Coordination des soins : le DMP sous le sapin de Noël !

338 – Les premiers DMP ont été créés en décembre dernier. Combien, où, dans quelques conditions ? _ Jean-Yves Robin : En effet, il y a aujourd’hui quelques dizaines de détenteurs d’un DMP en France. Le système fonctionne, avec des difficultés qui font l’objet de correctifs, et ce test de quelques semaines va permettre une augmentation du nombre d’utilisateurs. Mais l’application marche, la complexité venant essentiellement du poste de travail. Il faut donc entre deux cents et cinq cents testeurs en ce début d’année 2011 pour en identifier l’hétérogénéité. Le système est ouvert, il y a des testeurs partout en France, même s’il y a en a davantage dans les régions où nous pouvons assurer un accompagnement efficace.

Pour l’instant, seuls trois logiciels ont été homologués « DMP compatible ». C’est peu ! D’autres homologations vont être données, sans doute ? _ J.-Y. R : Bien sûr, et une centaine de candidatures est en cours d’examen, dont trois ou quatre en phase finale d’homologation. Il faut préciser qu’à terme, ce référentiel deviendra opposable sur le marché français des logiciels médicaux. Un arrêté ministériel devrait être publié dans ce sens fin 2011, qui donnerait un délai de dix-huit mois à deux ans aux industriels du secteur pour l’intégrer.

Les choses se sont accélérées à la fi n 2010, et les professionnels de santé, les médecins en particulier, se plaignent de n’avoir pas été associés au projet. Que leur répondez-vous ? _ J.-Y. R : Le projet ne date pas d’hier, et les réunions avec les professionnels de santé qui ont eu lieu avoisinent la centaine ! Il est vrai qu’il y a eu une accélération sur la conception et la livraison du système, ce qui provoque des interrogations et de l’anxiété – bien compréhensibles – chez les professionnels. Mais il ne sert plus à rien de faire des réunions, il faut mettre en place le système, qui a vocation à évoluer. Il me paraît plus important de constituer après ce démarrage des groupes d’utilisateurs, mais franchement, le débat théorique est dépassé, il faut rentrer dans le vif du sujet.

Comment va se faire l’information du public sur le DMP ? _ J.-Y. R : L’accès direct du patient au DMP se fera fin mars, début avril. Je crois qu’il faut faire attention à ne pas communiquer en direction des usagers tant que tous les professionnels de santé ne sont pas en capacité de répondre à une demande d’ouverture de DMP, ce qui est le cas pour l’instant. Dans un premier temps, il est donc important que l’information des usagers se fasse par l’intermédiaire des professionnels de santé. Je crois qu’une communication massive en direction des patients n’est pas envisageable avant 2012.

Quel est le coût de la mise en place du DMP ? Quel sera le coût annuel de son fonctionnement ensuite, et permettra-t-il des économies ?J.-Y. R : En juillet dernier, Roselyne Bachelot avait indiqué le chiffre de 20 millions d’euros pour 2011. Quant à son coût de fonctionnement en vitesse de croisière, il est estimé à 5 millions d’euros par an durant les premières années, pour atteindre ensuite, avec un très grand nombre de DMP, un peu moins d’un euro par an et par dossier. Quant aux économies qu’il pourrait permettre, il faut être clair : ce n’est pas son but premier. C’est avant tout un outil de coordination des soins et par là même, d’amélioration de la qualité des soins. Oui, des économies seront sans doute générées, mais qui seront les effets secondaires bénéfiques du « médicament » DMP ? Mais il est pour le moins prématuré d’avancer des chiffres comme cela a été fait. Il faut se projeter dans un DMP généralisé, ce qui prendra des années. Tout le monde aura un DMP, mais dans dix ans ! ■

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Le DPM cardiologique

L’UFCV s’est très vite impliquée dans le processus du DMP en répondant à l’appel d’offre du GIP-DMP en 2008. Il nous a semblé essentiel dans un premier temps de réaliser des fiches patients concernant les pathologies à haut risque cardiaque qui, outre un contenu « technique », proposent aux patients des conseils et constituent un document simple, mais explicite d’éducation thérapeutique. Elles concernent les porteurs de dispositifs médicaux implantables et la prise de traitements à risque iatrogène (AVK et AAP). Leur contenu scientifique a été réalisé avec la SFC et mis aux normes d’interopérabilité souhaitées par l’ASIP, dès le début de l’année 2009. Leur intégration dans les logiciels métiers devrait se faire au cours du premier trimestre 2011. Dès qu’il sera opérationnel, nous vous invitons à participer à ce grand projet novateur et primordial pour la cardiologie.(gallery)

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