Economie de la santé : le prix des événements indésirables à l’hôpital

347 – La croisade entreprise depuis quelques années par nombre de pays en faveur de l’amélioration de la sécurité et de la qualité des soins dans les établissements hospitaliers n’est pas seulement sous-tendue par des considérations humanitaires, mais aussi économiques : le manque de qualité a un coût ! En 1999, le rapport de l’Institut de médecine « To Err is Human » a établi qu’environ 100 000 Américains meurent chaque année à cause d’Evénements Indésirables associés aux Soins (EIS), et que ces événements induisaient un coût annuel de près de 20 milliards de dollars. La même année, en France, l’enquête nationale sur les Evénements Indésirables Graves (EIG) associés aux soins (enquête ENEIS) a estimé entre 275 000 à 295 000 le nombre des événements indésirables graves par an. Parmi eux, bon nombre seraient évitables, de 95 000 à 180 000, estime-t-on. Les médecins en charge des patients concernés estiment à 6,5 le nombre médian de journées supplémentaires d’hospitalisation imputables à ces événements indésirables (moyenne de près de 9 jours).

Mais l’enquête ENEIS ne chiffrait pas les conséquences économiques des EIG. Une étude de l’Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé (IRDES) vient combler ce manque en fournissant les premières estimations du coût de prise en charge de certains événements indésirables associés aux soins à l’hôpital en France. La méthodologie suivie est la méthodologie américaine (voir ci-dessous), et les données hospitalières exploitées proviennent du PMSI d’une part et, d’autre part, de l’Etude Nationale de Coûts à méthodologie Commune (ENCC) de l’année 2007 qui permet d’identifier les coûts de séjours de manière comparable, dans un échantillon d’établissements volontaires publics et privés, et donc de calculer le coût des EIS.

A partir de 9 indicateurs de sécurité des patients (PSI (Patients safety indicators )) sélectionnés, on a ainsi pu établir que 0,5 % des séjours hospitaliers présentaient un événement indésirable lié aux soins. L’importance relative des PSI est quasiment similaire entre l’ENCC et le PMSI, à quelques différences près (voir tableau ci-dessus).

On observe de « fortes disparités » dans les surcoûts induits par les EIS. A titre indicatif, si le surcoût moyen de la prise en charge des infections est de 10 950 euros, il peut varier de moins 9 000 euros à plus de 20 000 euros. Ces surcoûts sont étroitement corrélés avec l’allongement des durées de séjour – qui peut aller de 20 jours pour une septicémie postopératoire à 0,7 jour pour un traumatisme obstétrical lors d’un accouchement normal – et dépendent également de l’intensité des soins fournis. En 2007, le coût total de la prise en charge des 9 EIS retenus pour l’étude de l’IRDES s’élève à 700 millions d’euros pour l’ensemble des établissements hospitaliers. Quatre événements indésirables représentent à eux seuls 90 % du surcoût total : les désordres physiologiques et métaboliques postopératoires (40 % du surcoût total), les septicémies postopératoires, les escarres et les embolies pulmonaires postopératoires. ■(gallery)

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