Améliorer la recherche en cardiologie libérale : un partenariat innovant

Mieux représenter les parcours de soins en ville et rapprocher la recherche clinique du quotidien des patients, c’est l’objectif du partenariat conclu entre l’UFCV/FormatCoeur et la société à mission Stane avec le soutien du Syndicat National des Cardiologues (SNC). Pour en savoir plus, CardioHebdo a interrogé Thierry Garban, secrétaire général du SNC, et Benoît Lequeux, président de la Commission numérique du SNC.

CardioHebdo : Vous venez d’annoncer un partenariat grâce auquel est lancée la première cohorte de recherche en cardiologie libérale. Pourquoi cette démarche ?

Thierry Garban : Nous voulons rapprocher la recherche de la « vraie vie ». Intégrer les données de ville, c’est obtenir une vision longitudinale du parcours patient et positionner la France à l’avant-garde de la recherche clinique en ville. C’est aussi offrir aux cardiologues libéraux un dispositif simple, sécurisé, avec accès à des études indemnisées et un accompagnement dédié.

Benoît Lequeux : Cette démarche vise à combler un vide majeur dans la recherche clinique française : l’absence de données représentatives issues des soins de ville. Alors que 80 % du parcours de soins se déroule en ville, la recherche clinique s’appuie encore principalement sur les données hospitalières.
L’objectif est donc d’intégrer les données des cabinets libéraux dans les études cliniques afin de représenter plus fidèlement la réalité des parcours de soins, de renforcer l’innovation thérapeutique et de positionner la France en leader de la recherche clinique « du quotidien » par l’apport de la cardiologie libérale.

Combien de patients sont potentiellement concernés par cette étude ?

B. L. : Le nombre de patients concernés sera très important. Étant donné qu’il s’agit d’une cohorte nationale portée par de nombreux cardiologues, chacun suivant un volume significatif de patients chaque année, cela représentera à terme plusieurs dizaines voire centaines de milliers de patients.

T. G. : Il est trop tôt pour donner une estimation précise. Mais la logique est bien celle d’un projet national, qui doit à terme toucher un très large échantillon représentatif de patients suivis en ville.

Combien de cardiologues libéraux pourraient participer ? Quelles sont vos attentes ?

B. L. : Nous espérons rassembler la majorité des cardiologues libéraux, en lien avec les sociétés savantes. L’objectif est de permettre une adhésion facile et progressive grâce à un dispositif transparent, sécurisé, et intégré dans la pratique quotidienne. C’est une belle opportunité pour chacun d’entre nous.

Quels seront les sujets des études menées grâce à cette cohorte ?

TG : Toutes les thématiques de la cardiologie sont concernées. Le registre a vocation à devenir une ressource collective de référence pour la recherche clinique.

B. L. : BL : Plus précisément, deux types d’études sont prévues : observationnelles, à partir de données secondaires issues du soin courant, et interventionnelles, permettant d’accéder à de nouvelles thérapeutiques. Les thématiques iront de l’épidémiologie des maladies cardiovasculaires en soins de ville, à l’évaluation des innovations thérapeutiques en pratique réelle, jusqu’au suivi longitudinal des patients atteints d’HTA, d’insuffisance cardiaque, de coronaropathies, de valvulopathies ou d’arythmies.

Quand disposerez-vous des premiers résultats ?

TG : Les résultats seront communiqués progressivement aux cardiologues participants, selon la durée des protocoles. Certains pourront donner lieu à des publications scientifiques.

B. L. : La nature longitudinale de la cohorte implique une collecte continue, avec des résultats diffusés au fur et à mesure. Les études observationnelles, sur données déjà existantes, pourraient fournir des résultats assez rapidement.

Avez-vous reçu un soutien des pouvoirs publics pour ce partenariat innovant ?

B. L. : Il n’y a pas de soutien financier direct. Toutefois, le projet s’inscrit pleinement dans une logique de santé publique et d’innovation souveraine. Il pourrait donc ouvrir la voie à des partenariats futurs avec les agences de santé (DGOS, HAS, ANSM) ou les collectivités.

Pourrez-vous mener des études incluant un suivi ville-hôpital ?

B. L. : Oui, c’est l’une des ambitions. Grâce à l’entrepôt de données certifié staneEDS, conçu pour l’interopérabilité, nous pourrons croiser les données hospitalières et ambulatoires libérales, et ainsi obtenir une vision intégrée du parcours patient.

Quelles sont les réactions des associations de patients à ce stade ?

T. G. : Elles n’ont pas encore été consultées, mais cela viendra dans les prochaines étapes.

B. L. : Et dans tous les cas, les études se feront dans le strict respect de la réglementation, avec accord éclairé des patients et confidentialité totale. Les associations seront naturellement impliquées car elles jouent un rôle clé dans le système de soins.

Comment garantissez-vous la sécurité et la confidentialité des données ?

T. G. : Le SNC a exigé que les données soient protégées par un cadre réglementaire clair et éthique, garantissant la confidentialité des patients comme des praticiens.

B. L. : Toutes les données seront hébergées dans l’entrepôt certifié staneEDS, conforme aux standards CNIL et HDS. La sécurité et la transparence sont des piliers du projet.

Qu’apporte ce projet spécifiquement aux cardiologues libéraux ?

T. G. : C’est une manière de donner aux cardiologues le « déclic de la recherche » : simple, utile et bénéfique pour leurs patients.

B. L. : Oui, ils pourront contribuer à la recherche à partir de leur pratique quotidienne, accéder à des études indemnisées et pertinentes, et proposer à leurs patients un accès direct aux innovations thérapeutiques.

Quels bénéfices concrets pour les patients ?

B. L. : Ils pourront bénéficier d’un suivi plus proche de la réalité de leurs parcours, et d’un accès anticipé aux innovations thérapeutiques.

T. G. : Le projet leur garantit une prise en charge plus représentative et personnalisée, et ouvre la voie à une meilleure qualité des soins sur tout le territoire.

Quelle ambition à long terme portez-vous avec ce registre ?

B. L. : Positionner la France comme leader de la recherche clinique « de ville », avec un outil souverain, sécurisé et collaboratif.

T. G. : Faire en sorte que la recherche clinique française ne se limite plus aux hôpitaux, mais s’appuie aussi sur la richesse des données de ville, au service de l’innovation et de l’attractivité médicale de notre pays.

Cette cohorte nationale marque une étape décisive pour la recherche en cardiologie libérale : intégrer les données issues des cabinets de ville, renforcer le rôle des cardiologues libéraux dans l’innovation et garantir aux patients un accès plus rapide aux dernières avancées. Un projet pensé pour être simple, sécurisé et bénéfique à tous les acteurs du soin.

Vous êtes intéressés pour améliorer la recherche médicale avec le soutien du Syndicat national des cardiologues, envoyez-nous vos coordonnées à l’email de contact ci-dessous et nous vous contacterons dans les plus brefs délais.

Recherche clinique :
un nouveau souffle pour la cardiologie de ville

Mercredi 15 octobre 2025. 20h00-21h00 – 1h00

Experts : Vincent Pradeau, Yves-Michel Flores et Mehdi Djelamani

La recherche clinique arrive dans vos cabinets

L’UFCV/FormatCœur, le Syndicat National des Cardiologues et Stane lancent la première cohorte nationale de recherche en cardiologie libérale.

Au programme

  • Comprenez les enjeux et bénéfices du partenariat,
  • Prenez le contrôle sur les données,
  • Valorisez votre expertise de cardiologue,
  • Offrez à vos patients l’accès aux dernières innovations.

Ne manquez pas ce rendez-vous pour découvrir comment participer à ce projet inédit et façonner l’avenir de la recherche cardiologique en France.

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