329 – « Erreur de casting », c’est bien l’expression la plus fréquemment retrouvée dans la presse à la suite de la publication de la liste des personnalités retenues pour accompagner le président du Conseil National de l’Ordre, Michel Legman, dans sa mission de sauvetage de la médecine libérale. Ou plutôt de « Refondation » comme le Président de la République lui en a formulé la demande ! Il est vrai que la présence dans cette mission d’un procureur patenté de la médecine libérale comme le député Yves Bur incite au plus grand scepticisme, d’autant que le reste de la délégation est à l’avenant : seulement deux généralistes et un anesthésiste libéral dans cette mission. Peut-on raisonnablement croire que ces dix « experts », qui ne sont certes pas des touristes, auront l’illumination sinon la légitimité que n’ont pas eues les centaines de personnalités auditionnées lors des Etats Généraux en 2008 ?
Permettez-moi d’afficher mes plus vives réserves ! Même si je ne doute aucunement de la sincérité de l’engagement de Michel Legman pour la médecine libérale ! Assurément la vérité est ailleurs et plus bassement opportuniste.
Après l’échec flagrant de la campagne de vaccination H1N1 et l’image catastrophique renvoyée par cet échec, en livrant incidemment une image effrayante de ce que pourrait être la médecine libérale régentée par les ARS, il fallait absolument allumer un contre-feu médiatique.
Non pas tant dans le cadre d’une arrière-pensée politicienne électoraliste – ne préjugeons pas vaniteusement de l’impact électoral négatif du mécontentement des médecins sur l’échec annoncé de la majorité en place aux régionales de mars – mais plutôt dans la perspective d’un changement d’alliance en vue des prochaines négociations conventionnelles.
Les élections aux URPS sont lancées et quel qu’en soit le résultat, il ne faut pas être grand clerc pour prévoir que les opposants à la loi HPST seront partout majoritaires, après l’exclusion fracassante par les siens du président de MG France Martial Olivier-Koehret.
Soyons assurés en revanche que le grand vainqueur de cette partie de chaises musicales après le remaniement ministériel annoncé, ne peut être que l’actuel directeur général de l’UNCAM, nommé quant à lui pour six ans !
C’est Frédéric Van Roekeghem qui aura donc les cartes en mains dans les futures négociations conventionnelles. C’est lui qui va choisir ses alliés. C’est d’abord lui qui est en situation de « refonder » la médecine libérale ; et il l’a, de fait, déjà annoncé sans pudeur en proposant, il y a peu, une nouvelle structuration des rémunérations où le paiement à l’acte n’est plus l’exclusive.
Et lui est évidemment déjà à la manoeuvre : succès incontestable des CAPI, mise en place du règlement arbitral avec son prédécesseur Fragonard, application sans état d’âme des directives de Bercy comme la suppression du forfait archivage. Il fait même irruption dans le domaine de la prévention cardiovasculaire, en appliquant sans vergogne à plus grande échelle les initiatives – visiblement intelligentes ! – du Syndicat National des Spécialistes des Maladies du Coeur et des Vaisseaux, en instaurant à son tour la prise en charge spécifique d’une consultation de prévention.
L’homme fait décidément feu de tout bois : après avoir été l’un des instigateurs de la réforme de 2004, il va se couler « comme dans des chaussons » dans celles de la loi HPST !