Quelles solutions pour améliorer l’accès aux soins ?

Par Marc Villacèque.
Président du Syndicat national des cardiologues.

Depuis des années, le Syndicat National des Cardiologues alerte ses adhérents et les pouvoirs publics sur la dégradation du système de Santé. La difficulté d’accès aux soins, criarde dans certains territoires, est devenue une des priorités des Français. Les politiques (maires, députés, sénateurs, et le ministre de la Santé) ont décidé de prendre des décisions sans aucune concertation avec les médecins. Ils ont ainsi acté la fin du monopole médical sur les soins, monopole adossé à l’exigence du cursus médical, au code de déontologie et aux conventions successives. Déjà, la sage-femme pouvait prescrire et suivre des patientes et des nouveau-nés, le pharmacien faire des vaccinations…

Maintenant, nos élus proposent plus en permettant :

  • L’accès direct

– à l’orthophoniste sans passer par l’ORL ou le MG ;

– à l’orthoptiste pour prescrire des lunettes sans passer par l’ophtalmologiste.

  • L’autorenouvellement des prescriptions par le kinésithérapeute.
  • Des expérimentations pour un accès direct à l’infirmière de pratique avancée.

Nous ne sommes plus dans la fiction puisque ces mesures ont été votées par l’Assemblée nationale et le Sénat dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2022, en attendant le vote définitif par les députés fin novembre.

De plus, le ministre de la Santé a demandé aux cliniques privées et aux médecins libéraux de prendre part à la permanence de soins (gardes, astreintes, travail le week-end) d’ici la fin de l’année. D’autres encore souhaitent le retour de l’obligation de la participation à la permanence de soins pour tous les médecins dès janvier 2023. Il ne faut pas oublier que ce sont ces mêmes décideurs qui avaient supprimé les lignes de gardes et refusé de payer nos astreintes.

Tous les syndicats de médecins et le conseil de l’Ordre ont vivement et légitimement réagi pour que le premier accès aux soins reste le rôle exclusif du médecin. Maintenant, la balle est dans notre camp. Devant la pénurie de médecins, le poids des maladies chroniques, la surcharge de travail, les médecins sont-ils prêts à travailler encore plus pour diminuer les délais de rendez-vous, participer aux gardes et à la permanence des soins ? Ou sont-ils prêts à augmenter le personnel de leur cabinet et superviser les soins ? Quelles que soient les réponses choisies, le problème de l’accès aux soins mérite mieux que des bouts de lois sans aucune vision globale ni réflexion de coordination entre les professionnels de santé. Il nécessite un débat citoyen et un échange constructif avec les acteurs de soins pour imaginer le système de Santé de demain. C’est pourquoi le SNC est mobilisé à tous les niveaux : défense de l’équipe de soins spécialisés devant le directeur de la CNAM, animation des groupes de réflexions sur les nouveaux acteurs de soins comme les IPA… Mais les choix seront difficiles et, comme disait Foch, « ne me dites pas que ce problème est difficile. S’il n’était pas difficile, ce ne serait pas un problème ».

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