Château Tour des Gendres « La gloire de mon Père » 2012

Quel rapport entre la prestigieuse appellation bourguignonne Romanée Conti et le modeste Château Bergeracois Tour des Gendres ? Bien sûr : le vin, mais aussi un nom Conti porté conjointement par la branche cadette de la maison de Bourbon, le prince Louis-François de Bourbon-Conti ayant acquis en 1760 le grand cru des Côtes de Nuits et par le fondateur de l’exploitation agricole du Périgord, Vincenzo de Conti, émigré en 1925 de Vénétie, probablement lui aussi d’origine patricienne.

Appartenant à la troisième génération, Luc de Conti, guidé par sa passion des chevaux, s’installe aux Gendres début des années 1980, récupère quelques hectares de vieilles vignes, plante, secondé par sa femme Martine, de nouvelles parcelles. Francis, son cousin, rejoint l’exploitation en 1990 amenant au domaine ses 20 ha de vignes de Saint-Julien- d’Eymet. Connue depuis le XIIe siècle comme la ferme viticole du château de Bridoire, la propriété des Gendres, située sur l’emplacement d’une villa gallo-romaine, doit son nom à son propriétaire de l’époque qui était le gendre du châtelain de Bridoire.

D’emblée, Luc de Conti affiche ses ambitions : se mesurer à ses prestigieux voisins du Libournais, démontrer que le Bergerac ne doit pas être considéré comme un « sous-bordeaux » et opter pour une viticulture bio.

Aujourd’hui, le domaine s’étale sur 52 ha en appellation AOC Bergerac de 3 vignobles : les Gendres, le Grand Caillou et Saint-Julien-d’Eymet. Le terroir se répartit en croupes argilo-calcaires en pente douce sur un sous-sol de Marne de Castillon et de molasses de Monbazillac exposées plein sud très favorables au cabernet-sauvignon. Les parcelles sont entourées de bois, de haies ; la biodiversité, oiseaux, papillons, fleurs, est riche justifiant la pertinence de l’option bio. Les vignes plantées à 6 300 pieds/ha sont taillées en Guyot simple permettant un rendement de 40 hl/ha. Un rang sur 2 est enherbé, l’autre travaillé à l’intercep. Les vignes sont effeuillées 15 jours avant les vendanges, afin de diminuer le degré alcoolique du vin.

Les traitements sont purement bio, le compost est naturel. Les insectes, parfois très gênants, sont limités par confusion sexuelle, la cicadelle contenue par le blanc d’argile. Très sensibles à l’esca, les pieds sont régulièrement complantés.

Des vendanges nocturnes

Les vendanges, souvent nocturnes pour garder la fraîcheur des raisins, se déroulent pour un tiers à la main, deux tiers avec une machine trieuse qui restreint la durée de la récolte. Les raisins, transportés par des bennes à double fond pour isoler le jus, arrivent à la cave sur une table de tri, puis sont encuvés en respectant l’intégrité des baies. Les raisins rouges totalement éraflés sont envoyés dans des cuves pour une macération longue de 30 jours avec micro-oxygénation sous marc, la fermentation est naturelle avec au début plusieurs pigeages quotidiens. Après la malolactique, le vin est élevé, sur lies régulièrement bâtonnées, en barriques et foudres, dont 10 % sont neufs pendant 12 mois. Il revient en cuve pendant encore 6 mois avant un embouteillage après une filtration minimale, mais sans collage.

La cuvée « la Gloire de mon Père » assemblant 50 % de cabernet, 25 % de merlot, 25 % de malbec reflète bien la richesse et la typicité du terroir et se caractérise par sa belle maturité de fruits, sa puissance, sa fraîcheur.

Paré d’une robe rouge grenat foncé aux reflets violacés, ce Bergerac « la Gloire de mon Père » 2012 exhale d’intenses saveurs de fruits noirs : cassis, mûre, de fleur : violette, des notes balsamiques et épicées (poivre blanc, réglisse mentholé). Des nuances toastées et boisées sur le chocolat accompagnent la qualité des fruits. La bouche est généreuse avec une structure tanique encore dense et serrée. Ce vin porté par une fraîcheur remarquable offre une finale charnue sur le tabac de Havane et le sous-bois.

A priori, les cépages bordelais de ce Bergerac appellent l’agneau et, de fait, il s’accordera bien avec une selle d’agneau rosé, un gigot de 7 heures, un cari à l’indienne, un simple navarin. Mais du fait de sa persistance tanique, ce vin s’accommodera peut-être mieux de plats salivants à caractère affirmé. Ainsi son origine périgourdine incite à se tourner vers la savoureuse et roborative cuisine du sud-ouest. Ce vin « la Gloire de mon Père » s’épanouira avec une salade de gésiers confits, une grive fourrée au foie gras, des cailles à la moutarde ou au miel, un tripoxak (boudin d’agneau sur coulis de tomates), voire un cassoulet de Castelnaudary (encore qu’un Cahors me semble plus approprié). L’intensité et la structure de ce vin lui permet un accord idéal avec la mâche et l’onctuosité du canard : confit aux lentilles, magret grillé accompagné de cèpes, aiguillettes au vin rouge, caneton aux olives ou à la sauce bigarade.

Compte tenu de la hausse vertigineuse des prix dans le Bordelais, il est réconfortant de constater que certains excellents vins du Bergeracois peuvent, sans complexe, vous proposer une alternative savoureuse à doux prix.

La conclusion appartient à Luc de Conti « Nous avons conjugué tous nos talents pour que nos vins, notre appellation et notre région inspirent dynamisme et prospérité ».

Château Tour des Gendres « La gloire de mon père » 2012
Cotes de Bergerac Rouge. Famille de Conti 24240 Ribagnac



Traité de médecine – 5e édition. Tome 1

La nouvelle édition du Traité de Médecine vient d’être publiée par les éditions du Traité de Médecine. 

Cette maison d’édition créée en juin 2018 est exclusivement dédiée à la publication de cet ouvrage de renom. Ce traité est en effet depuis plus de trente-cinq ans l’ouvrage de référence en langue française des connaissances médicales, utile aux médecins généralistes, aux spécialistes, aux étudiants et, d’une façon générale, à l’ensemble du monde de la santé. Des générations  de praticiens confirmés ou en formation ont possédé ce livre, que les moins jeunes d’entre nous appelaient familièrement le « Godeau », du nom du professeur Pierre Godeau, malheureusement disparu en octobre 2018, qui le créa en 1981. Pierre Godeau a transmis cette œuvre magistrale au professeur Luc Guillevin, qui, aidé des Professeurs Mouthon et Lévesque, a entièrement remis à jour le Traité en restant fidèle à l’esprit de son créateur : remettre la séméiologie, l’interrogatoire et l’examen clinique au centre du diagnostic.

Cette cinquième édition est augmentée et complètement refondue : 3 volumes (dont 2 en cours de parution), 40 coordonnateurs, plus de 1 000 auteurs, 5 000 pages et plus de 900 chapitres, avec une maquette aérée, lisible, complétée d’un index de 200 pages contenant 30 000 entrées, avec 2 000 illustrations, schémas ou arbres décisionnels et 1 500 tableaux !

Outil indispensable pour la pratique quotidienne et l’actualisation des connaissances, le Traité regroupe l’essentiel des données scientifiques actuelles en retraçant les évolutions de la recherche fondamentale, de la pratique clinique et des avancées thérapeutiques.

Le sommaire de ce premier tome est des plus alléchants puisqu’on y trouve : grands syndromes, éthique médicale,  médecine interne, hématologie, cardiologie, médecine vasculaire, médecine intensive et réanimation, urgences, cancérologie et douleur.  Les plus grands spécialistes des disciplines concernées ont participé à la rédaction ; pour ce qui nous concerne plus précisément ici en cardiologie, citons J.-P. Bourdarias, N. Clémenty, P. Guéret, N. Danchin, S. Weber, A. Cohen-Solal et bien d’autres, sous l’éminente coordination d’Olivier Dubourg.

Un monument.

Mais l’essentiel réside peut-être dans son évolutivité : l’ouvrage ne se contente plus, comme d’autres ouvrages exclusivement « papier », d’être un livre dont la durée de vie risque d’être brève, se périmant en quelque sorte d’autant plus rapidement que les connaissances médicales progressent constamment.

Le Traité est désormais publié avec un abonnement à un site internet dédié, reprenant tous les chapitres qu’il réactualise au fil du temps, en introduisant des suppléments sous forme de textes, de tableaux ou de vidéos. L’actualisation sera donc permanente.

A mettre, au plus vite, entre toutes les mains !

Auteurs : Collectif – Loïc Guillevin – Luc Mouthon – Hervé Lévesque – Pierre Godeau
Editeur : Lavoisier
Pagination : 1 680 pages
Prix public : Livre : 245,00 €




Le temple d’Auguste et de Livie à Vienne

César, le premier dans sa Guerre des Gaules cita Vienne, la nommant Vienna, la Vigenna de la table de Peutinger. La tribu gauloise des Allobroges occupa le site, connu depuis le Néolithique, à partir du quatrième siècle. Vaincu par les Romains en 121 av. J.-C. près de l’oppidum Vindalium, au confluent du Rhône et de la Sorgue, la ville se couvrit de monuments romains.

Temple d’Auguste et de Livie, Ier siècle ap. J.-C., Vienne.

L’archéologie à Vienne est née à la fin du XVIIIe siècle sous l’impulsion de Pierre Schneyder (1) avec la découverte des thermes. Puis les trouvailles se succédèrent au XIXe siècle. Le cirque, dont est toujours visible La Pyramide originelle disposée au centre de la spina, et le théâtre ancré sur la colline de Pipet, furent dégagés au XXe siècle ainsi qu’un sanctuaire dédié à Cybèle, un odéon et de nombreuses mosaïques décorant les maisons des élites locales. 

Unique monument conservé en France avec la Maison Carrée de Nîmes, le temple d’Auguste et de Livie est mentionné pour la première fois au XIe siècle. Lieu de culte consacré à la Vierge Marie, il sera jusqu’à la Révolution, à partir du XIIIe siècle, la principale paroisse de Vienne. Temple de Raison de la fin de l’an II à 1799, il devint le tribunal de Commerce, de Justice et de Paix. Musée et bibliothèque à partir de 1823 jusqu’à sa restauration de 1853, il prit le nom de temple d’Auguste et de Livie.

Façade latérale du temple d’Auguste et de Livie à Vienne, photographie, 1851, Charenton-le-Pont, Médiathèque de l’Architecture et du patrimoine.

Un édifice exceptionnel 

Le temple d’Auguste et de Livie (l. 14,75 ; L. 24,70 m ; H. 17,42 depuis le dallage antique du forum) classé depuis 1840 sur la liste des monuments historiques occupait l’ouest du forum, au demeurant mal connu, en vis-à-vis d’une basilique. Entouré d’un portique sur trois côtés, le temple hexastyle (à six colonnes cannelées en façade)  periptero sine postico (pseudo-périptère car ne disposant pas de colonnes sur la façade arrière). 

Six colonnes bordent les façades latérales avec une dernière travée pleine se prolongeant par le mur postérieur flanqué de deux pilastres engagés.  Il repose sur un podium haut de 2,5 m. Un escalier monumental de 12 marches donne accès au pronaos (vestibule) qui ouvre sur la cella reconstruite au XIXe siècle. La dernière restauration étudiant les matériaux et les décors architecturaux, entreprise en 2010, confirma que le monument fit l’objet de deux phases de construction, vers 20 apr. J.-C. puis dans la deuxième moitié du Ier siècle apr. J.-C. Certains éléments du podium, « les chapiteaux corinthiens à feuilles d’acanthes épineuses, les pilastres, et les colonnes occidentales des deux façades latérales », de style homogène, appartiennent au premier état,  « analogues avec ceux du temple de Vernègues […], de Valetudo à Saint-Rémy-de-Provence ». Détruit partiellement, la reconstruction se perçoit dans le traitement de la feuille d’acanthe qui « n’est plus épineuse, mais molle comme il est classique à l’époque impériale ». 

La corniche portant les modillons n’est pas décorée.  L’existence de deux inscriptions apposées sur le fronton « en lettre de bronze » fournit un argument supplémentaire. A ROMAE ET AUGUSTO CAESARI DIVI F(ilio), « A Rome et à César Auguste, fils du divin (Jules) » est dans un second temps ajouté ET DIVAE AUGUSTAE, et « à la divine Augusta » qui n’est autre que Livie décédée en 29 apr. J.-C. Elle sera divinisée en 42 apr. J.-C..

Localisation des phases 1 et 2 dans l’élévation du temple, d’après le rapport final d’opération d’archéologie préventive. Temple d’Auguste et de Livie.

Un temple dédié au culte impérial

Portant le titre de Grand Pontife (2) en 63 av. J.-C., César prétendait descendre de Vénus et d’Enée, le fondateur de Rome selon la légende. En divinisant César, Auguste sera à l’origine du culte de l’imperator, intermédiaire entre les dieux et les hommes. De Rome, il se répandit dans tout l’Empire. Véritable dieu vivant, les villes les plus riches lui construisirent spontanément un temple dédicatoire soit par reconnaissance, soit par adulation. Une fois par an les représentants des soixante peuples de la Gaule se réunissaient autour d’un autel, le 1er août dans le sanctuaire situé sur les pentes de Fourvière à Lyon, pour célébrer ce rite. Mis en place dans les cités provinciales par les autorités municipales, trois collèges de prêtres se partageaient à Vienne la responsabilité du culte : les flamines, les flaminiques, citoyens et citoyennes romains et les sévirs, apparus au Ier siècle, affranchis ou descendants d’affranchis. « Ils étaient élus par groupe de six, chaque année, par les décurions ». L’objet du culte se limitait à la personne des empereurs morts, « divinisés après l’épreuve de leur règne », mais rarement lorsqu’ils étaient encore vivants.

Situation du temple de Vienne dans le forum, d’après le rapport final d’opération d’archéologie préventive. Temple d’Auguste et de Livie.

La situation religieuse à Vienne au cours des deux premiers siècles

Outre le culte impérial, les divinités honorées avaient des origines diverses, une illustration du polythéisme romain. Deux collèges de prêtres dirigeaient la religion officielle, celui des Pontifes et celui des Augures qui rendaient les auspices. Un troisième groupe était attaché spécifiquement au culte de Mars. Si le panthéon gréco-romain (notamment un temple de Mars, d’Apollon et un stibadeion bachique) apparaît important, il existait des divinités gauloises (les Matrae, « déesses mère », Sucellus, le dieu au maillet) et des cultes originaires de l’Orient. Vienne possédait dès le milieu du 1er siècle un sanctuaire métroaque (dédié à Cybèle) de plus de trois mille mètres carrés. Il était composé d’un temple sur podium in antis, d’un théâtre des mystères, un unicum dans le monde romain et une domus à péristyle (habitat des prêtres ?). La Dea Vienna, divinité tutélaire, protégeait la cité. La persécution de 177 apr. J.-C. décrite dans une lettre rapportée par Eusèbe de Césarée de Palestine, est la première mention du christianisme. Cette communauté se réunissait, comme dans la grande majorité des cas au premier temps de l’Eglise, sans doute dans une maison privée. Les sources sont pratiquement inexistantes avant le début du Ve siècle.

(1) D’origine allemande il était professeur de dessin.
(2) Elu à vie, le Grand Pontife nommait les flamines et les vestales, et surveillait le culte privé.

Bibliographie

1/ FORMIGÉ, Jules, « L’inscription du temple de Rome et d’Auguste à Vienne », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1924, 68-4, p. 275-279.
2/ BESSIERE, Fabrice, Vienne. Temple d’Auguste et Livie. Rapport final d’opération d’archéologie préventive, Chaponnay, novembre 2011, http://archeodunum.ch/rapports/38_Vienne_Temple_2011.pdf, site consulté le 15 juin 2018.
3/ PELLETIER, André, Vienna, Vienne, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2001, 188 p.
4/ PELLETIER, André, « Paganisme et Christianisme à Vienne au début du IIe siècle ap. J.-C. », Archéologia, 1977, 111, p. 28-35.
5/ RÉMY, Bernard, « Loyalisme politique et culte impérial dans la cité de Vienne au Haut Empire d’après les inscriptions », Revue archéologique de Narbonnaise, 2003, 36, p. 361-375.
6/ Vienne Colonie Romaine, Coll., Archéologia, 1975, 88, p. 8-54. 




L’Apple watch approuvée par la FDA

L’AW dans sa version 4 est un appareil médical de la classe 2 de la Food and Drug Administration (FDA). (1)  il est considéré comme un dispositif médical doté de la détection des chutes et de trois nouvelles capacités de surveillance cardiaque : alerte de la fréquence cardiaque basse, détection du rythme cardiaque et moniteur électrocardiogramme (ECG) personnel.

(1) Classe II : Ce sont des dispositifs plus élaborés, tels les tests de grossesse, les implants faciaux ou les cathéters, qui nécessitent des contrôles spécifiques pour tester leur conformité. Lorsque ces tests ont été effectués en plus des contrôles généraux, les dispositifs de classe II sont soumis à la même procédure de Premarket notification [510(k)] que ceux de classe I.




La course à L’e-CG

Une équipe de chercheurs (1) s’est penchée durant un an sur la fiabilité des capteurs de fréquence cardiaque inclus dans les montres connectées et particulièrement l’Apple Watch (AW). L’étude portait essentiellement sur la fibrillation atriale (FA).

Cette étude, financée par Apple et portée par près de 400 000 personnes équipées de l’AW et connectées à l’application Apple Heart Study, devait répondre essentiellement à trois points :

  • les mesures effectives de fibrillation atriale Apple Watch/ECG ;
  • le nombre de participants consultant un médecin après une notification ; 
  • le niveau de fiabilité de l’Apple Watch par rapport à l’ECG.

La recette était simple : dès qu’un rythme cardiaque irrégulier était détecté, l’Apple Watch envoyait une notification à l’application afin que le volontaire consulte par vidéoconférence l’un des médecins participant à cette étude. 

Au cours de cette expérience, 2 000 personnes ont reçu une notification de rythme cardiaque irrégulier (0,5 %) avec une détection de fibrillation atriale chez un tiers d’entre-elles, soit environ 670 personnes. 

Suite à ces consultations, les volontaires concernés ont reçu un capteur ECG ambulatoire en parallèle de l’Apple Watch afin d’enregistrer leur rythme cardiaque durant une semaine.

La comparaison Apple Watch versus ECG a été de ce fait intéressante, la précision de la montre étant proche de l’ECG : 71 % de FA détectée par l’Apple Watch contre 84 % pour l’ECG.

Par contre, seuls 57 % des personnes ayant reçu une notification ont consulté un médecin.

Cette étude devrait être suivie par d’autres recherches dans le domaine des technologies connectées ainsi que leur utilisation.

Consultations connectées

Certains médecins, et cardiologues en particulier, ont déjà été confrontés à l’arrivée de sportifs munis d’une multitude de données, ceux-ci étant particulièrement sensibles à ces dispositifs, contrairement aux patients « grand public », pour qui il n’existe pas encore de véritable course aux données, la fiabilité des trackers personnelles toujours aléatoire étant le point négatif et donc non mesurable.

Toujours est-il que l’on peut s’interroger sur les prochaines étapes de l’évolution du système de Santé : téléconsultation, prétraitement grâce au matériel connecté avant une consultation physique. Ce qui sous-entend une évolution de la communication des données des objets connectés au médecin.

L’Apple Watch avertit de toute situation anormale et permet d’agir sans attendre, selon la partition de la firme à la pomme. Mais le système est actuellement impossible à mettre en place, car si chaque personne équipée d’un matériel connecté décroche son téléphone à la moindre alerte pour consulter son médecin, la saturation va être vite de mise…

En 2024, le marché des balances, trackers d’activités et objets connectés devrait représenter environ 370 milliards de dollars (à lire ici). L’e-santé s’appuie notamment sur la très forte croissance des maladies cardioneurovasculaires, le diabète et les cancers. Les GAFAM ne s’y sont d’ailleurs pas trompés avec les investissements colossaux réalisés ces dernières années.




Qare veut s’imposer dans la télémédecine

On sait que la télémédecine a le vent en poupe, notamment depuis le remboursement des téléconsultations en septembre dernier. Voir notre précédent numéro

Qare vient de lever 20 millions d’euros  grâce au fonds d’investissement de l’assureur AXA afin d’imposer sa solution de téléconsultation. La start-up a lancé sa solution en 2017, mise aujourd’hui sur une forte croissance pour concurrencer Doctolib afin de séduire les praticiens et de se faire connaître auprès du grand public.

Contrairement à Doctolib qui est parti, à l’inverse, d’un marché de prises de rendez-vous (elle a lancé récemment un service de téléconsultation médicale grâce à une levée de 150 millions d’euros), Qare a développé une plateforme uniquement dédiée à la téléconsultation. Elle revendique aujourd’hui plus de 10 000 consultations pour 300 professionnels équipés, que ce soit en médecine générale ou autre spécialité.

D’ici 2020, c’est à dire demain, Qare compte travailler avec environ 15 000 professionnels de santé pour un abonnement mensuel de 75 euros.

Pour en arriver à ce chiffre, la start-up a créé Qare Academy, une plateforme de formation afin de familiariser les médecins aux spécificités de la téléconsultation, une démarche qui permettra sans aucun doute à nombre de médecins d’accéder à la téléconsultation.




Apnées du sommeil : les enfants tiennent leur algorithme

En partant du principe que l’IA pouvait aider à l’identification des Syndromes d’Apnées Hypopnées Obstructives du Sommeil (SAHOS)  et que les places n’étaient pas suffisantes dans le monde pour réaliser des polysomnographies, une équipe internationale de chercheurs chinois, espagnol et américain (1) a développé un algorithme de machine learning (2) basé sur l’oxymétrie permettant de détecter avec précision la sévérité des apnées obstructives du sommeil chez des enfants qui ronflent. 

La polysomnographie a été réalisée sur une nuit complète. Un oxymètre relevait les données et, connecté à un smartphone par bluetooth, les transmettait au cloud pour qu’elles soient traitées de manière automatique par l’algorithme afin d’obtenir une estimation de l’Indice d’Apnées-Hypopnées (IAH).

L’algorithme ainsi développé a permis d’identifier avec une précision supérieure à 79 % l’ensemble des SAHOS, de 88,2 % pour un IAH de plus de dix arrêts respiratoires par heure, (3) avec une spécificité particulièrement élevée (92,7 %) et une sensibilité de 73,5 %. Seulement 4,7 % de résultats faux négatifs ont été répertoriés, où 0,6 % des enfants présentaient en réalité un syndrome modéré ou sévère.

Cette étude monocentrique algorithme vs polysomnographie a été réalisée auprès de plus de 400 enfants de 2 à 15 ans qui avaient une suspicion de SAHOS (ronflements réguliers au moins trois nuits par semaine). Même si elle est limitée par son approche (un seul appareil avec des mesures réalisées en une seule nuit), cette étude apporte une première analyse sur la précision diagnostique d’un oxymètre portable dont les données peuvent être analysées à distance par un algorithme de machine learning.

A termes, l’évolution de cette analyse devrait permettre de proposer aux patients une approche différente et permettre ainsi de surmonter les difficultés d’accès aux centres pédiatriques du sommeil et réduire les coûts du diagnostic du SAHOS chez l’enfant.

(1) European Respiratory Journal.
(2) Le machine learning, entendu comme l’ensemble des algorithmes qui permettent d’apprendre en identifiant des relations entre des données et de produire des modèles prédictifs de manière autonome, avec des Start up comme I’m OK et la gestion des pics d’activité dans la restauration.
(3) Cet index permet d’évaluer le degré de sévérité du problème d’apnée par événements respiratoires par heure (léger : 5 à 15 ; modéré : 15 à 30 ; sévère : plus de 30).




Les battements du cœur rechargent les pacemakers

Une équipe de l’université du Texas (1) vient de rendre public ses travaux sur un dispositif susceptible de recharger indéfiniment la batterie d’un pacemaker grâce aux battements du cœur. Le module  en question se compose d’un film polymère (2) dont la structure poreuse convertit en électricité les mouvements du filament en plomb qui relie le stimulateur cardiaque au cœur.
Même si l’idée d’exploiter la piézoélectricité n’est pas nouvelle, les chercheurs de l’université du Texas sont allés plus loin en testant avec de bons résultats leur appareil sur des animaux vivants. Les  phases d’évaluation devraient encore durer deux ans avant l’accès aux tests sur des volontaires humains. Ce système, qui pourrait être prêt pour une commercialisation d’ici à cinq ans ferait également office de capteur pour un suivi en temps réel des patients.

(1) Dartmouth College et du Health Science Center de l’université du Texas.
(2) Un film polymère à effet piézoélectrique a été développé par le Japonais Kuraray, ouvrant la voie à des applications de capteurs dans le médical. Il avait été présenté au Sensors Japan Expo, le salon des capteurs, qui s’était tenu en novembre 2010.

Source : Futura Santé




Santenay blanc 1er Cru Beaurepaire 2012

J’ai déjà, à plusieurs reprises dans cette revue, exprimé mon admiration pour les chardonnays de Côte d’Or, région qui, je le réaffirme, produit les plus grands vins blancs du monde.

Ceux-ci (Corton-Charlemagne, Montrachet et ses vassaux : Chevalier, Batard, Bienvenue) atteignent, à l’instar des grands crus rouges, des prix fabuleux, mais il est encore possible de dénicher, dans de plus petites appellations, d’excellents blancs à des tarifs abordables, tels ceux d’Antoine Olivier.

Créé en 1967, le domaine Olivier puise ses origines dans quelques vignes laissées par Mr Moreau-Chevalier à son petit-fils Hervé, le père d’Antoine. Basé à Santenay, le domaine s’est étendu, pour atteindre maintenant 12 ha, dont 5 en blanc, ce qui est une exception dans l’appellation qui produit seulement 10 % de vins blancs. Antoine Olivier, ayant succédé à son père depuis 2003, s’est attaché à la mise en valeur des terroirs anciens historiquement réputés pour la production de Santenay blanc.

Un microclimat favorable 

Santenay, tout au sud de la Côte de Beaune, protégé à l’ouest par la montagne des 3 Croix, jouit, grâce à son exposition sud, sud-est, d’un microclimat favorable pour les vignes plantées sur des sols de calcaire oolithique et de marnes qui assurent un excellent drainage. Le 1er cru Beaurepaire, sur des versants atteignant 350 m avec des sols très caillouteux idéalement exposés, est réputé pour la qualité et la finesse de ses vins, aussi bien rouges que blancs.

Antoine Olivier, qui se présente comme un grand quadra dynamique, sympathique, blagueur, voire farceur, a fait le choix d’une production bio sans la revendiquer en excluant tout produit de synthèse, pesticide ou désherbant, pour mettre en valeur ses terroirs, respecter l’environnement, transmettre un patrimoine sain. Il privilégie les labours, pour favoriser les échanges entre la plante et son terroir. Une grande attention est portée à la végétation : taille pendant l’hiver pour pérenniser les plants, ébourgeonnage pour contrôler les rendements, palissage pour guider la vigne, effeuillage pour favoriser l’ensoleillement des grappes et améliorer l’état sanitaire des raisins.

Des vendanges manuelles

Les vendanges totalement manuelles sont transportées en petites caisses et triées systématiquement sur table dès la réception. Les raisins destinés aux vins blancs sont lentement pressés mécaniquement pour extraire l’ensemble du jus. Après une clarification rapide (débourbage), les moûts sont mis directement en fûts, où aura lieu la fermentation naturelle sur plusieurs semaines. Pendant toute celle-ci, plusieurs batonnages remettent en suspension les lies fines jusqu’à la malolactique. Les vins vont ensuite rester 12 mois en fûts de chêne, neufs pour un quart d’entre eux, sur leurs lies sans soutirage. L’élevage est terminé en cuves pendant encore 6 mois. La mise en bouteille sans collage s’effectue après une légère filtration qui assure brillance et limpidité.

Une merveille d’équilibre

Ce Santenay Beaurepaire 2012 (excellent millésime pour les bourgognes blancs), paré d’une robe or pale cristalline et brillante aux éclats argentés, délivre des arômes de fleurs blanches : chèvrefeuille, acacia, de fruits : citron vert, pomme, mûre, poire. Le chardonnay joue sur les habituelles notes de toast beurré, de miel fin, d’amandes, de noisettes grillées et prend de la hauteur avec une texture généreuse, opulente, mais gardant fraîcheur et vivacité. Gras, séveux en bouche, il réalise une merveille d’équilibre à la fois fraîche, minérale et satinée. Des saveurs de craie, pierre mouillée, herbe fraîche dynamisent sa longue finale onctueuse.

Ce vin qui, plutôt qu’un Santenay, évoque les prestigieux voisins : Chassagne ou Puligny-Montrachet, offre de nombreux et riches accords culinaires. Il s’harmonise parfaitement avec la texture délicate des poissons nobles : sole meunière, dorade au four, loup à la crème de poivrons, feuilleté de saumon. Des quenelles de brochet Nantua subliment son côté brioché. Il s’accordera également avec des crevettes sautées au gingembre, écrevisses à la nage, noix de St-Jacques truffées. Ce Santenay, comme tous les bourgognes blancs, supplante largement les vins rouges, pour accompagner les volailles et viandes blanches : poule au riz, volaille en sauce crémée et morilles, blanquette de veau, noix de veau braisé, bouchées à la reine. Gardez-en une gorgée pour certains fromages : Ossau Iraty, comté et surtout chèvres demi-secs : chavignol, pélardon, charolais.

Ainsi ce Santenay Beaurepaire, dont la douceur du prix n’est pas le moindre attrait, offre, à l’image de son vigneron, un visage enjoué et rayonnant, si bien que très justement Antoine Olivier espère « que vous aurez autant de plaisir à déguster mes vins que j’en ai eu à les produire ».

Domaine Antoine Olivier
5 Rue Gaudin, 21590 Santenay
Téléphone : 03 80 20 61 35




De Toumai à Homo ergaster-erectus (2e partie)

Une bipédie associée au déplacement dans les arbres

L’angle entre le foramen magnum et le plan orbitaire au delà de 90° pour les Préhomo, laisse supposer la bipédie. Cet angle n’est que de 55° chez les chimpanzés. Il atteint 90° à 105° pour le genre homo. Les Préhomo conservent cependant une aptitude arboricole. La morphologie du bassin de Lucy et de son fémur lui assurait une bipédie pratiquement permanente, mais plus chaloupée que celle d’homo sapiens. 

La découverte d’un quatrième métatarsien d’australopithèque afarensis ayant une courbure voisine de celle de l’homme actuel confirmerait le caractère quasi humain de la marche de cet espèce. 

Les cinquante quatre empreintes de pied de Laetoli en Tanzanie, datées de 3,5 Ma, sont celles d’un homme et d’une femme ou d’un enfant. Le caractère légèrement divergent du gros orteil imprimé dans le sol volcanique, rapproche ces traces de celles de l’homme actuel. 

« Les empreintes de Laetoli tombent complètement dans la gamme normale de l’homme moderne » selon le savant américain David Raichlen (département d’anthropologie de l’université d’Arizona). 

Empreintes de pied. (6)

Toutefois, cet avis n’est pas partagé par tous les savants. Yvette Deloisson du CNRS considère « qu’ils devaient marcher en bipède à la manière des grands singes, chimpanzés ou gorilles ».  

Utilisation d’outils ?

Certains singes actuels se servent également d’outils, mais ce sont des objets disponibles. Ils ne les façonnent pas et les jettent après utilisation. Jusqu’alors les premières traces d’outils utilisés par les hominidés dataient de 2,5 Ma et étaient attribués à australopithecus Garhi. 

La découverte à Dikika, en Ethiopie, en 2009, d’ossements (la côte ou le fémur d’un animal) qui auraient servi pour le découpage de la viande, il y a 3,4 Ma, aux australopithecus afarensis (seule espèce présente en ce lieu), fit grand bruit. Les chercheurs trouvèrent au microscope électronique de minuscules morceaux de rocher enchâssés dans l’os, preuves de la percussion. 

Cette analyse reste fort controversée malgré la nouvelle étude dirigée par l’anthropologue Jessica Thompson : « Notre analyse montre avec une certitude statistique que les marques sur les os en question ne sont pas causées par le piétinement ou une morsure de crocodile […] Les entailles ressemblent plus à des marques faites par une découpe de boucherie ».  

Reconstitution de l’environnement et de la faune d’Olduvai en Tanzanie, il y a 1,8 Ma. (7)

Une nourriture en majeure partie végétarienne

Les australopithèques et les paranthropes vivaient dans un milieu boisé à la lisière de la savane arborée, près d’un point d’eau, et côtoyaient les grands prédateurs (lions, hyènes, tigres à dents de sabre, léopards, panthères). Les mâles restaient sur leur lieu de naissance alors que les femelles quittaient leur tribu évitant ainsi les risques liés à la consanguinité. 

Essentiellement végétariens, ils consommaient des insectes, des reptiles et des petits mammifères. Ils pratiquaient le charognage, se servant après les grands carnivores, une nécessité pour l’augmentation de leur cerveau : « l’évolution des humains étant probablement liée à plus de protéines ». Il ne cuisait pas leurs aliments, les premières traces d’argile brulée remontent à 1,5-1,3 Ma. 

Ce feu a peut-être été entretenu par un homo erectus suite à un incendie de forêt, car il ne le produisit et ne réalisa des foyers aménagés que vers 400 000 ans avant notre ère. Selam, l’enfant australopithèque afarensis de trois ans découvert à Dikika, possédait une ébauche d’os hyoïde. 

Indispensable au langage articulé, un seul os hyoïde complet a été retrouvé en Israël dans la grotte de Kebara. Il appartient à un homme de Neandertal qui avait la possibilité d’émettre des sons articulés comme le prouve une étude ADN sur des os de fémur datant de 49 000 ans BP.  

Homo habilis apparaît il y a 2,4 Ma. Il vécut en Ethiopie dans la vallée de l’Omo, sur les rives du lac Turkana au Kenya, dans les gorges d’Olduvai en Tanzanie et en Afrique du Sud à Swartkans et Sterkfontein. 

Pendant des milliers d’années, il cohabita avec les derniers australopithèques, les paranthropes et les homo erectus-ergaster. Un nouveau genre était né, à l’origine d’une formidable expansion hors d’Afrique dont le point d’aboutissement sera l’homo sapiens, l’homme actuel.

(6) Préhistoire de Toumaï et Lucy à Ötzi et Homère, Jean Marc Perino, dir., Vic-en-Bigorre, MSM, 2013, p. 21.
(7) D’après : https://www.hominides.com/html/actualites/environnement-paranthropus-boisei-et-habilis-1018.php

 

Bibliographie

(1) Préhistoire de Toumaï et Lucy à Ötzi et Homère, Jean Marc Perino, dir., Vic-en-Bigorre, MSM, 2013, 336 p. Une documentation riche sans doute la meilleure synthèse actuelle avec un tableau sur « La longue marche buissonnière des hominines » montrant de façon imagée l’évolution de notre espèce.
(2) Les Hominidés, site internet, www.hominides.com., sans doute le meilleur site sur nos ancêtres.
(3) Origines et évolution de l’homme, coll. Paris, Paris, Laboratoire de Préhistoire du Musée de l’Homme, 255 p.
(4) Pic, Pascal, Au commencement était l’homme. De Toumaï à Cro-Magnon, Paris, Odile Jacob, 2003, 257 p.
(5) Coppens, Yves, Le genou de Lucy, Paris, Odile Jacob, 1999, 251 p., le livre du découvreur.
(6) Lumley, Henri de, L’homme premier. Préhistoire, évolution, culture, Paris, Odile Jacob, 1999, 248 p.
(7) 3 millions d’années d’aventure humaine. Le CNRS et la préhistoire, Yves Coppens, dir., cat. expos. Paris, Musée de l’homme, 25 janvier-31 mai 1979, Paris, CNRS, 1978, 73 p.




La loi et l’e-Santé connecté

Le classement des objets connectés

Selon l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM), les objets connectés de santé sont classés dans la catégorie des dispositifs médicaux.
Mais l’ANSM précise que « tout instrument, appareil, équipement, logiciel, matière ou autre article, utilisé seul ou en association, y compris le logiciel destiné par le fabricant à être utilisé spécifiquement à des fins diagnostique et/ou thérapeutique, est nécessaire au bon fonctionnement de celui-ci. Le dispositif médical est destiné par le fabricant à être utilisé chez l’homme à des fins de diagnostic, prévention, contrôle, traitement ou atténuation d’une maladie, d’une blessure ou d’un handicap ; mais aussi d’étude ou de remplacement ou modification de l’anatomie ou d’un processus physiologique. Son action principale voulue dans ou sur le corps humain n’est pas obtenue par des moyens pharmacologiques ou immunologiques ni par métabolisme, mais sa fonction peut être assistée par de tels moyens » (directive européenne 93/42/CEE).

La protection des données de santé

La protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel est un droit fondamental.
L’Union européenne a adopté depuis 2018 une définition légale qui précise les données de santé comme « des données à caractère personnel relatives à la santé physique ou mentale d’une personne physique, y compris les prestations de services, de soins de santé qui révèlent des informations sur l’état de santé de cette personne. »

La réforme de la protection des données poursuit trois objectifs :

  • Renforcer les droits des personnes, notamment par la création d’un droit à la portabilité des données personnelles et de dispositions propres aux personnes mineures ;
  • Responsabiliser les acteurs traitant des données (responsables de traitement et sous-traitants) ;
  • Crédibiliser la régulation grâce à une coopération renforcée entre les autorités de protection des données, qui pourront notamment adopter des décisions communes lorsque les traitements de données seront transnationaux et des sanctions renforcées.

Pascal Wolff




L’intelligence artificielle et les bases de données

Les budgets colossaux outre-Atlantique impressionnent, mais sont en accord avec l’intérêt majeur que portent à la Santé les géants mondiaux du numérique. L‘IA est en première ligne et les données de Santé en ligne de front, elles sont la base logistique de la Santé de demain. Sans elles, point de salut.

Si vous y regardez de plus près, par exemple le Système National d’Information Inter-Régimes de l’Assurance-maladie (SNIIRAM), l’organisme qui collecte les remboursements de la Sécurité sociale de la population française, vous serez surpris de voir qu’elle travaille sur 20 milliards de lignes de prestations. Jusqu’à maintenant, cette base, ainsi que d’autres en France, n’était que peu ou pas sollicitée par des demandes extérieures, mais à l’avenir, tout va changer.

Les algorithmes et l’IA, à la demande de la Caisse Nationale de l’Assurance-maladie (CNAM), sont passés à l’action à la SNIIRAM, à des fins de statistiques (détection de médecins ou pharmaciens qui prescrivent trop facilement des substituts aux drogues, identification des médicaments qui augmentent le risque de chutes…) [1]

Mais cette masse de données ne sera pas suffisante pour l’Intelligence Artificielle, car l’IA a besoin de masses colossales de lignes, ce que l’on voit d’ailleurs bien dans le fonctionnement des GAFAM.

En France, les bases de données, si elles existent bien, n’ont pas de structures organisationnelles solides, exceptés certains secteurs comme la radiologie, la biologie et la génomie. Il ne faut pas non plus oublier la grande richesse des hôpitaux, des laboratoires, des universités,… mais sans ligne transversale ni interopérabilité, rien ne peut être possible.

Il y a également un autre problème – et de taille –, la protection des données qui, en France, dépend de la loi de janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés (2) avec un encadrement strict. Même si toutes les informations de Santé collectés par des organismes publics ont été regroupées au sein du Système National des Données de Santé (SNDS), il faut transmettre demandes et dossiers aux organismes accrédités qui donneront leurs avis avant d’envoyer leurs conclusions à la CNIL qui donnera son accord (ou pas).

La compatibilité de l’IA avec la loi est donc difficilement conciliable, car l’un des intérêts de l’Intelligence Artificielle est justement d’être libre comme un électron et lancé sans objectif précis dans les méandres des lignes algorythmétriques

Le marché de la Santé connectée est évalué à 4 milliards d’euros d’ici deux ans uniquement en France. (3) Ce montant considérable doit faire prendre la mesure de ce que notre pays doit être en passe de réaliser afin de rester dans la course à l’Intelligence Artificielle et trouver son équilibre entre droit fondamental, éthique et collecte des données.

Il faut également que la France définisse une stratégie industrielle afin d’avoir une maîtrise complète de ces technologies déterminantes pour l’avenir et se tourner vers l’Europe pour son marché économique.

Pascal Wolff

(1) Les Echos
(2) www.cnil.fr
(3) D’après le bureau d’études Xerfi




La santé ou le e-partage du pouvoir

L’e-santé, considérée comme une « priorité stratégique » par nombre d’industriels, a confirmé sa place grandissante dans le secteur des nouvelles technologies lors du CES 2019 qui vient de se fermer à Las Vegas. Malgré son orientation grand public, ce salon donne l’occasion aux professionnels de cerner les tendances et besoins futurs de l’e-santé.

Les GAFAM (1) avaient, bien sûr, fait le déplacement (exceptée Apple), accompagnés, et c’est nouveau cette année de par son nombre, des start-ups profilées e-santé de la French Tech qui prouvent bien, notamment en France qui en fait une spécialité, que cette technologie entre dans une nouvelle ère. L’Europe, par contre, et malgré l’importance stratégique du secteur de la Santé, tant par son éthique que pour l’importance de son secteur économique, en a été la grande absente.

Une disparition progressive des gadgets

La première tendance vue à ce CES est la disparition progressive des gadgets, remplacés par une technologie connectée bien plus évoluée (grâce aux bases de données), qu’elle soit matérialisée en capteurs (montres, vêtements, tensiomètres…) ou assistants personnels. Cette jeune technologie pose cependant quatre problèmes majeurs :

1. le mélange des genres (voulu) entre accessoires et applications orientés bien-être et outils qui ont un réel usage et impact médical.
2. La protection de bases de données sur lesquelles s’appuient tous ces objets.
3. La difficulté de compréhension que l’on retrouve autant dans le grand public que chez les professionnels, avec, à  la clé, l’utilisation faite par l’usager des résultats fournis : protection des données, interprétation, diagnostic.
4. Le matériel : développement des logiciels, fiabilité, qualité des capteurs,…

Haro sur le transhumanisme

Nous sommes à l’aune de ces deux concepts Bien-être et Santé qui font chacun leur buzz avec une montée en gamme dans un futur très proche, l’un dans le grand-public et l’autre dans les milieux professionnels. 

Les GAFAM, misent grand, non seulement pour rentabiliser à terme leurs recherches sur investissement, mais également pour occuper un marché aussi vaste que stratégique. Chacun y allant de sa filiale dédiée Santé, seul ou en coopération avec des laboratoires pharmaceutiques.

Google, par exemple, a créé Verily en 2016 (puis Galvani Bioelectronics en partenariat avec GSK et Onduo avec Sanofi). 

Cette filiale a travaillé il y a trois ans sur un projet de lentilles connectées destinées aux diabétiques, mais le projet s’est arrêté net en novembre dernier, l’entreprise justifiant son incapacité à relever le défi. Début janvier, Verily est repartie de plus belle en annonçant une levée de plus d’un milliard de dollars sans en communiquer la moindre information. Cependant, la filiale de Google mène plusieurs études, dont l’une avec plus de 10 000 cobayes pour « mieux comprendre les moyens de prédire et de prévenir l’apparition et la progression de la maladie » pour une durée de quatre ans. Veliry ne cache pas de transformer radicalement la manière dont les soins sont aujourd’hui fournis.

Apple a ouvert la voie avec le smartphone qui est devenu le symbole de notre vie quotidienne. Elle mise aujourd’hui sur les bases de données médicales à « portée de main » sur ses appareils connectés. La firme à la pomme serait en discussion avec plusieurs assurances Santé afin de prendre en charge l’AppleWatch dans le cadre de Medicare, (2) notamment auprès des seniors (plus de 65 ans) n’ayant pas les moyens de se la procurer. La dernière version inclus, hors tracker d’activité, un détecteur de chutes et un électrocardiogramme qui « peut sauver de vies », selon les propres mots d’Apple.

La firme nourrit des ambitions très commerciales sur ses projets avec une accélération de ses ventes. Quid de l’utilisation d’un objet connecté aussi sophistiqué que l’AppleWatch pour une personne âgée ?

Axa, dans un temps pas si lointain, avait déjà proposé un produit similaire à certains souscripteurs dans la même logique (le capteur de Withings), et Generali, d’une façon plus globale, également.

Une main mise sur le marché des données

Microsoft a présenté il y a deux ans un plan pour vaincre le cancer avant 2026 grâce à l’IA, comme si c’était un virus. Elle veut favoriser les outils numériques « afin d’encourager les gens à vivre des vies plus saines, et à offrir des analyses pouvant faire avancer la recherche médicale ».
Facebook, qu’on se le dise, veut éradiquer la totalité des maladies avant la fin du XXIe siècle…
Amazon, quant à elle, a annoncé fin 2018, le lancement d’Amazon Comprehend Medical, un service dédié aux professionnels de santé utilisant le machine learning pour permettre un gain de temps dans la prise de décision grâce aux analyses des dossiers médicaux. Roche Diagnostics utilise ce procédé.

Les Américains sont galvanisés par les sources de données qui permettront à elles seules d’interagir avec l’Intelligence Artificielle. Elles sont extrêmement précieuses pour la maîtrise de l’e-santé, le point d’orgue des GAFAM.

Intelligence artificielle versus médecin

Mais nous ne sommes pas encore à l’ère où l’Intelligence Artificielle vous chuchotera à votre oreillette bluetooth : « Heu, tu as un cancer, mais ne t’inquiète pas, on vient de l’intercepter, tu es en phase de rémission à 1.13 GHT… », ou « Attention, Jean, vous avez une forme d’arythmie ». Comment Jean, à partir de son capteur lors d’un footing en forêt, va-t-il interpréter l’information ? Sait-il ce qu’est une arythmie ? Va-t-il la prendre en compte et en parler à son médecin ? Ou juste se dire que cette montre est un gadget de plus et qu’il n’y a pas de quoi pavoiser ?

L’enjeu des industriels est d’assurer une traduction essentielle dans les suggestions de soins et les conseils utiles, certains en font d’ailleurs leur cheval de bataille.

Pascal Wolff

(1) GAFAM : Acronyme de Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.
(2) Medicare : système d’assurance-santé géré par le gouvernement fédéral des États-Unis au bénéfice des personnes de plus de 65 ans ou répondant à certains critères.




Guide pratique d’IRM

A l’hôpital public ou en établissement privé, l’imagerie par résonance magnétique est devenue pour le radiologue comme pour le prescripteur un examen de pratique quotidienne.

Ce guide, initié par l’ouvrage de 2007 réédité en 2012, propose pour chaque type d’examen :

  • une liste de points à analyser de façon systématique, à type de « check-list » ;
  • une analyse descriptive de chacune des images présentées ;
  • un développement stratégique consacré au choix de l’examen d’imagerie, à la technique et aux points d’interprétation.

Les entrées abordées correspondent à des motifs de consultation et sont adaptées à la pratique quotidienne ; le livre propose toutes les informations nécessaires à l’interprétation correcte des différents examens en intégrant les données séméiologiques utiles à la rédaction du compte rendu ; les textes sont courts et énumératifs, avec des encadrés spécifiques pour minimiser les risques de confusion.

Ce nouvel ouvrage, qui  reprend le concept de ses prédécesseurs avec encore plus d’illustrations et des textes mis à jour, devrait rencontrer le même succès :

D’abord parce qu’il répond à un besoin : il est la parfaite illustration du vade-mecum, celui que l’on garde près de soi pour le consulter si nécessaire ; toujours pratique, comme indiqué dans le titre et confirmé dans le texte, il doit guider l’analyse d’un examen en permettant d’éviter les pièges et de structurer un compte rendu ; dans le monde de l’IRM, où la standardisation n’est encore qu’un objectif à défaut d’être devenu la règle, il est agréable de pouvoir compter sur un livre qui simplifie les pratiques et indique clairement la ligne directrice.

Ensuite à cause du talent de  l’auteur principal : le professeur Lionel Arrivé, radiologue à l’hôpital Saint- Antoine à Paris, possède le don de hiérarchiser ce qui est important et ce qui l’est moins, et surtout de partager son message aussi clairement que possible, organisant une ligne éditoriale homogène avec ses collaborateurs, les docteurs Pierre Le Hir, Céline Quach et Malik Moustaphir, également radiologues à Paris.

Cet ouvrage s’adresse aux radiologues débutants ou confirmés amenés à pratiquer l’IRM, et, au-delà, à tous les cliniciens désireux de parfaire leur culture radiologique et de mieux cerner les indications des examens d’imagerie.




A cœur ouvert

C’est avec un réel plaisir que nous nous faisons ici l’écho de la dernière publication de Robert Haïat, éminent collaborateur et ami du Cardiologue, intitulée « A cœur ouvert ».

Robert est aussi le signataire de l‘un de nos cahiers FMC les plus prestigieux, les Best of en cardiologie, dont le premier volet paraît ici même en ce numéro. Ces Best of, nous le savons, sont attendus chaque année par nos lecteurs avec plus d’impatience, tant pour l’exhaustivité des informations rapportées que pour leur remarquable présentation si claire et didactique !

Robert Haïat, cardiologue, faut-il le rappeler, et fondateur du service de cardiologie de l’Hôpital de Saint-Germain-en-Laye, est connu depuis longtemps pour ses nombreuses publications, qui font référence, sur les grands essais cliniques ou les recommandations et prescriptions en cardiologie.

Mais l’auteur a plusieurs cordes à son arc ; il a déjà signé des ouvrages non médicaux, comme celui qui se rapporte aux rues de Saint-Germain-en-Laye, ou plus récemment celui qu’il avait intitulé « mots patients, mots passants » dont nous avions parlé dans le journal à sa sortie.

Le livre qu’il nous propose aujourd’hui est en quelque sorte la continuation du précédent qui avait connu, et l’on s’en félicite, un réel succès.

Comme le précise l’auteur, ce nouveau recueil est « la retranscription fidèle et minutieuse de propos entendus en consultation, somme de paroles dont l’auteur a identifié celles qui prennent tout leur sens dans le murmure ou le soupir qui les expriment spontanément ». Ces paroles de patients sont rapportées dans toute leur vérité et leur fulgurance, faisant passer du sourire au rire et du rire aux larmes.

Et pour maintenir une certaine unité aux propos recueillis, l’auteur les a classés par thèmes, en dix chapitres, les citations étant souvent agrémentées de commentaires destinés à faire sourire ou en expliciter le sens. Tous ces « mots », derrière lesquels une lecture attentive nous laisse facilement découvrir les « maux » de ceux qui les prononcent, ont une valeur indéniable ; certains sont même véritablement truculents, illustrés par ce bref florilège :

– « Mon médecin qui est une femme charmante m’a dit : vous avez une prostate de jeune fille.»
Ou
– « Quand j’ai épousé mon mari il y a plus de trente ans, il était à découvert ; eh bien, aujourd’hui, il l’est toujours ! »
Ou encore
– « Un pessimiste, c’est un optimiste qui a de l’expérience.»
Etc, etc.

Et comme le souligne Robert Haïat pour finir, « En consultation, à côté de la sûreté du diagnostic, de l’intelligence artificielle et des robots à venir, c’est l’humain qu’il faut défendre et respecter ».

A méditer et à transmettre sans retenue à toutes les générations de soignant(e)s.

Broché : 102 pages
Format : 110×165 mm
Editeur : Editions Frison-Roche
Prix public : 13,50 €




CES 2019 – la Santé mon amour

Le secteur de la Santé a été la tendance phare du CES de Las Vegas, notamment grâce aux investissements des starts-up et des développements de l’Intelligence Artificielle, de la robotique… et l’explosion des objets connectés, tant dans la Santé professionnelle que le Bien-être, notamment avec les groupes américains tels Google ou Amazon.

Signe de la tendance, le Digital Health Summit, l’équivalent d’un congrès médical, a pris son importance au CES, avec la rencontre entre spécialistes et intervenants sur l’avenir des soins de santé numériques.
A noter également la création du village français, Smart santé, conçu pour recevoir la cinquantaine de starts-up de la French Tech.
Le domaine de la Santé, dans cette explosion de données, est arrivé en ordre dispersé au CES, entre Santé véritablement professionnelle et Bien-être et Fitness. Les thérapies digitales ont été très présentes, accompagnées pour le coup par des industriels du médicament qui développent des stratégies dites « beyond the pill » (au-delà du médicament). La Réalité Virtuelle (VR), la Réalité Augmentée (RA) ainsi que l’Intelligence Artificielle (IA) [en savoir plus ici] et le deep learning sont restés les vedettes du CES.

Charlie arrive…

Charlie, c’est le robot médical autonome et interactif de New Health Community, une start-up toulousaine. 1,60 mètre pour 65 kg, Charlie a été conçu pour accompagner personnel de Santé et patients au sein d’un établissement hospitalier.
Il se déplace en réelle autonomie, peut converser à distance à partir d’un ordinateur ou d’un smartphone, être piloté par le geste ou par la voix.
Il met à disposition des patients tensiomètre, oxymètre, stéthoscope et apporte également des informations concrètes comme le parcours médical des patients, des tutoriels, d’applications interactives. Un patient éduqué et informé de sa maladie, selon son concepteur, Nicolas Homehr, médecin généraliste, diminue son stress et le positionne dans sa responsabilisation.
Des modules d’intelligence artificielle ont été développés pour Charlie qui est transformable selon les demandes.
La commercialisation est annoncée pour l’été 2019.

… Withings revient…

Withings, avec ses rocambolesques rachats par Nokia puis par son fondateur deux ans plus tard, Eric Carreel, a présenté une nouvelle montre analogique, Move ECG, qui permet de mesurer son ECG qui apparaît instantanément dans l’application Health Mate. Si une FA a été détectée, elle sera indiquée et le résultat pourra être envoyé au médecin enregistré. Cette montre sera disponible au printemps 2019.
C’est aussi un coach santé qui mesure l’activité quotidienne (marche, course, natation et nombre de marches montées). Ceci dit, les tests entre les différents objets connectés que nous avons pu comparer n’ont jamais trouvé les mêmes mesures. A utiliser donc avec une certaine réserve lors du nombre de vos pas lors de vos footing et autre marche…

… La poste également

Etre soigné grâce au numérique, tel est le credo lancé cette année. Après son annonce faite au CES 2018 et son application santé, le groupe La Poste, qui a emmené cette année quinze starts-up, dont six dans le domaine Santé, fait évoluer l’offre de Docapost, sa filiale santé.
Fort de la plus grande base de données de santé en France avec 45 millions de dossiers de santé actifs, La Poste passe maintenant au mode industriel en présentant trois innovations :

  • Un assistant digital (Adel) du groupe Elsan (1) qui accompagne les patients dans leurs parcours d’hospitalisation jusqu’à leur retour avec trois fonctions principales : les étapes dans l’établissement hospitalier, la connexion avec l’équipe médicale une fois sorti, les formalités administratives.
  • La Poste a créé pour les particuliers, en partenariat avec Cerba Healthcare, (2) un service de récolte et de stockage d’analyses médicales au sein de son application. La visualisation des documents se présentant sous format pdf (et donc facilement transférable) ou visuel en graphiques ou courbes de suivi.
  • Enfin, une application destinée à la chirurgie bariatrique et l’hyperobésité est la troisième innovation,  en partenariat avec l’IHU de Strasbourg. Elle permet aux patients d’interagir à distance avec le personnel médical et de bénéficier d’un suivi médical. Cette application s’accompagne d’un jeu d’objets connectés (oxymètre, tensiomètre, balance, bracelet).

Mais également

Orange Business Services a été également présenté par l’intermédiaire de sa filiale Enovacom, spécialisée dans l’exploitation des données de santé hospitalières. 

Pharmagest (groupe Welcoop) était également présente afin de présenter ses derniers développements en matière de santé digitale avec son application Health Journey Portal et son boitier « e-health box » pour le maintien à domicile des personnes âgées.

En matière d’intelligence articielle, ExactCure, accompagnée par Dassault Systèmes, propose la création d’un jumeau digital d’un patient pour simuler l’effet d’un médicament sur son organisme.

(1) Elsan, premier groupe de cliniques français.

(2) Cerba Healthcare, premier groupe de laboratoire biologique français avec 400 établissements.




CES 2019 : les récompenses françaises

La cérémonie des Innovations Awards a récompensé 11 starts-up en e-santé.

E-Vone. Chaussures connectées et géolocalisables pour les personnes âgées.

Healsy. Plateforme mobile dotée de l’IA de support à la décision pour les personnes diabétiques.

Hypno VR. Solution logicielle pour effectuer des anesthésies sous hypnose à l’aide de casques de réalité virtuelle.

Koovea. Solution connectée d’enregistrement et de traçage des médicaments thermosensibles.

Lifeina. Mini-réfrigérateur portable et connecté pour le transport des médicaments thermosensibles.

Meersens. Objet connecté destiné à mesurer l’environnement ambiant, l’eau et les aliments.

Numii. Outil connecté de mesure en temps réel de l’environnement de travail.

Team8. Montre connectée pour les enfants âgés de 5 à 12 ans pour les aider à mieux gérer leur santé grâce à un jeu évolutif. Lire notre article

Ullo. « Bac à sable » lumineux et connecté qui s’adapte aux émotions des patients souffrants de troubles cognitifs.

UrgoTech. Système de mesure électro-encéphalographique associé à une série d’exercices d’entraînement cérébral pour apprendre à retrouver un sommeil de qualité.

Withings. Montre connectée Move ECG, tensiomètre connecté BPM Core. Lire notre article




La poussière neuronale

La poussière neuronale, ça vous dit quelque chose ? Nous sommes dans la médecine bioélectronique, cette technologie récente, développée en 2017, qui pourrait transformer la surveillance et le traitement des maladies. (1)

José Carmena (2) et Michel Maharbiz (3) de l’Université à Berkeley aux Etats-Unis ont développé un capteur de taille millimétrique (appelé poussière neuronale) qui permet la surveillance ou la stimulation en étant positionné sur des muscles ou des réseaux nerveux spécifiques.

Etant alimentés par ultrasons, ils peuvent rester en place indéfiniment afin de transmettre ce qu’ils y détectent en évitant, de fait, la pratique des implants à fil et/ou à batterie. L’avantage est qu’ils peuvent être implantés pratiquement n’importe où dans le corps humain afin d’y recueillir les informations transmises par les nerfs et permettre de mieux traiter certaines maladies, notamment cardiovasculaires. La transmission des données se faisant en temps réel, le délai entre le diagnostic et le traitement permettra de stimuler les parties nerveuses  en fournissant des boucles de rétroaction (4) quasi instantanées.

La start-up Iota Biosciences a récemment annoncé une levée de fonds de 15 millions de dollars qui permettra à l’entreprise de lancer ses propres tests précliniques. 

Cette technologie n’a pas encore reçu l’approbation de la FDA, même si les fréquences utilisées par les poussières neuronales sont comprises dans les normes d’acception de l’autorité américaine.

Iota envisage à terme des produits implantables aussi courants que les pilules, conjointement aux formes de thérapies traditionnelles…

(1) Source Usine digitale.
(2) Professeur de génie électrique et de neurosciences.
(3) Professeur au département de génie électrique et d’informatique.
(4) Une boucle de rétroaction (le plus souvent utilisée dans la cybernétique) est un dispositif qui lie l’effet à sa propre cause, avec ou sans délai, son amplification étant positive ou négative. Une hormone, par exemple, bloque sa propre sécrétion lorsqu’elle est produite en trop grande quantité.




CES 2019 : Amazon et la santé

Apple absent, mais snobant ses concurrents sur la vie privée des utilisateurs, Google venant y faire la promotion de son assistant intelligent, et Amazon, de plus en plus présent dans le monde de la Santé.

Après le rachat de PillPack, la start-up de vente de médicaments en ligne en juin dernier pour un montant avoisinant le milliard de dollars, et l’investissement dans Grail, une start-up qui travaille sur la détection et le développement d’un test sanguin pour détecter les cancers avant l’apparition des symptômes, la création d’une équipe « Santé et Bien-être » pour développer des applications concernant les diabétiques, mères/enfants et personnes âgées pour l’assistant domestique Alexa, le service vocal dans le Cloud, Amazon annonce un service d’analyse utilisant la machine learning : Amazon Comprehend Medical. Cette technique aurait l’avantage de réduire le temps d’étude d’un dossier à quelques secondes et de faciliter ainsi le travail des professionnels de santé en identifiant automatiquement les « états de santé, termes anatomiques, détails de tests médicaux, traitements et procédures ». Le service sera également utilisable par les patients afin de les aider dans leurs traitements.

Enfin, un partenariat a été fait entre Amazon et Omron Healthcare, (filiale d’Omron connu pour ses tensiomètres numériques), pour introduire dans Alexa, l’assistant vocal du géant du net, une application afin de mesurer la tension artérielle, lire ses derniers relevés médicaux, les comparer, proposer des solutions… Les propriétaires d’un tensiomètre Omron Healthcare vont donc pouvoir interagir directement avec l’assistant vocal.




De Toumai à Homo ergaster-erectus [1]

Depuis le discours demeuré célèbre, en 1860, de Jacques Boucher de Perthes « De l’Homme antédiluvien et de ses œuvres », nos connaissances sur l’évolution de l’homme n’ont cessé de progresser. Les découvertes, le 19 juillet 2001, par l’équipe dirigée par Michel Brunet dans le désert du Djourab au Nord du Tchad, ont fait de Toumai notre « ancêtre » le plus ancien et sont venues infirmer la théorie de l’East side story d’Yves Coppens. (1)

Dès le début du XVIIe siècle, l’italien Lucilio Cesare Vanini (1585-1619) finit sur le bucher pour athéisme. Ce philosophe et naturaliste osa insinuer que l’homme descendait du singe. En disséquant un orang-outang, le docteur Edward Tyson (1650-1708), affirma qu’il avait quarante points de ressemblance avec l’homme, mais aussi trente quatre points de différence. 

Charles Darwin (1802-1882) dans sa « Filiation de l’homme et la sélection liée au sexe » en 1871, leur reconnaissait un ancêtre commun et une origine africaine. Le XXe et XXIe virent les recherches progresser à « pas de géant ». Ainsi, le génome du chimpanzé et de l’homme ne diffère que de 1,26%. 

Leur séparation, à partir d’un individu identique probablement africain, pourrait intervenir vers 8 millions d’années, voire entre 6,3 et 5,4 Ma (2) en étudiant le génome, avec une période de métissage qui dura 4 millions d’années. 

Toumaï, Orrorin

La découverte du crâne complet d’un mâle, de fragments de mandibules et de dents couvertes d’émail (absent chez les grands singes) correspondant à six individus (sahelanthropus tchadensis) datant de 7,2 à 6,8 Ma, (3) remit en cause nos précédentes théories : un « ancêtre » de l’homme avait vécu à l’Ouest du rift ! Les treize fossiles (Orrorin tugenensis), datant de 6,1 à 5,7 Ma, trouvés au Kenya, en 2000 par Brigitte Senut et Martin Pickford, furent jusqu’à Toumaï les restes du plus ancien « ancêtre » de l’homme. La forme de son fémur lui autorisant une bipédie « fréquente » et l’existence d’émail dentaire lui donnent des traits humains. Ces trouvailles suggèrent que la dichotomie entre les grands singes et l’homme doit être au delà de 7 millions d’années.

Reconstitution de Sahelanthropus tchadensis. Jardin de D’jamena, Tchad.

Les ardipithèques

Trouvés en 1992 dans la vallée de l’Awash en Éthiopie, ces fossiles d’ardipithécus ramidus (dénommés d’abord australopithécus ramidus) datent de 4,5 à 4,4 Ma. Le squelette assez complet d’une femelle, dénommée Ardi, put être reconstitué. 

L’étude des os de trente deux individus, notamment ceux du bassin et des mains prouvent la pratique de la bipédie et le déplacement dans les arbres. Le knucle-walking inconnu d’Ardi, au contraire des chimpanzés et des gorilles, démontre que ce mode de locomotion fut précédé par la station debout érigée bipède : « le schéma évolutif classique, l’homme descend du singe se trouve sinon inversé du moins bouleversé ! » (4). En 2001, un nouveau représentant d’ardipithécus, ardipithécus kadabba dégagé au Nord-Est de l’Éthiopie daterait de 5,8 à 5,2 Ma. Serait-il l’ancêtre commun tant recherché ?

La série des australopithèques et des paranthropes

Les australopithèques évoluèrent entre 4,4  et 2,2 Ma, en Afrique du Centre, du Sud et de l’Est. Sont distingués par les découvreurs les australopithécus : anamensis (« du lac ») de 4,2 à 3,9 Ma, afarensis (« de l’Afar ») de 4,1 à 2,9 Ma, africanus (« africain ») de 3,5 à 2,5 Ma, bahrelghazali (« de la rivière des gazelles ») de 3,5 à 3 Ma, gahri (surprise) 2,5 Ma, sediba (de la source ») 2 Ma. Tous possédèrent une bipédie non exclusive, une denture éloignée de celle des grands singes avec un prognathisme moins marqué. Lucy (femelle australopithécus afarensis) dont le squelette (40 %), extrait dans la vallée de l’Awash en 1974 et conservé au musée d’Addis-Abeba, reste certainement le fossile le plus connu au monde. Une chute d’un arbre (?) à l’origine de fractures multiples, serait la cause de son décès. L’étude du squelette presque complet d’une enfant de trois ans, Selam, plus âgée de 150 000 ans que Lucy, mis au jour à quatre kilomètres d’Hadar, apporte la preuve qu’au delà de cet âge, la croissance des individus était rapide. 

Tête de Lucy, 3,2 Ma. Addis-Abbeba, Musée national d’Ethiopie.

Raymond Dart créa en 1924 le taxon australopithécus africanus pour l’enfant de Taung dont la mandibule et le calvarium furent découverts à 150 km de Kimberley en Afrique du Sud. Cette dénomination tarda à être admise par ses collègues, car ces fossiles étaient considérés comme trop proches des grands singes. Abel (australopithécus bahrelghazali) découvert en 1995, à l’Ouest du Rift, a contredit le premier la théorie de l’East side story, alors que l’équipe d’Yves Coppens cherchait à la confirmer. 

Quant aux deux squelettes partiels d’Australopithécus sediba coincés à l’intérieur d’une grotte sans avoir pu en ressortir, certains chercheurs les donnent comme précurseurs du genre homo (habilis ou erectus). Une étude détaillée de ces fossiles leur attribue une mixité de caractères, soit typiques des grands singes ou d’autres espèces d’australopithèques, soit très humains. 

Pour Yves Coppens, « cet australopithèque sud-africain atteint à peine 2 Ma. Je vois mal comment l’homme pourrait avoir un ancêtre plus jeune que lui ! Pour moi, nous sommes tout simplement en présence d’un nouveau parallélisme évolutif, ce qui est déjà passionnant ». L’existence de sutures métopiques visibles sur le crâne de l’enfant de Taung et de ses successeurs est conciliable avec un accouchement facilité et un fort développement cérébral. (5) Le Kenyanthropus Platyop repose sur un seul fossile (crâne déformé) trouvé au Nord du Kenya. Il vécut, il y a 3,5 Ma, sur les bords du Turkana. Objet de discussions parmi les savants, il serait un spécimen d’australopithecus afarensis ou l’un des ancêtres d’homo rudolfensis.

Les premiers paranthropes (« à côté de l’homme ») apparaissent il y a 2,4 Ma en Afrique du Sud (Swartkrans et Sterkfontein), au Kenya (Olduvai) et dans la vallée de l’Omo en Éthiopie. Ils comprennent trois espèces : robustus (regroupant cent trente individus dont le mâle Orphée et la femelle Eurydice), aethiopicus et boisei (appelé d’abord zinjanthrope), le plus grand et le plus corpulent. Contemporain d’homo habilis, ils ont un dimorphisme sexuel très important (taille : 1,45 m, poids : 45 kg pour les mâles ; taille : 1,15 m, poids : 30 kg pour les femelles) supérieur à celui de l’homme.

Petite taille et faible capacité crânienne

La taille et la capacité crânienne des espèces progressèrent lentement pendant des milliers d’années. Toumaï, Orrorin et Ardi mesuraient entre 1,20 m. et 1,30 m. pour un poids de l’ordre de 30 à 50 kg. La capacité crânienne du premier avoisinait 320-380 cm3, et 300-350 cm3 pour Ardi, légèrement inférieure à celle des australopithèques et des chimpanzés. Celle d’autralopithécus afarensis atteint 380 à 430 cm3, d’africanus 450 à 530 cm3, de sediba 450 cm3. Leur taille était de l’ordre de 1,40-1,50 m pour un poids entre 40 et 50 kg. Tous ces paramètres évoluèrent chez les paranthropes : taille voisine de 1,50 m, poids de 50 kg, capacité crânienne de 420 cm3 pour aethiopicus et de 500-600 cm3 pour boisei.




Domaine Hegarty-Chaman – Minervois Les Dames 2014

Que diable est venu faire un Pair du Royaume Sir John Hegarty, anobli par la reine d’Angleterre pour services rendus à l’industrie publicitaire, dans un petit bled du Minervois sur le versant sud de la Montagne Noire ? Et bien pour produire de grands vins, après avoir acheté en 2002 le domaine de Chamans, 50 ha de terres d’un seul tenant comprenant un vignoble de 15 ha, certifié bio et biodynamie depuis 2010, dans un vallon entre 150 et 300 m d’altitude isolé des autres vignobles qui lui permet d’exprimer la qualité d’un terroir d’exception.

Symbole sur les étiquettes des bouteilles, le mouton noir est là pour rappeler que le Languedoc offre l’opportunité d’élaborer des vins de haut niveau, si on se démarque des traditions et des habitudes locales productivistes.

Le terroir de Chamans se compose essentiellement de calcaire et d’argile qui retient l’humidité, vertu essentielle dans la région, avec une parcelle de schistes. Le cers, vent prédominant, assèche l’humidité sur les raisins et réduit les traitements, tisanes et préparations bios spécifiques. En accord avec son approche biodynamique, le domaine s’efforce de rétablir un équilibre naturel entre la vigne et son environnement, du sol à la faune et la flore locale, au rythme des planètes. Les machines sont très peu utilisées, des oliviers, de la lavande, des ruches créent de la biodiversité, un troupeau de moutons élimine les mauvaises herbes et assure une fertilisation naturelle par engrais organiques.

Tous les raisins sont cueillis et soigneusement triés manuellement, puis descendus par gravité dans des cuves partiellement enterrées. La vinification, assurée par Jessica Servet, s’effectue en séparant chaque cépage, les rouges sont égrappés et foulés.

La cuvé « les Dames » 2014 assemble 60 % de syrah et 40 % de carignan issus de vignes âgées de 30 à 60 ans avec un rendement faible de 25 hl/ha. La fermentation est menée en cuves époxy pendant 4 semaines grâce aux seules levures indigènes naturelles. Le vin est élevé pendant 18 mois en barriques, dont 30 % neuves. Le soufrage est minimal. Les interventions sont réduites à quelques remontages et délestages. L’embouteillage, lorsque le vin est stable à la lune descendante, s’effectue après légère filtration.

Un élevage parfaItement maîtrisé

Jessica Servet, épaulée par un œnologue et un biodynamicien, met tout en œuvre, pour privilégier la finesse, l’expression aromatique, la pureté du fruit et obtenir la texture la plus suave et les tanins les plus fins possibles grâce à cet élevage parfaitement maîtrisé.

La cuvée « les Dames » 2014 dégage, à l’ouverture, une désagréable odeur de réduction (œuf pourri, pet) qui nécessite obligatoirement un vigoureux carafage, afin de bien l’oxygéner et le report, au lendemain, de la dégustation.

Sous ces conditions, le vin, paré d’une robe pourpre amarante presque opaque, dévoile un nez sanguin et complexe de fruits rouges : fraise, framboise, d’épices et de garrigue : thym grillé, romarin, sauge, de thé noir soulignés par une touche de graphite et de balsamique. En bouche, ce vin est plus juteux et séveux que confituré. Les nuances aromatiques s’expriment dans un registre réglissé donnant une impression crémeuse et veloutée. L’équilibre entre les tanins concentrés mais veloutés, les baies vibrantes et la vive minéralité ajoutent de la complexité à sa finale incroyablement longue.

Une aspiration à l’excellence

Ce vin généreux, doté d’une agréable finesse avec ses arômes sudistes, se marie harmonieusement avec bien des recettes du Midi, surtout si elles font une large place aux herbes aromatiques : lapin aux olives, poivrons farcis à l’agneau, daube de bœuf aux olives noires, canard rôti au miel, colombo de poulet, agneau au romarin, cargolade : escargots servis avec un aïoli. Cette cuvée « les Dames » s’accorde particulièrement avec le porc : noix aux pruneaux, rôti aux herbes, travers grillés avec figues rôties. Dans un registre marin, un accord savoureux sera réalisé avec un filet de cabillaud rôti avec un jus d’huile d’olives et tomates concassées. Plus rustiquement, il mettra en valeur une terrine de volaille, un jambon de montagne ou un ballota espagnol accompagnés d’une salade de crudités. Il peut accompagner certains fromages : pélardon ou chabichou avec un pain aux olives. Avec quelques années de plus, ce Minervois épousera avec plaisir des gibiers : daube ou civet de sanglier à la purée de marrons, lièvre en saupiquet.

C’est grâce à des vins comme celui-là que le vignoble languedocien surmontera sa crise en aspirant à l’excellence.

Hegarty John
Chamans, 11160 Trausse-Minervois

Les Dames 2014 AOP Minervois 11160 Trausse-Minervois

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération




lkb Cardiologie vasculaire 8e édition 2018

Le succès, faut-il le rappeler, ne se dément pas pour cette conférence KB de Cardiologie-maladies vasculaires entièrement dédiée à la préparation de l’ECN, autrement dit de l’examen classant national. Voilà que la 8e édition, toujours très attendue, est désormais disponible.

Trois ans se sont écoulés depuis la mouture précédente (dont nous avions déjà rendu compte ici), 3 ans pendant lesquels sont survenus beaucoup de changements au sein de la spécialité qui ont motivé une mise à jour de près de 60 % du contenu de l’ouvrage. 

Depuis, ont été publiées en effet les dernières recommandations européennes et françaises sur des items majeurs tels que l’insuffisance cardiaque, l’HTA, la prévention cardiovasculaire, les valvulopathies, les SCA, l’arrêt cardiaque, les AOMI, la syncope, la FA, etc.

Cette édition, pilotée comme les précédentes par le Dr David Attias et le Pr Nicolas Lellouche, a été réalisée avec la collaboration scientifique du Collège National des Cardiologues Français (CNCF) ; elle a été rédigée par une équipe pédagogique composée de 19 médecins, dont 8 PU-PH qui se sont attachés à donner une vision claire, didactique et consensuelle, dans le but d’éviter les pièges de certains QCM qui ciblent parfois des points de détail.

Le grand atout de cette édition est un support online inédit et unique. Sur le site dédié au livre seront ainsi disponibles :

  • des vidéos pédagogiques « coup de pouce » portant sur des points précis bénéficiant d’une iconographie expliquée,
  • des mises à jour régulières en fonction de la parution de nouvelles recommandations ou de nouveaux traitements,
  • des QCM et des fiches de cours « pour en savoir plus »,
  • de la bibliographie pour ceux qui veulent approfondir les sujets traités au-delà de l’examen classant,
  • des échanges avec l’équipe rédactionnelle via un blog.

Comme le rappelle le Pr D. Messika-Zeitoun qui  en a assuré l’une des  préfaces, cet ouvrage est devenu au fil des années « la référence » dans le domaine de l’enseignement de la cardiologie et de la pathologie vasculaire ;  mais son intérêt déborde largement ce cadre et l’on ne saurait trop conseiller au cardiologue en activité désireux de parfaire sa pratique d’en faire l’un de ses livres de chevet.

Les spécifications du livre
Auteurs : Dr David Attias et le Pr Nicolas Lellouche avec la collaboration du CNCF
Editeur : Editions Vernazobres-Grego
Pagination : 732 pages
Prix public : Livre : 39,00 €




Domaine Hauvette Dolia 2011 – IGP Alpilles

Derrière le brillant écran du rosé provençal se cachent des vins blancs d’excellence, ne représentant malheureusement plus que 3,5 % de la production, qui, pour certains, méritent d’être comparés aux plus grands blancs de l’hexagone, tel ce Dolia incroyablement aromatique.

Dominique Hauvette d’origine lorraine a, au gré des vicissitudes, suivi ses parents à Val d’Isère, Paris avec déjà, toute jeune, deux passions, la terre et les chevaux. Elle en fera ses métiers : vigneronne et éleveuse de chevaux. En 1980, un peu par hasard, elle descend pour des vacances dans les Alpilles. Elle tombe amoureuse de cette magnifique région et n’en est jamais repartie. En 1987, son père l’aide à acheter un petit mas entouré de 2,5 ha de vignes. C’était sûr, elle voulait vivre de la vigne, sans, pour autant, négliger son élevage équestre. Il lui a donc fallu se former, entamer à mi-temps le diplôme national d’œnologie, suivre une formation pratique auprès des très réputés Laurent Vaillé du domaine de la Grange des Pères et d’Éloi
Durrbach de Trévallon. Mais comme elle l’avoue, « J’ai surtout appris sur le tas ». Sa haute exigence vigneronne se traduit par son choix immédiat de la culture biologique et biodynamique certifiée dès 2003.

Aujourd’hui, Dominique cultive 17 ha sur le piémont nord des Alpilles bénéficiant d’un magnifique terroir argilocalcaire riche en coquillages fossiles près de Saint-Rémy-de-Provence.

Point de clones, point de chimie dans les plantations protégées des trop fortes chaleurs et soumises au mistral grâce à leur exposition nord, où la vigneronne recherche prioritairement l’expression de cépages permettant d’allier finesse, élégance et complexité. Ainsi, guidée par son goût et son intuition, elle décide, il y a 25 ans, de complanter des cépages blancs rhodaniens qui, effectivement, trouveront les conditions idéales, pour se révéler superbement.

Madame Hauvette, à la vigne comme dans la cave, travaille, en empathie avec l’environnement, toujours avec une grande douceur. Les raisins, récoltés manuellement à petits rendements, sont pressés délicatement en grappes entières. Après études et réflexions, elle a choisi de vinifier, puis d’élever la totalité de sa cuvée Dolia dans des cuves en béton en forme d’œuf le plus naturellement possible, sans aucune intervention, l’homogénéisation parfaite grâce à ce contenant permet de ne pas filtrer le vin. L’élevage s’étend au minimum sur 1 an pour le Dolia qui assemble 40 % de vieille clairette, 30 % de roussanne comme de marsanne similaire aux grands blancs du Rhône type Hermitage ou Châteauneuf, loin des habituels rolle et ugni de Provence.

Un véritable nectar

Ce Dolia 2011, dont la robe or pale limpide brille dans le verre, est un nectar prodigieux alliant les qualités de ses cépages rhodaniens à celles de son terroir méditerranéen. Le nez est envahi d’arômes de fruits jaunes : orange miellée, physalis, melon, abricot, mais aussi de fenouil, chèvrefeuille, amande fraîche, avant que le terroir n’apporte des senteurs de truffe blanche, de roche concassée, de terre chaude. En bouche, ce vin, incroyablement racé, est un véritable élixir de générosité, de tension, de minéralité. La puissance est parfaitement maîtrisée, les tanins remarquablement intégrés. La très, très longue finale est portée par de beaux amers revigorants. A l’évidence, ce vin, promis à une très longue garde, reste encore dans le charme et la vigueur de son adolescence.

Ce Dolia, vin complexe et solaire, enrobe magnifiquement les riches plats marins : turbot aux champignons sauce hollandaise, dorade royale, lotte au safran, homard thermidor, langouste en aigre-doux d’Alain Passard. Ce vin a, de plus, le privilège d’accompagner, sans fausse note, la truffe et l’ail, et s’ouvrir ainsi à bien des recettes méridionales : brandade de morue, Saint-Jacques à la provençale. 

Un accord sur truffe blanche ou noire suivant son âge

Jeune, ce Dolia s’accorde avec les saveurs de la truffe blanche dans pâtes ou risottos, plus âgé, c’est la truffe noire qui le magnifie sur des chaussons ou ravioles. Son opulente rondeur accueillera avec plaisir des viandes blanches généreuses, telles ris de veau, asperge verte et morille, blanquette ou poularde truffée. Il remplace avec avantage bien des rouges sur certains fromages : Saint-Marcellin et Saint-Félicien crémeux.

Dominique Hauvette, qui, outre le Dolia, élabore d’autres merveilles, tant en blanc : Jaspe (moins onéreux) qu’en rouge : Améthyste et Cornaline, me souffle la conclusion : « Élever des chevaux, élever de la vigne, élever du vin, au fond c’est s’élever…».

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération

En savoir plus
Nombre de bouteilles par an : 40000
Surface plantée : 16,25 hectares (Rouge : 13,00, Blanc : 3,25)
Mode de vendange : Manuelle
Âge moyen des vignes : 30 ans
Cépages rouges : Cabernet-Sauvignon (5 %), Carignan (8 %), Cinsault (22 %), Grenache noir (50 %), Syrah (15 %)
Cépages blancs : Roussanne (51 %), Clairette (39 %), Marsanne (10 %)
Coordonnées : Dominique Hauvette – 2946, voie Aurélia, 13210 Saint-Rémy-de-Provence – Tél : 04 90 92 08 91
Contact email
Vente : A la propriété ou par correspondance




L’Ecole de Crozant et les Eaux Semblantes [2]

Une pléiade d’artistes paysagistes ont cherché entre 1850-1950 l’inspiration le long de la vallée de la Creuse et de ses affluents. Ils confrontèrent leur talent à un paysage complexe, dans un laps de temps assez court sur une aire géographique très restreinte, avant que la mise en eau (1926) du barrage hydro-électrique d’Eguzon ne vienne submerger, en partie, les gorges pittoresques.

Fernand Maillaud (1862-1948)

Fernand Maillaud, originaire de l’Indre, est « plus paysan que peintre ». Après des années de galère à Paris, il fait partie des peintres impressionnistes et symbolistes avec Maurice Denis (1870-1943) Paul Sérusier (1864-1927) et Gauguin avec lequel il ne sympathise pas ; son goût de l’indépendance l’incite à poursuivre une carrière en solitaire et il finit par accéder à la notoriété. 

De 1894 à 1902, il passe plusieurs étés à Fresselines où il voit souvent Maurice Rollinat. Son adage favori était « je peins comme je prie, avec ferveur » et il est celui pour qui « la poésie des chemins creux serait incomplète sans la notion utilitaire » ; c’est ainsi qu’il peint les jours de marchés et les foires à bestiaux, les laboureurs, le cornemuseux et les maîtres sonneurs. 

En 1897, il installe son atelier à Paris, au n°3 de la rue de l’Estrapade, la maison où vécut Diderot. Il y finira sa vie après des séjours en Provence et en Afrique du Nord, et après une carrière « jalonnée d’honneurs et de charrettes à bœufs » en recevant la Légion d’honneur « comme on reçoit un bouquet de fleurs ».

Autres peintres

La place manque pour être exhaustif ; citons Léon Detroy (1857-1955) qui découvre la vallée de la Creuse vers 1885, bien avant Guillaumin ; à peine arrivé, il rencontre Maurice Rollinat qui lui dédicacera son livre Paysages et Paysans en 1899 ; en retour le peintre ajoutera parfois la silhouette du poète dans ses vues de Fresselines. 

C’est en solitaire et peu soucieux d’être reconnu que « l’ermite de Gargilesse » y restera soixante ans, fréquentant en alternance Gargilesse, Crozant et Fresselines en « ayant eu toutes les chances, la longévité, la peinture et la Creuse ». Il fera connaître Crozant à Henri Charrier (1859-1950) qui, peintre académique ignorant le monde paysan, peuplera la Creuse de personnages allégoriques et d’apparitions symboliques. 

Paul Madeline (1863-1920) découvre la Creuse en 1894 avec Maurice Rollinat et Léon Detroy. Il est « le dandy de l’arrière-saison » qui se consacre entièrement à la peinture dont il peut vivre à partir de 1902 et vient plusieurs mois par an dans la Creuse, habituellement à l’automne. 

Il s’inspire de la palette et de la technique de Guillaumin qui initie aussi Eugène Alluaud (1866-1947) issu d’une famille de porcelainier de la Haute Vienne et qui est céramiste mais aussi peintre de telle sorte que sa vie se partage « entre l’huile et le kaolin » alternant des séjours à Limoges et à Crozant qu’il découvre en 1887. II y fera construire une maison où il s’installe chaque été à partir de 1905. 

Il se lie d’amitié avec Maurice Rollinat dont il va « peindre la poésie avec la technique de Guillaumin ». Clémentine Ballot (1879-1964) est « la version féminine du paysagisme creusois d’Armand Guillaumin » dont elle fait la connaissance en 1906. A la Piscine de Roubaix (Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix), est visible une « Vue des ruines de Crozant » par Henri Pailler (1876-1954) qui fut l’élève de Léon Bonnat (1833-1922). 

On y verra aussi Emile-Othon Friesz (1879-1949) qui viendra voir de près Guillaumin en 1901 et qui « joue les fauves dans les bruyères » préludant au Fauvisme qui « brise le joug de l’impressionnisme » et Francis
Picabia (1879-1953) dont « la fougue indomptable l’amène aux frontières d’un royaume vertigineux : l’abstraction ». 

C’est après la guerre, alors que la Creuse avait retrouvé toute sa solitude, qu’il reviendra à Gaston Thiery (1922-2013) de reprendre le flambeau de la grande tradition du pleinairisme en ayant été convaincu dès 1940 par Léon Detroy de s’installer définitivement à Fresselines en 1948 où il pourra « peindre au village et vendre à Paris »

Le terme « impressionnisme » nait sous la plume du critique Louis Leroy commentant avec dérision, dans la revue satirique « Le Charivari » du 25 avril 1874, le tableau de Claude Monet montrant une vue du Havre noyée dans un brouillard bleuté au dessus duquel se lève un soleil orange se reflétant dans la mer et qui fut dénommé « Impression, soleil levant » (1872). 

Les peintres impressionnistes choisissent souvent leurs sujets dans les paysages et c’est dans ce contexte que se situe, entre 1883 et 1903, autour du poète Maurice Rollinat, héritier littéraire de George Sand, la période la plus créative de l’histoire des peintres de la Vallée de la Creuse. L’Ecole de Crozant regroupe alors des peintres paysagistes qui travaillent sur les rives des deux Creuse et de ses affluents. Claude Monet y effectua un court séjour au printemps 1889 mais c’est à un autre impressionniste, Armand Guillaumin, que fut dévolu le rôle de faire le lien entre la vallée de la Creuse et les aspirations nouvelles de nombreux artistes qui suivront pendant environ un siècle (1850-1950). 

Les peintres postimpressionistes profiteront de ce paysage d’exception qui finira en partie submergé par la mise en eau, en 1926, du barrage d’Eguzon qui changea radicalement les proportions de la rivière. L’athmosphère poétique n’a cependant pas totalement disparu et il suffit d’y aller pour s’en convaincre.

Detroy

Boucles de la Creuse – Léon Detroy

Madeline

Moulin de la Folie – Paul Madeline

Le Bloc – Claude Monet

Alluaud

Le pont au-dessus de la Creuse – Eugène Alluaud

Monety

Soleil levant sur la Petite Creuse – Claude Monet

Références bibliographique
  • Atkins, Robert. Petit Lexique de l’Art Moderne 1848-1945 Abbeville. 1997
  • Brion, Marcel. Les peintres en leur temps. Ed. Philippe Lebaud. 1994
  • Brodskaïa, Nathalia.. Impressionnisme et post-impressionnisme. GEOART 2015
  • Clark, Kenneth. L’Art du paysage. Arléa. 2010
  • Ferrer, Jean-Marc. La photographie dans la Vallée de la Creuse au temps de l’impressionnisme (1875-1920) Les Ardents Editeurs. 2013
  • Laneyrie-Dagen, Nadeije. Le métier d’artiste ; dans l’intimité des ateliers. Larousse 2012
  • Les peintres du Bas-Berry 1800-1950 Exposition Châteauroux – Les Cordeliers 1982
  • Rameix, Christophe. Impressionnisme et postimpressionnisme dans la Vallée de la Creuse. The Crozant School. Ed. Christian Pirot. 2012
  • Rameix, Christophe. L’Ecole de Crozant. Les peintres de la Creuse et de Gargilesse 1850-1950 Ed. Lucien Souny 1991
  • Sand, George. Promenades autour d’un village. Ed. Christian Pirot 1992



IA-VR-RA : les mots du FUTUR

Intelligence artificielle, réalité augmentée, réalité virtuelle… des mots qui paraissaient il y a encore peu de temps dans le domaine de la fiction, sont devenus des  mots communs. Chacun dans leur espace, ils sont les précurseurs du devenir de la science et, pour ce qui nous concerne, de la médecine.

Les trois entités que sont l’intelligence artificielle (IA), la réalité virtuelle (VR) et augmentée (RA), ont chacune leurs référents et leurs spécialités.

La start-up marseillaise Volta Medical a conçu un logiciel d’intelligence artificielle pour guider les cardiologues durant leurs interventions chirurgicales. 

La FDA (Food and Drug Administration) a approuvé pour la première fois en septembre dernier l’usage d’un dispositif de visualisation médicale basé sur HoloLens au bloc opératoire.

Osso VR, autre start-up, mais cette fois-ci américaine, développe une solution d’apprentissage en réalité virtuelle, avec à son actif huit partenariats avec des écoles de médecine.

AIFib, l’IA et la FA

Nos commençons ce tour d’horizon des technologies avec une medtech française, Volta Medical, tout juste créée en 2016, qui a mis au point un algorithme qui s’appuie sur une collection de 800 000 signaux électriques de l’activité cardiaque. Le but du logiciel d’intelligence artificielle AIFib qui gère cette base de données est de guider les chirurgiens cardiaques dans la complexité de la procédure médicale du traitement de la FA en modélisant et en automatisant cette technique afin de la rendre accessible au plus grand nombre d’opérateurs.

Ces données permettent au chirurgien cardiaque de comparer en temps réel les zones malades et détecter ainsi efficacement et simplement les foyers électriques difficile à détecter par l’œil humain.

Pour rappel, la fibrillation atriale touche environ 11 millions de personnes en Europe avec une estimation de 14 à 17 millions d’ici 2030. (1)(2)

Cette solution tire surtout un profit de dix ans de recherche et d’expériences auprès des cofondateurs (trois médecins et un ingénieur) dans les signaux intracardiaques.

En automatisant le process de repérage des signaux électriques, Volta Medical compte améliorer la qualité des traitements de 50 à 85 %. (3)

Une première levée de fonds avait été faite en 2017 (400 000 euros), mais c’est surtout la somme de 2,3 millions d’euros annoncée fin octobre 2018, en grande partie apportée par Pasteur Mutualité, qui contribuera à financer une étude européenne multicentrique afin de démontrer les performances au bloc opératoire.

De simples données à l’autoapprentissage

L’atout d’AIFib est de s’enrichir par autoapprentissage, les algorithmes étant en mesure d’optimiser leurs calculs au fur et à mesure qu’ils effectuent des traitements.

Son expertise a été présentée lors de la dernière Heart Rhythm Society à Boston. Sur un test réalisé auprès de 28 cardiologues, les créateurs ont permis de démontrer les performances spectaculaires du logiciel qui ont surpassé la supériorité de l’intelligence artificielle sur l’œil humain, y compris celle de… leurs auteurs ! 

Des études sont en cours pour confirmer ces données préliminaires spectaculaires telle celle menée depuis juillet dernier à l’hôpital Saint-Joseph à Marseille et qui devrait être publiée dans les premiers mois de 2019.

Une étude clinique multicentrique doit maintenant permettre d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché, visée en 2020.

Pascal Wolff

(1)  2017 ESC Guidelines for the management of atrial fibrillation developed in collaboration with EACTS. European Heart Journal. 2016;37:2893–2962.doi:10.1093/eurheartj/ehw210

(2) Calkins, Hugh, et al. “HRS/EHRA/ECAS expert consensus statement on catheter and surgical ablation of atrial fibrillation: recommendations for personnel, policy, procedures and follow-up: a report of the Heart Rhythm Society (HRS) task force on catheter and surgical ablation of atrial fibrillation. Developed in partnership with the European Heart Rhythm Association (EHRA) and the European Cardiac Arrhythmia Society (ECAS); in collaboration with the American College of Cardiology (ACC), American Heart Association (AHA), and the ….” Heart rhythm 4.6 (2007): 816-861

(3) JACC




Réalité virtuelle : attention danger !

Si les dangers de la réalité virtuelle sont plutôt faibles dans les secteurs professionnels, ils peuvent impacter fortement les utilisateurs grand public avec de réels effets secondaires.

Nausée (motion sickness ou mal des transports), vertige, crise d’épilepsie, perte de l’orientation dans l’espace, sécheresse oculaire et troubles de la vision. Les effets secondaires recensés sont nombreux. La réalité virtuelle peut enfermer un utilisateur dans une situation d’extrême malaise.

L’impact social trouve également ses limites avec une utilisation massive et prolongée de la VR : tous connectés à un monde irréel sans volonté d’en sortir.

A long terme, les effets sont encore inconnus par manque de recul.

Il ne faut pas considérer la réalité virtuelle comme une télévision améliorée

L’interdire aux enfants de moins de 12 ans.

Pascal Wolff




IA-VR-RA, de quoi parlons-nous exactement ?

Intelligence artificielle

Expertise humaine versus intelligence artificielle, la difficile équation de l’équilibre.

Pour faire simple, l’intelligence artificielle (IA) est un ensemble de théories et  de techniques (algorithmes) pour simuler l’intelligence humaine. Pensée en 1950, la technique n’a cessé d’évoluer pour arriver aujourd’hui aux capacités d’apprentissage des logiciels : les algorithmes apprennent maintenant tout seuls à partir de zéro.

On ne compte plus les domaines ou l’intelligence artificielle est présente ou est en passe de le devenir. S’il est une technique qui est en passe de devenir une pièce maîtresse de notre avenir, c’est bien celle-ci. Toutes les applications que nous connaissons aujourd’hui vont être modifiées par l’intelligence artificielle : transport, communication, commerce, industrie, santé…

Dans le domaine de la santé, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) (1) s’est récemment penché sur l’IA et reconnaît que « le recours à l’intelligence artificielle peut être bénéfique au niveau du diagnostic » et observe que « la machine est capable d’opérations de calcul extrêmement plus complexes que l’être humain et sa mémoire est quasiment infinie ». Elle peut travailler sans relâche et produire un diagnostic « plus rapide, plus précis » dans une variété très large de champs d’application.

L’intelligence artificielle, qui peut « accumuler un nombre de schémas d’interprétation médicale sans commune mesure avec les capacités d’un médecin », soulève des questions autour de la responsabilité : « Faut-il et, si oui, comment, rendre indispensable et responsable l’expertise humaine ? », et cela même si l’IA prend une place de plus en plus importante dans la décision finale ? En d’autres termes, où trouver l’équilibre machine/homme ?

Dans un domaine plus prosaïque, le gouvernement chinois a mis en scène un présentateur de télévision sorti tout droit d’un ordinateur. Si la silhouette souffre encore de quelques rigidités, le résultat est (presque) convaincant, d’autant que l’IA travaille 24 h/24 h, ne touche pas de salaire et ne part pas en congé…

L’impact pour notre société ne va faire que croître dans l’avenir avec un marché estimé à 90 milliards de dollars en 2025 (200 millions en 2015).

La réalité augmentée

L’ajout des éléments virtuels dans un environnement réel.

La réalité augmentée (RA) est la superposition de la réalité et d’éléments (sons, images 2D, 3D, vidéos, etc.) calculés par un système informatique en temps réel. Elle associe le monde réel et les données numériques en temps réel, est interactive en temps réel entre l’utilisateur et le monde réel et utilise un environnement en 3D. Cette technologie utilise le mot « réalité », ce qui n’est pas réellement justifié puisque c’est notre propre perception de la matière et de l’environnement proposé qui fait le jeu de la réalité augmentée.

La méthode consiste à incruster de façon réaliste des objets virtuels dans une séquence d’images. Elle s’applique aussi bien aux perceptions visuelles (superposition d’images virtuelles et réelles) que tactiles ou auditives. Les applications de RA touchent quasiment tous les domaines, et particulièrement les jeux vidéo, les industries, le champ médical. La RA est également un atout pour les sites patrimoniaux qui les fait en quelque sorte ressusciter virtuellement et la santé où elle est un outil d’apprentissage particulièrement performant.

La réalité virtuelle

La création virtuelle d’un environnement réel ou imaginaire.

La réalité virtuelle (ou VR pour Virtual Reality) est un univers parallèle où la technologie informatique simule la présence physique d’un utilisateur qui évolue et interagit avec les éléments dans un univers virtuel généré par une machine (ordinateur, jeu, smartphone). L’utilisateur peut interagir dans l’environnement de la VR avec une impression sensorielle qui peut inclure jusqu’à quatre de nos sens : la vue, le toucher, l’ouïe et l’odorat (visuelle, sonore ou haptique).

Le premier casque de réalité virtuelle a été créé à l’Université de l’Utah dans les années 1970 et s’est popularisé dans les années 1990 avec les jeux vidéos. 

Dans le domaine professionnel, la réalité virtuelle offre la possibilité de tester des savoirs et des compétences. C’est un outil de formation incontournable – ou qui va le devenir – dans des secteurs comme l’avionique par exemple, ou celui de la santé. Les formations médicales vont permettre d’exposer les élèves à une plus grande variété de pathologies et d’améliorer leur vitesse de travail à compétence égale.

La médecine utilise la VR pour la rééducation de la maladie de Parkinson ou le traitement de la douleur. 

La VR permet également d’agir en téléopération grâce à un robot virtuel. Les actions sont effectuées en environnement virtuel avant d’être envoyées à l’exécutant de l’opération, permettant ainsi de tester la manœuvre avant qu’elle ne soit exécutée. Les élèves peuvent également assister à des opérations chirurgicales en direct.

Enfin, la thérapie par réalité virtuelle pour le traitement des phobies est une méthode utilisée dans nombre d’hôpitaux à travers le monde. En partant de données simples (comme un cube), le jeu se complexifie au fur et à mesure (les cubes deviennent de plus en plus nombreux) pour arriver à la phobie elle-même (les cubes se matérialisent et deviennent, par exemple, une araignée). On retrouve la VR dans la phobie des avions, des autoroutes…

Pascal Wolff

(1) Numerama




Domaine de Vaccelli – Cuvée granit 2014

Pour nous remémorer nos récentes vacances, particulièrement pour les chanceux qui les ont passées en Corse, dégustons un grand vin rouge de l’Ile de Beauté, considéré comme l’un des meilleurs flacons du vignoble : la cuvée Granit du domaine Vaccelli dans l’appellation Ajaccio.

Contrairement à la plupart des autres régions de Corse qui privilégient le cépage niellucciu, cette appellation fait la part belle au sciaccarellu qui procure au vin : élégance, finesse, richesses aromatique et gustative les faisant souvent comparer aux excellents pinots noirs des Côtes-de-Nuits.

Sis dans la vallée du Taravo au sud d’Ajaccio, le vignoble fut complanté par Roger Courrèges dès 1962 sur des coteaux d’arène granitique, restructuré en 1974 par son fils Alain en privilégiant des cépages insulaires, en creusant sa cave dans le granit qui permet bons vieillissements et conservation des vins. Après des études œnologiques à Nîmes et une formation au clos Capitoro, le petit-fils Gérard, désormais responsable des vinifications, s’orienta vers la culture biologique et les sélections parcellaires sur maintenant 17,5 ha.

La cuvée Granit provient d’une parcelle de vignes de 50 ans d’âge, sur un coteau orienté plein sud, qui atteignent la maturité phénolique la plus aboutie. Adossé aux montagnes de l’arrière-pays, ce vignoble profite des atouts du terroir : altitude relative (300 à 400 m), soleil méditerranéen, vents de brises marines, humidité importante, sols granitiques drainants.

La viticulture sur le mode bio non revendiqué, très soigneuse, évite tout intrant chimique et n’utilise que des traitements naturels, d’autant que les maladies cryptogamiques sont rares.

La vendange manuelle sélectionne les plus belles grappes qui sont éraflées. La macération et la fermentation par levurage indigène en cuves inox durent 6 à 9 jours. L’élevage pour un tiers en cuves béton en forme d’œuf empêchant les lies de se déposer et apportant gras et fraîcheur au vin, pour deux-tiers en demi-muids, neufs pour certains, s’étend sur
douze mois avec remontages et batonnages réguliers. Le soufrage est minimal. Mise en bouteille après deux ou trois soutirages sans collage avec une simple filtration sur plaque.

Une beauté sauvage étincelante

Cette cuvée, presqu’un pur sciaccarellu (95 % pour 5 % de niellucciu), exprime à merveille tant le cépage que le terroir granitique particulier révélant un vin d’une beauté sauvage étincelante alliant richesse aromatique, concentration et finesse admirable.

Ce Granit 2014 s’annonce par une robe brillante relativement claire rubis tirant sur la cerise reverchon, typique du cépage sciaccarellu, qui s’avère trompeuse orientant vers un vin léger voire dilué. En fait, les parfums à l’intensité mémorable dévoilent des arômes intenses de fruits rouges macérés, de fraises au sucre, de cerises à l’eau-de-vie, de noyaux de prunes. Des senteurs d’herbes du maquis, d’épices douces : menthe poivrée, thym, origan, des nuances animales, envahissent le palais. Ce vin explose dans la bouche qui est tapissée par la légère amertume du genièvre. La douceur des fruits rouges, la réglisse des tanins, dont la finesse, l’élégance, le soyeux, offrent un équilibre parfait, un riche volume, une mâche distinguée, une longueur et une persistance remarquables. En fermant les yeux, défilent quelques paysages des Côtes-de-Nuits : Chambolle, Vosne-Romanée !

Un grand vin ensoleillé

Ce grand vin ensoleillé épousera évidemment les délicieux mets de l’Ile de Beauté. Jeune, tel ce 2014, servi frais, il fera merveille avec les savoureuses charcuteries corses : coppa, lonzu, prisuttu, pancetta. Parvenu après quelques années à maturité, il s’épanouira sur des viandes rouges grillées : entrecôte, côte de bœuf persillée, mais plus encore avec des préparations locales plus élaborées : gigot ou souris d’agneau et tianu di fasgioli, cabri confit au romarin, tournedos mare é monti (morilles et coquilles Saint-Jacques), aiguillettes de canard caramélisées déglacées au balsamique et pour les piscivores : médaillons de lotte avec légumes anciens et riz safrané. Pendant la période de chasse, il fera fête à un civet de marcassin à la myrte ou aux girolles et, si vous avez ramené quelques bouteilles sur le continent, à tout gibier bien préparé.

Une rareté de l’île de beauté

Les amateurs s’arrachent ce vin produit en petite quantité (environ 5 000 bouteilles) malgré un prix conséquent proche de 40 euros. Quasi introuvable sur le continent, vous pourrez peut-être grappiller sur place quelques bouteilles auprès de certains cavistes corses avisés, tels le Chemin des Vignobles à Ajaccio ou l’Oriu à Porto-Vecchio. Mais quelle savoureuse carte postale de l’Ile de Beauté vous pourrez imprimer, si vous arrivez à accéder à ce nectar !

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération

Domaine de Vaccelli – Cuvée granit 2014 – Alain Courrèges et fils
20123 Cognocoli-Monticchi



L’Ecole de Crozant et les Eaux Semblantes [1]

Il est probable que la notoriété de Louis Valton (1884-1958) ne dépassera pas, en tant que peintre amateur, le cadre du présent article, mais il nous donne l’opportunité de nous intéresser à une pléiade d’artistes paysagistes (plus de quatre cents…) qui, pendant environ un siècle (1850-1950), cherchèrent l’inspiration le long de la vallée de la Creuse et de ses affluents. Ils confrontèrent leur talent à un paysage complexe, dans un laps de temps assez court sur une aire géographique très restreinte, avant que la mise en eau (1926) du barrage hydro-électrique d’Eguzon ne vienne submerger, en partie, les gorges pittoresques. 

Louis Valton, mon grand-père, avait une entreprise de chemiserie à Argenton-sur-Creuse (Indre), jouxtant la rive droite de la rivière de telle sorte qu’il lui était aisé de consacrer ses loisirs à peindre des vues de la ville dénommée la « Venise du Bas-Berry » en référence à ses maisons à loggias, à balustrades et à ses « vieilles galeries » en bois surmontées d’ardoises et surplombant la Creuse près du Vieux Pont. 

Il s’inscrit ainsi, à son humble niveau non dépourvu de talent, dans un mouvement de la peinture de paysage qui s’est surtout intéressé à une portion de la Creuse en amont d’Argenton et dénommée, dès 1864, Ecole de Crozant du nom d’un promontoire rocheux situé entre la Creuse et son affluent la Sédelle et doté des ruines déchiquetées d’un château féodal.

La vallée de la Creuse et l’Ecole de Crozant

Les Vieilles Galeries d’Argenton-sur-Creuse (Indre) – Louis Valton (1884-1958) Huile sur toile – Collection privée.

C’est vers 1830, à la faveur de la peinture en tubes de zinc, de petites toiles déjà apprêtées et de légers chevalets de campagne, qu’apparaissent les premiers peintres de plein air (pleinairisme) et le développement du chemin de fer va leur faciliter l’accès à des sites inédits et éloignés, tels que la Bretagne avec son Ecole de Pont-Aven, mais aussi la Creuse avec son Ecole de Crozant.

Au même titre que Gustave Flaubert (1821-1880) et Maxime du Camp (1822-1894) ont pu contribuer à l’attractivité de la Bretagne après leur périple de 1847, la découverte de la vallée de la Creuse doit beaucoup à George Sand (1804-1876), la Dame de Nohant qui avait aussi une petite maison dans le village de Gargilesse (Indre) blotti dans sa petite vallée éponyme, et où elle appréciait les « promenades autour d’un village » (1857) dans la continuité de ses romans champêtres (1844).

C’est sur une cinquantaine de kilomètres d’une rivière tortueuse et encaissée, d’où la dénomination de Creuse, entre Anzême (Creuse) et Ceaulmont (Indre) qui domine la Boucle du Pin, que les peintres seront accueillis dans plusieurs villages dont Fresselines au confluent de la Petite et Grande Creuse. C’est là que séjourne en 1889 Claude Monet (1840-1926) à l’invitation du poète, musicien, chanteur et acteur Maurice Rollinat (1846-1903) qui, fuyant Paris et son tapage littéraire, s’y retire en 1883. 

C’est alors que, cantonnée dans le réalisme depuis 1850, la Creuse va être confrontée aux audaces impressionnistes consacrées par Armand Guillaumin (1841-1927). Les post-impressionistes suivront puis, en 1926, la mise en eau du barrage d’Eguzon va « étouffer les murmures, noyer les moulins, engloutir les escarpements abrupts et les grands rochers hiératiques » ; les artistes vont alors délaisser la vallée d’autant qu’à Paris les paysages ne sont plus au goût du jour. 

Claude Monet (1840-1926)

Les Eaux Semblantes, Effet de soleil – Claude Monet
Huile sur toile – Museum of Fine Arts Boston.

C’est à l’invitation de Maurice Rollinat que Monet arrive au bord de la Creuse en mars 1889 pour peindre « ce pays d’une sauvagerie terrible ». L’hiver creusois est encore là, le temps est exécrable mais Monet va s’acharner, comme il l’avait fait à Belle-Ile en 1886, à saisir les incessants changements de lumière qu’il pouvait rester des heures à observer en cherchant à « capter l’air et le vent ». Il produira ainsi des « séries », par analogie avec la photographie naissante. 

C’est depuis ses vues de la Gare Saint Lazare (1877) que Monet a compris l’intérêt pictural des séries, qu’il s’agisse de meules à Giverny (1891), des peupliers du bord de l’Epte (1892) ou de la cathédrale de Rouen (1894).

Il quitte la Creuse à la mi-mai 1889 pour n’y jamais revenir et sans avoir peint Crozant mais en emmenant avec lui au moins vingt trois toiles dont dix vues des Eaux-Semblantes correspondant au confluent des deux Creuse ; l’apparence tumultueuse de la rivière y est belle mais feinte et trompeuse, miroitante et changeante en permanence en fonction des heures de la journées de telle sorte que « les eaux vibrent et ne sont jamais traitées en peinture comme des masses désunies du paysage qui les domine ». C’est tout cela que Monet s’efforcera de représenter sous la forme d’un « papillotement lumineux » où « la forme se confond avec le coup de pinceau, les touches horizontales suggèrent le clapotis des flots ».

On peut y voir aussi, à l’angle du confluent, un gros rocher dénommé « le Bloc » peint par Monet qui fera en outre quatre vues d’un vieil arbre pour lequel il demanda au propriétaire d’enlever les jeunes pousses printanières afin que l’arbre garde son allure hivernale. Le temps que Monet cherchait à capturer avait été plus vite que lui.

Armand Guillaumin (1841-1927)

La Creuse et les ruines de Crozant – Armand Guillaumin
Huile sur toile, 72 x 99 cm. 1905 – Musée d’art et d’archéologie de Guéret.

D’origine modeste mais de caractère irascible et anarchiste, Armand Guillaumin côtoie Pissarro et Cézanne, se fâche avec Renoir, se lie d’amitié avec Paul Gauguin (1848-1903), Paul Signac (1863-1935) et Vincent Van Gogh (1853-1890) avant d’entrer en osmose avec la Creuse en 1892 après une expérience impressionniste d’une vingtaine d’année. En 1891, il gagne la somme énorme de cent mille francs à la loterie du Crédit Foncier. 

A partir de 1893, il loue régulièrement une maison à Crozant qui devient son site de prédilection puisqu’il en fera un demi-millier d’études et de tableaux au risque de lasser la demande et les marchands de tableaux inquiets des « sempiternelles Creuse ». 

Il produira des centaines de paysages de la Creuse, à toutes heures, sous tous les temps et à chaque saison. Guillaumin travaille selon des créneaux horaires très précis, tôt le matin et en fin d’après-midi et jamais au même endroit. Il lui arrivera d’inscrire au revers d’une toile le moment où elle a été exécutée comme Monet a pu le faire également sur des carnets de dessins. 

C’est ainsi que « les titres des œuvres précisent un lieu, une saison ou une heure du jour ». Il quitte à regret Crozant en 1924 et meurt, sans avoir cessé de peindre pendant soixante ans, près d’Orly sans revoir les gorges de la Creuse dont il redoutait qu’elles ne soient submergées par l’eau du barrage d’Eguzon, ce qui advint peu après sa mort.

Suite au prochain numéro



Les patients et la télémédecine en France

« C’est simple, vous venez au cabinet et on vous prend tout de suite. » Cela pourrait être le credo de la révolution qui s’opère depuis que la Sécurité sociale rembourse les consultations de télémédecine depuis le 15 septembre dernier. Celles-ci sont prises en charge en respectant deux conditions : respecter le parcours de soins et voir le médecin sollicité dans les douze mois écoulés (voir notre article à la rubrique Nomenclature sur le sujet).

La télémédecine est un moyen de lutter contre les déserts médicaux, d’optimiser le temps médical, d’offrir une meilleure organisation de l’offre autour du patient, mais également de consulter de l’étranger…

Des entreprises, comme Hopi Medical ou Qare, sont déjà sur le terrain et parfaitement opérationnelles, mais les professionnels de santé libéraux équipés restent encore rares. Il faut acquérir une solution informatique auprès d’un prestataire spécialisé, se former à la sécurisation des échanges et des documents liés à la téléconsultation, comme le compte-rendu et l’éventuelle ordonnance. 

Reste à savoir quelle place les libéraux donneront à cette orientation dans les années à venir, la révolution ne se fera pas du jour au lendemain.

Et les patients, qu’en pensent-ils ?

Les trois principales raisons d’utiliser la télémédecine

 
Pascal Wolff

Source des graphiques : Ipsos BVA pour Statista




Mieux vaut guérir que prédire

Sans doute peut-on rappeler en préambule la remarquable carrière du Professeur Didier Raoult : Professeur de microbiologie à Marseille, il dirige actuellement le plus grand centre consacré aux maladies infectieuses, l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée infection ; il est directeur de l’unité de recherche des maladies infectieuses et tropicales émergentes à la faculté de médecine de Marseille, il a été président de l’université de la Méditerranée de 1994 à 1999 ; chercheur internationalement reconnu, ses publications sont innombrables notamment dans les plus grandes revues scientifiques de notre temps, dont il est ou a été rédacteur en chef ou rédacteur adjoint.

Ce livre, pour son auteur, se veut un moyen de combattre la peur, attisée en permanence selon lui par des informations peu ou pas du tout étayées scientifiquement : « les peurs d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui mais elles ont un point commun : elles s’avèrent la plupart du temps infondées ».

« On nous prédit des épidémies terrifiantes qui ne se sont pas propagées, alors que les vrais tueurs sont toujours là, tels le paludisme et la tuberculose ; on nous affole avec les bactéries résistantes, alors que certains vieux antibiotiques restent actifs mais ne sont plus commercialisés ; à l’hôpital, on redoute les maladies nosocomiales, qui seraient beaucoup plus rares si
 les médecins se lavaient les mains et posaient moins de tuyaux ! En 1970, on nous promettait de mourir de froid, aujourd’hui c’est le réchauffement de la planète qui nous menace même si la terre ne s’est pas réchauffée pendant seize ans. On nous mobilise contre les OGM qui pourraient sauver le monde de la famine, occultant l’intervention de 100 prix Nobel qui ont affirmé leur innocuité. Face à une telle incohérence, la première réforme qui s’impose est celle de l’information »

C’est ainsi, avec des phrases choc basées sur des faits avérés, que le Professeur Raoult, tente de rétablir la vérité dans ce livre qui, loin d’être anxiogène, nous montre que tout ne va pas si mal !

L’ouvrage aborde ainsi les angoisses successives et soigneusement entretenues qui méritent, autant que faire se peut, d’être démenties ; les titres sont éloquents : « Ne tirez pas sur les antibiotiques », « Cessons de nous alarmer sur l’antibiorésistance », « Pourquoi sont-ils tous contre l’e-cigarette », etc.

L’auteur va d’ailleurs bien au-delà de son domaine de prédilection, en pourfendant les idées reçues, toujours preuves à l’appui sur les sujets les plus vastes, de l’alimentation au cancer en passant par la maladie d’Alzheimer et les antidouleurs.

C’est dans une deuxième partie tonitruante que sont proposées des pistes pour améliorer la gestion médicale et la politique de santé, de la formation initiale au fonctionnement de nos hôpitaux.

Et c’est dans une dernière partie futuriste que l’auteur traite ni plus ni moins de l’avenir de la planète abordant même le vivre ensemble et le terrorisme.

Rien d’emphatique ni incantatoire cependant, Didier Raoult se contente d’énoncer des faits et d’en tirer des conséquences et des propositions.

Ce livre, destiné avant tout à réapprendre à raisonner, sans tomber pour autant dans un optimisme béat ou un laisser faire coupable, est remarquable de logique et de concision.

A mettre entre toutes les mains, grand public certes mais aussi professionnels de santé motivés.

Les spécifications du livre
Auteur : Didier Raoult
Editeur : Michel Lafon
Pagination : 280 pages
Prix public : Livre (prix public) : 17,95 € – Format Kindle : 12,99 €




e-sim, le futur de la carte sim

L’e-Sim (abréviation de Embedded SIM1, en français Sim intégrée ou embarquée) est une évolution logicielle de la carte Sim pour les téléphones portables et les objets connectés. Après le format nano de la carte Sim, certains objets communicants, comme les montres connectées, n’ont plus la place pour intégrer une carte Sim. D’où la carte virtuelle e-Sim.

L’évolution de l’encombrement des cartes depuis la création de la carte à puce en 1974.

Les bénéfices constructeurs

  • L’e-Sim permet de gagner une place significative vu la miniaturisation des éléments et de l’évolution technologique. Chaque micro ou nano gagné est important. C’est d’autant plus criant sur les montres connectées.
  • Eliminer la carte Sim veut dire simplification de la conception du téléphone et baisse des coûts de fabrication.
  • Les géants de la tec aimeraient bien, même s’ils ne le disent pas, prendre la place des « telcoms ». Google avait lancé en 2015 son programme Fi pour 20 dollars avec une couverture mondiale sans frais d’itinérance.

Les privilèges opérateurs

  • Il y aura la possibilité de souscrire facilement un forfait lors d’un déplacement à l’étranger.
  • Facilité accrue d’une gestion de comptes pro/perso et donc d’un seul smarphone au lieu de deux.
  • De nouvelles phases d’abonnement.

Les avantages consommateurs

  • Plus de carte Sim à changer. Les mises à jour des données se feront de manière plus fluide.
  • Plus de fourniture par votre opérateur d’une nouvelle carte Sim.
  • Facilité de changement d’opérateur avec une transition qui pourrait se faire sans délai par une simple mise à jour des données. Cette facilité au changement pourrait faire grimper le churn (1).
  • L’e-Sim peut, techniquement, être multiopérateur ou multiforfait, tout dépendra des constructeurs.
  • Passer simplement d’un opérateur à un autre.
  • N’avoir qu’un seul smartphone pour autant de lignes que l’on veut.

Le bénéfice pour la planète

  • « Moins de plastiques, c’est contribuer à réduire notre impact environnemental » est la petite note inscrite sur les supports de cartes Sim.

Pascal Wolff

(1) Churn ou taux d’attrition est, au cours d’une période donnée, la proportion de clients perdus ou ayant changé de produit et service de la même entreprise.




Le réseau 5G ou l’avenir de la communication

On ne va pas s’attarder sur la présentation des nouveaux iPhone qui font tout en plus grand (cœurs plus rapides, écrans plus grands, capteur photo amélioré, reconnaissance faciale plus rapide), mais n’apportant guère d’innovation majeure. Au quotidien, ces évolutions mineures n’auront qu’un impact très limité, voire nul, auprès des utilisateurs.

Apple continue donc son petit bonhomme de chemin sans tenir compte des utilisateurs. Ce n’est pas nouveau me direz vous, mais cette Keynote a été, sur ce point encore, plus forte que les précédentes. Une récente étude montrait l’importance des caractéristiques souhaitées par les consommateurs (voir figure ci-contre), celles-ci étant bien loin des considérations de la firme à la pomme. 

Ce que l’on pourra retenir de cette keynote est le signe technologique tangible de la carte Sim virtuelle, appellée e-Sim (voir article) qui permettra d’ouvrir deux lignes téléphoniques. La première étant créée avec la carte Sim, la seconde avec la e-Sim. Apple n’a jamais caché se placer au milieu du jeu des opérateurs « telcoms » ou FAI (1).

Il faut avoir à l’esprit qu’il existe aujourd’hui une stagnation technologique des smartphones. Le contraste est d’ailleurs saisissant avec la progression quasi constante de la technologie depuis des années. Les smartphones sont arrivés à maturité, mais manque de technologie de réseaux pournpouvoir encore évoluer. La clé de la communication, c’est la 5G qui va être la nouvelle pierre angulaire d’un nouveau développement dans tous les secteurs d’activités.

Alors que la 4G n’a pas encore livré toutes ses ondes et que la fibre peine à entrer dans les habitations hors des grandes villes, voilà que l’on commence sérieusement à parler de la 5G. Mais en dehors des discours marketing, là où la 4G a pêché, la 5G pourrait bien le réaliser en éliminant la frontière entre l’internet fixe et l’internet mobile avec des débits considérables.

La 5G repose sur une architecture réseau virtualisée qui permet une « découpe » virtuelle d’un réseau de télécommunications en plusieurs tranches (appelé network slicing [2]). Chaque tranche de réseau correspondant à un usage particulier qui n’empiéterait donc pas sur les autres. Elle est composée de trois principaux cas d’utilisation :

5G mobile broadband. L’utilisation de la 5G sur les smartphones, grâce à son débit théorique de 100 Mbit/s à 20 Gbit/s, supprimera la latence lors des téléchargements vidéos 4K (la 8K n’est plus très loin), des conversations en visio, le cloud gaming (jeu à la demande), tout comme le streaming ou la réalité virtuelle…

5G massive IoT. Le deuxième usage, a contrario des débits importants, concerne les faibles débits de données et une longue autonomie de batterie. Il permettra le développement des villes intelligentes, l’automatisation industrielle (comptage, logistique), la surveillance environnementale intelligente…

On parle ici d’ultra connectivité et d’une densité d’appareils connectés très importante au km². En dehors des industries, le développement de la maison connectée bénéficiera de ce gain sans surcharger le réseau. L’objectif de ce deuxième usage est de pouvoir multiplier les appareils à basse consommation, et nécessitant des débits réduits, en très grand nombre sur une même zone. 

5G Ultra Low Latency High Reliability. C’est le Nouveau Monde. Ce troisième usage s’appuie sur des communications particulièrement fiables avec un échange très rapide de données (quelques millisecondes). c’est le domaine de la voiture connectée ou autonome avec une véritable sécurisation des flux. Le développement de la conduite autonome passe forcément par la 5G. Mercedes y travaille en Formule 1, en attendant la grande échelle de l’automobile grand public.

Le potentiel de la 5G est donc considérable. Elle apportera de réelles solutions dans la numérisation de la médecine ou de l’industrie. La téléchirurgie dont nous avons déjà parlé est l’un des principaux objectifs de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). La télémédecine, la médecine prédictive et l’IOT (internet of things ou internet des objets connectés) profiteront également de cette nouvelle ressource.

Plus concrètement, Bouygues Telecom a récemment fait une démonstration en temps réel de certaines utilisations qui deviendront possibles à distance grâce à la 5G. Il est question par exemple de conduire une voiture, d’effectuer des opérations de maintenance ou encore de soigner quelqu’un, le tout à des dizaines de kilomètres de distance.

Une nouvelle révolution est en marche.
Pascal Wolff

(1) FAI : Fournisseur d’Accès à Internet
(2) le network slicing est un concept qui permet une « découpe » virtuelle d’un réseau de télécommunications en plusieurs tranches (slices). Cela permet de fournir des performances différentes associées à chaque tranche, et donc d’allouer des ressources dédiées par type d’usage ou d’objet ; par exemple en termes de fiabilité, de bande passante, de latence… Chaque tranche de réseau correspond ainsi à un usage, sans empiéter sur les autres




iOS 12 – le nouvel OS d’Apple attendu comme le messie

Il n’y a pas eu de nouveau matériel lors de la keynote d’Apple au WWDC 2018, mais « seulement » une mise à jour du système d’exploitation de ses smartphones : iOS 12. Présentation des fonctions les plus marquantes, et notamment l’amélioration des performances des anciens modèles.

Les anciens plus rapides

Tiens donc… Après la révélation de la réduction des performances des anciens modèles et d’une enquête préliminaire pour « tromperie et obsolescence programmée », Apple semble signer un mea culpa avec une amélioration des performances des anciens modèles (iPhone 5S et SE, 6…) sur cette mise à jour avec un clavier deux fois plus réactif et le lancement de l’appareil photo 70 % plus rapide. Un iPhone 6 démarrerait jusqu’à 40 % plus vite. Si vous avez un de ces iPhone là, vous savez de quoi l’on parle !

Les notifications regroupées

Vous êtes inondés de notification ? Qu’à cela ne tienne, les messages seront désormais regroupés par application ou thématique. Il sera également possible de couper automatiquement les notifications des applications que l’on n’utilise jamais. 

Dis-moi où je vais

Un Siri (enfin) (un peu) plus intelligent. Vous regardez chaque matin combien de temps il vous faudra pour aller au travail ? Plutôt que de vous forcer à ouvrir l’application de navigation chaque matin, Siri affichera désormais un raccourci sur l’écran d’accueil en début de journée pour accéder directement à ce trajet. L’assistant intelligent d’Apple apprendra ainsi de toutes les habitudes de ses utilisateurs pour leur proposer des raccourcis. Chaque utilisateur pourra aussi en créer de lui-même. Pour être le plus complet possible, Siri puisera également dans l’agenda de l’utilisateur. S’il comprend que vous arriverez en retard à une réunion, il vous proposera par exemple d’envoyer un message à l’organisateur.

Le temps vous est compté

Savez-vous dire réellement combien vous passez de temps sur votre smartphone chaque jour ? Et bien Apple, tout comme Google avec son Android P, pense à votre bien-être (numérique) et vous le fera savoir. Avec le nouvel iOS 12, Screen Time vous avertira chaque semaine de l’usage que vous en faites en vous indiquant les applications les plus utilisées, celles qui envoient le plus de notifications et… le nombre de coups d’œil que vous aurez jeté sur votre écran en l’allumant puis en l’éteignant. Le système permet également de limiter à 15 minutes le temps que l’on souhaite passer sur Whatsapp avec un blocage jusqu’au lendemain si vous l’avez dépassée. De quoi énerver les accrocs… et les autres.

La nuit, l’on dort

Vous dormez avec votre appareil en veille (ce qui n’est pas bien !), et il se passe forcément des nuits où vous vous réveillez pour voir l’heure, et bien sûr, vous tombez sur ces notifications que vous consultez à 3 heures du matin. Le mode « Ne pas déranger la nuit » est donc fait pour vous en masquant toutes les notifications. Au réveil, ce sont juste l’heure et la météo qui s’afficheront. A noter que ce procédé existe lorsque vous conduisez en bloquant automatiquement le smartphone, vos correspondants recevant une notification comme quoi vous recevrez leurs messages une fois votre trajet terminé.

C’est mieux à plusieurs

Avec Face Time, il sera – enfin – possible de communiquer jusqu’à 32 personnes en simultané. Les vignettes des personnes en conversation seront plus ou moins importantes suivant la place dans la conversation.

Changez de look

Quand on parle chez Apple de passer moins de temps sur votre smartphone, ce n’est pas avec les nouveaux Memojis que vous en prendrez conscience. Vous pourrez ainsi créer votre propre (clone) emoji animé en sélectionnant couleur de peau, de cheveux ou d’yeux. Vous pourrez rajouter des lunettes, du maquillage ou bien un chapeau. Et vous pouvez envoyer votre clone à tous vos contacts. Le chic du chic : les Animojis pourront suivre les mouvements de la langue, de la tête et des yeux.

Measure

L’iPhone se rêve en mètre numérique. Avec la nouvelle application Measure, chaque utilisateur pourra, grâce à la réalité augmentée, mesurer les objets qui sont autour de lui. 
Pascal Wolff




Nicolas Régnier (v. 1588-1667), peintre à Rome au début du XVIIe siècle

La première rétrospective mondiale de l’artiste au musée des Beaux Arts de Nantes (1) nous donne l’occasion de retracer l’atmosphère artistique de la Rome du premier tiers du XVIIe siècle. 

Nicolas Régnier naquit entre 1588 et 1593 à Maubeuge, alors en territoire flamand (rattaché à la France en 1678). Formé à Anvers par le peintre Abraham Janssens (1575-1632), cet homme « d’une double culture, flamand par la naissance, français par la langue », séjourna, avant de rejoindre Rome, à Parme à la cour des Farnèse en 1616-1617. Inscrit sur les stati d’anime de 1620 (registre des personnes ayant effectué la communion pascale, établi par le curé de la paroisse), il était sans doute présent dans la Ville éternelle dès 1617. Il y resta une dizaine d’années. Il habitait dans la paroisse Sant’Andrea delle Fratte en 1620-1621, puis de 1621 à 1624 dans celle de Santa Maria Del Popolo, le quartier de résidence de tous les peintres étrangers. En 1626, à priori sollicité par son ami Johann Liss, il quitta Rome pour Venise où il s’imposa comme portraitiste et marchand collectionneur. En 1644 il obtint de Louis XIV le brevet de peintre du roi et mourut dans la Sérénissime le 20 novembre 1667.

Rome, La patrie des peintres

« La patrie des peintres » offrait aux artistes venus des quatre coins de l’Europe, l’occasion unique de se perfectionner en copiant les antiques, d’étudier de visu les grands maîtres de la peinture italienne de la Renaissance et de découvrir le renouveau de la peinture des grands Bolonais (Carrache, Guido Reni, Dominiquin), enfin de voir les derniers fastes de la peinture « révolutionnaire » de Caravage, un melting pot favorable à l’émulation artistique. La Contre-Réforme fut à l’origine du renouvellement du décor des églises, Rome était en perpétuel chantier. Les papes, surtout Paul V Borghèse (pape de 1605 à 1621) et Urbain VIII (pape de 1623 à 1644) voulaient la magnifier et en faire le centre fastueux de la chrétienté. Les aristocrates (Corsini, Pamphili, Chigi), les cardinaux (Borghèse, Barberini, Médicis) couvraient les murs de leurs palais de peintures. Les jeunes artistes pouvaient ainsi espérer des commandes et vivre de leur art. Cependant Rome restait une ville dangereuse, les rixes étaient fréquentes. Nicolas Régnier vivait « dans un climat de violence peu ordinaire », plusieurs de ses compagnons furent mortellement blessés. Objet lui-même d’une agression, il reçut « un jet de pierre à l’origine d’une cicatrice près de l’œil droit ». 

Le séjour romain de Nicolas Régnier

Dès son arrivée à Rome, il devint membre de la Bent., une association où les artistes surnommés les Benvueghels (« oiseaux de la bande ») trouvaient entraide et émulation. Placée sous l’égide de Bacchus, Dieu du vin, mais aussi de l’inspiration, elle regroupait les peintres du nord de l’Europe. Lors de leur intronisation, il recevait un surnom, Nicolas Régnier, celui d’« homme libre ». 

Il côtoya Dirck van Baburen (« mouche à bière ») et David de Haen (†1622), le « peintre domestique » du marquis Vincenzo Giustiniani. Ce dernier, grand amateur de Nicolas Poussin, possédait à sa mort en 1658 une collection d’art antique, quinze tableaux de Caravage, treize de Jusepe Ribera et neuf de Nicolas Régnier. 

Celui-ci devenu à son tour « peintre domestique » de cet aristocrate à la mort de David de Haen fut admis le 20 octobre 1622 à la célèbre Academia di San Luca (créée en 1594) où il refonda l’enseignement du dessin, puis le 12 novembre 1623 à la congrégation des Virtuosi al Pantheon. L’Academia di San Luca réunissait les peintres au talent reconnu. Ils ne pratiquaient aucune activité commerciale au contraire des Bottegari qui possédaient une boutique. Toujours en 1623, il épousa Cécilia Bezzi, âgée de dix-neuf ans, la fille d’un procurateur. « Ce changement de statut correspond à un tournant de son œuvre ». 

La peinture à Rome dans le premier tiers du XVIIe siècle

Après la mort de Caravage en 1610, l’art Dal naturale domine la scène artistique romaine, une pratique picturale où s’allient puissance du clair-obscur, effet du réel plus que pur naturalisme et codes inédits de représentation. Joachim von Sandrart (1606-1688) dans son ouvrage majeur sur l’histoire de l’art considérait Bartolomeo Manfredi comme l’héritier direct de Michelangelo Merisi à l’origine d’un mythe qui persista jusqu’au début des années 2000. 

L’identification par Gianni Papi, en 2002, du Maître du Jugement de Salomon (attribution de Roberto Longhi) à Jusepe Ribera modifia notre vision historique sur le caravagisme romain entre 1610 et 1620. Ce dernier se trouvait à Rome dès 1606 (2) au moment où Caravage fuyait à Naples suite à l’assassinat de Ranuccio Tomassoni. 

Aujourd’hui plus de soixante-dix toiles sont attribuées au peintre espagnol. Les œuvres caravagesques de Valentin de Boulogne présent à Rome dès 1614 (†1632), de Dirck Baburen (retour à Utrecht en 1620) et de David de Haen (†1622) se référencient aux compositions romaines de Jusepe Ribera qui occupe désormais une place centrale dans la diffusion de l’art de Caravage. 

Nous connaissons mal les débuts de Bartolomeo Manfredi (1582-1622). La Colère de Mars commandité par Giulio Mancini (son biographe) missionné par Agostino Chigi, est la deuxième œuvre dont nous avons avec certitude la date, 1613. Méconnu, il ne devint célèbre qu’après le départ de Jusepe Ribera pour Naples. Ce n’est qu’à partir de 1617 que « ses œuvres furent recherchées et imitées par les artistes franco-flamands attirés auparavant par Jusepe Ribera et ses imitateurs ». L’étude des compositions de Bartolomeo Manfredi montre qu’il ne fut pas insensible à l’art de l’espagnol.

Nicolas Régnier adepte de la pittura dal naturale puis de Guido Reni (1575-1642)

Nicolas Régnier adopta d’emblée la pittura dal naturale dans l’un de ses premiers tableaux, Soldats jouant aux dés la tunique du Christ (1620) : plusieurs personnages à mi-corps sont rassemblés dans un espace clos à la manière de Bartolomeo Manfredi. Le personnage de gauche fixe le spectateur. D’un geste de la main, il l’invite à participer à la scène et à réfléchir sur l’iconographie de l’œuvre. Le tissu brunâtre posé sur la table évoque la tunique du Christ. Ce n’est plus une simple partie de dés, mais un épisode de la Passion du Christ. En associant sacré et profane, il s’inspire de Caravage en ajoutant une note triviale par le soldat qui fait claquer son ongle avec ses dents. Avec Le Faune ou Le Bacchus faisant le geste de la fica (vers 1622-1623), le « doigt » d’aujourd’hui, dirigé vers le regardant, il porte l’injure à son paroxysme. Ce geste obscène doit son nom à la figue, l’un des attributs privilégiés de Bacchus. Son mariage, le rejet par Urbain VIII (élu pape en 1623) et la cour papale de l’art « vulgaire » du caravagisme, modifièrent sa manière de peindre. Le retour au « beau idéal » prôné par Guido Reni et les Bolonais fut à l’origine d’une « relecture du naturalisme caravagesque, le caravagisme de séduction » selon la formule de Jean-Pierre Cuzin : « un mélange de naturalisme et d’idéalisation déploie le nouveau vocabulaire du delectare » caractérisé par la recherche d’un lyrisme décoratif. L’Allégorie de la Vanité ou Pandore et L’Allégorie de la Sagesse en sont l’un des meilleurs exemples. 

Le 6 juin 1626, comme l’indique sa présence à la corporation des peintres de la ville, la Fragilia dei Pittori, il résidait à Venise pour ne plus la quitter. Pendant cette longue période de quarante ans après avoir introduit le naturalisme de Caravage et l’idéal classique de Guido Reni, Nicolas Régnier s’imposa comme un des acteurs majeurs du milieu artistique vénitien, à la fois peintre, expert et collectionneur.

(1) Nicolas Régnier, l’homme libre (1588-1667), Nantes, musée des Beaux-Arts, 1er décembre 2017 au 11 mars 2018.

(2) Jusepe Ribera dit alors qu’il se trouvait à Naples le 7 novembre 1616 : « Je laissais Valence ma patrie, je me rendis à Rome pour apprendre à peindre, j’y demeurais dix ans »

Les ouvrages de références

1/ Nicolas Régnier, l’homme libre (1588-1667), Annick Lemoine, dir., Adeline Collange – Perugi, dir., cat. expos. Nantes, musée des Beaux-Arts, 1er décembre 2017-11 mars 2018, Paris, Liénart, 2017, 271 p.
2/ Lemoine Annick, Nicolas Régnier (ca 1588-1667), Paris, Arthena, 2007, 448 p.
Pour compléter :
3/ Bonnefoy Yves, Rome 1630, Paris, Champs arts Flammarion, 2012 (1ère éd., 1970), 288 p.
4/ Haskell Francis, Mécènes et peintres. L’art et la société au temps du baroque italien, Paris, Gallimard, 1980, 800 p.
5/ Richefort Isabelle, Le métier, la condition sociale du peintre dans la première moitié du XVIIe siècle. Thèse de doctorat d’histoire de l’art, sous la direction d’Antoine Schnapper, Université de Paris IV- Sorbonne, 1989, 416 p.
6/ Thuillier Jacques, « Il se rendit en Italie…Notes sur le voyage à Rome des artistes français au XVIIe siècle », Il se rendit en Italie. Etudes d’histoire de l’art offerte à André Chastel, Paris, Rome, Flammarion, Edizioni dell’Elefante, 1987, p. 321-36.
7/ Valentin de Boulogne. Réinventer Caravage, Keith Christiansen, dir., Annick Lemoine, dir., cat. expos., New-York, Métropolitan Museum of Art, 7 octobre 2016-22 janvier 2017, Paris, musée du Louvre, 22 février-22 mai 2017, Paris, Louvre, 268 p. 




Manuel pratique de prévention et de réadaptation cardiovasculaire

Comme l’écrit le Professeur Jean-Paul Broustet en début d’ouvrage dans son remarquable historique sur le réentrainement à l’effort, « l’histoire de la thérapeutique par l’exercice physique est jeune » mais il est sûr que « la réadaptation au sens large du terme a considérablement amélioré la qualité de vie des malades atteints de cardiopathie ».

Ce manuel est à la fois une synthèse et un guide pratique des deux piliers de la réadaptation cardiaque que sont l’entrainement à type de renforcement musculaire et global en endurance et la prise en charge bio-psycho-sociale (c’est-à-dire l’éducation thérapeutique) qui permettra au patient de mieux connaître sa maladie et ses facteurs de risque.

Après un chapitre fort logiquement consacré aux dernières recommandations de la société française de cardiologie, les auteurs entrent dans le concret en définissant les méthodes d’organisation d’un centre de réadaptation cardiaque et les diverses procédures de l’ECG d’effort, du test de marche, de l’ergospirométrie et d’autres techniques de réentraînement.

Plus original, l’ouvrage fait la part belle au contrôle des facteurs de risque, avec un développement tout particulier sur le sevrage tabagique, et à l’éducation thérapeutique en y proposant des modèles de programmes pour la maladie coronarienne et l’insuffisance cardiaque.

Naturellement, les diverses pathologies susceptibles de relever du réentraînement sont abordées dans le détail, de l’insuffisance cardiaque à la coronaropathie en passant par la transplantation, la chirurgie cardiaque et l’angioplastie, la rééducation vasculaire ou encore les cardiopathies congénitales complexes ; les particularités à connaître dans la prise en charge des patients obèses, très âgés ou encore diabétiques font l’objet de chapitres spécifiques bien développés.

Bref, cet ouvrage est remarquable de simplicité tout en se voulant exhaustif et d’esprit didactique sans paraitre austère.

Il est édité sous la direction du Dr Mohamed Ghanem, cardiologue hospitalier et président de l’association francophone de cardiologie préventive, réadaptation cardiaque et cardiologie du sport, qui a fait appel à vingt-trois des meilleurs spécialistes – médecins et kinésithérapeutes – de cette discipline essentielle en cardiologie. Faute de pouvoir les citer tous, notons la présence, outre celle de Mohamed Ghanem et notre ami Jean-Paul Broustet déjà cités, de personnalités bien connues du Cardiologue, telles Richard Brion, François Carré, Jean Gauthier, Dany Marcadet, Catherine Monpère, ou encore Daniel Thomas et Jean-Claude Verdier.

Ce livre est le support de leur enseignement et la valorisation de leur engagement à mieux soigner les maladies cardiaques.




Mas Coris Rosé « Coulée Douce » 2017

Force est de faire mon mea culpa ! Il y a une dizaine d’années, dans cette même revue, j’avais exprimé mes réticences et mes préjugés à l’encontre des vins rosés. Depuis, la vague rosée submerge la France viticole : 24 M d’hl en 2014, 30 % des vins tranquilles, progression de 50 % sur 12 ans… Toutes les régions s’y sont mises, car les jeunes à 80 % les plébiscitent, et il faut reconnaître les remarquables progrès qualitatifs de ces vins.

Alors, l’été arrivant, je vous propose un très agréable rosé provenant non pas de Provence, où les prix deviennent excessifs, souvent au-delà de 20 euros, mais du Languedoc (qui talonne maintenant la Provence en volume produit) à un tarif très doux, inférieur à 10 euros.

Le Mas Coris a été créé en 2009 par Jean et Véronique Attard, lui de formation scientifique, puis journaliste féru en plongée sous-marine, elle graphiste et artiste peintre, qui, au tournant de la cinquantaine, décidèrent de changer radicalement de vie et, quoique totalement néophytes, de se lancer dans la viticulture, heureusement (bien) conseillés par de nombreux amis vignerons. Ils eurent le coup de cœur pour 2 petits ha de vignes en conversion bio dans l’appellation Languedoc-Cabrières. L’objectif était ambitieux : obtenir le meilleur vin bio possible dans les 3 couleurs. De très gros travaux furent entrepris, pour transformer un vieux bâtiment en chai, bien l’équiper avec cuves thermorégulées, barriques, acquérir progressivement quelques nouveaux ha…

Sur ce site classé Natura 2000, protégé par les premières pentes du pic du Vissou, le Mas Coris bénéficie d’un emplacement idéal sur le terroir de Cabrières, où les schistes gréseux affleurent partout donnant puissance, gourmandise, fraîcheur et équilibre au vin. Le domaine s’étend sur 8 ha, dont 5 plantés de vignes. L’environnement de chênes verts, de genêts, de genévriers, de cistes, de garrigues le protège et lui offre les meilleurs des arômes de la flore méditerranéenne. Avec une pente assez marquée sur la plupart des parcelles, une exposition dominante au sud-est, les atouts qualitatifs du vignoble sont nombreux : ensoleillement favorable, drainage naturel des eaux de pluie, altitude relativement élevée permettant des écarts thermiques jour-nuit importants, gage d’une meilleure préservation des qualités aromatiques des raisins.

La viticulture bio, comme les traitements, utilise, pour engrais, des composts et des bourbes de raisin. Le désherbage par labours exclut tout produit chimique. Les rendements sont maîtrisés par ébourgeonnage strict, taille courte, écimage, parfois vendange au vert. Les parcelles sont vendangées séparément au meilleur de leur maturité, exclusivement à la main permettant un 1er tri. Les raisins sont cueillis très tôt le matin, pour leur garder toute leur fraîcheur et éviter l’oxydation. La cuvée « Coulée Douce », assemblant 70 % de cinsault et 30 % de grenache, est un pur rosé de presse. Après rapide foulage, sans éraflage, les grappes triées sont immédiatement mises dans le pressoir. Le premier pressurage doux est suivi d’un autre pour mieux extraire le jus qui est mis en cuve thermorégulée et refroidi à 10°, pour entamer le débourbage, après lequel la température est maîtrisée entre 15° et 18° et la fermentation enclenchée pendant une dizaine de jours. L’élevage en cuve dure 6 mois. Le sulfitage est réduit au minimum.

Une bouche généreuse

La jolie couleur rose très pâle, « cuisse de nymphe » presque diaphane aux reflets brillants de cette cuvée « Coulée Douce » 2017, annonce une personnalité délicate et raffinée. Les arômes de fruits acidulés mariant la fraise des bois, le pomelo, la pêche de vigne et la cerise introduisent une bouche rafraîchissante, généreuse, exprimée par une caresse tendre et vive sur le palais. La finale énergique fait ressortir des notes d’épices, de poivre blanc, de fraise écrasée. Le degré alcoolique de 13,5° ne se ressent pourtant absolument pas !

Frais et gastronomique

Ce rosé du Mas Coris tonique et primesautier, servi bien frais, est un vin de vacances, de soleil, de barbecue, mais son ampleur lui permet aussi certaines rencontres gastronomiques. Il s’exprimera parfaitement en apéritif avec tapenade, anchoïade, poivrons marinés, feuilleté de sardines. Il accompagnera à ravir des poissons tout juste sortis de l’eau qui seront doucement grillés, tels rougets, daurade, loup, bien valorisés par une ratatouille. Et, bien sûr, il donnera une note festive et rafraîchissante à votre barbecue de saucisses, merguez, brochettes, etc. Mais vous pouvez, sans crainte, marier ce rosé avec des plats plus élaborés : un poulet fermier juteux aux herbes, une épaule de lapin confite. Curieusement, il trouvera un bel accord avec la fine cuisine thaïe, si elle n’est pas trop épicée, tel le « tigre qui pleure ». Lors des festins de vacances, il n’est nul besoin de mélanger les vins, cette « Coulée Douce » suivra tout votre repas avec des fromages de chèvre frais, type banon, et, en dessert, des tartelettes aux fraises ou aux cerises.

Véronique et Jean Attard ont remarquablement réussi leur nouveau projet de vie. En moins de 10 ans, leurs vins, non seulement le rosé « Coulée Douce », mais aussi leurs rouges, et plus encore leurs blancs, sont au sommet de l’appellation. Véronique a vaincu sa fibromyalgie malgré (ou grâce à) son travail forcené dans les vignes, Jean a conservé un petit souvenir de ses plongées sous-marines en dénommant son domaine : Coris, petit poisson méditerranéen vif et coloré.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération

Vous pouvez continuez avec la visite du domaine Mas Coris.

Mas Coris Rosé « Coulée Douce » 2017 – Véronique et Jean Attard
34800 Cabrières



Recherche sur le net – l’heure des données a sonné

La protection des données personnelles dans la zone euro est devenue un sujet bien sensible depuis l’apparition du RGPD (1). Une réelle prise de conscience s’est opérée ces dernières semaines auprès des utilisateurs (nous le savons bien avec les demandes que nous avons eues sur lecardiologue.com), mais qu’en est-il réellement de leurs utilisations dans les moteurs de recherche ? L’écrasante domination de Google n’arrange pas le traitement des données, même si des challengers commencent à fourbir leurs armes, notamment le français Qwant, soutenu par la Banque Européenne d’Investissement (BEI).

Google : le mastodonte

Google, c’est tout d’abord 90 % des recherches mondiales, autant dire quasiment tout. Ecorné par plusieurs scandales (notamment le projet Maven [2]), qui visent également les GAFAM en général, Google applique, tout comme Facebook, l’adage on ne peut plus clair : « Gratuit c’est, produit tu es ». L’activité de l’utilisateur sur le web est non seulement fichée, mais également classée et répertoriée afin de cibler les résultats et les annonces publicitaires. 

Le fichage, nerf de la guerre

Ce fichage publicitaire atteint des proportions qui dépasse la recherche web pour s’immiscer dans tous les produits de la marque : Gmail, Google Maps, calendrier, sites web… Toutes les données sont ainsi dispersées dans les intérêts de la régie publicitaire de Google. Vous avez sûrement dû remarquer à quel point cette invasion est devenue une épidémie (jusqu’à sept annonces par page de résultats), à tel point qu’il est devenu difficile de distinguer les résultats naturels de la recherche.

L’efficacité, la pierre angulaire

Malgré tout, Google reste le moteur de recherche le plus populaire. Sa pertinence des résultats, grâce aux algorithmes du moteur de recherche utilisant un module d’intelligence artificielle, est particulièrement efficace. Le catalogue d’indexation des pages est également le plus vaste. Souvent, la réponse que vous cherchez se trouve dans la première page de résultat. Quant à l’autosuggestion, c’est un modèle du genre.

Enfin, l’interface de Google a relativement peu dévié depuis ses débuts : le moteur de recherche reste fidèle à un design minimaliste qui a fait école.

Qwant : l’ANti-google

Peut-on vivre sans la suprématie américaine sur le net ? Oui, c’est possible. Qwant en est une bonne illustration. Depuis plus de cinq ans, la start-up française Qwant essaie de prouver qu’un moteur de recherche peut être efficace et rentable tout en respectant la vie privée et l’anonymat des utilisateurs. 

Un air de liberté

En effet, le moteur de recherche ne traque pas ses utilisateurs avec des cookies, ne collecte aucune donnée personnelle de navigation ou de localisation et n’effectue aucun profilage. Le code source a d’ailleurs été mis à disposition de la CNIL pour prouver les bonnes intentions de ses concepteurs. Si la publicité est présente, elle est sans ciblage des utilisateurs. Nous avons fait le test sur des recherches identiques entre Google et Qwant et le résultat est bluffant. Un peu comme si l’on retrouvait un air de liberté…

Encouragée par la Banque Européenne d’Investissement qui a financé le projet à hauteur de 25 millions d’euros, Qwant est un moteur de recherche aussi européen qu’ambitieux. Il surfe sur le rejet du moteur de recherche américain en faisant de la protection des données privées son étendard. Jusqu’à mars dernier, sa croissance était de 20 % par mois, mais l’affaire Cambridge Analytica passant par là, la valse des chiffres a pris une autre tournure avec une augmentation de près de 20 %… par jour.

Les utilisateurs avant tout

Qwant se décline en trois versions : Qwant, Qwant Lite (destiné aux anciens navigateurs et connexions à faible débit) et Qwant Kids (pour les 3-12 ans). Vous pouvez même choisir une langue régionale directement dans votre navigateur (Corsu, Brezhoneg, Català, Euskara).

et les autres ?

Il existe bien d’autres moteurs de recherche, notamment DuckDuckGo, le site au canard anti-fichage, Bing, le concurrent propulsé par Microsoft et titillant Google quant au niveau de la qualité de ses résultats, Lilo, le moteur de recherche qui la joue collectif en finançant des projets de développement et de solidarité et Ecosia, solidaire comme Lilo, mais qui se charge de « planter des arbres pour vous ».
Pascal Wolff

(1) Règlement Générale sur la Protection des Données.

(2) Maven est le nom de code de l’un des projets du département de la défense américaine qui consiste à utiliser l’IA et le « deep learning » pour permettre aux drones militaires de reconnaître les images qu’ils filment. Ce projet nécessite donc de grandes compétences dans le domaine de la « vision par ordinateur » – domaine d’excellence de Google.




GAFA et les incursions santé

Associations, rachats, créations, les GAFA (voir encadré) s’activent dans le secteur de la santé, un mouvement qui va s’accentuer considérablement dans les années à venir. Il faut dire que les dépenses de santé représentent 18 % du PIB aux Etats-Unis (8,9 % dans le vieux continent).[1] Ces initiatives sont regardées de très près par les professionnels des secteurs de l’assurance et du monde de la santé. Petit récapitulatif des projets en cours.

Google Alphabet. Lire l’article

Amazon. Lire l’article

Facebook. Lire l’article

Apple. Lire l’article

 

 




C’est quoi le GAFA ?

Le mot GAFA est un acronyme qui désigne les quatre mastodontes que sont Google, Apple, Facebook et Amazon. Ces quatre entreprises représentent le passage à l’ère du digital de ce XXIe siècle.

Leurs pouvoirs économique et financier sont considérables. En 2015, les GAFA pesaient 1 675 milliards de dollars contre 1 131 milliards de dollars pour toutes les entreprises françaises cotées au CAC 40. En dix ans, les revenus cumulés ont été multipliés par sept, passant de 78 milliards de dollars à plus de 556 milliards.

On associe parfois Microsoft dans le groupe qui devient donc GAFAM.

Mais ces accumulations de chiffres ne sont qu’une façade face à un avenir fébrile. Rien n’indique que la croissance sera éternelle… comme le prouve le destin de Microsoft, leader il y a dix ans, et désormais numéro 4 des « GAFAM » – juste devant Facebook.

Apple a vu ses ventes reculer en 2017, mais compensées par une hausse du prix de ses appareils.

Facebook a également eu une année morose avec une baisse de ses abonnés et un vieillissement de son audience, les jeunes ringardisant le réseau social. Sans oublier bien sûr l’affaire Facebook-Cambridge Analytica qui a fait plonger le titre et l’accélération des désabonnements comme le retrait spectaculaire de Elon Musk, le patron de Tesla.

Amazon est plombé par ses investissements avec croissance « timide » de son bénéfice net à 3 milliards de dollars.

Alphabet (1) est la maison-mère de Google. Seul d’ailleurs Google est aujourd’hui rentable.
Pascal Wolff

(1) Alphabet Inc. a été créée lors de la restructuration de Google. Le but de cette structure serait de décharger la société historique des activités ne représentant pas son cœur de métier, à savoir les services Internet qui tirent des revenus de la publicité en ligne. Selon l’entreprise, les comptes de Google en ressortent clarifiés et les risques répartis entre les filiales.

A LIRE EGALEMENT. Les Gama à l’heure de la santé. Cliquez sur le mot pour ouvrir l’article

Google Alphabet – Amazon – Facebook – Apple




Facebook

Moves

Facebook s’est également lancé, dès 2014, dans le développement des applications destinées au suivi des activités physiques et de la santé avec l’acquisition de la start-up finlandaise ProtoGeo et son application Moves.

Oculus

Facebook a fait un pas dans la réalité virtuelle avec l’acquisition de Oculus VR pour un montant estimé à 2 milliards de dollars. De nombreux dispositifs en réalité virtuelle sont utilisés par des professionnels de santé, notamment pour la formation en chirurgie. Oculus travaille avec le Children’s hospital de Los Angeles sur des simulations d’interventions à risque pour les chirurgiens. (1)

Publicité

Le réseau social a créé un format publicitaire spécifique pour les laboratoires pharmaceutiques afin de leur permettre de promouvoir leurs médicaments tout en affichant les informations légales.
Pascal Wolff

Sources : Glossaire-international, Usine Nouvelle, Le Monde Informatique, L’Usine Digitale, cnbc.com, bfmbusiness, Le Monde

(1) http://lecardiologue.com/2017/12/08/la-realite-augmentee-en-chirurgie/

A LIRE EGALEMENT. Les Gama à l’heure de la santé. Cliquez sur le mot pour ouvrir l’article

Google Alphabet – Amazon – Apple




Google Alphabet

Verily

Verily est spécialisée dans la recherche sur les sciences de la vie. L’entreprise développe des outils afin de collecter et d’organiser les données de santé. Son but est de « disrupter » (2) le monde de la santé grâce à l’analyse de données, l’internet des objets et l’Intelligence Artificielle (IA). Cette filiale de Google travaille avec Novartis, Nikon, Sanofi et Dexcom sur des médicaments et des dispositifs destinés aux diabétiques, avec GlaxoSmithKline sur la bioélectronique, et sur de la robotique de chirurgie avec une filiale de Johnson & Johnson.

L’un des grands projets de Verily est Project Baseline, qui aura pour but de cartographier la santé humaine. 10 000 volontaires accepteront de partager leurs données de santé grâce à des objets connectés.

Calico

Calico n’est pas cette ville fantôme du désert de Mojave en Californie du Sud, mais une société de biotechnologies qui travaille sur l’allongement de l’espérance de vie (California Life Company) située sur le campus de Moutain View et plus précisément dans le complexe secret Google X Lab. Elle travaille notamment sur de nouveaux modes de prévention et de traitement du cancer avec le but avoué de se concentrer sur le défi de la lutte contre le vieillissement et les maladies associées.

Deepmind

Spécialisée dans l’intelligence artificielle, Deepmind a été fondée en 2010 et rachetée par Google en 2014. C’est le bras armé en matière de deep learning. L’entreprise aspire à doter des machines d’une intelligence artificielle performante, mais également de comprendre le fonctionnement du cerveau humain. L’un des défis est de réaliser une mémoire à court terme similaire à celle travaillant dans le cerveau humain, la technique s’appelant « Deep reinforcement learning ».

A noter que son partenariat avec le réseau d’hôpitaux londoniens NHS a été remis en cause, car il ne respectait pas les règlements sur le traitement des données personnelles. Tiens donc.

Cityblock

Sidewalk Labs, un groupe d’innovation urbaine de la société mère de Google Alphabet, a lancé une start-up avec des plans ambitieux pour repenser le système de santé. En effet, cette spin-off (3) souhaite mener des programmes de prévention et d’éducation à la santé et créer des centres médicaux dans les villes pour les plus démunis.

Selon la vision de Cityblock, chaque membre aura son « équipe personnalisée » avec personnel soignant, outils technologiques, nudges (4) de suivi et plan de santé. Des services offerts sans frais supplémentaires pour ceux qui sont couverts par une assurance. On comprend déjà mieux les prises de participation avec des start-ups d’assurance (voir ci-dessous).

Mais aussi

Google possède une participation chez Oscar Health et Clover Health (assurance santé), Vaccitech (vaccin), Quartet (santé mentale). Quant à l’éditeur d’applications mobiles de santé Seniosis Health, il est désormais dans son giron.

Il existe également Google Fit qui permet aux utilisateurs d’objets connectés de stocker leurs données liées à l’activité physique.
Pascal Wolff

Sources : Glossaire-international, Usine Nouvelle, Le Monde Informatique, L’Usine Digitale, cnbc.com, bfmbusiness, Le Monde

(1) Voir sur notre site le pdf de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).
(2) « Disrupter », c’est bouleverser et déstabiliser les marchés vieillot et monopolistique, pour s’y introduire et y faire sa place, une spécialité des sociétés d’internet. Uber en est un bon exemple.
(3) Scission d’entreprise.
(4) Le nudge est une discipline émergente qui s’intéresse au comportement.

A LIRE EGALEMENT. Les Gama à l’heure de la santé. Cliquez sur le mot pour ouvrir l’article

Amazon – Facebook – Apple




Apple

Watch

Tout le monde connaît l’AppleWatch, la montre connectée d’Apple. Elle enregistre nombre de paramètres tels que le rythme cardiaque, la tension, l’hydratation… Des applications tierces se basent sur ces données pour proposer des services de prévention et de bien-être. Apple domine le marché des montres connectées avec 57 % des ventes, et son AppleWatch est la montre la plus vendue au monde. Nous sommes en pleine « disruption ». (1)

La marque a acheté la start-up Beddit, spécialiste du suivi du sommeil. Elle accède ainsi à des données sur des millions de nuits de sommeil d’utilisateurs, de quoi nourrir sa plate-forme Health Kit.

Le Californien a acheté en 2016 une jeune pousse spécialisée dans le partage de données de santé : Gliimpse. Proposée en particulier à ceux atteints du diabète ou d’un cancer, l’application permet de partager leurs informations médicales avec leur famille, leur médecin, les organismes de santé. En deux mots, un dossier médical partagé, assorti d’autorisations d’accès personnalisées et limitées dans le temps. Les chercheurs aussi peuvent avoir accès sous condition à ces informations. Une manière de rester dans la course face à Verily de Google.

Research Kit

Research Kit permet aux utilisateurs qui le souhaitent de partager leurs données d’activité et de santé avec des chercheurs

Mais le principe soulève beaucoup de questions et d’inquiétudes. A commencer par le respect de la vie privée et la sécurité des données. Qui pourra les consulter ? Ensuite, quid de la fiabilité des données recueillies ? Mal utilisé, l’iPhone peut potentiellement transmettre des données hasardeuses, voire inexactes. Enfin, uniquement disponibles sur iPhone, les applications développées avec ResearchKit font fi des utilisateurs d’autres marques et… de ceux qui ne disposent pas de smartphones. Les informations reçues concerneront donc principalement des personnes aisées, disposant donc d’un meilleur accès à la santé.

Health

Health Kit permet de partager ses données d’activité et de santé avec des applications tierces. D’autres fonctionnalités, telle « Health Records » qui va permettre d’importer ses données issues d’analyses médicales, vont apparaître.
Pascal Wolff

Sources : Glossaire-international, Usine Nouvelle, Le Monde Informatique, L’Usine Digitale, cnbc.com, bfmbusiness, Le Monde

(1) « Disrupter », c’est bouleverser et déstabiliser les marchés vieillot et monopolistique, pour s’y introduire et y faire sa place, une spécialité des sociétés d’internet. Uber en est un bon exemple.

A LIRE EGALEMENT. Les Gama à l’heure de la santé. Cliquez sur le mot pour ouvrir l’article

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Amazon

Une assurance santé

Trois grands entrepreneurs américains, dont Jeff Bezos (1), vont créer une société indépendante à but non lucratif, ayant pour but de développer un système de protection sociale, tout d’abord pour leurs 960 000 employés puis serait potentiellement mis en place pour tous les Américains, une manière de réponse au démantèlement d’Obamacare et à l’explosion des coûts d’Assurance-santé.

Mais aussi

Amazon a investi dans Grail, une start-up qui travaille sur la détection et le développement d’un test sanguin pour détecter les cancers avant l’apparition des symptômes. En ce sens, Grail va exploiter les données de centaines de milliers de personnes.

Amazon lorgne le marché des pharmacies qui a représenté, rien qu’aux États-Unis, 300 milliards de dollars de dépenses en 2015. Outre un important catalogue de fournitures médicales, elle vend sur internet toutes sortes de médicaments sans prescription. En attendant de se déployer dans le monde, elle teste au Japon la vente en ligne et la livraison rapide de médicaments nécessitant une consultation auprès d’un pharmacien avant l’achat.
Pascal Wolff

Sources : Glossaire-international, Usine Nouvelle, Le Monde Informatique, L’Usine Digitale, cnbc.com, bfmbusiness, Le Monde

(1) Jeff Bezos, fondateur et PDG actuel d’Amazon.com

A LIRE EGALEMENT. Les Gama à l’heure de la santé. Cliquez sur le mot pour ouvrir l’article

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Meursault Village 2013 Pierre Boisson

Des saveurs tranchées, un parfum éblouissant, un équilibre entre texture onctueuse, vivacité, minéralité et, pour faire bonne mesure, une part de mystère, voilà ce qu’expriment les grands blancs bourguignons de chardonnay.

Et quand on demande aux vignerons de cette région à quoi tiennent ces remarquables qualités, la plupart répondent « C’est le terroir évidemment » en oubliant (par modestie ?) leur part de responsabilité. En matière de terroir, quoi de plus fascinant que celui ou plutôt ceux de Meursault, car ce vignoble offre une diversité de « climats » produisant des vins de personnalité et de structure très variées, dominés par le puissant trio des Premiers Crus : Charmes, Genevrières et Perrières. Mais ces grands vins sont de plus en plus inaccessibles en raison de la demande mondiale et des tarifs exorbitants de certains viticulteurs : 300 à 700 euros au domaine d’Auvenay ou chez Arnaud Ente. Aussi, il est réjouissant de dénicher des Meursault génériques, tels ceux de Pierre Boisson, dont la qualité avoisine celles de nombre de Premiers Crus.

L’effervescence des amateurs

Les vignes du domaine Boisson-Vadot furent plantées vers 1940, enracinées sur des sols de calcaire dur, parfois très pierreux sur les hauts de Meursault, village, dont les moines de l’abbaye de Citeaux au Moyen-Age avaient déjà pris la mesure de la qualité des vins. Ceux du domaine de 9 ha sont maintenant vendus sous trois pavillons, car Bernard Boisson et son épouse, née Vadot, passent progressivement la main à leurs deux enfants, Anne et Pierre, qui élaborent leurs vins sous leur propre étiquette, mais tous vinifiés, au domaine, en famille, gardent le même style. Seules, les parcelles varient en fonction du propriétaire.

Ce domaine Boisson-Vadot crée l’effervescence parmi les amateurs depuis une dizaine d’années, car la nouvelle génération a fait entrer les vins du domaine déjà d’un bon niveau dans le cercle fermé des grands bourgognes blancs.

Du bio sans le dire
Le travail à la vigne n’est pas un vain mot. La conduite de la viticulture est, en théorie, conventionnelle, « à l’ancienne », dit le père : respect des sols par élimination des produits systémiques, des engrais chimiques, labourage attentif, un bon palissage, une attention de tous les instants, bref, du bio, sans le dire. A partir de là, les jus offrent une grande expression du fruit nourri par une terre saine.

Les vendanges manuelles sont relativement précoces, pour que les raisins ne produisent pas des vins trop mous. La vinification est assurée essentiellement par le fils Pierre, précis, sérieux, dont la grande amitié avec Raphaël Coche-Dury du célébrissime domaine leur permet d’échanger informations, réflexions, conseils. Ainsi, Pierre a posé son empreinte et sa rigueur, son intransigeance le poussent vers la perfection. Il limite au minimum les interventions au chai. Les élevages sur lies fines en fûts déjà utilisés, sans bois neuf pour les Meursault villages, sont longs sur 15 à 21 mois avec des batonnages délicats destinés à remettre en suspension les seules lies fines qui, par leur côté réducteur, apportent ce grillé caractéristique, sans excès de gras. Les vins ne sont pas filtrés.

Intensité et persistance gustative remarquables

Ce Meursault village 2013 de Pierre Boisson à la teinte jaune paille soutenue, lumineuse et brillante rehaussée par des touches de vert chartreuse fait jaillir du verre des parfums de fleur blanche, tilleul, acacia, de citron, de zestes d’agrumes, de sésame grillé, de silex et pierre chaude. En bouche dominent la tension, le minéral et apparaissent les arômes murisaltiens : beurre fondu, brioche, noisette grillée. Le vin s’étire tout en longueur en caressant le palais sur un bel équilibre gras, opulence versus tension, minéralité. L’intensité, la persistance gustative sur une finale saline et salivante sont remarquables. La fraîcheur, les jolies notes grillées, l’ossature opulente évoquent fortement le style de l’icône des bourgognes blancs : Coche-Dury.

Ce Meursault 2013 accompagnera parfaitement un foie gras en terrine pour ceux qui répugnent à servir en début de repas un vin sucré ou liquoreux. Le vin de
Pierre Boisson fera merveille avec les préparations à base de veau, tels bouchées à la reine, vol-au-vent, ris. Il s’accorde bien avec filet mignon, médaillon de veau aux champignons ou agrémenté d’épices et d’une garniture, type olive ou aubergines, dont la légère amertume est équilibrée par le gras du vin. Une volaille sauce crémeuse sera flattée par son équilibre et son moelleux.

Mais c’est avec les produits de la mer que ce vin exprimera toutes ses potentialités : poissons nobles à chair ferme avec un beurre manié ou une sauce mousseline : turbot, barbue, saint-pierre, croustillant de bar au foie gras en millefeuille de pomme de terre. Un peu vieilli, ce vin se marie bien avec des fromages d’alpage : comté, vieux fribourg, reblochon.

Ce « simple » Meursault générique est indéniablement magnifique. Mais voilà le hic : la ruée frénétique des amateurs (en particulier pour les cuvées parcellaires Grands Charrons, Chevalières, 1er Cru Genevrières), la politique tarifaire exemplaire des Boissons leur interdit d’accepter de nouveaux clients !

Vous pourrez peut-être trouver quelques flacons sur quelques sites de vente en ligne ou chez des cavistes avisés.

Meursault Village Pierre Boissson
21190 Meursault



Le parcours mystérieux et chaotique de l’Apollon du Belvédère [2]

[2] L’auteur, le lieu de destination, l’origine de sa découverte ne reposent que sur des hypothèses.

Deux courtes mentions interpellèrent les historiens pour en trouver l’auteur : Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle indiquait qu’un aigle ravissant Ganymèdes et un Apollon ceint du diadème étaient du sculpteur Léocharès (XXXIV, XIX, 29). Pausanias dans sa Description de la Grèce avait vu deux statues d’Apollon placées devant le temple d’Apollon dit Patroôs dans l’Agora d’Athènes (I,III,4) : une de Léocharès et l’autre de Calamis (1). Selon Pline l’Ancien le sculpteur Leocharès était actif à Athènes « dans la 102e Olympiade » (entre 377 et 368 av. J.-C). Or il était décrit comme un jeune homme dans la XIIIe lettre platonicienne, vers 365 av. J.-C.

En se basant sur la composition centrifuge évocatrice des années 330 av. J.-C. et les caractéristiques de ses attributs, l’historien d’art Erica Simon attribue l’Apollon du Belvédère comme étant la copie en bronze de l’Apollon sculpté par Léocharès. Mais la méconnaissance de l’œuvre de cet artiste rend très hypothétique cette attribution. De plus les sandales portées par le dieu jettent le trouble. Elles ne peuvent remonter avant le IIIe, voire avant le IIe siècle av. J.-C. Il pourrait s’agir, en fait, d’une composition romaine originale.

Le texte de Pausanias nous invite à destiner cette sculpture au culte d’Apollon Patroôs. Les fouilles archéologiques de l’Agora mirent en évidence l’existence de plusieurs temples successifs. Le premier sanctuaire archaïque édifié par Pisistrate daterait du VIe siècle av. J.-C. et serait au mythe d’Apollon Patroôs (2). Les Perses détruisirent ce premier temple en 480/479 av. J.-C. Athènes, après sa défaite contre Sparte en 404 av. J.-C (construction du deuxième temple) et contre Philippe de Macédoine en 338 av. J.-C. (élévation du troisième temple), développa ce mythe de son glorieux passé. À côté du culte à caractère privé des Phratères, le dieu était honoré lors des grandes fêtes de la cité dans un temple public élevé aux frais de l’État. L’indigence des sources ne permet pas de connaître la teneur du culte public. Situé dans la zone ouest de l’agora, le dernier temple du IVe siècle, étudié en 1937, d’ordre ionique, tetra ou hexastyle, in antis, fut élevé sur l’instigation de Lysurgue entre 338 et 325 av. J.-C. Un kouros, sans doute la statue cultuelle du premier temple, une figure féminine assise provenant du fronton du dernier temple et une sculpture du IVe siècle av. J.-C. dite d’Apollon Patroôs attribuée à Euphranor (parfois donnée à Léocharès), furent découverts à proximité de ce sanctuaire. Cette dernière sculpture proviendrait de la cella de ce temple.

Pirro Ligorio, entre 1568 et 1583, suggéra que l’Apollon venait d’être mis au jour à Anzio (Antium), ville proche de Rome. Le transfert à Rome d’œuvres originales grecques était devenu habituel à la suite de l’expansion romaine dans le bassin oriental de la Méditerranée.

L’empereur Néron appréciait les œuvres du passé grec. Il les disposait dans ses palais, notamment dans la Domus Aurea à Rome. Dans ce contexte, si le transfert de l’Apollon à Antium dans l’immense villa que Néron avait fait construire en bord de mer est envisageable, aucun document ne l’atteste. Le lieu de sa découverte demeure toujours incertain. Après un silence de plus de 1 500 ans, il réapparait brutalement à la Renaissance pour faire d’emblée l’admiration des amateurs.

Un court voyage à Paris et son retour au Vatican

A la suite de la campagne d’Italie de 1796, le général Bonaparte imposa des conditions d’armistice. Le 23 juin, celui de Bologne exigeait du pape la remise de cent objets d’art et de cinq cents manuscrits. Le traité de paix qu’il signa à Tolentino en février 1797 renouvela l’indemnité en objets d’art.

Les commissaires et les artistes envoyés à Rome le 29 juillet 1796 sélectionnèrent les plus prestigieuses sculptures : l’Apollon du Belvédère, le Laocoon, et le Torse du Belvédère, Melpomène et le tireur d’épine. De Livourne les caisses embarquées dans la frégate le Sensible, puis entreposées en Arles, parvinrent à Paris le 15 juillet 1798.

Les 27 et 28 juillet, un cortège triomphal de chars défila du Musée d’histoire naturelle au champ de Mars. Une peinture d’Antoine Béranger (1785-1862) d’après un dessin à la plume d’Achille Valois (1785-1862) sur la panse d’un vase en céramique au musée de Sèvres en garde la mémoire (3). Une Notice des Statues, bustes et bas-reliefs décrivait chaque œuvre entreposée dans la galerie des Antiques du Musée central des Arts. La note 145 de l’Apollon Pythien, dit l’Apollon du Belvédère, après un texte insistant sur sa destruction du monstre Python, citait le lieu de sa découverte, son acquisition par le futur Jules II et l’origine possible du marbre. L’auteur, Enrio Quirino Visconti, « le pape de l’antiquité », considérait toujours qu’il s’agissait d’un original grec.

Sur la plaque en cuivre de fondation de l’Apollon du Belvédère au Musée central des Arts se trouvait l’inscription suivante : « La statue d’Apollon, qui s’élève sur ce piédestal, trouvée à Antium sur la fin du XVe siècle, placée au Vatican par Jules II, au commencement dit XVIe, conquise l’an V de la République par l’armée d’Italie, sous les ordres du général Bonaparte, a été fixée ici le 21 Germinal an VIII, première année de son Consulat ». Au revers est cette autre inscription : « Bonaparte, Ier Consul. Cambacérès, IIe Consul, Lebrun, IIIe Consul, Lucien Bonaparte, ministre de l’Intérieur ». En 1815, après les défaites de l’Empire, l’Apollon retourna à Rome au Musée du Vatican dans la salle de l’Octogone de la cour du Belvédère où il se trouve encore aujourd’hui sous une niche entre le Persée et le Laocoon.

De nombreuses inconnues subsistent : si nous sommes à peu près certain, à ce jour, qu’il s’agit d’une copie ou d’une adaptation romaine d’un bronze grec de la fin de l’époque classique (soit vers 330-320), des voix s’élèvent pour le considérer comme un original romain. L’auteur du bronze, peut-être Léocharès, son lieu de destination sur l’agora d’Athènes sans doute le temple de Patroôs et sa présence éventuelle dans la villa de Néron à Antium jusqu’à sa redécouverte à la fin du XVe siècle, ne sont que des hypothèses basées sur des écrits sommaires. Comment est-il arrivé dans le jardin du cardinal della Rovere à Saint-Pierre-aux-Liens à Rome ? le mystère persiste ! Il semble avoir été remarqué dès les décennies précédentes remettant en cause l’écrit de Pirro Ligorio. Ensuite jusqu’à aujourd’hui, nous suivons plus facilement sa trace.

Christian Zicarelli

Eva Mesko, étudiante en Master 2 Histoire de l’Art, Paris IV La Sorbonne.

(1) L’Apollon Alexicacos vu par Pausanias peut difficilement être la sculpture de Calamis (actif entre – 470 et – 440). Ce surnom, du dieu vient, disent les Athéniens, de ce qu’il leur indiqua, par un oracle rendu à Delphes, les moyens de faire cesser la peste dont ils étaient affligés en même temps que la guerre du Péloponnèse. (Pausanias 1.3.4).
(2) Ion, le fils d’un étranger Xouthos et de Creuse de famille athénienne eut quatre fils, les quatre fondateurs des tribus d’Athènes. Euripide dans sa pièce Ion, pour donner un ancêtre prestigieux à la ville remplaça Xouthos par Apollon Pythios (ancêtre des Ioniens) et Platon dans l’Euthydème, Pythios par Patroôs.
(3) En fait les sculptures entreposées dans des caisses n’étaient pas visibles. 

Bibliographie

1/ Ackerman JS, The Cortile del Belvedere, Cité du Vatican, 1954, p. 153.

2/ Clarac F (de), Maury A., Musée de la sculpture antique et moderne, 1841, Paris, p. 198.

3/ Cooper J. F., Excursions in Italy, Londres 1838, I, p. 188-189.

4/ Farington J., The diary of Joseph Farington, Londres, Kenneth Garlick et Augus Macintyre, II, 1978, p. 442.

5/ Flaxman J., « Report from the Select Committee on the Earl of Elgin’s Sculptured Marbles », in The Elgin Marbles from the Temple of Minerva, Londres, 1816, p. 29.

6/ Haskell F, Penny, N., Pour l’amour de l’antique. La statuaire gréco-romaine et le goût européen 1500-1900, traduit de l’anglais par François Lissarrague, Paris, Hachette, 1988, p. 176.

7/ Lanzac de Laborie L de), « Le Musée du Louvre au temps de Napoléon d’après des documents inédits », in Revue des Deux Mondes, tome X, 1912, p. 611-612.

8/ Matthews H, The Diary of an Invalid : Being the journal of a tour in pursuit of health in Portugal, Italy, Switzerland and France in the years 1817, 1818 and 1819, Londres, A & W Galignani 1825 (1ére éd. 1820), p. 215.

9/ Pietrangeli C, Montebello P (de), The Vatican Collections. The Panacy and Art. The Metropolitan Museum of Art, cat. expos. New-York, The Metropolitan Museum of art, 26 février-12 juin 1983, Chicago, The Art Institute, 21 juillet-16 octobre 1983, San Francisco, The Fine Arts Museums, 19 novembre 1983, 19 février 1984, New York, Harry N. Abrams, 1983.

10/ Schutter X (de), Le culte d’Apollon Patrôos à Athènes », L’antiquité classique, 56, 1987, p. 103-129.

11/ Winckelmann J. J., Histoire de l’art chez les anciens, volume 3, Paris, p. 357.




Clot-Bey : un médecin français à la cour du Pacha d’Egypte

Cette biographie passionnante se fonde sur une documentation exhaustive ainsi que sur les mémoires de Clot-Bey ; elle retrace la vie de l’homme et du médecin, et dresse un portrait nuancé de ce personnage plein de contrastes qui a contribué à écrire l’une des pages les plus importantes de l’Egypte moderne.

Né à Grenoble en 1793, Antoine-Barthélémy Clot arrive à Marseille en 1813 pour y étudier la médecine, malgré un manque total de ressources et de sérieuses lacunes dans son instruction. Admis comme externe à l’hôtel Dieu, reçu comme élève interne en chirurgie en 1816, il devient officier de santé en 1817 ; après avoir passé son baccalauréat à Aix-en-Provence en 1819, il devient docteur en médecine à Montpellier en 1820 et docteur en chirurgie en 1823.

Doté d’une forte personnalité et sans doute d’un caractère ombrageux, il a déjà été évincé de ses postes hospitaliers et ouvert avec succès un cabinet privé lorsqu’il est recruté par Tourneau un français au service du pacha d’Egypte, Méhémet Ali, en tant que médecin et chirurgien en chef de l’armée de ce dernier.

Antoine-Barthélémy Clot s’embarque le 21 janvier 1825 pour Alexandrie ; son contrat, prévu pour cinq ans, devait se prolonger jusqu’en 1849.

A peine arrivé, il soigne Méhémet Ali et le guérit d’une gastro-entérite, devenant son médecin attitré et son ami.

Mais, l’état sanitaire du pays est déplorable et la tâche immense. Clot a été le maitre d’œuvre de la modernisation des institutions médicales égyptiennes ; il crée un Conseil de santé et un service sanitaire militaire puis fonde un gigantesque complexe hospitalier à Abou-Zabel et une école de médecine ; il introduit et développe la vaccination antivariolique et crée une école de sages-femmes. Après la terrible épidémie de choléra de 1832, son dévouement exemplaire lui vaut d’obtenir le titre de Bey, qu’il ajoutera à son nom.

Après l’abdication de Méhémet Ali, Clot-Bey revient à Marseille en 1849, avant d’être rappelé en Egypte en 1854 où il retrouve ses fonctions d’inspecteur général de la santé jusqu’à son retour définitif en 1858.

Pendant les quelque trente années de son séjour, Clot-Bey a pu acquérir une importante collection d’antiquités égyptiennes qu’il a cédée à la ville de Marseille et  que l’on peut aujourd’hui admirer au musée de la Vieille Charité.

L’auteur, Bruno Argémi, est médecin lui aussi, spécialiste en endocrinologie ; membre de l’Académie de Marseille, il est depuis 2006 Président de l’association Provence Egyptologie.

Les spécifications du livre
Auteur : Bruno Argémi
Editeur : Gaussen
Pagination : 268 pages
Prix public : Livre : 20,00 €




Le parcours mystérieux et chaotique de l’Apollon du Belvédère [1]

L’Apollon du Belvédère, sculpture romaine en marbre de l’époque d’Hadrien, reproduction d’une effigie en bronze vers – 330 av. J.-C., se trouve  sous une niche dans l’octogone de la cour du Belvédère au Vatican. Cette statue de taille supérieure à l’être humain (2,24 m [h]), très souvent gravée et reproduite, fut l’objet de nombreux écrits, notamment aux XVIIIe et XIXe siècles. Admiré comme l’une des merveilles de la statuaire antique grecque, Johann Joachim Winckelmann le décrivit à plusieurs reprises avec emphase. Cependant son historiographie demeure encore aujourd’hui très méconnue.

Une découverte de la Renaissance 

Nous devons attendre le début du XVIe pour découvrir son existence dans le guide le plus célèbre de la Rome antique, L’Opusculum de mirabilibus novae & veteris urbis Romae de Francesco Albertini : « que puis-je dire de la très belle statue d’Apollon, qui je peux le dire semble vivante et que votre sainteté a transféré au Vatican ». L’auteur, chanoine de la basilique Saint-Laurent à Florence, aumônier du cardinal Fazio Santoro à Rome, fut élevé au titre de cardinal par le pape Jules II le 1er décembre 1505. Vers 1491 parut dans le codex Escurialensis, (1) publié vers 1508-1509, la première reproduction de l’œuvre. Ce recueil de dessins indiquait que la statue se trouvait dans le jardin du cardinal Giuliano della Rovere, le futur pape Jules II à San Pietro in Vincoli, dont il était le titulaire depuis 1471. En fait l’Apollon servit de modèle à Andrea del Castagno dans les années 1450 lorsque cet artiste peignit son David en citant l’attitude de la sculpture (David vainqueur de Goliath, tempera sur toile, Washington National Gallery of art). Pier Jacopo Alari Bonacolsi (v.1460-1528) dit l’Antico, qui avait reproduit plusieurs statues antiques pour le studiolo d’Isabelle d’Este, en fit une réduction en bronze, sans doute vers 1498, aujourd’hui à la Ca d’Oro à Venise.

Une installation symbolique dans la cour du Belvédère

Le pape Jules II, grand amateur d’antiquité, l’installa au Vatican dés 1509, puis dans la cour du Belvédère vers 1511. L’aménagement de celle-ci confié à Donato Bramante à partir de 1506 connectait le palais du Vatican à la villa du Belvédère par une série de terrasses. Dès 1503, Jules II amassa une immense collection de sculptures antiques dont le Laocoon et ses fils et le Torse du Belvédère. Il les plaça dans des niches donnant sur la cour. La gravure à l’eau forte de Marc-Antonio Raimondi (1474-1534) du Metropolitan Museum of Arts à New-York en 1530-1534 et celle sur cuivre d’Antonio Lafreri à la Bibliothèque nationale de France en 1550-1552 en apportent la preuve et donnent l’image de la figure de l’Apollon lors de sa découverte. Toute une symbolique liée à la présence de cette statuaire fut orchestrée par Jules II. Le palais du Belvédère est implanté sur la colline du Vatican, l’endroit, selon le Liber Pontificalis, (2) où aurait été crucifié saint Pierre. Au vers 33 du poème l’Antiquaria Varia Urbis, Andreas Fulvius indiquait qu’en ce lieu un sanctuaire était dédié au dieu Apollon :  « Vaticanus apex, Phoebo sacratus, ubi olim auguria hetrusci vates captare solebant ». L’empereur Constantin y érigea sous le pape Silvestre I (314-355) une basilique consacrée à saint Pierre. Elle gardait le sarcophage où reposait le corps du Saint. En replaçant cette statue d’Apollon dans la cour du Belvédère le souverain pontife donna une expression visuelle à cette tradition. Sa commande à Raphaël de la fresque d’Apollon au Parnasse dans les Stanze di Raffaelo au palais du Vatican participe de cette même symbolique. En concevant un jardin arboré entouré de statues antiques, il recréa l’antique viridarium. En 1532-1533, à la demande du pape Clément VII, l’Apollon subit une restauration. A l’époque il importait de rétablir les manques. Le sculpteur Giovanni Agnolo Montorsoli (1507-1563), compagnon de Michel-Ange, ajouta la main gauche, modifia l’avant-bras droit avec une main ouverte détournée du corps, et allongea le support pour que la main droite puisse s’y appuyer (cette main était attachée à l’origine à la cuisse supérieure, comme le prouvent les puntello survivants).

Ces modifications furent gravées et dessinées sans commentaire jusqu’au XIXe siècle. En 1924-1925 Guido Galli lui redonna son aspect primitif. Depuis 1981, l’Apollon est à nouveau autoportant et la pause ajustée avec précision : la statue penche maintenant au niveau de la tête de 50 mm environ. Quelques semaines après son élection en 1566, le pape Pie V annonça que la collection des sculptures de la cour du Belvédère allait être dispersée, « Il ne convenait pas au successeur de saint Pierre de conserver chez soi de telles idoles ». A sa mort en 1572, pas une statue jugée de premier ordre n’avait quitté la cité. Caché par des volets de bois en raison de sa nudité « indécente » l’Apollon resta en place jusqu’au traité de Tolentino en 1798.

Depuis sa « redécouverte » à la fin du XVe siècle jusqu’en 1850 : une des plus merveilleuses sculptures du monde, une « beauté idéale »

L’Apollon du Belvédère considéré comme une statue antique grecque originale fut admiré pendant trois siècles. La seconde description du savant allemand, Johann Joachim Winckelmann (1717-1768) montre l’engouement provoqué par cette œuvre : « de toutes les statues antiques qui ont échappé à la fureur des barbares et à la main destructrice du temps, la statue d’Apollon est sans contredit la plus sublime. On dirait que l’artiste a composé une figure purement idéale […] Son attitude annonce la grandeur divine qui le remplit […] Dans les traits de l’Apollon du Belvédère, on trouve les beautés individuelles de toutes les autres divinités réunies […]. Pour le poète, écrivain et théoricien de l’esthétique allemand Johann Christoph Friedrich Schiller « aucun mortel ne peut décrire ce mélange céleste d’accessibilité et de sévérité, de bienveillance et de gravité, de majesté et de douceur ». Le peintre Raphaël Mengs (1728-1779), le premier, émit des doutes. Avant sa mort, il affirma que l’Apollon était une copie romaine faite d’un marbre italien, en total désaccord avec le célèbre antiquaire romain Enrio Quirino Visconti. Après dix ans d’âpres échanges, le géologue et minéralogiste Déodat de Gratet de Dolomieu (1750-1801) trancha en faveur de l’Italie. Le sculpteur et dessinateur anglais, grande figure du néoclassicisme britannique, John Flaxman « était certain qu’il s’agissait d’une copie, au contraire du Thésée du Parthénon ». Pour Henry Mathews membre du King’s College de Cambridge dans son journal The diary of an Invalid « le style de finition n’a certainement pas l’air d’un original ». A la fin de la première moitié du XIXe siècle l’affaire était entendue : le « soupçon » que cette œuvre soit une copie se « chuchote si fort que tout le monde peut l’entendre ». Le 14 décembre 1795, le même John Flaxman affirmait qu’il s’agissait « d’une copie en marbre d’un original de bronze […] les plis du devant de la statue sont probablement une exacte imitation de l’original et ne correspondent pas à ceux de l’autre face ». Il restait à en découvrir l’auteur.

Christian Zicarelli

Eva Mesko, étudiante en Master 2 Histoire de l’Art, Paris IV La Sorbonne.

(1) Le codex Escurialensis arriva en Espagne vers 1509-1510. Daté habituellement de 1491 (fol. 50v.) il servit de source mythologique et d’ornement architectural lors de la construction du château de la Calahorra (Sierra Nevada) de 1508 à 1509 par le marquis Don Rodrigo Vivar y Mendosa (il se trouvait à Rome de 1506 à 1508).
(2) Chronologie des papes du IVe au XIe siècles.

 




Et moi, je vis toujours

Pouvait-on, dans cette rubrique médico-littéraire, laisser partir Jean d’Ormesson sans lui adresser l’hommage que méritent sa carrière et sa personnalité ?

Cet ouvrage ultime n’a certes pas grand-chose à voir avec la médecine ou la cardiologie.

Encore que …

Et moi, je vis toujours … Mais qui suis-je ?

Eh bien, je suis l’humanité ; plus que l’humanité, je suis l’histoire, je suis hier, aujourd’hui et demain.

Dans ce roman monde qui revisite l’histoire universelle, Jean d’Ormesson met tout son talent, extraordinairement intact jusqu’au bout, pour nous amener à réfléchir sur l’humanité et bien au-delà, du début – « L’histoire du monde avant l’histoire »  – à la possible fin de l’univers, « ce spectacle indicible d’un monde sans les hommes ».

Tantôt homme, tantôt femme, le narrateur vole d’époque en époque et ressuscite sous nos yeux l’aventure des hommes et de leurs grandes découvertes.
Vivant de cueillette et de chasse dans une nature encore vierge, il parvient, après des millénaires de marche, sur les bords du Nil où se développent l’agriculture et l’écriture.

Tour à tour africain, sumérien, grec ou troyen, ami d’Achille et d’Ulysse autant que d’Hector, citoyen romain, juif errant, il salue les grandes inventions et découvertes, le génie militaire, la Révolution de 1789, les progrès de la science. Marin avec Christophe Colomb, servante dans une taverne à Paris, valet d’un grand peintre ou d’un astronome, Il est partout chez lui, à Jérusalem, à Athènes, à Byzance, à Venise.

Il souligne à merveille les événements marquants des différentes époques, mais on sent bien qu’il garde une certaine préférence pour les grands artistes, écrivains, peintres, musiciens ou bâtisseurs.

Un brin pessimiste ou tout simplement lucide, il pronostique la fin de l’histoire : « je ne suis pas éternelle puisque je suis le temps et que le temps s’écoule ; j’ai passé, je passe, je passerai… »

Rédigé dans un style alerte et vif, avec ce sens de la formule qui fait mouche que l’on reconnaît à l’écrivain, le livre est, comme les précédents, très agréable à lire ; il nous invite, comme les autres, à réfléchir sur l’évolution et la vie; cette vaste entreprise d’exploration et d’admiration finit par dessiner avec ironie et gaîté une sorte d’autobiographie intellectuelle de l’auteur.

« Racine est une mode qui passera comme le café ! », aurait affirmé avec cet aplomb qui caractérise parfois les plus graves erreurs de jugement notre chère marquise de Sévigné.

Gageons que l’œuvre de ce cher Jean d’Ormesson durera autant que celle de Racine !

Les spécifications du livre
Auteur : Jean d’ Ormesson
Editeur : Gallimard
Pagination : 288 pages
Prix public : Livre : 19,00 € – Kindle : 13,99 €




Let’s talk ou comprendre sans connaître la langue

Cela fait pratiquement dix ans que le concept d’écoute augmentée existe. La technologie n’a cessé de s’améliorer depuis pour réapparaître sérieusement en 2016 afin d’arriver aujourd’hui  à des écouteurs-traducteurs en temps réel. Le marché devient mature et permet de comprendre et retranscrire des idiomes dans la langue de votre choix, si le logiciel le permet.

 Les demandes sont fortes dans ce domaine où les demandes sont importantes : congrès, réunions interlangues, visualisation vidéo en lange étrangère, formation, voyages… Certains pays pour qui la langue peut-être une barrière – comme la Chine ou le Japon – ont bien compris l’avenir de cette technologie qui pourraient leur ouvrir plus facilement les portes des investisseurs ou visiteurs étrangers. Gare cependant aux technologies employées, aux smartphones qui doivent être connectés pour fonctionner au travers de l’application et au temps de latence entre la prise de parole et l’écoute qui peut avoir des conséquences non négligeables et le nombre de langues proposé (gratuites ou non). Petit tour d’horizon des principales technologies.

Ili Logbar

Présenté en 2016 – fonctionne sans 4G. 1 langue. Anglais vers espagnol, japonais ou chinois

C’est au CES 2016 que Logbar, société nippone, avait présenté un outil simple, capable de comprendre une langue complexe comme le japonais. Le produit se présente comme un boîtier de télécommande, simple et doté d’un microphone et d’écouteurs. L’avantage est qu’il fonctionne sans connexion. La bibliothèque préinstallée est plutôt chiche avec une traduction de l’anglais vers l’espagnol, le japonais et le chinois. L’inverse n’étant pas possible. Le temps de traduction est des plus courts avec un temps de  0,2 seconde en moyenne.

Pixel Buds

Sortie en octobre 2017 – 159 $. 40 langues

L’utilisation des écouteurs Pixel Buds de Google s’est avérée compliquée. En effet, une conversation avec une personne de langue étrangère oblige d’avoir deux smartphones Google Pixel 2 et deux paires d’écouteurs. Il faut donc trouver une personne qui a le même smartphone et les mêmes écouteurs… Quant à la traduction, elle est décevante, puisqu’elle transite via l’application Google Assistant et ne fournit que des mots-valises et non le résultat d’une véritable discussion…

WT2

Disponibilité avril 2018 – 179 $. 6 langues. Anglais, chinois, français, allemand, japonais, espagnol

La start-up Timekettle propose un traducteur en temps réel qui fonctionne via une application sur le smartphone. Celle-ci réalise la traduction puis envoie l’information vers les écouteurs. Il y a donc un temps de latence de 1 à 3 secondes entre le temps de parole de l’interlocuteur et la traduction. Malgré cela, l’outil est plutôt performant, à condition d’avoir un bon réseau mobile à proximité.

Mars

Sortie prévue été 2018 – aucun prix annoncé. 4 langues, 40 à terme. Anglais, chinois, coréen, espagnol

C’est au CES 2018 que de nouveaux écouteurs, baptisés Mars ont été présentés. Disponibles sur Android et iOS, ils autorisent la traduction en tête-à-tête en temps réel. Là encore, l’intelligence est déportée sur le smartphone par le biais d’une application. Lors des démos, Mars était en mesure de comprendre l’anglais, le chinois, le coréen et l’espagnol. A terme, une quarantaine de langues étaient promises.

The Pilot

Sortie à l’automne 2017 – 249 $. 15 langues

Là encore, la promesse est simple : pouvoir traduire à la volée et en temps réel les discussions depuis plusieurs langues. Les écouteurs s’appuient sur du « machine learning » (1) pour puiser les informations nécessaires à son fonctionnement.
Les oreillettes sont connectées en bluetooth à votre smartphone. Quinze langues sont supportées gratuitement, dont l’anglais, le français, l’italien, le portugais et l’espagnol

Baidu

Sortie prévue février-mars 2018. 3 langues

Après les Baidu Eye, le plus gros moteur de recherche de Chine a dévoilé un traducteur pas plus gros qu’un smartphone. L’appareil, qui fait appel à des intelligences artificielles, a besoin d’une connexion qui induit une latence significative. A ce jour, le chinois, le japonais et l’anglais sont les seules langues supportées. Le mandarin s’ouvre à vous !
Pascal Wolff

(1) Le « machine learning » ou apprentissage automatique, concerne la conception, l’analyse, le développement et l’implémentation de méthodes permettant à une machine (au sens large) d’évoluer par un processus systématique, et ainsi de remplir des tâches difficiles ou problématiques par des moyens algorithmiques plus classiques.