommaire


Accédez au dossier (réservé aux abonnés)

1. LA RÉADAPTATION CARDIAQUE EST INDIQUÉE DANS PLUSIEURS INDICATIONS MAIS TROP PEU DE PATIENTS EN BÉNÉFICIENT

2. LES RECOMMANDATIONS 2018 DE LA SFC POUR LES ÉPREUVES D’EFFORT

3. FAIRE DE LA RÉADAPATATION CARDIAQUE EN VILLE

4. EVALUATION DES RISQUES ET STRATÉGIES DE PRÉVENTION

5. ZOOM SUR LES EXPÉRIMENTATIONS SLL
– L’EXEMPLE DU SISA CENTRE DE PRÉVENTION ET DE PROMOTION DE LA SANTÉ – STRASBOURG

Auteurs : Benoît Lequeux – Thierry Garban

Coordination : Nathalie Zenou

Vous pouvez nous contacter au SNC – Tél : +33 1 45 43 70 76 ou par mail

Le Cardiologue n° 458 – mai-juin 2024

© Monsitj – Vska – Depositphotos





Une clôture, une ouverture, des interrogations

Par Vincent Pradeau
Président du Syndicat national des cardiologues

La clôture, c’est celle des négociations conventionnelles avec la publication au Journal officiel de l’arrêté portant approbation du texte le 20 juin.

Vous trouverez dans ce numéro sous la plume experte de Fréderic Fossati, l’essentiel de ce qui concerne le cardiologue ainsi que le calendrier d’application.

L’ouverture, c’est l’arrivée à terme de l’article 51 structure libérale légère portée par Dany Marcadet et soutenues par le SNC qui occupe notre dossier central de ce numéro du Cardiologue. Cette expérimentation menée sur trois sites (Paris, Reims et Strasbourg) avait pour but de démontrer la faisabilité d’une prise en charge en cabinet de ville de la réadaptation cardiaque.

Elle arrive en phase finale d’évaluation avec des signaux positifs pour sa transposition dans le droit commun. Au-delà de l’indépendance qu’elle assure par rapport aux structures d’hospitalisations, je suis persuadé que c’est une des modalités possibles mais bien sûr pas unique de ce que pourrait être l’évolution d’un cabinet de cardiologie libérale.

Des interrogations, elles sont nombreuses quant à la percussion du calendrier politique avec l’activité syndicale.

Nous avons déjà dû affronter la profusion de décrets et d’arrêtés publiés à la hâte avant la fin de la mandature en application de la loi Rist concernant pour nombre d’entre-eux la délégation de tâches débridés.

La seconde source d’inquiétudes est l’amplitude du jeu des chaises musicales dans l’administration de la santé.

La troisième qui lui est liée est l’impact que cela aura sur les dossiers en cours : autorisation TAVI, groupe de travail sur les coefficients de charges, sur les équipes de soins spécialisées, Vague 2 du Ségur numérique, etc.

Cardiologiquement Vôtre

Le Cardiologue n° 458 – mai-juin 2024




Convention médicale 2024-2029 – quoi de neuf ?

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Nouvelle convention médicale – quelles conséquences au quotidien pour les cardiologues ?

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Nouvelle convention médicale – L’analyse de Vincent Pradeau, président du SNC

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La convention 2024-2029 en synthèse

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Nouvelle convention médicale – L’analyse de Patrick Gasser, président d’Avenir Spé

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Nouvelle convention médicale – L’analyse de Franck Devulder, président de la CSMF

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La réadaptation cardiaque en cabinet

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Savoir analyser la littérature médicale [16]

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Recommandations pour l’évaluation et la prise en charge cardiovasculaire des patients devant avoir une chirurgie non-cardiaque – 5e partie

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À cause de l’instabilité politique, les infirmières attendent toujours les décrets qui doivent renforcer leur rôle dans le parcours de soin

(What’s up Doc?) Plus d’un an après l’adoption de la loi « Rist » pour améliorer l’accès aux soins, qui a renforcé le rôle des paramédicaux, certains décrets d’application manquent toujours et des représentants d’infirmières s’impatientent, craignant que la crise politique les relègue aux oubliettes… [Lire la suite]




Le premier anti-PCSK9 oral prometteur pour réduire le cholestérol dans un essai de phase 1

(Medscape – Liam Davenport) Le premier inhibiteur oral de la PCSK9 (AZD0780) semble être efficace pour réduire le cholestérol LDL et avoir un effet synergique avec les statines, d’après un essai préliminaire de phase 1[Lire la suite]




JO 2024 : comment s’informer sur la situation sanitaire pendant les jeux ?

(Medscape – Fanny Le Brun) Tout rassemblement de population peut être à l’origine d’une augmentation des risques sanitaires. C’est pourquoi, à l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) 2024,  Santé publique France  est pleinement mobilisée pour mettre en œuvre un dispositif de veille sanitaire et de surveillance épidémiologique renforcé… [Lire la suite]




Comment l’assurance maladie compte économiser 1,5 milliard en 2025

(Medscape – Jean-Bernard Gervais) Selon le rapport provisoire « Charges et produits de l’assurance maladie pour 2025 », qui a été présenté le 4 juillet devant le conseil de la caisse nationale d’assurance maladie (et évoqué dans la presse), la Cnam compte serrer la vis l’an prochain, en escomptant des économies de l’ordre de 1,5 milliard d’euros… [Lire la suite]




Ecosanté – les défis éthiques et sociétaux

Quand soigner détruit la planète, c’est le crédo des voix qui s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer une médecine qui n’assume pas ses reponsabilités devant l’empreinte climatique qu’elle génère face à ce qu’elle promeut : soigner les humains. C’est l’une de grande question du moment : peut-on continuer à améliorer la santé tout en réduisant l’impact environnemental ?

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 458 – mai-juin 2024

«Il y en a marre de cette psychose verdâtre. Le réchauffement suit les cycles naturels de l’activité solaire et du mouvement des planètes. Dans 20 ans on rigolera bien de cette vaste escroquerie, enfin ce sera un rire jaune,vu l’argent massif investi en pure perte… » Les réseaux sociaux sont remplis de ces messages qui contredisent les derniers rapports d’expertises et de ce que nous voyons de nos propres yeux… Croire ou non, l’être humain, qui ne compte que pour 0,1 % de l’ensemble de la biomasse terrestre (550 Gt de carbone) et 3 % de la biomasse animale (2 Gt), a un impact démesuré sur la nature qui s’est accéléré au fil du temps, avec la domestication, l’agriculture et la révolution industrielle. (1)

Dans le secteur de la santé, l’empreinte climatique est responsable de 4,4 % à 5 % du total des émissions de carbone dans le monde et contribue donc de manière significative au changement climatique. C’est pratiquement deux fois plus que l’aviation  (2,9 %) et l’équivalent aux émissions de 514 centrales à charbon. Si le secteur de la santé était un pays, il serait le cinquième plus gros émetteur de la planète.

En 2021, l’empreinte carbone était estimée à 604 millions de tonnes équivalents CO2 (Mt CO2 eq). (2) 

 

L’EMPREINTE CLIMATIQUE

 

Dans le monde

Les émetteurs les plus importants dans le secteur de la santé sont les États-Unis, la Chine et les pays de l’Union européenne, qui représentent plus de 56 % de l’empreinte climatique mondiale. 

Par habitant,  ce sont les États-Unis qui émettent la part la plus importante. Le secteur de la santé chinois, de son côté, émet un septième des gaz à effet de serre par personne comparé à celui des États-Unis et un peu moins de la moitié de celui de l’Union européenne et six fois plus que celui d’Inde.

 

En France

Quant au système de santé français, il est responsable en moyenne de 49 millions de tonnes de CO2(2), soit près de 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. (3) Après la baisse historique des émissions (- 9,0 %) liée à la crise du Covid-19, l’empreinte carbone a de nouveau augmenté de 7,4 % entre 2020 et 2021. 

Répartition des émissions de gaz à effet de serre du secteur de la santé (MtCO2e [1])


Source : The Shift Project 2023.
(1) Le CO2e (ou CO2 équivalent) est une unité de mesure visant à uniformiser l’effet climatique des différents gaz à effet de serre, comme le méthane ou l’oxyde nitreux.

RÉDUIRE L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL DES SOINS DE SANTÉ

Toutes les activités du secteur santé sont concernées par les émissions de carbone qui proviennent notamment des chaînes d’approvisionnement, des consommations d’énergie dans les bâtiments, des transports et de l’élimination des déchets médicaux. La part du lion des émissions, soit 71 %, provient principalement des chaînes de fabrication : production, transport et traitement de biens et services (médicaments et autres composés chimiques, produits agroalimentaires et agricoles, équipements médicaux, équipements hospitaliers et instruments).

 

LA PLACE DES MÉDECINS LIBÉRAUX

L’empreinte carbone des médecins libéraux en France n’a pas de documentation précise, mais les aspects à considérer sont identiques à ceux affectant le secteur de la santé en général (hôpitaux, centres médico-sociaux), à savoir les déplacements quotidiens, les visites à domicile, les sources d’énergie des locaux. L’utilisation et la gestion des équipements médicaux et des consommables (gants, seringues, masques, produits divers) – quant à eux – génèrent doublement des émissions de par leur production et leur élimination. Les déchets médicaux, incluant les produits chimiques, les médicaments périmés et les équipements à usage unique, nécessitent des traitements spécifiques qui peuvent être énergivores. Cette part des médicaments et des dispositifs médicaux (DM) représente la moitié des  émissions du secteur de la santé.

Enfin, l’utilisation du numérique (ordinateurs, serveurs, téléconsultations), comme dans tous secteurs hors santé, a également une empreinte carbone associée non négligeable.

 

La conviction de jeunes médecins

En marge du Ségur de la Santé de 2020, de jeunes médecins avaient déjà publié une tribune incitant l’Assistance publique à prendre des mesures rapides de réduction de la pollution :

  • Réduction des déchets plastiques (objectif de - 50 % en deux ans).
  • Création de composts afin de réduire le transport de déchets organiques.
  • Réduction de la quantité de déchets consommables (draps jetables, papier, échographies).
  • Réduction de la quantité de déchets à risques infectieux par l’achat de matériel et généralisation d’une économie circulaire en créant des filières locales afin de revaloriser les quatre matières composant ces déchets infectieux (plastique, métaux, verre, non tissé).
  • Création de transports en commun, covoiturage et de tous moyens alternatifs au sein des hôpitaux.

Depuis la Loi Grenelle de 2009, les établissements de santé sont tenus de déclarer chaque année leur bilan énergétique, mais seulement un tiers (32 %) ont fait connaître leurs résultats, ce qui est peu vu l’urgence du climat actuel.

 

Le cabinet médical

Le cabinet médical doit intégrer dans son process les trois principes d’écoconception des soins : l’impact sur les milieux naturels, l’impact sur la consommation des ressources et l’impact sur la santé humaine.

L’écoresponsabilité se définit, selon l’Ademe, (4) par de « nouveaux choix de gestion, d’achats, d’organisation du travail, des investissements et de la sensibilisation du personnel ». Ainsi prise en compte, celle-ci permet de maîtriser l’impact environnemental du cabinet en réduisant au maximum les émissions de gaz à effet de serre ainsi que la pollution des milieux (rejets dans les milieux naturels) et la consommation des ressources (celle-ci a triplé en cinquante ans). 

Cette écoresponsabilité se présente sous plusieurs points :

  • Accomplissement d’une démarche d’achat responsable portant sur les produits de santé, 
  • Maîtrise de l’impact des médicaments avec l’ecoprescription des dispositifs médicaux, des cosmétiques ou des composés controversés. Les Français sont les troisièmes consommateurs de médicaments au monde avec 170 000 tonnes de médicaments vendus par an. Quid des médicaments non utilisés ? La plupart ignorent qu’il existe un cercle vertueux du recyclage, et le professionnel de santé (médecin, pharmacien…) doit initier et inciter les patients à ce recyclage afin d’éliminer les principes actifs et les effets secondaires indésirables sur l’environnement, les règles environnementales pour l’élimination des médicaments non utilisés étant très strictes.
  • Intégration d’une sobriété chimique (par exemple la maîtrise des perturbateurs endocriniens ou des nanomatériaux).

Les médecins gagnent ainsi à devenir les acteurs et ambassadeurs de cette transition écologique en étant dans leur rôle de prévention et de promotion de la santé.

La médecine dite écologique s’appuie sur des principes plutôt simples et logiques en cherchant à créer des conditions indispensables à une bonne santé en considérant également que la planète est également au chevet du médecin, dans la mesure où le patient qui bénéficie des soins du médecin appartient à cette dite planète. Elle soutient également qu’aucune pratique médicale ne doit en elle-même causer de dommages à d’autres espèces ou à l’écosystème.

Des sites internet existent pour s’informer et rendre les cabinets plus écologiques dans leur fonctionnement et leur durabilité, tels doc-durable.fr ou santedurable.net.

(1) Sam ALtman : pdg d’OpenAI (ChatGPT)
(2) DALL-E : programme d’intelligence artificielle générative, capable de créer des images à partir de descriptions textuelles.
(1) biodiversite.gouv.fr (1) Le CO2e (ou CO2 équivalent) est une unité de mesure visant à uniformiser l’effet climatique des différents gaz à effet de serre, comme le méthane ou l’oxyde nitreux. (2) Selon un rapport du think thank The Shift (theshiftproject.org). (3) Ademe : Agence de la transition écologique

 

Source : Greenly, ZeroWaste, theshiftproject.org, Health Care Without Harm (HCWH) , Sanofi (https://www.sanofi.com/fr/magazine/impact-social/le-secteur-des-soins-de-sante-genere-lui-aussi-des-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre, doc-durable.fr

© BiancoBlue – Depositphotos

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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L’ESPRIT DERRIÈRE LE DR. GUPTA

 

Si l’on ne connaissait pas le personnage Martin Shkreli, on pourrait presque croire que Dr. Gupta aurait été créé pour remplacer les visites chez le médecin et de réduire ainsi les frais médicaux. « Une grande quantité de demandes d’informations sur les soins de santé et de décisions peuvent être prises par l’IA » selon son concepteur. Mais l’empathie médicale et humaine est loin de faire partie de la personnalité de Martin Shkreli qui table pour sa part sur une véritable ruée vers l’or de l’IA. 

Si certains médecins (voir Le Cardiologue 450) se sont déjà associés à cette technologie dans leur pratique médicale, ce sont surtout les patients qui jettent leur dévolu sur ces sites « médicaux » en se passant d’un véritable avis médical (songez à la vieille dame qui pourrait penser qu’elle parle à un vrai médecin… certains se persuadant qu’une intelligence artificielle générative est humaine et c’est là tout le risque de notre comportement). Un jeune chercheur dans le domaine de la santé s’est récemment donné la mort après avoir discuté six semaines avec Eliza, son chatbot, qui était devenue sa confidente, son obsession, et qui ne se permettait jamais de le contredire mais au contraire appuyait ses plaintes et encourageait ses angoisses.

 

NEUTRALISER L’IA DANS L’AVENIR ?

 

Respect des droits d’auteur, protection des données personnelles, engagement de la responsabilité civile… L’utilisation de l’IA générative pose des questions de législation inédites. L’Union européenne s’y est penchée avec la loi sur l’intelligence artificielle (Artificial Intelligence Act) qui présente une approche pour le respect des droits fondamentaux des citoyens et les valeurs de l’UE. 

Cette loi divisera les applications en trois catégories de risques et devrait voir le jour en 2025.

La Cnil lance également un plan d’action sur l’IA générative avec des règles claires et protectrices des données personnelles des citoyens européens (trois plaintes ont été déposées auprès de la Cnil sur Chat-GPT à propos de la collecte des données et les nombreuses erreurs factuelles incluses dans ses réponses).

Au niveau européen, une task force sur Chat-GPT a été lancée afin de « favoriser la coopération et l’échange d’informations sur de possibles actions ».

La bataille ne fait que commencer !

De l’impression 3D à la bio-impression


Retour vers le futur – les prédictions médicale dans les années 1950

LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.




Champagne Michel Furdyna – Cuvée « La Secrète »

J. Helen – Le Cardiologue 458 – mai-juin 2024

Voilà dans le monde ronronnant du Champagne un intrus qui casse les codes, et nous propose un effervescent fort atypique et original : la maison Furdyna avec sa cuvée « La Secrète ».

On n’a peut-être jamais eu autant de bons champagnes grâce à la floraison de petits producteurs audacieux et des conditions météorologiques favorables, mais « La Secrète » détonne par rapport aux productions classiques : plus florale, plus saline grâce à l’assemblage de cépages peu connus et, en fait, rarement associés : petit meslier, arbane, blanc vrai (pinot blanc) longtemps seulement tolérés, puis réintégrés en 2009 dans l’AOC.

La maison Michel Furdyna est une exploitation familiale fondée par Roman, le père de Michel, auquel la cuvée 100 % pinot blanc, nommée « La Romane » et sortie en 2015, rend hommage. Artisan passionné par la vigne et le vin, Michel dirige le domaine depuis 1974. Il transmet sa passion et son savoir-faire depuis une quinzaine d’années à son neveu Mathieu Beroux qui poursuit la conduite du vignoble et l’élaboration des différentes cuvées.

Une viticulture respectueuse de la nature et de l’environnement

Les vignes, couvrant 9 ha, sont implantées dans le sud de la Champagne sur six communes de la Côte des Bar réputée pour la qualité de ses pinots noirs grâce à ses sols argilocalcaires. La viticulture raisonnée, pratiquée depuis de nombreuses années dans le respect de la nature et de l’environnement, bénéficie de la certification Terra Vitis assurant le respect de la terre et du vin de Champagne. Mathieu Beroux précise : « Nous avons fait le choix, il y a une douzaine d’années, de replanter ces vieux cépages oubliés, j’ai voulu m’ouvrir à un univers, faire ce que les autres ne font pas, c’est plus difficile, mais on s’amuse, on sort de la routine ».

« La Secrète » est une rareté en Champagne élaborée à partir d’un assemblage de 6 des 7 cépages autorisés : les classiques chardonnay, pinots noir et meunier, mais aussi des cépages quasiment disparus, mais reconnus aujourd’hui pour leurs arômes spécifiques et originaux : arbane, petit meslier et pinot blanc.

Cette cuvée brut (8 g/l de sucre) a été vinifiée par passage au froid et élevée en cuve inox et fûts de chêne ; la fermentation malo-lactique a été déclenchée, afin d’assouplir l’acidité naturelle du vin et développer sa corpulence. Elle a été élevée 18 mois sur lattes par remuage mécanique.

Une bouche fraîche et salivante

Riche et corsé, ce champagne Furdyna « La Secrète » de couleur jaune topaze soutenue offre, dans un jus ciselé, un pétillement d’une belle brillance, où les bulles se dégagent en fines cheminées, sans discontinuité et où la mousse trace une écume légère avec une crémosité généreuse. Des senteurs élégantes de fleurs blanches : iris et jasmin, mais aussi pivoine et jonquille, et des notes exotiques de mangue, de fruit de la passion, émanent du verre, complétées par des parfums de mirabelle. 

La bouche est fraîche et salivante grâce à une texture soyeuse dotée d’un admirable équilibre. L’acidité mordante initiale fait place à une minéralité caressante aux discrets amers sapides et d’une salinité prégnante ponctuée de notes végétales de citronnelle. 

La palette aromatique est complétée par des flaveurs de brioche et pain grillé liées à la réduction des lies. Il est remarquable de déceler des notes spécifiques des cépages rares : arômes d’ananas de l’arbane, flaveurs tranchantes et salines du petit meslier. La finale est douce, mais longue et persistante.

La cuvée « La Secrète » de Furdyna, comme tous les autres champagnes par sa fraîcheur et sa vivacité, est un excellent vin d’apéritif, alors que le palais est vierge de tout goût en lui associant : rillettes de thon ou colin, saumon fumé avec crème fraîche et aneth, ainsi que les salaisons ibériques : jambons Serrano et Bellota, lomo (filet séché de pata negra), voire des rondelles d’andouillette moutardée. 

Ensuite, son caractère salin, quoique non iodé, en fera un remarquable compagnon pour les préparations marines : belons à la fondue de poireau, filets de turbot sauce champagne, soles à la crème safranée, croustillants de bar et rouget au foie gras, coulis de tomate, Saint-Jacques au beurre blanc, également : quenelles de brochet à la crème de soja, spaghetti à la sauce d’oignon rouge. Rappelons que les champagnes bruts ne s’accordent pas avec les desserts sucrés, mais accueillent volontiers : les fromages : camembert et coulommiers et, en façon plus inattendue, Epoisse et maroilles.

Les experts remarqueront sans doute qu’il manque, dans « La Secrète » de Michel Furdyna, le septième cépage autorisé en Champagne : le fromenteau (ou pinot gris). Qu’à cela ne tienne, Mathieu Beroux en a planté depuis quelques années avec l’objectif, l’an prochain, de concocter une cuvée réunissant les sept cépages autorisés en Champagne, ce qui, à ma connaissance, représenterait un cas unique.

Ainsi, ces artisans passionnés nous invitent à redécouvrir le champagne au travers d’assemblages atypiques, plus séduisants les uns que les autres dépoussiérant l’image et le goût un peu figé du triptyque : chardonnay, pinot noir et meunier, et de plus à des prix tout à fait raisonnables inférieurs à 40 €.

EARL Furdyna
10110 Celles-sur-Ource

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération

© Champagne Furdyna




La longue paix va-t-elle durer ?

Deux ouvrages parus début 2024 conduisent à se poser une question : la longue paix observée en France métropolitaine depuis 1945 va-t-elle durer encore longtemps ? Le premier livre rend compte de la situation géopolitique actuelle et conduit à faire de nombreux parallèles avec la situation des années 1930. Le deuxième s’interroge sur les avantages et risques de l’arme nucléaire, notamment en matière de pourvoyeur d’une paix globale malgré de nombreux conflits périphériques ou de risque d’apocalypse qui s’approcherait.

LE MONDE DE DEMAIN

L’ouvrage « Le monde de demain », paru fin 2022, rendait compte de la nouvelle donne géopolitique peu après l’invasion de l’Ukraine par les armées de Vladimir Poutine. La seconde édition, parue en format poche en 2024 contient 3 nouveaux chapitres, dont un sur la guerre entre Israël et le Hamas et un autre sur la milice  Wagner, à la fois privée et d’Etat. Mais, tous les chapitres de la 1ère édition n’ont rien perdu de leur actualité et de leur pertinence. Ce livre est écrit par Pierre Servent qui est officier (colonel de la réserve opérationnelle), journaliste, ancien conseiller ministériel et porte-parole du ministère de la Défense et qui a été enseignant à l’Ecole de guerre pendant vingt ans. Il connait son sujet tout en sachant le rendre simple et accessible et il fait partie des rares experts à avoir indiqué avant le 24 février 2022 qu’il n’y avait pas de doute sur le fait que Poutine se préparait à attaquer l’Ukraine. Il explique les raisons de sa prédiction de façon limpide.

Un mauvais parfum des années 1930

En lisant ce livre, on ne peut que faire un parallèle entre la situation actuelle et celle des années 1930 mais avec un glissement géographique vers l’Est, V. Poutine jouant le rôle d’Hitler et la Chine, celui de l’URSS d’alors. Si l’idéologie de Poutine n’est pas aussi virulente que celle d’Hitler, son régime, ses méthodes et ses ambitions sont progressivement les mêmes : un Etat de plus en plus totalitaire avec l’utilisation de moyens parmi les plus cruels pour constituer un Empire et défaire les démocraties. Là ou Hitler avait une idéologie suprémaciste, Poutine revêt les habits du nationalisme orthodoxe pour unir ses troupes au service d’un Etat mafieux dont il est le parrain. L’épisode Prigogine rappelle ce qu’un subordonné doit à son parrain et souligne l’extrême cruauté des moyens utilisés. Car, comme l’écrit l’auteur « le système poutinien est mafieux au premier sens du terme. Une petite camarilla issue des services secrets et de l’armée a mis la main sur la Russie depuis plus de 20 ans. Or, dans un tel système, le chef suprême doit veiller à trois choses fondamentales : à ce que le respect total qui lui est dû ne soit pas entaché, à faire les bons choix pour que le clan puisse continuer de s’enrichir, à veiller à ce que la zizanie ne fragilise pas la structure globale. »

Pour la Chine, le constat est aussi édifiant : « La Chine coche toutes les cases aujourd’hui d’un régime authentiquement totalitaire : culte de la personnalité, présidence à vie, absence de droits démocratiques, pas d’élections libres, mépris pour la parole donnée (on pense à Hong Kong qui devait pouvoir conserver son régime politique “libéral” selon le principe “un pays, deux systèmes”), parti unique, contrôle accru de tous les aspects de la vie du citoyen,  – reconnaissance faciale, passeport de conformité sociétale, etc. – enfermement brutal de la population sous prétexte de lutter contre la Covid, camps de déportation et de rééducation (notamment contre les Ouïgours), absence de liberté de la presse, apprentissage par cœur de la pensée de XI de l’école primaire à l’Université, justice aux ordres, militarisation et annexion de fait en mer de Chine de zones maritimes ne lui appartenant pas, etc. »

Et l’amiral Charles Richard, à la tête du commandement stratégique américain de faire le constat suivant : « Pour la première fois de son histoire, notre nation est en passe d’affronter simultanément deux pairs stratégiques (Chine et Russie) dotés chacun d’une capacité nucléaire. (…). Aujourd’hui dans un conflit, nous ne pouvons plus tenir pour acquis qu’un échec de la dissuasion stratégique soit un risque faible. »

PAX ATOMICA

Le livre « Pax atomica » est d’un abord un peu moins aisé que le précédent car il commence par des données très théoriques et adopte une approche plutôt scientifique, exposant les différents avis et opinions sur le sujet dont il traite : l’influence de l’armement nucléaire sur l’évolution des relations entre Etats depuis 1945. Il a été écrit par Bruno Tertrais, politologue spécialisé dans l’analyse géopolitique et stratégique, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, senior fellow à l’Institut Montaigne et conseiller scientifique auprès du Haut-commissaire au plan.

Des évolutions et des « coups de chance » ?

Ce livre nous apprend ou rappelle plusieurs éléments caractéristiques de l’ère atomique. 

En premier lieu, les concepts relatifs à l’arme nucléaire ont évolué en fonction de l’augmentation du nombre de pays la possédant et des technologies, depuis les volumineuses bombes transportées par avion jusqu’aux sous-marins à propulsion nucléaire lanceurs d’engins. Ces derniers sont des atouts majeurs car difficilement localisables et très mobiles et sont de véritables prouesses technologiques associant un sous-marin à long rayon d’action, une chaufferie nucléaire pour la propulsion, une base de lancement de fusées et de missiles à têtes nucléaires, le tout pouvant évoluer dans un milieu sous-marin agressif et hostile et en toute discrétion. Les premières interrogations étaient du type « Comment utiliser l’arme nucléaire ? » en se calquant alors sur les stratégies traditionnelles de soutien à l’attaque ou à la défense sur un champ de bataille. Puis le développement de missiles à longue portée et leur prolifération, notamment aux USA et en URSS, ont fait considérer une autre stratégie, double : la dissuasion et la stabilité, notamment après la crise de Cuba en 1962. Les doctrines d’utilisation se chevauchant telles la riposte massive, la réponse flexible ou la riposte graduée.

L’auteur passe aussi en revue les (nombreux) moments de l’histoire ou un feu nucléaire aurait pu être déclenché par choix ou par « inadvertance » et chaque situation est analysée. On y apprend ainsi que, pendant la guerre de Corée (1950-1953), le général Mac Arthur souhaitait le recours à l’arme atomique et que c’est le Président Truman qui y fit obstacle alors que quelques années plus tard, le Président Eisenhower était partisan de son emploi, mais c’est alors son chef d’Etat-major, Omar Bradley qui permis de l’éviter.

Un chapitre est consacré aux psychologies des dirigeants et à certaines personnalités décrites comme « nécrophiles »,  c’est-à-dire dont l’instinct morbide s’est développé au point de devenir dominant : ils jouissent de la destruction et de la mort et deviennent de fait, inaccessibles au raisonnement dissuasif. Et l’auteur de citer Hitler, Staline et Mao. D’où l’importance de rendre le processus de décision de déclenchement du feu nucléaire partagé à plusieurs niveaux.

La dissuasion

La dissuasion reposant sur l’arme nucléaire utilise un langage qui doit toujours laisser du flou quant à son usage potentiel afin que le camp d’en face ne puisse pas deviner  exactement la réalité et l’intensité de la menace. On aura compris aussi que si l’invasion du Koweit par Sadam Hussein, qui ne possédait pas l’arme nucléaire, a conduit à une coalition contre lui, celle de l’Ukraine par Poutine, pose d’autres problèmes liés au fait qu’il la possède et qu’il sait entretenir le flou sur son usage possible. Et si la triade USA-Angleterre-France possède l’arme nucléaire, elle est actuellement confrontée à divers acteurs la possédant aussi et pouvant unir leurs moyens (Russie-Chine-Corée du Nord notamment). Et ainsi « aujourd’hui, si les Occidentaux peuvent se permettre d’aider Kiev, c’est aussi parce qu’ils se sentent protégés par la dissuasion ou par ce que certains appellent la voûte nucléaire »

Quel bilan ?

Si la menace est là, si elle semble se rapprocher, l’auteur rappelle toutefois que « malgré ses risques et ses coûts, la dissuasion nucléaire peut être considérée comme une sorte de bien public mondial. Si l’on part du principe que l’obsolescence de la guerre majeure (John Mueller) est en grande partie imputable à l’existence des armes nucléaires, on peut difficilement dire qu’elles n’ont joué aucun rôle dans la prospérité et le développement de la plupart des nations depuis 1945. Il est à peine exagéré de suggérer que le succès du projet européen a été rendu possible par l’existence du parapluie nucléaire américain ».

Mais, dans un souci d’équilibre, il ajoute « l’allongement constant du temps écoulé depuis la destruction de Nagasaki rend-il l’utilisation des armes nucléaires de moins en moins probable ? Dans quelques années, plus aucun des Chefs d’Etats et de gouvernement de la planète n’aura de souvenirs personnels d’Hiroshima. » et « même si les armes nucléaires prolongeaient la durée statistiquement prévue entre deux guerres mondiales, disons de 30 à 100 ans, ne rendraient-elles pas un éventuel prochain conflit à l’échelle planétaire encore plus meurtrier qu’il ne l’aurait été ? Et peut-on moralement comparer des vies sauvées par le passé à des vies qui pourraient être perdues dans le futur ? » 

EN SAVOIR PLUS…

Auteur : Pierre Servent
Editeur : Pocket
Parution : 1er février 2024
Pagination : 336
Prix poche : 8,30 euros
Prix broché : 1ère édition 2022, Robert Laffont, 288 pages : 20,00 euros
Prix numérique : 1ère édition 2022 : 13,99 euros

Auteur : Bruno Tertrais
Editeur : Odile Jacob
Parution : 10 janvier 2024
Pagination : 208
Prix broché : 20,90 euros
Prix Numérique : 17,99 euros




L’extraterrestre

La biographie d’Elon Musk écrite par Walter Isaacson est un livre exceptionnel par deux aspects : sa qualité et la personnalité qu’elle décrit, celle d’un homme qui à maints égards pourrait être qualifié d’extraterrestre.

UN LIVRE FACILE ET TRÈS DOCUMENTÉ

Walter Isaacson est un journaliste de premier plan aux Etats-Unis. Il a déjà écrit plusieurs biographies, notamment celles d’Henry Kissinger, de Benjamin Franklin, d’Albert Einstein, de Steve Jobs et de Léonard de Vinci. Il est d’ailleurs intéressant d’étudier la façon dont il procède : par chapitres assez courts, chacun décrivant un aspect ou une période plus ou moins longue de la vie de son personnage, avec parfois une analyse plus générale. 

Ainsi, par exemple, dans la biographie de Steve Jobs, le chapitre consacré au design est passionnant quand il aborde la conception qu’en a Steve Jobs et son designer-chef, Jonathan Ive : ils ont inversé la règle qui voulait qu’un ingénieur prévoie les modalités techniques d’un produit puis que le designer se débrouille pour les faire entrer dans un objet plaisant. 

Pour Apple, c’est le design d’abord, et les ingénieurs doivent ensuite faire entrer les procédés techniques dans l’objet. Dans celle de Léonard de Vinci, celui sur l’étude du vol des oiseaux est tout aussi passionnant, Vinci faisant des découvertes par son sens l’observation et de la déduction qui sont conformes aux principes sur lesquels repose le vol des avions.

La biographie consacrée à Elon Musk, comme l’étaient celles de Steve Jobs et de Léonard de Vinci, est un « pavé » : plus de 600 pages assez denses avec 95 chapitres et chacun raconte une facette de l’histoire et du personnage qu’est Elon Musk. 

Comme pour la biographie de Steve Jobs, l’auteur a deux avantages majeurs, son sujet et son entourage sont vivants et ils ont accepté de répondre aux questions de l’auteur. Plus encore, Elon Musk semble avoir noué des liens avec son biographe qui a pu l’accompagner dans plusieurs réunions professionnelles ou privées. L’auteur a ainsi eu des renseignements de première main lui permettant d’écrire un ouvrage unique, très différent des quelques biographies déjà disponibles sur Elon Musk. 

Cet avantage a cependant son revers, l’auteur a clairement manqué du regard et de l’analyse critiques nécessaires pour rendre compte des comportements à tout le moins surprenants d’Elon Musk. Mais l’histoire est tellement prenante qu’il est difficile de lâcher le livre une fois commencé.

UNE VOLONTÉ HORS NORME AU SERVICE D’UNE VISION HORS NORME

Elon Musk a plusieurs caractéristiques qui en font une personne hors normes. 

Il dit lui-même être affecté de la maladie d’Asperger, une forme particulière d’autisme lui conférant des capacités intellectuelles supérieures et qu’il a particulièrement développées dans le domaine de la résistance des matériaux et du codage informatique, lui conférant un avantage net pour la gestion des entreprises qu’il dirige. Mais cette maladie est source de problèmes relationnels : un contact oculaire peu fréquent avec ses interlocuteurs, des variations importantes du ton de la voix, une difficulté à faire face à ses émotions, tant pour les reconnaître et les analyser que pour les maîtriser. Ainsi, Elon Musk compare régulièrement son cerveau à des algorithmes neuronaux qui peuvent comprendre certaines choses et pas d’autres.

Sa deuxième caractéristique majeure est sa vision de l’évolution de l’humanité : pour lui, la vie humaine sur terre pourrait périr et il lui paraît important de coloniser la planète Mars afin de sauver l’humanité. De ce fait, son grand dessein est de créer une flotte de fusées pouvant aller sur Mars afin d’y habiter. C’est ainsi qu’il a créé SpaceX, une entreprise pour fabriquer et envoyer des fusées dans l’espace. Dans cette attente, il a créé le modèle économique permettant à cette entreprise d’être rentable : fusées réutilisables, fabricables le plus rapidement possible et a passé des contrats avec l’armée et les industries civiles pour mettre en orbite des satellites, mais aussi avec la NASA afin d’envoyer des cosmonautes dans la station spatiale orbitale.

Sa troisième caractéristique est une énergie inhabituelle et il semble dormir très peu. Lorsqu’il a décidé de faire quelque chose, tout est sacrifié à cet objectif. Il peut ainsi rester des heures dans ses usines à analyser chaque poste, dormir quelques heures sur un canapé et continuer jusqu’à ce que les problèmes qu’il a pris en charge soient résolus. A chaque poste inspecté, il vérifie que la solution utilisée est la plus simple, la plus rapide et la plus économique. S’il semble y avoir problème, il vaut mieux savoir lui répondre sur ses causes potentielles et sur les solutions adoptables. Sinon, il remonte la hiérarchie jusqu’à trouver celui qui est à l’origine d’une procédure de fabrication, l’utilisation d’un matériau, le nombre de boulons sur une pièce afin de lui demander le pourquoi de la chose. Si la réponse ne lui convient pas, le responsable et parfois l’équipe qui l’accompagne est instantanément licenciée pour laisser place à une équipe qui va adopter sa vision : moins de matériaux, moins de boulons, et parfois même moins de machines si l’assemblage de pièces est fait plus rapidement par l’homme que par le robot. Il a par ailleurs défini ce qu’il appelle un coefficient d’idiotie : si un kilo d’un matériau donné coûte par exemple 100 dollars à l’achat, quel est le coût affecté à ce matériau lorsqu’il est incorporé dans une voiture ou une fusée. Si le ratio entre les deux coûts est trop important, c’est qu’il y a des idiots qui n’ont pas compris qu’il devait y avoir des solutions plus simples pour diminuer le coût d’utilisation du matériau. Et en général, soit il a l’idée qui va permettre de diminuer ce coût, soit l’équipe doit trouver la solution dans un laps de temps réduit.

Et donc, la quatrième caractéristique qui est aussi un des symptômes de la maladie d’Asperger est qu’Elon Musk se focalise à la fois sur ce qui est concret et sur les détails. Il ne délègue que très peu en matière d’ingénierie et veut à la fois comprendre et diriger son équipe sur tous les éléments qui lui paraissent essentiels pour fabriquer vite et à coût réduit des fusées et des voitures électriques.

Pour autant, contrairement à ce qui caractérise aussi la maladie d’Asperger, il arrive à avoir une vision globale, intuitive de ses projets et réalisations. Souvent, en cas de problème, il se tait, semble sortir du monde relationnel et après un certain délai, il fournit des explications ou des solutions assez fulgurantes, et ce alors qu’il dirige plusieurs des entreprises majeures de notre époque.

Pour Space X, si les fusées doivent permettre à terme de rejoindre Mars, elles doivent comme vu plus avant, être viables économiquement. Plus encore, elles permettent de lancer une flotte de satellites Starlink, permettant des connexions à Internet de tous les endroits de la terre.

Pour Tesla, il a s’agit d’emblée d’envisager une voiture 100 % électrique, sans passer par les stades intermédiaires, notamment par l’hybride. Et il a fallu que cette entreprise soit rentable en produisant un nombre important de véhicules. Petite anecdote, lors d’une rencontre avec Bill Gates, ce dernier a voulu convaincre Elon Musk de devenir philanthrope et d’investir dans de nouvelles sources d’énergie. Réponse de Musk : j’ai probablement plus fait avec la voiture électrique contre le réchauffement de la planète que n’importe quel investissement philanthropique.

Pour Neuralink, entreprise destinée à créer des implants cérébraux permettant de se connecter à des ordinateurs, l’idée est venue, un jour où, pianotant sur son téléphone, Musk trouvait cela peu rapide, voire stupide. Ne pouvait-on pas concevoir un système connectant le cerveau à la machine pour lui commander directement sans passer par les mains ? Et Neuralink fut créé dans cet objectif, mais avec comme modèle économique d’aider les personnes en situation de handicap (moteur, visuel, auditif…).

Pour Twitter, son idée initiale est qu’il faut maintenir une certaine liberté d’expression qui semble selon lui paralysée de nos jours par ce qu’il appelle la pensée woke, stade ultime du politiquement correct.

UN SYSTÈME

Si Musk a pu développer des entreprises majeures, c’est pour plusieurs raisons. Notamment, s’il a pu rapidement devenir riche, il a réinvesti à chaque fois tout ou partie de sa fortune dans la création d’entreprises poursuivant ses idées. Le système américain permet par ailleurs, lorsqu’une innovation paraît prometteuse de rapidement lever les sommes nécessaires en sus. Ensuite, il y a une gestion des employés très personnelle que permet ce même système américain : Musk embauche et licencie en permanence afin d’avoir l’équipe nécessaire sur le moment à la réalisation d’un projet donné.

Et c’est peut-être à ce sujet que le biographe a manqué de recul, potentiellement car il participe à cette culture ou parce qu’il a été « subjugué » par son objet d’étude. Disons-le, si Musk réussit c’est qu’il a probablement une gestion tyrannique de ses entreprises, même si elle est au service d’un dessein qu’il estime supérieur. Et encore, ce dernier est-il réellement supérieur, dès lors qu’il ne peut être contesté voire discuté ? La solution technophile des problèmes de l’humanité est-elle la bonne et est-elle justifiée comme la seule viable au péril supposé prochain de la vie sur Terre ? La fin justifie-t-elle les moyens, même si le développement de Tesla a montré que le développement de voitures électriques est économiquement viable et potentiellement utile pour limiter l’émission de gaz à effet de serre ? 

EN SAVOIR PLUS…

• Auteur : Walter Isaacson
• Editeur : Fayard
• Parution : septembre 2023
• Pagination : 672 pages
• Prix broché : 28,00 €
• Prix numérique : 18,99 €




Le chef d’œuvre Inconnu par Honoré de Balzac (1799-1850) ou l’idée d’abstraction picturale – 1ère partie

– Par Louis-François Garnier

Le Chef-d’œuvre inconnu d’Honoré de Balzac (1799-1850) [1] est une nouvelle datée de 1831, et initialement publiée dans une revue hebdomadaire illustrée dénommée L’Artiste, sous le titre Maître Frenhofer, puis sous le titre Catherine Lescault, conte fantastique. Il s’agit de la curieuse histoire de deux peintres bien réels dont l’un dénommé Porbus est inspiré de Frans Pourbus dit Le Jeune (v.1569-1622) devenu un peintre reconnu, et l’autre est Nicolas Poussin (1594-1665) alors impécunieux et au talent encore balbutiant, qui vont rencontrer un peintre plus âgé, fictif, nommé Frenhofer. C’est dire que la fiction côtoie la réalité, comme souvent chez Balzac. L’action commence « Vers la fin de l’année 1612, par une froide matinée de décembre, un jeune homme dont le vêtement était de très mince apparence, se promenait devant la porte d’une maison située rue des Grands-Augustins, à Paris. » C’est au n°7 de ladite rue qu’une plaque, installée en 1981, indique, en un saisissant rapprochement d’idées dont nous reparlerons, que « Pablo Picasso vécut dans cet immeuble de 1936 à 1955. C’est dans cet atelier qu’il peignit « Guernica » en 1937. C’est ici également que Balzac situe l’action de sa nouvelle « Le chef-d’œuvre inconnu », encore que Balzac ne précisât pas le numéro de la rue… L’action romanesque implique le jeune Nicolas Poussin, alors âgé d’environ 18 ans, s’apprêtant à entrer dans l’atelier de François Porbus alors âgé d’environ 43 ans et c’est en effet un « homme valétudinaire, âgé de quarante ans environ qui vint ouvrir ».  Frans Pourbus le Jeune est issu d’une lignée de peintres flamands renommés, qu’il s’agisse de son père Frans Pourbus dit l’Ancien (1545-1581) ou de son grand-père Pieter Pourbus (v.1523-1584) que le peintre maniériste et écrivain flamand Carel van Mander (1548-1606), passé à la postérité avec son Livre des peintres (Het Schilder-Boeck) publié en 1604, rencontra à Gand et surtout à Bruges en 1582. [2] Après s’être distingué comme portraitiste à la cour de Bruxelles, Frans Pourbus le Jeune séjourne à Mantoue de 1599 à 1609 avant d’être appelé à Paris par la sœur de la duchesse de Mantoue, qui n’est autre que la reine de France Marie de Médicis (1575-1642). Il vient une première fois à Paris lors du baptême de Louis XIII en 1606, puis s’y installe définitivement à partir de septembre 1609. Ainsi, lorsque Nicolas Poussin cherche à le rencontrer dans le roman de Balzac, voilà trois ans que Pourbus vit à Paris. Il aura une fille en 1614 et c’est en 1618 qu’il sera naturalisé français en bénéficiant d’une pension en qualité de « peintre du roi ». Il meurt le 19 février 1622 et est enterré dans l’église des Augustins du faubourg Saint-Germain. De sa période française on lui doit, entre autres, « l’admirable portrait de Henri IV » représenté en armure ou en costume noir, les deux tableaux étant visibles au musée du Louvre, et un portrait de Louis XIII (1601-1643) à l’âge de 10 ans (Palais Pitti Florence) peint en 1611. 

L’année 1612 est une année cruciale pour le jeune Nicolas Poussin natif des Andelys en Normandie. En effet, après probablement quelques cours de dessin au collège et en ayant été l’assistant du peintre picard Quentin Varin (v.1575-1626), vers 1610-1612 à l’occasion de peintures d’autel dans une l’église de la ville, il veut devenir peintre et quitte sans prévenir la demeure familiale alors qu’il est le seul enfant d’une « noble famille » mais avec « peu de bien ». [3] Nicolas Poussin illustre le fait que « l’obstination peut triompher des circonstances de la vie » 4 car c’est sans ressources et « accablé de misère » qu’il se retrouve à Paris. Balzac nous le présente comme étant un garçon timide, « surpris en ce moment de son outrecuidance » et il aurait probablement renoncé à se présenter devant Porbus sans « un secours extraordinaire que lui envoya le hasard. Un vieillard vint à monter l’escalier ». L’aspect du vieillard qu’on croirait sorti d’« une toile de Rembrandt » intrigue le jeune garçon et tous deux entrent alors dans l’atelier de Porbus dont la description correspond assez bien à l’idée qu’on peut se faire de l’« ordre vital » (Bergson) qui caractérise bien souvent un atelier d’artiste. Ils tombent en arrêt devant un tableau représentant « Marie égyptienne se disposant à payer le passage du bateau ». Ceci donne l’occasion de se remémorer l’histoire de cette jeune Marie l’Egyptienne qui, dans les premiers siècles de la chrétienté, se prostituait pour vivre à Alexandrie. Un jour, alors qu’elle avait une trentaine d’années, ayant rencontré des pèlerins en partance pour Jérusalem sur un bateau, elle décida de les suivre en payant son passage de ses charmes. Elle vécut ensuite solitaire dans le désert, « au-delà du Jourdain » où elle fut enterrée par un anachorète aidé d’un lion providentiel qui contribua à creuser le sol aride. Le vieillard, que Porbus nomme respectueusement « mon cher maître », tout en disant « ta sainte me plaît », se livre à une critique en bonne et due forme de la peinture en reprochant l’absence de vie. Pour lui, une toile ne doit pas se résumer à l’aspect purement technique, qu’il s’agisse du dessin, des couleurs et même si, à l’exemple du style caravagesque, on prend « soin de tenir un côté plus sombre que l’autre ». En outre, « au premier aspect elle semble admirable, mais au second coup d’œil on s’aperçoit qu’elle est collée au fond de la toile et qu’on ne pourrait pas faire le tour de son corps ; c’est une silhouette qui n’a qu’une seule face ». On retrouve là le paragone (la comparaison), c’est-à-dire ce débat de la Renaissance italienne où s’opposaient principalement la peinture et la sculpture. Il s’agissait de savoir laquelle de ces deux techniques représentait le mieux la réalité. La sculpture était considérée comme la seule méthode permettant d’avoir plusieurs vues différentes de la même figure mais les peintres répliquèrent en montrant des objets ou des personnages selon plusieurs incidences grâce à des miroirs ou des surfaces réfléchissantes, en pouvant alors les voir non seulement sous plusieurs angles mais, surtout, en même temps, ce que la sculpture est incapable de faire. C’est ainsi qu’on réalise, derrière des propos d’allure banale, le travail de documentation de cet écrivain hors du commun qu’était Balzac.

Tableau à la tache rouge (Bild mit rotem Fleck) (1914). Par Vassily Kandinsky (1866-1944) – Huile sur toile (Centre Pompidou)

Nous avons droit, mine de rien, à un cours sur l’histoire de l’Art car Porbus est resté « indécis entre les deux systèmes, entre le dessin et la couleur », entre les peintres toscans et les coloristes vénitiens, « entre le flegme minutieux, la raideur précise des vieux maîtres allemands et l’ardeur éblouissante, l’heureuse abondance des peintres italiens. Tu as voulu imiter à la fois Hans Holbein et Titien, Albrecht Dürer et Paul Véronèse. Certes c’était là une magnifique ambition ! Mais qu’est-il arrivé ? ». La critique se fait plus acerbe : « Ta figure n’est ni parfaitement dessinée, ni parfaitement peinte, et porte partout les traces de cette malheureuse indécision. (…) Il fallait opter franchement entre l’une ou l’autre, (…) tes contours sont faux (…) tout est faux. N’analysons rien, ce serait faire ton désespoir ». Le verdict finit par tomber : « La mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer. (…) Vous dessinez une femme, mais vous ne la voyez pas ! (…) Qu’y manque-t-il ? Un rien, mais ce rien est tout ». Prodigieuse diatribe que les propos de ce vieux maître ! C’est alors qu’intervient le jeune Poussin en disant : « Cette sainte est sublime, bon homme ! » de telle sorte que, interloqué par « ce petit drôle », Porbus le met à l’épreuve en disant : « A l’œuvre ! en lui présentant un crayon rouge et une feuille de papier ». Le jeune garçon « copia lestement la Marie au trait » au grand étonnement du vieillard qui lui dit « Voilà qui n’est pas mal pour un commençant » et qui se met à retoucher fébrilement le tableau devant « Porbus et Poussin muets d’admiration ». Ensuite, le vieux peintre convie ses jeunes collègues à déjeuner chez lui et ceci est l’occasion pour Porbus de lui demander à voir « votre maîtresse ». Comme ceci s’observe chez nombre d’artistes qui ne signent pas leur œuvre en considérant qu’elle n’est jamais finie, il s’agit d’une toile que le vieux peintre ne veut pas montrer car il estime ne pas l’avoir terminée en disant : « Non, non, je dois la perfectionner encore ». De nouveau, le vieillard nous fait part d’un certain nombre de considérations techniques incluant l’art de la « pâte souple et nourrie » suivie des « demi-teintes et du glacis dont je diminuais de plus en plus la transparence » de telle sorte que, comme le sfumato de Léonard de Vinci (1452-1519), « de près, ce travail semble cotonneux et paraît manquer de précision, mais à deux pas, tout se raffermit, s’arrête et se détache ; le corps tourne, les formes deviennent saillantes, l’on sent l’air circuler tout autour ». 

Mais qui est donc ce vieux peintre acariâtre ? Porbus prétend que « le vieux Frenhofer est le seul élève que Mabuse ait voulu faire ». C’est ainsi qu’il aurait été le seul élève du grand peintre flamand maniériste Jan Gossaert (1478-1532) dit Mabuse mais si l’on prend en compte ce type d’« anachronismes légers ou plus marqués », [1] ce « vieillard » devait être né bien après la mort de Mabuse, ainsi surnommé en référence au pays meusien bien qu’il soit né à Maubeuge baignée par la Sambre. Probablement formé à Bruges, Jan Gossaert devient maître à Anvers en 1503 4 puis, ayant suivi Philippe de Bourgogne (1464-1524), futur évêque d’Utrecht, dans sa mission au Vatican en 1508, il eut la « démarche inédite chez un artiste flamand » d’étudier les monuments antiques de telle sorte que ce voyage aura « un impact considérable sur son œuvre mais aussi sur l’art néerlandais en général ». [4] Contrairement aux dires de Porbus, nous connaissons au moins un autre élève de Gossaert, le peintre, architecte et homme de lettres Lambert Lombard (1505-1566) qui fut le fondateur d’une académie réputée. Frenhofer nous dit que « Mabuse seul possédait le secret de donner de la vie aux figures » à l’instar de Raphaël (1483-1520) et d’ailleurs, en évoquant le nom du grand peintre italien, Frenhofer ne manque pas d’« ôter son bonnet de velours noir, pour exprimer le respect que lui inspirait le roi de l’art ; sa grande supériorité vient du sens intime qui, chez lui, semble vouloir briser la forme ». Cette réaction survient à une époque où Raphaël était en effet considéré comme le peintre idéal avec sa « Bella Maniera » et pour le peintre et historien d’art Giorgio Vasari (1511-1574), Raphaël était « inégalable », voire même « une sorte de demi-dieu » et c’est en peintre maniériste qu’il lui rendra cet hommage sublime : « Lorsqu’il mourut, la Peinture pouvait bien mourir elle aussi et quand il ferma les yeux, elle sembla demeurer aveugle. » [5]

Références

[1] Balzac H de. Le Chef-d’œuvre inconnu. Sous la direction de Thierry Dufrêne. Maison de Balzac, Paris Musées, 2021.
[2] Van Mander C. Le livre de peinture. Textes présentés et annotés par R. Genaille. Hermann 1965.
[3] Laneyrie-Dagen N. Le métier d’artiste. Dans l’intimité des ateliers. Larousse 2012.
[4] Langmuir E. National Gallery. Le guide 2006.
[5] Vasari G. Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes. Traduction et commentaires sous la direction d’André Chastel. Thesaurus Actes Sud 2005.
[6] Les Grands Evènements de l’Histoire de l’Art. Sous la direction de J. Marseille et N. Laneyrie-Dagen. Larousse 1994.




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