AG du Syndicat National des Cardiologues – vers la restructuration et les soins de demain

Réunis au Palais des Congrès d’Aix-en-Provence les 13 et 14 mai derniers pour leur assemblée générale annuelle, les représentants du Syndicat National des Cardiologues (SNC) ont dressé le bilan d’une année mouvementée marquée par une visibilité institutionnelle accrue mais aussi par des tensions financières persistantes. L’avenir de l’exercice libéral, l’organisation des soins via les ESS, les mutations sociologiques de la profession, ainsi que l’intégration des outils numériques ont rythmé deux journées intenses de débat. Sous la présidence du Dr Vincent Pradeau, les participants ont esquissé les contours d’une nouvelle dynamique pour défendre la cardiologie libérale.

Nathalie ZenouLe Cardiologue 461 – juillet-août 2025

2024 : UNE ANNÉE CONTRASTÉE ENTRE RAYONNEMENT INSTITUTIONNEL ET FRAGILITÉ FINANCIÈRE

Le rapport moral présenté par le président du SNC, le Dr Vincent Pradeau, a dressé un panorama contrasté.

Parmi les succès de l’année écoulée :

Un déménagement stratégique du siège à Paris dans un espace de coworking, une plus grande visibilité lors de rendez-vous scientifiques comme les JESFC ou les JIFICAT, et une forte présence institutionnelle avec la présidence du Conseil National Professionnel CardioVasculaire (CNPCV) assurée par le Dr Marc Villacèque et celle de la Fédération des Spécialités Médicales (FSM) par le Dr Frédéric Fossati.

La création d’une commission d’exercice libéral au sein du GICC et la réussite du programme de formation des Maîtres de Stage Universitaires (MSU) ont également été saluées.

Enfin, les liens avec le Collège National des Cardiologues Français (CNCF) ont été renforcés sous la présidence du Dr François Diévart.

Ces beaux résultats ne peuvent occulter les difficultés financières du Syndicat National des Cardiologues.

Le rapport du trésorier, le Dr Patrick Joly, a mis en lumière un déficit de 137 665 € en 2024, presque triplé par rapport à 2023. Cette dégradation s’explique notamment par une baisse des cotisations de 20 % et une hausse des charges (AG, déplacements, loyer).

Face à cette situation, un plan d’économies a été adopté pour 2025-2026, visant une réduction progressive du déficit et une stabilisation de la trésorerie, notamment par la hausse des refacturations aux partenaires et une modération des dépenses.

UN SYNDICAT EN MUTATION : NOUVELLES CIBLES, NOUVELLE COMMUNICATION

La fragilité du modèle syndical a alimenté une réflexion de fond. Le vieillissement de la population de cardiologues, le désintérêt apparent des jeunes pour l’engagement syndical et l’individualisation croissante de la profession ont conduit les membres à envisager une redéfinition des missions du SNC.

L’ouverture du syndicat aux cardiologues hospitaliers et salariés a été discutée, tout comme l’urgence de repenser la communication : dès 2026, les sites du SNC et de la revue Le Cardiologue seront fusionnés, et une stratégie numérique renforcée (réseaux sociaux, newsletters, revue en ligne) mobilisera le reliquat du fonds Innov’Cardio.

Dans cette logique d’adaptation, l’AG a validé une augmentation modérée de la cotisation (de 20 € en 2026) et la nomination de nouvelles figures à des postes clés, comme le Dr François Diévart au poste de vice-président.

Une commission spéciale sur l’organisation des assemblées générales a été créée, preuve d’une volonté de redynamiser les échanges internes.

Les enjeux pour 2025-2026

Défendre la cardiologie de terrain dans un contexte incertain
Alors que le congrès INNOV’CARDIO a pris le relais de l’assemblée générale, les membres du SNC repartent avec une feuille de route claire mais exigeante.

  1. Réinventer l’exercice libéral,
  2. Restaurer la viabilité financière du syndicat,
  3. Mieux communiquer,
  4. Organiser les soins autrement.

Autant de chantiers à mener de front pour préserver une cardiologie de qualité, accessible et attractive.

LE MOT D’ORDRE : s’adapter ou disparaître.

LE DÉFI EST LANCÉ.

LES ESS AU CŒUR DE L’ASSEMBLÉE : UN ESPOIR FACE À LA CRISE D’ACCÈS AUX SOINS

La matinée du 14 mars a été consacrée aux Équipes de Soins Spécialisées (ESS), une innovation organisationnelle appelée à jouer un rôle majeur face aux délais d’attente croissants et à la désertification médicale.

L’objectif : regrouper les spécialistes libéraux autour de parcours de soins structurés et coordonnés, avec pour promesse une amélioration tangible de l’accès aux soins. Déjà intégrées à la convention médicale depuis janvier 2024, les ESS disposent d’un financement encore jugé insuffisant.

Des retours d’expérience, notamment en Île-de-France et en Gironde, ont mis en évidence l’intérêt du dispositif. À Paris, 60 % des patients seraient vus en moins de 5 heures grâce à une organisation agile. Mais les obstacles restent nombreux : culture de l’individualisme, manque d’outils numériques efficaces, lourdeur administrative.

Le SNC s’est engagé à soutenir la mise en œuvre des ESS à travers une « boîte à outils », la désignation de référents régionaux et la formation d’ambassadeurs.

UN TOUR DE FRANCE DES TERRITOIRES PRÉOCCUPANT

Le tour de table régional a révélé une situation alarmante dans plusieurs territoires : fermetures de cabinets, départs à la retraite non remplacés, délais d’attente allant jusqu’à un an. La situation est particulièrement tendue dans les Alpes-Maritimes et en Provence, où même les zones historiquement bien dotées deviennent des « déserts médicaux ».

Les représentants ont insisté sur la nécessité de faire des ESS un levier de transformation, tout en plaidant pour une proposition de loi sur la régulation de l’installation. D’autres défis restent entiers : maintien des actes de prévention malgré la surcharge, inégalités d’accès aux soins pour les patients en secteur 3, difficulté à recruter dans les établissements.

ENJEUX NUMÉRIQUES, FORMATION ET AVENIR DE L’INTERVENTIONNELLE

La commission numérique, pilotée par le Dr Benoît Lequeux, a présenté ses travaux sur la régulation des objets connectés, l’usage des IA en santé (Nabla, Corti, Doctolib…), et la valorisation des données de santé. Un projet d’entrepôt de données est en discussion avec la société Stan Recherche. À l’échelle européenne, la France est représentée sur les questions d’IA en cardiologie.

Le volet formation, sous l’égide d’UFCV/FormatCœur, montre une dynamique positive avec le succès du programme PAMSU et des formations certifiées Qualiopi. Une offre spécifique sur les ESS sera bientôt disponible.
Enfin, les cardiologues interventionnels ont exprimé leurs inquiétudes face à la concentration des cliniques privées (Ramsey, Elsan…) et aux obstacles administratifs croissants. Le Dr Jean-Louis Banos, nouveau président de la commission interventionnelle, a appelé à une action de lobbying nationale forte.

 

Le Syndicat national des cardiologues peut vous aider à chacune de ces étapes !

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