Améliorer la recherche en cardiologie libérale : le pari entrepreneur

Mieux représenter les parcours de soins en ville et rapprocher la recherche clinique du quotidien des patients, c’est l’objectif du partenariat conclu entre Stane et l’UFCV/FormatCœur avec le soutien du Syndicat National des Cardiologues (SNC). Mehdi Djelamani, président de Stane, vous en dit plus sur ce partenariat innovant
  • Vous venez d’annoncer un partenariat grâce auquel est lancée la première cohorte de recherche en cardiologie libérale. Pourquoi cette démarche ?

Parce que la recherche clinique ne doit pas être réservée à l’hôpital. La majorité des patients en cardiologie sont suivis en ville, et il était essentiel de créer un cadre qui leur permette de participer à des projets de recherche. C’est aussi une façon de valoriser l’expertise des cardiologues libéraux et de leur donner les moyens d’avoir un impact direct sur la médecine de demain.

  • Combien de patients sont potentiellement concernés par cette étude ?

Nous visons plusieurs milliers de patients. L’ambition est de constituer une cohorte suffisamment large et représentative pour que les résultats soient robustes et utiles à l’ensemble de la communauté médicale, aux institutions de recherche publique et à l’écosystème industriel.

  • Combien de cardiologues libéraux pourraient participer ? Quelles sont vos attentes / estimations ?

En pratique, plusieurs centaines dès la première année. Mais le potentiel est bien plus important : la France compte près de 4 000 cardiologues libéraux et mixtes (chiffres CNOM 2023). L’idée est de construire progressivement, aux côtés du syndicat, un réseau solide et actif.

  • Quels seront les sujets des études menées grâce à cette cohorte ?

Les thèmes prioritaires concernent l’insuffisance cardiaque, l’hypertension artérielle et les parcours de prévention cardiovasculaire. Mais la force de cette cohorte, c’est aussi de pouvoir répondre rapidement à de nouvelles questions de recherche, en lien avec les besoins du terrain, et ce dans des délais extrêmement courts.

  • Quand disposerez-vous des résultats ?

Les premières analyses seront disponibles dès 2026. Mais l’intérêt d’une cohorte, c’est de générer de la donnée en continu, avec des résultats exploitables à court, moyen et long terme. Autrement dit : en permanence.

  • Avez-vous reçu un soutien des pouvoirs publics pour ce partenariat innovant ?

Nous avons des échanges constructifs avec les institutions, mais cette initiative est d’abord née de la volonté des praticiens libéraux, portée par leur syndicat. Cela montre que l’innovation peut aussi venir du terrain, et pas uniquement d’un cadre institutionnel.

  • Pourrez-vous faire des études incluant un suivi ville-hôpital lorsque les patients sont suivis à la fois à l’hôpital et en ville ?

Oui, c’est même une de nos priorités. Beaucoup de patients naviguent entre l’hôpital et le cabinet libéral : il est donc essentiel d’avoir une vision globale et continue de leur parcours.

  • Quelles sont les réactions des associations de patients à ce stade ?

Très positives. Elles voient dans cette démarche une opportunité de rendre la recherche plus accessible, plus proche de leur quotidien. Pour elles, c’est aussi une reconnaissance : leur suivi en ville est aussi précieux que celui réalisé à l’hôpital.

  • Associerez-vous les données issues du suivi par d’autres professionnels de santé libéraux, par exemple les IPA ?

Absolument. Le suivi des patients est pluridisciplinaire, et l’apport des IPA, des infirmiers, mais aussi des généralistes, d’autres spécialistes ou encore des pharmaciens est précieux. L’objectif est d’intégrer ces données dans un cadre rigoureux, afin de refléter la réalité de la prise en charge.

  • Quelles sont les prochaines étapes ?

D’abord consolider la première vague, puis élargir rapidement le nombre de praticiens impliqués. Nous travaillons aussi en continu à l’amélioration de nos outils numériques (staneResearch & staneEDS) pour faciliter la participation des cardiologues et la remontée de données. Enfin, nous souhaitons étendre progressivement le modèle à d’autres spécialités.

© Depositphotos – SergeyNivens

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