Dr Hélène Kremer, cardiologue à Haguenau (Alsace)

Le Dr Hélène Kremer a 46 ans. Elle exerce à Haguenau en cabinet de ville. Elle est également attachée au CHU de Strasbourg et au CH d’Haguenau pour des explorations non invasives (tests d’effort, échographies de stress / d’effort et ETO).

Cardio Hebdo : quels sont les défis et les enjeux de votre pratique au quotidien

Les enjeux dans ma pratique sont de différentes natures :

  • Concernant le soin : il faut répondre à la demande de soins, assurer des soins de qualité aux patients dans des délais raisonnables, assurer une collaboration efficace avec les correspondants, essentiellement les médecins généralistes, mais aussi les autres spécialistes avec qui nous collaborons fréquemment : endocrinologue, néphrologue…, prise en charge rapide après une hospitalisation.
  • Des défis dans le domaine de la prévention cardiovasculaire : il faut s’efforcer de donner plus d’information aux patients pour améliorer leur santé au quotidien en intégrant de plus en plus de nouvelles professions comme les IPA.
  • De véritables enjeux sur le plan organisationnel : adaptation et réactivité de l’équipe du cabinet aux changements, réduction de la charge administrative, apprendre à utiliser de nouveaux outils comme la téléconsultation, téléexpertise ou télésurveillance, qui peuvent contribuer à optimiser le temps et la qualité de notre pratique.
Cardio Hebdo : comment voyez-vous l’avenir de la cardiologie ?

Je parlerai ici essentiellement de la cardiologie libérale en cabinet. J’espère que la cardiologie va rester une discipline d’excellence, attractive et innovante.

Notre façon de travailler sera probablement plus collaborative : les nouvelles installations se feront sans doute davantage en cabinet de groupe, avec plus d’interactions entre les différents acteurs de la santé (IPA, assistants médicaux, structures hospitalières de proximité…).

Dans la pratique quotidienne, nous utiliserons sans doute plus les nouvelles technologies comme la télésurveillance, l’intelligence artificielle, et de nouveaux outils de surveillance (montres connectées par exemple…).

La cardiologie va aussi probablement évoluer avec une approche plus personnalisée, notamment dans le domaine de la prévention (essor de la génétique, nouveaux marqueurs de risque, par exemple.)

Enfin, on observe, une implication croissante des patients dans la gestion de leur santé avec laquelle il faut composer.

Cardio Hebdo : que vous apporte le SNC ?

Le syndicat me permet de participer « autrement » au présent et au futur de la cardiologie, à la défense de la spécialité, à la valorisation de notre activité avec comme but, finalement, une amélioration du soin du patient.

Il m’a permis de rencontrer des cardiologues de terrain, investis et impliqués dans la profession. L’émulation de groupe favorise l’émergence et le partage d’idées innovantes.  C’est un lieu d’échange. et il me permet notamment, d’avoir une vision plus globale de la pratique cardiologique dans les autres régions.

Enfin, le SNC permet l’accès à de nombreuses sessions de formation continue sur le plan médical et à de nombreuses informations utiles sur le plan organisationnel (organisation du cabinet, organisation territoriale : CPTS, ESS…) ou sur l’émergence de nouvelles technologies dans la pratique quotidienne.

Cardio Hebdo : si on vous donnait une baguette magique, que changeriez-vous, que ce soit pour la prise en charge de vos patients et travailler dans de meilleures conditions ?

J’aimerais avoir plus de temps pour améliorer l’accès aux soins des patients, mais c’est un peu utopique si on considère la démographie médicale et la demande importante de soins actuelle.

A défaut de temps, il faudrait optimiser les conditions du soin : demande d’examens raisonnés selon le profil du patient, éviter les examens redondants, les pertes de temps inutiles (en utilisant des solutions de partage fiables et efficaces des données du patient : antécédents, biologie ou le traitement en cours)

Enfin, en raison de la multiplication des intervenants, une meilleure collaboration entre le cardiologue « traitant » et le médecin généraliste d’une part et avec les cardiologues « hospitaliers »   d’autre part, me semble nécessaire.

Cardio Hebdo : le mot de la fin ?

Je pense que la cardiologie libérale est une « liberté qui nous oblige ». Nous avons certains avantages concernant notre lieu d’installation, le choix de notre pratique, nos horaires… nous devons en contrepartie apporter des soins de qualité aux patients avec une démarche de soins raisonnée. Je pense que le SNC contribue à défendre ces deux aspects.

Interview réalisée par Nathalie Zenou

© DR

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